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roman ecolo

Mon avis : Un jeu sans fin – Nathan Hill

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’anglais (États-Unis par Serge Chauvin)

 

Éditions Actes Sud - « Lettres anglo-américaines »

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Fille d'un ingénieur canadien collaborant avec le commandant Cousteau, Evie a douze ans lorsqu'elle attrape le virus de la plongée et décide de consacrer sa vie à l'exploration des fonds marins.
Ina, une artiste polynésienne, compose des sculptures avec des déchets plastiques qu'elle glane sur les plages. Peu à peu, une étrange créature prend forme.
Todd et Rafi, deux lycéens américains que tout oppose, cimentent une intense amitié autour du jeu de go ; l'un se perdra dans la littérature, l'autre révolutionnera l'intelligence artificielle.
Avec la virtuosité qu'on lui connaît, Richard Powers met en scène une poignée de personnages à différentes périodes de leur vie, avant de les réunir à Makatea, île du Pacifique ravagée par des décennies d'extraction minière, où se joue la prochaine grande aventure de l'humanité : la construction de villes flottantes.
Mêlant science, écologie et poésie, "Un jeu sans fin" sonde les mystères de l'océan et les potentialités infinies des nouvelles technologies pour célébrer la beauté et la résilience de la nature.

 


Mon avis :
Quand la course au profit saccage la beauté ineffable de la nature...
Parce que le sous-sol de Makatea recelait du phosphate, l'île fut pillée, "Makatea avait aidé Homo sapiens à dominer la Terre. Mais dans ce processus, l'île s'était consumée."

Quatre personnages s'invitent à tour de rôle et à différentes époques dans ce roman qui chante la beauté du monde, que nous pillons sans vergogne. Ils sont tous les quatre passionnants autant que différents les uns des autres. Tous m'ont provoqué, dans un premier temps, un élan particulier ; de l'admiration pour Evie l'amoureuse des océans qui se fait sa place dans un monde d'hommes, nous communique sa passion et nous fait entrevoir la beauté des fonds marins ; de l'empathie pour Ina, l'artiste polynésienne qui n'a vécu que sur des îles avant d'aller faire ses études sur le continent ; de la tendresse pour Rafi, érudit et féru de littérature, mais qui hélas se débat dans sa peau d'homme noir qui veut battre les Blancs en étant meilleur qu'eux en tout ; de la compassion pour Todd, passionné d'informatique qui a réussi au delà de toute espérance, qui sait qu'il va bientôt mourir, condamné par une maladie atroce.

Il y a tant de lumière dans ce roman ! le ciel, les océans, les fonds marins, les plages, la faune et la flore aquatique partout et des passionnés, capables de voir le merveilleux de tout ça "Elle tourna la tête à gauche et à droite. La côte s'étendait à perte de vue, la laissant en plein centre d'un presse-papiers grand comme le globe. C'était si simple, le bonheur. Il suffisait de s'arrêter et de regarder."
Cette merveille du hasard qu'est notre planète, en voie de destruction par ces prédateurs de ressources naturelles, ces multinationales insatiables prédatrices dirigées par des aveugles qui ne méritent vraiment pas tout ça, m'ont fait ressentir beaucoup de colère. "La vie offrait tellement, la vie offrait trop, bien plus que ce que Beaulieu pourrait jamais honorer, plus que tout être vivant n'en pouvait soupçonner ou mériter."

Mais voilà, ces personnages habités, mus par des convictions, celles du beau, du vivant, m'ont mis du baume au cœur. Parce que ce roman nous parle de l'équilibre parfait de la nature, une sublime ode à l'incommensurable : "J'ai vu le mécanisme inlassable, l'insondable dessein de la Vie, et il n'aura jamais de fin."
J'ai ressenti plein d'espoirs pour l'avenir, du moins, vu des années 50, lorsque Evie, jeune femme avide de découvertes, explore les océans. C'était sans compter le pouvoir de destruction... une machine en route, inarrêtable... Et on assiste à la naissance d'internet tel qu'il a été imaginé, hélas dévoyé tel qu'on le connaît à présent.

Il y a dans ce récit, une sorte de magie, liée à l'émerveillement que l'auteur nous communique à travers l'éblouissement de ses personnages avides de connaissances. Et puis l'amitié, indestructible, celle qui commence dans l'enfance et doit durer toujours. Et l'amour, la rencontre de son âme sœur, son alter ego, le seul, l'unique. Quelle écriture envoûtante ! On saute, tels des funambules, d'une vie à l'autre en sachant qu'elles vont se rejoindre. Mais dans quel but.?.?.?
J'ai trouvé ce roman vertigineux et terrifiant par certains aspects mais aussi enchanteur. Alors que je n’étais suis pas sûre d'avoir compris la toute fin, après discussion avec d’autres lecteurs il s’est avéré que j’avais compris. C’est que c’était très subtil, et pourtant il y a des indices tout au long de l’histoire.

 

Citations :

Page 38 : À deux cents kilomètres au sud-ouest, une éruption de volcan vomit les îles de Moorea et de Tahiti. Le poids de ces masses terrestres brusquement apparues s’abattit comme le maillet d’un concours de force dans une fête foraine. Le fond de la mer se gonfla et souleva dans les airs l’atoll de Makatea.

Des centaines de mètres de squelettes de corail calcaire se désintégrèrent sous deux millions d’années de pluies tropicales. Mais les phosphates, eux, ne se dissolvaient pas dans l’eau. Au contraire, ils se concentrèrent en dépôts très denses, veinant cette colonne d’île rétrécie d’une substance dont les humains, à terme, finiraient par avoir besoin.

 

Page 56 : Elle se moquait du jugement des autres. Son léger mépris pour presque tous ses voisins humains en faisait la personne la plus discrète des Tuamotu. Tant que ses chers oiseaux chanteurs se portaient bien, tous les plus gros bipèdes pouvaient bien crever dans l’enfer qu’ils s’étaient créé.

 

Page 85 : « Votre fils a besoin de lunettes, dit Mlle Rapp à sa mère.

Qu’est-ce que vous racontez ? Il y voit parfaitement. »

Mlle Rapp inclina la tête, et la mère de Rafi se reprit.

« Pourquoi il ne m’a pas dit qu’il n’y voyait rien ? 

Qu’est-ce qu’il en savait ? Il n’a que ces yeux-là ! »

 

Page 102 : Il s’exprimait comme s’il avait soif de parler mais qu’il n’était pas sûr d’en avoir le droit. Un panache de magnifiques intuitions improvisées émanaient de lui, après quoi il se repliait sur son pupitre en essayant de se rendre invisible. Il écorchait certains mots — mais uniquement des mots érudits et précieux. Ce qui signifiait qu’il avait passé des années à lire sans avoir l’occasion d’en discuter avec les profs. Ce mec s’était frayé tout seul un chemin jusqu’ici.

 

Page 117 : C’était si simple, le bonheur. Il suffisait de s’arrêter et de regarder.

