Quels sont ces étranges maux qui affligent les habitants de Peakwood, petite ville du Montana, USA ? D'où viennent les blessures qui apparaissent sur le corps de certains de ses habitants ? Pourquoi d'autres commencent-ils à agir étrangement ? Seuls Chayton, le médecin de la ville, et son père, vieux chaman au savoir ancestral, savent reconnaître les signes. Le bouleversement qui approche. Quelque chose en lien avec un accident qui n'aurait jamais dû avoir lieu, dix ans plus tôt. Un secret dont ils ont juré de ne jamais reparler. Félicitations, la mort vous offre une seconde chance.
Mon avis : Une sortie scolaire dans le Montana, la neige, zéro visibilité et c'est l'accident. Il y a des blessés, et des enfants morts… et puis il y a Ogima, un vieil indien, un chaman qui détient des savoirs ancestraux. Mais peut-on impunément défier la mort ?
Peakwood, Montana, dix ans plus tard. On fait connaissance avec cette petite ville et ses familles, ses habitants avec leur histoire, leurs failles, leurs blessures. On sait d'ores et déjà que quand on aura un peu appris à les connaître avec leurs personnalités bonnes ou mauvaises, un danger tapi dans l'ombre fera insidieusement son apparition, de même que la peur qui va avec… et j'adore ça, ce doux frisson de la terreur ‼️ Car un jour la mort semble venir réclamer son dû. Mais pourquoi tant d'années après ?
Chamanisme, magie, Grand Esprit et démons nous entraînent dans une sarabande démoniaque, un sabbat angoissant dont on ne sait pas qui gagnera entre le bien et le mal. D'ailleurs sait-on réellement de quel côté se trouve ces deux notions ? du côté de la mort qui réclame son dû ? Ou du côté des humains qui l'ont bafouée ?
J'ai bien aimé ce roman, que j'ai envie de qualifier de thriller horrifique Young Adult, car la tension qui va crescendo tout le long de cette histoire en fait un page turner, avec ses fausses pistes et ses rebondissements, de l'angoisse mais pas trop au sein de cette petite ville où tout le monde se connaît, nichée au milieu des forêts du Montana, dans la neige et le blizzard.
Citations :
Page 26 : Son frère disparut en un clignement de paupières en emportant avec lui la lumière du soleil.
Vers 1860, pour sauver les élevages de vers à soie contaminés par une épidémie, Hervé Joncour part au Japon. Entre les monts du Vivarais et le Japon, c'est le choc de deux mondes, une histoire d'amour et de guerre, une alchimie merveilleuse qui tisse le roman de fils impalpables. Des voyages longs et dangereux, des amours impossibles qui se poursuivent sans jamais avoir commencé, des personnages de désirs et de passions, le velours d'une voix, la sacralisation d'un tissu magnifique et sensuel, et la lenteur, la lenteur des saisons et du temps immuable.
Soie, publié en Italie en 1996 et en France en 1997, est devenu en quelques mois un roman culte – succès mérité pour le plus raffiné des jeunes écrivains italiens.
Mon avis : Quel étrange petit romans aux tout petits chapitres, qui raconte une histoire un peu comme on raconterait à des enfants, avec des répétitions qui donnent un je ne sais quoi de… de je ne sais quoi en fait. Et c'est captivant et envoûtant tout de suite. J'entendais même en off la voix du narrateur. L'ambiance de ce récit a quelque chose d'éthéré et feutré. le Japon semble être dans une autre époque, figé dans un autre temps, une autre dimension.
Ce livre raconte la quête d’œufs de vers à soie dans les années 1860, là-bas à la fin du monde, autrement dit au Japon, mais aussi le rêve d'un amour impossible, donc idéalisé.
C'est vraiment une histoire énigmatique et déconcertante, avec l'impression que le destin se joue de nous et qu'on en n'est pas maître, ou si peu. J'ai la sensation que c'est une histoire que je comprendrai avec le temps… Et du coup je suis incapable de dire si j'ai aimé ou pas car je crois que j'ai ressenti un certain malaise face au temps qui passe et nous échappe, mais je n'en suis même pas sûre. Vraiment, quel étrange petite livre, qui m'a emmenée dans des recoins de mon cerveau auxquels je ne m'attendais pas.
