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Mon avis : Le maître chocolatier Tome 2 – Eric Corbeyran – Bénédicte Goudron – Chetville - Milk

Publié le par Fanfan Do

Éditions du Lombard

 

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Quatrième de couverture :

Alexis Carret travaille pour un grand chocolatier belge traditionnel, installé dans la prestigieuse Galerie de la Reine à Bruxelles. Sa maîtrise technique et son palais délicat en font un atout pour son employeur. Mais le garçon, réservé et discret, rêve d'autre chose sans oser franchir le pas... Le destin d'Alexis va basculer au cours d'une soirée organisée par son amie Clémence. Il fait la connaissance de Benjamin Crespin, un self-made man au sourire ravageur. Benjamin lui propose de tout laisser tomber et de devenir son propre patron. Les deux hommes s'associent et créent leur propre boutique. Le succès sera finalement au rendez-vous Mais avec lui arriveront de nouveaux problèmes et des adversaires redoutables.

 

 

Mon avis :

On retrouve Alexis, chocolatier passionné et talentueux ainsi que Ben, son associé, toujours empêtré dans ses dettes auprès d'un individu peu recommandable ce qui l'oblige à trafiquer les comptes de la chocolaterie pour trouver de quoi rembourser.
Alexis est méprisé par son père qui lui trouve un manque d'ambition inacceptable alors qu'il aurait voulu avoir son fils comme associé dans sa multinationale. de plus, Walter, un des employés du père œuvre dans l'ombre pour nuire à Alexis. Ça fonctionne tellement bien que la boutique ferme. Autant dire que les dangers viennent de tous les côtés.

On découvre que concernant les cacaoyers, il est question de cépage, comme pour le raisin, ce que j'ignorais totalement.

J'ai beaucoup aimé cette suite, où on apprend beaucoup sur le goût, le chocolat, la fabrication. Par ailleurs il y a une intrigue et du suspense, et bien sûr on espère voir le renégat mordre la poussière.

Ce deuxième tome se termine sur un suspense… et donc Sus au Tome 3 !

Et comme avec le premier tome, à la toute fin on nous parle du chocolat en nous expliquant pourquoi l'huile de palme est un problème, autant d'un point de vue écologique que concernant la santé.
Et la recette de la ganache pour finir 😋 !

 

 

 

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Mon avis : Demain – Damian Dibben

Publié le par Fanfan Do

Éditions Bragelonne

 

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Quatrième de couverture :

« Les temps changèrent au gré des pluis d’automne, des hivers qui n’en finissaient pas et des étés torrides. (…) Au cours des décennies, je trouverais de nouveaux compagnons, mais ils finiraient tous par mourir, de vieillesse ou de maladie. Les gens qui ont des chiens en perdent plusieurs au cours de leur vie. Moi, je suis un chien qui a perdu des gens. Le temps m’a pris tout ce que j’aimais. Mais j’étais certain, au plus profond de moi, qu’un jour mon maître reviendrait. Car si j’étais en vie, il devait encore être de ce monde, lui aussi. »

 

« Une histoire d’amour, de courage et d’espoir. »

London Evening Standard

 

« Un roman somptueux qui célèbre les liens inaltérables unissant l’homme à l’animal. »

Library Journal

 

« Une épopée captivante. »

The Sun

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J'ai adoré cette couverture, inspirée d'une toile de 1565, où on a remplacé la tête d'un homme par celle d'un chien, pour illustrer le roman. Il n'en fallait pas plus pour que je m'intéresse à ce livre.

Mon avis :

Cette histoire commence d'une façon étonnante. Elle nous est racontée par un chien. Oui, le narrateur est un chien. Et j'avoue que je me suis laissé emporter par ses mots dans ce récit plein de mystère.

Il nous raconte sa vie de chien de cour, nous parle de son maître adoré, évoque son immortalité, ses rencontres avec des humains et d'autres chiens dont Sporco le chien abandonné, la quête de son maître disparu, puis tout doucement on va découvrir ce qui est arrivé ainsi que la raison de son immortalité.


Demain, est-ce le nom du chien comme écrit sur la couverture ? Ça n'est pour ainsi dire jamais mentionné au cours du roman. Donc, ce chien a toujours en tête Vilder, cet homme inquiétant qui avait rendu visite à son maître de nombreuses années plus tôt à Londres puis à Amsterdam, en qui il sentait une menace diffuse, un danger immense. Un homme malfaisant, redoutable et vénéneux à éviter, qui leur jure qu'il les retrouvera et qu'il jouera à Dieu avec eux.

C'est une belle histoire de fidélité, de servilité canine. le chien attend son maître durant cent vingt-sept années, là où celui-ci lui a dit de l'attendre, à Venise près d'une porte de la basilique Santa Maria, avec espoir et tristesse et surtout le refus de se laisser adopter totalement par quelqu'un d'autre. On prend terriblement conscience de la brièveté et presque l'absurdité de la vie à travers l'énumération des humains qui ont traversé l'existence de ce chien.
C'est aussi un périple à travers l'Europe du XVIIème au XIXème siècle, un voyage grandiose et instructif dans l'espace et le temps, car le chien qui en a assez d'attendre, part à la recherche de son maître à travers les contrées où il pense pouvoir le retrouver.

Pendant le premier quart du roman j'ai trouvé le temps long car il ne se passe pas grand-chose. Et puis passé ce premier quart, l'histoire devient vraiment captivante.

Le fait que l'histoire soit racontée par un chien donne une approche assez ironique de la vanité de l'être humain. Il se demande pourquoi on parade, on se pavane alors qu'un jour on finira dans une boîte enfouie sous la terre.

La guerre est omniprésente, partout en Europe. C'est effroyable de se rendre compte à quel point l'humain est belliqueux. Car il n'y a pas un siècle sans qu'il y ait des guerres ici ou là. Mais comme le maître du chien est médecin, chercheur, alchimiste et qu'il veut faire le bien de l'humanité, celui-ci le cherche essentiellement sur les champs de bataille où il espère le trouver en train de soigner des soldats. D'ailleurs les allers-retours permanents dans le temps au gré des chapitres accentuent cette impression de combats permanents.

