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Mon avis : Le nom des étoiles – Pete Fromm

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallmeister

 

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Quatrième de couverture :

Pete Fromm a une quarantaine d’années, deux beaux garçons, une vie splendide en plein cœur du Montana. Son passé de ranger et d’emplois saisonniers dans les espaces les plus sauvages des États-Unis est derrière lui, il est désormais père de famille. Un jour, on lui propose de partir s’installer un mois dans une cabane perdue au cœur de la Bob Marshall Wilderness. Dans cette région, qui abrite l’une des plus fortes densités de grizzlys des États-Unis, il devra surveiller la croissance d’alevins dans la rivière. La nature et le goût des grands espaces, sont-ils conciliables avec les responsabilités familiales ? Non, pense-t-il, oui, répond sa femme, un mois passe en un éclair, pars.
Plus de vingt ans après son séjour à Indian Creek, voici Pete Fromm au seuil d’une nouvelle aventure en solitaire.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J'ai tellement aimé Indian Creek que j'ai eu envie de lire cette suite aussitôt le livre refermé.

 

Mon avis :
Une vingtaine d'années après son expérience à Indian Creek, 
Pete Fromm, devenu père, accepté une mission et retourne vivre une expérience d'homme des bois dans une région qui compte une des plus forte concentration de grizzlys des États-Unis. Cette fois-ci il voudrait emmener avec lui ses deux fils, Nolan, neuf ans et Aidan, six ans. Mais maman veille ! Emmener les deux petits chez les grizzlys !.. mais ça va pas non !?

Pete Fromm alterne les chapitres entre son séjour dans les bois et sa vie avec ses enfants. Et là, on le découvre papa-poule, où plutôt papa-castor voire même carrément papa-ours. Ses fils ont eu une enfance rêvée, au contact de la nature, avec un père complice et initiateur de toutes choses. D'ailleurs son immense amour pour eux, et réciproquement, est extrêmement prégnant tout le long, c'est tellement beau...
Il nous emmène aussi dans ses souvenirs et ses expériences professionnelles lors de sa vie estudiantine, au contact de la nature et partage avec nous parfois des moments assez drôles, nous raconte aussi sa rencontre avec Rose, la mère de ses enfants.

J'ai eu un peu de mal à me laisser emporter dans l'histoire cette fois-ci. Sans doute les nombreux allers et retours entre passé et présent m'ont sortie du contexte. J'avoue que j'ai même perdu le fil par moments, ne sachant plus de quelle époque il s'agissait. Oui car il y a énormément de digressions vers le passé même quand on est dans les chapitres du temps présent.
Donc malheureusement ça n'a pas été pour moi le même engouement qu'avec Indian Creek, mais ça reste une lecture agréable car c'est une magnifique ode à la nature, à l'amitié, à la vie.

 

Citations :

Page 16 : Après m’être installé à dix-sept ans dans le Montana, j’ai passé des années à rêver aux montagnards et à leurs exploits virils et solitaires, je rêvais de trouver une cabane introuvable car trop isolée, digne d’une carte postale, avec peut-être un hybride de loup qui passerait la gueule à la porte pour anéantir tous les étrangers.

 

Page 39 : Je survécus. J’appris à le faire. J’appris que la solitude a ses hauts et ses bas. J’appris qu’un endroit comme celui-là, lorsqu’on y vit seul, devient plus qu’un simple endroit.

 

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Mon avis : Culottées Tome 2 – Pénélope Bagieu

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallimard Bande Dessinée

 

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Quatrième de couverture :

Sonita, rappeuse afghane et exilée militante ; Thérèse, bienfaitrice des mamies parisiennes ; Nellie, journaliste d'investigation au XIXe siècle ; Cheryl, athlète marathonienne ; Phulan, reine des bandits et figure des opprimés en Inde...
Les Culottées ont fait voler en éclat les préjugés. Quinze nouveaux portraits drôles et sensibles de femmes contemporaines qui ont inventé leur destin.


 

 

Mon avis :
Me voilà donc partie à la découverte du tome 2, de ces histoires de femmes atypiques pour leur époques voire même atypiques tout simplement telle Mary 
Temple Grandin, autiste, qui a trouvé sa voie alors qu'on la prenait pour une simplette.

Mes préférées sont Phulan Devi devenue reine des bandits après avoir subi l'horreur absolue de la part des hommes, alors qu'elle était issue de la plus basse caste existante en Inde, et 
Nellie Bly qui a inventé le journalisme d'investigation. Mais il y a aussi Mae Jemison, première femme afro-américaine à aller dans l'espace... comment se fait-il que je n'en ai jamais entendu parler ??? Ainsi que Naziq al-Abid, activiste de bonne famille, dans un pays et une époque où les femmes avaient juste le droit de s'écraser ! En fait, toutes sont admirables.

Toutes les femmes de ce livre ont eu des destins incroyables, parce qu'elles n'ont pas accepté ce que la société prévoyait pour elles. C'est passionnant mais aussi révoltant car personne ne devrait se voir infliger une existence sinistre et sous domination.

