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Mon avis : Borgo Sud – Donetella Di Pietrantonio

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’italien par Laura Brignon

 

Éditions Albin Michel

 

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Quatrième de couverture :

Adriana est comme un torrent, elle surgit toujours dans la vie de sa sœur avec la puissance d'une révélation, attisant la nuit des souvenirs. Elles ont été des enfants rebelles et complices, unies par le manque d'amour d'une mère aujourd'hui sur le déclin. Elles sont désormais des femmes, éloignées l'une de l'autre, lourdes d'un héritage de non-dits. Et pour qui ignore le langage de l'affection, il est difficile d'ouvrir son cœur.
C'est à Borgo Sud, le quartier des pêcheurs de Pescara, ville des Abruzzes où les hommes forment une seule et même famille autour de la mer, que les deux sœurs parviendront peut-être à réparer le passé.

 

Après La Revenue, couronné par le prestigieux prix Campiello, la grande romancière italienne Donatella Di Pietrantonio poursuit une œuvre subtile et profonde sur le temps et le mystère des sentiments.

 

 

Mon avis :
Adriana et sa soeur, la narratrice dont on ne connaît toujours pas le prénom, sont devenues adultes.
Dès les premières pages la beauté de l'écriture m'a envoûtée. Il y a tant de poésie dans ces lignes !

Quand l'histoire commence, la narratrice, devenue enseignante, est mariée avec Piero. Adriana est restée la petite sauvageonne brute de décoffrage de son enfance sans tendresse. Elle vit à 
Borgo Sud, le quartier des pêcheurs de Pescara. C'est une tornade, un tsunami, qui assouvit ses rêves de liberté en traînant avec des gens malsains sans jamais faire de faux pas elle-même "Adriana est ainsi faite, elle se plonge dans la fange et en ressort immaculée."
Au fond, on découvre à travers la narratrice et sa soeur les dommages des blessures de l'enfance. Nous avons tous des douleurs et des plaies pas refermées, car aucune vie n'est parfaite. Mais il y a ceux qui les subissent et ceux qui les surmontent. Et toujours on fait ce qu'on peut.

Cette fois-ci l'autrice fait des allers-retours entre passé et présent assez brutalement et ça m'a souvent perdue. Pourtant j'ai encore une fois aimé sa vision des choses, des vies différentes, rangées ou agitées, et puis cet immense amour sororal fait de silences, de colères, de rires et de complicités. Puis je me suis souvenue, après toutes ses digressions, qu'au début un évènement grave s'était produit sans qu'on en connaisse la teneur. L'autrice va nous y amener tout doucement au fil des pérégrinations de sa vie où tant de manques l'ont blessée et où cette famille, découverte à ses treize ans, est vraiment devenue sa famille.

Ce récit est rempli d'odeurs, celles de la pêche, de la mer, du poisson et des calamars qu'on fait frire, de l'ail, des herbes, de la cuisine italienne. C'est tellement immersif !

À moi, ce roman dit que l'amour, quel qu'il soit, est un puissant moteur, que l'enfant qu'on a été survit en nous pour toujours, que la vie est remplie de petites tragédies mais que ça vaut la peine d'essayer et surtout qu'il faut conjurer le mauvais sort qui trop souvent n'est que dans la tête et pousse chacun à être son pire ennemi, et que rien n'est gravé dans le marbre.

J'ai énormément aimé cette suite de 
Celle qui est revenue, bien que pour moi un peu en dessous, mais à peine.

 

Citations :

Page 21 : « T’as intérêt de bûcher sinon t’auras affaire à moi », le menace parfois sa mère, mais c’est inutile.

Adriana a su élever un garçon différent de notre frère, différent d’elle aussi, d’ailleurs.

 

Page 72 : J’affichais une normalité feinte. Je suis tombée amoureuse de Piero à l’âge de vingt-cinq ans, pas si jeune, mais j’en savais si peu sur mon compte. Certains dimanches d’hiver, lui et moi n’avions même pas envie de nous lever du canapé pour sortir nous promener en ville. Nos solitudes accolées nous réchauffaient jusqu’aux os.

 

Page 120 : Je n’étais pas si loin de chez moi, pourtant tout était différent, c’était un monde à part. Chez moi, j’avais laissé un petit recueil ouvert sur des poèmes que j’aimais, un séminaire à préparer, un ordre bien établi ; ici, où Adriana m’avait emmenée, la vie paraissait plus vraie, scandaleuse et palpitante. Elle m’attirait et m’effrayait à la fois.