Cette belle histoire est une ode à l'amour, à l'amitié, à la loyauté, à la fidélité. Et ce petit Sporco, chien des rues, dont le credo absolu est la meute, je l'ai trouvé particulièrement adorable.

 

Citations :

Page 39 : Il serait inconséquent et immoral de faire peser sur un autre être vivant le fardeau d’une vie sans fin prévisible…

 

Page 63 : Son visage marqué me rappelle aussitôt comme le temps fait rapidement son œuvre sur les humains, les chiens et les autres créatures. Telle est leur malédiction, à l’opposé de la mienne : l’éternelle affliction d’une vie interminable.

 

Page 67 : « Un jour, nous poserons nos valises quelque part pour de bon. Un jour, nous le trouverons, notre logis », me promettait sans cesse mon maître. Nous ne l’avons jamais trouvé. Je n’ai aucun foyer. C’était lui, mon foyer.

 

Page 136 : Les immenses bâtisses n’attendaient, pour les remplir, que les familles cupides des marchands et des banquiers ; ces humains tout de noir vêtus, craignant Dieu mais se réjouissant en secret de leur bonne fortune.

 

Page 183 : « Nous les rencontrâmes tous : Machiavel, Lippi, Raphaël, Vespucci l’explorateur, Cardan le mathématicien, les frères Bellini… En personne, certains étaient captivants, d’autres ennuyeux. J’ai bu du vin avec Michel-Ange.

 

Page 218 : Ce n’est que beaucoup plus tard, dans les premières années de ma veille à Venise, que je me rendis compte à quel point la vie des gens était brève, et que je commençais à saisir l’absurdité de la guerre. Je compris qu’il était impardonnable que l’humanité – cette race de magiciens sans peur, d’enchanteurs, capables de composer des mélodies ayant le pouvoir de consoler ou de briser le cœur, qui bâtit des palais, des cathédrales et des cités, qui gouverne même le ciel et la mer – soit obsédé par la guerre, par la force brute et par sa propre destruction.

 

Page 223 : Les humains pouvaient se comporter en sauvages, mais moi, je ne tuerais jamais la moindre créature ; ni pour manger, ni pour quelque raison que ce soit.

 

Page 246 : La magie de ce matin, ma certitude omnisciente, ma clairvoyance étourdissante ont disparu. Je frissonne de chagrin, et des spores de mélancolie s’accumulent, comme de la moisissure, dans les coins sombres de mon âme.

 

Page 250 : On enfile des robes, on se pavane, on ourle et on lisse la dentelle, et pour quoi ? Pour qu’elle soit plus tard terrassée par la maladie ? Pour que sa peau se marbre, noircisse, se couvre de pustules ? Pour qu’elle meure, qu’on cloue un couvercle au dessus de sa tête, et qu’on l’enfouisse dans la terre ? Qu’ils sont idiote, ces humains

 

 

 

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Mon avis : My absolute darling – Gabriel Tallent

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallmeister

 

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Quatrième de couverture :

À quatorze ans, Turtle arpente les bois de la côte nord de la Californie avec un fusil et un pistolet pour seuls compagnons. Elle trouve refuge sur les plages et les îlots rocheux qu'elle parcourt sur des kilomètres. Mais si le monde extérieur s'ouvre à elle dans toute son immensité, son univers familial est étroit et menaçant : Turtle a grandi seule, sous la coupe d'un père charismatique et abusif. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu'au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu'elle intrigue et fascine à la fois. Poussée par cette amitié naissante, Turtle décide alors d'échapper à son père et plonge dans une aventure sans retour où elle mettra en jeu sa liberté et sa survie.

 

 

Mon avis :
Turtle et son père… une relation tout en ambiguïté, faite d'admiration et de mépris, d'amour et de haine. Elle a quatorze ans, il lui apprend tout ce qu'un survivaliste doit savoir. Dès le début on sent une violence sous-jacente, un danger indéfini, c'est très oppressant. Son niveau de misogynie est effarant pour une adolescente. Elle a un mépris total pour les femmes et on se rend bien compte que ça n'est que l'écho de ce que pense son père. Ce père qui a en permanence un langage ordurier et lui donne une éducation quasi-militaire, violente et pleine de hargne. Ils vivent dans une maison en bois, dans la forêt avec vue sur la mer, mais bien loin de la carte postale californienne. Sa mère est morte il y a longtemps.
Martin, père possessif qui vampirise sa fille adorée, son amour absolu, est un genre de fou furieux, sauvage et menaçant, tout autant que cultivé.

Un jour dans les bois, Turtle rencontre Jacob et Brett, deux lycéens, inséparables amis, drôles et fantasques. Ils deviennent amis avec elle.

Turtle est une guerrière, une survivante au plus profond d'elle-même.
Jacob est un poète dans l'âme, allumé et tellement drôle !
Hélas, entre Turtle et son père c'est une histoire d'emprise absolument terrifiante, monumentale, dévorante, gargantuesque… Ce roman est d'une violence psychologique parfois insupportable et physique souvent insoutenable. C'est une histoire dont on ne peut se détacher bien qu'elle fasse dresser les cheveux sur la tête. On ne peut pas s'empêcher d'espérer que Turtle va réussir à se délivrer de ce père ogresque et fuir très loin de lui.

Gabriel Tallent à une écriture superbe, qui décrit tellement bien le monde tout autour mais aussi les sensations, pensées et sentiments profonds.

J'ai beaucoup souffert à cette lecture sans pouvoir m'en abstraire, sans même en avoir envie. Peut-être un genre de syndrome de Stockholm littéraire ? Oui parce que ce roman, je l'ai adoré !

 

Citations :

Page 33 : Nous traversons une époque à la fois palpitante et terrible. Le monde est en guerre dans le Moyen-Orient. Le carbone dans l’atmosphère approche des quatre cents ppm. Nous sommes témoins de la sixième grande extinction des espèces. Au cours de la prochaine décennie, nous connaîtrons le pic de Hubbert. On l’a peut-être même déjà franchi. Nous semblons poursuivre l’utilisation d la fracturation hydraulique, ce qui représente un risque, certes différent, mais bien présent quant à nos ressources en eau potable. Et, malgré tous nos efforts, nos enfants pensent toujours que l’eau arrive par magie dans leurs robinets.