J'ai adoré, bien sûr 😉, comme le tome 1 ❤.

 

 

 

 

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Mon avis : Au nom du bien – Jake Hinkson

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallmeister

 

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Quatrième de couverture :

Pasteur respecté d’une petite ville de l’Arkansas, Richard Weatherford n’en est pas moins simple mortel, avec ses secrets et ses faiblesses. Car Richard a fauté avec un jeune homme, Gary. Alors le coup de fil qu’il reçoit à cinq heures du matin ne présage rien de bon : le silence de Gary lui coûtera 30 000$, sinon Richard devra dire adieu à sa réputation et – surtout – à sa femme Penny et à leurs cinq enfants qui jamais ne supporteront un tel scandale. Prêt à tout pour empêcher son monde de s’effondrer, le pasteur n’a que quelques heures pour tisser une immense toile de mensonges où piéger son entourage.

 

 

Mon avis :
Ce roman choral - chaque chapitre porte le nom d'un protagoniste - m'a enchantée tout de suite. J'adore avoir les différents points de vue ! On entre dans le vif du sujet dès les premières lignes grâce à une narration dynamique avec un suspens immédiat et en toile de fond la religion, le mensonge, l'intolérance, et l'hypocrisie qui l'accompagnement bien souvent.

La religion est omniprésente dans cette ville, très prégnante. Dieu est partout, c'est ce qui dicte les moindres comportements de nombreux habitants et en fait une communauté très soudée. du moins c'est l'impression qu'on a. Mais voilà, Richard Weatherford, pasteur, marié et père de cinq enfants à des pulsions inavouables envers les hommes et son jeune amant décide de le faire chanter pour obtenir de l'argent. le pasteur, représentant de la vertu auprès de ses ouailles et prescripteur de la morale, vit dans le mensonge depuis de nombreuses années.

C'est impressionnant la mécanique qui se met en place. J'ai éprouvé comme un sentiment de malaise envers cette Amérique puritaine, très croyante, voire bigote et néanmoins totalement intolérante. Je ne sais plus si c'est Dieu ou Jésus qui a dit "aimez-vous les uns les autres", "aime ton prochain comme toi-même", "si on te frappe, tend l'autre joue". Mais bien souvent, pas de pardon pour ceux qui s'éloignent du droit chemin, l'intransigeance est la règle.

Le pasteur Weatherford est un homme imbu de lui-même autant que torturé par son homosexualité refoulée, cause de tourments existentiels, et finalement capable d'un cynisme à toute épreuve. Et donc, lui et Penny son épouse, affichent l'image de la famille parfaite. Leur position sociale est essentielle à leurs yeux...

À travers ce roman, sont traités des sujets multiples comme les liens familiaux, la politique, ou d'autres qui inspirent le rejet trop souvent, la précarité, l'alcoolisme, l'homosexualité ou la liberté sexuelle des filles. Exclusion, homophobie et sexisme ordinaire sont de rigueur et assumés par ces bien-pensants qui vont prier à l'église tous les dimanches.

C'est un roman très prenant et plein de suspens car évidemment on se demande comment Richard Weatherford va se tirer de ce piège de même que ce qui pourrait encore lui tomber dessus. Car c'est bien connu, les ennuis voyagent toujours en escadron.

J'ai été totalement captivée par ce livre que j'ai dévoré ! Je ne saurais pas dire si je m'attendais à cette fin ou pas… en tout cas j'ai dévoré ce roman et j'ai hâte de découvrir les autres écrits de cet auteur.

 

Citations :

Page 27 : Je recule d’un pas et lui mets une droite. Je sais pas pourquoi. C’est franchement con. Je suis là, dehors, avec seulement un caleçon entre ma bite et le monde entier et je lui mets un pain.

 

Page 58 : Hitler a dit que si on veut que les gens croient un mensonge, il suffit de le répéter sans arrêt. Les anticléricaux ne cessent de répéter leur discours sur l’évolution et les gens l’acceptent sans le remettre en question. Ils entendent des hommes instruits avec des diplômes impressionnants qui pérorent sur les singes, les fossiles, que sais-je d’autre, et ils se disent : « Bon, je n’y comprends rien, mais je suppose que ça doit être vrai si des types intelligents le croient. »

 

Page 137 : Ce que je ne suis pas, c’est un homosexuel. Cela n’existe pas, les homosexuels. Le concept de l’identité gay est un mensonge du diable, fondé sur l’idée fausse que l’homosexualité est un état de l’être.

 

Page 203 : Ma mère n’était pas une belle femme. Les vêtements, les cheveux, et le maquillage ne pouvaient pas changer cela. Elle n’était pas vilaine, seulement ordinaire, et je crois que c’est ce qui la peinait le plus. Le destin de la médiocrité. Et pour aggraver les choses, elle semblait considérer la beauté comme un talent moral. Du coup, elle jugeait durement les femmes sans charme, et elle n’avait aucune compassion pour les belles femmes qui perdaient leur beauté.

