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Mon avis : Lulu – Léna Paul-Le Garrec

Publié le par Fanfan Do

Éditions Buchet Chastel

 

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Quatrième de couverture :

La mer, au loin. elle me semble à l'autre bout du monde. Je perçois à peine ses vagues, devine son écume. Ça sent le sel, il pénètre dans mes sinus. Le ciel triste, bas, empli de cendres, l'absence de soleil, l'horizon bouché. Tout cela est ce que je vois de plus vaste, de plus lumineux.

Ce moment est magique.

 

Enfant singulier et solitaire, élevé par une mère maladroite, étouffante, malmené par ses camarades de classe, Lulu trouve refuge sur le littoral. Tour à tour naturaliste, collectionneur, chercheur de bouteilles, ramasseur de déchets, il fera l'expérience de la nature jusqu'à faire corps avec elle.

 

Conte initiatique et poétique, Lulu, premier roman de Léna Paul-Le Garrec, interroge notre rapport à la liberté et à la nature.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J'ai reçu ce roman grâce à Babelio dans le cadre de Masse critique privilège et ça a été un vrai plaisir d'autant que j'adore la couverture en plus du reste.

 

Mon avis :
L'histoire commence par une introduction en forme de clin d'œil amusant qui donne envie de poursuivre mais qui m'a inévitablement amenée à me plonger dans le dictionnaire à la recherche du mot sérendipité, que je connaissais mais dont j'ignorais le sens. Me voilà moins ignorante qu'avant.

 

Lulu, prénommé ainsi par passion pour Gainsbourg, se demande s'il est laid avec des grandes oreilles. Enfant sans père, à part, renfermé, obsessionnel, il fait de l'école son terrain d'observation de ses congénères qui le fascinent avec leurs mimiques, les sons qu'ils émettent et leurs codes sociaux qui semblent innés et je dois dire que j'ai trouvé toutes ces réflexions passionnantes et hypnotiques.

 

Quand Lulu se prend de passion pour l'océan et se met à collecter toutes les sortes de coquillages possibles à la plage, c'est tout un pan de mon enfance qui est remonté à la surface... ça évoque tellement la magie de l'age tendre. Il se passionne soudain pour tout ce qui vient de la mer, bois flotté, plumes, objets divers, ouvrant la porte à toutes sortes de fantasmagories. On comprend que tout un monde intérieur fascinant habite notre petit Lulu, qu'il a en lui une immense richesse. Il y a là toute la magie de ce qu'on est capable de créer à partir de peu de chose quand on est petit et qui se transforme en trésor inestimable : "Il n'y a qu'une vérité, celle que l'on s'invente, chaque jour." Lulu ne le sait pas au départ, mais cette passion à priori solitaire va l'amener à faire de belles rencontres qui le marqueront pour le reste de sa vie.

 

Il y a dans cette histoire une réflexion écologique qui nous met sous le nez l'ampleur de nos méfaits envers les océans.

 

Ce roman est comme une friandise enfantine qui amène vers la rêverie et fait oublier les tracas de l'enfance. Une fois le livre commencé, on se laisse emporter par l'imagination du petit Lucien, sans avoir envie de s'arrêter dans cette magnifique prose pleine de poésie.
 

Citations :

Page 14 : Je n’aime as mon prénom. Je ne l’ai jamais aimé, comme tous sans doute. Les parents veulent un prénom original, les enfants un prénom banal.

 

Page 50 : Je n’aime pas le son de ma voix, trop aiguë. Surtout, je n’aime pas parler pour ne rien dire, d’ailleurs cela me fascine et me fascinera toujours , tous ces gens qui parviennent à alimenter des conversations creuses qui remplissent l’atmosphère de leurs bruits. Est-ce pour se rassurer qu’ils peuplent l’espace ? Leurs vies sont-elles aussi vides que leurs discussions ?

 

Page 87 : Au petit matin.

Lorsqu’il est le plus beau, le plus prometteur, qu’il n’est pas encore envahi par la quotidienneté. Pur. Le petit matin est plus grand.

