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Mon avis : Le chœur des femmes - Martin Winckler

Publié le par Fanfan Do

Ma chronique sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

 

Résumé Babelio : Jean Atwood, interne des hôpitaux et quatre fois major de promotion, vise un poste de chef de clinique en chirurgie gynécologique. Mais au lieu de lui attribuer le poste convoité, on l'envoie passer son dernier semestre d'internat dans un service de médecine consacré à la médecine des femmes - avortement, contraception, violences conjugales, maternité des adolescentes, accompagnement des cancers gynécologiques en phase terminale.
Le Docteur Atwood veut faire de la chirurgie, et non passer son temps à écouter des femmes parler d'elles-mêmes à longueur de journée. Ni servir un chef de service à la personnalité controversée. Car le mystérieux Docteur Karma - surnommé «Barbe-Bleue» - séduit sans vergogne, paraît-il, patientes et infirmières et maltraite sans pitié, dit-on, les internes placés sous ses ordres. Pour Jean Atwood, interne à la forte personnalité et qui brûle d'exercer son métier dans un environnement prestigieux, le conflit ouvert avec ce chef de service autoritaire semble inévitable.
Mais la réalité n'est jamais ce que l'on anticipe, et la rencontre entre les deux médecins ne va pas se dérouler comme l'interne l'imagine.
Le Chœur des femmes est un roman de formation : il raconte l'histoire d'un jeune médecin déjà modelé par la faculté et par sa spécialité d'élection et qui doit brusquement réviser ses préjugés devant une réalité qui lui avait échappé jusqu'ici : ce ne sont pas ses maîtres qui lui apprendront son métier, mais les patientes.
C'est un roman documentaire qui décrit la médecine des femmes, ses gestes, ses particularités, ses écueils, ses interrogations éthiques, comme aucun roman, ne l'a fait à ce jour, du moins en langue française.
C'est un roman choral (comme son nom l'indique) dont la structure s'inspire de celle de la comédie musicale : au fil de son itinéraire (un récitatif à la première personne) dans ce microcosme qu'est l'unité 77, le Docteur Atwood croise des femmes qui racontent (et parfois chantent) leur vie.

 

Résumé France Loisirs : Je m'appelle Jean Atwood. Je suis interne des hôpitaux et major de ma promo. Je me destine à la chirurgie gynécologique. Je vise un poste de chef de clinique dans le meilleur service de France. Mais on m'oblige, au préalable, à passer six mois dans une minuscule unité de " Médecine de La Femme ", dirigée par un barbu mal dégrossi qui n'est même pas gynécologue, mais généraliste! S'il s'imagine que je vais passer six mois à son service, il se trompe lourdement. Qu'est-ce qu'il croit? Qu'il va m'enseigner mon métier? J'ai reçu une formation hors pair, je sais tout ce que doit savoir un gynécologue chirurgien pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin. Alors, je ne peux pas - et je ne veux pas - perdre mon temps à écouter des bonnes femmes épancher leur cœur et raconter leur vie. Je ne vois vraiment pas ce qu'elles pourraient m'apprendre.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J'ai trouvé ce livre il y a quelques années à Emmaüs. Le titre et la quatrième de couverture m'ont donné envie. Il dormait depuis ce temps sur une de mes étagères quand quelqu'un dans le groupe FB A l'assaut des pavés m'en a proposé une lecture commune. Et voilà donc comment je l'ai enfin lu !

 

 

 

Mon avis :

 

 

On peut dire que ça commence fort !.. avec les propos sexistes et méprisants d'un gros connard d'interne arrogant et imbus de sa personne ! Une vraie caricature de macho doublé d'un misanthrope. 

Et là, je me suis aussitôt dit "j'espère que ça n'existe pas des médecins comme ça !", même si je sais bien que les abrutis se trouvent dans toutes les strates de la société . C'est bien dommage d'en trouver en gynécologie.

Heureusement il y a Karma ! Kar-ma ‼ 

Mais rapidement, c'est le choc  !!! Une révélation à vous provoquer un gros bug de cerveau !

 

Mais comment faire pour parler d'un livre dont on ne peut rien dire pratiquement dès le départ, au risque de divulguer des choses qu'on doit taire ???

 

En fait c'est bizarre. Dès les premières pages on constate qu'il y a chez Jean un mépris et une haine terrible envers les femmes. Et je me suis dit que ça venait forcément de quelque part, qu'il y avait une blessure derrière tout ça et j'ai eu hâte d'en savoir plus. Par ailleurs j'ai trouvé passionnant tous ces chapitres qui abordent les différents éléments de la gynécologie et la façon dont souvent les femmes sont considérées et traitées, assez mal parfois il faut bien le dire. C'est vrai qu'avec certains médecins c'est limite... il existe d'ailleurs des comptes Instagram qui témoignent de choses qui ont choqué et ou blessé des femmes lors de consultations, entre autre les violences gynécologiques.

Et donc j'ai trouvé ça très intéressant de suivre les pensées - toxiques - de Jean au fil des consultations en opposition à la bienveillance du docteur Karma.

 

Au fond ce roman traite de tellement de choses ! De psychologie entre autre, du déni, de ce qu'on laisse paraître, de ce qu'on veut bien dire plutôt qu'avouer ses vraies raisons et motivations, de la façon détournée bien souvent d'arriver là où on veut aller, de toutes les pudeurs du langage parce qu'on n'ose pas, et surtout ces façons de ne pas dire les choses...

 

J'ai envie de dire merci à l'auteur d'avoir écrit ce livre parce qu'il ouvre des portes. Il parle des femmes, de toutes les femmes. Il parle des bébés femmes, en devenir à qui parfois certains médecins, par bêtise ou arrogance, cassent les pattes, brisent les ailes, piétinent leur dignité, les humilient.

Mais il nous montre que les médecins empathiques sont aussi le réceptacle de nos douleurs morales, et que ça doit être pesant pour eux à la longue. Mais par bonheur ils existent !

 

Heureusement qu'il y a des médecins bienveillants et humbles. 

Dans ce roman, différents cas de figure sont recensés, et sans doute que la plupart des femmes, en lisant ça, vont revivre certaines choses pas agréables. 

 

Les personnages hauts en couleur sont tous plus passionnants les uns que les autres et on n'a pas d'autres choix que de s'impliquer et de s'y attacher, ou d'en détester certains parfois.

 

Ce livre devrait être lu par tout le monde !

Par les femmes qui se sentiraient enfin comprises et pas forcément jugées.

Par les hommes qui auraient peut-être parfois un peu plus d'empathie et de compréhension envers nous. 

Par les médecins, les désagréables bien sûr, qui arrêteraient de nous prendre pour des bout de barbaque geignards et sans sensibilité... et qui oublient parfois qu'à chaque fois qu'une femme se retrouve avec une grossesse non désirée, il y a un homme qui a sa part de responsabilité, mais qui hélas, de temps à autre, s'en lave les mains.

C'est à se demander si tous les médecins ont bien compris le serment d'Hippocrate.

Ce livre ouvre les yeux, il devrait être remboursé par la sécu, parce qu'il fait du bien, d'autant qu'il est écrit par un homme !