 

Page 322 : - La vie n’est que perte, dis-je, et la vérité est que nous perdons tout le monde dans cette vie. Au bout de toute relation – qu’elle commence avec un garçon demandant à une fille de sortir avec lui, ou avec une mère qui tient son bébé dans ses bras pour la première fois -, au bout de toute relation, il y a une tombe. Nous voulons tellement désespérément que les choses soient permanentes, mais elles ne le sont pas.

 

 

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Mon avis : Culottées Tome 1 – Pénélope Bagieu

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallimard Bande Dessinée

 

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Quatrième de couverture :

Guerrière apache ou sirène hollywoodienne, gardienne de phare ou créatrice de trolls, gynécologue ou impératrice, les Culottées ont fait voler en éclat les préjugés.
Quinze portraits de femmes qui ont inventé leur destin.
Margaret, actrice "terrifiante", spécialisée à Hollywood dans les rôles de méchante ; Agnodice, gynécologue de l’Antiquité grecque qui dut se déguiser en homme pour exercer ; Lozen, femme apache, guerrière et chamane ; Annette, sirène australienne qui inventa le maillot de bain féminin… Pénélope Bagieu brosse avec humour et finesse quinze portraits de femmes, combattantes hors normes, qui ont bravé la pression sociale de leur époque pour mener la vie de leur choix.

 

 

Mon avis :
Pénélope Bagieu nous raconte, en bande dessinée, l'histoire de femmes qui n'avaient aucune chance d'avoir un destin hors du commun à cause justement de leur statut de femmes. Et pourtant… grâce à un moral d'acier, parfois une idée de génie ou bien tout simplement des rêves, elles ont fait de leur vie autre chose que ce qu'on pouvait attendre d'elles.

J'avoue que j'ai adoré ! J'en connaissais une, 
Joséphine Baker, et c'est tout. Ça a été une découverte qui fait du bien.
Découvrir toutes ces femmes gonflées à bloc (ah ben non c'est culottées à donf en fait 😉) faire fi de tout et foncer là où on ne veut pas d'elles et atteindre leur but, eh ben ça fait plaisir !

Ça se passe à toutes les époques et dans tous les pays et toutes ces femmes ont fait ce qu'elles voulaient, contre l'avis des hommes évidemment mais aussi des institutions.

Une bd qui met du baume au cœur, pour les femmes qui comme moi ont toujours refusé d'être mise dans une case qu'elle ne voulaient pas ❤‼️

 


 

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Mon avis : Un long, si long après-midi – Inga Vesper

Publié le par Fanfan Do

Éditions de la Martinière

 

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Quatrième de couverture :

« Hier, j’ai embrassé mon mari pour la dernière fois. Il ne le sait pas, bien sûr. Pas encore. »

Dans sa cuisine baignée de soleil californien, Joyce rêve à sa fenêtre. Elle est blanche, elle est riche. Son horizon de femme au foyer, pourtant, s’arrête aux haies bien taillées de son jardin. Ruby, elle, travaille comme femme de ménage chez Joyce et rêve de changer de vie. Mais en 1959, la société américaine n’a rien à offrir à une jeune fille noire et pauvre. Quand Joyce disparaît, le vernis des faux-semblants du rêve américain se craquelle. La lutte pour l’égalité des femmes et des afro-américains n’en est qu’à ses débuts, mais ces deux héroïnes bouleversantes font déjà entendre leur cri. Celui d’un espoir brûlant de liberté.

UN DES « MEILLEURS ROMANS DE 2021 » SELON LA PRESSE ANGLAISE (StylistThe GuardianSunday Express)

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Babelio m’a proposé ce roman via son opération Masse critique privilège.

 

Mon avis :

1959
Joyce est mariée, mère et femme au foyer, dans un quartier chic, et elle a subitement disparue sans laisser de trace.
Ruby est noire, pauvre, et fait le ménage chez les gens aisés. Elle rêve de faire des études pour sortir de sa condition.
Mick était flic à New-York et vient d'être muté en Californie.

Ce roman choral alterne les chapitres entre ces trois personnages et nous fait découvrir au compte-gouttes leurs vies, leurs souvenirs et leurs aspirations. Et le moins qu'on puisse dire c'est que la vie des femmes, qu'elles soient noires ou blanches étaient régies par le patriarcat. Mais chez les femmes blanches, aisées, confinées dans leurs rôles d'épouses et de mère sans autre avenir que de servir leur famille, tout cela était supporté à coup d'antidépresseurs. On va comprendre peu à peu leur désir d'émancipation, leur besoin de liberté.

L'inspecteur Blanke, qui ne connaît pas les codes de cet endroit, fait appel à Ruby pour tenter de dénouer l'affaire. En effet, il pense qu'une bonne entend des tas de choses. Elle accepte de l'aider, pour Joyce qui était la seule femme blanche qui lui témoignait de l'empathie et de l'affection. Mais à Sunnylakes tout le monde a quelque chose à cacher. Ils tentent pas à pas de faire craquer le vernis de cette bourgeoisie bien comme il faut.

