Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

hanbook club

Mon avis : Le goûter du lion – Ogawa Ito

Publié le par Fanfan Do

Éditions Picquier

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Ce qui fait de ce livre grave et pudique un roman solaire, c’est d’abord le lieu : l’île aux citrons dans la mer intérieure du Japon, qu’il faut gagner en bateau ; et encore, l’image magnifique de l’union de la mer, du ciel et de la lumière : la mer scintillante, illuminée par un incroyable sourire, surplombée par la Maison du Lion, ce lieu de paix où Shizuku a choisi de venir pour vivre pleinement ses derniers jours en attendant la mort.
Avec elle, nous ferons la connaissance des pensionnaires – ses camarades, ses alliés et pour tout dire, sa nouvelle famille – ainsi que de la chienne Rokka qui s’attache à elle pour son plus grand bonheur. En leur compagnie, il y aura aussi les goûters du dimanche où grandit peu à peu son amour de la vie quand on la savoure en même temps qu’un dessert d’enfance, une vie qui aurait le goût de la fleur de tofu, d’une tarte aux pommes ou des mochis-pivoines.
Avec la délicatesse d’écriture que nous lui connaissons dans ses précédents romans, Ogawa Ito entraîne peu à peu Shizuku sur un chemin de poésie dont la mélodie possède la voix grave et conciliante d’un violoncelle ; un chemin apaisé comme pour dire la gratitude d’exister.

 

 

Mon avis :
Shizuku part mourir dans la Maison du Lion sur l'île aux citrons dans la mer intérieure du Japon alors qu'elle est si jeune encore, à peine trente trois ans. C'est un endroit qui accueille les gens en fin de vie. Cette histoire est pleine de la beauté de la nature et du goût des choses sucrées, de la générosité, de l'attente fébrile du goûter.
C'est rempli de l'amour de la vie autant que de l'acceptation de la mort bien que parfois la révolte contre cette injustice refait surface. J'ai ressenti une frustration de ce qui aurait pu être mais ne serait jamais.

Il y a l'île, la mer, la nature, les sons, la nourriture, tous ces mets qui confinent au divin, quand chaque bouchée est une explosion de sensations gustatives absolument sublimes ! D'ailleurs, le goûter du dimanche est toujours un mets demandé par un des pensionnaires, quelque chose qui lui évoque un souvenir heureux. Et puis il y a Rocca, petite chienne totalement adorable qui devient la compagne des derniers jours de Shizuku. Des gens extrêmement bienveillants peuplent cet endroit pour faire des derniers instants des pensionnaires un moment d'amour et de sérénité. Mais n'est-ce pas plus dur de quitter la vie quand on a enfin trouvé le bonheur ?

À mesure que son corps s'étiole, Shizuku est de plus en plus dans l'introspection et les questions existentielles, des souvenirs remontent et des rêveries prennent place.

Beaucoup d'émotion, une petite larme m'a échappé, et un sentiment de révolte et d'impuissance face au cancer qui condamne bêtement, aveuglément, désespérément. Pourtant c'est une histoire qui fait du bien. À la lecture de ce roman, on se dit qu'on devrait jouir quotidiennement du moment présent, être heureux simplement d'être en vie, de savoir qu'on verra encore et encore le soleil se lever. Par ailleurs, on a l'eau à la bouche avec ce livre, j'ai eu envie de me mettre aux fourneaux et notamment de chercher des recettes de l'okayu tant les descriptions m'ont fait rêver.

 

Citations :

Page 7 : C’était une chance inouïe que de pouvoir vivre chaque jour sans y penser. Le bonheur, c’était de couler des jours ordinaires, à se plaindre juste un peu, sans se rendre compte que l’on était heureux.

 

Page 40 : C’est la fin, tu peux enlever les chaînes qui entravent ton cœur, m’a dit Dieu en me donnant un tendre baiser.

 

Page 72 : Inspirez le malheur de toutes vos forces, transformez l’air que vous expirez en gratitude, et votre vie brillera bientôt.

 

Page 74 : L’okayu du matin l’avait poussée à vivre un peu plus longtemps, et je comprenais très bien pourquoi. La Maison du Lion était parsemée d’encouragements. De petits espoirs s’y cachaient un peu partout.

 

Page 95 : Nous autres, les malades en phase terminale qui résidions à la Maison du Lion, étions appelés des invités. Et lorsqu’un invité quittait ce monde, une bougie brûlait devant l’entrée pendant vingt-quatre heures. Le corps du défunt invité était sorti par l’entrée principale, avant d’être incinéré. Ce qui n’était pas le cas quand on mourait à l’hôpital. Le corps était discrètement sorti par une porte de derrière, pour éviter de l’exposer à la vue de tous.

 

Page 167 : Oui, les bananes souriaient, il ne pouvait en être autrement. Je venais de découvrir que les animaux n’étaient pas les seuls à sourire, les plantes aussi.

 

Page 252 : Vivre, c’est être la lumière de quelqu’un d’autre. User sa propre vie en offrant sa lumière à l’autre. Et de cette façon, s ‘éclairer l’un l’autre.

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Pour que chantent les montagnes – Nguyên Phan Quê Mai

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Sarah Tardy

 

Éditions Charleston

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Viêt Nam, 1972.
Depuis leur refuge dans les montagnes, la petite Huong et sa grand-mère Diêu Lan regardent Hà Nôi brûler sous le feu des bombardiers américains. Une semaine plus tard, Huong découvre les décombres qui ont remplacé sa maison : la guerre, l'ombre qui a emmené ses parents et ses oncles dans les forêts du Sud, vient de faire une entrée brutale dans sa vie.
Pourtant, malgré la destruction, le quotidien reprend son cours dans la capitale. Des colonnes de fumée s'élèvent tous les soirs des abris de fortune, les éclats de rire des enfants résonnent et, peu à peu, les vétérans reviennent du front. Mais, derrière la joie des retrouvailles, Huong entrevoit déjà les sombres souvenirs qui pourraient déchirer sa famille comme les souffrances déchirent sa patrie depuis des décennies…

 

Avec une justesse historique remarquable, Nguyên Phan Quê Mai nous offre un voyage poignant à travers un siècle d’histoire vietnamienne, de l’occupation française de Sài Gon. Un hymne intime à la résilience des peuples ravagés par la guerre et la mort.

 

 

Mon avis :
Ce roman de la rentrée était dans le peloton de tête de ma wishlist car l'Asie me fascine, autant par les lieux que par les peuples qui vénèrent leurs ancêtres et gardent ainsi la mémoire du passé très présente. Et puis la guerre du Vietnam racontée par une vietnamienne ajoute un regard nouveau. J'ai eu la chance que lecteurs.com me l'envoie. Alors Merci Merci Merci !!!