 

Page 112 : Lorsque Vincent quitte la maison, les mains vides, maman prend le paquet et le range dans sa chambre. J’ai l’impression qu’elle me confisque un cadeau en le remplaçant par des silences. Je suis à nouveau enfermé dans cet ordinaire muet des dominés.

 

Page 115 : Nous ne sommes pas seulement notre mémoire, nous sommes aussi nos oublis, les trous de notre mémoire, nos absences, nos comblements, la fiction de ces comblements.

 

Page 123 : Dans la mer, plus grand qu’un grand pays, flottent nos immondices. Et les poissons, et les oiseaux, et les animaux des mers se nourrissent de notre paresse, de notre vanité.

 

Page 173 : On voit trop souvent des signes là où ils ne sont pas, il ne faut pas commettre l’erreur de leur attribuer un sens.

 

 

 

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Mon avis : La félicité du loup – Paolo Cognetti

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’italien par Anita Rochedy

 

Éditions Stock

 

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Quatrième de couverture :

Fausto a quarante ans, Silvia en a vingt-sept. Il est écrivain, elle est artiste-peintre. Tous deux sont à la recherche d’un ailleurs, où qu’il soit. Alors que l’hiver s’installe sur la petite station de ski de Fontana Fredda, au cœur du val d’Aoste, ils se rencontrent dans le restaurant d’altitude Le Festin de Babette. Fausto fait office de cuisinier, Silvia, de serveuse. Ils se rapprochent doucement, s’abandonnant petit à petit au corps de l’autre, sans rien se promettre pour autant. Alors qu’arrive le printemps et que la neige commence à fondre, Silvia quitte Fontana Fredda pour aller toujours plus haut, vers le glacier Felik, tandis que Fausto doit redescendre en ville rassembler les morceaux de sa vie antérieure et finaliser son divorce. Mais le désir de montagne, l’amitié des hommes et des femmes qui l’habitent et le souvenir de Silvia sont trop forts pour qu’il résiste longtemps à leur appel.

Après le succès mondial des Huit Montagnes, Paolo Cognetti revient sur ses sommets bien-aimés avec un éblouissant roman d’amour, véritable ode à la montagne tour à tour apaisante, dangereuse, imprévisible et puissante.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Une personne qui m’est très proche et qui adore Paolo Cognetti m’a offert ce livre en espérant sans doute que j’aimerai autant qu’elle.

 

Mon avis :
Un besoin de se ressourcer amène Fausto à passer l'hiver loin du tumulte, à Fontana Fredda, village au coeur du Val d'Aoste où il rencontre Silvia, serveuse dans le restaurant où il a accepté de devenir cuisinier.

Fausto et silvia s'attirent mutuellement et finissent par dormir dans le même lit. Leur histoire est douce et pleine de bienveillance et je n'ai pas pu m'empêcher de penser que si le monde était peuplé de gens comme eux, la vie serait beaucoup plus belle tout le temps.

C'est une belle histoire de montagnards. Montagnard, rien que ce mot a un goût d'âpreté et de loyauté. La froideur et une certaine distance sont de rigueur mais aussi une incroyable solidarité.

C'est très étrange la sensation que m'a provoqué ce roman. Il me fait l'effet de n'évoquer que des émotions et des perceptions, comme une fusion entre l'homme et la nature grandiose, la montagne immense et si près du ciel.
D'ailleurs, le personnage principal est la montagne, belle et dangereuse, changeante autant qu'immuable, immémoriale et éternelle.

Si on ne m'avait pas offert ce livre je ne l'aurais jamais lu. Car étrangement, je ne suis pas du tout attirée par les histoires qui se passent en montagne, sans que je sache exactement pourquoi.
Et ce qui devait arriver arriva : je me suis ennuyée. On regarde les saisons passer, les humains vivre, et c'est tout. Pourtant les personnages sont beaux, tous, et la montagne est majestueuse, mais ça n'a pas fonctionné avec moi.