Par certains aspects ce roman m'a rappelé "
L'invention des ailes" de Sue Monk Kidd, dont l'histoire se déroule au temps de l'esclavage. Une jeune femme blanche de la bonne société sombre dans la dépression quand elle comprend que son destin ne lui appartient pas, qu'elle ne pourra jamais exercer le métier de ses rêves car elle est une femme et que son seul futur c'est de se marier, d'être mère et faire semblant d'être heureuse. Et les noirs qu'on traitait pire que la vermine. Une centaine d'années plus tard, la misogynie et le racisme ont perduré ainsi que la douleur d'être femme et la peur constante quand on a la peau noire.

La magie de ce roman c'est qu'il m'a gobée toute crue dès que je l'ai commencé. J'ai littéralement été aspirée dans l'histoire. D'abord parce que c'est une histoire de femmes, en 1959, et que la condition des femmes de tous temps me passionne. Donc ça se passe à une époque où elles n'exprimaient pas leur désirs ni leurs rêves parce que personne n'avait envie d'entendre, et on supposait qu'elles étaient forcément heureuses parce que ça arrangeait la société.
J'adore ces histoires de femmes en avance sur leur temps. Celles qui se battaient pour se fabriquer un avenir à elles et réaliser leurs rêves contre vents et marées pendant que la grande majorité étaient résignées. Ensuite parce que l'autrice sème des indices qui nous tiennent en haleine. Joyce a-t-elle disparu volontairement, ou bien...
Il y a aussi une belle galerie de personnages qui nous en dit long sur les années 50.

Ce roman, féministe, m'a donné le sentiment que la vie des femmes comme Ruby et Joyce ressemblait douloureusement au châtiment de Sisyphe, condamné à pousser un rocher au sommet d'une montagne, car il y a quelques décennies à peine que les femmes ont commencé à avoir des droits, à être libérées du joug masculin.

Ça a été une lecture totalement addictive car la psychologue et les secrets des uns et des autres ont fait que j'aurais voulu pouvoir lire ce roman d'une traite.

 

Citations :

Page 42 : Les tâches ménagères sont un travail, comme leur nom l’indique. À moins que tu croies que je prépare ton dîner pour m’amuser ?

 

Page 67 : Je ne devrais pas peindre. Franck n’aime pas ça, bien que Geneviève Crane dise que j’ai un talent incroyable. C’est un mauvais exemple pour les enfants, une mère qui se fait plaisir, quand il y a des repas à prévoir, des tapis à aspirer et des bouquets de fleurs à arranger.

 

Page 114 : Je hochais la tête quand il me demandait si je voulais rentrer et j’ai appris qu’un homme n’a jamais tort très longtemps.

 

Page 129 : - Les rideaux de gaze évitent que le regard soit attiré par la rue, explique-t-elle. Les autres distractions, comme la radio et le téléphone, ont été reléguées dans le salon.

 

Page 134 : - La plupart des femmes, ici, se marient en sortant de l’université. Elles deviennent femmes au foyer, elles élèvent leurs enfants et vont à l’église. Et voilà. Personne ne s’intéresse à leurs désirs ou à leurs rêves. Tout le monde se fiche de leur talents ou de leurs opinions.

 

Page 197 : Mme Haney toise Ruby comme s’il s’agissait d’une crotte de chien et son mépris mériterait une médaille d’argent dans un concours national.

 

Page 208 : Et il se demande comment il se sentirait s’il vivait à Sunnylakes et qu’il devait faire face à une journée parfaite de plus, enfermé dans sa cuisine parfaite, attendant que ses enfants parfaits soient couchés afin que son mari parfait puisse lui en faire un autre.

 

Page 208 : Quand Fran était enceinte de Sandy, ses hormones lui assuraient la stabilité émotionnelle d’une ballerine de cinq ans et réduisait son intelligence à celle d’une assiette de purée.

 

Page 352 : - C’est toujours une histoire d’hommes. Ils guident leur existence, et elles n’en tirent aucune leçon. Elles se relèvent, remettent du rouge à lèvres et courent après le suivant. Jusqu’à ce qu’un d’entre eux les détruise.

 

 

 

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Mon avis : L’oubli que nous serons – Héctor Abad

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallimard

 

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Quatrième de couverture :

«Il est très difficile d'essayer de synthétiser ce qu'est L'oubli que nous serons sans trahir ce livre, parce que, comme tous les chefs-d'œuvre, il est plusieurs choses à la fois. Dire qu'il s'agit d'une mémoire déchirée sur la famille et le père de l'auteur - qui fut assassiné par un tueur - est certain, mais cela reste limité et infime, car ce livre est, aussi, une saisissante immersion dans l'enfer de la violence politique colombienne, dans la vie et l'âme de la ville de Medellín, dans les rites, les petites choses de la vie, l'intimité et la grandeur d'une famille, ainsi qu'un témoignage délicat et subtil d'amour filial, une histoire vraie transfigurée par son écriture et sa construction en une superbe fiction, et l'un des plaidoyers les plus éloquents jamais écrits contre la terreur comme instrument d'action politique.» Mario Vargas Llosa.