Dans ce roman les ancêtres ont donc une place essentielle, la religion aussi, et bien sûr les superstitions, et cet affreux devin au début de l'histoire, oiseau de malheur !

Huo'ng, la narratrice des années 70 à 2017, surnommée Goyave par sa grand-mère, nous raconte son pays accaparé par toutes sortes d'envahisseurs, son peuple et la souffrance qu'il a enduré depuis toujours, sa famille, ses ancêtres, leurs coutumes...

Diêu Lan, la grand-mère de Huo'ng, est la narratrice des années 40 à 50. On a ainsi l'histoire du Vietnam sur deux époques, l'histoire de deux fillettes qui deviennent femmes lors de deux guerres, au sein de leur famille et finalement on a le terrible sentiment que les décennies se suivent et se ressemblent tristement. Toujours le même fléau, la cruauté, les exactions, la peur, la séparation, la mort, le deuil, la souffrance. Et force est de constater que le mépris envers les femmes est un fléau universel et intemporel. Considérées partout comme moins intelligentes, moins intéressantes, moins tout en fait, et impures pendant leurs règles… c'est incroyable de voir que l'arriération mentale de bon nombre de mâles a touché tous les continents et toutes les époques. Pourtant ce roman nous montre à quel point les femmes sont fortes.

Chacune des deux raconte son quotidien, ce que la guerre fait aux humains, la sauvagerie, la peur et le chagrin. Les drames liés aux séquelles que les américains ont laissées aux vietnamiens en souvenir.
"Les guerres ont le pouvoir de transformer en monstres des peuples élégants et cultivés."
La famine et la mort, en plein XXÈME siècle, amenées par des pays riches, ça paraît aberrant, et pourtant…

La violence vient aussi de l'intérieur, car les vietnamiens s'entretuent pour des idées politiques, pour la réforme agraire, le nord contre le sud... La peur est omniprésente, partout, tout autour, dans l'air, au détour d'une rue, même après la guerre. Mais ça respire l'amour aussi. le danger vient de partout, l'amour vient de l'intérieur, au sein des familles, et parfois il ne leur reste que ça, car ce pays a été écartelé, déchiqueté, a subi les pires outrages. Et parfois, pire que tout, l'ennemi devient son propre peuple.

Ça a été une lecture très enrichissante et instructive, belle et hideuse à la fois, une petite piqûre de rappel pour le cas où on aurait oublié que les humains sont capables de tout, et trop souvent du pire, y compris envers leurs frères.
Ce roman beau, douloureux et rempli d'émotions est un cri d'amour au Vietnam et une ode à la famille, dans le bouillonnement de l'Histoire.

 

Citations :

Page 10 : Le murmure de sa voix s’élève des branches agitées. « Souviens-toi, ma chérie. Les épreuves auxquelles le peuple vietnamien a fait face sont aussi hautes que les plus hautes des montagnes. À se tenir trop près, on ne peut distinguer leur sommet. Mais lorsqu’on s’éloigne des tourments de la vie, on en voit le tout... »

 

Page 21 : Je me demandais pourquoi ces armées étrangères continuaient à envahir notre pays. D’abord les Chinois, puis les Mongols, les Français, les Japonais, et maintenant les impérialistes américains.

 

Page 44 : Pendant ce temps, toutes mes amies se mariaient à des hommes choisis par leurs parents. À treize ans, ma meilleure amie Hông s’est vue forcée d’épouser un homme deux fois plus âgé qu’elle, un veuf qui avait besoin de mains pour travailler dans les champs. C’est ainsi que la plupart des femmes étaient considérées à cette époque, Goyave.

 

Page 107 : Plus je lisais, plus les guerres me terrifiaient. Les guerres ont le pouvoir de transformer en monstres des peuples élégants et cultivés.

 

Page 123 : Oh, Goyave, moi qui pensais que nous étions les maîtres de notre destin, j’ai appris qu’en temps de guerre, les citoyens ordinaires ne sont plus que des feuilles balayées comme des milliers d’autres par la tempête.

 

Page 139 : Ce jour marquait la fin d’un bain de sang de près de vingt ans, qui avait noyé plus de trois millions de gens et laissé des millions d’infirmes, de traumatisés, d’exilés.

 

Page 183 : Dans la cour, le longanier était en fleurs, sa canopée verte coiffée d’un dôme de perles. Mais au lieu de remplir mon cœur de joie, cette vision m’a rappelée que les moments paisibles d’une vie sont parfois aussi éphémères que les fleurs – balayés en un coup de vent.

 

Page 199 : Si j’avais eu un souhait, je n’aurais rien demandé de grandiose, simplement une journée, normale, où nous aurions tous été réunis ; une journée à cuisiner, à manger, à rire, à discuter. Je me demandais combien de personnes dans le monde vivaient ces choses sans mesurer leur chance, sans savoir à quel point ces moments étaient précieux.

 

Page 210 : Plus aucun oiseau, plus de papillon, de fleur, d’arbre vert. Le souffle du vent ressemblait aux hurlements de fantômes affamés.

 

Page 263 : En écoutant oncle Dat, ce soir-là, j’ai compris à quel point la guerre était une chose monstrueuse. Lorsqu’elle ne tuait pas ceux qu’elle touchait, elle emportait avec elle une partie de leur âme, les laissant à jamais amputés.

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Bonobo Jeong You-jeong

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Lim Yeong-hee et Mathilde Colo

 

Éditions Picquier

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Jin-yi consacre sa vie à l’étude des primates. Un soir, elle participe au sauvetage d’une bonobo échappée d’une villa en flammes et, alors qu’elle la tient sur ses genoux dans la voiture qui les ramène au Centre d’étude des primates, un accident la projette à travers le pare-brise et une étrange fusion s’opère : tandis que son corps est emmené à l’hôpital, entre la vie et la mort, l’esprit de Jin-yi se réfugie dans le corps de la petite bonobo. Ainsi commence une fascinante coexistence entre ces deux êtres.
La romancière livre un récit captivant qui nous tient en haleine du début à la fin. Mais la vraie originalité de son roman est de déplacer les frontières entre humain et animal en nous faisant pénétrer dans l’univers et la sensibilité des bonobos.
Un dialogue bouleversant sur le désir de vivre et la mort, sur les liens plus justes que nous voulons établir avec les autres êtres vivants ainsi qu’avec nous-mêmes.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Il y a une petite touche de fantastique, ce que j’aime beaucoup, et puis l’idée qu’un humain puisse se retrouver dans la peau d’un animal me paraissait propice à la dénonciation de ce que nous faisons subir aux animaux.

