Mon avis : Destins obliques - Nicolas Wolters
Quatrième de couverture :
Cédric, 50 ans, est depuis plusieurs années le gérant belge d'une petite affaire de foresterie implantée au Brésil. Tout paraît se dérouler normalement jusqu'au jour où, à l'heure-même où ses associés arrivent afin de prospecter avec lui de nouvelles terres, il disparaît volontairement. S'il emporte une partie de la caisse, il prend soin de laisser sa femme...
Roman librement inspiré de faits réels qui se sont principalement déroulés au Brésil entre 2014 et 2016. Certains de ces événements ont eu des conséquences qui se font encore sentir aujourd'hui.
Mon avis :
Destins obliques nous parle de ces occidentaux qui vont faire des affaires dans des pays pauvres aux nombreuses ressources, qui offrent semble-t'il de belles opportunités d'enrichissement, mais qui peuvent aussi mal tourner pour diverses raisons. En l'occurrence, ici Cédric, un des associés disparaît en emmenant une partie des fonds, laissant ses amis et sa femme désemparés.
Au départ, j'ai trouvé que la narration était dans un style épuré, droit au but, technique donc un peu froid mais pas dérangeant. Je m'y suis très vite habituée d'autant que l'écriture est belle et très agréable.
L'histoire est prenante dès les premières pages. On y est entraîné doucement mais sûrement, à la découverte des événements et des différents protagonistes, dont certains sont totalement abjects et retors.
D’ailleurs les personnages sont tous assez fascinants. Dangereux, veules, cupides, pleutres, droits, corrompus, calculateurs, mesquins, il y a là, un échantillon d'humanité passionnant, avec des antagonismes profonds et peu à peu on découvre l'absolue duplicité de certains. Un chouette panier de crabe en somme !
Le récit est émaillé de chapitres sur les différents personnages, qui nous font découvrir leur vie, leur passé, leur personnalité et c'est captivant.
On voyage de l'exotique Brésil, "ce sauvage bout du monde", qui fait rêver autant qu'il effraie, jusqu'au plat pays qu'est la Belgique, et inévitablement on y découvre le choc des cultures.
La grande question qui m'a taraudée et m'a fait dévorer ce roman c'est la motivation de Cédric, savoir pourquoi il a tout planté, ce que cache cette fuite ! Parce que bien sûr, tout au long de l'histoire, plane ce mystère.
J'ai adoré de bout en bout cette histoire, inspirée de faits réels. J'ai autant aimé les détails techniques sur les affaires, (et pourtant rien ne m'intéresse moins que les affaires en général) que les personnages, des plus abjects aux moins méprisables. Eh oui, parce que dans cette histoire il n'y a pas grand monde qui soit reluisant, à part quelques-uns qui restent dans le cadre de la loi.
Nicolas Wolters m'a embarquée dans cet univers interlope du bout du monde et m'a fait voyager dans des endroits sauvages du Brésil.
Un voyage lointain et dépaysant à tous points de vue.
C'est juste un peu dommage qu'il n'y ait pas de renvoi en bas de page pour expliquer certains termes spécifiques à l'Amérique du sud , comme par exemple "urubus" que j'ai dû aller chercher dans le dictionnaire.
Citations :
Page 54 : Au fond, en tant qu'individu, ce petit n'existe pour personne. Abandonné par tout le monde, il n'a jamais été, pour son déficient entourage, que la représentation de quelque chose : jouet, dérivatif, prétexte, conséquence non désirée d'un moment d'égarement, embarras, problème, obstacle...
Page 113 : Des putes au désarmement en passant par l'artichaut breton, une vraie démonstration d'éclectisme.
Page 252 : Peut-être étaient-ils passés à côté de certains signes imperceptibles d'un état psychologique délabré, peut-être n'avaient-ils pas entendu certains craquements, certains sanglots intérieurs ?
