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essai

Mon avis : Peut-on aimer les animaux et les manger ? - Guillaume Meurice

Publié le par Fanfan Do

Éditions de la Martinière – Collection Alt

 

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Quatrième de couverture :

Dans une société où l’exploitation animale est la norme, la question simple « Peut-on aimer les animaux et les manger ? » met en lumière les contradictions qui persistent entre habitudes, croyances et convictions.

 

Engagé pour la cause animale et végétarien, Guillaume Meurice compose, avec humour, un texte piquant qui envoie promener les clichés et interroge les rapports de domination de l’humain sur l’animal.

 

 

Mon avis :
Un tout petit livre, que dis-je un fascicule de 30 pages, imaginé par 
Guillaume Meurice, humoriste que j'adore ! Que j'écoute sur France Inter… Ah que dis-je, que j'écoutais sur France Inter tous les jours à 17h - Par Jupiter, puis C'est encore nous ! - pour mon plus grand bonheur avant que la direction décide connement de virer cette émission d'utilité publique, sûrement sur ordre du pouvoir.

Ici, 
Guillaume Meurice se positionne, en tant que narrateur, dans la peau du bouffe-tout. Oups pardon… du mangeur de viande 🙃 dans une conversation au restaurant avec une amie Végétarienne.

Nous voilà donc embarqués dans cet échange savoureux, un duel amical ou tous les poncifs sur la viande "aliment indispensable" au bon fonctionnement du corps sont amenés les uns après les autres : parce que le corps a besoin de protéines. OUI !.. mais il en existe des végétales, beaucoup… Les végétariens sont des bobos… Eh ben non ! La déforestation pour la culture du soja gnagnagna… C'est pas nous ! Et tant d'autres (poncifs) que je ne vais pas énumérer.
Et le cri de la carotte !!! oui ben les gars cette vanne on l'entend sans cesse, STOP !!! Elle est nulle.

Ce petit livre devrait être lu par tout le monde car il remet les pendules à l'heure, en toute objectivité, et pourrait bien apprendre quelques trucs très intéressants aux anti végétarisme et surtout à ceux qui détestent ceux qui ne mangent pas d'animaux. Mais pourquoi ce mépris au fait ??
Par contre, à la toute fin il est question de linguines au pesto… le pesto n'est pas végétarien. Il contient du parmesan, qui est fait avec de la présure qui vient de l'estomac des veaux (morts bien sûr). Et une boulette par ici ! À moins de consommer du pesto végan, qu'on trouve hélas difficilement.

 

Citations :

Page 6 : Tu sais, végétarien, ce n’est pas une religion. L’idée, c’est d’être en accord avec ce qu’on pense être un bon comportement.

 

Page 12 : Tu penses que les animaux que tu manges sont « naturels » au sens où tu l’entends ? Tu penses qu’un bœuf issu de siècles de croisements génétiques ou qu’une race de poulet de chair confectionné pour produire le maximum de viande, composée d’individus complètement dépendants des humains pour se nourrir, soignés aux antibiotiques, c’est naturel ?

 

Page 13 : La tenniswoman Serena Williams est végane, le basketteur de la NBA Kyrie Irving est végan, le boxeur David Haye est végan, le marathonien Scott Jurek, la...

 

 

 

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Mon avis : Des animaux et des dieux – Essai de théologie animaliste – Christian Dellahaye

Publié le par Fanfan Do

Éditions Empreinte Temps Moderne

 

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Quatrième de couverture :

Portée par les avancées scientifiques (biologie, génétique, éthologie, médecine…), la question du statut de l’animal fait débat et suscite une prise de conscience générale qui initie des avancées aussi bien dans le domaine juridique et politique que parmi les anthropologues et les philosophes.
Un droit de l’animal émerge tandis que sont mises sur la sellette la majesté d’homo sapiens et sa domination universelle.
Cependant, les religions sont restées à peu près muettes sur ce sujet. L’enquête originale de Christian Delahaye, tout à la fois journalistique et théologique, apporte enfin une réponse religieuse à la question animale.
Il nous entraîne dans un voyage très documenté, riche en références historiques et théologiques, servies par les meilleurs spécialistes et nous fait découvrir que le suprématisme humain n’était inscrit ni dans les religions premières, ni dans la Bible, pas davantage dans le Coran, qu’il s’agit d’une importation gréco-romaine, portée par la dualité du corps et de l’âme, de la chair et de l’esprit, dépourvue de tout substrat évangélique.
Une lumière nouvelle sur les vivants et sur le Vivant.