 

Mon avis :
Le jour où j'ai eu connaissance du résumé de ce roman, j'ai eu envie de le lire. Bien m'en a pris ! Entre communion avec les grands singes et fascination pour eux qui sont génétiquement à un poil de nous, tout était là pour me plaire dans cette histoire.
Et que dire de cette couverture magnifique et mystérieuse, comme une fenêtre ouverte sur une jungle pure et vierge de nos méfaits ? Hélas, nous avons mis nos sales pattes partout où c'est possible, il n'existe sur terre aucun sanctuaire inviolable.

Les chapitres alternent entre 
Jin-yi la soigneuse, et Minju le SDF.
Elle consacre sa vie à l'étude des primates et à la communication avec eux.
Lui est une espèce de boulet pour sa famille qui se demande ce qu'elle va bien pouvoir en faire. À trente ans il a multiplié les cursus universitaires, ne travaille pas et vit toujours chez ses parents qui en ont assez et le mettent dehors.

J'ai adoré ce roman pour un tas de raisons.
▪️Il y a un message écolo qui nous parle de notre responsabilité envers la faune, la honte que sont les trafics d'animaux sauvages enfermés dans des cages pour le plaisir de quelques abrutis.
▪️Les personnages sont extrêmement attachants et souvent très drôles.
▪️Le triangle totalement improbable qui se crée entre 
Jin-yi "la gentille soigneuse" dont l'esprit à intégré le corps d'une bonobo, Minju le nihiliste suicidaire et Jin la bonobo entrée illégalement en Corée, donne lieu à des moments complètement délirants mais aussi des réflexions profondes sur la vie, la mort, le libre arbitre.
▪️Les bribes de la vie de Jin, vu de l'intérieur par 
Jin-yi qui a accès à ses souvenirs, nous font découvrir la vie sociale des bonobos, leurs comportements, leurs sentiments, leurs tragédies. C'est très émouvant.

La rencontre entre Minju et 
Jin-yi en miss bonobo est totalement désopilante et m'a énormément amusée avec ma pensée cartoonesque. D'ailleurs, la cohabitation entre Jin-yi et Jin dans ce petit corps simiesque donne aussi lieu à des scènes assez amusantes et des retournements de situations inattendues et délirantes.

Alors que le fond de l'histoire est plutôt violent et sombre, trafics d'animaux sauvages, grave accident de la route, une femme entre la vie et la mort, un homme suicidaire, j'ai pourtant ressenti beaucoup de douceur dans ce récit. Tout est très visuel et je me suis sentie transportée là bas. J'y ai trouvé aussi une infinie poésie et beaucoup d'amour et d'humour. L'écriture est fluide et on se laisse emporter comme un bouchon sur l'eau.
Et finalement je me suis demandé qui étaient les bêtes : les 
bonobos ou nous les primates sans poils, faibles, gringalet, destructeurs et adeptes du conflit sous toutes ses formes.

Je suis tombée en amour pour les trois personnages de ce roman et c'est un énorme coup de coeur ! Il m'a fait passer par tout un tas d'émotions, de la colère à l'amusement en passant par l'attendrissement et le chagrin, en plus de l'intérêt de tout ce qu'on apprend sur nos cousins 
bonobos, car il est très bien documenté.
Une chose est sûre, il vient d'entrer dans ma liste des livres à offrir à ceux qu'on aime !

 

Citations :

Page 52 : Le pire qui peut arriver dans la vie, ce n’est pas la mort, mais c’est de ne pas trouver de raison de vivre.

 

Page 151 : Je ne sais pas grand-chose au sujet des bonobos, mais j’ai entendu dire qu’ils sont différents des chimpanzés et qu’ils sont aussi bruyants que des humains, sauf qu’eux ils font leur grand remue-ménage au milieu de la jungle et non pas en plein cœur de la ville, c’est la seule différence.

 

Page 196 : Les bonobos connaissent la tempête de l’adolescence, tout comme les humains. C’est la période où les femelles se préparent à prendre leur indépendance. Si les fils restent toute leur vie auprès de leur mère, les filles, elles, doivent quitter le clan où elles sont nées quand elles sont capables de se reproduire, et intégrer un nouveau groupe.

D’après Ryu Wamba, cet éloignement des jeunes femelles est une coutume nécessaire pour éviter l’inceste.

 

Page 301 : Les animaux sauvages supportent mal ces conditions de vie restrictive pendant un aussi long voyage et ne sont pas habitués à vivre hors de leur jungle. Les trafiquants prévoient donc une grosse marge de pertes et organisent en général le transport de plus d’une dizaine d’individus. Cela revient à dire que neuf bonobos doivent être sacrifiés pour qu’un seul parvienne à son acheteur.

 

Page 346 : « Tu ne vois pas qu’elle pleure ? Tu n’entends pas ses cris de douleur ? Sa tristesse ne te touche donc pas ? »

Je ne savais pas que ne rien faire pouvait être aussi cruel.

 

Page 355 : J’oublie un moment la douleur dans ma gorge. Je me sens tellement misérable que je n’ose même pas dire à Jin combien je suis désolée. J’ai honte d’être une représentante du genre homo sapiens, ces êtres soi-disant civilisés qui ont arraché Jin à sa jungle, l’ont expédiée à l’autre bout de la planète et la brutalisent parce qu’elle n’arrive pas à bien les imiter.

 

Page 386 : Une fois passé le court moment qui m’est accordé sur cette terre, viendra l’éternité où je n’existerai plus. Je dois donc vivre jusqu’à ce que mon temps prenne fin.

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : La mort immortelle – Liu Cixin

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Gwennaël Gaffric

 

Éditions Actes Sud

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Un demi-siècle après l'Ultime Bataille, l'équilibre précaire dû à la dissuasion de la forêt sombre continue de maintenir les envahisseurs trisolariens à distance. La Terre jouit d'une prospérité sans précédent grâce au transfert des connaissances et des technologies trisolariennes. La science humaine connaît des progrès pour ainsi dire quotidiens, les Trisolariens découvrent avec fascination la culture humaine et l'espoir grandit que les deux civilisations puissent bientôt coexister pacifiquement sans la terrible menace d'une annihilation réciproque. Mais lorsqu'une ingénieure en aéronautique originaire du début du xxie siècle sort de son hibernation, elle réveille avec elle le souvenir d'un programme qui menace cet équilibre. Bientôt, l'humanité aura à faire un choix : partir à la conquête d'autres univers ou mourir dans son berceau.

Après Le Problème à trois corps et La Forêt sombre, Liu Cixin referme l'un des cycles de science-fiction les plus ambitieux de ce siècle.

 

Né en 1963, Liu Cixin est une véritable légende de la SF en Chine. La trilogie du Problème à trois corps est en cours de publication dans le monde entier.