 

En refermant ce livre, je le suis dit "waouhhh quelle histoire et que d'émotions !"

J'aurais voulu rester avec tous ces personnages, et comme j'ai découvert qu'il y a une suite, j'ai eu envie de m'y plonger tout de suite ! Hélas je ne l'ai pas... pas encore !




 

 

Citations :

 

Page 38 : Quand la consultation tourne aux préliminaires, l'examen gynécologique est un viol.

 

Page 41 : Alors elle déballe tout, sa vie sexuelle, les règles qui viennent ou pas, la pilule qui lui donne des vergetures aux seins, l'implant qui l'a fait grossir, les enfants qui lui pompent l'air, sa mère qui la tanne pour qu'elle cesse de travailler, son mari qui veut toujours quand elle n'en a pas envie – de toute manière ça lui fait mal et elle est toujours trop crevée pour penser à ça.

 

Page 116 : - Oui, je sais que c'est plus confortable de se dire qu'aujourd'hui, en France, les femmes ne meurent plus d'avortement clandestin. Ou même dans une grande partie de l'Europe. Mais ailleurs... Et puis, il n'y a pas que l'avortement. Ça c'est la partie visible de l'iceberg, le sommet apparent du malheur dans la vie des femmes. Mais il y a tout le reste.

 

Page 164 : Seulement des trucs comme ça tu peux le dire à ta voisine ou aux étrangers, pas à un docteur qui en te voyant enceinte pour la troisième fois à dix-neuf ans te fait le même regard que si t'avais volé une banque ou collé des coups de ceinture à tes mômes.

 

Page 202 : - Tout le monde ment. Les patients mentent pour se protéger ; les médecins mentent pour garder le pouvoir.

 

Page 253 : - Quand une nana tente d'en finir, c'est soit à cause d'un mec, soit à cause de sa mère, soit parce qu'elle a l'impression d'être une merde.

 

Page 280 : Elles sont enceinte et elles ne voulaient pas l'être et elles ne veulent pas le rester, et elles ne veulent pas de cet enfant. Pour certaines, c'est – enfin, ce serait – leur premier enfant, et pour certaines c'est un enfant de plus. Pour toutes, c'est un enfant de trop.

 

Page 466 : Les gynécos femmes, quand on leur dit qu'on ne veut pas d'enfant, c'est comme si on leur arrachait personnellement les ovaires. Est-ce qu'elles ne pourraient pas s'occuper de leurs fesses, au lieu de venir foutre leur nez dans ce que je fais des miennes ?

 

Page 470 : La médecine française est, purement et simplement, une médecine de classe. Un trop grand nombre de « professionnels » méprisent souverainement tous les patients et les traitent comme des enfants – et plus encore les femmes, parce que ce sont des femmes.

 

Page 597 : Pendant des milliers d'années, les femmes ont subi la domination des hommes, et se sont fait soigner par des hommes. Aujourd'hui, elles préfèrent de plus en plus souvent se faire soigner par des femmes, car elles pensent que des médecins du même sexe comprendront mieux leurs problèmes.

 

Page 631 : - Tu n'as aucun moyen de vérifier qu'un secret est réel. Si c'est un secret, c'est que personne ne le sait, par définition. Donc, ça peut être vrai ou non. Et ça n'a pas d'importance. Ce qui importe, c'est l'émotion qui accompagne le secret.

 

Page 693 : Bordel de merde, la prochaine fois que je tombe amoureuse, il faut que je choisisse un type plus con, pour avoir raison au moins une fois de temps en temps quand je pète les plombs.

 

 

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Mon avis : La fabrique des salauds – Chris Kraus

Publié le par Fanfan Do

Ma chronique sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

 

Une poignée de douleur et de chagrin suffit pour trahir, et une seule étoile scintillant dans la nuit pour qu'un peu de lumière brille par intermittence dans toute cette horreur.

Dans la lignée des Bienveillantes de Jonathan Littell ou de Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Márquez, un roman hors normes, une fresque exuberante et tragique, pleine de passion, de sang et de larmes, qui retrace tout un pan du XXe siècle, de Riga a Tel Aviv en passant par Auschwitz et Paris.

A travers l'histoire de Koja, Hubert et Ev Solm, deux frères et leur soeur, sorte de ménage à trois électrique, Chris Kraus nous entraîne dans des zones d'ombre où morale et droiture sont violemment bafouees, et dresse en creux le portrait d'une Europe a l'agonie, soumise à de nouvelles règles du jeu.

Une oeuvre impressionnante, magnum opus sur le déclin d'une époque et la naissance d'une nouvelle ère.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Alors que j'avais trouvé ce roman à Emmaüs il y a peu de temps, on m'a proposé une lecture commune sur un groupe facebook. J'ai accepté parce que c'était l'occasion et parce que j'adore les lectures communes. C'est l'occasion d'échanges passionnants.

 

 

 

Mon avis :

 

Le début de cette histoire est un peu surprenant. On ne sait pas très bien où ça se passe, à quelle époque ni vraiment qui raconte.
On comprend toutefois assez vite qu'on est dans un hôpital et ça attise la curiosité car on se demande qui sont les personnes dont il est question, pourquoi ces gens sont là, et quelle a été leur vie.

J'ai adoré l'ironie sous-jacente tout au long de la narration, subtile comme une brise légère.
Et j'ai trouvé qu'il y avait un souffle épique dans l'histoire des aïeux.

J'ai aimé cette histoire tout de suite et pourtant j'ai dû m'accrocher dans les premiers chapitres, j'en ignore la raison. Et puis j'ai été emportée subitement, complètement absorbée dans ce récit que je ne voulais plus quitter.
D'ailleurs j'ai trouvé passionnante l'histoire allemande vue de l'intérieur. C'est tellement inhabituel.
On apprend beaucoup, notamment sur la géopolitique germano-balte avant et pendant l'accession de Hitler au pouvoir, mais aussi sur l'après-guerre qui à été une lutte de pouvoirs entre les différents pays.

C'est instructif et effarant de voir les mécanismes de la montée du nazisme. Ça m'a fait penser à l'histoire de la grenouille qu'on met dans l'eau qu'on chauffe peu à peu et qui finit ébouillantée sans avoir eu le réflexe de fuir.

À cette lecture je n'ai pu m'empêcher de penser que le IIIème Reich a été une sorte de catharsis pour nombres de tarés sadiques et mégalo qui sous couvert d'une soi-disant mission noble ont pu laisser libre cours à leurs plus monstrueux instincts. Et ce mépris des nazis pour le reste de l'humanité, leurs classifications raciales, mais quelle horreur !
Depuis toujours je me demande comment on a pu laisser faire ça, autant de la part des allemands que du reste du monde.

