Mon avis : Nous les menteurs – E. Lockhart
Traduit par Nathalie Parrony
Éditions de Noyelles
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Quatrième de couverture :
Une famille belle et distinguée.
L’été. Une île privée.
Le grand amour. Une ado brisée.
Quatre adolescents à l’amitié indéfectible,
les Menteurs.
Un accident. Un secret. La vérité.
Un drame familiale époustouflant où culmine le suspense.
Une lecture qui, à peine terminée, donne envie de retourner
à la première page pour recommencer...
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Mon avis :
On est prévenus, chez les Sinclair tout le monde est blanc, blond, beau, intelligent, parfait, et dans cette famille on a la culture de la gagne. En réalité, ils ont la tête dans le sable, ils ne veulent rien savoir, rien voir de la triste réalité. Car oui, chez les familles riches à qui tout a toujours souri, il faut constamment sauver les apparences… parce que chez ces gens-là on ne pleure pas…
En fait ce roman raconte quelque chose de terrible, un état d'esprit dérangeant, une philosophie familiale sectaire et glaçante. Un été, Cadence, la narratrice a un accident, mais quoi ? Ses séquelles sont tellement étranges. Somatisation ? Amnésie traumatique ? Qu'est-il arrivé dans ce paradis estival ?
Les vacances en famille, tous les étés sur leur île à eux, avec leurs quatre maisons. Les menteurs : trois cousins du même âge, Cadence, Johnny, Mirren, plus Gat l'ami de Johnny, la pièce rapportée. Adolescents libres comme l'air, la plage, les baignades, les feux de camp, ça ressemble au bonheur de l'enfance, à la vie facile.
Cependant il y a de la dureté car les parents reproduisent des schémas éducatifs dont ils ont sans doute souffert eux-mêmes, et pourtant immuables. Never complain, Never explain. Un vrai panier de crabes.
Alors je me suis bien laissée embarquer dans cette histoire familiale de vacances, de cousins et cousines, moi qui n'en ai pas, et cette très belle prose, très imagée et poétique, enveloppée dans une ambiance hypnotique. Évidemment j'ai émis des hypothèses quant au mystère qui plane et j'ai été cueillie car je ne l'ai pas vu arriver. En réalité, la fin m'a pétrifiée.
J'ai énormément aimé ce roman jeunesse qui contient beaucoup de beauté mais aussi de laideur. D'un côté l'idéalisme de la jeunesse, les rêves d'avenir et le refus des compromissions de ces adultes hypocrites, de l'autre la cupidité, le pouvoir sur les âmes que parfois confère l'argent, avec un patriarche persuadé que tout s'achète.
J'avais offert ce roman à ma fille car j'avais trouvé la quatrième de couverture très attrayante. Pas étonnant donc que je l'ai apprécié.
Ce livre est un véritable page turner. Et désolée pour les puristes de la langue française, je ne trouve pas de terme plus approprié.
Citations :
Page 14 : Mon histoire commence avant l’accident. L’été de mes quinze ans, au mois de juin, mon père nous a quittées pour une femme qu’il aimait plus que nous.
Page 34 : J’ai regardé son profil. Il n’était pas seulement Gat. Il était la contemplation et l’enthousiasme. L’ambition et le café noir. Tout ce qui se cachait là, derrière ses yeux bruns, sa peau veloutée, sa lèvre inférieure charnue… C’était de l’énergie pure, prête à jaillir.
Page 52 : Ça va s’arranger, m’ont-ils assuré.
Tu ne vas pas mourir.
Tu vas juste beaucoup souffrir.
Page 208 : Ma mère et ses sœurs dépendaient de grand-père et de sa fortune. Elles avaient eu la meilleure éducation, toutes les opportunités et les contacts dont on pourrait rêver, mais elles étaient incapables de subvenir elles-mêmes à leurs besoins. Aucune d’entre elles n’avait fait quoi que ce soit d’utile dans ce monde. Rien de nécessaire. De courageux. Elles étaient restées comme des petites filles s’efforçant de faire plaisir à leur papa. Il était leur unique gagne-pain — et elles n’aimaient que le pain de luxe.