Mon avis : La bête à sa mère – David Goudreault
Éditions Philippe Rey
Mon avis sur Insta c'est ici
Quatrième de couverture :
Ma mère se suicidait souvent.
Ainsi commence la confession d'un jeune adulte qui ne se remet pas de la séparation d'avec sa mère, survenue en bas âge. Ses propos vibrent d'une rage contre ceux qui la lui ont arrachée. Sa mère, devient sa véritable obsession, il pense l'avoir enfin localisée à Sherbrooke. Mais saura-t-il se faire accepter par celle qu’il a tant idéalisée ?
D'où vient que le récit de cet homme manipulateur, sans pitié, accro aux jeux et à la pornographie, touche profondément le lecteur ? David Goudreault, grâce à son écriture inventive et colorée d’un humour mordant, sait partager l'empathie poétique qu'il a pour son protagoniste. On s’émeut des observations et pensées bancales du marginal, on rit de ses références littéraires approximatives lorsqu’il cite à tour de bras Platon, Shakespeare ou Coluche.
Ce magnifique premier roman révèle un monde dur, qui abandonne à lui-même un jeune homme avec lequel il n’a jamais su communiquer. Un anti-héros dont la bruyante solitude nous bouleverse.
« Il me fallait de l’argent. Pour mon automédication et pour acheter des fleurs à ma mère. On ne se pointe pas chez les gens les mains vides. Il faut des fleurs ou une arme, c’est documenté. »
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Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :
Sur différents groupe de lecteurs sur facebook j’ai entendu parler de l’histoire de La bête de David Goudreault, avec toujours des avis dithyrambiques. C’est pourquoi j’ai eu envie de découvrir cette trilogie.
Mon avis :
Alors... moi la française qui rêve du Québec comme Blanche Neige devait rêver de son Prince Charmant, et je sais que j'irai un jour, c'est toujours pour moi que du bonheur de me plonger dans un roman québécois.
C'est le deuxième roman de David Goudreault que je lis, après Ta mort à moi, et dès les premières pages c'était jubilatoire ! Il y a là une forme d'ironie et d'humour que j'adore.
Il y a des horreurs dans cette histoire. Le narrateur c'est le barjot de service, donc on est dans sa tête et il n'y fait pas bon. Les horreurs perpétrées m'ont vraiment terrifiée car elles touchent à la grande passion de ma vie et mon petit cœur tout mou à saigné.
Heureusement, l'humour est en permanence en embuscade ! C'est totalement iconoclaste et absolument pas politiquement correct, et c'est ce que j'adore ‼ D'ailleurs, entre deux horreurs je me suis tapé des bonnes Barres de rire.
Il (eh ouais, il a pas de nom le mec), donc Il est complètement barré, dans son monde, sûr d'avoir raison et que les autres sont dans l'erreur car son mode de pensée est complètement foireux, et surtout il prend toujours ses désirs pour des réalités. Et bien sûr, tout ce qu'il fait est amplement justifié, il n'entend et ne comprend que ce qu'il veut. Du coup il y a quelque chose de terrifiant dans sa personnalité et en même temps non. C'est très étrange.
Il y a chez lui quelque chose de l'ordre de la culture générale, mais en vrac. Citations déformées ou pas attribuées à la bonne personne...
Et donc ce mec complètement azimuté a une idée fixe dans la vie, retrouver sa mère, qu'il idéalise, à qui il a été retiré tout petit par les services sociaux.
On le suit dans ses tribulations de paumé totalement amoral, dans sa quête du Graal, sa mère, persuadé que quand il la retrouvera elle lui tombera dans les bras.
Quelque part en lui il y a l'enfant pas fini, un môme en charpie, celui que les adultes n'ont pas pris la peine d'amener correctement à l'âge d'homme comme ils auraient dû le faire. Ils l'ont laissé pousser comme une herbe folle et c'est ce qu'il est devenu.
Durant cette lecture j'ai souffert et j'ai ri, j'ai détesté ce personnage et pourtant d'un certain point de vue je l'aime bien quand-même, mais je ne suis pas sûre... Bref, c'est compliqué. Et je vais de ce pas attaquer le tome 2
Citations :
Page 15 : J’aurais tout donné pour retrouver ma mère, mais les enfants de sept ans ne siègent pas aux tables multidisciplinaires des services de protection de la jeunesse.
Page 30 : C’est sain, les souffre-douleur, pour la dynamique de groupe.
Page 49 : L’incohérence crasse du petit monde m’exaspère. Oh non, il a tué un chat ! So what, calvaire ! On se bourre la face d’animaux morts à longueur d’année. Des centaines. Des milliers. Des dizaines de milliers dans une vie. Évidemment qu’il y en a un paquet qui sont torturés en cours de route, élevés dans des conditions dégueulasses, séparés de leurs mères et gavés de force avant d’être assassinés pour nourrir des limaces humaines.
Page 69 : C’est agréable de respirer. On ne le réalise pleinement qu’avec des côtes et un nez brisés. Ça limite et met l’acte en perspective.
Page 108 : Je m’identifie davantage aux chats, personnellement. Même après neuf mille ans de domestication, indépendants, ils conservent leurs instincts de prédateurs. Les chiens c’est con comme tout. La langue toujours pendante, juste bons à rapporter une baballe ou un bâton.
Page 123 : Je pourrais assassiner un auteur à succès. Ce serait un moyen efficace de préserver une forêt ou deux.
Page 151 : J’ai reçu des sous-vêtements, des montres, même des étuis à crayons. Que des choses pratiques. Ce ne sont pas des cadeaux, ça ! Les cadeaux, c’est le luxe, l’inattendu, le flafla. Ça ne sert à rien, un cadeau qui sert à quelque chose.
Page 173 : Tout le monde aime les animaux, même si on les mange et qu’on les abandonne.
Page 180 : Si la montagne ne vient pas à toi, va à la montagne, écrivait Laurence Darabie, une poétesse maghrébine.