 

Page 151 : Avec ma sœur, j’ai partagé un héritage de non-dits, de gestes éludés, de soins refusés. Et d’attentions rares et imprévisibles. Nous n’avons été les filles d’aucune mère. Nous sommes encore, comme toujours, deux fugueuses.

 

Page 153 : Ma mère racontée par les autres n’était pas celle que je connaissais.

 

Page 195 : Ma sœur est téméraire, elle n’a aucune mesure, elle ne fait qu’un avec le monde.

 

Page 208 : Elle m’a montré un cercle gravé dans le sol, le symbole du Borgo, de la communauté des gens de mer.

Rester dans le cercle c’est la force, la vie, son sens. En sortir c’est se perdre, se mélanger, aller à l’affrontement dans d’autres quartiers. Ça ne vaut pas la peine, le danger est déjà dans la mer, tous les jours.

 

Page 228 : À l’époque déjà, j’aimais écouter mes étudiants à la fin des cours, pendant qu’ils se préparaient à quitter la salle. J’interceptais leurs espoirs, leur élan vers l’avenir. Ils avaient hâte d’obtenir leur diplôme, de remporter des concours, d’être heureux. J’aurais voulu leur dire minute, le véritable cours commence maintenant. Vous vous faites des illusions. À cause d’un accident, d’une maladie, d’un séisme, vos rêves seront brisés. Vous vous perdrez.

Je restais silencieuse, enfilais lentement ma veste, prise de tendresse, ils étaient si jeunes, ils ne méritaient pas la vérité. Qui étais-je pour la leur dire ? Peut-être que le sort les épargnerait.

 

 

 

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Mon avis : Celle qui est revenue – Donatella Di Pietrantonio

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l'italien par Nathalie Bauer

 

Éditions Le Livre de Poche

 

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Quatrième de couverture :

À treize ans, la narratrice apprend brutalement qu’elle n’est pas la fille de ceux qui l’ont élevée. Enfant unique, choyée, elle doit quitter la ville où elle a grandi pour être rendue à sa famille biologique. Dans son nouveau foyer, au village, il lui faut désormais partager une chambre et de maigres repas avec une sœur et quatre frères. Pauvreté, violence, usages, dialecte : tout, ici, lui est incompréhensible. « Orpheline de deux mères vivantes », elle ne sait plus qui elle est. Car, finalement, de qui est-on l’enfant ? Pourquoi ses parents adoptifs l’ont-ils abandonnée ?

Pris Campiello 2017, Celle qui est revenue est un roman d’apprentissage d’une immense délicatesse.
 

 

Mon avis :
En 1975 la narratrice nous raconte l'histoire assez singulière qu'elle vécut puisqu'à treize ans elle dût changer de maison pour aller vivre avec sa famille biologique dont elle ignorait l'existence, puisqu'elle ignorait que ceux qui l'avaient élevée jusque là n'étaient pas ses vrais parents. D'une enfance choyée et aisée elle va passer à la pauvreté et la violence dans une famille nombreuse et sans amour, où tous les enfants dorment dans la même chambre, voire à deux par lit.
Je me suis dit "Mais quel enfer ! Est-ce que j'ai vraiment envie de lire ça ?" Et il se trouve que oui, qu'à peine commencée, cette histoire a exercé sur moi une sorte de fascination morbide car pour moi elle représente le cauchemar absolu de l'enfance : découvrir que sa maman n'est pas sa maman.

Mais alors pourquoi ? Pourquoi ses parents n'étaient pas ses parents et pourquoi l'ignorait-elle ? Pourquoi a-t-elle dû partir de chez eux ? Pourquoi l'ont-ils rendue à sa famille biologique ? Tout cela sans un mot d'explication. De parents aimants elle se retrouve soudain avec un père taiseux et brutal, une mère froide, des frères moqueurs, Sergio et Domenico, et pas très gentils, sauf l'aîné, Vincenzo, qui ne la regarde peut-être pas comme on regarde une sœur. Et puis Giuseppe, encore bébé, et Adriana, la seule autre fille, qui sera son alliée, sa complice, cette enfant mi fleur des champs, mi chardon.