 

Page 128 : Ils embarquèrent donc, trente-huit au total, pour l’endroit le plus sauvage de la planète. Pendant six mois, des Philippines à la Malaisie puis à la Nouvelle-Guinée, le vaisseau scientifique Ione sillonna cinq millions de kilomètres carrés d’océan, longeant la plus mangrove du monde et flottant au dessus d’un tiers des poissons de la planète et de trois quarts de ses récifs coralliens en devenir.

 

Page 136 : « Quatre-vingt-dix pour cent de la biosphère se trouve sous l’eau !

Non, quatre-vingt-dix-neuf ! »

Aucun humain ne savait vraiment à quoi ressemblait la vie sur Terre. Comment l’auraient-ils pu ? Les humains vivaient sur la terre ferme, au royaume marginal des mutants égarés. Toutes les forêts, les savanes, les marais, les déserts, les prairies de tous les continents n’étaient que des post-scriptum, des annexes de la grande scène de la planète.

 

Page 210 : On allait à des conférences et on en ressortait mieux instruits de l’ampleur de notre vaste ignorance.

 

Page 288 : Nous autres humains sommes conçus pour rivaliser, pour cracher notre avis, pour rechercher le prestige et le flouze, pour regarder grandir notre fortune et notre cote, pour impressionner nos amis et terrasser nos ennemis. Ou peut-être simplement pour jouer.

 

Page 308 : Existait-il nation plus terriblement démocratique que ces quatre-vingt-deux insulaires, sur leur caillou grand comme une chiure d’oiseau ?

 

Page 310 : Manutahi Roa, magnat de l’énergie sur l’île et consultant technique tous azimuts, installa l’équipement électronique dans la maison du peuple pendant que tout le monde était à l’église. Il se définissait comme un communiste démocrate, au dédain inflexible quoique respectueux pour l’opium du peuple. Cet athéisme lui libérait ses dimanches matins et ajoutait quatre heures hebdomadaires à son temps disponible, ce qui le rendait, selon sa propre estimation, près de neuf pour cent plus productif que s’il avait été encombré par la foi.

 

Page 329 : Une idée m’apparut : les gens dans mon domaine parlaient toujours de « l’équivalence humaine » comme l’étalon-or pour mesurer l’intelligence d’une machine. Mais les humains les plus intelligents au monde cédaient leurs données gratis sans prendre la peine de lire le contrat. Les données, c’était la vie. Il y avait peu de choses au monde plus précieuses. Si céder ses données était le critère d’humanité, alors créer une intelligence artificielle généralisée allait peut-être se révéler plus facile qu’on ne le croyait.

 

Page 335 : L’ère des humains touchait à sa fin. On avait déjà passé l’an un de l’ère des machines intelligentes. Une nouvelle forme de vie était apparue qui allait prendre nos emplois, diriger notre économie, faire des découvertes à notre place, être notre amie et arranger nos sociétés à son idée. Et cette ère avait démarré en un clin d’œil, après la plus brève des enfances.

 

Page 377 : Elle avait vu s’étioler les zones si poissonneuses au large de Terre-Neuve, assisté à la disparition des crabes des neiges en mer de Béring, observé des chaluts étirés sur des kilomètres déracinant en un après-midi des cités de corail qui avaient mis dix mille ans à pousser, constaté que toutes les mers du monde s’acidifiaient, que la plupart des récifs blanchissaient, et que l’exploitation minière des nodules de manganèse allait arracher le cœur des fonds marins. Elle avait vécu assez longtemps pour voir des détritus dans la fosses des Mariannes, les lieux les plus reculés transformés en clubs de vacances, le Gulf Stream dévier de son cours, et la couche photique trop chaude bloquer les nutriments dans les couches inférieures, faute de pouvoir les brasser. Les neuf dixièmes des grandes formes de vie avaient disparu, et le reste était contaminé par les métaux lourds. La plus grande part de la planète était exsangue, avant même qu’on ait pu l’explorer.

 

 

 

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Mon avis : Le dernier des siens – Sibylle Grimbert

Publié le par Fanfan Do

Éditions J’ai Lu

 

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Quatrième de couverture :

1835. Gus, un jeune zoologiste, est envoyé par le musée d'Histoire naturelle de Lille pour étudier la faune du nord de l'Europe. Lors d'une traversée, il assiste au massacre d'une colonie de grands pingouins et sauve l'un d'eux. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp. Sans le savoir, Gus vient de récupérer celui qui sera le dernier spécimen sur terre de l'oiseau.

 

Au cours des quinze années suivantes, Gus et Prosp vont voyager des îles Féroé vers l'Islande.
Gus prend progressivement conscience qu'il est peut-être le témoin d'une chose inconcevable à l'époque : l'extinction d'une espèce. Alors qu'il a fondé une famille, il devient obsédé par le destin de son ami à plumes, au détriment de tout le reste. Mais il vit une expérience unique, à la portée métaphysique troublante : que veut dire aimer ce qui ne sera plus jamais ?


 

 

Mon avis :
Ouh là quelle entrée en matière ! Un massacre de pingouins… nous sommes malheureusement une espèce cruelle et destructrice.
1835, Eldey, petite île au sud-ouest de l'Islande. Gus, un jeune zoologue sauve un pingouin blessé et le ramène chez lui.

Alors que Gus à sauvé ce pingouin par pur intérêt professionnel, au fil des jour lui et l'animal s'observent et apprennent à s'apprivoiser. À vivre avec cet étrange oiseau, Gus en vient à s'interroger sur la condition animale qui à cette époque n'intéressait personne et à vrai dire n'était même pas un concept.

Rapidement on apprend que ces pingouins ont une valeur marchande énorme du fait de leur rareté. Mais alors pourquoi ce massacre du début de tous les individus et de leurs oeufs !?? C'est se tirer une balle dans le pied, ça ! de ce fait, la situation m'a généré une angoisse sur le devenir de ce pingouin là, qui a d'autant plus de valeur qu'il est le dernier et donc qui peut être convoité par des gens malveillants.

Gus et Prosp (le pingouin), deux solitudes qui s'unissent, s'observent, se découvrent, et finissent par avoir besoin l'un de l'autre.
À une époque où les animaux existaient essentiellement pour nous servir, cette belle histoire parle d'amitié inter espèce, d'ouverture d'esprit, de confiance et d'attachement.

Pour moi, cette lecture, ça a été comme d'observer deux créatures étranges : le Prosp et le Gus. J'ai eu souvent l'impression d'avoir sous les yeux deux animaux, l'un pingouin, l'autre humain, et les voir évoluer dans un environnement qui ne leur était pas familier, dans des circonstances inhabituelles, pour l'un comme pour l'autre, qui se recréent une famille à eux deux.