Citations :
Page 24 : En ce temps-là, le Japon était, effectivement, à l’autre bout du monde. C’était une île faite d’îles et qui avait vécu pendant deux cents ans complètement séparée du reste de l’humanité, refusant tout contact avec le continent et interdisant l’accès à tous les étrangers.
Libraire à Acapulco, au Mexique, Lydia mène une vie calme avec son mari journaliste Sebastián et leur famille, malgré les tensions causées dans la ville par les puissants cartels de la drogue. Jusqu’au jour où Sebastián, s’apprêtant à révéler dans la presse l’identité du chef du principal cartel, apprend à Lydia que celui-ci n’est autre que Javier, un client érudit avec qui elle s’est liée dans sa librairie... La parution de son article, quelques jours plus tard, bouleverse leur destin à tous. Contrainte de prendre la fuite avec son fils de huit ans, Luca, Lydia se sait suivie par les hommes de Javier. Ils vont alors rejoindre le flot de migrants en provenance du sud du continent, en route vers les États-Unis, devront voyager clandestinement à bord de la redoutable Bestia, le train qui fonce vers le nord, seront dépouillés par des policiers corrompus, et menacés par les tueurs du cartel... Porté par une écriture électrique, American Dirt raconte l’épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière américaine. Un récit marqué par la force et l’instinct de survie de Lydia, le courage de Luca, ainsi que leur amitié avec Rebeca et Soledad, deux sœurs honduriennes, fragiles lucioles dans les longues nuits de marche... Hymne aux rêves de milliers de migrants qui risquent chaque jour leur vie, American Dirt est aussi le roman de l’amour d’une mère et de son fils qui, au cœur des situations tragiques, ne perdent jamais espoir. Un roman nécessaire à notre époque troublée.
Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :
Le thème des migrants, de tous pays, me passionne. Là, j’ai eu la chance de le lire en lecture commune ce qui est toujours enrichissant. De plus c’était un des romans proposés pour le Book Trip Mexicain au mois de mai.
Mon avis : Ce roman commence dans une violence absolue, un bain de sang effroyable, puis on est cueilli par une émotion douloureuse. J'ai tout de suite été touchée par la beauté de cette écriture, qui dit si bien les choses, qui nous fait si bien ressentir l'horreur, le chagrin, la peur. Le danger est partout à Acapulco où l'histoire débute, mais aussi dans tout le Mexique, les cartels ont des ramifications partout, des Monsieur et Madame tout le monde payés pour donner des infos. C'est un univers cruel et sans pitié où règne le racket, la terreur par le meurtre et la torture, les mises en scène macabres, et la corruption pour couronner le tout, ce qui rend les cartels tout-puissants.
Ce roman embarque le lecteur, quasiment en apnée. C'est comme une lame de fond contre laquelle on ne peut rien. On suit la fuite éperdue de Lydia et Luca seuls survivants du massacre de toute leur famille, devenus migrants malgré eux, avec effroi et angoisse, mais aussi un peu d'espoir. Ce qu'il y a de beau dans cet enfer des migrants, c'est l'immense solidarité et l'abolition des frontières. Hommes et femmes de tous peuples se serrent les coudes dans leur détresse commune.
L'autrice à su créer une vraie diversité dans les personnages, venus de différents horizons, avec chacun une histoire qui lui est propre, réunis dans cette fuite en avant, même pas pour chercher un avenir meilleur mais juste pour fuir l'enfer, voire la mort. On ne peut qu'être en empathie totale avec eux, et trembler à chaque page. Ce roman est source d'angoisses et de peine mais d'une beauté incroyable. C'est comme une ode à la générosité de l'humanité, mais aussi un doigt pointé sur sa laideur.
J'ai trouvé dans ce récit une densité émotionnelle qui ne faiblit à aucun moment. Que l'histoire soit axée sur une femme, un enfant et deux adolescentes ajoute une tension supplémentaire car on ne peut s'empêcher de penser qu'elles courent un plus grand danger car plus vulnérables. Surtout quand leur beauté ajoute un risque supplémentaire au péril qui les menace. Mais on sait bien que les femmes ne sont pas le sexe faible. Leur force est intérieure.
Citations :
Page 18 : Tant qu’il reste ici, dans cette douche, le visage enfoui dans les creux sombres de ses coudes, tant qu’il ne regarde pas Mami en face, il peut retarder le moment de savoir ce qu’il sait déjà. Il peut prolonger l’espoir irrationnel que, peut-être, un fragment du monde d’hier surnage encore.