 

Citations :

Page 19 : Ça sentait quoi janvier ? Fumée de poêle. Prés secs et gelés en attente de la neige. Le corps nu d’une fille après une longue solitude. Un parfum de miracle.

 

Page 72 : Fausto Dalmasso, voulez-vous renoncer à cette femme ici présente, ne plus partager votre vie avec elle, reprendre la moitié de ce que vous aviez ensemble, et ne plus lui faire l’amour, ne plus vous occuper d’elle, la délester du fardeau que vous êtes et ne plus rien savoir de cette femme jusqu’à ce que la mort vous réduise en pâtée ?

 

Page 89 : Mais qu’est-ce qu’il faisait là, un abruti de quarante ans sans famille ni travail, à part suivre son utopie ridicule du vis-là-où-tu-es-heureux ?

 

Page 173 : Dans la dernière lueur les chamois quittaient leurs rochers et leurs crêtes pour aller s’abreuver. Ils se tinrent à distance du bivouac, déviant de leur chemin habituel. Eux aussi connaissaient l’humeur de l’automne : l’herbe perdait de sa saveur, et d’un moment à l’autre, ils entendraient le premier coup de fusil. L’homme devenait très dangereux, en cette saison.

 

 

 

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Mon avis : Le suspendu de Conakry – Jean-Christophe Rufin

Publié le par Fanfan Do

Les énigmes d’Aurel le Consul

 

Éditions Folio

 

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Quatrième de couverture :

Comment Aurel Timescu peut-il être Consul de France ? Avec sa dégaine des années trente et son accent roumain, il n’a pourtant rien à faire au Quai d’Orsay. D’ailleurs, lui qui déteste la chaleur, on l’a envoyé végéter en Guinée où il prend son mal en patience.
Tout à coup survient la seule chose qui puisse encore le passionner : un crime inexpliqué. Un plaisancier est retrouvé mort, suspendu au mât de son voilier. Son assassinat resterait impuni si Aurel n’avait pas trouvé là l’occasion de livrer enfin son grand combat contre l’injustice.

 

 

Mon avis :
De Aurel Timescu, le consul de France en Guinée, je serais tentée de dire qu'il fait l'âne pour avoir du son.
Placardisé dans ce pays d'Afrique, il n'aime pas la chaleur et trimballe son improbable dégaine hors du temps qui en fait la risée de tous. Ce petit bonhomme étrange que tout le monde prend pour un crétin est en réalité intuitif, observateur et perspicace, mélomane et pianiste de surcroît. Mais peut-être les laisse-t-il croire qu'il est stupide car au moins il les voit venir de loin…
Lui qui rêvait de mener des enquêtes policières va sauter sur l'occasion lorsqu'un meurtre étrange est perpétré à la marina.

On suit cet homme attifé comme l'as de pique, un peu ivrogne et hyper sensible, à travers ses investigations et collectes d'indices. Il m'a fait l'effet d'un petit Colombo à l'accent roumain, perdu en Afrique.

Avec son air andouille, il avance pas à pas en essayant de se mettre dans la tête de la victime afin percer le mystère qui entoure sa mort. Et il va y arriver le bougre !

J'ai adoré cet étrange petit bonhomme égaré à Conakry contre son gré, qui trouve dans cette enquête le moyen d'occuper son ennui et résoudre une affaire qui, sinon, aurait été bâclée.

Quelques jours passés en Guinée, un improbable consul menant une enquête, j'ai vraiment passé un agréable moment de lecture dans en compagnie de ce petit homme atypique né et élevé dans la Roumanie de Ceauşescu.

 

Citations :

Page 43 : Aurel était extrêmement habile au maniement des ordinateurs. Pour être tranquille au bureau, il jouait à celui qui n’y connaissait rien.

 

Page 147 : Celui qui croit aux miracles est un imbécile ; celui qui n’y croit pas est un athée.