 

Héctor Abad est né à Medellin (Colombie) en 1958. Journaliste, romancier, traducteur de nombreux auteurs italiens (Gesualdo Bufalino, ltalo Calvino, Leonardo Sciascia), il a fait des études de médecine (à Medellin) et de lettres modernes (à Turin). L'assassinat de son père en 1987 le contraint à vivre en exil pendant plusieurs années. Son oeuvre romanesque, couronnée de nombreux prix littéraires et traduite dans plusieurs langues, est considérée comme l'une des plus importantes de la littérature colombienne contemporaine.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J’ai acheté ce livre pour ma fille qui devait le lire dans le cadre de son DUT Métiers du livre, et j’ai décidé de le lire aussi.

 

Mon avis :
Seul garçon au milieu de cinq sœurs plus une tante, une grand-mère, une mère, des bonnes et une bonne sœur, l'auteur n'a eu que son père vénéré comme présence masculine dès son entrée dans la vie et on se dit que ça l'a construit et influé sur sa personnalité ouverte, généreuse et intelligente, d'autant que son père était un idéaliste, humaniste, altruiste donc, et bien sûr bon et bienveillant.

Tout en nous racontant son père, médecin, homme engagé contre la misère et l'injustice, 
Héctor Abad dit beaucoup sur la nature humaine dans son ensemble. Il dresse un panorama de la Colombie des années 60 à 80 et la violence extrême qui y régnait et en fit un temps le pays le plus violent du monde avec entre autre ses escadrons de la mort, ainsi qu'un portrait de sa famille qui est tout sauf ordinaire. C'est foisonnant de personnages tous plus étonnants les uns que les autres. Un père "libéral idéologique, mais conservateur dans la vieille conception patriarcal du mariage", une mère féministe avant la lettre, une famille maternelle très religieuse dans laquelle on trouve deux curés rebelles et un autre extrêmement réactionnaire, sans oublier un archevêque et toutes sortes d'autres représentants de L'Église, et le côté paternel assez peu conventionnel.

J'ai adoré la vision narquoise de la bigoterie ambiante de cette époque dans cet endroit du monde que nous offre l'auteur - la réflexion contre l'aveuglement, l'ouverture d'esprit contre l'intolérance - tout cela observé avec humour.

L'auteur fait presque la description d'un père parfait. Presque !.. Heureusement l'homme a quelques défauts…

Ce livre est tout simplement passionnant, instructif et plein d'amour. Malgré quelques longueurs à mon goût, il offre de grands moments d'émotions et une édifiante page d'histoire de la Colombie.

Ce récit est un cri d'amour et un magnifique hommage rendu à un père adoré, mort assassiné parce qu'il était un homme bon et engagé contre l'injustice et la corruption.

 

Citations :

Page 17 : L’enfant, moi, aimait le monsieur, son père, par dessus tout. Il l’aimait plus que Dieu. Un jour j’ai dû choisir entre Dieu et mon père, et j’ai choisi mon père.

 

Page 21 : Maman disait toujours « mes filles » parce que les filles étaient plus nombreuses et cette règle grammaticale qui veut qu’un homme entre mille femmes ramène tout au genre masculin ne comptait pas pour elle.

 

Page 28 : De surcroît, avec cette stupéfiante habileté linguistique qu’ont les femmes, mes sœurs ne me laissaient jamais parler. Dès que j’ouvrais la bouche pour tenter de dire un mot, elles l’avaient déjà dit, elles, plus long et bien mieux, avec plus de grâce et d’intelligence.

 

Page 44 : Mon grand-père disait parfois à mon propos : « Cet enfant, il faut l’élever à la dure. » Mais mon père lui répondait : «La vie est là pour ça, qui cogne durement sur tous ; pour souffrir, la vie est plus que suffisante, et je ne l’aiderai pas. »

 

Page 60 : Il disait qu’il suffisait d’eau potable et de lait pour sauver plus de vies que la médecine curative individuelle, la seule que voulaient pratiquer la plupart de ses collègues, en partie pour faire de l’argent, en partie pour accroître leur prestige de magiciens de la tribu.

 

Page 94 : Comme en une lutte sourde dont mon âme était l’enjeu, je passais des ténébreuses cavernes théologiques matutinales aux projecteurs illuministes vespéraux. À cet âge où se forment les croyances les plus solides, celles qui nous accompagneront probablement jusqu’à la tombe, je vivais fouetté par une bourrasque contradictoire, bien que mon véritable héros, secrètement victorieux, soit ce nocturne chevalier solitaire qui, avec une patience de professeur et un amour de père, m’éclairait toute chose par la lumière de son intelligence, à l’abri de l’obscurité.