Page 219 : Lydia envie le chœur de respirations régulières autour d’elle, cette facilité avec laquelle les jeunes glissent dans leur lassitude comme dans un bain chaud. Elle se souvient qu’elle en était capable elle aussi, avant la naissance de Luca. Elle était capable de faire n’importe quoi à cette époque-là, avant que la maternité ne lui fournisse de véritables raisons d’avoir peur.
Page 277 : Il pourrait lui briser la nuque, puis prendre une photo et toucher une grosse récompense. En la tuant, il pourrait devenir un héros chez les jardineros. Mais n’est-il pas possible aussi que, sous son air fanfaron de bébé narco, il soit un garçon apeuré, seul au monde et fuyant pour sauver sa vie ?
Page 348 : En suivant les rails qui traversent la ville, elle est terrifiée à l’idée que quelqu’un les remarque, que le garde de la veille soit en route pour son travail à bord de son véhicule – est-ce que ces hommes font la navette pour aller travailler ? Si c’est comme ça que ça s’appelle ? Est-ce qu’ils embrassent leurs femmes et leurs enfants le matin, grimpent dans la berline familiale et partent pour une journée de viols et de chantages, puis reviennent le soir, épuisés et affamés, manger leur rôti de bœuf ?
Page 364 : L’espoir ne peut pas survivre à la réalité empoisonnée de ses récentes expériences : le monde est un endroit horrible.
Page 391 : La fuite de la violence et de la pauvreté, les gangs plus puissants que leurs gouvernements. Elle écoutait raconter leur peur et leur détermination, tout résignés qu’ils étaient à atteindre les Estados Unidos ou à mourir sous l’effort, parce que demeurer dans leur pays signifiait que leurs chances de survie étaient encore plus minces.
Perdido, 1928. Alors que le clan Caskey se déchire dans la guerre intestine et sans merci que se livrent Mary-Love et sa belle-fille, et que d'autres crises - conjugales, économiques, existentielles - aux répercussions défiant l'imagination se profilent, dans les recoins sombres de la maison d'Elinor, la plus grande de la ville, les mauvais souvenirs rôdent et tissent, implacables, leurs toiles mortelles.
Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :
C’est une saga totalement addictive !
Mon avis : Comme avec les deux tomes précédents, on est pris dans l'histoire immédiatement. Les nombreux éléments mis en place par l'auteur, sur les multiples personnages, donnent une furieuse envie de poursuivre pour tout savoir et tout comprendre.
Le clan Caskey, élargi aux pièces rapportées, est réellement une étrange famille. Tous autant qu'ils sont ont des comportements totalement sidérants, surtout concernant les enfants. Un genre de jeu de chaises musicales assez malsain.
Mary-Love, personnage détestable, continue de vouloir nuire à Elinor, à essayer de glisser des peaux de banane sous ses pas, toujours aussi nuisible et égocentrique. Elinor, c'est le feu qui couve sous la cendre, la force tranquille.
Ce qui me surprend agréablement c'est qu'à chaque nouveau tome ça prend de la puissance. Des personnages nombreux, aux caractères bien trempés, des situations oppressantes, des comportements sournois et malsains ajoutent toujours plus d'intérêt et l'addiction persiste, d'autant que des phénomènes surnaturels commencent à se manifester. C'est vraiment très bien fait et ça se dévore !
Citations :
Page 47 : Carl ignorait Lucille. Dans sa façon de voir les choses, une petite fille ne méritait pas son attention. Il était convaincu que si Queenie lui apprenait à coudre, à cuisiner et à se faire belle pour les hommes, elle tournerait bien.
Page 54 : À Perdido, on certifia n’avoir jamais connu de famille aussi disposée que les Caskey à abandonner et reprendre ses enfants, à s’échanger la progéniture comme s’il s’était agi d’un moule à tarte ou de n’importe quel plat à gâteau que l’un des foyers aurait en trop et dont l’autre aurait manqué.
Page 136 : Grace leva soudain sa rame et l’abattit sur un serpent d’eau qui glissait à côté du canot. Elles n’étaient pas en danger, mais la jeune femme estimait que les créatures venimeuses, tout comme les célibataires en quête de demande en mariage, méritaient d’être mis hors d’état de nuire.