Une belle méditation sur le respect de la vie et sur la valeur qu'on accorde ou non à celle des animaux. Mais aussi une réflexion sur notre responsabilité dans l'éradication des espèces que beaucoup trop d'entre nous minimisent.
Et si ce roman racontait aussi la quête de l'eldorado des pingouins ? de leur Éden ? Car Prosp est seul, il ne connaît aucun pingouin. C'est bizarre ce que je dis ? Ce livre amène à se poser des questions singulières... Tour à tour révoltant, triste, intrigant, mignon, drôle, émouvant, attendrissant, toutes ces émotions m'ont habitée. Je me suis même demandé si cette histoire ne me faisait pas glisser dans l'anthropomorphisme, prêtant à Prosp des pensées qu'il n'a pas. Car bien sûr les pingouins ne pensent pas, du moins pas comme nous. Mais il m'est souvent apparu comme un petit garçon dans ses attitudes. Et je l'ai adoré ! le lien qui se crée au fil du temps entre Prosp et ce doux dingue de Gus est assez magique, et magnifique.

Des moments lyriques et éthérés, beaux comme du Mozart, quand l'autrice imagine les pensées de Prosp, qui ignore qu'il est un grand pingouin, une très belle écriture au service d'une histoire d'amour entre lui et sa famille d'humains, lui le dernier de son espèce dont Gus endosse la culpabilité car il est un homme et donc de ceux qui portent cette terrible responsabilité. Sibylle Grimbert met en parallèle l'essence même de ce que sont Prosp et Gus, dont les facultés essentielles ne sont absolument pas les mêmes, et ça rend ce qui les unit d'autant plus beau.
Je me suis surprise à rêver d'avoir la chance de connaître un Prosp. Oui mais voilà, il n'y en a plus. Les humains l'ont fait disparaître de la surface de la Terre.
À l'aube de la sixième extinction, ce roman est un bel hommage, rendu aux espèces disparues par notre faute.

 

Citations :

Page 21 : Le quatrième jour, il refusa de se nourrir.

Cet animal est buté, pensa Gus, il manque d’intelligence, de sens du futur, cet animal est stupide, voilà, il préfère mourir de faim que rester dans une cage. Gus lui en voulait. Un homme cesserait-il de manger parce qu’il est en prison ? Non, mais justement le pingouin n’avait pas de ressort dans l’adversité, il était défaitiste.

 

Page 59 : Gus le regardait avaler ses poissons, émettre des bruits de déglutition, des cris de réconfort, et il comprenait que sans lui , ce qui vivait, là, sur le sol, mourrait. L’impératif était rendu encore plus grand par leurs différences insurmontables, par le fait qu’ils ne se parleraient jamais, ne se comprendraient jamais, que la seule chose qui les unissait était une connaissance intuitive de la vie, qu’ils voulaient l’un et l’autre conserver.

 

Page 114 : Mais non, le dodo a été une exception, un accident ; les animaux ne disparaissent pas, pensa-t-il aussitôt. La terre n’est que profusion. Certes, jadis, les mammouths, les mégalonyx – cet énorme paresseux, de la taille du mastodonte – s’était éteints. Certes, les bêtes se transforment sans doute, les catastrophes les tuent ou, parfois, parce que les conditions autour d’elles changent, une espèce devient plus adroite et prolifère quand une autre s’amenuise. Mais, la nature, si bien huilée, si équilibrée, empêche la fin de ce qui n’est pas nuisible à l’homme. Et d’ailleurs, la terre est si vaste que, peut-être, quelque part au milieu du Pacifique, ou dans les pôles gelés, sont cachées les espèces que l’on pensait mortes.

 

Page 130 : À quoi ressemble le chagrin, la désolation et la honte chez un animal humilié, sans amis, sans avenir ? Prosp revint sur la plage, marcha seul, penché en avant, à l’horizontal presque, le bec bas. Il gravit un rocher à l’extrémité opposée de celui dont il avait été chassé, puis il descendit sur une corniche. La mer était basse, le crépuscule tombait. Il s’aplatit ou se coucha et ne bougea plus.

 

Page 165 : Soudain, Gus remarqua qu’il n’avait jamais entendu parler d’un pingouin, petit ou grand, d’une sole non plus,morts de leur belle mort.

 

Page 177 : Aussi Gus continua-t-il d’essayer de croire que des Prosp vivaient encore, mais il n’était pas idiot. Il savait compter, un pingouin par-ci, un autre par-là, mettons : deux pingouins en train de forniquer, cela ne faisait pas une population, cela faisait juste les derniers, donc la reproduction ne comblerait jamais la raréfaction, laquelle, irrévocablement, mènerait à leur disparition.

 

Page 190 : Comment était-ce possible ? Les baleines, les phoques vivaient toujours ; ailleurs, en Afrique, il y avait des rhinocéros gros et sans doute stupides, dont on aurait fait de bons ragoûts et qui se pavanaient tranquillement ; en Australie, un animal incroyable, une farce de la nature, un castor avec un bec de canard, qui, plus extraordinaire encore, pondait des œufs alors que c’était un mammifère et qu’il allaitait. Pourtant cet animal absurde, pas même beau, vivait, quand l’espèce de Prosp, inoffensive, drôle, gracieuse dans l’eau, avait disparu. Où était la justice, sans parler de l’harmonie du monde ?

 

Page 212 : Gus regardait les océans, immense surface plane d’où on avait aspiré les baleines en dessous de ciels vidés de leurs sternes.

 

 

 

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Mon avis : Les grandes marées – Jim Lynch

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Jean Esch

 

Éditions Gallmeister - Totem

 

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Quatrième de couverture :

Une nuit, Miles O'Malley, treize ans, se faufile hors de chez lui pour aller explorer les étendues du Puget Sound à marée basse. Il fait une découverte qui lui vaut une célébrité locale. Certains se demandent quand même si cet adolescent imaginatif n'est pas un affabulateur ou... peut-être même davantage ? En fait, Miles est surtout un gosse qui s'apprête à grandir, passionné par l'océan, amouraché de la fille d'à côté et inquiet à l'idée que ses parents divorcent. Alors que la mer continue à abandonner des présents issus de ses profondeurs mystérieuses, Miles se débat avec la difficulté d'entrer dans le monde des adultes.

 

 

Mon avis :
Ce livre est comme un doux retour à l'enfance, avec la mer comme personnage principal. Et pour moi, la mer, les crabes, les coquillages et les étoiles de mer, c'est le souvenir des vacances de mon enfance en famille. Sauf que là, on apprend beaucoup de choses un peu flippantes sur la faune aquatique. Un gastéropode carnassier, des crabes enragés… et là, ce n'était que le début. Des choses marrantes, comme par exemple que les bernacles ont des bites (sic) gigantesques et que le bernard-l'ermite à des petites ventouses au cul.
J'ai entendu le bruit du ressac, les bernacles qui claquent leurs portes, les cris des goélands, j'ai senti l'odeur de la mer. J'étais dans l'ambiance dès les premières lignes.

Miles O'Malley a treize ans, vit au bord du Pacifique Nord dans l'état de Washington et voue une immense passion à l'océan et la vie qui l'habite. Il est incollable sur les phylums, les hydroïdes, les mollusques, les crustacés, concombres de mer, dollars de sable, soleils de mer, toute la faune marine en fait. Il aime parcourir la grève, seul la nuit quand la marée est basse. Après chaque grande marée c'est un peu comme la découverte de nouveaux trésors laissés par la mer pour Miles. Une nuit il découvre une créature marine échouée et voilà qu'une journaliste télé vient s'intéresser à lui…

Miles, adolescent intello, est paradoxalement amis avec Phelps, fan de rock des années 60-70, à priori assez primaire et obsédé sexuel comme souvent à cet âge. C'est néanmoins une très belle amitié qui les lie. Évidemment, Miles est aussi ami avec des adultes un peu farfelus.