 

 

Mon avis :
Il y a tant d'animaux qui souffrent partout dans le monde, dans la quasi-indifférence générale, parce que pour la plupart des gens, ce ne sont "que des animaux". Ah putain d'anthropocentrisme ! Pour moi, ils sont ma famille, je vis avec eux et je les aime. Tellement, qu'un jour j'ai décidé que je ne pouvais plus manger aucun animal. Adieu dissonance cognitive !
C'est pour ça que j'ai eu envie de lire ce livre. J'ai voulu comprendre d'où nous venait cette idée que nous sommes les maîtres et possesseurs.

J'ai adoré redécouvrir comment Copernic et 
Galilée ont fait trembler les fondements de l'Église, pourquoi Darwin a fini par remettre en question les théories religieuses, tout en gardant la foi.
L'auteur nous démontre, preuves scientifiques à l'appui, à quel point nous avons tort de penser que notre destin et celui des animaux ne sont pas liés. de plus, ils ne sont séparés de nous que par peu de choses, notamment la capacité à parler. "Les animaux pensent, des animaux créent des catégories, […] des animaux changent de point de vue, […] les animaux apprennent et transmettent leurs connaissances, […] des animaux manifestent de l'empathie, des animaux éprouvent le deuil, […] des animaux sont capables du meilleur comme du pire."
Et que dire des agents infectieux qui ont passé la barrière des espèces pour nous contaminer ? Alors, nous sommes si différents ???
"Homo sapiens n'est qu'une espèce parmi d'autres, explique le président du Muséum d'histoire naturelle de Paris, 
Bruno David" […]
Nous nous croyons tellement au dessus de tout que nous ne pensons pas que nous pourrions bien faire partie de la sixième extinction. Et pourtant…

L'auteur nous emmène dans un voyage à travers temps, depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui, pour nous montrer comment nous avons (mal)traité les animaux alors que nous avons toujours vécu avec eux, auprès d'eux, et que nous avons toujours eu besoin d'eux. Nous les avons traité comme des objets alors qu'ils ressentent et qu'ils souffrent. Mais pourquoi ?
Il a fallu attendre 1850 pour qu'un délit de maltraitance voit le jour. Et encore, uniquement celle perpétrée en public. Pourtant la corrida perdure, tout comme la chasse à courre et tant d'autres abjections, avec la bénédiction de nos dirigeants, insensibles à la souffrance animale et à notre propre dignité.

J'ai appris beaucoup de choses avec cette lecture, comme par exemple que le pythagorisme avait ouvert la voie à la métempsychose, ou bien encore que le catholicisme emprunte, plus que je ne l'aurais cru, au paganisme et que Jésus en personne mettait tous les vivants sur un pied d'égalité.
L'auteur énumère des philosophes comme l'anthropocentré 
Descartes et sa sinistre thèse mécaniste (Grrrrr), SpinozaVoltaire, Rousseau, KantSchopenhauer, qui eux avaient des thèses qui nous reliaient aux animaux, ou cet obscurantiste malfaisant de père Nicolas Malebranche qui prétendait que les animaux mangent sans plaisir et crient sans douleur, et Claude Bernard ce médecin borné qui disséquait des animaux vivant et sans anesthésie.
Une interrogation m'est venue quand j'ai appris que l'Église avait adhéré aux théories de 
Descartes. Comment peut-on être cartésien et croire en Dieu ???
Loin de m'avoir calmée, cette lecture édifiante à confirmé ma rage contre tous ceux qui se cachent derrière la "croyance aussi absurde qu'arrogante en une hiérarchie de la création."
Mais il y a de l'espoir, notamment grâce aux associations de défense des animaux, qui avancent pas à pas et gagnent du terrain pour faire valoir leurs droits, portées par l'opinion publique.

Je pense comme 
Kant : On peut déjà juger du coeur d'un homme au traitement qu'il réserve aux animaux.
Et je crois en ce dicton qui dit que, qui n'aime pas les bêtes n'aime pas les gens. Et je suis convaincue que quelqu'un qui peut faire du mal à un animal est quelqu'un de potentiellement dangereux.