Cette histoire étonnante est douloureuse mais belle. Il y a des sentiments dans cette famille fruste, de l'amour qui ne se dit pas ni ne se montre.
Adriana, sa sœur trois ans plus jeune, l'a accueillie tout de suite, lui a ouvert les bras car soudain elle n'était plus la seule fille de la fratrie. Elle l'a aimée avec la hargne et la pudeur des sentiments qui caractérise cette famille où on reçoit souvent des coups mais jamais de tendresse. D'ailleurs la narratrice elle-même a la douleur discrète, c'est très étrange. Elle supporte en silence la séparation qui lui a été imposée.
Mais quelle angoisse de passer du nid douillet au panier de crabes où il y a tout de même deux frères imbéciles heureux.
Peu à peu elle raconte à sa sœur Adriana, et elle nous raconte sa nouvelle vie dans cette famille qu'elle ne connaissait pas il y a peu. Elle parle de sa mère de la ville et de la mère du village et bien sûr on finira par savoir pourquoi…

J'ai énormément aimé ce roman que j'ai dévoré, où chaque mot est juste et où, dès le mot fin j'ai eu envie de me plonger dans la suite : 
Borgo sud.

 

Citations :

Page 27 : Je n’ai pas prononcé son nom pendant des années. Tout ce temps-là le mot maman est resté tapi au fond de ma gorge, telle une couleuvre qui refuse de sortir.

 

Page 91 : « À son âge, les enfants marchent déjà. Lui, il se traîne à quatre pattes et ne dit même pas maman, ai-je fait remarquer en indiquant les mouvements rampants de notre frère.

- Ben ouais, Giuseppe est pas normal, t’avais pas remarqué ? Il est retardé », a-t-elle répondu sans broncher.

Je me suis figée, le couteau en l’air, et le fruit m’est tombé des mains. En certaines occasions, les synthèses abruptes et spontanées d’Adriana vous frappaient comme la foudre.

 

Page 114 : Je me suis allongée sur le côté et blottie en position fœtale, sur le minuscule peuple de l’herbe.

 

Page 138 : Avec le temps, j’ai perdu également cette vague idée de normalité et aujourd’hui je ne sais vraiment pas quel lieu est une mère. J’en suis privée comme on peut être privé de la santé, d’un abri, d’une certitude. C’est un vide persistant, que je connais, mais ne surmonte pas. Regarder à l’intérieur donne le vertige. Un paysage désolé qui vous ôte le sommeil et fabrique des cauchemars dans le maigre espace qu’il laisse à la nuit. La seule mère que je n’ai pas perdue est celle de mes peurs.

 

Page 149 : J’étais orpheline de deux mères vivantes. L’une m’avait cédée, son lait encore sur ma langue, l’autre m’avait rendue à l’âge de treize ans. J’étais fille de séparations, de liens de parenté faux ou tus, de distances. Je ne savais plus de qui j’étais issue. Au fond, je ne le sais toujours pas.

 

 

 

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Mon avis : Landfall – Ellen Urbani

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Juliane Nivelt

 

Éditions Gallmeister - Totem

 

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Quatrième de couverture :

En septembre 2005, l'ouragan Katrina s'abat sur la Nouvelle-Orléans, semant le chaos, emportant des milliers de vies. Émue par le sort des survivants, Rose, à peine âgée de dix-huit ans, s'apprête à rejoindre la ville meurtrie avec sa mère pour leur porter secours. Mais leur voiture percute une jeune fille. La victime n'a rien sur elle qui confirme son identité – seulement une page d'annuaire avec les coordonnées de la famille de Rose. Obsédée par cette étrange coïncidence, Rose entreprend de retracer pas à pas le parcours de l'inconnue à travers une ville en ruine, sans se douter que sa propre histoire est parsemée de secrets.


 

 

Mon avis :
Deux binômes mère-fille. Gertrude et Rose en Alabama, blanches et aisées. Cilla et Rosy en Louisiane, noires et pauvres. Elles ne se connaissent pas mais vont être reliées par un évènement tragique.