La mer avec environ quatre-vingt pour cent de la vie sur Terre qui s'y trouve, deux ados dissemblables, drôles et passionnés, des parents dépassés, un juge et sa fille rockeuse-toxico-bipolaire, une vieille excentrique, des naturistes, des journalistes, une secte, de l'humour, font de cette œuvre un vrai bonheur de lecture.

Ce roman est à ce point magique qu'il vous instruit autant qu'il vous emmène dans la joyeuse danse de la vie, teinté d'humour et d'une ironie réjouissante envers les adultes et la société, qui m'a ravie au plus haut point. D'ailleurs, Jim Lynch donne parfaitement voix au narrateur, cet enfant de treize ans, comme s'il n'avait pas oublié lui-même ce que c'est qu'être un enfant. Car hélas, la plupart des adultes oublient ce qu'ils ont été, se croyant peut-être nés adultes et aigris, rigides et sans grand enthousiasme pour les choses simples, ni rêves ou fantaisie.
L'auteur met tant de phrases réjouissantes dans la bouche de Miles : "Les aigles donnent l'impression que les autres oiseaux sont mal habillés." Sans doute Jim Lynch est-il un peu Miles, ou inversement.

J'ai adoré Miles, enfant surdoué et altruiste, et son regard sur le monde mais aussi tous ceux qui gravitent autour. C'est un roman jubilatoire, un pur plaisir. Et j'ai mis beaucoup de temps à le lire à cause de toutes les créatures énumérées que j'ai voulu voir de mes yeux en allant les chercher sur internet. C'est ébouriffant toute cette vie qui pullule dans les océans, que l'auteur partage avec nous à travers ses personnages attachants. La mer fascine autant qu'elle effraie. Elle est immense et on ne connaît pas encore tout d'elle. Ce roman m'a mis des étoiles (de mer) dans la tête, m'a fait rêver, m'a éblouie.

 

Citations :

Page 15 : La plupart des gens savent que la mer couvre les deux tiers de la planète. Par contre, rares sont ceux qui prennent le temps d’apprendre à la connaître, ne serait-ce qu’un minimum. Regardez ce qui se passe quand vous essayez d’expliquer une chose aussi élémentaire que les marées, en disant que le phénomène d’aspiration de la Lune et du Soleil crée à la surface de l’océan un renflement qui se transforme en une vague sournoise mais puissante, laquelle recouvre nos plages salées deux fois par jour. Les gens vous dévisagent comme si vous inventiez tout ça au fur et à mesure. Pourtant, les marées, cela n’a rien d’exceptionnel. Elles ne surviennent pas à l’improviste comme les inondations, elles ne débordent pas comme les rivières. Elles se produisent sans qu’on y prête trop attention.

 

Page 26 : Je pouvais parler des phylums, des hydroïdes, des mollusques et des crustacés aussi facilement que la plupart des jeunes discutent des groupes de rock ou des films. Sauf que personne de mon âge n’avait envie de m’écouter. Mes parents y compris. Alors, ça bouillonnait en moi tel un langage secret, et quand ça sortait, les gens me regardaient en écarquillant les yeux. Comme si je m’exprimais en portugais tout à coup.

 

Page 50 : Vous avez devant vous le prochain Jacques Cousteau. Cette déclaration semblait aussi irréfutable qu’un arrêt de la cour, et tout le monde s’émerveilla. Les adultes sont toujours plus fascinés par ce que vous pouvez devenir que par ce que vous êtes.

 

Page 92 : Les aigles donnent l'impression que les autres oiseaux sont mal habillés.

 

Page 151 : Je leur montrai la vie qui se superpose à la vie, les bernacles et les berniques collées sur des huîtres, elles-mêmes accrochées les unes aux autres, et montées sur le dos de coquilles plus grosses, avec des bernacles par dessus tout ça, comme s’il y avait eu une soirée Super Glue la veille.

 

Page 174 : Pour les garçons, un avortement c’est comme se faire arracher une dent, reprit-elle soudain avec cette voix éraillée. Et ce n’est même pas leur dent à eux. Même s’ils sont présents, ce n’est toujours pas leur problème.

 

 

 

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Mon avis : La véritable histoire de Gaya Sharpe – Anne Steiger

Publié le par Fanfan Do

Éditions Exergue

 

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Quatrième de couverture :

« Deux années se sont écoulées depuis l'extraordinaire coup de massue que le monde a reçu sur la tête. Ce fameux jour, l'irréversible et terrible processus s'est enclenché sur toute la surface du globe. Pendant un temps, la Terre a semblé continuer de tourner comme si de rien n'était, et puis, neuf mois plus tard, le dernier enfant naissait dans une banlieue du Caire, le tout dernier humain. À fleur de peau, l'humanité est impatiente d'entendre la véritable histoire de celle qu'elle considère comme l'unique responsable de cette extinction de masse : ma fille. [...]
Les faits sont incroyables, surnaturels et fantastiques, mais ils font partie de notre réalité désormais. Puisse l'histoire de Gaya nous aider à briller. Puisse l'espoir qu'elle a placé en nous se concrétiser. Puisse l'Homme renaître un jour. »

 

 

Mon avis :
Dès les premières lignes cette histoire m'a parlé, moi qui voudrais tant qu'on arrête de maltraiter tout ce qui vit, qu'on respecte un bovin autant qu'on respecte son chat ou son chien. On ne devrait pas manger de veau ou d'agneau car on ne devrait pas tuer des bébés, fussent-ils animaux. On devrait respecter tout ce qui vit sur terre car nous sommes tous interdépendants, animaux ou végétaux. Mais je m'emballe ! Gaya se préoccupe essentiellement des mouches, des moustiques et des vers de terre… Il faut tout réinventer, pour nous sauver. C'est ce que nous dit Louis Sharpe, père de Gaya, car elle lui a dit qu'il fallait tout réinventer pour nous sauver. Et il décide de nous raconter l'histoire de sa fille, car tout le monde en parle et croit la connaître sans savoir réellement qui elle est.

Quelle belle écriture qui nous raconte la mort et les ombres de l'au-delà, la douleur, mais aussi la vie, plus forte que tout et surtout l'amour ! Car Gaya est née puis morte pendant 71 minutes, puis née de nouveau, en échange d'une autre vie. Alors un deuil insurmontable a commencé, une noyade, une descente aux enfers, un combat pour la vie malgré l'envie de s'abstraire de la vie elle-même.