Loué soit Darwin d'avoir permis à l'humanité une nouvelle approche, scientifique, de l'animalité, de l'incohérence que représente la discrimination envers les animaux, et d'avoir ouvert bien des yeux, même si ceux des différentes religions restent fermés. Et pourtant, à l'origine, Dieu avait fait de tous les êtres des végétariens, "clé d'une relation privilégiée entre les vivants"[…] "Dans la Genèse 1 et 2, l'homme ne tuait ni ne mangeait l'animal’’ […]
Pourtant, les hommes haïront le serpent, rendu responsable de leur déchéance, s'adonneront aux sacrifices d'animaux pour plaire à Dieu, en totale contradiction avec les écrits bibliques de la création.
En fait, il semble que dans l'ancien et le nouveau testament, on trouve tout et son contraire… ou pas. Euh… c'est compliqué ! Mais comment les hommes peuvent-ils s'y retrouver et ainsi parvenir à endiguer leur désirs de violence ? En fait, soit Dieu est versatile, soit les gardiens de la foi sont des escrocs.
[…]"chrétien ou musulman, l'homme reste la créature qui entend dominer toutes les autres et les exclut de ses privilèges."
La palme d'or du mépris envers la vie animale revient au christianisme qui est la religion la plus anthropocentrique au monde (et la plus sexiste soit dit en passant), ancrée dans son obscurantisme et faisant usage de la censure jusque dans les années 1900. 
François D'Assise, lui, est resté incompris et tant d'autres après lui, théologiens et ecclésiastiques, qui ont été muselés car l'Église catholique se doit d'être immuable… ou pas. Merci Pie XII d'avoir amorcé le changement !!! Et Paul VI, et surtout Karol Wojtyla qui, sous le nom de Jean-Paul II, a incorporé les animaux parmi "les enfants de Dieu." Hélas, après eux, bof bof et retour en arrière…

Cet ouvrage très documenté est foisonnant d'éclaircissements et passionnant de bout en bout. Ce qu'il raconte est révoltant.

Merci 
Editions Empreinte temps présent et Babelio pour l'envoi de ce livre extrêmement intéressant.

 

Citations :

Page 9 : Avec un temps de retard, les juristes suivent les scientifiques dans ce travail de révision qui chamboule les dogmes. Un longue marche juridique a commencé au XIXe siècle, qui fait émerger peu à peu la reconnaissance des droits animaux. Le statut de l’animal passe d’objet à sujet. S’y inscrit dans la loi un respect des animaux qui n’est pas séparé du respect des hommes : les droits accordés aux premiers ne sont pas retirés aux seconds, car le souci de l’animal ne diminue en rien le souci de l’homme, il crée un nouveau droit en enrichissant l’ancien.

 

Page 10 : Certains ‘hésitent plus à qualifier de génocide, le fait que 60 milliards d’animaux terrestres et 1000 milliards d’animaux marins soient mangés chaque année par les hommes – à tout le moins un zoocide.

 

Page 18 : Darwin se chargea de porter le coup de grâce à l’antique illusion anthropocentrique en théorisant que l’homme, déjà expulsé du centre de l’univers, n’était plus le sommet du vivant, mais qu’il évoluait parmi les autres organismes. Dans son livre De l’origine des espèces, il émit l’idée qu’il n’existe aucune différence de nature entre les humains et les animaux, mais que, tout au contraire, un continuum les relie depuis quelque 250 millions d’années. Grâce à Darwin, résume Régis Debray, l’homme découvre qu’il est partie intégrante et non surplombante de la vie de la nature, il se croyait au-dessus et il se découvre au-dedans.

 

Page 29 : Dans l’histoire biologique, ce n’est certes pas la première fois qu’un agent infectieux effectue un saut entre l’animal et l’homme : la peste, la tuberculose, la grippe espagnole, la brucellose, la rage et, plus récemment, le VIH, l’ESB, EBOLA, le SARS 1, le MERS-CoV, le MERS-like sont autant de zoonoses, c’est à dire de pathologies transmises à l’homme depuis un réservoir animal, via une autre espèce animale. Mais c’est la première fois que les ravages du mal submergent avec une telle magnitude, la médecine, l’économie, la vie sociale, la création artistique sur tous les continents, jusqu’à contraindre à la claustration plus de la moitié de l’humanité.

 

Page 63 : Chez l’animal, nous voyons la volonté de vivre en quelque sorte plus à découvert que chez l’homme. Il faut être aveugle, ajoutera-t-il, pour ne pas s’apercevoir que l’animal est par essence absolument ce que nous sommes et que la différence réside seulement dans l’intellect, non dans la substance, c’est-à-dire la volonté.

 

Page 64 : Derrida dénonce le spécisme inhérent à un humanisme brutal qui donne tous les droits à l’homme et les refuse tous à toutes les autres espèces.

 

Page 103 : Malebranche a rédigé des pages que Descartes, inventeur de l’animal-machine, n’avait pas osé écrire : Dans les animaux, il n’y a ni intelligence ni âme, comme on l’entend ordinairement. Ils mangent sans plaisir, ils crient sans douleur, ils croissent sans le savoir, ils ne désirent rien, ils ne craignent rien, ils ne connaissent rien ; et s’ils agissent d’une manière qui marque l’intelligence, c’est que Dieu les ayant faits pour les conserver, il a formé leur corps de telle façon qu’ils évitent machinalement et sans crainte tout ce qui est capable de les détruire.