Dans les premiers chapitres j'ai été un peu perdue par la chronologie, avec l'impression qu'on passait d'une époque à l'autre sans transition. J'ai pensé que ça allait s'arranger mais même arrivée à un tiers de l'histoire, j'étais dans le flou en permanence. Sans doute à cause du fait qu'il s'agit de deux mères qui ont élevé leur fille seule, et puis la similitude des prénoms, Rose et Rosy ainsi que leur âge identique. D'ailleurs j'ai noté que page 126 la traductrice (ou l'autrice) s'était trompée en écrivant Rose au lieu de Rosy, puis ensuite le contraire page 245. Preuve que les deux prénoms compliquent les choses.

Les chapitres alternent entre Rose et Rosy, ces deux filles qui n'ont pas connu leur père, et leurs liens avec leurs mères respectives. Deux mères aimantes mais difficiles à vivre, l'une parce qu'elle a fait le choix de la dureté extrême parce que la vie est dure et autant s'y habituer tout de suite, l'autre parce que, bien que fusionnelle avec sa fille, elle souffre de graves problèmes mentaux et que peu à peu les rôles s'inversent.
D'habitude j'aime ce parti pris d'alterner les chapitres entre les personnages principaux ainsi que le mélange des époques, mais là j'ai eu vraiment du mal, j'ai trouvé la narration trop fouillis et pas mal fastidieuse, sans doute à cause des très nombreuses et très longues digressions.

Donc cette histoire nous raconte le passé de Rosy, et le présent de Rose, ponctué de ses souvenirs. Celle-ci se lance dans une quête de rédemption et de réparation. Plus j'avançais dans l'histoire, plus je me demandais si Rose et Rosy avaient un lien autre que le point de convergence tragique de ce jour de septembre 2005.

Par ailleurs ça nous fait vivre le calvaire et l'histoire de ceux qui on subi l'ouragan Katrina. J'ai trouvé cet aspect de l'histoire très intéressant et terrifiant, et force est de constater que certains ne reculent devant rien pour assouvir leurs instincts les plus vils, même durant une tragédie. Pour moi, Katrina à été le moment le plus intéressant car on y voit tout le drame, la catastrophe humanitaire, la solidarité, mais aussi l'absence de solidarité. C'est très étrange les comportements humains face à l'indicible.
Malheureusement je me suis beaucoup ennuyée au cours de cette lecture. Je crois que je n'ai pas réussi à aimer les personnages. Et pourtant, c'est extrêmement bien écrit, il y a des moments d'une grande beauté dans ce récit.

 

Citations :

Page 18 : La mort déguisait en intimité nombre d’interactions banales.

 

Page 73 : T’es aussi nerveuse qu’un chat à grande queue dans une chambre pleine de fauteuils à bascule.

 

Page 114 : Mais Gertie Chiles était devenue Gertrude Aikens, une femme qui feuilletait les albums photo en commençant par la fin, le présent, prenant garde à ne jamais s’aventurer trop loin vers le début, le passé.

 

Page 125 : Ils puaient. Tous : les morts comme les vivants. Ceux qui flottaient exhalaient des gaz, les bulles refluaient entre leurs jambes et autour d’elles, les restes d’un dernier repas qui bougeaient encore à l’intérieur de dépouilles pétrifiées depuis longtemps. La puanteur des entrailles montait des cadavres : l’air confiné des poumons, le sang, l’acide urique, les sucs gastriques qui s’écoulaient en ruisselets jaunâtres le long des joues noires. Un compost sauvage.

 

Page 140 : Ce que Gertrude présentait comme un legs d’indépendance, Rose le recevait comme un héritage de solitude.

 

Page 159 : On a des gens empilés sur trois couches qui hurlent comme de la racaille blanche à un putain de rassemblement évangéliste.

 

Page 170 : Cilla avait essayé de se faire discrète. Elle se disait que les femmes accouchaient tout le temps, qu’il n’y avait là rien d’exceptionnel. Elle avait entassé des serviettes dans la salle de bain et comptait s’en sortir toute seule, chez elle, sans attirer l’attention de quiconque. Mais Seigneur ! La douleur n’avait fait que s’amplifier, à tel point qu’elle avait complètement oublié sa résolution de rester silencieuse, s’agrippant au cabinet, défonçant le mur à coups de pied, renversant la tête en arrière pour hurler comme une possédée.

