Mon avis : L’énigme Modigliani – Eric Mercier
Éditions de la Martinière
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Quatrième de couverture :
Maudit, Modigliani ?
Derrière les tableaux les plus célèbres se cachent parfois les intentions les plus meurtrières.
Un faussaire de renom tout juste sorti de prison est retrouvé pendu dans une décharge en périphérie parisienne. Quelques jours plus tard, c’est le corps d’une spécialiste du peintre Modigliani qui est repêché dans la Marne. Rien n’unit les victimes, si ce n’est leur passion pour l’art. Coïncidence ou sombre machination ? S’engage alors pour le commandant Frédéric Vicaux, de la Brigade criminelle, et Anne, sa compagne historienne de l’art, une enquête qui les plongera près d’un siècle plus tôt. Quand un certain Amedeo Modigliani écumait les bistrots parisiens dans une quête furieuse du modèle parfait…
Après Le Secret de Van Gogh, Éric Mercier, docteur en Histoire de l’art et romancier, offre une nouvelle enquête haletante et érudite.
"Bienvenue dans le monde impitoyable de marché de l'art"
Gérard Collard, Librairie La Griffe Noire
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Mon avis :
Le prologue nous emmène à Paris en 1918, aux obsèques de Guillaume Apollinaire, faire connaissance avec Aliza Lodève une jeune journaliste qui aurait eu une liaison avec Amedeo Modigliani. C'est une période et un univers que j'adore, mais au deuxième chapitre nous voilà à notre époque, avec un homicide dans le Val-de-Marne. Dès le début on se demande quel est le rapport entre ces deux périodes.
La victime, un faussaire qui peignait des toiles de maître a été ébouillanté, comme c'était la pratique dès le XIIe siècle dans plusieurs pays d'Europe. L'affaire de ce meurtre est confiée au commandant Frédéric Vicaux de la Brigade criminelle, qui n'est autre que le narrateur.
Parallèlement, Anne Naudin, historienne de l'art, compagne du commandant Vicaux, fait des recherches depuis des années dans le but se restituer des œuvres d'art volées à des Juifs pendant la guerre. C'est ainsi qu'elle s'intéresse à une toile d'Amedeo Modigliani et sa peinture d'une certaine Aliza.
Assez rapidement on se prend d'intérêt pour cette double enquête qui semble receler bien des mystères. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la partie artistique où on apprend nombre de choses sur Modigliani, mais aussi sur cette sombre période de notre histoire, la deuxième guerre mondiale où la police collaborait avec l'ennemi et où tant de juifs ont été spoliés de leurs biens avant d'être envoyés dans les camps de la mort. Et puis on retourne en 1918, régulièrement.
J'ai beaucoup aimé les incursions dans ce début de XXe siècle, dans le Paris des artistes qui crevaient de faim et de froid alors qu'à présent leurs œuvres valent des fortunes. Modigliani, Matisse, Soutine, des noms qui résonnent jusqu'à nous et éveillent tout un imaginaire romanesque auprès de ces peintres qui ne vivaient que pour leur art et se noyaient bien souvent dans l'alcool et autres substances destructrices.
Quelques expressions désuètes m'ont surprise comme "Il attrape des bouffées de chaleur dès qu'il croise un jupon affriolant." Mein Gott quelle antiquité cette expression !!!
Cependant l'histoire est plaisante et, moi qui ne connaissais pas cet auteur, j'apprends qu'il est docteur en histoire de l'art et qu'il s'agit là du cinquième tome avec ses personnages récurrents, toujours à propos d'artistes tels que Buffet, Van Gogh mais aussi les fauves comme Matisse, Vlaminck ou Dufy, et l'hôtel des ventes de Drouot.
Merci à Babelio pour cette Masse Critique privilégiée ainsi qu'aux Éditions De La Martinière.
Citations :
Page 49 : La pratique de l’ébouillantage est attestée depuis le XIIe siècle par un règlement royal qui stipule que les faux-monnayeurs devront être « suffoqués et bouillis en eau et huile ».
Page 157 : Madame Planturat se tient debout devant l’une des fenêtres du salon. Son visage est buriné et parsemé de taches de vieillesses. Son mari, à ses côtés, paraît beaucoup plus jeune. Ils sont comme une paire de chaussettes dépareillées.
Page 254 : Peu après son installation aux affaires, le gouvernement de Vichy édicte plusieurs lois relatives au statut des juifs, qui font d’eux une catégorie à part de la population. Ainsi, le 3 octobre 1940, ils sont exclus de la fonction publique et des fonctions commerciales et industrielles. Le début de la descente aux enfers.