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Mon avis : Le consentement – Vanessa Springora

Publié le par Fanfan Do

Éditions Grasset Le Livre de Poche

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

« Depuis tant d'années, je tourne en rond dans ma cage, mes rêves sont peuplés de meurtre et de vengeance. Jusqu'au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l'enfermer dans un livre. »
Séduite à l'âge de quatorze ans par un célèbre écrivain quinquagénaire, Vanessa Springora dépeint, trois décennies plus tard, l'emprise qui fut exercée sur elle et la trace durable de cette relation tout au long de sa vie de femme. Au-delà de son histoire intime, elle questionne dans ce récit les dérives d'une époque et d'un microcosme littéraire aveuglé par le talent et la notoriété.

Un livre phénomène traduit dans vingt-deux langues et actuellement en cours d’adaptation cinématographique.

D’une précision implacable, Le Consentement éclaire d’une lumière crue et glaçante cette zone grise dans laquelle se trouve un être sous emprise. L’Obs.

Un conte noir des années soixante-dix. Un conte vrai. Transfuge.

GRAND PRIX DES LECTRICES ELLE DOCUMENT.

PRIX JEAN-JACQUES ROUSSEAU.

 

 

Mon avis :
V., comme elle choisis de se nommer elle-même, commence sa vie entre un père tyrannique et courant d'air, et une mère beaucoup trop jeune.
Ses parents divorcent lorsqu'elle a six ans, et la vie devient une sorte de fête permanente auprès de sa mère adorée mais totalement immature.

Un jour, "grâce" à sa mère elle rencontre G., écrivain célèbre, super prédateur, pédophile de compétition. Elle a quatorze ans, lui cinquante. Elle en tombe follement amoureuse. Elle raconte comment il l'a prise dans ses filets.

Ce qu'il y a de stupéfiant dans cette histoire, c'est qu'il y a eu une incroyable complaisance à tous les niveaux face à cette situation extrêmement choquante. Une pré-adolescente se fait abuser sexuellement par un vieux dégueulasse au vu et au su de tout le monde, en passant par la mère totalement dépassée, le père qui a préféré fuir, les intellectuels du milieu littéraire que ça amuse, jusqu'aux médecins qui ne s'en offusquent pas. On apprend même qu'il était de bon ton à l'époque de considérer que les enfants avaient droit à une vie sexuelle, fut-elle avec des adultes. Je me rappelle que dans les années 80 on entendait souvent "il faut tout essayer dans la vie". Quelle connerie !!

G. ne supporte pas qu'un jour V. se détourne de lui quand elle le voit enfin tel qu'il est, un vieux libidineux débauché qui fait aussi du tourisme sexuel en Thaïlande avec des petits garçons. de ce fait il fait publier ses "romans" ou il étale ses turpitudes de vieux pervers avec V., se donnant le beau rôle et la salissant au passage. C'est abject et destructeur pour V. qui se sent salie, bafouée, plus rien, plus personne. Ça m'a fait énormément penser au revenge porn, mais avant internet, par un écrivain qui était considéré comme talentueux. Ça pose beaucoup de questions à propos de ses lecteurs… des pervers aussi, sans aucun doute.

Cette histoire d'emprise par un vieux prédateur est sidérante, sachant que les adultes qui sont censés protéger ne l'ont pas fait. Pire, ils ont été complices.


Vanessa Springora à dû parcourir un long chemin vers sa reconstruction, jusqu'à l'écriture de ce livre pour panser ses plaies. Mais combien d'autres victimes n'auront pas pu se reconstruire ? C'est terrible d'être un enfant sans aucun adulte en qui avoir confiance.
 

Citations :

Page 19 : Bon petit soldat, ma mission principale consiste à rapporter les meilleurs bulletins scolaires à ma mère, que je continue d’aimer plus que tout.

Le soir, elle joue parfois tout Chopin au piano jusqu’à des heures indues. Le volume des enceintes à fond, il nous arrive de danser jusque tard dans la nuit ; les voisins, furieux, débarquent en vociférant parce que la musique est trop forte, mais nous nous en moquons.

 

Page 65 : C’est que, dans les années soixante-dix, au nom de la libération des mœurs et de la révolution sexuelle, on se doit de défendre la libre jouissance de tous les corps. Empêcher la sexualité juvénile relève donc de l’oppression sociale et cloisonner la sexualité entre individus de même classe d’âge constituerait une forme de ségrégation.

 

Page 117 : À quatorze ans, on n’est pas censée être attendue par un homme de cinquante ans à la sortie de son collège, on n’est pas supposée vivre à l’hôtel avec lui, ni se retrouver dans son lit, sa verge dans la bouche à l’heure du goûter.

 

Page 168 : Ce qui caractérise les prédateurs sexuels en général, et les pédocriminels en particulier, c’est bien le déni de la gravité de leurs actes. Ils ont coutume de se présenter soit comme des victimes (séduites par un enfant, ou une femme aguicheuse), soit comme des bienfaiteurs (qui n’ont fait que du bien à leur victime).

 

Page 199 : Si les relations sexuelles entre un adulte et un mineur de moins de quinze sont illégales, pourquoi cette tolérance quand elles sont le fait du représentant d’une élite – photographe, écrivain, cinéaste, peintre ?

 

 

 

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