 

Page 256 : Elle appuya sur l’accélérateur, cherchant désespérément à éviter la foule, mue par la crainte de la ville inondée, des coups de feu et de l’échauffourée, mais aussi gagnée par un malaise plus grand, celui d’un rapport de forces inversé. Elle n’avait jamais été une minorité dans une pièce, encore moins dans une ville, encore moins dans une foule. Facile de s’autodéclarer défenseur des droits civiques quand on n’est pas entouré de gens noirs, énervés, remontés et revendicatifs.

 

 

 

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Mon avis : Ticket gagnant Tome 3 – Dewi Sri – Anne-Sophie Nédélec

Publié le par Fanfan Do

Éditions Le Lézard Bleu

 

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Quatrième de couverture :

À vouloir trop bien faire, on finit par se mettre dans des situations impossibles…
Alors que le mariage d’Antoine et Laura se prépare, leurs amis Audrey et Marc voient arriver avec angoisse le moment où il leur faudra se retrouver face à face. Si Audrey s’est lancée avec brio dans une nouvelle aventure aussi sentimentale que professionnelle, Marc, lui, est bien décidé à la reconquérir. Les retrouvailles promettent d’être électriques tandis qu’entre déconvenues et imprévus, la tension monte pour Antoine et Laura. Quand en plus la famille s’en mêle, le mariage qui s’annonçait sous les meilleurs auspices pourrait bien virer à la catastrophe.
À moins que fêter les noces à Bali ne soit la solution pour régler les malentendus et vivre quelques moments d’aventure ?
Envolez-vous pour un petit coin de paradis du bout du monde, sous le signe de l’amour, de l’amitié… et de l’humour !

 


Mon avis :
Voilà que j'ai eu enfin la joie de lire le tome 3 des aventures de Laura la reine de la boulette, maladroite et gaffeuse invétérée, et de ses proches. Tout de suite à fond dans l'histoire, j'ai eu l'impression de surfer sur une vague joyeuse. Les déconvenues commencent pour Laura dès les préparatifs de la noce, mais aussi pour Audrey et Marc, et pour les nombreux protagonistes ! Pour Laura ce sont les montagnes russes entre rires et larmes.
Sa vision du mariage est très conformiste, ses rêves de princesse, sa robe de princesse, son château de princesse, son église de princesse… et la voiture qui doit être parfaite ! Je me suis demandé ce qu'elles ont toutes avec ce délire de princesse ??? Mais bon, c'est ce qui fait le charme de l'histoire ! Laura est aussi romantique et fleur bleue que Audrey sa meilleure amie est pragmatique. Laura est un petit nounours en guimauve avec un petit cœur tout moelleux où tout le monde y a sa place.
Voilà donc que tout va de travers, que rien n'est vraiment comme elle l'avait rêvé…

Comme précédemment, c'est un roman choral où on a tour à tour le point de vue de Laura, Audrey, Antoine et Marc. Ce livre, c'est une valse à mille temps, tout feu tout flamme, ça pétille !!! Comme dans les tomes précédents on a une galerie de personnages savoureux et parfois exaspérants, et des nouveaux au casting, dont une que j'ai adorée : Emmanuelle ! Personnage féminin totalement réjouissant et atypique, elle vient pimenter l'histoire, elle est parfaite !

C'est aussi des petites incursions passionnantes dans l'histoire de France… le château de 
Nicolas Fouquet à Vaux-le-Vicomte, le château de Saint-Germain-en-Laye, sa terrasse, les Chevaux de Marly…
Anne-Sophie Nédélec a l'art des descriptions historiques et géographiques avec un goût du détail qui laisse rêveur. Tout est tellement visuel.
Et puis Bali !! Une visite guidée de cette île enchanteresse de l'archipel indonésien m'a donné l'impression d'y être un petit peu et une furieuse envie d'y aller. L'eau transparente, les temples aux bas-reliefs surchargés, les singes, le mode de vie, la nourriture avec ses nombreux plats végétariens, tout semble beau et apaisant. Enfin, peut-être pas les singes MDR.

Amours, rancœurs, malentendus, jalousie, humour, amitiés, liens familiaux, voyage…
J'ai encore passé un excellent moment de lecture avec ces personnages attachants et parfois têtes à claque qui m'ont fait marrer. Ce roman est une bulle de fraîcheur au cœur de l'été, surtout quand on ne part pas en vacances.