 

Page 136 : Dès 1979, Jean-Paul II déclare que la protection animale est une éthique chrétienne ; deux ans plus tard, il félicite une association d’assistante de s’occuper de nos frères les plus petits.

 

Page 143 : En quoi le bien fait à un être non-humain serait-il préjudiciable à l’être humain ? En quoi l’antispécisme serait-il un antihumaniste ?

 

Page 143 : Tant pis pour l’Évangile et l’exhortation christique d’aller prêcher le Royaume à toutes les créatures, selon la finale de l’Évangile de Marc. Cette exhortation, François d’Assise l’avait actée. François de Buenos Aires, tout en empruntant au Poverello son nom, le titre de son encyclique et quelques bonnes paroles, s’assied doctement sur elle, sur le trône de la majesté humaine. L’étau qui s’était desserré autour de l’animal s’est à nouveau serré.

 

Page 147 : Après tout, la reconnaissance de liens fraternels entre l’homme et l’animal représente déjà, en soi, une évolution remarquable. Elle fonde un code moral. Elle invente en quelque sorte un nouveau commandement : on ne tue pas son frère, on ne sacrifie pas son frère pour plaire à Dieu, on ne le mange pas, on ne le dissèque pas vivant, on ne lui fait pas subir des expérimentations pour le bien de son grand frère humain, on ne lui inflige pas des conditions de vie contraires à son bien-être dans le seul but de dégager des bénéfices financiers.

 

 

 

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Mon avis : Femmes sous surveillance – Iris Von Roten

Publié le par Fanfan Do

Éditions Antipodes

 

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Quatrième de couverture :

Vie professionnelle, amour et sexualité, charge maternelle, travail domestique, droits politiques: voilà les principaux sujets auxquels Iris von Roten (1917-1990), intellectuelle suisse du XXe siècle, consacre sa vaste fresque de «la condition des femmes» à son époque. Loin de se limiter au combat pour le suffrage féminin, cette avocate et journaliste tenait à exposer l'aspect systémique de l'oppression des femmes. Par sa véhémence et son intransigeance, elle s'est attiré les foudres aussi bien des représentants de la domination masculine que des groupes féministes de son époque. Dans une langue aussi furieuse que grinçante, son livre fait l'état des lieux des droits des femmes, dépeint les humiliations et les luttes du quotidien, et imagine une société épanouissante et égalitaire.En livrant une étude approfondie des rapports de domination, Femmes sous surveillance renseigne autant sur les mécanismes d'hier que sur les problématiques contemporaines. Par sa véhémence et sa radicalité, ce manifeste nourrit la pensée féministe et apporte une contribution significative aux questions et combats d'aujourd'hui. Paru en 1958, cet ouvrage a d'abord fait scandale avant de sombrer dans l'oubli pendant quelques décennies. Cette première traduction française, réalisée par Camille Logoz, est une façon de rendre honneur à cette figure incontournable de l'histoire des idées en Suisse. C'est surtout l'occasion de se confronter à ses arguments puissants, sa réflexion complexe et sa parole percutante.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Voilà un livre qui m'intéressait et faisait donc partie de mes choix lors de Masse critique non-fiction sur Babelio.

 

Mon avis :

Quand je l'ai eu entre les mains, aïe aïe aïe !.. 415 pages, et c'est écrit tout petit… Dès la préface je me suis dit que lire ce livre allait être un sport de l'extrême car Camille Logoz la traductrice parle de propos alambiqués, de métaphores inattendues, de longues phrases qui demandent à être dépliées et remontées… j'ai pensé que j'allais souffrir ! Me voilà donc partie à l'assaut d'un Everest littéraire ! Mais comme "la colère est au cœur de Femmes sous surveillance", à priori ce livre était fait pour moi qui suis très en colère depuis toujours contre le machisme, les gestes déplacés, les vannes sexistes et le manque de considération envers les femmes trop souvent. Je suis même en colère contre les femmes qui cautionnent et entretiennent les hommes dans leur confort misogyne.

L'autrice prend comme référence la Suisse, et c'est logique puisque c'est son pays. Mais alors du coup on peut se demander si ça a un intérêt pour une française… mais en fait oui, car à part le type d'emplois et le montant des salaires, le sort des femmes est grosse modo le même. Seulement voilà, ce livre a été écrit en 1958 donc pas vraiment d'actualité mais en même temps on a l'impression de ne pas avoir beaucoup avancé sur certains points.