3896. Le IVe Reich étend son pouvoir sur le monde entier. La société est divisée en deux catégories : les humains et les stors, êtres d'apparence humaine mais qui au fil des siècles se sont mués en bêtes de somme, privés de langage, corvéables à merci, et transformés en viande de boucherie quand ils ne satisfont plus aux besoins de leurs maîtres ou quand ils sont trop vieux.
Dima est journaliste à La Voix du Reich. Parfaitement intégré dans cette société pacifiée, il est même spécialisé, comme tous ses ancêtres, dans la découpe des stors voués à l'abattoir, ce camp de la mort pour animaux, jusqu'au jour où il ressent un trouble étrange à l'égard de l'une d'entre eux, la jeune et belle Macha. Lorsqu'il commence à soupçonner que les stors ne sont peut-être pas si éloignés de la race humaine qu'il le pensait, il prend le maquis pour tenter d'échapper aux post-nazis et de sauver Macha.
Roman du réveil d'une conscience trop longtemps endormie, Macha ou le IV' Reich est un thriller d'anticipation glaçant en forme de réflexion sur la condition animale et, partant, sur notre humanité même.
Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :
Je suis végétarienne et j’aime l’idée d’une dystopie où on mange des êtres humains, pour les questions que ça peut poser.
Mon avis : IVème millénaire. Voilà une société future où la viande est… de la viande humaine. À un détail près, ceux qui servent de viande de boucherie ne sont pas appelés "humains" mais "stors". Autrement ce serait monstrueux de les manger… Oui parce que, même s'ils sont humanoïdes, ils ne parlent pas et n'ont pas l'intelligence qui ferait d'eux des humains. Voilà comment cette société se donne bonne conscience. C'est aussi une société des loisirs et de l'oisiveté. Les humains n'ont plus besoin de travailler, les stors le font pour eux, jusqu'à ce qu'ils finissent dans l'assiette parce qu'ils sont trop vieux ou malades ou parce que les femelles ne donnent plus assez de lait. D'ailleurs le roman commence dans un abattoir, et pour moi ça a été une image choc !
Mais cette société qui, à l'image de ses ancêtres avant le XXème siècle, ne développe pas de sentiments envers les animaux, va commencer à se poser des questions.
Les chapitres alternent entre l'histoire de : - Dmitri, propriétaire de stors, dont Macha qui est sa préférée, - le journal "La voix du Reich", qui nous fait l'historique des cette société, en partant du nazisme de Hitler, en nous expliquant l'histoire de l'humanité pour démontrer qu'il y a toujours eu des hommes asservis par d'autres avant d'arriver à ce modèle parfait où les guerres et les états ont disparu ainsi que l'esclavagisme - le magazine PROBLÈMES DE L'HOMME qui soulève des questions d'ordre éthique sur le fait de consommer des humanoïdes, via les théories d'un humaniste, M.B. Soloviev. Le magazine nous retrace l'évolution de l'humanité jusqu'à l'apogée de cette monstruosité qu'était l'industrialisation, puis la descente aux enfers due à la pollution qu'elle a généré, responsable de l'effondrement de la civilisation et la chute drastique de la démographie jusqu'à un seuil critique.
J'ai été captivée dès le début, sauf que j'ai fini par trouver un peu longs les passages de la voix du Reich. C'est néanmoins très intéressant - il y est question de civilisations, de religions, de philosophie - mais trop long à mon goût. En même temps, c'est nécessaire car ça nous explique comment le monde en est venu à manger des stors et aussi pourquoi ils existent. Mais j'ai de loin préféré l'histoire de Dima et Macha, moins didactique, plus humaine. Car là, se posent des questions éthiques et d'empathie, voire de sentiments. En effet, une partie de l'humanité va se réveiller et entrer en révolte contre cette horreur à laquelle tout le monde est habitué, souvent par égoïsme. Mais lorsque ces voix s'élèvent contre cette abomination millénaire, cela met en péril cette société bien huilée.
Par beaucoup d'aspects ce roman m'a fait penser à celui de Vincent Message : Défaite des maîtres et possesseurs. Il posent tous les deux des questions sur le bien fondé de nos comportements et les excuses qu'on se trouve pour se donner bonne conscience et ainsi s'absoudre de ses méfaits.