C'est une comédie, une histoire d'amour(s), un guide de voyage, un récit sur la nature humaine et les petits travers des uns et des autres, c'est bourré d'humour, de révélations et de rebondissements, et vraiment en cette période d'éco-anxiété et de marasme général ce genre de bulle d'oxygène fait un bien fou ! J'ai adoré !!!
À peine le livre refermé que le quatuor infernal me manque déjà.

 

Citations :

Page 95 : Je commence à comprendre ce que peuvent vivre les gens qui ne boivent pas d’alcool, souvent taxés de trouble-fêtes alors qu’ils n’aiment simplement pas ça…

 

Page 133 : Je suis enceinte et c’est pas super fun au quotidien, mais il paraît que ça s’arrange après trois mois. En gros, imagine-toi une sensation de gastro permanente. Le matin est difficile, mais ça va mieux après le petit vomi de 9 heures et demie.

 

Page 190 : C’est un concert de plaintes : « Je suis crevée, ce voyage m’a é-pui-sée », « La nourriture était vraiment dégueulasse dans l’avion », « Les charters, c’est plus ce que c’était... ». J’avais oublié leur propension aux jérémiades, je suis déjà saoulé.

 

Page 228 : - Ah non, mais qu’est-ce qu’ils nous font chi… les végétariens, avec leurs convictions à la noix !

Je retiens un rire face à la virulence de Christian qui, à ce moment précis, a tout du Français moyen à qui on a un peu trop changé les habitudes culinaires.

 

Page 275 : Et puis, j’ai envie de me créer de beaux souvenirs. C’est vrai, c’est important, non ? Sinon l’existence se réduit à une succession de non-évènements sans saveur.

 

Page 325 : La mer est agitée, mais une fois dans les flots, cela se ressent peu. La vision est merveilleuse. Autant les coraux sont bien abîmés au niveau de la plage et la faune quasi inexistante, autant ici, l’onde grouille de poissons de toutes les couleurs et de toutes les formes.

 

 

 

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Mon avis : Call me by your name – André Aciman

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Jean-Pierre Aoustin

 

Éditions Grasset – Le Livre de Poche

 

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Quatrième de couverture :

« Je ferme les yeux et je suis de nouveau en Italie, il y a tant d’années ; je marche vers l’allée bordée de pins, je le regarde descendre du taxi : ample chemise bleue, col ouvert sur la poitrine, chapeau de paille, toute cette peau nue... Soudain il me serre la main et me demande si mon père est là. »
1983. Pour Elio, c’est l’été de ses 17 ans. Ses parents hébergent Oliver, un jeune universitaire, dans leur villa en Italie. Entre les longs repas, les baignades et les après-midi sous la chaleur écrasante, commence une partie de cache-cache avec cet Américain brillant et séduisant. Un temps fait d’attente, d’espoirs, de doutes et de rejet. Avant que tous deux cèdent à ce sentiment plus grand qu’eux.

Call me by your name est un magnifique roman d’amour tout autant qu’une réflexion sur le désir et l’empreinte qu’il laisse en nous. La langue à la fois précise et sensuelle d’André Aciman parvient à évoquer l’intimité des corps – mais aussi la part de violence qui se niche dans tout éveil au sentiment amoureux – avec une élégance rare.


 

Une frémissante méditation proustienne. Le Monde des livres.

 


Mon avis :
Le roman commence de façon très feutrée et secrète. Ça sent la chaleur écrasante du sud, l'hospitalité, les grandes tablées, la torpeur postprandiale au bord de la piscine, le farniente.

C'est l'histoire d'une quête, celle de l'attention de l'autre, de son cœur, de désir, de doutes, une histoire de séduction, d'attirance et de peur qu'elle ne soit pas réciproque, peur de se planter, de se tromper, d'être rejeté.
Elio est attiré par Oliver, jeune universitaire hébergé par ses parents dans leur villa en Italie durant un été des années 80. Il se dit que leur judéité pourrait les rapprocher, lui qui vit la sienne un peu cachée, presque honteuse semble-t-il, tandis que Oliver porte son étoile de David ostensiblement sous sa chemise ouverte.

Elio à les désirs et les fantasmes de son âge, avec toutefois une inquiétude, il voudrait que l'objet de ses désirs lui dise qu'il n'y a rien d'anormal en lui.
On suit ses pensées délirantes d'adolescent amoureux et concupiscent. C'est fou comme on aime le mélodrame à cet âge !