 

 

Mon avis :
Comment parler d'un tome 3 ?
Alors d'abord, après avoir lu 198 pages, je l'ai mis de côté parce que j'avais envie d'autres lectures. Après 9 mois (Eh Eh) je m'y suis remise en espérant ne pas trop m'y perdre. Et je dois dire qu'après une telle pause entre le tome 2 et le tome 3, j'ai eu un peu de mal à raccrocher les wagons.

J'ai fini par y arriver et j'ai été happée, sous hypnose, tellement c'est foisonnant. J'ai aussi été larguée plus d'une fois. J'en suis venue à me demander "
Liu Cixin est-il un puits de science au point que moi petite mortelle pas du tout matheuse ni scientifique je m'y perde ?"
La réponse est : p'têt ben qu'oui ! Un érudit à n'en point douter. Il est balaise le bonhomme !

J'ai du aller faire des recherches sur internet pour essayer de comprendre le concept de la quatrième dimension. J'ai un peu saisi l'idée, mais pas longtemps. Donc j'en reviens toujours à la même chose : au niveau maths, j'ai vraiment un QI d'amibe. D'autant que ce n'est pas tout ! Les hypothèses scientifiques se sont succédées et mont perdue systématiquement car j'ai souvent pensé que ce qui était proposé là, outre le fait que je ne comprenais pas grand-chose - la vitesse luminique, les trous noirs, aïe ma pauvre tête -, devait être tout simplement impossible… Mais peut-être pas car 
Liu Cixin est ingénieur avant d'être romancier, ce qui suppose que ses extrapolation sont plausibles.

Je pense que mon ingénieur de père se serait éclaté à cette lecture. Moi je me suis sentie, surtout à la fin, une bien plus que nanoparticule - et peut-être moins que ça - sur un grain de poussière perdu dans l'univers.
En résumé, c'est pointu, touffu, ardu mais captivant, bien qu'un peu long à mon goût, encore que, plus court, ça aurait peut-être manqué de quelque chose d'essentiel.
Voilà le genre de roman qui fait surchauffer le cerveau mais dont on veut absolument connaître le fin mot de l'histoire, même si dans tout cela il y a quelque chose de terrifiant… mais pas plus que de penser à l'infini de l'univers…

 

Citations :

Page 37 : Imaginez une colonie de fourmis transportant sans repos des fragments de cailloux de la taille d’un grain chacune : donnez-leur des milliards d’années et elles auront réussi à déplacer le mont Tai tout entier. Il suffit d’étirer suffisamment le temps, et la vie se révèle bien plus forte que la roche ou le métal, plus puissante qu’un typhon ou un volcan.

 

Page 116 : Comme tous ceux qui avaient étudié la navigation spatiale, Yun Tianming était terrifié par l’espace. Plus que quiconque, il connaissait ses dangers, il savait que l’enfer ne se trouvait pas sous terre mais dans le ciel.

 

Page 322 : Mojovic et Guan Yifan firent une découverte fascinante : ils pouvaient voir les étoiles tout autour d’eux. Ils apercevaient nettement la lueur éclatante de la Voie lactée qui s’étendait dans l’éternelle nuit du cosmos.

 

Page 404 : Cheng Xin était déconcertée par l’agencement chaotique des tubes, qui n’était pas le résultat d’une négligence mais, au contraire, celui d’un effort et d’une conception inouïs. C’était une sorte de chaos ultime, comme si le moindre soupçon d’ordre était tabou. Il paraissait suggérer une approche esthétique aux antipodes de celle que connaissait l’humanité : ici, le chaos était synonyme de beauté et l’ordre de laideur.

 

Page 463 : Quant à Goutte de rosée, ce n’est qu’une femme, elle est inoffensive.

 

Page 772 : Une personne seule ne peut pas détruire un monde. Si ce monde est détruit, c’est la faute de l’ensemble des hommes, ceux qui sont en vie comme ceux qui sont morts. C’est le résultat d’une action collective.

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Membrane – Chi Ta-Wei

Publié le par Fanfan Do

Éditions Le Livre de Poche

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Momo, une jeune esthéticienne réputée vrais solitaire et marginale, vit dans une ville sous-marine d’un monde futur à l’écologie bouleversée. Ayant contracté enfant un virus d’un genre nouveau, il semble qu’elle ait subi de multiples transplantations d’organes artificiels. Dans ce monde où les corps, les identités et les sexes se métamorphosent et se réinventent, les humains sont-ils encore maîtres de leur mémoire et de leur avenir ? Quel est le véritable passé de Momo ? Les prodigieuses : membranes dont elle fait usage dans sa clinique auraient-elles une fonction insoupçonnée ?

 

Préparez-vous à plonger dans un univers alternatif, une bulle entre réalité et imaginaire, un voyage de science-fiction philosophique et social qui mérite son statut de précurseur.

ActuSF.

 

Un roman transgressif intelligent, riche en rebondissements et empreint d’une grande sensualité. Une découverte.

Bifrost.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Je suis toujours très curieuse de voir ce que donne la science-fiction asiatique.

 

Mon avis :
Ce roman taïwanais écrit en 1996, où internet commençait à peine à entrer dans les foyers, nous raconte un XXIÈME siècle étonnant, où 90% de la population est partie vivre sous les océans pour échapper à la pollution et au rayonnement mortifère du soleil. La surface n'a plus qu'un usage purement utilitaire. Les industries polluantes nécessaires à l'humanité et pilotées par des androïdes ainsi que les prisons y sont restées.

Cet étrange et court roman à l'ambiance feutrée, nous amène à découvrir doucement Momo, esthéticienne talentueuse et créative, et son passé insolite, dans un monde où le transhumanisme est de rigueur, accepté, banal.
L'auteur soulève les questions de genre et de transidentité, mais aussi de pollution et de la place de l'humain dans ce monde de demain, et laisse planer un mystère concernant Momo, qui s'éclaircira au fil des pages.
C'est assez visionnaire sur ce que l'avenir réserve dans bien des domaines.

Ce que j'ai aimé, c'est que ça m'a fait rêver… pas de ce que je souhaite pour l'avenir ! Non, mais d'ici et ailleurs en même temps.
Hélas on découvre peu à peu un avenir qui laisse espérer des progrès essentiels pour la vie humaine, mais aussi un aspect assez cauchemardesque.
Je me suis laissée emporter dans cette histoire où l'humanité joue avec les corps, la mémoire et l'esprit.

L'avant-propos de l'auteur ainsi que la postface du traducteur sont très éclairants quant au contenu de l'histoire de Momo et du monde tel qu'il est décrit.

 

Citations :

Page 46 : Même si, dans leur lutte pour s’approprier les plateaux continentaux et les fosses sous-marines, les grandes puissances de ce monde n’avaient pu se résoudre à abandonner leurs grandes réalisations de la surface, toutes les œuvres terrestres connurent le même destin que celui de la Grande Muraille de Chine : ces dispositifs colossaux d’oppression des peuples devinrent de simples attractions touristiques ! Leur majesté absurde n’était plus que le symbole narquois d’une gloire révolue.