 

Page 118 : Turtle dévisage Caroline et pense, j’ai jamais connu de femmes que j’apprécie, et quand je grandirai, je ne serai jamais comme toi ni comme Anna ; quand je grandirai, je serai franche et dure et dangereuse, je ne serai jamais une sale petite connasse sournoise, souriante et menteuse comme vous toutes.

 

Page 197 : Si tu n’es pas convaincu que le monde va mal, papa, c’est que tu ne regardes pas autour de toi. Les cerfs, les grizzlys, les loups ont disparu. Les saumons aussi, presque. Les séquoias, c’est terminé. Des pins morts, on en trouve par bosquets entiers sur des kilomètres carrés. Tes abeilles sont mortes. Comment on a pu faire naître Julia dans un monde aussi merdique ? Dans cette dépouille putride de ce qui aurait dû être, dans ces restes à l’agonie, violés ? Comment tu veux élever une enfant en compagnie de tous ces connards égocentriques qui ont détruit et gâché le monde dans lequel elle aurait dû grandir ?

 

Page 290 : Turtle, ton père est un immense, un titanesque, un colossal enfoiré, un des pires qui aient jamais vogué sur les mers de verveine citron, un enfoiré de première dont les profondeurs et l’ampleur de l’enfoiritude dépassent l’entendement et défient l’imagination.

 

 

 

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Mon avis : Le consentement – Vanessa Springora

Publié le par Fanfan Do

Éditions Grasset Le Livre de Poche

 

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Quatrième de couverture :

« Depuis tant d'années, je tourne en rond dans ma cage, mes rêves sont peuplés de meurtre et de vengeance. Jusqu'au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l'enfermer dans un livre. »
Séduite à l'âge de quatorze ans par un célèbre écrivain quinquagénaire, Vanessa Springora dépeint, trois décennies plus tard, l'emprise qui fut exercée sur elle et la trace durable de cette relation tout au long de sa vie de femme. Au-delà de son histoire intime, elle questionne dans ce récit les dérives d'une époque et d'un microcosme littéraire aveuglé par le talent et la notoriété.

Un livre phénomène traduit dans vingt-deux langues et actuellement en cours d’adaptation cinématographique.

D’une précision implacable, Le Consentement éclaire d’une lumière crue et glaçante cette zone grise dans laquelle se trouve un être sous emprise. L’Obs.

Un conte noir des années soixante-dix. Un conte vrai. Transfuge.

GRAND PRIX DES LECTRICES ELLE DOCUMENT.

PRIX JEAN-JACQUES ROUSSEAU.

 

 

Mon avis :
V., comme elle choisis de se nommer elle-même, commence sa vie entre un père tyrannique et courant d'air, et une mère beaucoup trop jeune.
Ses parents divorcent lorsqu'elle a six ans, et la vie devient une sorte de fête permanente auprès de sa mère adorée mais totalement immature.

Un jour, "grâce" à sa mère elle rencontre G., écrivain célèbre, super prédateur, pédophile de compétition. Elle a quatorze ans, lui cinquante. Elle en tombe follement amoureuse. Elle raconte comment il l'a prise dans ses filets.

Ce qu'il y a de stupéfiant dans cette histoire, c'est qu'il y a eu une incroyable complaisance à tous les niveaux face à cette situation extrêmement choquante. Une pré-adolescente se fait abuser sexuellement par un vieux dégueulasse au vu et au su de tout le monde, en passant par la mère totalement dépassée, le père qui a préféré fuir, les intellectuels du milieu littéraire que ça amuse, jusqu'aux médecins qui ne s'en offusquent pas. On apprend même qu'il était de bon ton à l'époque de considérer que les enfants avaient droit à une vie sexuelle, fut-elle avec des adultes. Je me rappelle que dans les années 80 on entendait souvent "il faut tout essayer dans la vie". Quelle connerie !!

G. ne supporte pas qu'un jour V. se détourne de lui quand elle le voit enfin tel qu'il est, un vieux libidineux débauché qui fait aussi du tourisme sexuel en Thaïlande avec des petits garçons. de ce fait il fait publier ses "romans" ou il étale ses turpitudes de vieux pervers avec V., se donnant le beau rôle et la salissant au passage. C'est abject et destructeur pour V. qui se sent salie, bafouée, plus rien, plus personne. Ça m'a fait énormément penser au revenge porn, mais avant internet, par un écrivain qui était considéré comme talentueux. Ça pose beaucoup de questions à propos de ses lecteurs… des pervers aussi, sans aucun doute.

Cette histoire d'emprise par un vieux prédateur est sidérante, sachant que les adultes qui sont censés protéger ne l'ont pas fait. Pire, ils ont été complices.


Vanessa Springora à dû parcourir un long chemin vers sa reconstruction, jusqu'à l'écriture de ce livre pour panser ses plaies. Mais combien d'autres victimes n'auront pas pu se reconstruire ? C'est terrible d'être un enfant sans aucun adulte en qui avoir confiance.
 

Citations :

Page 19 : Bon petit soldat, ma mission principale consiste à rapporter les meilleurs bulletins scolaires à ma mère, que je continue d’aimer plus que tout.

Le soir, elle joue parfois tout Chopin au piano jusqu’à des heures indues. Le volume des enceintes à fond, il nous arrive de danser jusque tard dans la nuit ; les voisins, furieux, débarquent en vociférant parce que la musique est trop forte, mais nous nous en moquons.

 

Page 65 : C’est que, dans les années soixante-dix, au nom de la libération des mœurs et de la révolution sexuelle, on se doit de défendre la libre jouissance de tous les corps. Empêcher la sexualité juvénile relève donc de l’oppression sociale et cloisonner la sexualité entre individus de même classe d’âge constituerait une forme de ségrégation.

 

Page 117 : À quatorze ans, on n’est pas censée être attendue par un homme de cinquante ans à la sortie de son collège, on n’est pas supposée vivre à l’hôtel avec lui, ni se retrouver dans son lit, sa verge dans la bouche à l’heure du goûter.

 

Page 168 : Ce qui caractérise les prédateurs sexuels en général, et les pédocriminels en particulier, c’est bien le déni de la gravité de leurs actes. Ils ont coutume de se présenter soit comme des victimes (séduites par un enfant, ou une femme aguicheuse), soit comme des bienfaiteurs (qui n’ont fait que du bien à leur victime).