 

Page 95 : Pour moi, c’était un soulagement de cesser de croire aux esprits, aux âmes en peine et aux fantômes, de ne pas avoir peur du Diable, ni d’éprouver la crainte de Dieu, et d’aspirer plutôt à me protéger des bactéries et des voleurs, que l’on pouvait au moins affronter avec le bâton ou avec une piqûre, et non pas avec le vent des prières.

 

Page 113 : En définitive, en matière de religion, croire ou ne pas croire n’est pas seulement une décision rationnelle. La foi ou le manque de foi ne dépend pas de notre volonté, ni d’aucune grâce mystérieuse reçue d’en haut, mais d’un apprentissage précoce, dans l’un ou l’autre sens, qu’il est presque impossible de désapprendre.

 

Page 151 : Au bout d’une heure ou deux de mystérieuse alchimie (la bibliothèque était sa chambre des transformations), ce père qui avait rappliqué l’air renfrogné, le visage gris et sombre, ressortait radieux, heureux. La lecture et la musique classique lui rendaient sa joie, ses éclats de rire et son envie de nous embrasser et de parler.

 

Page 191 : Il est des moments dans la vie où la tristesse se concentre, comme l’on extrait l’essence d’une fleur pour en faire un parfum. Ainsi parfois dans notre existence la souffrance se décante jusqu’à devenir dévastatrice, insupportable.

 

Page 241 : Le plus nocif pour la santé des hommes ici, ce n’était pas la faim, ni la diarrhée ou la malaria, ni les virus ou les bactéries, ni le cancer ou les maladies respiratoires et cardiovasculaires. Le pire agent de nuisance, celui qui occasionnait le plus de morts parmi les citoyens du pays, c’étaient les autres êtres humains.

 

Page 272 : Maintenant âgé, en possession de ses sens et entouré des êtres chers. C’est la seule mort que nous acceptons tranquillement et dans la consolation de la mémoire. Presque toutes les autres morts sont odieuses, et la plus inacceptable et absurde est la mort d’un enfant ou d’une personne jeune, ou la mort causée par la violence assassine d’un autre être humain.

 

Page 286 : En cet instant je ne peux pas pleurer. J’éprouve une tristesse sèche, sans larmes. Une tristesse totale, mais hébétée, incrédule. Maintenant que je l’écris, je suis capable de pleurer, mais à cet instant j’étais envahi par une sensation de stupeur. Un étonnement presque serein devant l’énormité de la méchanceté, une rage sans rage, un pleur sans larmes, une douleur intérieure qui ne semble pas émue mais paralysée, une quiète inquiétude.

 

 

 

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Mon avis : Notes sur le chagrin – Chimamanda Ngozi Adichie

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallimard

 

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Quatrième de couverture :

Comment dire adieu à un être cher alors que le monde entier est frappé par une crise sanitaire, que le défunt repose au Nigeria et que ses enfants sont bloqués en Angleterre et aux États-Unis ? Le père de Chimamanda Ngozi Adichie vient de mourir. Séparée de ses proches, cette dernière vit un deuil empêché et solitaire. Elle écrit alors sous la forme de courts chapitres, composés comme des soubresauts de chagrin et de rage, où l’amour et l’admiration qu’elle portait à son père explosent à chaque page.
James Nwoye Adichie a traversé plusieurs époques de l’histoire du Nigeria. S’il a transmis la culture et la langue igbos à ses enfants, essentielles à l’œuvre de l’autrice, il s’est aussi élevé contre certaines traditions de son pays. En partageant des anecdotes familiales simples et touchantes, Chimamanda Ngozi Adichie rend hommage au professeur émérite de l’université du Nigeria, mais surtout au père humble et affectueux qu’il était, son « dadounet originel ».
La perte se voit ainsi transcendée par l’amour et la transmission.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Tout ce qui traite du deuil m’intéresse parce que je n’en finis plus de souffrir de la mort de ma mère il y a bientôt trente ans.

 

Mon avis :
Chimamanda Ngozi Adichie nous raconte la douleur et l'incrédulité face au deuil soudain et à l'absence qui en résulte. Deuil d'autant plus douloureux que c'est arrivé pendant le premier confinement, elle aux États-Unis, son père mort au Nigeria, pas d'avions, aéroports fermés.

 

J'espérais de l'émotion, très forte, pour me rapprocher de mon propre deuil que je ne cesse de vivre depuis 1992. Hélas je n'ai pas été touchée. J'ai trouvé tout très froid, factuel, je n'y ai ressenti aucune émotion. Ça n'a rien réveillé en moi, peut-être parce qu'elle dit "parti" au lieu de "mort". Ça édulcore et de fait ça rend les choses ni douloureuses, ni tragiques, et peut-être même pas réelles. Partir implique un retour possible…

 

Je m'attendais à trouver dans cette lecture un gros serrement de cœur, je suis complètement passée à côté, ça m'a laissée de marbre.. peut-être trop peu de page pour réussir à faire ressentir l'ampleur du désarroi. J'ai trouvé que l'autrice sautait trop souvent du coq à l'âne : du chagrin, de la colère, des souvenirs, des faits, du chagrin, de la colère et ainsi de suite, trop vite, sans que jamais rien n'aie eu le temps de me toucher.
 