 

Page 111 : C’est si ennuyeux de vivre sous une membrane de cire, pensait Momo, si seulement je pouvais passer à travers la surface de l’eau, retourner sur ce continent originel, respirer un autre air que celui des climatiseurs d’ici et voir cette étoile tristement célèbre qu’est le soleil.

 

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : La forêt sombre – Liu Cixin

Publié le par Fanfan Do

Traduit du chinois par Gwennaël Gaffric

 

Éditions Acte Sud

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

 

L'humanité le sait désormais : dans un peu plus de quatre siècles, la flotte trisolarienne envahira le système solaire. La Terre doit impérativement préparer la parade, mais tout progrès dans les sciences fondamentales est entravé par les intellectrons. Grâce à ces derniers, les Trisolariens peuvent espionner toutes les conversations et tous les ordinateurs, en revanche ils sont incapables de lire dans l'âme humaine. Parallèlement aux programmes de défense classiques visant à lever des armées spatiales nationales, le Conseil de défense planétaire imagine donc un nouveau projet : le programme Colmateur. Quatre individus seront chargés d'élaborer chacun de leur côté des stratégies pour contrer l'invasion ennemie, sans en révéler la nature. Ils auront à leur disposition un budget presque illimité et pourront agir comme bon leur semble, sans avoir besoin de se justifier. Livrés à eux-mêmes, ils devront penser seuls, et brouiller les pistes. Trois des hommes désignés sont des personnalités politiques de premier plan et des scientifiques éminents, mais le quatrième est un parfait anonyme. Astronome et professeur de sociologie sans envergure, le Chinois Luo Ji ignore totalement la raison pour laquelle on lui confie cette mission. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il est désormais l'un des Colmateurs, et que les Trisolariens veulent sa mort.

 

Après Le Problème à trois corps, Liu Cixin revient avec une suite haletante et magistrale.

 

Né en 1963, Liu Cixin est une véritable légende de la SF en Chine. Sa trilogie romanesque inaugurée avec Le Problème à trois corps est en cours de publication dans le monde entier.

 

 

 

Mon avis :

 

L'humanité sait désormais que les Trisolariens seront là dans 400 ans pour nous mettre une énorme raclée et nous anéantir comme de la vermine.
Il y a trois catégories d'humains. Ceux qui se disent que dans 400 ils ne seront plus là depuis longtemps et donc qui s'en moquent ! Mais comment font-ils ? Puis il y a ceux, dont je fais partie, qui se sentent désespérés à l'idée que l'humanité va disparaître. Savoir que dans cinq milliards d'années le soleil va engloutir la Terre et que l'espèce dont je fais partie aura rejoint le néant depuis longtemps m'a toujours terrifiée. Et il y a ceux qui souhaitent voir l'humanité disparaître et qui veulent donc aider les Trisolariens à nous pulvériser.

J'ai plongé avec délice dans ce tome 2 et je me suis fait happer tout de suite.
La notion de temps prend dans ce deuxième tome un aspect héroïque et abstrait. En effet, travailler sur un projet si long qu'on n'en verra pas l'aboutissement, tient du don de soi absolu.
Certains auront néanmoins la possibilité d'opter pour l'hibernation et verrons un jour peut-être le résultat.

Parmi les plans mis en oeuvre pour sauver l'humanité, il y a le programme Colmateur que j'ai trouvé plutôt sidérant et déconcertant ! J'ai adoré l'idée qui m'a parue vraiment surréaliste.

J'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs dans le très long premier chapitre mais plus on avance dans ce roman foisonnant plus on veut y rester. 
Liu Cixin parvient à totalement harponner le lecteur pour l'embarquer dans cette histoire de l'humanité future qui lutte pour sa survie.
Il y a des moments vertigineux où subitement on se sent misérable petit vermisseau, insignifiante petite poussière cosmique face à l'infini de l'univers.


 

 

Citations :

 

Page 13 : - Premièrement : la survie est la nécessité première de toute civilisation ; deuxièmement : une civilisation ne cesse de croître et de s’étendre, tandis que la quantité totale de matière dans l’Univers reste constante.

 

Page 48 : Ceux qui seront alors à bord de ces vaisseaux appartiendrons à la dixième et quelque génération de nos petits-enfants.

 

Page 58 : - Oncle Zhang, réfléchissez à ce qu’était le monde il y a à peine cent vingt ans. La Chine était encore sous l’empire des Qing. Il fallait un bon mois pour relier Hangzhou depuis Pékin, l’empereur lui-même devait rester plusieurs jours le cul dans sa chaise à porteurs quand il voulait se rendre dans sa villégiature de montagne pour échapper aux chaleurs de l’été ! Aujourd’hui il, il faut à peine trois jours pour faire le trajet de la Terre à la Lune. La technologie se développe à une vitesse folle, exponentielle.

 

Page 112 : Ce que l’on aime, ce n’est pas l’homme ou la femme de la réalité, mais celui ou celle qui naît dans notre imaginaire. Les amants réels ne sont que des modèles permettant de créer ceux que l’on rêve. Tôt ou tard, on finit par se rendre compte du fossé qui existe entre l’amour rêvé et son modèle. Quand on parvient à s’habituer à cette différence, on peut continuer à être ensemble, mais quand on échoue, on se sépare, c’est aussi simple que cela.

 

Page 183 : Il savait que l’oisiveté de ces derniers temps n’avait été qu’un bref instant d’apesanteur avant une chute vers les abysses d’une solitude dont il avait maintenant atteint le fond.

 

Page 325 : - Amiral, pour la première fois, je regrette d’être athée. Sinon, j’aurais l’espoir que nous nous revoyions un jour.

 

Page 339 : - L’évolution du cerveau humain a besoin de vingt à deux cent mille ans avant que ne se produisent des changements visibles, et la civilisation humaine n’a derrière elle que cinq mille ans d’histoire. Ce dont nous nous servons par conséquent aujourd’hui est le cerveau d’un homme primitif…

 

Page 381 : Le plus grand obstacle à la survie de l’humanité, c’est l’humanité elle-même.

 

Page 561 : Il savait que si la Terre était propice à la vie humaine, ce n’était pas une coïncidence, encore moins un effet de quelque principe anthropique, mais davantage le résultat d’une longue interaction entre sa biosphère et son environnement, un résultat qui ne pourrait très probablement jamais être reproduit dur d’autres planètes dans des systèmes éloignés.