Iris von Roten nous offre un panorama extrêmement détaillé des métiers sous-payés et réservés aux femmes tant qu'ils n'offrent pas un certain prestige car là, les hommes se les approprient : soignante vs médecins, aide-comptable vs expert-comptable etc... et que dire de l'Église où les femmes ne sont que des sous-fifres ??? bien sur ça peut sembler caricatural vu de notre époque où heureusement les choses ont évolué. On apprend par exemple que jusqu'au XIXÈME siècle, s'occuper des malades était mal considéré et était souvent confié à des prisonnières sans aucune compétence. Euh… tu m'étonnes que le taux de mortalité était élevé 🤔.

Sa vision de la société envers les femmes est très crue et directe. Elle nous détaille l'oppression juridique et économique des femmes, ne parle pas d'époux mais de pourvoyeur conjugal.

Ce livre est une liste exhaustive et totalement révoltante des injustices perpétrées envers les femmes ainsi que les raisons de ces injustices. Tout cela revient à une forme de violence. Ça va de la vie professionnelle à "l'absurdité" d'un désir d'épanouissement sexuel ainsi que la maternité où le droit des femmes c'est de n'en avoir aucun envers leur progéniture, en passant par la "légitimité" du harcèlement dont bénéficient les hommes envers les femmes. D'ailleurs, la seule utilité des femmes est de faire des enfants et de s'occuper de tout dans la maison. Heureusement que les métiers autrefois interdits aux femmes leur sont devenus accessibles de même que les études supérieures, la politique, ainsi que le choix d'enfanter ou non, mais avant tout le droit d'exister et de faire ses propres choix sans l'aval d'un homme, qu'il soit le père, le mari, le frère. Mais comme l'histoire est un éternel recommencement, il faut espérer que ce qui est acquis le restera, même si on sait bien que tout peut être remis en cause tout le temps.

J'ai découvert que la Suisse n'est pas le pays lisse et respectueux que je croyais. En effet, des lois extrémistes et arbitraires qui visaient à réduire les femmes au rang de domestiques conjugales, de majeure irresponsables, existaient bel et bien, comme ailleurs. En tout cas dans les pays démocratiques, où refuser le droit de vote à un individu c'est le réduire à rien, le considérer comme quantité négligeable.

Ce livre est très intéressant car on voit le chemin parcouru. Néanmoins j'ai trouvé que 
Iris von Roten s'appesantissait trop sur les multiples sujets d'insatisfaction que les femmes sont en droit de constater - même si c'est légitime - car elle revient sans cesse appuyer là où ça fait mal, se répète souvent, sans doute pour bien marquer les esprits mais c'est trop à mon goût. Ce livre aurait pu être plus concis pour plus d'efficacité je pense, car j'ai trouvé un peu dur d'aller jusqu'au bout. Et pourtant je la comprends tellement, en 1958, et avant, la vie des femmes était inacceptable car totalement inéquitable.
 

Citations :

Page 85 : Mais en ce qui concerne la discrimination des femmes dans la vie professionnelle – et donc dans tous les autres domaines -, une chose reste certaine : les dispositions légales qui portent préjudice aux femmes ont toutes été créées par les hommes.

 

Page 192 : Au pays du sourire, les conventions somment les femmes de se comporter comme des jeunes filles en fleurs, attendant d’être cueillies. En réalité, c’est tout le mécanisme de l’approche qui favorise l’érotisme masculin ; l’érotisme féminin se contente des miettes. Et tandis que les hommes s’aménagent une voie royale pour combler leurs désirs les plus futiles, les femmes, dont les critères en matière de choix et de rencontres sont pourtant essentiels, sont condamnées à faire des détours.

 

Page 285 : Que signifie se marier ? Selon les romans à l’eau de rose, cela signifiait et signifie encore atteindre un septième ciel où les réjouissances sont visiblement si intenses qu’elles échappent à toute description, et que leurs auteurs laissent aux lectrices le soin de se figurer ce bonheur.

 

Page 285 : Mais plus sûrement que l’extase, le mariage apporte aux femmes le travail ménager. Qu’elles soient malignes ou sottes, belles ou laides, courageuses ou lâches, douées ou gauches, appliquées ou paresseuses, c’est le même train-train qui les attend toutes une fois franchi le « seuil du bonheur ». Le mariage fait des jeunes filles non seulement des femmes, mais aussi des femmes au foyer. Peu importe qui elles épousent, elles épousent forcément un ménage. C’est surtout lui qui sera leur compagnon de vie.

 

Page 349 : Curieusement, il n’y a pas d’autre forme d’État qui opprime les représentantes du sexe féminin aussi manifestement que la démocratie quand elle les prive de leurs droits politiques.