 

Page 199 : Si les relations sexuelles entre un adulte et un mineur de moins de quinze sont illégales, pourquoi cette tolérance quand elles sont le fait du représentant d’une élite – photographe, écrivain, cinéaste, peintre ?

 

 

 

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Mon avis : Du typique s’il vous plait ! - Anne-Sophie Nédélec

Publié le par Fanfan Do

Éditions Le Lézard Bleu - Auto-Edition

 

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Quatrième de couverture :

Du typique, s’il vous plait ! ou 6 sketches à table…
Des retraités amateurs de voyages qui éprouvent quelques difficultés avec la langue des pays qu’ils visitent… des Japonais aux prises avec un serveur parisien particulièrement désagréable… une petite frappe qui s’invite au palace... et des jet-setters échoués dans un kebab…
Découvrez une galerie de personnages qui ont bien du mal à trouver leur place dans des lieux dont ils n'ont pas les codes !
Des pièces à 3, 4 ou 5 comédiens, à jouer dans l’ordre ou dans le désordre !

 

 

Mon avis :

Dans les trois premiers sketches on suit Brigitte et Georges dans leur pérégrinations touristiques, en Crête, en Suède, à Tokyo. Brigitte est constamment aimable et enthousiaste. Georges est un râleur impénitent, négatif et grognon. Ils veulent manger du typique, surtout Brigitte, c'est comme une sorte de mantra dans chaque restaurant où ils vont. du typique ? Ben oui, on veut manger local ! On ne va pas à l'étranger pour manger des steaks frites ou des omelettes baveuses !? Quoi que…
Ensuite on a Akiro et Akisa, des japonais à Paris, avec la légendaire amabilité des serveurs parisiens (certains serveurs marseillais ont hélas dû prendre des cours auprès d'eux 😡), et le choc des cultures donne lieu à des moment très drôles.
Dylan, petite racaille, qui veut pécho Cindy, et pour ce faire il l'invite dans un palace.
Entre Dylan, brut de décoffrage et le majordome, très précieux, s'engage un duel verbal…
Et pour finir, trois jet-setters, Camille, Marlène et Chantal, égarés dans un kebab, autrement dit totalement en terre inconnue. Et toujours, l'incompréhension, l'incommunicabilité entre deux mondes aux antipodes l'un de l'autre.

Anne-Sophie Nédélec s'amuse à croquer les petits travers de nos contemporains dans leur exploration du monde, avec toujours leur mauvaise humeur, leur refus de l'inconnu, leurs petites manies, et c'est drôle.
 

Citations :

Page 43 : SERVEUR : Quoi, raciste !? Moi raciste ?! On n’est pas raciste en France. C’est le pays des Droits de l’Homme, mon petit bonhomme ! (Il montre son front.) Ici, il y a gravé : Liberté, Égalité, Fraternité !

 

 

 

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Mon avis : L’épouse d’Amman – Fadi Zaghmout

Publié le par Fanfan Do

Éditions L’Asiathèque

 

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Quatrième de couverture :

Ce roman se situe à Amman, en Jordanie. Quatre jeunes femmes et un jeune homme, Hayat, Rana, Salma, Leila et Ali prennent la parole tour à tour pour dire leurs souffrances et leurs interrogations devant les situations dramatiques et les choix de vie auxquels leur destin les confronte. Face à une société conservatrice qui les contraint et les humilie, on voit s'affirmer, à travers drames et vicissitudes, leur être profond et leur volonté de liberté.
Au-delà d'une évocation de la condition des femmes : soumission au chef de famille, primauté du mariage sur les études, importance de la virginité, l’Épouse d'Amman est un des premiers romans à parler ouvertement des questions LGBT dans le monde arabe.

 

Fadi Zaghmout est un intellectuel jordanien habitant Dubaï qui s'est focalisé sur les problèmes de genre dans le monde arabe. II tient depuis aoo6 un blog traitant de différents sujets de société au Moyen-Orient, " fadizaghmout.com ", avec des analyses en anglais et en arabe. Arous Amman, publié en noir, a été un best-seller controversé, sans pour autant être censuré.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Depuis toujours les histoires de femmes m’intéressent, mais aussi l’histoire des minorités qui souffrent de l’intolérance du monde.

 

Mon avis :
Ce roman choral nous emmène à Amman en Jordanie. Au fil des chapitres on entend à tour de rôle les voix de Leila, Salma, Hayat, Rana, Ali.
Ces jeunes femmes nous racontent que leur but, imposé par la société, est de se marier, car une femme toujours célibataire à trente ans n'a plus aucune chance de convoler car trop vieille, donc adieu l'espoir d'avoir des enfants. De mère en fille les femmes perpétuent cette iniquité en faisant les entremetteuses. Car pour une fille sans mari, c'est sur la mère que rejaillit la honte. Mais pour trouver un mari, elles doivent posséder un diplôme qui leur permettra d'avoir un travail et donc un salaire, elles doivent être jeunes, jolies, gentilles, bonne ménagères, bonne cuisinière. Des robots ménagers en quelque sorte, mais avec le sourire.
Et les hommes ??? Bah, ils ont juste besoin d'avoir un travail… Et alors qu'ils n'ont qu'une seule casquette, ils seront les chefs absolus au sein de leur foyer. Ah ! le patriarcat !
Et Ali, lui, a un secret. Un secret bien lourd, une sacrée casserole pour cette culture. Une douleur qu'il traîne dans les tréfonds de son être.

On fait une incursion dans ce monde violent et révoltant où les femmes ne sont rien, complètement soumises à l'autorité des hommes, qui souvent en usent et en abusent. Ces hommes qui parlent beaucoup d'honneur quand il s'agit des femmes mais passent leur temps à le bafouer quand c'est pour eux-mêmes.