J'ai retrouvé dans ce récit toute l'ambivalence de l'adolescence, où l'on n'ose pas ce qu'on souhaite le plus, où l'on va à l'encontre de ses désirs les plus intenses pour finir par dire ou faire le contraire de ce qu'on voulait, par peur ou par orgueil, en se maudissant d'être la personne la plus stupide au monde et aussi la plus désespérée.
Il nous rappelle aussi à quel point il est nécessaire de jouir de l'instant présent, d'en déguster tous les arômes, toutes les saveurs et les sensations les plus subtiles pour se faire des souvenirs, tant le temps présent est éphémère, et qu'il laisse place au manque.

C'est un roman érudit, qui fourmille de références que je n'ai pas, et qui, de ce fait, a été enrichissant pour moi. Même si je sais que je vais oublier très vite, hélas.

J'ai bien aimé, et en même temps non. J'ai été épuisée par tant de tergiversations, j'ai trop souvent trouvé le temps long, trop dans la narration, pas assez de dialogues à mon goût. Ce roman rejoint ma liste des "ai-je-aimé-ou-pas ?". Pourtant le désir, la passion, et la fébrilité qui en découle, tout est tellement bien exprimé, dans une langue si juste ! Tout est profond dans ce roman, la justesse des sentiments, l'intensité de la peine, l'idéalisation de ce qui est vécu, la fugacité des événements, l'outrage du temps toujours. Malheureusement, beaucoup trop lent pour moi, même si je pense que la lenteur sied parfaitement à cette histoire lumineuse.

 

Citations :

Page 18 : J’avais dix-sept ans cette années-là et, étant le plus jeune des convives et le moins susceptible d’être écouté, j’avais pris l’habitude de faire passer autant d’informations que possible dans le plus petit nombre de mots.

 

Page 39 : J’avais déjà désiré des garçons de mon âge, et couché avec quelques filles. Mais avant de l’avoir vu descendre du taxi et entrer chez nous, et pendant un bon moment après, il ne m’aurait jamais semblé possible que quelqu’un de si parfaitement à l’aise avec lui-même pût désirer m’offrir son corps autant que je brûlais de lui abandonner le mien.

 

Page 95 : Il ne semblait pas pressé non plus de retourner à son travail, ni de rejoindre ses amis sur la plage, ni, comme c’était généralement le cas, de me planter là. Peut-être n’avait-il rien de mieux à faire. C’était mon moment au paradis et, si jeune que je fusse encore, je savais qu’il ne durerait pas et que je devais au moins le savourer pour ce qu’il était plutôt que le gâcher à vouloir une fois de plus conforter notre amitié ou la porter à un autre niveau.

 

Page 114 : Lumière de mon âme, dis-je, lumière de mon âme, lumière du monde, voilà ce que tu es, la lumière de ma vie. J’ignorais ce que signifiait « lumière de mon âme », et une partie de moi-même se demandait d’où me venaient de telles fadaises, mais c’était ce genre d’absurdité qui me faisait venir les larmes aux yeux à présent, des larmes dont j’aurais voulu imprégner son oreiller, son maillot de bain, des larmes que j’aurais aimé qu’il essuie avec le bout de sa langue pour effacer mon chagrin.

 

Page 138 : De retour à la librairie, nous laissâmes nos vélos à la porte et entrâmes.

C’était un peu comme si je lui montrais mon sanctuaire privé, mon antre secret, l’endroit – comme le tertre – où je venais pour être seul, pour rêver aux autres. C’est ici que j’ai rêvé à toi avant que tu n’entres dans ma vie.

 

Page 186 : De temps en temps, une sensation douloureuse déclenchait un regain de gêne et de honte. Quiconque a prétendu que l’âme et le corps se rencontrent dans la glande pinéale était un âne. C’est dans le trou du cul, idiot.

 

Page 272 : Comme les soldats entraînés à combattre la nuit, je vivais dans l’obscurité pour ne pas être aveugle quand la nuit viendrait.