 

Page 376 : Aussi longtemps que l’égalité femmes-hommes n’aura pas été atteinte en pratique comme en théorie, les femmes en tant que membres du collectif féminin continueront d’être habitées par un tragique sentiment d’infériorité. En tant que membres du collectif masculin, les hommes éprouvent quant à eux un petit sentiment de bravoure : c’est qu’ils régnaient jusqu’il y a peu sur l’autre moitié de l’humanité. Ils traitent les femmes avec la même condescendance que celle adoptée par les citoyens de puissances mondiales envers les habitants d’États plus modestes, ou par les citadins envers les campagnards.

 

 

 

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Mon avis : Napoléon n’est pas mort à Saint-Hélène – Deux siècles d’uchronie – Olivier Boura

Publié le par Fanfan Do

Édition Gaussen

 

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Quatrième de couverture :

 

Napoléon serait mort le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène. C'est du moins ce qu'on lit dans les livres d'histoire, mais, depuis près de deux cents ans, plusieurs romanciers se sont employés à faire mentir cette donnée historique apparemment incontestable. C'est même l'idée que le destin de l'Empereur aurait pu être autre que ce qu'il a été qui a donné naissance à un genre littéraire nouveau : l'uchronie. L'Histoire de la conquête du monde et de la monarchie universelle publiée en 1836 par Louis Geoffroy est en effet le premier livre supposant un point de bifurcation de l'histoire. La France serait-elle dès lors la nation par excellence de l'uchronie, dans laquelle elle chercherait une consolation, une forme de méditation souriante et ludique sur la vanité de la puissance et de la gloire ?

 

Professeur agrégé d'histoire, Olivier Boura est installé dans le Gard, il est l'auteur de livres historiques, de récits, de nouvelles. Il a obtenu en 2006 le prix Hemingway de la nouvelle.

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

La dernière opération Masse Critique de Babelio portait sur les livres de non-fiction. À priori c’est un genre qui ne m’attire pas, je n’aime pour ainsi dire que les romans. Mais là, en allant consulter les différents titres proposés, j’en ai vu quelques uns qui pouvaient me plaire . Notamment un ouvrage écrit par Pierre Bordage sur l’uchronie, et finalement quelques autres sur divers sujets. J’ai donc fait ma sélection mais au fil de la journée, d’autres livres sont apparus, que pourtant je n’avais pas sélectionnés. J’ai donc eu de la chance d’être tombée sur celui-là !

 

Mon avis :

 

En attendant cet ouvrage je me suis demandé au devant de quelle désillusion j'allais. En effet, je n'aime pas être ébranlée dans mes convictions, et depuis que je suis en âge de connaître l'existence de Napoléon j'ai la certitude qu'il est mort à Sainte Hélène puisque c'est dans les livres d'Histoire. Pour moi c'était une réalité, un fait établi. Donc découvrir que ce n'est pas cela la vérité historique risquait de me perturber, tout comme m'a perturbée la révélation quand j'avais 30 ans qu'on ne dit pas une haltère mais un haltère, qu'on ne dit pas un orque mais une orque... j'allais devoir reconsidérer ce que je croyais être un fait avéré, une certitude. Ça allait faire vaciller mes bases.
Découvrir tardivement que ça fait des années qu'on est dans l'erreur ne se fait pas de gaité de cœur.
C'est comme si on me disait soudain que le Père Noël n'existe pas ! Alors quoi !? Je marchais dans le noir et je l'ignorais ? D'autant que le Père Noël, ça me ferait beaucoup de peine...
Mais Napoléon ! Pourquoi pas ?
Mais alors me direz-vous, pourquoi l'as-tu demandé lors de l'opération Masse critique ? Eh bien je ne l'ai pas demandé, mais un bug semble t'il a fait que je l'ai reçu.
Donc en route pour l'aventure, sus aux désillusions, et même pas peur !
Et voilà qu'il est arrivé, et oh surprise !.. ça n'était pas du tout ce que je croyais ! Cet ouvrage nous parle d'un genre littéraire que j'aime énormément : L'UCHRONIE ! Ça veut dire que si j'avais lu le sous-titre "deux siècles d'uchronie" je l'aurais sûrement demandé !

Dès les premières pages on découvre que tout petit nous avons tous pratiqué l'uchronie, quand dans nos jeux nous disions "on dirait que je serais..." et on imaginait une réalité alternative.
Et, COCORICO !!! Ce genre est d'origine française !

Si l'uchronie est un genre récent, le XIXe siècle, c'est parce que cette époque a vu la discipline historique se constituer en science et le peuple avoir la certitude qu'il jouait un rôle majeur dans la grande aventure de l'humanité... mais aussi la Révolution française où tant d'impondérables se sont accumulés de manière tellement improbable.