Que de douleurs, de peurs, de peines, de doutes. Gaya souffre, de troubles neurologiques, physiques, et peut-être aussi mentaux. Ce qui fait souffrir son père, qui se trouve face à des questionnements et des choix tragiques.
C'est une lecture éprouvante, du moins au début car pour ma part je me suis demandée "Que ferais-je si c'était mon enfant ? Quelle décision?..." car le choix offert à Louis Sharpe pour sauver sa fille, c'est la peste ou le choléra.

Le temps passe, envoûtant, des choses se produisent et certaines m'ont fait rire… petit bout de fille qui prononce ses premiers mots… fille spirituelle de Gilles de la Tourette. Après des pages d'angoisses c'était délectable, un vrai festival !
On assiste peu à peu à l'éclosion d'une petite personne totalement ébouriffante, un petit lutin tantôt redoutable, tantôt magique, toujours imprévisible.

Gaya, attardée puis géniale, atone puis caractérielle… Sauveuse de l'humanité ? Gamine attendrissante, époustouflante, exaspérante, stupéfiante, elle nous fait passer par tous les sentiments, par des très hauts et des très bas, nous soufflant constamment le chaud et le froid.
Ce roman est totalement sidérant, étourdissant, renversant ! Passionnant de bout en bout… extraordinaire et inclassable !

Je m'attendais à aimer ce roman, il a largement dépassé mes attentes ! Il m'a subjuguée, fascinée, prise par le cœur.
J'ai aimé l'écriture, j'ai aimé les personnages secondaires, j'ai aimé Gaya passionnément, j'ai aimé son père infiniment, ce pauvre papa tellement cool et pas prêt à ce qui l'attend, qui se débrouille si bien au pied du mur, j'ai adoré cette histoire incroyable et si belle, avec des moments réjouissants, qui m'a fait vibrer du début à la fin et m'a amenée à m'interroger sur la possibilité de l'au-delà et me demander si j'aimerais qu'il y en ait un… On voudrait rencontrer tout le temps des romans d'une telle puissance ! Merci du fond du cœur 
Anne Steiger pour ce conte magnifique… Grâce à lui je suis allée moi aussi faire un petit tour au Pays des Lumières, via une passerelle entre ici et là bas, que vous avez créée pour le plus grand bonheur de la lectrice que je suis et vous m'avez apporté du rêve.

Avec cette ode écolo à la vie, à l'amour, à la nature, l'autrice a réussi à toucher le cœur d'enfant niché en chacun de nous, qui survit, juste sous la surface.
Tragique, jubilatoire, émouvante, magique, cruelle, éblouissante… je pourrais encore trouver de nombreux adjectifs tant cette histoire est pleine de tout ! J'ai même l'impression que Gaya existe… Ah mais oui ! Elle existe, je viens juste de lire son histoire.
Lisez ce roman, vous en sortirez rempli(e) de tant de positif car moi, il m'a bouleversée jusqu'au mot fin… et au-delà, j'en suis sûre.

 

Citations :

Page 18 : « C’est cela l’éternité, dit Lili à notre bébé bleu, un temps qui n’en finit pas quand on est mort. Peut-être reviendras-tu sous la forme de quelqu’un d’autre ? Ou moi ? Toi aussi tu as choisi l’horticulture ? » Le cœur en miettes, Lili délirait sous l’effet des drogues.

 

Page 30 : Arrivé à la maison, je lui donnais un biberon et l’enveloppais de coton dans son nouveau berceau sur lequel sa conne de fée, cette incapable qui avait présidé à sa naissance, se pencha peut-être une dernière fois avant de repartir, je l’espérais, couverte de honte et de culpabilité.

 

Page 158 : Je regardais ma fille comme une parfaite étrangère, comme si je venais de rencontrer un petit génie sauvage au détour d’un chemin de promenade.

 

Page 161 : Je n’oublierai jamais cette scène. Ma petite fille, assise en tailleur sur son lit, dans un dialogue joyeux avec l’invisible.

 

Page 181 : La mort ne voulait rien dire. Elle n’existait pas. On passait d’un état à un autre, c’était tout. On quittait une boite, ce corps, mais ce qu’on était, on l’emmenait avec soi et le meilleur de nous continuait de vivre.

 

Page 203 : Et puis je repensai à Gaya à trois ans, sur son tricycle, le bas de salopette glissé dans ses bottes de boue, pleurant la perte de son zizi, rêvant de s’en griller une et de casser la gueule aux méchants.

 

Page 228 : Il faut apprendre à marcher légèrement sur la Terre, discerner le nécessaire du superflu, passer de la peur du manque à l’abondance de l’être.

 

 

 

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Mon avis : Bonobo Jeong You-jeong

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Lim Yeong-hee et Mathilde Colo

 

Éditions Picquier

 

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Quatrième de couverture :

Jin-yi consacre sa vie à l’étude des primates. Un soir, elle participe au sauvetage d’une bonobo échappée d’une villa en flammes et, alors qu’elle la tient sur ses genoux dans la voiture qui les ramène au Centre d’étude des primates, un accident la projette à travers le pare-brise et une étrange fusion s’opère : tandis que son corps est emmené à l’hôpital, entre la vie et la mort, l’esprit de Jin-yi se réfugie dans le corps de la petite bonobo. Ainsi commence une fascinante coexistence entre ces deux êtres.
La romancière livre un récit captivant qui nous tient en haleine du début à la fin. Mais la vraie originalité de son roman est de déplacer les frontières entre humain et animal en nous faisant pénétrer dans l’univers et la sensibilité des bonobos.
Un dialogue bouleversant sur le désir de vivre et la mort, sur les liens plus justes que nous voulons établir avec les autres êtres vivants ainsi qu’avec nous-mêmes.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Il y a une petite touche de fantastique, ce que j’aime beaucoup, et puis l’idée qu’un humain puisse se retrouver dans la peau d’un animal me paraissait propice à la dénonciation de ce que nous faisons subir aux animaux.

 

Mon avis :
Le jour où j'ai eu connaissance du résumé de ce roman, j'ai eu envie de le lire. Bien m'en a pris ! Entre communion avec les grands singes et fascination pour eux qui sont génétiquement à un poil de nous, tout était là pour me plaire dans cette histoire.
Et que dire de cette couverture magnifique et mystérieuse, comme une fenêtre ouverte sur une jungle pure et vierge de nos méfaits ? Hélas, nous avons mis nos sales pattes partout où c'est possible, il n'existe sur terre aucun sanctuaire inviolable.

Les chapitres alternent entre 
Jin-yi la soigneuse, et Minju le SDF.
Elle consacre sa vie à l'étude des primates et à la communication avec eux.
Lui est une espèce de boulet pour sa famille qui se demande ce qu'elle va bien pouvoir en faire. À trente ans il a multiplié les cursus universitaires, ne travaille pas et vit toujours chez ses parents qui en ont assez et le mettent dehors.