 

 

Voir les commentaires

Mon avis :La tombe des lucioles – Les algues d'Amérique - Nosaka Akiyuki

Publié le par Fanfan Do

Éditions Philippe Picquier

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

 

Avant de devenir le célèbre dessin animé de Takahata Isao, La Tombe des lucioles est une œuvre magnifique et poignante de l'écrivain Nosaka Akiyuki. L'histoire d'un frère et d'une sœur qui s'aiment et qui vagabondent dans l'enfer des incendies tandis que la guerre fait rage ; une histoire qui est celle que Nosaka vécut lui-même, âgé de quatorze ans, en juin 1945. Mais Nosaka, c'est aussi un style inimitable, une écriture luxuriante que l'on reconnaît d'abord à son brassage de toutes sortes de voix et de langues. Une prose étonnante, ample, longue, qui réussit à contrer en une seule phrase des couleurs, odeurs et dialogues, secouée de mots d'argot, d'expressions crues, d'images quasi insoutenables, qui trouvent ici une beauté poétique et nouvelle.

 

 

 

Résumé éditeur sur Babélio :

 

C'est avec ces deux récits admirables et particulièrement bouleversants, couronnés en 1968 par le prix Naoki, l'une des plus hautes distinctions littéraires, que Nosaka conquit la notoriété. Peu de temps auparavant, Mishima avait applaudi à son premier roman : "Les Pornographes", roman scélérat enjoué comme un ciel de midi au-dessus d'un dépotoir. La Tombe des lucioles, visionnaire et poignant : l'histoire d'un frère et d'une soeur qui s'aiment et vagabondent dans l'enfer des incendies tandis que la guerre fait rage et que la faim tue. Voici une prose étonnante, ample, longue, proustienne dans le sens qu'elle réussit à concentrer en une seule phrase des couleurs, odeurs et dialogues, mais prose très violente, secouée de mots d'argot, d'expressions crues, qui trouvent ici une beauté poétique et nouvelle, d'images quasi insoutenables - prose parcourue d'éclairs.

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Il y a quelques années, j'ai regardé, avec mes enfants qui étaient petits, le magnifique film d'animation, Le tombeau des lucioles. Je ne m'attendais absolument pas à une histoire aussi tragique. J'ai été bouleversée, et mes enfants très tristes. Et puis j'ai découvert qu'il était tiré d'un roman, il me fallait donc le lire.

 

 

 

Mon avis :

 

C'est en le lisant que j'ai découvert que ce petit livre contenait deux histoires.

NOSAKA Akiyuki - Éditions Philippe Picquier - La tombe des lucioles - Traduit par Patrick De Vos

Le roman est court, les phrases très longues. On chemine auprès de Seita et de sa toute petite sœur Setsuko dans leur errance au sein d'un monde a feu et à sang, réduit en cendre par la guerre et les bombes.

On ressent tout de suite l'angoisse d'être petit au milieu du danger, d'être un enfant livré à lui-même au centre d'un champ de bataille, sans adulte protecteur auprès de soi. Car c'est extrêmement descriptif et immersif. Dans ce monde en guerre où la misère et la famine se sont répandues, c'est chacun pour soi et aucun regard ni compassion n'est accordé aux orphelins errants.

Cette histoire est une forme de catharsis pour l'auteur qui s'est inspiré de son passé avec sa culpabilité inaltérable envers sa petite sœur.
C'est terrible d'être malade de son enfance, doublement victime ; une première fois des adultes qui font des guerres ; une deuxième fois en s'autoflagellant ad vitam aeternam.

******************************************
Les algues d'Amérique - Traduit par Anne Gossot

Kyôko s'est mise à l'anglais et a rencontré des américains lors de son voyage à Hawaii. Elle les invite à séjourner chez elle et Toshio lors de leur prochain séjour au Japon.
Elle est ravie de leur visite mais Toshio pas du tout. Pour lui, ils restent les vainqueurs de la guerre, l'ennemi d'hier.

Contrairement au récit précédent, ici c'est léger. On voyage dans les souvenirs de Toshio, la découverte des américains en 1945, ces géants qui dépassent les japonais de vingt bons centimètres, ce qui explique qu'ils aient gagné la guerre selon lui. Il ne trouve que des bonnes raisons de ne pas bien accueillir les Higgins invités par son épouse.
Mais les choses ne vont pas forcément se passer comme il les avait envisagées.

Malgré une certaine légèreté apparente, la conclusion de cette histoire m'a serré le cœur.

 

 

 

 

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Carnets d’enquête d'un beau gosse nécromant – Jung Jaehan

Publié le par Fanfan Do

Ma chronique sur Insta c'est ici

 

Résumé éditeur :

 

Chamans escrocs VS gourou post-industriel

Bienvenue au cabinet secret de Nam Hanjun, alias Beau Gosse, pseudo-chaman et authentique escroc. Avec ses deux complices, Hyejun, sa petite-sœur hackeuse de génie et Sucheol, dit Mammouth, détective privé, ils offrent à leur riche clientèle des " divinations " sur mesure qui font leur succès.

Un soir, une cliente les appelle après avoir cru apercevoir un fantôme dans sa cuisine. Quand ils arrivent leur présence attire l'attention d'un voisin qui prévient la police. Une jeune inspectrice se rend sur place, Ye-eun, experte en arts martiaux, que ses collègues surnomment justement le fantôme tant elle est rapide et discrète. Dans la cave de la maison, elle découvre le cadavre d'une adolescente recherchée depuis un mois.

Le roman vise au cœur des pires scandales de la société coréenne. Il s'inspire en particulier de l'affaire Park Geun Hye. Cette ancienne présidente de la république de Corée, destituée en 2017, actuellement en prison, a dirigé le pays sous l'influence toxique d'une chamane. Cette dernière servait ses propres intérêts et ceux de divers grands groupes industriels.

Jouant sur des héros archétypiques dignes d'une série Z, son écriture hyper réaliste, un roman qui va crescendo d'un rebondissement au suivant. Un livre clairement taillé pour le cinéma et dont les droits ont été acquis par AD406 ( The Chase, A hard day, Witness...).

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Je l'ai vu plusieurs fois, présenté dans le Hanbook club sur Facebook, groupe dédié à la littérature asiatique et plus précisément à la littérature coréenne.

Le titre et la couverture m'attiraient, en plus des avis enthousiastes de Léa Touch Book, admin du groupe et blogueuse.

Par chance il était proposé par Babelio dans sa nouvelle Masse critique – mauvais genre. J'ai donc postulé et j'ai eu la chance de le recevoir.

 

 

 

Mon avis :

 

Tout d'abord, merci beaucoup à Babelio_ et son opération Masse Critique - Mauvais Genre ainsi qu'aux éditions Matin calme grâce à qui j'ai reçu ce livre qui me tentait énormément !

Alors, à chaque fois que je commence la lecture d'un roman asiatique, j'ai toujours le même choc... le choc des cultures. J'adore, parce que j'ai l'impression de pénétrer dans un autre monde.