Les différents personnages, leurs personnalités, tout est passionnant, mais j'ai particulièrement adoré Koja, le narrateur qui, bien qu'ancien nazi m'a laissée dans l'incapacité de le détester. D'abord parce qu'il est drôle mais aussi parce qu'il a un regard lucide sur ce qu'il s'est passé. De plus c'est en quelque sorte presque un "malgré nous" - du moins pendant un certain temps - sauf que lui est plutôt un faible, énormément sous l'emprise de son frère. Il se laisse porter sans jamais vraiment bien comprendre où il met les pieds - du moins au départ - dans une sorte d'engrenage dont on ne peut pas sortir vivant. Donc il n'en sort pas, par instinct de conservation.
Hélas j'ai trouvé qu'il devenait horriblement cynique à la longue, mais pas que... Sans doute parce que la guerre est abjecte et qu'elle pervertit tout.
D'ailleurs l'auteur souligne bien l'ignoble connerie incommensurable qu'est la guerre.

Ce roman nous parle de la guerre, avant-pendant-après, et du monde mais aussi de toutes les vies qui passent, plutôt dans la douleur, période sombre oblige... il y a là une incroyable galerie de personnages !
J'ai énormément appris sur l'après-guerre, hélas j'ai envie de dire, car mon opinion sur l'humanité frôle désormais le zéro absolu. Que de manipulations et de cynisme alors que l'Europe sortait d'un bain de sang doublé d'un crime contre l'humanité !

Mais alors, quelle écriture ! Je l'ai trouvée tellement belle, d'une intelligence rare, jubilatoire même, avec des pensées et une réflexion sur la vie tellement profondes !
Par contre, il y a des mots allemands tellement longs, avec tellement de consonnes que c'est un véritable casse-tête d'essayer de les lire à voix haute .
En tout cas, ce roman - qui raconte plusieurs décennies dont les années les plus terribles de l'Histoire et qui nous fait voyager de Lettonie jusqu'en Israël - a été un vrai coup de cœur même si certains passages étaient trop imprégnés de politique pour moi et bien qu'il y ait une sordide accumulation de duplicité qui va crescendo jusqu'au point final.
Par ailleurs il est foisonnant de détails et d'enseignements. Ce que raconte ce livre est énorme !!!


 

 

Citations :

 

Page 17 : Selon lui, il vaudrait mieux que chacun soit nommé en fonction de ses traits de caractère prédominants, comme en Papouasie-Nouvelle-Guinée où, au cours d'une vie, on prend trois ou quatre noms – voire plus – qui peuvent être contradictoires.

 

Page 23 : Un manchot et un homme avec une balle dans la tête. À nous deux, nous comptons plus de cent trente ans, nous avons quatre jambes, trois bras et une femme.

 

Page 79 : Encore aujourd'hui je ne comprends pas. Jusqu'à cette année dix-neuf trente et un, aucun de nous n'avait jamais entendu le nom d'Adolf Hitler. Mais Erhard nous parlait de lui comme si c'était le roi Arthur et, par la suite, je fus quelque peu étonné de découvrir que, loin d'être une altesse royale, le Führer était un mélange de King Kong et de Charlot, qui sont par ailleurs tous deux interprétés par des acteurs que j'apprécie beaucoup.

 

Page 86 : C'est une femme, et jolie avec ça. Elle n'a pas besoin de faire des études.

 

Page 129 : Notre travail au service de sécurité du Mouvement portait donc ses fruits. Loin d'être goûteux, ces derniers avaient souvent l’âcreté de la strychnine, car ce n'était pas une partie de plaisir que d'amputer les gens, de les espionner, de surveiller leurs habitudes et de lister leurs animosités, surtout quand c'était après nous qu'ils en avaient.

 

Page 143 : Ev éclata de rire, son cœur était d'une telle blancheur. Entre ce blanc et l'arc-en-ciel de Mary-Lou, je voulais rester à jamais le bon à rien, le fainéant, l'incapable pour lequel mon frère me prenait. C'était un paradis chimérique, des couleurs qui s'autocélébraient en silence, que je voulais retenir à tout prix mais qui, devant le chevalet, me filaient entre les doigts comme ma propre vie.

 

Page 209 : Rien n'était assez absurde pour être impossible. Tout visiteur était un assassin potentiel. Toute amitié était intéressée. Un comportement sans arrière-pensées était considéré comme saugrenu. Un rapport sexuel sans arrière-pensées comme du pur gâchis.

 

Page 235 : Tous les SS-Führer que je fréquentais à l'époque vivaient dans des intérieurs pillés avec amour. On possédait des chambres complètes en chêne galiléen et y dormait à poings fermés – un vrai bonheur. Certains Sturmbannfürer affirmaient qu'après ces expériences revigorantes ils ne pourraient plus jamais vivre au milieu de meubles leur appartenant.

 

Page 318 : Une vie humaine ne comptait pas pour grand-chose, et la vie humaine d'un Russe était une vie russe, autant dire rien.

 

Page 356 : Pourquoi l'homme aime-t-il ? Pourquoi l'homme aime-t-il alors que tout amour est voué à dépérir ? Pourquoi le désert qu'est notre âme est-il égayé par de petits oliviers verts qui succombent aux tempêtes de sable mais finissent toujours par croître de nouveau ? Oui, pourquoi l'homme aime-t-il ?

 

Page 624 : Pourquoi tout le monde (à part les agents secrets, évidemment) croit-il que l'honnêteté est toujours récompensée ? L'honnêteté ne rapporte jamais rien, à moins qu'il ne s'agisse d'une ruse.

 

Page 636 : Et pourtant, sous ce manteau de temps était encore cachée la jolie petite fille qui jadis avait joyeusement fait son trou dans ma vie, et je n'aurais pas été étonné de la voir le jeter dans les airs, ce manteau, avec l'aplomb qui était le sien, tadam !

 

Page 755 : - Felfe ! Cracha Gelhen. Quel dommage qu'on ne puisse pas l'arroser d'essence et lui mettre le feu. C'est un inconvénient majeur du système démocratique.

 

Page 787 : L'homme est faible, un bouchon de liège dans le courant. Au bout du compte, il ne s'agit que de tomber sur la bonne vague.

 

 

 

 

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Mon avis : Séoul zone interdite – JUNG Myeong-seop

Publié le par Fanfan Do

Ma chronique sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

 

Avril 2022. Un missile nord-coréen chargé d'ogives nucléaires frappe Séoul. On compte plusieurs millions de victimes, dont les membres du gouvernement.

 

Mais l'horreur ne fait que commencer... Quelques heures après l'explosion atomique, les morts se relèvent, assoiffés de sang. La capitale est évacuée puis la « Zone interdite » est cernée par un immense rempart.

 

Au fil du temps, un commerce d'un genre particulier s'organise. Des groupes de mercenaires lourdement armés pénètrent dans la zone pour y récupérer les objets personnels que les rescapés ont laissés dans leur fuite. Au cours d'une mission, l'un de ces « chasseurs de trésors » découvre l'existence d'un groupe de survivants...

 

Jung Myeong-seop est un jeune auteur coréen qui cultive un goût pour la littérature policière et de science-fiction. À travers la description de Séoul détruite et envahie par les zombies, l'auteur nous propose une vision sombre de la société future.

 

Traduit du coréen par HWANG Jihae et Julien PAOLUCCI

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J'aime la littérature asiatique et les romans post-apo, et j'ai découvert celui-là au gré de mes balades dans les groupes de lecteurs des réseaux sociaux.
J'ignorais qu'on pouvait trouver ce genre dans la littérature asiatique ; quelle drôle d'idée j'avais là !