J'ai adoré ce roman pour un tas de raisons.
▪️Il y a un message écolo qui nous parle de notre responsabilité envers la faune, la honte que sont les trafics d'animaux sauvages enfermés dans des cages pour le plaisir de quelques abrutis.
▪️Les personnages sont extrêmement attachants et souvent très drôles.
▪️Le triangle totalement improbable qui se crée entre 
Jin-yi "la gentille soigneuse" dont l'esprit à intégré le corps d'une bonobo, Minju le nihiliste suicidaire et Jin la bonobo entrée illégalement en Corée, donne lieu à des moments complètement délirants mais aussi des réflexions profondes sur la vie, la mort, le libre arbitre.
▪️Les bribes de la vie de Jin, vu de l'intérieur par 
Jin-yi qui a accès à ses souvenirs, nous font découvrir la vie sociale des bonobos, leurs comportements, leurs sentiments, leurs tragédies. C'est très émouvant.

La rencontre entre Minju et 
Jin-yi en miss bonobo est totalement désopilante et m'a énormément amusée avec ma pensée cartoonesque. D'ailleurs, la cohabitation entre Jin-yi et Jin dans ce petit corps simiesque donne aussi lieu à des scènes assez amusantes et des retournements de situations inattendues et délirantes.

Alors que le fond de l'histoire est plutôt violent et sombre, trafics d'animaux sauvages, grave accident de la route, une femme entre la vie et la mort, un homme suicidaire, j'ai pourtant ressenti beaucoup de douceur dans ce récit. Tout est très visuel et je me suis sentie transportée là bas. J'y ai trouvé aussi une infinie poésie et beaucoup d'amour et d'humour. L'écriture est fluide et on se laisse emporter comme un bouchon sur l'eau.
Et finalement je me suis demandé qui étaient les bêtes : les 
bonobos ou nous les primates sans poils, faibles, gringalet, destructeurs et adeptes du conflit sous toutes ses formes.

Je suis tombée en amour pour les trois personnages de ce roman et c'est un énorme coup de coeur ! Il m'a fait passer par tout un tas d'émotions, de la colère à l'amusement en passant par l'attendrissement et le chagrin, en plus de l'intérêt de tout ce qu'on apprend sur nos cousins 
bonobos, car il est très bien documenté.
Une chose est sûre, il vient d'entrer dans ma liste des livres à offrir à ceux qu'on aime !

 

Citations :

Page 52 : Le pire qui peut arriver dans la vie, ce n’est pas la mort, mais c’est de ne pas trouver de raison de vivre.

 

Page 151 : Je ne sais pas grand-chose au sujet des bonobos, mais j’ai entendu dire qu’ils sont différents des chimpanzés et qu’ils sont aussi bruyants que des humains, sauf qu’eux ils font leur grand remue-ménage au milieu de la jungle et non pas en plein cœur de la ville, c’est la seule différence.

 

Page 196 : Les bonobos connaissent la tempête de l’adolescence, tout comme les humains. C’est la période où les femelles se préparent à prendre leur indépendance. Si les fils restent toute leur vie auprès de leur mère, les filles, elles, doivent quitter le clan où elles sont nées quand elles sont capables de se reproduire, et intégrer un nouveau groupe.

D’après Ryu Wamba, cet éloignement des jeunes femelles est une coutume nécessaire pour éviter l’inceste.

 

Page 301 : Les animaux sauvages supportent mal ces conditions de vie restrictive pendant un aussi long voyage et ne sont pas habitués à vivre hors de leur jungle. Les trafiquants prévoient donc une grosse marge de pertes et organisent en général le transport de plus d’une dizaine d’individus. Cela revient à dire que neuf bonobos doivent être sacrifiés pour qu’un seul parvienne à son acheteur.

 

Page 346 : « Tu ne vois pas qu’elle pleure ? Tu n’entends pas ses cris de douleur ? Sa tristesse ne te touche donc pas ? »

Je ne savais pas que ne rien faire pouvait être aussi cruel.

 

Page 355 : J’oublie un moment la douleur dans ma gorge. Je me sens tellement misérable que je n’ose même pas dire à Jin combien je suis désolée. J’ai honte d’être une représentante du genre homo sapiens, ces êtres soi-disant civilisés qui ont arraché Jin à sa jungle, l’ont expédiée à l’autre bout de la planète et la brutalisent parce qu’elle n’arrive pas à bien les imiter.

 

Page 386 : Une fois passé le court moment qui m’est accordé sur cette terre, viendra l’éternité où je n’existerai plus. Je dois donc vivre jusqu’à ce que mon temps prenne fin.

 

 

 

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Mon avis : Le monde du bout du monde – Luis Sepulveda

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Françoise Maspero

 

Éditions Points

 

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Quatrième de couverture :

Un garçon de seize ans lit Moby Dick et part chasser la baleine. Un baleinier industriel japonais fait un étrange naufrage à l'extrême sud de la Patagonie. Un journaliste chilien exilé à Hambourg mène l'enquête et ce retour sur les lieux de son adolescence lui fait rencontrer des personnages simples et hors du commun, tous amoureux de l'Antarctique et de ses paysages sauvages. Il nous entraîne derrière l'inoubliable capitaine Nilssen, fils d'un marin danois et d'une Indienne Ona, parmi les récifs du Cap Horn, sur une mer hantée par les légendes des pirates et des Indiens disparus, vers des baleines redevenues mythiques.

 

 

Mon avis :
Dès les premières lignes j'ai replongé dans mon enfance et mes rêves d'aventures. Je rêvais d'être pirate, marin au long cours, j'étais fascinée par Queequeg, et Gregory Peck en capitaine Achab, et pourtant l'idée de la chasse à la baleine me fait horreur. La chasse tout court d'ailleurs. Je rêvais de parcourir les océans, tout comme le héros du roman.
Mais au fait !.. c'est pas très écolo ça, la chasse à la baleine ! Oui, parce que la première partie se passe, entre autre, sur un baleinier où un jeune chilien de seize ans s'est embarqué.

Dans la deuxième partie, le jeune chilien est devenu journaliste et vit à Hambourg depuis de nombreuses années. Il nous parle de Greenpeace, Comunidad ou 
Robin Wood, organisations écologistes qui se battent pour le respect de l'environnement, et dans cette histoire, pour le respect de l'interdiction de la chasse à la baleine, que les japonais souhaitent bafouer à grande échelle. Et encore, s'il n'y avait que les japonais…

Ce court roman dénonce le cynisme des pays riches, qui cherche le profit à tout prix en bafouant la vie et la pérennité des espèces à coup de pots de vin pour contourner les lois et poursuivre leurs entreprises mortifères. C'est écoeurant, désolant, révoltant. D'autant que la vie humaine n'a pas plus de valeur, face à cette course au profit, que la vie animale.

Ce roman dénonce des choses inadmissibles, comme l'autorisation pour les japonais de tuer une cinquantaine de baleines bleues, soit disant dans un but scientifique, ou encore la destruction de forêts primaires pour l'industrie du papier… au Japon.

Heureusement qu'il y a des gens pour se battre en faveur le l'écologie. Hélas, face au fric, on a l'impression que ça revient à vider l'océan à la petite cuillère…

Il y a dans ces pages le souffle de l'aventure et ce qui m'a sauté aux yeux, c'est la beauté du monde. Car à part les pilleurs de la Terre et des océans, il est aussi beaucoup questions des légendes de marins des mers australes et des autochtones.
C'est mon deuxième roman de 
Luis Sepúlveda, et décidément j'aime énormément !
 