Leila pense avoir enfin trouvé le bonheur. Ali espère la rédemption. Hayat est dans la survie. Rana aime en dehors de sa religion. Salma n'attend plus rien, quoi que… Peut-on jamais jurer de rien ? Ces choses insignifiantes chez nous sont insurmontables dans certains pays. Et si la transgression était la voix vers l'émancipation !
L'auteur donne la parole à celles et ceux qui n'ont pas voix au chapitre. Il dénonce les abus du patriarcat, de la masculinité toxique, de la virilité abusive.
C'est scandaleux révoltant, terrifiant, mais au fond, il n'y a pas si longtemps c'était à peu de chose près la même chose en occident. J'ai trouvé très intéressante cette exploration des pensées existentielles des différents protagonistes, en proie à un mal-être induit par cette société intolérante de mâles dominants.

Maternité, homosexualité, harcèlement, adultère, inceste, émancipation, religion, amour, transidentité, discrimination, crime d'honneur, loyauté, féminisme, amitié, Sororité, tels sont les thèmes abordés dans ce roman qu'on ne peut pas, qu'on ne veut pas lâcher, suspendu à l'appréhension de ce qui pourrait arriver, de ce qui risque de se produire.

C'est un roman puissant qui décrit extrêmement bien le chemin chaotique qu'est la vie, et dont la tension va crescendo jusqu'à la fin, tant on ne peut qu'être en empathie avec les personnages.
Énorme coup de cœur pour moi.

 

Citations :

Page 8 : « Ça va pas non ? Tu vas pas te faire battre par une fille ? »

Depuis, l’écho de ce sarcasme du père a résonné pour moi comme une alarme. Cela m’a stimulée. Il m’a fallu m’appliquer, exceller, « battre » Louay, son père et toute la gent masculine.

Oui, je suis une fille. Et s’il y a bien une phrase que j’espère entendre dans la bouche des autres, c’est : « Elle est excellente ! »

 

Page 14 : Le compte à rebours commence après la remise des diplômes, parfois même avant. Et toutes les femmes se lancent dans une course contre la montre vers cette ligne d’arrivée qu’est mariage, chacune selon ses capacités. C’est un parcours darwinien qui sélectionne celles qui auront la chance de se caser. Le marathon peut durer des années. La voie se fait plus étroite à chaque seconde jusqu’à l’âge de trente ans, limite après laquelle les retardataires sont cataloguées comme des faillites sociales.

 

Page 32 : Les hommes, eux, n’ont d’autre devoir que de se consacrer à leur emploi et de ramener de l’argent à la maison. Demander à leur femme de les aider financièrement ne leur fait plus honte, mais partager avec elle les tâches ménagères reste un déshonneur.

 

Page 77 : Comme si le chemin qui s’ouvrait devant moi était parsemé de pétales de roses. J’aurai bientôt le meilleur diplôme qu’une femme puisse espérer : un certificat de mariage.

 

Page 112 : Le rôle de bourreau et de victime s’inverse. L’homme devient la victime du désir provoqué par le plus innocent geste d’une femme. La criminelle, c’est elle. C’est elle qui le provoque et l’excite ; le viol n’est que la conséquence de son comportement.

 

Page 117 : Lorsque j’ai décidé de suivre mon désir, je l’ai fait après m’être réapproprié mon corps. Mon corps est à moi et à moi seule. J’ai décidé de le libérer et d’exercer mes droits en tant que femme, en tant qu’être humain libre qui possède la chose la plus élémentaire du monde : un corps.

 

Page 122 : Aujourd’hui j’ai échappé à la lapidation, en un autre lieu et en un autre temps, j’aurais fini sur le bûcher, ou bien j’aurais été assassinée par un peloton d’exécution, ou pendue au bout d’une corde, ou encore écartelée et mise en pièces.

 

Page 124 : Au téléphone, il s’adresse à son compagnon au féminin pour que personne ne puisse deviner son secret. Moi aussi je camoufle mes appels avec Amer en faisant mine de parler avec une copine. Un jour, Samir aborde ce sujet. Nous en rions, d’un rire défaitiste, révélateur du dysfonctionnement de notre société qui oblige tous les rapports humains à se conformer à un seul et unique modèle, toujours au bénéfice des hommes.

 

Page 134 : « J’ai joué le jeu, j’ai suivi tes règles et tes coutumes. J’ai été une femme obéissante et vertueuse. Je n’ai jamais fréquenté d’homme. J’ai brillé dans mes études et excellé dans mon métier. J’ai travaillé et soutenu mon père. J’ai secondé ma mère dans ses tâches. Mais tout cela n’était jamais assez »

 

Page 164 : L’amour nous joue souvent des tours. On se consume pendant des mois, voire des années. On est prêt à bâtir toute sa vie autour de l’être aimé. L’amour qu’on lui porte est le cœur de notre monde qu’il colore et parfume à son contact. Mais il peut s’évanouir aussi vite qu’il est apparu. Une touche suffit pour enclencher la passion, une autre pour la faire disparaître.

 

 

 

 

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Mon avis : Le maître chocolatier Tome 1 – Eric Corbeyran – Bénédicte Goudron – Chetville - Milk

Publié le par Fanfan Do

Éditions du Lombard

 

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Quatrième de couverture :

Alexis Carret travaille pour un grand chocolatier belge traditionnel, installé dans la prestigieuse Galerie de la Reine à Bruxelles. Sa maîtrise technique et son palais délicat en font un atout pour son employeur. Mais le garçon, réservé et discret, rêve d'autre chose sans oser franchir le pas
Le destin d'Alexis va basculer au cours d'une soirée organisée par son amie Clémence. Il fait la connaissance de Benjamin Crespin, un self-made man au sourire ravageur. Benjamin lui propose de tout laisser tomber et de devenir son propre patron. Les deux hommes s'associent et créent leur propre boutique. Le succès sera finalement au rendez-vous... Mais avec lui arriveront de nouveaux problèmes et des adversaires redoutables.

 

 

Mon avis :
J'ai ouvert cette BD par curiosité, me demandant ce qu'on pouvait bien raconter de captivant sur un maître chocolatier. Et je me suis fait aspirer dans l'histoire. C'est fou ‼️

L'histoire commence dans une boîte de nuit à Bruxelles ou un homme, Ben, se fait malmener par le patron à qui il doit de l'argent. On comprend tout de suite que ça ne sent pas bon.
Ensuite on fait la connaissance d'Alexis, chocolatier passionné qui ne compte pas ses heures. Malheureusement il travaille pour un maître chocolatier qui ne met plus les mains dans le chocolat depuis longtemps, mais fait le paon devant une clientèle friquée. de plus il est incapable de reconnaître le talent de son employé.