 

 

 

Mon avis :



Voilà donc une dystopie coréenne.
Pour commencer, il y a un détail qui d'habitude me gêne et que là je n'ai pas vu tout de suite : le passé composé est beaucoup utilisé alors que je préfère quand c'est au passé simple ou à l'imparfait ce qui est d'ailleurs plutôt la norme. Quand je m'en suis rendu compte ça a fini par me gêner car ça donne une étrange temporalité aux événements, ça nuit à la fluidité de la narration, ça rend le tout un peu lourd. Mais l'angoisse est rapidement présente et prend pas mal le dessus sur tout.

Ce qui m'a vraiment interpelée c'est qu'il y a une espèce de dégoût entre Coréens du sud et du nord. Ils ont des mentalités aux antipodes les uns des autres et ceux du sud appellent ceux du nord "les communistes", jamais autrement. Il y a beaucoup de défiance et de mépris entre eux.

On apprend donc un certain nombre de choses sur les Coréens et notamment leurs angoisses géopolitiques.
Le roman nous offre aussi des tranches de vies de ceux qui étaient de Séoul avant la catastrophe, mettant l'accent sur tout ce qu'ils ont perdu.
Tous les moments d'incursions dans Séoul, devenu "zombiland", sont très oppressants car le danger est omniprésent et l'ennemi terrifiant.
Bien que l'histoire m'ait plu, le passé composé m'a quand-même bien gâché le plaisir.

Gros bémol, il y a des fautes de français sidérantes, comme écrire "rabattre les oreilles" au lieu de "rebattre les oreilles" page 32, ou encore utiliser "défigurer" pour "dévisager" page 62, et des fautes de grammaire "Nous avons eu beau le supplié" au lieu de "supplier" page 65. Il y en a d'autres, hélas... j'en ai relevé six sur 217 pages.
Pour moi c'est totalement rédhibitoire, on ne devrait pas trouver de fautes dans un livre.
Comment est-ce possible de la part de traducteurs qui sont supposés maîtriser les langues ?
Et quid des correcteurs qui laissent passer des boulettes pareilles ?!
C'est dommage parce que je pense que ce roman a des qualités. Il aurait pu être vraiment bien, mais peut-être l'est-il dans sa version d'origine.

 

 

Citations :

 

Page 39 : L'homme ne vit pas pour manger. Si on a faim et qu'on n'a rien, on se serre la ceinture ; si on est en manque de sexe, on a sa main droite. Mais la dignité, c'est plus dur. Ça ne se rétablit pas facilement.

 

Page 60 : Mais comment peut-on laisser passer tout ça en se disant que c'était un accident de l'histoire, une succession de hasards malheureux ?

 

Page 89 : Ce que la bombe a fait voler en éclat, c'est l'humanité.

 

Page 95 : « Êtes-vous marié par hasard ?

_ Non.

_ Alors vous jugez sans connaître. Les enfants sont capables d'abandonner leurs parents mais les parents ne renoncent jamais à leurs enfants.

 

Page 158 : Je voudrais envoyer ce message au gouvernement : si le système s'écroule, vous serez les premiers à en subir les conséquences. Sortez de vos tours d'ivoire pour écouter la colère et le désespoir de ceux qui ont tout perdu. Si vous ignorez la colère du peuple, un jour elle se retournera contre vous .

 

 

 

 

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Mon avis : Les fantômes du vieux pays – Nathan Hill

Publié le par Fanfan Do

Quatrième de couverture :

 

Scandale aux Etats-Unis : le gouverneur Packer, candidat à la présidentielle, a été agressé en public. Son assaillante est une femme d'âge mûr : Faye Andresen-Anderson.

Les médias s'emparent de son histoire et la surnomment Calamity Packer. Seul Samuel Anderson, professeur d'anglais à l'Université de Chicago, passe à côté du fait divers, tout occupé qu'il est à jouer en ligne au Monde d'Elfscape.

Pourtant, Calamity Packer n'est autre que sa mère, qui l'a abandonné à l'âge de onze ans.Et voilà que l'éditeur de Samuel, qui lui avait versé une avance rondelette pour un roman qu'il n'a jamais écrit, menace de le poursuivre en justice.

En désespoir de cause, le jeune homme lui propose un nouveau projet : un livre révélation sur sa mère qui la réduira en miettes. Samuel ne sait presque rien d'elle ; il se lance donc dans la reconstitution minutieuse de sa vie, qui dévoilera bien des surprises et réveillera son lot de fantômes.

Des émeutes de Chicago en 1968 au New York post-11-Septembre en passant par la Norvège des années quarante et le Midwest des années soixante, Nathan Hill s'empare de l'Amérique d'aujourd'hui et de ses démons et compose avec beaucoup d'humour une fresque aussi ambitieuse que captivante.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

A sa sortie en 2017, Antoine De Caunes en avait parlé sur France Inter et disait qu'il avait adoré ce roman. Il venait tout simplement de me donner envie de le lire.

Et puis récemment, dans le groupe facebook « A l'assaut des pavés » quelqu'un l'a proposé en lecture commune et c'était la bonne occasion pour le lire enfin.

J'adore les lectures communes, c'est passionnant et enrichissant de pouvoir échanger ses impressions avec les autres lecteurs. Nous étions six pour cette lecture !

 

 

 

Mon avis :

 

Ce roman m'a emportée telle une déferlante, sans que je m'en rende compte, au milieu d'une histoire à priori très ordinaire, avec des personnages tous plus azimutés les uns que les autres. Ça donne assez rapidement des situations et des dialogues délirants mais aussi des bons gros fous rires...
En tout cas pour la première partie.

La deuxième partie nous raconte les jeunes années de Samuel le personnage principal. Ça a le goût sucré de l'enfance, de l'amitié et des jeux auxquels on se donne à fond quand on est petit. L'auteur a réussi à me faire croire que l'âge tendre est un chouette moment de la vie...

En fait, les différentes parties - dix au total - alternent entre présent et passé des différents personnages et personnellement j'adore car je trouve que ça donne un attrait particulier à l'histoire.
Samuel veut comprendre pourquoi sa mère est partie un jour pour toujours et il part en quête de son histoire familiale.

Chapitre après chapitre on voit apparaître un panorama de l'Amérique sur plusieurs décennies.
C'est fascinant de voir comme le monde a évolué... pas toujours dans le bon sens d'ailleurs.
Les filles à qui on disait dans les années 60 de bien choisir sa voie pour trouver un mari qui gagnerait bien sa vie, et surtout d'être une bonne épouse attentive au bien-être de son époux. Oui, parce qu'à l'époque, l'ambition des femmes semblait passer forcément par la réussite du mari, donc pas d'autre issue que le mariage. Mais quelle sinistre perspective !
On en apprend plus sur les étudiants chevelus anti guerre du Vietnam, pour la libération sexuelle et les droits des femmes, qui manifestait pacifiquement mais était réprimée dans la violence. Ce vieux monde que les jeunes tentaient de déboulonner se défendait en faisant couler le sang...
Ah les violences policières !!!
Et cette Amérique devenue hyper sécuritaire après le 11 septembre.
Ce roman est fait d'avants et d'après.
Ça nous fait aussi comprendre que les personnages sont beaucoup plus profonds qu'ils ne paraissent au premier abord. C'est tout simplement passionnant.