Citations :

Page 14 : Quand j’avais lu pour la première fois le livre de Chatwin, j’avais été pris de la nostalgie du retour, mais la Patagonie était trop loin des simples désirs, et les distances ne font souffrir que lorsqu’elles sont associées à des souvenirs.

 

Page 44 : De notre discussion est née l’idée de créer une agence d’information alternative, axée fondamentalement sur les problèmes qui portent préjudice à l’environnement écologique, et de répondre aux mensonges employés par les nations riches pour justifier le pillage des pays pauvres.

 

Page 55 : Le vieux Rainbow Warrior avait livré bien des batailles pacifiques dans les mers du Sud, mettant à nu l’irrationalité des essais nucléaires français sur l’atoll du Mururoa, et il avait succombé, victime d’un odieux acte de terrorisme approuvé par le gouvernement français.

 

Page 75 : Après une longue, difficile et douloureuse période, l’exil transformé en une sorte de séjour d’études nous a permis de comprendre que la lutte contre les ennemis de l’humanité se livre sur toute la planète, qu’elle ne demande ni héros ni messies, et qu’elle fait partie de la défense du plus fondamental des droits : le Droit à la Vie.

 

Page 84 : La souveraineté est un mouchoir inventé par les militaires pour essuyer leur morve.

 

 

 

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Mon avis : Membrane – Chi Ta-Wei

Publié le par Fanfan Do

Éditions Le Livre de Poche

 

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Quatrième de couverture :

Momo, une jeune esthéticienne réputée vrais solitaire et marginale, vit dans une ville sous-marine d’un monde futur à l’écologie bouleversée. Ayant contracté enfant un virus d’un genre nouveau, il semble qu’elle ait subi de multiples transplantations d’organes artificiels. Dans ce monde où les corps, les identités et les sexes se métamorphosent et se réinventent, les humains sont-ils encore maîtres de leur mémoire et de leur avenir ? Quel est le véritable passé de Momo ? Les prodigieuses : membranes dont elle fait usage dans sa clinique auraient-elles une fonction insoupçonnée ?

 

Préparez-vous à plonger dans un univers alternatif, une bulle entre réalité et imaginaire, un voyage de science-fiction philosophique et social qui mérite son statut de précurseur.

ActuSF.

 

Un roman transgressif intelligent, riche en rebondissements et empreint d’une grande sensualité. Une découverte.

Bifrost.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Je suis toujours très curieuse de voir ce que donne la science-fiction asiatique.

 

Mon avis :
Ce roman taïwanais écrit en 1996, où internet commençait à peine à entrer dans les foyers, nous raconte un XXIÈME siècle étonnant, où 90% de la population est partie vivre sous les océans pour échapper à la pollution et au rayonnement mortifère du soleil. La surface n'a plus qu'un usage purement utilitaire. Les industries polluantes nécessaires à l'humanité et pilotées par des androïdes ainsi que les prisons y sont restées.

Cet étrange et court roman à l'ambiance feutrée, nous amène à découvrir doucement Momo, esthéticienne talentueuse et créative, et son passé insolite, dans un monde où le transhumanisme est de rigueur, accepté, banal.
L'auteur soulève les questions de genre et de transidentité, mais aussi de pollution et de la place de l'humain dans ce monde de demain, et laisse planer un mystère concernant Momo, qui s'éclaircira au fil des pages.
C'est assez visionnaire sur ce que l'avenir réserve dans bien des domaines.

Ce que j'ai aimé, c'est que ça m'a fait rêver… pas de ce que je souhaite pour l'avenir ! Non, mais d'ici et ailleurs en même temps.
Hélas on découvre peu à peu un avenir qui laisse espérer des progrès essentiels pour la vie humaine, mais aussi un aspect assez cauchemardesque.
Je me suis laissée emporter dans cette histoire où l'humanité joue avec les corps, la mémoire et l'esprit.

L'avant-propos de l'auteur ainsi que la postface du traducteur sont très éclairants quant au contenu de l'histoire de Momo et du monde tel qu'il est décrit.

 

Citations :

Page 46 : Même si, dans leur lutte pour s’approprier les plateaux continentaux et les fosses sous-marines, les grandes puissances de ce monde n’avaient pu se résoudre à abandonner leurs grandes réalisations de la surface, toutes les œuvres terrestres connurent le même destin que celui de la Grande Muraille de Chine : ces dispositifs colossaux d’oppression des peuples devinrent de simples attractions touristiques ! Leur majesté absurde n’était plus que le symbole narquois d’une gloire révolue.

 

Page 111 : C’est si ennuyeux de vivre sous une membrane de cire, pensait Momo, si seulement je pouvais passer à travers la surface de l’eau, retourner sur ce continent originel, respirer un autre air que celui des climatiseurs d’ici et voir cette étoile tristement célèbre qu’est le soleil.

 

 

 

 

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Mon avis : La machine à explorer le temps – Herbert George Wells

Publié le par Fanfan Do

Édition Folio SF

 

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Quatrième de couverture :

La Terre en l'an 802.701 avait pourtant toutes les apparences d'un paradis. Les apparences seulement. Car derrière ces jardins magnifiques, ces bosquets somptueux, cet éternel été où les hommes devenus oisifs n'ont à se préoccuper de rien, se cache un horrible secret. Ainsi témoigne l'explorateur du temps face à des auditeurs incrédules. Depuis la conception de son incroyable machine jusqu'à son voyage au bout de l'Histoire, là où l'humanité s'est scindée en deux. D'un côté les Éloïms, qui vivent en surface, petits êtres gracieux, doux et décérébrés. De l'autre les terribles Morlocks qui ont fui la lumière pour s'enterrer dans un gigantesque et inhospitalier monde souterrain. Un monde où l'Explorateur du Temps devra s'aventurer s'il souhaite répondre à ses questions, et surtout revenir à son époque.
Inutile d'insister sur le fait qu'il s'agit d'un chef-d'œuvre. Wells demeure avec Jules Verne le grand ancêtre de la science-fiction, celui qui lui a donné ses lettres de noblesse, avec des œuvres aussi importantes que "L'Île du Docteur Moreau", "L'Homme invisible" ou "La Guerre des mondes". Un grand classique, précurseurs dans bien des domaines, qui reste indépassable. À lire ou à relire.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Aussi loin que je me rappelle, cette histoire m'a toujours fascinée. Je crois en avoir vu deux adaptations à la télé, mais bizarrement je ne l'avais jamais lue.

 

Mon avis :
J'aurais bien dû me douter que le style allait me paraître désuet. J'avais déjà eu cette sensation en lisant H.P 
Lovecraft. Des mots et tournures de phrases d'un autre temps et un style majoritairement narratif. En même temps le livre a été publié en 1875.

De longues pages de descriptions des années 800 000 ainsi que la comparaison avec l'époque du narrateur, tant sur le modèle de civilisation que sur l'humanité du futur m'ont parues interminables. Heureusement que c'est un roman court, 162 pages.