Napoléon Bonaparte, qui dans l'ancien monde n'était rien, a eu sa chance grâce à la Révolution et tous les événements plus étranges les uns que les autres qui auraient pu ne pas se produire mais se sont produits. C'est pour cela qu'il apparaît dans nombre d'uchronies. Pour lui, il aurait suffit de peu de chose pour ne pas devenir le grand Napoléon.

Hélas, il s'agit là d'un livre qui demande beaucoup trop de culture historique pour moi, beaucoup trop "Napoléon" aussi, qui relate des faits advenus, et c'est tellement sérieux que j'ai trouvé ça terriblement ennuyeux. L'auteur est historien et pour quelqu'un féru d'histoire c'est certainement passionnant. Mais pour moi qui aime l'histoire en amatrice moyennement éclairée c'est beaucoup trop pointu. Tous les tenants et aboutissants qui ont amené Napoléon, de nombreuses fois, à être un sujet d'uchronie sont clairement exposés et c'est très intéressant. Mais les trop foisonnants détails de l'Histoire m'ont perdue.
L'auteur émet des hypothèses quant à la façon dont les choses auraient pu se passer si par exemple Napoléon avait été vainqueur à Waterloo, nous démontre au passage ce que l'Europe aurait pu être sans la Révolution et si Napoléon n'était pas mort le 5 mai 1821 à Sainte Hélène, nous énumérant les nombreux auteurs qui ont imaginé cela, donnant des extraits et citant ses sources. N'étant pas assez érudite, que ce soit en littérature, en histoire et encore moins en politique, je me suis noyée dans toutes ces références.
J'ai toutefois lu ce livre jusqu'au bout car je mets un point d'honneur à toujours finir les ouvrages qu'on m'envoie. Autrement je suis persuadée que je l'aurais abandonné tellement j'ai été incapable de rester concentrée et donc de tout retenir et tout comprendre, d'autant que c'est d'uchronie concernant Bonaparte uniquement dont il question ici, et que du coup j'ai frôlé l'overdose.
L'auteur m'a toutefois donné envie de relire Le voyageur imprudent de René Barjavel, dont visiblement je me rappelle peu de choses alors que j'avais adoré !


 

 

Citations :

 

Page 160 : L’uchronie est un oiseau de crépuscule. Elle apparaît de coutume après que les historiens, les politiques, les poètes, le plus simple citoyen en son for intérieur, ont longtemps ruminé la matière historique, les causes et les conséquences de tel ou tel évènement, le rôle de tel ou tel personnage .

 

Page 184 : « L’homme est un parasite propre à la Terre qui tolère sa présence et la tolérera encore pendant un bref laps de temps. Il n’existe nulle part ailleurs dans le cosmos, et son séjour ici-bas ne saurait beaucoup se prolonger.

 

Page 204 : Le rétablissement par Bonaparte de l’esclavage, en 1802, reste une tache ineffaçable. L’interdiction qu’il fit de la traite, en 1815, ignorée de la plupart, n’y change pas grand-chose. Napoléon, comme tous les grands coupables, est exclu des bénéfices du relativisme généralisé. Qu’il ait aboli le servage en Bavière, La Sainte Inquisition en Espagne, qu’il ait amélioré en Europe, et de manière décisive, la position des juifs, qu’il ait introduit, partout où c’était possible, le Code civil, cet instrument de progrès, d’égalité, de justice, relève, tout au plus, des circonstances atténuantes. On ne retient du Code que ce qu’il pouvait avoir de sexiste.

 

Page 217 : Le genre uchronique trouve sa source dans l’extraordinaire aventure du peuple français, dans sa culture marquée par le culte des saints, la dévotion monarchiste, l’attente du sauveur. Il a trouvé sa forme classique, et pour ainsi dire indépassable, dans le moment le plus dramatique, le plus surprenant de cette épopée. Ce sont les français qui les premiers, et sous l’effet de la plus violente secousse qu’aucun peuple ait connu, émirent l’idée non seulement d’un possible bégaiement de l’Histoire, mais qui encore s’avisèrent d’en tirer les conséquences.

 

Page 219 : La France a inventé l’uchronie parce que son Histoire et son destin nourrissent la nostalgie, la mélancolie même. Nostalgie de ce qui fut, de ce qui aurait pu être, de tout ce qui fut perdu.