 

 

 

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Mon avis : Le programme – Sandra Dussault

Publié le par Fanfan Do

Éditions QuébecAmérique – Collection Magellan

 

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Quatrième de couverture :

Victor pose un geste terrible qui l'oblige à fuir loin de chez lui. Il trouve refuge en forêt dans une curieuse communauté composée d'adolescents dysfonctionnels, souvent cruels. Mais qui sont ces jeunes ? Qu'est-ce qui les unit ? Et surtout, pourquoi Victor fait-il ces rêves étranges et si réels depuis qu'il est arrivé ?
Petit à petit, l'adolescent obtient des réponses… et souhaite aussitôt ne jamais avoir posé de questions.

SUSPENSE ORGANIQUE EN MILIEU CONTRÔLÉ

 


Mon avis :
En 2073, un futur proche, les villes sont terriblement polluées et les forêts meurent inéluctablement, attaquées par des insectes mutants et des maladies foudroyantes.

Victor a commis un geste terrible et doit s'enfuir. Il atterrit par hasard dans une communauté d'ados au cœur d'une forêt. Génial un lieu sans adulte ! Non ? Pas sûr…
En réalité c'est un lieu étrange, où rien n'est comme ailleurs, à part les jeunes, violents comme tous les humains, où personne ne porte son vrai nom : Bleu, Big, Torpille, Olive, Henri Quatre, Jujube, où il faut se méfier de tout le monde. C'est un panier de crabes, une humanité à l'échelle réduite. Et on se demande ce que tous ces gamins ont fait pour se retrouver là. Mais plus on apprend à les connaître plus on craint le pire.
Et pourquoi la nature est luxuriante alors que le reste du monde s'étiole ?...

J'ai beaucoup aimé Bleu (Victor) qui se pose énormément de questions, tout comme je m'en suis posé d'ailleurs, d'autant qu'il fait des rêves très étranges. Tout le monde a des secrets, il y a du suspense et des mystères. On se demande si le monde des adultes ne joue pas un jeu cruel avec ces enfants ou si ce n'est pas une sorte de démission face à une jeunesse devenue de plus en plus incontrôlable, voire une expérience malsaine.
Ce roman est un page turner, on est tenu en haleine du début à la fin, une angoisse de plus en plus prégnante nous étreint à mesure qu'on avance dans l'histoire.
Et le parler québécois est délectable pour quelqu'un qui, comme moi, rêve d'aller là-bas.

J'ai beaucoup aimé cette dystopie québécoise qui nous parle d'ados en perdition. Elle m'a terrifiée par moments. Je l'ai trouvée très imaginative mais aussi glaçante parfois, tellement le monde semble aller, depuis un certain temps, vers un modèle peu scrupuleux et sans éthique où seuls comptent la technologie et l'argent.
J'ai aimé de bout en bout, et la fin m'a cueillie même si je pressentais certaines choses.

Reçu dans le cadre de Babelio Masse Critique jeunesse, merci beaucoup pour la découverte de cette autrice québécoise.

 

Citations :

Page 65 : Le voilà parti à me raconter ce qu’il a entendu au sujet d’Olive et ce qu’il a peut-être vu quand il a travaillé avec elle. J’avoue, ce n’est pas joyeux à écouter. C’est le genre de rumeurs qui circulent tout le temps dans les corridors de mon école. Des rumeurs au sujet des filles, alimentées par des gars qui veulent se rendre intéressants et augmenter leur côte de popularité.

 

Page 136 : Je suis curieux de savoir si la Torgall traîne toujours là, mais impossible de vérifier avec la végétation qui cache l’endroit où elle s’est écrasée. Si Chef a dit vrai, la police, l’autorité gouvernementale ou la foutue organisation en charge du Programme Spécial est sûrement venue la reprendre et s’en sert maintenant pour recruter d’autres poireaux comme moi. Mais j’ai besoin d’aller vérifier, comme pour obtenir une preuve que ma vie d’avant existe bel et bien en dehors de cet endroit.

 

Page 218 : Tout le monde me rend dingue à force de si peu s’indigner de ce qui se passe ici. J’ai parfois l’impression d’être le seul à me préoccuper de ce que nous endurons. Mes compagnons sont tous blasés, engourdis et ne s’intéressent qu’à ce qu’il va y avoir dans leur assiette pour le souper.

 

Page 247 : - La plupart des gars avaient une vie d’marde, avant. Pis de s’retrouver au village, pour eux autres, c’est cool. C’est comme une promotion ! Y ont pas besoin d’aller à l ‘école, y a personne pour leur dire comment s’comporter

 

 

 

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