Ben et Alexis vont se rencontrer grâce à Clémence, l'amie d'enfance de ce dernier et une association va voir le jour, ils vont monter une affaire ensemble.

À travers la mise en place de leur projet, on découvre que le chocolat est quelque chose de très sérieux, un peu comme le vin. Il y a les grands crus et la piquette. Alexis est un perfectionniste, il lui faut les meilleurs chocolats issus des meilleures fèves pour réaliser son rêve professionnel. Avec ce livre on se rend compte de la passion qui peut animer ceux qui ont choisi les métiers de bouche. Ils sont tout entier dédiés à ça. C'est quasiment un sacerdoce.

Le graphisme est vraiment très beau, les planches sont magnifiques et ça donne envie de découvrir Bruxelles ! Sur le marché, il y a un clin d’œil à Tintin, j'ai adoré !

À la toute fin du livre il y a un petit chapitre sur les secrets de fabrication du chocolat, c'est très intéressant. Presque tout le monde aime le chocolat, depuis la plus tendre enfance, sans imaginer les différentes préparations et tout le travail que cela induit.

 

 

 

 

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Mon avis : Les bras de Morphée – Yann Bécu

Publié le par Fanfan Do

Éditions HSN

 

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Quatrième de couverture :

Voici un futur proche où l'on veille en moyenne quatre heures par jour. En amour, à l'école, au travail, la routine a forcément l'allure d'un sprint : faire vite, faire court, ne pas trop ramener sa fraise Trois lois sacrées que Pascal Frimousse profane au quotidien. Professeur de français désœuvré, il a dû se recycler. Avec 12 heures de veille, il est une perle rare. Toujours fauché, souvent libre Tuer le temps, c'est son nouveau gagne-pain. Allongez 100 écus, glissez-lui le nom de votre ennemi, il se charge du reste : Frimousse est troll professionnel. Un des meilleurs. Vous pourrez dormir sur vos deux oreilles.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J’adore la science fiction, j’adore me marrer et je me suis dit qu’avec ce livre j’allais pouvoir concilier les deux.

 

Mon avis :
2070. Morphéus, virus qui provoque un sommeil irrépressible, atteint toute la population, à différents degrés. Les plus touchés n'ont plus que quatre heures de veille par jour, les plus malchanceux une heure seulement. Pascal Frimousse est prof de français à Prague. Mais faire cours à des dormeurs occupe peu d'heures, il est donc obligé d'avoir une autre activité à côté, pas toujours sans risque : troll professionnel. Il a la chance de ne dormir que douze heures sur vingt-quatre tout comme son inséparable complice et ami Michel, ancien CPE devenu patron de bar. L'endormissement qui arrive toujours à heure fixe est instantané. Mieux vaut donc être prêt à dormir pour ne pas se réveiller par terre dans des positions inconfortables. C'est littéralement ce qui s'appelle tomber de sommeil.

Que deviendrait une société où les gens ne contrôleraient plus leur temps de sommeil ni l'heure à laquelle ils s'endorment sans pouvoir rien y faire ? Et que deviendraient les familles quand les heures de sommeil des différents membres ne sont pas synchronisés ?? 
Yann Bécu a imaginé une société où le temps est précieux, où la concision est de rigueur et ça donne quelque chose d'assez fou et souvent très drôle, notamment au moment des cours ou des examens. J'ai tellement ri !!!
De plus, il donne à ses personnages un langage familier ce qui rend l'histoire percutante et réaliste.

Au fil des pages, j'ai eu l'impression que la pandémie covid avait pompé le roman de 
Yann Bécu. Il y a des similitudes quant aux conséquences parfois, du moins avec le premier confinement : rues désertes, lois liberticides, interdiction de partir, frontières fermées L'auteur serait-il visionnaire ? Il a écrit son livre et un an plus tard le Coronavirus nous est tombé dessus !
Quand la majorité de l'humanité dort, plus de productivité, plus d'agriculture, plus de ravitaillement. L'ordre établi est bousculé, le chaos alors peut pointer le bout de son nez.

Il y a, à travers ces lignes, des situations absurdes, beaucoup d'ironie et de railleries sur notre époque et nos travers, envers ceux qui gobent tout ce qu'on lit sur internet, les voyants, les gourous, les complotistes de tout poil, le plagiat, le détournement, les fake news. C'est jubilatoire !
Yann Bécu est facétieux, il a l'art de la chute et vous cueille là où vous ne l'attendez pas.

Pour résumer, c'est de la SF, avec une enquête, liée à la quête d'un remède, on dirait un peu un roman d'espionnage avec des gros vilains, deux espèces de pieds nickelés, il y a beaucoup d'action, et en plus on se marre ! J'ai adoré ce conte malicieux. À la toute fin du livre se trouve les "Extraits choisis de Wekeep-culture" où l'auteur pousse à l'extrême le genre d'inepties qu'on peut trouver sur le net… avec entre autre : Cagole, Dadaïstes, Hara-kiri, Rainbow Warrior, Xyloglossie… où la culture est rédigée par des ignares et c'est réjouissant.
J'ai hâte de lire le deuxième roman de Yann Bécu, j'ai tellement envie de me replonger dans ses délires fantastico-rigolos !

 

Citations :

Page 14 : D’abord, il n’y a plus de phases transitoire avant d’atteindre le sommeil paradoxal. On ne tombe plus dans les bras de Morphée, c’est Morphée qui vous tombe sur la gueule.

 

Page 29 : Quand Morphéus s’est mis à jouer avec les plages de sommeil, le lycée est devenu un vrai cirque. En classe, j’étais aux premières loges pour observer le spectacle. Pas une heure ne s’écoulait sans qu’une chute bien ajustée ne vienne briser la monotonie du cours. Les hypothèses allaient bon train : vengeance de Dame Nature, punition divine, fuite d’un laboratoire polonais, invasion des Atlantes, coup de pute des Slovaques, pour n’évoquer que les plus raisonnables.

 

Page 79 : Quand le pain est venu à manquer, la violence a pris comme un feu de paille. Les hommes ont bousillé les villes avec ce qui leur tombait sous la main, pelles, pioches, pétoires. De braves types se sont métamorphosés en Cro-Magnons survoltés. C’est la magie de la faim. Avec le ventre plein, on a tendance à oublier qu’on n’est jamais qu’à dix repas manqués d’une guerre civile.