Je suis passée par toutes sortes de sentiments à cette lecture. du mépris, de l'horreur, de la compassion, de la peine, de l'empathie, de la révolte... et bien sûr je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec le sort que les humains réservent aux animaux, en pensant à la phrase de Gandhi : On peut juger la grandeur d'une nation par la façon dont les animaux y sont traités. En revanche, dans ce futur très éloigné, perdure toujours sexisme, misogynie, tabagisme et Dieu, ce qui ne correspond pas du tout à l'idée que je m'en fait. Ça m'a semblé le contraire d'une société évoluée. La fin totalement inattendue m'a cueillie ! J'avais émis des hypothèses tout le long du roman, mais pas celle-là… Une lecture forte que je ne suis pas près d'oublier.
Citations :
Page 15 : Je commandais un petit pâté chaud « Surprise » et un verre de bouillon. Le pâté contenait un petit cœur. Délicieux. Un homme, à coté de moi, grignotait un bas de patte bouilli. Tout réside dans le langage. Si l’on appelle une patte « jambe » (en raison de la ressemblance avec un membre humain), c’est le monde qui s’écroule. Cela voudrait dire qu’un homme mange un autre homme.
Page 100 : Nous vivons tous dans un monde qui nous semble juste. Mais toute notre conscience est recouverte d’une fine pellicule de cécité. Il suffit de déchirer cette pellicule pour que le monde juste devienne en un instant injuste, monstrueux. Des dizaines de générations de nos ancêtres, en regardant les stors, ne pensaient même pas un instant qu’ils puissent être humains.
Page 103 : L’homme est habitué à étouffer en lui la conscience et la compassion, reculant devant la nécessité de survivre. L’homme tout au long de son existence s’est basé sur la règle « Tout ce qui m’aide à survivre est bon ». Cependant il a fait la guerre, pillé, possédé des esclaves, les a malmenés pour qu’ils le craignent et travaillent pour lui. Cela était considéré comme totalement moral.
Page 186 : S’accrochant de toutes leurs forces aux commodités de son existence, l’homme est prêt à trahir n’importe quoi, et pas seulement la vérité. Il devient aveugle et sourd à l’égard de tout ce qui présente une menace à son confort. La conscience qui remet en question ses « commodités », c’est une « maladie », et ceux qui l’éveillent des malfaiteurs, des malades, etc.
Page 187 : Un millénaire d’existence pratiquement végétative, sans « conflits » ni « problèmes » particuliers était entré trop profondément dans la mémoire et les gènes des hommes. Les gens ont la paresse de penser, d’avoir des sentiments. Et pour eux, un changement, ce n’est pas un éveil, mais une sorte de terreur. Ils s’accrochent de toutes leurs forces à leur pauvre vie, qu’ils qualifient de « sommet du bonheur humain ». Quand vous leur dites qu’ils sont des cannibales, ils se bouchent les oreilles et vous traitent de « fous ».
Page 190 : Un jour on dira de nous - et de vous aussi – que nous avons été les premiers à être horrifiés de ce à quoi tout le monde était habitué. Du haut du futur, notre histoire millénaire sera considérée comme « un film d’horreur », comme un mauvais rêve de l’humanité.
Immersion en terres hawaiiennes dans un décor idyllique pimenté d'un savoureux pidgin local … et l'envers de la carte postale. A travers six nouvelles éblouissantes, la jeune auteure Kristiana Kahakauwila parvient à saisir avec élégance, brutalité, humour et profondeur, les tensions qui secouent l'archipel. De la jeune femme impatiente de venger son père coqueleur à la jeune touriste américaine dont le séjour tourne au cauchemar, les non-dits et les tabous tombent tel un couperet. L'éternel tiraillement entre modernité et tradition, îliens et continentaux, n'a jamais été aussi frontal et authentique ! Un portrait inoubliable d'une société en pleine mutation, d'un peuple qui questionne son identité et son devenir. Un premier recueil pétulant … Avec un pied dans la communauté autochtone hawaiienne et l'autre dans la société américaine conventionnelle, cette écrivaine donne un aperçu audacieux et résolument authentique des aspects les plus durs de la vie dans les îles. Dans ses six nouvelles, Kahakauwila capture les existences ardues, le créole pittoresque et les relations variées qui ancrent et mettent au défi des personnages superbement croqués.