Citations :

Page 33 : « J’étais persuadé que Daddy était parti pour être nonagénaire », dit mon frère Kene. Nous l’étions tous. Peut-être avions-nous cette croyance déraisonnable que sa bonté, le fait que c’était quelqu’un de tellement bien, allait le maintenir parmi nous bien au-delà de ses quatre-vingt-dix ans.

 

Page 37 : « Il avait quatre-vingt-huit ans » est profondément agaçant car le chagrin n’a rien à voir avec l’âge ; la question n’est pas combien d’années, mais combien d’amour il avait à son actif.

 

 

 

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Mon avis : Les os des filles – Line Papin

Publié le par Fanfan Do

Éditions Stock – Le Livre de Poche

 

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Quatrième de couverture :

« Nous finissons tous ainsi, après tout, et c’est doux. C’est doux parce que c’est commun. Il y aura eu bien des injustices, bien des secousses, bien des dangers ; il y aura eu des joies, des rires, des peurs, des amours, des haines, des ressentiments, des passions ; il y aura eu des accidents, des voyages, des crises, des maladies… Nous aurons été chacun à notre manière déformés par la vie. Il restera les os humains – ce que nous avons été au minimum, ce que nous avons tenté d’être au maximum. »
C'est l’histoire de trois femmes : Ba, sa fille et sa petite-fille – l’auteure elle-même. Une histoire qui commence dans les années 1960, pendant la seconde guerre d’Indochine, sous les bombes d’un village vietnamien. Ces trois générations de femmes traverseront trois combats : celui de la guerre, celui de l’exil et celui de la maladie.

Une étoile littéraire est née. Elle.

Une écriture envoûtante et singulière. Lire.

 

 

Mon avis :
Dès le début je me suis sentie comme un lien avec l'autrice, elle qui se sent d'ici et de là-bas, le cœur déchiré par un écartèlement entre deux points géographiques… un peu d'ici, beaucoup d'ailleurs. Ce sentiment étrange de n'être réellement de nulle part. Une sourde mélancolie émane de cette enfant née à Hanoï d'une mère vietnamienne et d'un père français.

Elle nous raconte la vie de sa famille vietnamienne, la moitié d'elle, nous parle des guerres d'Indochine, ces guerres dont je ne sais rien car il me semble qu'on ne nous l'apprend pas à l'école. Elle nous parle de la misère dans les années 80, de l'embargo qui les laisse dans le dénuement, si près de nous, il y a à peine quarante ans… c'est tellement injuste et inhumain. On apprend beaucoup sur le Vietnam à cette lecture.

Elle parle d'elle à la troisième personne, et ça donne un aspect roman alors que c'est autobiographique et j'ai vraiment aimé ça. Mais ça donne aussi un sentiment de dédoublement de la personnalité. Elle parle cru aussi parfois, et quelquefois c'est brutal. On sent sa colère derrière ces (ses) mots, cette façon de nous raconter.
J'ai eu l'impression que c'était quelqu'un dans la maturité qui racontait alors qu'elle est si jeune encore… 23 ans quand elle a écrit ceci, pourtant il y a une incroyable profondeur dans ses pensées.

C'est beau, c'est bien écrit et ça nous dit plein de choses. Hormis la guerre, il y a le métissage, l'amour, la séparation, le déracinement, l'exil en France, le chagrin, la douleur. Car la famille au Vietnam, c'est au sens large, plusieurs générations sous le même toit. Les souvenirs que l'autrice évoque de ce temps là, c'est plein d'odeurs, de chaleur, de vie, de rires, de sons, d'amour plus plus plus.
C'est une magnifique déclaration d'amour à Hanoï et tout ce qui en faisait partie… puis la maladie liée au désespoir d'avoir perdu tout ce qui faisait le bonheur de son enfance.

J'ai adoré cette histoire, où la France paraît moche et froide comparée au Vietnam et plus précisément à Hanoï, pauvre et bordélique et pourtant terre de tous les bonheurs.

J'ai fait un beau et triste voyage en enfance entre deux cultures aux antipodes l'une de l'autre, à lire l'histoire d'un soleil qui aurait plongé au fin fond des mers pour ressurgir radieux après un séjour dans les abysses.

 

Citations :

Page 13 : Ils ont sous leurs pieds le travail et son gain. Le bonheur est présent car le sol est généreux, les voisins sympathiques. C’est-à-dire, il sont tous dans la même situation, sans concurrence ni jalousie, tous pareillement soumis au ciel, au soleil, aux moussons, aux sécheresses… Ils sont les habitants d’une même terre, les fils d’une même mère, solidaires. Alors, ils vivent là, avec les plantes, les pluies, les familles, les bêtes et l’espoir.