Finalement, environ à la moitié, Ô joie ! Adieu descriptions, bonjour action ! J'ai beaucoup aimé jusqu'à la fin parce qu'il se passait enfin quelque chose dans ce futur très lointain où l'humanité a pris une trajectoire inattendue.
Et je dois dire que la toute fin m'a laissée rêveuse.

 

 

 

 

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Mon avis : Le vieux qui lisait des romans d’amour – Luis Sepulveda

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’espagnol par François Maspero

Éditions Points

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Quatrième de couverture :

Antonio José Bolivar connaît les profondeurs de la forêt amazonienne et ses habitants, le noble peuple des Shuars. Lorsque les villageois d'El Idilio les accusent à tort du meurtre d'un chasseur blanc, le vieil homme quitte ses romans d’amour – seule échappatoire à la barbarie des hommes – pour chasser le vrai coupable, une panthère majestueuse…

Luis Sepulveda est né au Chili en 1949. Best-sellers mondiaux, ses romans traduits dans le monde entier sont disponibles en Points.

« Il ne lui faut pas vingt lignes pour qu’on tombe sous le charme de cette feinte candeur, de cette fausse légèreté, de cette innocence rusée. Ensuite, on file sans pouvoir s’arrêter jusqu’à une fin que notre plaisir juge trop rapide. »

Pierre Lepape, Le Monde

Mon avis :

J'ai trouvé en ce livre une étrange ode à la nature tropicale, belle et terrifiante à la fois.
On comprend rapidement que dans de tels endroits du monde, il faut apprendre à vivre en harmonie avec ce milieu et bien le connaître si on veut survivre.

Ce roman est plein de poésie, il donne le sentiment d'une communion de l'Homme avec la terre nourricière et les étoiles, comme si nous faisions partie d'un grand tout, en totale union avec l'univers.
Je me suis laissé envoûter par ces descriptions.
Antonio José Bolivar Proaño dit le vieux, natif de la ville et parti vivre au bord de la jungle, a tout appris au contact des Shuars, peuple qui vit en osmose avec la forêt.

Il y a quelques dialogues hilarants, notamment pendant la chasse au fauve mais aussi une sagesse infinie et l'humilité qui convient face à la nature sauvage.

J'ai trouvé ce roman magnifique et totalement envoûtant, mais aussi déchirant quand on pense à la destruction lente mais inéluctable que l'Homme opère dans ces endroits sauvages, par pure bêtise et absolue cupidité.

 

Citations :

Page 41 : Antonio José Bolivar qui ne pensait jamais au mot liberté jouissait dans la forêt d’une liberté infinie. Il tentait de revenir à ses projets de vengeance, mais il ne pouvait s’empêcher d’aimer ce monde, si bien qu’il finit par tout oublier, séduit par ces espaces sans limites et sans maîtres.

 

Page 47 : C’était de l’amour pur, sans autre finalité que l’amour pour l’amour. Sans possession et sans jalousie.

 

Page 54 : Antonio José Bolivar essayait de mettre des limites à l’action des colons qui détruisaient la forêt pour édifier cette œuvre maîtresse de l’homme civilisé : le désert.

 

Page 110 : Tu es le chasseur des blancs, tu as un fusil, tu violes la mort en l’entourant de douleur.

 

 

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Mon avis : Dune Tome 1 - Frank Herbert

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Michel Demuth

 

Éditions Robert Laffont – AILLEURS & DEMAIN

 

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Quatrième de couverture :

Car Dune produit l'Épice, drogue miracle, source de longévité et de prescience. Voici l'épopée prodigieuse de Paul Atréides, connu comme prophète sous le nom de Paul Muad'Dib, seigneur d'Arrakis et empereur appelé à devenir le messie de Dune.
Avec le cycle de Dune, Frank Herbert a brossé une fresque immense, digne, par l'intensité dramatique et le foisonnement des personnages, des plus grands chefs-d'oeuvre du roman historique classique.
On y perçoit aussi le bruit et la fureur des drames shakespeariens. Mais cette fresque ne se situe pas dans le passé. Elle se déploie dans l'avenir. Un avenir où les hommes naviguent entre les étoiles et peuplent un milliard de mondes. Parmi ces mondes, Dune, planète désertique où l'eau est plus précieuse que l'or et pour laquelle se battent les deux grandes familles des Atréides et des Harkonnen.

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

C’est Lea Touch Book, admin du groupe FB Picabo River Book Club qui a su me donner envie de lire ce livre que j’évitais.

 

Mon avis :

J'ai été quelque peu déstabilisée au départ par tous les termes inconnus qui renvoient au Lexique de l'Imperium en fin d'ouvrage. Mais rapidement j'ai été prise dans l'histoire et au bout de trente pages je n'y pensais plus.
Et puis je suis allée voir le film au cinéma, chose que je ne fais jamais pendant une lecture mais qui m'a aidée finalement à situer les différents éléments.

L'eau, cette denrée essentielle à la vie sur Arrakis, dont il ne faut en aucun cas gaspiller la moindre goutte et qui donne à ce roman des vrais relents d'écologie… dans ce monde aride, on prend vraiment conscience de sa valeur.

Que dire à part que j'ai trouvé l'histoire passionnante, haletante, profonde et incroyablement addictive.
C'est l'éternel recommencement des luttes de pouvoir, des religions qui servent à asservir, comme si tous les peuples devaient être indéfiniment coincés dans le même schéma immuable.
C'est peut-être que les hommes et les civilisations se suivent et se ressemblent.

J'ai aimé être régulièrement invitée dans les pensées des différents protagonistes, j'ai trouvé ça très éclairant quant aux possibilités qui se profilaient, à la duplicité de certains, et aux projets et désirs de ceux dont on lit les pensées.

J'ai néanmoins un peu de difficulté à imaginer que dans plusieurs millénaires, les êtres doués d'une pensée concrète seront toujours assujettis à des superstitions.

Frank Herbert a construit un univers complexe et futuriste, et pourtant intemporel. Par certains aspects, les luttes de pouvoir, les perfidies et trahisons, les religions toutes-puissantes, et le système impérialiste m'ont évoqué l'Antiquité mais aussi le Moyen-Âge, à la différence qu'il y a là des natifs de différents mondes dont certains ont des pouvoirs télépathiques, de prescience ou encore télékinésiques.

Je ne saurais dire si j'ai aimé un peu, beaucoup, passionnément… je pense que je le saurai avec le temps.

 

 

Citations :

Page 246 : On prête l’oreille aux hordes, aux cris de ceux qui chassaient nos ancêtres en un passé si lointain que seules nos cellules les plus primitives s’en souviennent. Les oreilles voient. Les narines voient.

 

Page 592 : Tous les hommes cherchent la lumière. La Religion n’est que la façon la plus ancienne et la plus vénérable de trouver un sens à l’univers créé par Dieu. Les savants cherchent les lois des évènements. Le rôle de la Religion est de découvrir la place de l’homme dans cette légalité.

 

 

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