 

Page 121 : souvent, j’aime y ouvrir un livre au hasard ; j’inspire profondément, et je plonge une petite heure dans les eaux troubles des complots jadis ourdis par les succubes, les juifs, les francs-maçons, les Élohims. J’y désapprends la rotondité de la terre, l’évolution, l’existence de la lune. Ces pages hallucinées ont une saveur inégalable ; elles demandent une certaine paresse intellectuelle, un appétit baroque pour la complication et la lenteur. Elles ont ce petit goût sucré-salé d’une époque où nous avions le temps de raconter des conneries avec une certaine élégance.

 

 

 

 

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Mon avis : Chocolat amer – Laura Esquivel

Publié le par Fanfan Do

Editions Gallimard - Folio

 

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Quatrième de couverture :

Dans le Mexique du début du siècle, en pleine tempête révolutionnaire, Tita, éperdument éprise de Pedro, brave les interdits pour vivre une impossible passion. À cette intrigue empruntée à la littérature sentimentale, Laura Esquivel mêle des recettes de cuisine. Car Tita possède d'étranges talents culinaires : ses cailles aux pétales de roses ont un effet aphrodisiaque, ses gâteaux un pouvoir destructeur. L'amour de la vie est exalté dans ces pages d'un style joyeux et tendre, dont le réalisme magique renvoie aux grandes œuvres de la littérature latino-américaine. Chocolat amer, adapté en film sous le titre Les épices de la passion, s'est vendu à plus de quatre millions d'exemplaires dans le monde.

 

 

Mon avis :
Mexique, début du XXème siècle. Tita découvre avec effarement qu'étant la plus jeune des filles elle ne pourra jamais se marier car elle devra s'occuper de sa vieille maman. Sacrifiée sur l'autel d'une coutume immuable. Mais voilà, Tita est amoureuse de Pedro qui ressent un amour immense et impérissable pour elle. Hélas, parfois les compromis… car Mamá Elena veille sur sa maisonnée en parfaite mégère, d'une poigne de fer et sans cœur. Et Pedro est un idiot, car il accepte un arrangement stupide.

Cuisine, amour, peines de cœur et joie de vivre, voilà de quoi ce roman nous parle, avec un soupçon de magie. J'ai adoré l'idée !

Douze chapitres, douze mois de l'année mais pas forcément toujours la même année, avec une recette à chaque fois. Par moments il émane de ces pages une sensualité torride, où les sens se voient exacerbés par le talent culinaire, la préparation de mets succulents et élaborés éveillant des désirs refoulés. Car Tita met tellement d'elle-même dans ses plats, qu'ils semblent posséder ses gènes, près à contaminer ses convives.

Tout le long de ma lecture j'ai eu la chanson du film Peau d'âne en tête, Recette pour un cake d'amour.
J'ai adoré l'histoire de Tita, en qui j'ai vu un mélange de Cendrillon, Blanche-Neige et Peau d'âne. Elle est toutes ces femmes à la fois et en même temps le vilain petit canard… avec un soupçon de frivolité sous-jacent, de la bonne humeur et surtout l'amour de la vie et de la bonne chère. Il y a dans ce roman un mélange de la féerie de l'enfance, un côté Vatel tant l'art culinaire est essentiel et passionnément fêté, le tout saupoudré d'un zeste de fantastique. D'ailleurs la fin est incroyable.

 

Citations :

Page 54 : Tita était le dernier maillon d’une chaîne de cuisinières qui s’étaient transmis, de génération en génération, les secrets de la cuisine. Elle était représentée comme la meilleure représentante de cet art merveilleux.

 

Page 245 : « Attention de bien allumer les allumettes une par une. Si elles s’enflamment toutes ensemble, sous l’effet d’une émotion violente, le flamboiement est tellement intense qu’il illumine au-delà de notre vision normale. Alors apparaît à nos yeux un tunnel resplendissant, un chemin oublié à la naissance, qui nous incite à retrouver notre origine divine perdue. L’âme veut réintégrer son lieu primitif, laissant le corps inerte »

 

 

 

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Mon avis : Femmes sous surveillance – Iris Von Roten

Publié le par Fanfan Do

Éditions Antipodes

 

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Quatrième de couverture :

Vie professionnelle, amour et sexualité, charge maternelle, travail domestique, droits politiques: voilà les principaux sujets auxquels Iris von Roten (1917-1990), intellectuelle suisse du XXe siècle, consacre sa vaste fresque de «la condition des femmes» à son époque. Loin de se limiter au combat pour le suffrage féminin, cette avocate et journaliste tenait à exposer l'aspect systémique de l'oppression des femmes. Par sa véhémence et son intransigeance, elle s'est attiré les foudres aussi bien des représentants de la domination masculine que des groupes féministes de son époque. Dans une langue aussi furieuse que grinçante, son livre fait l'état des lieux des droits des femmes, dépeint les humiliations et les luttes du quotidien, et imagine une société épanouissante et égalitaire.En livrant une étude approfondie des rapports de domination, Femmes sous surveillance renseigne autant sur les mécanismes d'hier que sur les problématiques contemporaines. Par sa véhémence et sa radicalité, ce manifeste nourrit la pensée féministe et apporte une contribution significative aux questions et combats d'aujourd'hui. Paru en 1958, cet ouvrage a d'abord fait scandale avant de sombrer dans l'oubli pendant quelques décennies. Cette première traduction française, réalisée par Camille Logoz, est une façon de rendre honneur à cette figure incontournable de l'histoire des idées en Suisse. C'est surtout l'occasion de se confronter à ses arguments puissants, sa réflexion complexe et sa parole percutante.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Voilà un livre qui m'intéressait et faisait donc partie de mes choix lors de Masse critique non-fiction sur Babelio.