J'ai adoré et dévoré cette histoire, sorte de road trip à travers le temps. Un grand beau roman américain !!!
Coup d'essai ? Non ! Un coup de maître pour Nathan Hill dont c'est pourtant le premier roman, qu'il a mis dix ans à écrire !


 

 

Citations :

 

Page 69 : - Nous utiliserons des termes moins connotés, si vous le voulez bien. Nous n'employons pas le mot « agressé ». Nous préférons dire qu'elle a exercé ses droits, comme le Premier Amendement l'y autorise, par le biais symbolique d'un jet de gravillons.

 

Page 77 : Quelqu'un qui te dit qu'il travaille dans l'édition, c'est comme un vigneron qui te dirait qu'il fabrique des bouteilles. Ce qu'on crée en réalité, c'est de la valeur. Le livre, c'est juste l'une des formes sous lesquelles se présente cette valeur, une échelle, un emprunt. 

 

Page 133 : Le trop-plein était là pour se substituer à votre imagination. Arrêtez de songer à ce que vous désirez, le centre commercial a déjà réalisé tous vos rêves.

 

Page 151 : Il était d'une franchise et d'une impudeur totales sur les détails de son état. Il parlait comme les gens atteints d'une maladie terrible, de cette manière qu'a la maladie d'éclipser toute notion de pudeur et d'intimité. Racontant par exemple son désarroi en matière de priorités quand il avait la diarrhée et la nausée en même temps.

 

Page 285 : Leur professeur, Mme Olga Schwingle, la femme du pharmacien, s'efforce d'apprendre les bonnes manières et l'étiquette aux jeunes filles de cette petite ville. Elle leur montre comment devenir des dames, comment adopter les us nécessaires à l'accession à un monde plus sophistiqué. Cent coups de brosse dans les cheveux chaque soir. Cinquante passages de brosse à dents en haut et en bas. Mâcher chaque bouchée au moins trente-quatre fois avant de l'avaler. Se tenir droite, ne pas se pencher en avant, ne pas se tenir voûtée, ne pas regarder dans les yeux, sourire quand on s'adresse à vous.

 

Page 287 : « Ce que j'essaie de vous dire jeunes filles, c'est de vous fixer de grands objectifs. Vous installer avec un plombier ou un fermier n'est pas une fatalité. Vous n'arriverez peut-être pas à épouser quelqu'un dans le milieu médical, comme moi, mais ne vous interdisez pas d'envisager quelqu'un dans la comptabilité. Ou bien dans les affaires, la banque ou la finance. Trouvez avec quel genre d'homme vous voulez vous marier, et organisez-vous pour que cela se produise. »

 

Page 454 : Le viol apporte aux hommes la confirmation indirecte de leur puissance et de leur supériorité masculines, ils ne feront donc jamais rien pour que ça s'arrête. A moins que nous les y forcions.

 

Page 482 : « Tu voudrais bien venir mettre ta bouche là en bas ? » Qu'il ne soit même pas fichu de lui demander correctement, même pas fichu de prononcer le mot, lui avait semblé le comble du pathétique. Il avait eu l'air surpris quand elle avait dit non. « Je croyais que tu étais libérée », avait-il dit, ce qui signifiait qu'elle était censée lui accorder toutes les faveurs qu'il voulait et aimer ça.

 

Page 593 : Qui a eu l'idée saugrenue d'organiser une convention à côté d'un abattoir ?

Il sent leur présence, leur odeur, il les entend, ces pauvres animaux entassés et mourant à la chaîne pour nourrir une nation prospère. Amenés là comme des troupeaux d'enfants, repartant dans les mêmes camions, en morceaux. Il reconnaît l'odeur des porcs apeurés, des porcs suspendus à des crocs de boucher, éventrés, leurs entrailles cascadant dans le sang et les glaires. L'odeur de l'ammoniaque pure déversée sur les sols souillés. Ces créatures lâchant leur ultime cri face à la mort, libérant une puanteur de glandes, une terreur à la fois sonore et olfactive. L'haleine chimique d'un million de cris d'animaux avortés, dilués et diffus dans l'atmosphère, dans des vapeurs de viande amères.

 

Page 595 : C'est mieux, pense-t-elle, de savoir qu'on est en train de rêver. Parce que alors on est libre d'agir sans se soucier des conséquences.

 

Page 682 : L'idéalisme est le pire des fardeaux. Tout ce que tu feras après te semblera toujours fade.

 

Page 702 : Il arrive qu'on soit tellement enfermé dans sa propre histoire qu'on ne voit pas le second rôle qu'on occupe dans celle des autres.

 

 

 

 

 

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Mon avis : Oyana – Eric Plamondon

Publié le par Fanfan Do

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Quatrième de couverture :

 

 

« S’il est difficile de vivre, il est bien plus malaisé d’expliquer sa vie. »
Elle a fait de son existence une digue pour retenir le passé. Jusqu’à la rupture. Elle est née au pays Basque et a vieilli à Montréal. Un soir de mai 2018, le hasard la ramène brutalement en arrière. Sans savoir encore jusqu’où les mots la mèneront, elle écrit à l’homme de sa vie pour tenter de s’expliquer et qu’il puisse comprendre. Il y a des choix qui changent des vies. Certains, plus définitivement que d’autres. Elle n’a que deux certitudes : elle s’appelle Oyana et l’ETA n’existe plus.

Eric Plamondon est né au Québec en 1969 et vit dans la région de Bordeaux depuis une vingtaine d'années. Taqawan, son roman précédent, a reçu les éloges tant de la presse que des libraires et obtenu le Prix France-Québec 2018.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Eric Plamondon est un auteur québécois, c'est déjà une excellente raison ! Et puis j'avais énormément aimé son précédent roman Taqawan.

 

 

 

Mon avis :

 

Quel beau roman que voilà !
Oyana, basque devenue montréalaise, raconte sa vie à l'homme qu'elle aime, parce qu'elle lui a caché tout un pan de son histoire alors que ça fait plus de vingt ans qu'ils sont ensemble.
Et par la même occasion, moi j'apprends l'histoire du pays Basque que je ne connais pas, la pêche à la baleine jusqu'aux rives de Terre-neuve, L'ETA dont j'entendais parler aux infos quand j'étais enfant...

On parle souvent de fuite en avant, jamais en arrière. Pourtant, là c'est un retour vers le passé qu'Oyana opère, une fuite en arrière, ce qui est assez effrayant car le passé n'est plus et le présent ne lui ressemble jamais.
Et vouloir retrouver le passé c'est se rendre compte à quel point il est révolu, mort et enterré, c'est réaliser la fuite du temps, qui ne se rattrape pas.

Oyana fait son voyage à rebour, à la rencontre de ses démons, pour enfin assumer quelque chose, mais pour ce faire elle fuit autre chose.
J'adore le style Eric Plamondon, que je trouve très particulier et unique.
Avec ce roman je viens de faire un beau voyage, dans l'espace, mais aussi dans le temps.
Et puis... quelle chute étonnante !!!