 

 

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Mon avis : Mes bien chères sœurs – Chloé Delaume

Publié le par Fanfan Do

Éditions du Seuil

 

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Quatrième de couverture :

 

« Ceci est une adresse. Aux femmes en général, autant qu’à leurs alliés. Je vous écris d’où je peux. Le privé est politique, l’intime littérature. »

En France, la quatrième vague féministe a fait son entrée : non plus des militantes, mais des femmes ordinaires. Qui remettent en cause les us et les coutumes du pays de la gaudriole, où une femme sur dix est violée au cours de sa vie, et où tous les trois jours une femme est assassinée par son conjoint.

Dans ce court texte incisif qui prône la sororité comme outil de puissance virale, Chloé Delaume aborde la question du renouvellement du féminisme, de l’extinction en cours du patriarcat, de ce qu’il se passe, et peut se passer, depuis le mouvement #metoo.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre 

 

Lorsque j'ai voulu participer au challenge #marsaufeminin sur Instagram, on m'a conseillé ce livre si je souhaitais tenter de lire un essai.

 

 

 

Mon avis :

 

En commençant cette lecture je me suis dit que les hommes allaient en prendre pour leur grade. Enfin, pas tous les hommes hein ! Ceux, imbuvables, qui au nom de leur service trois pièces sont convaincus d'être supérieurs et de mériter de droit divin le haut du podium.
Il y a une phrase que disaient mes potes qui m'est revenue : "depuis que les chinois ont inventé la poudre il n'y a plus d'hommes forts". Eh bien là, ça pourrait donner : "depuis l'avènement du numérique, il n'y a plus d'hommes". Tous égaux, ou égales ??
Bref, voeu pieux, parce que je pense que je ne le verrai pas. Ma fille peut-être, je l'espère. Car ça bouge vachement et dans le bon sens. Hélas un peu partout dans le monde des groupes de masculinistes se forment pour contrer les mégères féministes qui veulent couper les coucougnettes à la chaîne. Oui, parce qu'en fait il y en a qui ne veulent pas partager le gâteau, qui veulent continuer à nous écraser et prétendent qu'on veut les déviriliser, en faire des paillassons. Ah les pauvres ! Ils ont peur qu'on leur fasse ce qu'ils nous font depuis des millénaires !

Je me suis délectée à cette lecture qui dit ce que depuis l'enfance j'ai subodoré. J'ai très tôt été en révolte contre cette société qui voulait faire de moi ce que je ne voulais pas.

Ce livre est terrible, il nous dresse un panel de tout ce qui est dégueulasse et inadmissible, pas uniquement envers les femmes mais aussi envers les enfants et les minorités. Et pas seulement en actes mais aussi en paroles, qui peuvent être aussi douloureuses que des coups, voire plus... toutes ces petites saloperies pernicieuses et blessantes balancées l'air de rien. Mais c'est essentiellement un livre militant féministe qui prône la parité, la fin de la masculinité toxique et surtout la sororité, indispensable.
Heureusement une embellie s'annonce, elle est amorcée, #metoo et #balancetonporc sont passés par là et le vieux monde est en train de s'effondrer.
Ce livre devrait être lu par toutes et tous.
Tous oui, car ceux qui disent "ça va ! Une main au cul c'est rien !!" Peut-être ceux-là comprendraient-ils enfin que ce n'est pas rien, que notre corps n'est pas à leur disposition, qu'ils n'ont pas à y toucher sans permission.

Liberté, Parité, Sororité et aussi fraternité avec tous les mecs biens, qui osent avouer qu'ils sont féministes et qui le pensent vraiment, comme mon père, mes frères ou mon fils.
Parce qu'être féministe ne veut pas dire être une femme ! Ça veut juste dire être pour la parité, les mêmes droits pour toutes et tous, c'est respecter autant ses filles que ses fils, sa mère que son père.


 

 

Citations :

 

Page 13 : Au XXIe siècle, l'individu n'est plus du tout ce qu'il était.

 

Page 15 : L'hétéronormativité elle aussi se dissout au contact du réel. Le propre du vivant c'est de créer la surprise.

 

Page 20 : Ce sont les anges martyrs, invertis double peine, les déchirés en deux, les nés dans une enveloppe de chair inadaptée. Sur leurs ailes les crachats ont été si nombreux, quand elle est culturelle la haine se sédimente.

 

Page 22 : Depuis que les réseaux existent, la quatrième vague féministe derrière les écrans se préparait. Internet a libéré la femme là où Moulinex a échoué.

 

Page 114 : La sororité est une attitude. Ne jamais nuire volontairement à une femme. Ne jamais critiquer publiquement une femme, ne jamais provoquer le mépris envers une femme. La sororité est incluante, sans hiérarchie ni droit d’aînesse. Cercle protecteur, horizontal.

 

 

 

 

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