 

Page 219 : Aurel se souvenait d’avoir lu quelque part un article sur un couple de retraités presque octogénaires qui servaient de passeurs de cocaïne avec leur camping-car…

 

Page 225 : La ville à l’aube était encombrée de piétons car les pauvres, selon une loi universelle à laquelle Conakry ne fait pas exception, sont contraints de se lever plus tôt que les autres.

 

 

 

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Mon avis : Bonobo Jeong You-jeong

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Lim Yeong-hee et Mathilde Colo

 

Éditions Picquier

 

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Quatrième de couverture :

Jin-yi consacre sa vie à l’étude des primates. Un soir, elle participe au sauvetage d’une bonobo échappée d’une villa en flammes et, alors qu’elle la tient sur ses genoux dans la voiture qui les ramène au Centre d’étude des primates, un accident la projette à travers le pare-brise et une étrange fusion s’opère : tandis que son corps est emmené à l’hôpital, entre la vie et la mort, l’esprit de Jin-yi se réfugie dans le corps de la petite bonobo. Ainsi commence une fascinante coexistence entre ces deux êtres.
La romancière livre un récit captivant qui nous tient en haleine du début à la fin. Mais la vraie originalité de son roman est de déplacer les frontières entre humain et animal en nous faisant pénétrer dans l’univers et la sensibilité des bonobos.
Un dialogue bouleversant sur le désir de vivre et la mort, sur les liens plus justes que nous voulons établir avec les autres êtres vivants ainsi qu’avec nous-mêmes.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Il y a une petite touche de fantastique, ce que j’aime beaucoup, et puis l’idée qu’un humain puisse se retrouver dans la peau d’un animal me paraissait propice à la dénonciation de ce que nous faisons subir aux animaux.

 

Mon avis :
Le jour où j'ai eu connaissance du résumé de ce roman, j'ai eu envie de le lire. Bien m'en a pris ! Entre communion avec les grands singes et fascination pour eux qui sont génétiquement à un poil de nous, tout était là pour me plaire dans cette histoire.
Et que dire de cette couverture magnifique et mystérieuse, comme une fenêtre ouverte sur une jungle pure et vierge de nos méfaits ? Hélas, nous avons mis nos sales pattes partout où c'est possible, il n'existe sur terre aucun sanctuaire inviolable.

Les chapitres alternent entre 
Jin-yi la soigneuse, et Minju le SDF.
Elle consacre sa vie à l'étude des primates et à la communication avec eux.
Lui est une espèce de boulet pour sa famille qui se demande ce qu'elle va bien pouvoir en faire. À trente ans il a multiplié les cursus universitaires, ne travaille pas et vit toujours chez ses parents qui en ont assez et le mettent dehors.

J'ai adoré ce roman pour un tas de raisons.
▪️Il y a un message écolo qui nous parle de notre responsabilité envers la faune, la honte que sont les trafics d'animaux sauvages enfermés dans des cages pour le plaisir de quelques abrutis.
▪️Les personnages sont extrêmement attachants et souvent très drôles.
▪️Le triangle totalement improbable qui se crée entre 
Jin-yi "la gentille soigneuse" dont l'esprit à intégré le corps d'une bonobo, Minju le nihiliste suicidaire et Jin la bonobo entrée illégalement en Corée, donne lieu à des moments complètement délirants mais aussi des réflexions profondes sur la vie, la mort, le libre arbitre.
▪️Les bribes de la vie de Jin, vu de l'intérieur par 
Jin-yi qui a accès à ses souvenirs, nous font découvrir la vie sociale des bonobos, leurs comportements, leurs sentiments, leurs tragédies. C'est très émouvant.

La rencontre entre Minju et 
Jin-yi en miss bonobo est totalement désopilante et m'a énormément amusée avec ma pensée cartoonesque. D'ailleurs, la cohabitation entre Jin-yi et Jin dans ce petit corps simiesque donne aussi lieu à des scènes assez amusantes et des retournements de situations inattendues et délirantes.

