Mon avis : Florida – Olivier Bourdeaut
Éditions Finitude
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Quatrième de couverture :
« Ma mère s'emmerdait, elle m'a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s'est vengée. »
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Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :
Le concept même des mini-miss me sidère autant qu’il me révolte. Un roman qui traite de cela ne pouvait que m’intéresser.
Mon avis :
Elizabeth Vernn, la narratrice a sept ans au moment où commence le récit qu'elle nous fait de sa vie. C'est une histoire que certains considéreraient comme un rêve, mais qui pour elle fût un enfer. En effet, sa mère a un jour décidé qu'elle allait la présenter aux concours de mini-miss.
J'ai tout de suite beaucoup aimé le ton d'ironie douce-amère, pour nous raconter quelque chose d'assez affreux. Et tout le monde en prend pour son grade dans ce milieu futile et superficiel, à part les enfants qui finalement sont victimes de la vanité exacerbée de leurs parents. Les enfants n'existent plus que pour flatter l'ego de leurs géniteurs.
Il arrive que les enfants règlent les ambitions ratées de leurs créateurs, ça a toujours existé, malheureusement.
Ça dénonce la bêtise humaine et toutes les petites bassesses qui peuvent faire très mal.
Elizabeth va se venger de sa mère qui veut qu'elle soit une reine de beauté. Ça va virer au pathétique et même pire que ça. Il ne reste que de l'amertume et de l'autodestruction, c'est terrifiant.
Alors que le début pouvait faire sourire avec un sujet grave, la suite m'a glacée, quand Elizabeth se venge de ses parents, de sa mère pour avoir joué à la poupée avec elle, de son père pour avoir laissé faire.
À partir de là, on a l'impression d'une chute sans fin.
On est loin des paillettes, du strass et des rêves éveillés. C'est d'une dureté incroyable, c'est un regard acerbe sur la famille, ça décortique toutes sortes d'addictions, essentiellement liées à l'apparence, c'est assez effarant.
Ça commence comme quelque chose qui se voudrait conte de fée et ça dérape rapidement dans le trash, une véritable descente aux enfers.
Il y a toutefois des moments très drôles, une belle histoire d'entraide totalement désintéressée qui tourne à l'amitié et ça fait du bien... Et puis c'est tellement bien écrit ! Un vrai bonheur de lecture !!
Autant je n'avais pas aimé En attendant Bojangles, autant j'ai adoré cette histoire là !
Citations :
Page 11 : Elle croit en mes chances. Pour elle je suis plus belle que les autres. Je vais donc les écraser. Voilà ma surprise, mon cadeau, humilier d’autres petites filles.
Page 17 : Les bébés n’ont aucune conscience professionnelle. Certains parents le déplorent.
Page 62 : Elles n’étaient pas nombreuses, seulement quatre, mais elles avaient la puissance de feu d’un régiment. Quatre filles vous détestent et c’est l’humanité toute entière qui vous méprise.
Page 78 : À quatorze ans on a une vérité définitive par jour, qui s’amuse à devenir un mensonge le lendemain.
Page 85 : Tu ne vas pas servir des frites aux touristes, c’est déshonorant. Voilà peut-être ce qu’on appelle les nouveaux riches, ceux qui refusent de se souvenir de leur vie d’anciens pauvres.
Page 136 : J’ai une petite boite magique pour mes fesses, antiseptique, gel désinfectant, seringues, aiguilles, ampoules, compresses, c’est important de se défoncer en toute sécurité, de se détruire sainement.
Page 139 : Qu’ont-ils fait pour mériter une réaction pareille ? Ils ont été faibles et cons, c’est le cas de beaucoup de parents, de beaucoup de gens.
Page 139 : Si je me compare tout le temps aux petits Nigérians, j’accepte ma condition toute ma vie et je ferme ma gueule toute la journée. Je regarde mes pieds et j’attends que la vie passe, qu’elle m’écrase.
Page 165 : Paillettes, paillasson. C’est un un sacré pouvoir que celui de détruire son corps et sa vie, de le transformer en confettis, de danser au milieu, et de sautiller dessus.