 

 

Citations :

 

Page 106 : Une fois qu'on s'est attaché à la géographie d'un lieu, on soir s'accrocher à son pays intérieur.

 

Page 108 : Je suis en train de saisir que la violence du passé a été chassée par une autre violence, celle lisse et insidieuse d'un présent sans histoire.

 

Page 116 : Elle était là mon enfance, ma première vie d'un pays magnifique.

 

 

 

 

 

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Mon avis : Antéchrista – Amélie Nothomb

Publié le par Fanfan Do

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Quatrième de couverture :

 

Avoir pour amie la fille la plus admirée de la fac, belle, séduisante, brillante, enjouée, audacieuse? Lorsque Christa se tourne vers elle, la timide et solitaire Blanche n'en revient pas de ce bonheur presque écrasant. Elle n'hésite pas à tout lui donner, et elle commence par l'installer chez elle pour lui épargner de longs trajets en train.
Blanche va très vite comprendre dans quel piège redoutable elle est tombée. Car sa nouvelle amie se révèle une inquiétante manipulatrice qui a besoin de s'affirmer en torturant une victime. Au point que Blanche sera amenée à choisir : se laisser anéantir, ou se défendre.
Comptons sur la romancière de Stupeur et tremblements (Grand Prix du roman de l'Académie française) et de Robert des noms propres pour mener à son terme cet affrontement sans merci, et nous donner du même coup un livre incisif, à la fois cruel et tendre, sur les douleurs de l'adolescence.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J'aime énormément les romans d'Amélie Nothomb et ils sont faciles à caser quand on a très peu de temps entre deux pavés.

 

 

 

Mon avis :

 

 

Comme toujours Amélie Nothomb nous raconte une histoire dans sa langue sublime.

C'est l'histoire très étrange de Blanche qui, bien que fascinée par Christa, sait dès le début qu'elle va se faire dévorer tout crû par cette manipulatrice mais qui se laisse faire quand-même.

J'ai adoré suivre Blanche dans ses pensées, dans son analyse de sa relation avec Christa, avec ses parents, avec le monde... et je n'ai pas compris la fin . Peut-être un peu trop Nothombesque ‼


 

 

Citations :

 

Page 7 : C'était ça l'université : croire que l'on allait s'ouvrir sur l'univers et ne rencontrer personne.

 

Page 14 : Cette perspective m'épouvantait de joie.

 

Page 68 : C'était bizarre. Il y avait une langue qui ondulait comme le monstre du Loch Ness contre mon palais. Les bras du gars exploraient mon dos. C'était étonnant de se sentir visitée. Ce tourisme dura longtemps. J'y prenais goût.

 

 

 

 

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Mon avis : Acide sulfurique – Amélie Nothomb

Publié le par Fanfan Do

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Quatrième de couverture :

 

Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur fallut en spectacle.

 

A.N.

 

Une petite fable cynique jonglant à souhait avec le beau et le laid, le bien et le mal.

 

Metro

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Il me fallait un petit livre à caser entre la lecture que je venais de finir et la prochaine qui est une LC programmée.

Amélie Nothomb écrit des petits romans que j'adore !

 

 

 

Mon avis :

 

Ouh la la ! Ce roman est une espèce de dystopie furieuse où la télé réalité est un camp de concentration et où les candidats ne sont pas volontaires.

Ça paraît complètement délirant mais depuis la téléréalité et les réseaux sociaux on peut se demander jusqu'où la bêtise et la méchanceté peuvent aller.
Tant de gens se repaissent de cette absence d'intérêt, de la mesquinerie ambiante, des médisances et de la bassesse.
Et combien de fois j'ai entendu dire qu'il faudrait remettre la peine de mort et que ça se passe en place publique ! Comme si la mort était un spectacle !!

C'est une forme de procès de notre société avide et blasée mais aussi de la télé poubelle.
Qui de l'oeuf ou de la poule.?.?.?
Qui est le plus lamentable ? Celui qui crée une telle vacuité ou celui qui la regarde ?
Ça dénonce aussi l'hypocrisie générale.

Comme à chaque fois avec Amélie Nothomb, j'ai passé un excellent moment.


 

 

Citations :

 

Page 53 : - C'est vous qui êtes merveilleuse. Grâce à vous, ils ont oublié qu'ils mangeaient de la merde.

 

Page 79 : C'est quand son absence est la plus criante que Dieu est le plus nécessaire.

 

Page 114 : Comme n'importe quelle ratée, elle méprisait ceux qui excellaient là où elle avait échoué.

 

 

 

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Mon avis : Le soleil des Scorta - Laurent Gaudé

Publié le par Fanfan Do

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Quatrième de couverture :

 

L'origine de leur lignée condamne les Scorta à l »opprobre. A Montepuccio, leur petit village d’Italie du sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait vœu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec ce qu’ils appellent “l’argent de New York”, leur richesse est aussi immatérielle qu’une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie. Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela – dont la voix se noue ici à la chronique objective des événements – confie à son contemporain, l’ancien curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer.
Roman solaire, profondément humaniste, le nouveau livre de Laurent Gaudé met en scène, de 1870 à nos jours, l’existence de cette famille des Pouilles à laquelle chaque génération, chaque individualité, tente d’apporter, au gré de son propre destin, la fierté d’être un Scorta, et la révélation du bonheur.

 

Romancier et dramaturge né en 1972, Laurent Gaudé a reçu en 2004 le prix Goncourt pour Le soleil des Scorta. Son œuvre, traduite dans le monde entier, est publiée par Acte Sud.

 

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Je ne connaissais pas ce roman, je le découvre grâce à ma fille qui a dû le lire dans le cadre de son DUT Métiers du livres. Il a énormément de très bons avis, donc j'ai eu envie de le lire.
Si elle en ramène souvent des trouvailles comme celle-là, je suis preneuse !

 

 

 

Mon avis :

 

 

Ce roman vous absorbe dès les premières lignes.

️C'est une histoire douloureuse, comme la pauvreté, comme l'abandon, comme la violence, comme l'ignorance. C'est déchirant.
Mais c'est aussi d'une beauté stupéfiante !
Tout est retranscrit d'une façon sublime ; les atmosphères, les sentiments, la vie...
C'est l'histoire d'un clan, soudé, indestructible, une entité, une unité, un bloc, une famille, et pourtant ce clan est né dans l'opprobre.

Étrange région du sud de l'Italie d'autrefois, dont les habitants frustes et superstitieux étaient sur une corde raide, entre chrétienté et paganisme.
Étrange époque aussi où les curés étaient tout-puissants et faisaient trembler leurs ouailles en les menaçant de la colère divine et de représailles venues du ciel.

J'ai adoré cette histoire d'une famille, sur une centaine d'années avec les vicissitudes de la vie, qui donnent l'impression qu'elle n'est qu'un feu de paille ; un claquement de doigts, une respiration et c'est déjà fini.

Ce livre me semble impossible à raconter, il faut le lire, c'est tout !
Ce roman est un coup de cœur absolu pour moi !