Au départ j'ai trouvé tout très particulier. Que ce soit la narration comme les personnages mais aussi les événements relatés.
Han-jun, l'homme aux grelots, est détective, soi-disant nécromant, escroc, drôle et très superficiel, un genre de fashion victime version grand luxe.
Il semble planer au dessus des réalités, heureusement qu'il est bien entouré, notamment de Hye-jun, sa sœur la super geeks et de Su-cheol, son pote tout en muscle ?.
Il ne semble préoccupé que par l'argent que lui rapportent ses enquêtes grand-guignolesques sans avoir l'air de réaliser la gravité de certains cas (comme par exemple cet enfant harcelé jusqu'au désespoir).
En fait, les personnages comme le roman sont farfelus, c'est complètement atypique et c'est ça qui en fait le sel.

Tous les personnages sont azimutés, y compris, et sans doute même surtout les riches clients, complètement gogo, prêts à tout gober. Plus c'est gros, plus ça passe.
En fait, il semble que les Coréens soient superstitieux et très portés sur le chamanisme, ce qui évidemment nous dépasse, nous occidentaux.

En parallèle, on suit l'enquête plus terre à terre de Ye-eun et Du-jin, duo de la police criminelle de Séoul qui mène des investigations sur le meurtre d'une adolescente.

J'ai adoré la façon dont l'autrice interpelle le lecteur - presque en voix off - pour mettre le doigt sur ce qui est en train d'arriver. Ça m'a fait penser à certains documentaires animaliers, très pédagogiques et ça amène une touche de burlesque. C'est très visuel et je me suis surprise à être hyper concentrée sur ses "paroles" que j'entendais presque. Tout comme les bruitages auxquels on a droit régulièrement. De fait, j'ai trouvé ça très efficace.

De plus tout est extrêmement visuel et percutant.

 

Ce roman est jubilatoire, de A à Z. Passée la première surprise face à un ovni pareil, j'ai vraiment beaucoup aimé et je me suis beaucoup amusée !
Pourtant sous ses airs de grosse farce, ce roman est plus profond qu'il n'y paraît. À travers cette comédie policière, on apprend beaucoup sur la société coréenne.
Reste plus qu'à espérer qu'il y aura des suites avec ce beau gosse !


 

 

Citations :

 

Page 19 : Dans le genre sacré numéro il n'y en a pas deux comme elle. Han-jun, qui a pour devise le vieil adage : « Le monde est infini, innombrables sont les fous », place sa petite sœur au sommet de l'échelle.

 

Page 39 : Contrairement à Han-Jun, qui compose d'élégantes bouchées de porc délicatement enrobées de laitue pour les glisser avec style entre ses lèvres, Su-cheol se fourre en vrac le paquet dans le bec et l'engloutit comme un homme des bois. Han-jun voit se dresser devant lui l'image vivante d'un cobra en train d'ingurgiter un œuf géant, il en a un frisson de dégoût.

 

Page 116 : Pour Han-jun qui s'en tient à des préceptes assez simples comme : « Autant de costume que je puisse avoir, je n'ai jamais rien à me mettre », ou « L'argent n'est pas tout dans la vie, mais peu s'en faut », un client qui pense nécessaire l'organisation d'un rituel entre immédiatement dans la catégorie VIP.

 

Page 151 : - Mais enfin, c'est une accoutumance, tu peux arracher un navet d'un champ, mais pas un mec de sa vidéo porno ! Le vrai pervers, excuse-moi, c'est celui qui peut s'en passer !

 

Page 168 : Est-ce que les tombeaux de nos ancêtres sont mal situées ? Merde, on a choisi le meilleur géomancien du pays pour les installer.

 

Page 176 : -Aussi doué que soit un devin, tout ce qu'il peut deviner, c'est le passé et le présent, point barre. Si les devins pouvaient lire l'avenir, tu crois que le monde aurait la gueule qu'il a ?

 

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Séoul zone interdite – JUNG Myeong-seop

Publié le par Fanfan Do

Ma chronique sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

 

Avril 2022. Un missile nord-coréen chargé d'ogives nucléaires frappe Séoul. On compte plusieurs millions de victimes, dont les membres du gouvernement.

 

Mais l'horreur ne fait que commencer... Quelques heures après l'explosion atomique, les morts se relèvent, assoiffés de sang. La capitale est évacuée puis la « Zone interdite » est cernée par un immense rempart.

 

Au fil du temps, un commerce d'un genre particulier s'organise. Des groupes de mercenaires lourdement armés pénètrent dans la zone pour y récupérer les objets personnels que les rescapés ont laissés dans leur fuite. Au cours d'une mission, l'un de ces « chasseurs de trésors » découvre l'existence d'un groupe de survivants...

 

Jung Myeong-seop est un jeune auteur coréen qui cultive un goût pour la littérature policière et de science-fiction. À travers la description de Séoul détruite et envahie par les zombies, l'auteur nous propose une vision sombre de la société future.

 

Traduit du coréen par HWANG Jihae et Julien PAOLUCCI

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J'aime la littérature asiatique et les romans post-apo, et j'ai découvert celui-là au gré de mes balades dans les groupes de lecteurs des réseaux sociaux.
J'ignorais qu'on pouvait trouver ce genre dans la littérature asiatique ; quelle drôle d'idée j'avais là !

 

 

 

Mon avis :



Voilà donc une dystopie coréenne.
Pour commencer, il y a un détail qui d'habitude me gêne et que là je n'ai pas vu tout de suite : le passé composé est beaucoup utilisé alors que je préfère quand c'est au passé simple ou à l'imparfait ce qui est d'ailleurs plutôt la norme. Quand je m'en suis rendu compte ça a fini par me gêner car ça donne une étrange temporalité aux événements, ça nuit à la fluidité de la narration, ça rend le tout un peu lourd. Mais l'angoisse est rapidement présente et prend pas mal le dessus sur tout.

Ce qui m'a vraiment interpelée c'est qu'il y a une espèce de dégoût entre Coréens du sud et du nord. Ils ont des mentalités aux antipodes les uns des autres et ceux du sud appellent ceux du nord "les communistes", jamais autrement. Il y a beaucoup de défiance et de mépris entre eux.

On apprend donc un certain nombre de choses sur les Coréens et notamment leurs angoisses géopolitiques.
Le roman nous offre aussi des tranches de vies de ceux qui étaient de Séoul avant la catastrophe, mettant l'accent sur tout ce qu'ils ont perdu.
Tous les moments d'incursions dans Séoul, devenu "zombiland", sont très oppressants car le danger est omniprésent et l'ennemi terrifiant.
Bien que l'histoire m'ait plu, le passé composé m'a quand-même bien gâché le plaisir.