 

Mon avis :

Quand je l'ai eu entre les mains, aïe aïe aïe !.. 415 pages, et c'est écrit tout petit… Dès la préface je me suis dit que lire ce livre allait être un sport de l'extrême car Camille Logoz la traductrice parle de propos alambiqués, de métaphores inattendues, de longues phrases qui demandent à être dépliées et remontées… j'ai pensé que j'allais souffrir ! Me voilà donc partie à l'assaut d'un Everest littéraire ! Mais comme "la colère est au cœur de Femmes sous surveillance", à priori ce livre était fait pour moi qui suis très en colère depuis toujours contre le machisme, les gestes déplacés, les vannes sexistes et le manque de considération envers les femmes trop souvent. Je suis même en colère contre les femmes qui cautionnent et entretiennent les hommes dans leur confort misogyne.

L'autrice prend comme référence la Suisse, et c'est logique puisque c'est son pays. Mais alors du coup on peut se demander si ça a un intérêt pour une française… mais en fait oui, car à part le type d'emplois et le montant des salaires, le sort des femmes est grosse modo le même. Seulement voilà, ce livre a été écrit en 1958 donc pas vraiment d'actualité mais en même temps on a l'impression de ne pas avoir beaucoup avancé sur certains points.


Iris von Roten nous offre un panorama extrêmement détaillé des métiers sous-payés et réservés aux femmes tant qu'ils n'offrent pas un certain prestige car là, les hommes se les approprient : soignante vs médecins, aide-comptable vs expert-comptable etc... et que dire de l'Église où les femmes ne sont que des sous-fifres ??? bien sur ça peut sembler caricatural vu de notre époque où heureusement les choses ont évolué. On apprend par exemple que jusqu'au XIXÈME siècle, s'occuper des malades était mal considéré et était souvent confié à des prisonnières sans aucune compétence. Euh… tu m'étonnes que le taux de mortalité était élevé 🤔.

Sa vision de la société envers les femmes est très crue et directe. Elle nous détaille l'oppression juridique et économique des femmes, ne parle pas d'époux mais de pourvoyeur conjugal.

Ce livre est une liste exhaustive et totalement révoltante des injustices perpétrées envers les femmes ainsi que les raisons de ces injustices. Tout cela revient à une forme de violence. Ça va de la vie professionnelle à "l'absurdité" d'un désir d'épanouissement sexuel ainsi que la maternité où le droit des femmes c'est de n'en avoir aucun envers leur progéniture, en passant par la "légitimité" du harcèlement dont bénéficient les hommes envers les femmes. D'ailleurs, la seule utilité des femmes est de faire des enfants et de s'occuper de tout dans la maison. Heureusement que les métiers autrefois interdits aux femmes leur sont devenus accessibles de même que les études supérieures, la politique, ainsi que le choix d'enfanter ou non, mais avant tout le droit d'exister et de faire ses propres choix sans l'aval d'un homme, qu'il soit le père, le mari, le frère. Mais comme l'histoire est un éternel recommencement, il faut espérer que ce qui est acquis le restera, même si on sait bien que tout peut être remis en cause tout le temps.

J'ai découvert que la Suisse n'est pas le pays lisse et respectueux que je croyais. En effet, des lois extrémistes et arbitraires qui visaient à réduire les femmes au rang de domestiques conjugales, de majeure irresponsables, existaient bel et bien, comme ailleurs. En tout cas dans les pays démocratiques, où refuser le droit de vote à un individu c'est le réduire à rien, le considérer comme quantité négligeable.

Ce livre est très intéressant car on voit le chemin parcouru. Néanmoins j'ai trouvé que 
Iris von Roten s'appesantissait trop sur les multiples sujets d'insatisfaction que les femmes sont en droit de constater - même si c'est légitime - car elle revient sans cesse appuyer là où ça fait mal, se répète souvent, sans doute pour bien marquer les esprits mais c'est trop à mon goût. Ce livre aurait pu être plus concis pour plus d'efficacité je pense, car j'ai trouvé un peu dur d'aller jusqu'au bout. Et pourtant je la comprends tellement, en 1958, et avant, la vie des femmes était inacceptable car totalement inéquitable.
 

Citations :

Page 85 : Mais en ce qui concerne la discrimination des femmes dans la vie professionnelle – et donc dans tous les autres domaines -, une chose reste certaine : les dispositions légales qui portent préjudice aux femmes ont toutes été créées par les hommes.

 

Page 192 : Au pays du sourire, les conventions somment les femmes de se comporter comme des jeunes filles en fleurs, attendant d’être cueillies. En réalité, c’est tout le mécanisme de l’approche qui favorise l’érotisme masculin ; l’érotisme féminin se contente des miettes. Et tandis que les hommes s’aménagent une voie royale pour combler leurs désirs les plus futiles, les femmes, dont les critères en matière de choix et de rencontres sont pourtant essentiels, sont condamnées à faire des détours.

 

Page 285 : Que signifie se marier ? Selon les romans à l’eau de rose, cela signifiait et signifie encore atteindre un septième ciel où les réjouissances sont visiblement si intenses qu’elles échappent à toute description, et que leurs auteurs laissent aux lectrices le soin de se figurer ce bonheur.

 

Page 285 : Mais plus sûrement que l’extase, le mariage apporte aux femmes le travail ménager. Qu’elles soient malignes ou sottes, belles ou laides, courageuses ou lâches, douées ou gauches, appliquées ou paresseuses, c’est le même train-train qui les attend toutes une fois franchi le « seuil du bonheur ». Le mariage fait des jeunes filles non seulement des femmes, mais aussi des femmes au foyer. Peu importe qui elles épousent, elles épousent forcément un ménage. C’est surtout lui qui sera leur compagnon de vie.

 

Page 349 : Curieusement, il n’y a pas d’autre forme d’État qui opprime les représentantes du sexe féminin aussi manifestement que la démocratie quand elle les prive de leurs droits politiques.

 

Page 376 : Aussi longtemps que l’égalité femmes-hommes n’aura pas été atteinte en pratique comme en théorie, les femmes en tant que membres du collectif féminin continueront d’être habitées par un tragique sentiment d’infériorité. En tant que membres du collectif masculin, les hommes éprouvent quant à eux un petit sentiment de bravoure : c’est qu’ils régnaient jusqu’il y a peu sur l’autre moitié de l’humanité. Ils traitent les femmes avec la même condescendance que celle adoptée par les citoyens de puissances mondiales envers les habitants d’États plus modestes, ou par les citadins envers les campagnards.

 

 

 

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