 

 

Citations :

 

Page 39 : Depuis toujours, les deux bourgs étaient ennemis. Les bandes rivales se livraient des batailles légendaires. Les pêcheurs s'affrontaient régulièrement sur mer, se déchirant les filets ou se volant la pêche du jour.

 

Page 45 : Il supplia dans ses prières mais seul le silence du ciel lui répondit.

 

Page 58 : La miséricorde de Dieu est une eau facile dans laquelle les lâches se lavent le visage.

 

Page 137 : Elle avait épousé un homme à la tête pleine de vent dont les yeux brillaient mais qui déambulait dans la vie comme un funambule.

 

Page 147 : On mange dans le sud avec une sorte de frénésie et une avidité goinfre. Tant qu'on peut. Comme si le pire était à venir. Comme si c'était la dernière fois qu'on mangeait.

 

Page 165 : Tu n'es rien Elia. Ni moi non plus. C'est la famille qui compte. Sans elle tu serais mort et le monde aurait continué de tourner sans même s'apercevoir de ta disparition. Nous naissons. Nous mourons. Et dans l'intervalle, il n'y a qu'une chose qui compte. Toi et moi, pris seuls, nous ne sommes rien. Mais les Scorta, les Scorta, ça, c'est quelque chose.

 

Page 186 : Mes fils sont nés. J'étais mère. Et de ce jour, je suis devenue une louve. Comme toutes les mères.

 

Page 199 : Il n'y a qu'au dernier jour de sa vie qu'on peut dire si on a été heureux, dit-il. Avant cela, il faut tenter de mener sa barque du mieux qu'on peut.

 

 

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Mon avis : De poudre, de soufre et d'encens – Pierre de Feydeau

Publié le par Fanfan Do

Quatrième de couverture :

 

2015. Paul est un jeune Français issu d'une vieille France. Poussé par un ami syrien qui vit à Paris, il part au Levant s'engager dans une milice chrétienne qui lutte contre Daech aux côtés des forces d'Assad. Il veut donner un sens à son existence désenchantée, défendre ce qu'il pense être une juste cause et retrouver un amour perdu, Maryam, une Syrienne rencontrée lors d'un séjour à Damas.
Au fil de ses aventures guerrières, amoureuses et spirituelles, de Paris à Beyrouth, de Damas à Palmyre, du Crac des Chevaliers à Tartous, d'Apamée à Raqqa, il est peu à peu lui-même emporté par la force dévastatrice qui ronge ce pays. L'amour de Maryam et sa foi chrétienne peuvent-ils seulement le sauver de la folie meurtrière ?

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Lors de l'opération Masse Critique de Babelio, j'ai eu du mal à me restreindre, j'ai coché vingt livres et c'est celui-là que j'ai reçu.

Alors tout d'abord merci beaucoup à Babelio et son opération Masse Critique ainsi qu'aux Editions du Rocher pour m'avoir envoyé ce livre qui parle de "guerre sainte" !
 

 

 

Mon avis :

 


Ça commence très fort avec le prologue : rien de moins qu'une décapitation au couteau ! Il faut avoir le cœur bien accroché, c'est terriblement réaliste et glaçant.
On est immédiatement dans l'ambiance de cette abomination qui gangrène notre société.

Paul-Marie-Saladin de Nantiac de Rochermorteau, tout un poème...
Paul donc, étrange cocktail, jeune mec bien dans son époque d'un côté, et fils de famille de l'autre, d'ascendance noble, tiraillé entre deux mondes, un peu prisonnier du carcan et des conventions de la noblesse, fins de race ruinés à force de consanguinité comme il dit.
Fils de l'Occident, enfant privilégié qui va partir en guerre sainte par amour - de Maryam l'orientale qu'il a trahie, catholique comme lui - mais aussi par refus de son milieu raisonnable dont le cœur ne sait pas vibrer.
Hélas, Paul, malgré son jeune âge, est un affreux sexiste rétrograde. Il a une vision des femmes assez passéiste et il aime visiblement les comparaisons misogynes : "la Méditerranée est plate comme Jane Birkin en topless." (Page 183) ou encore "on pousse des cris de grognasse éméchée" (Page 292).
C'est tellement affligeant et révoltant de lire ce genre de choses encore en 2020, après que les femmes aient dénoncé les violences sexistes, physiques mais aussi verbales qu'elles subissent trop souvent de la part des hommes !
Paul est un personnage absolument pas attachant. Il est pleutre et versatile, une vraie tête à claques.
En fait, ce mec est carrément un sale con.

L'écriture est riche, imagée, actuelle, mais comporte parfois des termes désuets, et il m'a fallu souvent faire appel à Ecosia, mon amie virtuelle avant d'avoir l'idée de regarder à la fin du livre s'il y avait un glossaire des mots arabes... Bingo il était là !

Les religions m'intéressent énormément car elles font partie de notre culture mais j'ai été submergée par la piété religieuse presque jusqu'à l'écœurement par moments.
Un peu trop pour moi qui suis farouchement athée... et pourtant c'est la religion tout l'intérêt de cette histoire.
Malgré une écriture érudite, j'ai trouvé que c'était beaucoup trop descriptif à tous les niveaux ; les lieux et surtout les ambiances. Paul intellectualise trop tout, à croire qu'il en oublie de vivre et de ressentir réellement. Il analyse à outrance jusqu'aux personnages : trois pages sur Bachar El Assad, j'ai trouvé ça un peu trop, surtout pour conclure qu'il est humain quand-même, le pauvre...
Je suis souvent parties dans mes pensées, abandonnant involontairement l'histoire, mes yeux lisaient, mon esprit vagabondait.
C'est dommage, j'aurais aimé être plus dans les événements, moins dans les souvenirs, les descriptions et l'introspection.

Pour résumer mon avis sur cette histoire de catholiques qui partent en Syrie en découdre avec Daech, j'ai trouvé le prologue prometteur, mais par la suite je me suis sentie submergée par un langage foisonnant et pompeux, et je me suis beaucoup ennuyée.
C'est dommage car on apprend beaucoup mais c'est noyé par la masse de vocabulaire alambiqué peu ou pas usité au quotidien, voire obsolète.
J'ai eu l'impression que l'auteur se faisait plaisir à étaler sa culture jusqu'à l'indigestion.
Je pense que ce roman est destiné aux férus de théologie, de géopolitique et qu'il est beaucoup trop pointu pour une profane telle que moi.
Là où je me suis ennuyée, d'autres crieront peut-être au chef-d’œuvre.
En tout cas moi, je suis totalement passée à côté de ce roman.


 

 

Citations :

 

Page 12 : Ce n'est pas que j'aime les Turcs mais c'était un oppresseur correct qui nous unifiait. Depuis que les empires ont crevé sous la botte de Clemenceau, vous nous avez inoculés le virus de la nation fondée sur la religion ou la race et c'est la guerre de tous contre tous : juifs, chrétiens, alaouites, druzes, kurdes, arabes sunnites, chiites...

 

Page 17 : Quelques milliers de furieux, biberonnés au fanatisme islamiste, à l'humiliation postcoloniale et au désenchantement consumériste, bâtards de Merah et de Cohn-Bendit, pourraient nous péter à la gueule.