Mon avis : Ce recueil de six nouvelles, écrit par une autrice hawaïenne, a la bonne idée d'avoir un titre réjouissant que j'adore, et une couverture vraiment très belle. * Des surfeuses. Des femmes de chambre. Des working girls diplômées revenues après des études aux États-Unis. Toutes ont un regard scrutateur sur la faune qui les entoure, les touristes et leurs parades amoureuses, une sorte d'ironie envers les haoles (les blancs) qui oublient souvent la prudence. * Wanle, la coqueleuse qui prend soin de ses "garçons" pour les faire participer à des combats de coq dans le but d'honorer et venger son défunt père, en total désaccord avec l'homme qu'elle aime. * Becky et Cameron, hawaïenne de Las Vegas et minnesotain de Hawaï. "Un habitant local appartient-il à un pays où est-il juste de ce pays ?" * Les obsèques de la grand-mère nous offrent avec humour un éventail assez large de la famille hawaïenne. * Ils sont jeunes, ils sont beaux,, ils s'aiment, se marient, font des enfants. le bonheur !? Mais est-ce que ça existe au moins le bonheur ? * Que dire et comment faire avec le temps qui reste quand il est compté ? * Au fil de ces nouvelles on découvre que le Hawaï des touristes n'a rien à voir avec celui des natifs. La carte postale un peu surfaite d'un côté, la réalité de l'autre. Mais les descriptions qui sont faites, ça ressemble bigrement au paradis ! J'ai énormément aimé toutes ces histoires, qui nous parle des mauvais choix qu'on peut faire, des incompréhensions mutuelles, des carapaces qu'on se forge, qui nous dit aussi qu'au fond, tous les êtres humains ont plus ou moins les mêmes aspirations, même quand il s'agit d'une culture très différente de la nôtre. Dans certaines de ces nouvelles il y a de la tristesse, parfois de la résilience, et ça dit beaucoup de la nature humaine.
Citations :
Page 19 : Après des années de petits boulots, de prêts étudiants et de nuits le nez dans les livres sous la lueur jaune d’une lampe… nous avons réussi. Ou sommes en train de réussir. Ou ne sommes pas loin de dire que nous allons réussir.
Page 37 : On s’arrête. On tombe fréquemment sur ce genre de scènes. Des couples de touristes qui prennent la plage pour l’île privée de leurs fantasmes. Comme si personne ne pouvait les voir, alors qu’ils sont à peu près aussi discrets que des lions de mer en train de copuler.
Page 54 : Il était bouddhiste pratiquant. Il envisageait de devenir végétarien. Il m’arrivait de rire quand il me racontait ce genre de choses. Je ne connaissais personne qui soit végétarien.
Page 90 : Un habitant local appartient-il à un pays où est-il juste de ce pays ?
Page 92 : Elle parlait toujours de l’histoire au présent, ce qui ne manquait jamais de l’embrouiller. Pour lui, l’histoire ne se prêtait pas à être réinterprétée ou revécue, elle était seulement accessible par le biais de longues et consciencieuses études.
Page 110 : Avale une gorgée en douce quand ton cousin le combattant de MMA monte sur l’estrade. Il raconte que ta grand-mère a pris soin de lui à son retour de l’opération « Tempête du désert » avec des éclats d’obus dans le genou et qu’elle l’a obligé à aller à l’église dans l’espoir qu’il retrouve l’espoir.
Page 133 : Toute sa vie Grace a eu le sentiment que les hommes savent des choses parce qu’ils les pensent, et les femmes parce qu’elles les éprouvent.
Page 200 : Pili voulait demander à Albert de décrire la mort – son aspect, son odeur, sa musique - , mais il savait qu’il était vain de se préparer. Si chaque mort était aussi individuelle que la vie qu’elle emportait, elle devait également revêtir un aspect, une odeur et une musique uniques.
J'ai plaisir à chroniquer les romans que j'ai aimés, sur Instagram et Babelio, en toute modestie bien sûr. J'aime l'idée que je pourrais donner envie à d'autres de lire les romans qui m'ont plu, mais aussi partager mes bonheurs de lectures.
Ceux que je n'ai pas aimés, je n'en parle pas, par respect pour le travail de l'auteur. Je me dis que je peux me tromper...
J'aime les livres qui me transportent, qui me font rêver, qui me tiennent en haleine, qui m'apprennent quelque chose sur l'histoire de quelqu'un, du monde, d'un peuple, qui m'emmènent loin de ma réalité, qui me font croire que tout est possible, qui me tirent une larme, qui me font rire, qui me font espérer, qui me font trembler... J'aime plein de styles, plein de sujets, mais avant tout un livre doit me faire vibrer.