Alors que le fond de l'histoire est plutôt violent et sombre, trafics d'animaux sauvages, grave accident de la route, une femme entre la vie et la mort, un homme suicidaire, j'ai pourtant ressenti beaucoup de douceur dans ce récit. Tout est très visuel et je me suis sentie transportée là bas. J'y ai trouvé aussi une infinie poésie et beaucoup d'amour et d'humour. L'écriture est fluide et on se laisse emporter comme un bouchon sur l'eau.
Et finalement je me suis demandé qui étaient les bêtes : les 
bonobos ou nous les primates sans poils, faibles, gringalet, destructeurs et adeptes du conflit sous toutes ses formes.

Je suis tombée en amour pour les trois personnages de ce roman et c'est un énorme coup de coeur ! Il m'a fait passer par tout un tas d'émotions, de la colère à l'amusement en passant par l'attendrissement et le chagrin, en plus de l'intérêt de tout ce qu'on apprend sur nos cousins 
bonobos, car il est très bien documenté.
Une chose est sûre, il vient d'entrer dans ma liste des livres à offrir à ceux qu'on aime !

 

Citations :

Page 52 : Le pire qui peut arriver dans la vie, ce n’est pas la mort, mais c’est de ne pas trouver de raison de vivre.

 

Page 151 : Je ne sais pas grand-chose au sujet des bonobos, mais j’ai entendu dire qu’ils sont différents des chimpanzés et qu’ils sont aussi bruyants que des humains, sauf qu’eux ils font leur grand remue-ménage au milieu de la jungle et non pas en plein cœur de la ville, c’est la seule différence.

 

Page 196 : Les bonobos connaissent la tempête de l’adolescence, tout comme les humains. C’est la période où les femelles se préparent à prendre leur indépendance. Si les fils restent toute leur vie auprès de leur mère, les filles, elles, doivent quitter le clan où elles sont nées quand elles sont capables de se reproduire, et intégrer un nouveau groupe.

D’après Ryu Wamba, cet éloignement des jeunes femelles est une coutume nécessaire pour éviter l’inceste.

 

Page 301 : Les animaux sauvages supportent mal ces conditions de vie restrictive pendant un aussi long voyage et ne sont pas habitués à vivre hors de leur jungle. Les trafiquants prévoient donc une grosse marge de pertes et organisent en général le transport de plus d’une dizaine d’individus. Cela revient à dire que neuf bonobos doivent être sacrifiés pour qu’un seul parvienne à son acheteur.

 

Page 346 : « Tu ne vois pas qu’elle pleure ? Tu n’entends pas ses cris de douleur ? Sa tristesse ne te touche donc pas ? »

Je ne savais pas que ne rien faire pouvait être aussi cruel.

 

Page 355 : J’oublie un moment la douleur dans ma gorge. Je me sens tellement misérable que je n’ose même pas dire à Jin combien je suis désolée. J’ai honte d’être une représentante du genre homo sapiens, ces êtres soi-disant civilisés qui ont arraché Jin à sa jungle, l’ont expédiée à l’autre bout de la planète et la brutalisent parce qu’elle n’arrive pas à bien les imiter.

 

Page 386 : Une fois passé le court moment qui m’est accordé sur cette terre, viendra l’éternité où je n’existerai plus. Je dois donc vivre jusqu’à ce que mon temps prenne fin.

 

 

 

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Mon avis : Angélus des ogres – Laurent Pépin

Publié le par Fanfan Do

Flatand Éditeur LA TANGENTE

 

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Quatrième de couverture :

« J’habitais dans le service pour patients volubiles depuis ma décompensation poétique. Au fond, je crois avoir toujours su que cela se terminerait ainsi. Peut-être parce qu’il s’agissait du dernier lieu susceptible d’abriter une humanité qui ne soit pas encore réduite à une pensée filtrée suivant les normes d’hygiène. Ou plus simplement, parce qu’il n’y avait plus de place ailleurs dans le monde pour un personnage de conte de fées.
Je dois pourtant reconnaître qu’il n’y avait rien eu de féerique dans les évènements qui avaient présidé à mon admission : ma rencontre amoureuse avec une Elfe avait terriblement mal tourné, et les Monstres de mon enfance en avaient profité pour ressurgir. Je m’étais retrouvé plongé à nouveau dans le désert de ma venue au monde, un monde étranger et dangereux, où je ne savais pas bâtir. Sur ma langue desséchée, les mots mouraient ou devenaient fous. Parfois, même, mon corps se déchirait, sans savoir pourquoi. »