Gros bémol, il y a des fautes de français sidérantes, comme écrire "rabattre les oreilles" au lieu de "rebattre les oreilles" page 32, ou encore utiliser "défigurer" pour "dévisager" page 62, et des fautes de grammaire "Nous avons eu beau le supplié" au lieu de "supplier" page 65. Il y en a d'autres, hélas... j'en ai relevé six sur 217 pages.
Pour moi c'est totalement rédhibitoire, on ne devrait pas trouver de fautes dans un livre.
Comment est-ce possible de la part de traducteurs qui sont supposés maîtriser les langues ?
Et quid des correcteurs qui laissent passer des boulettes pareilles ?!
C'est dommage parce que je pense que ce roman a des qualités. Il aurait pu être vraiment bien, mais peut-être l'est-il dans sa version d'origine.

 

 

Citations :

 

Page 39 : L'homme ne vit pas pour manger. Si on a faim et qu'on n'a rien, on se serre la ceinture ; si on est en manque de sexe, on a sa main droite. Mais la dignité, c'est plus dur. Ça ne se rétablit pas facilement.

 

Page 60 : Mais comment peut-on laisser passer tout ça en se disant que c'était un accident de l'histoire, une succession de hasards malheureux ?

 

Page 89 : Ce que la bombe a fait voler en éclat, c'est l'humanité.

 

Page 95 : « Êtes-vous marié par hasard ?

_ Non.

_ Alors vous jugez sans connaître. Les enfants sont capables d'abandonner leurs parents mais les parents ne renoncent jamais à leurs enfants.

 

Page 158 : Je voudrais envoyer ce message au gouvernement : si le système s'écroule, vous serez les premiers à en subir les conséquences. Sortez de vos tours d'ivoire pour écouter la colère et le désespoir de ceux qui ont tout perdu. Si vous ignorez la colère du peuple, un jour elle se retournera contre vous .

 

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Épouses et concubines - Su Tong

Publié le par Fanfan Do

Ma chronique sur Insta c'est ici

Ma chronique sur Babelio c'est

 

Quatrième de couverture :

 

«Chen Zuoqian regardait par la fenêtre la rue sous la bruine, le cœur empli de curiosité mais aussi d'une certaine émotion, comme il n'en avait jamais ressenti lors de ses trois mariages précédents. Lorsqu'il aperçut Songlian approcher d'un pas nonchalant en s'abritant sous un parapluie de soie à petites fleurs, Chen Zuoqian avait souri d'un air satisfait.Elle était aussi belle et fraîche que ce qu'il avait imaginé, et si jeune! »

Songlian a dix-neuf ans, elle est étudiante, elle est belle… Mais la ruine de sa famille l'oblige à devenir la quatrième épouse du riche Chen Zuoqian. Dans le huis clos de sa nouvelle vie, elle va découvrir la seule loi qui compte : celle de la séduction. Car la favorite de la nuit est la maîtresse de la maison. Jalousie, possession, haine, pouvoir : quatre femmes se livrent une lutte à mort pour le plaisir du maître, dans la Chine des années 1920 encore féodale, incroyablement archaïque… Révélation majeure de la jeune littérature chinoise, Épouses et concubines a été porté à l'écran par le cinéaste Zhang Yimou et a connu en France un extraordinaire succès.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Depuis aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours été fascinée par l'Asie mais plus particulièrement par la Chine.

Il est question là de la polygamie, cette coutume ancestrale de la Chine féodale qui perdure en ce début de XXème siècle, alors qu'une grande partie du monde a basculé dans les temps modernes.

En effet, dans ce récit on est bien loin de l'ère industrielle, comme si elle n'existait pas encore.

Tout dans cette culture est mystère et fascination pour moi.

 

 

 

 

Mon avis :

 

La Chine des années 1920. Le père de Songlian, fait faillite et se suicide. À dix-neuf ans elle doit faire face à un ultimatum : travailler ou se marier. Elle choisit le mariage et devient la quatrième épouse de Chen Zuoqian.

 

Cette grande demeure, où chaque épouse ou concubine a ses appartements, est un véritable panier de crabes. Elles sont toutes plus sournoises les unes que les autres.

Parce que le seul pouvoir qu'elles peuvent posséder c'est de devenir la favorite.

Elles sont donc prêtes à tout pour écraser leurs rivales.

 

Étrange coutume féodale que la polygamie alors que dans le même temps avait lieu la première guerre mondiale.

C'est extrêmement difficile d'imaginer que ça a lieu dans le même temps, sur la même planète.

 

Là comme ailleurs, dans tant d'autres pays, il vaut mieux donner naissance à des garçons.

"elle a seulement donné naissance à Yirong, qui n'était qu'une vile petite fille."

J'ai entendu un jour à la radio que partout dans le monde on préfère les garçons aux filles. Je n'arrive même pas à comprendre cette chose tellement pour moi c'est une aberration !

Hélas dans beaucoup de pays les femmes ne deviennent de "vraies femmes" qu'en donnant des garçons à leurs époux. Elles s'en glorifient et par là même font leur jeu, se tirent une balle dans le pied en se jalousant là où elles pourraient trouver du réconfort au sein de la solidarité féminine quelles n'envisagent pas un seul instant.

 

Songlian m'a beaucoup exaspérée. Par certains côtés c'est une vraie peste, mais elle m'a aussi énormément bouleversée. 

Toutes ces femmes ont une vie très dure, dans une cage dorée. Il semble que personne n'ait aucune considération pour elles.

"Tu n'es qu'une putain et tu voudrais faire ériger un monument à ta vertu !"

 

C'est un véritable enfer que cette vie de concubine où la rivalité et la duplicité sont le quotidien de ces femmes.

Mini roman passionnant de 126 pages, qui m'a fait passer par tout un tas d'émotions contradictoires, et une énorme révolte au cœur à la fin.

 

 


Citations :

 

Page 44 : « Parler, parler, comme c'est ennuyeux ! Il s'agit toujours de mensonges et de tromperies ! Les gens, dès qu'ils se mettent à causer, deviennent fourbes et sournois. »

 

Page 53 : encore une fois, j'ai eu davantage de chance, j'ai accouché la première, et d'un garçon, Feilan ! Pour elle c'était peine perdue, comme si elle avait puisé de l'eau avec un seau percé : elle a seulement naissance à Yrong, qui n'était qu'une vile petite fille.

 

Page 71 : Si vous ne donnez pas un fils à la famille Chen, vous allez connaître des jours difficiles. Pour les femmes comme nous, il en est toujours ainsi !

 

Page 93 : Je ne sais jusqu'où la flagornerie peut la conduire ! Elle est prête à lui lécher le derrière en lui assurant que c'est sucré et parfumé.

 

Page 125 : De tous temps, les femmes adultères ont expié leur crime par la mort !

Voir les commentaires

1 2 > >>