 

Page 47 : La picole, ça rend bilingue, mais aussi sincère...

 

Page 77 : - Oui... Seuls les saints vivent avec leur vérité. Comme les moines qui prennent perpète avec le Christ et la Grande Chartreuse... Vivre avec sa vérité, c'est s'immoler à une transcendance... Maryam est ma vérité. Mais je ne suis pas saint. Tant que j'aurai peur de son feu...

  • Arrête de jouer les intellos ! Pas besoin d'avoir lu Kant pour comprendre que t'as pas de couilles.

 

Page 98 : Heureusement, y'a le ciel. Une pure merveille. Une grêlée d'étoiles. Un sabbat stellaire. Un chaos de lucioles : des minuscules tremblotantes, des obèses luisantes, des solitaires, des constellées, des basses-conso et des filantes dispendieuses, grosses comme mon poing, qui effilochent dans une traînée d'argent aux quatre coins de la voûte.

 

Page 121 : Daech réussit l'exploit de désertifier le désert. Tout le monde s'en fout, c'est la Syrie.

 

Page 135 : Jésus était-il, comme le prétendaient les chrétiens Chalcédoniens, d'une seule hypostase, pleinement homme et Dieu, consubstantiel au Père et à l'Esprit, ou uniquement homme comme le pensaient les Aryens ou seulement Dieu comme le professaient les monophysites ou constitué d'une dualité irréconciliable, homme et Dieu, comme le proclamaient les nestoriens ?

 

Page 140 : Le génie d'un prophète est d'être assez précis pour tutoyer la crédibilité et assez vague pour ne pas être démenti.

 

Page 168 : Ordures de kamikazes ! Ils se sont fait péter. C'est l'acte de lâcheté le plus courageux qui soit.

 

Page 171 : Croix où est ta victoire ? Dans la fratricide extermination de tes enfants ? Allons, Dieu lui-même doit tourner athée face au spectacle du monde...

 

Page 294 : Et si le christianisme était la vérité pourquoi mène-t-il à une telle dépravation ? Regardez la France : ses SDF qui meurent dans l'indifférence, sa laïcité qui combat toute décence, son mariage homo... l'Occident croisé est en déliquescence, Non ?

 

 

 

 

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Mon avis : Petit pays – Gaël Faye

Publié le par Fanfan Do

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Quatrième de couverture :

 

Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l'harmonie familiale s'est disloquée en même temps que son " petit pays " , le Burundi, ce bout d'Afrique centrale brutalement malmené par l'Histoire. Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de cœur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d'orage, les jacarandas en fleur...
L'enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.

 

Un subtil alliage de douceur et de violence, de drôlerie et de drame. Bouleversant.

 

Jeanne de Ménibus, Elle

 

Un très beau premier roman, déchirant et incandescent, qui force l'admiration.

 

Yann Perreau, Les Inrockuptibles.

 

Gaby n'est pas un petit Africain, c'est un enfant du monde emporté par la fureur du destin. Notre hantise commune.

 

Maria Malagardis, Libération.

 

Gaël Faye raconte formidablement bien. Il nous fait rentrer dans un univers comme d'autres n'y étaient pas parvenus jusqu'à présent.

 

Jean Hatzfeld, France Inter

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Ça fait un moment que ce livre me tente. Et puis il vient d'être adapté au cinéma, Gaël Faye a été invité de nombreuses fois à en parler à la radio donc je me suis dit qu'il était temps pour moi de l'acheter pour enfin le lire.

 

 

 

Mon avis :

 

Ce petit livre m'as emportée dès les premières lignes avec sa prose sublime et poétique.
Petit livre mais qui raconte tellement.
Il nous parle de l'enfance insouciante dans les rues de Bujumbura au Burundi, de ces petits africains, petits rwandais, petits burundais, petits belges, petits français, petits européens, petits métis ???
Des enfants tout simplement.
D'ailleurs il y a dans cette histoire une sorte d'intemporalité et d'universalité qui m'évoque "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" d'Harper Lee qui parle de l'enfance en Amérique dans les années 30, qui me ramène aussi à ma propre enfance ici dans les années 60-70.

C'est bon doux et drôle comme ces moments de l'enfance où tout va bien.
Ces moments d'enfance, partagés avec les copains, occupés à imaginer un monde à soi fait de rires, de complicité, et de petites bêtises... comme si ça devait durer toujours.
Mais un jour l'adolescence arrive, et la fureur du monde s'invite auprès de ceux qui vivaient sans trop penser qu'ils étaient assis sur une poudrière.

C'est une jolie histoire de vie, de famille, d'appartenance à une terre natale mais aussi de douleur et d'exil.
Il y a deux temps dans ce récit : celui du bonheur et celui de la terreur qui lui succède. Et celui-là est glaçant.
Comment la folie des hommes peut-elle atteindre de tels paroxysme de cruauté ?!
Ce n'est hélas pas nouveau et ça ne cessera sans doute jamais.
Comme si la phrase "Plus jamais ça" était condamnée à rester éternellement un vœu pieux, une utopie.


 

 

Citations :

 

Page 13 : Je n'habite plus nulle part. Habiter signifie se fondre charnellement dans la topographie d'un lieu, l'anfractuosité de l'environnement. Ici, rien de tout ça. Je ne fais que passer. Je loge. Je crèche. Je squatte. Ma cité est dortoir et fonctionnelle.

 

Page 15 : L'enfance m'a laissé des marques dont je ne sais que faire.

 

Page 29 : Quand tu vois la douceur des collines, je sais la misère de ceux qui les peuplent. Quand tu t'émerveilles de la beauté des lacs, je respire déjà le méthane qui dort sous les eaux.

 

Page 84 : Gino, mon pote qui avait peur des mygales qu'on ramassait dans son jardin et qui se mettait à plat ventre quand on entendait un orage au loin, ce même Gino voulait mener une guérilla avec une kalachnikov plus grande que lui dans le brouillard des montagnes des Virunga.

 

Page 106 : « Beurk ! Il n'y a que les blancs et les Zaïrois pour manger des crocodiles ou des grenouilles. Jamais vous ne verrez un Burundais digne de ce nom toucher aux animaux de la brousse ! Nous sommes civilisés, nous autres ! »

 

Page 115 : Nous étions tristes d'être privés de ces choses dont nous nous étions passés jusque-là.

 

Page 118 : Un spectre lugubre s'invitait à intervalle régulier pour rappeler aux hommes que la paix n'est qu'un court intervalle entre deux guerres.

 

Page 165 : Chaque jour, la liste des morts s'allongeait, le Rwanda était devenu un immense terrain de chasse dans lequel le Tutsi était le gibier.

 

Page 172 : - Un livre peut nous changer ?

  • Bien sûr, un livre peut te changer ! Et même changer ta vie. Comme un coup de foudre. Et on ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. Il faut se méfier des livres, ce sont des génies endormis.

 

Page 173 : Grâce à mes lectures, j'avais aboli les limites de l'impasse, je respirais à nouveau, le monde s'étendait plus loin, au-delà des clôtures qui nous recroquevillaient sur nous-mêmes et sur nos peurs.

 

Page 188 : Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés sont mazoutés à vie.

 

 

 

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