 

Angélus des ogres fait suite à Monstrueuse féerie et sera suivi de Clapotille, mais les trois ouvrages peuvent se lire indépendamment.


Laurent Pépin est psychologue clinicien de profession. Il réside à Saintes, en Charente Maritime, et il est né en 1980.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Laurent Pépin m’avait contacté via Babelio pour me proposer de m’envoyer son premier opus Monstrueuse féerie en numérique gratuitement. J’ai préféré acheter le livre, je n’ai pas envie de lire en numérique. J’ai adoré sa prose poétique et sublime, donc en toute logique j’ai acheté ce deuxième tome.

 

Mon avis :
Deuxième opus, cet 
Angélus des Ogres suit Monstrueuse Féerie - deux titres, deux oxymores - dont j'avais trouvé l'écriture si belle. Ces livres nous parlent de la folie, cet état qui met ceux qui en sont atteints à un niveau différent du nôtre, ni vraiment ici, ni vraiment ailleurs.

La question que j'en suis venue à me poser c'est, est-ce que l'auteur, qui est psychologue clinicien, nous parle de lui et de sa folie ou bien n'est-ce qu'un personnage créé de toute pièce ? Car il me semble que pour pouvoir comprendre la folie il faut connaître un passage secret vers le monde de ceux qui en sont atteints. le narrateur est lui-même psychologue clinicien, et parti très loin dans les hautes sphères de la déraison.


Laurent Pépin nous parle de toutes sortes de gens qui souffrent de bouffées délirantes et il le fait avec une poésie insensée, sublime, peuplée de métaphores qui m'ont fait décoller du sol pour m'emporter près des nuages, me laissant croire que les névroses, les angoisses, les peurs et la folie sont magnifiques et éthérées. Alors que les peurs ne sont qu'un immense trou noir à l'intérieur du corps, une boule d'antimatière qui désintègre le cœur et font espérer la mort.
Sa prose est d'une beauté fantasmagorique et enchanteresse et elle susurre à l'oreille de la petite fille que j'étais et qui avait peur dans le noir, que des monstres vont venir la dévorer.

Cette lecture, belle et angoissante, m'a laissé comme l'impression que la folie pourrait être désirable si elle n'était pas aussi flippante. le côté artiste de la folie, qui brise les barrières, abolit les frontières et rend tout possible, se retrouve par ailleurs coincé dans un carcan d'angoisses et de terreur que nul ne peut ouvrir.

Une lecture superbe mais sombre et éprouvante qui laisse mon cœur pantelant.

 

Citations :

Page 12 : Blanche-Colombe, par exemple, me déposait régulièrement son tamis de vent agglutiné qui lui servait à passer le temps, afin que je le répare. Je partais alors capturer les aquilons et les papéliotes en bas âge, dans le parc, avec une éolienne de poche, puis j’enfermais les vents dans le tamis.

 

Page 21 : J’avais horreur de la résonance de mes propos dans l’esprit de ma psychiatre. Elle les convertissait automatiquement en termes de raisonnements pathologiques à épurer.

 

Page 47 : Le sel coulait de ses yeux, sans eau, laissant des sillons arides sur ses joues. Son squelette tout entier semblait animé par le seul souffle de sa détresse, qui soulevait ses côtes comme des vagues dures contre son flanc.

 

Page 65 : Et pendant que les voyageurs parlaient, on buvait avec eux. Mais il fallait faire attention au choix des boissons, parce que certaines permettaient de se remémorer l’époque où l’on était mort, quand on était petit.

 

 

 

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