 

Page 26 : La mère refusait de lâcher une pièce, s’agaçait de la frivolité de sa fille, redoutait qu’elle ne tombe enceinte lors d’une de ses sorties nocturnes. Au village, c’était foutu après, une fille mère, personne n’en voudrait. Le proverbe traînait : les filles sont des bombes à retardement, un jour, sans crier gare, elles vous lâchent un môme dans la cabane, et c’est une bouche de plus à nourrir, une impossibilité…

 

Page 62 : Tu étais entourée de ton père, ta mère, ton frère, tes amis aussi, puisqu’il y en avait toujours deux ou trois qui traînaient dans le salon. Tu étais entourée, oui. Au Vietnam, tu avais cinq familles : ta ville, tes parents, ta nourrice, tes grands-parents, tes amis.

 

Page 63 : Cette liberté enfantine dans un lieu où rien ne peut vous arriver, cette chaleur, cette piscine, ces amis, ces animaux, cette errance, cet amour, ces rires : ils ont pu confondre cela avec le paradis.

 

Page 81 : Je n’ai pas de rancœur, non, pas d’exigence contre ce qui nous est arrivé, mais j’ai de la peine, maman, tellement de peine. Pourquoi a-t-on dû partir et quitter tous ceux qui m’aimaient ? C’est la question que je pose, comme un soupir. J’ai de la peine, car ceux qui m’aimaient, je les aimais aussi. Pourquoi a-t-on dû couper, sous le pied de l’amour, toute l’herbe ?

 

Page 109 : Traîner dans Paris ne m’amuse guère. La seule chose que je fais avec plaisir et sans me sentir observée ni jugée, c’est lire. Dans les romans que je dévore, dans les poésies que je récite, les personnages me laissent en paix. L’auteur me parle, raconte, je regarde, je suis, j’écoute.

 

 

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Mon avis : De purs hommes – Mohamed Mbougar Sarr

Publié le par Fanfan Do

Éditions Le Livre de Poche

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Tout part d'une vidéo virale, au Sénégal. On y voit comment un cadavre est déterré, puis traîné hors d'un cimetière par une foule. Dès qu'il la visionne, Ndéné Gueye, jeune professeur de lettres déçu par l'enseignement et fatigué de l'hypocrisie morale de sa société, devient préoccupé, voire obsédé par cet événement. De qui s'agissait-il ? Pourquoi avoir exhumé le corps ? A ces questions, une seule réponse : c'était un góor-jigéen, un "homme-femme". Autrement dit, un homosexuel.

Ndéné se met à la recherche du passé de cet homme. Autour de lui, dans le milieu universitaire comme au sein de sa propre famille, les suspicions et les rumeurs naissent... Un roman bouleversant sur la seule grande question qui vaille aux yeux de son héros : comment trouver le courage d'être pleinement soi, sans se trahir ni se mentir, et quel qu'en soit le prix ?

 

Éblouissant.

Les Inrockuptibles.

 

De ce roman intelligent et incandescent, on ressort l’esprit chaviré et en éveil.

Lire.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Il y a des thèmes qui me passionnent et qui généralement concernent les « minorités » maltraitées. L’homosexualité et la façon dont les différents peuples la traitent en fait partie.

 

Mon avis :
Quelle écriture !!! Vraiment, c'est virtuose…
On entre assez vite dans le vif du sujet, encore que, j'y ai vu plusieurs sujets.
D'abord, les vidéos virales et totalement malsaines sur internet, qui en un temps record sont vues des milliers de fois. Ensuite, mais en même temps, la place faite aux homosexuels dans les sociétés. le comportement de ceux qui pensent qu'ils sont "comme il faut" et que par conséquent les homosexuels sont des dépravés qu'on doit châtier, souiller, et humilier parfois jusque dans la mort.

Ndéné Gueye, prof de lettres, nous raconte la société dans laquelle il vit, le Sénégal musulman, et son rapport à l'homosexualité. Dans tous les cas elle est honnie, que l'on pense qui s'agit d'une maladie ou d'un libre choix purement pervers. En aucun cas ça ne peut être l’œuvre de Dieu... pourtant, Dieu n'a t'il pas créé tout ce qui existe ??
En tout cas, là-bas on déterre les homosexuels pour profaner et déshonorer leur dépouille mais aussi parce qu'ils n'ont pas le droit d'être inhumés en terre sacrée musulmane.

Sans doute que l'homophobie répandue de par le monde est avant tout liée au fait que, comme le dit le narrateur "La plupart des gens pondaient des opinions extérieures à eux, sur des objets qui ne les engageaient à rien et en rien. Ils parlaient sans conséquence. Ce qui leur permettait de dire toutes les stupidités possibles impunément, sans même s'en rendre compte." (Page 54-55)
Le narrateur en vient à s'emporter contre ses étudiants qui lui font remarquer que 
Verlaine est interdit car il était un homosexuel, un góor-jigéen. Et là on retrouve le débat très actuel - faut-il séparer l'homme de son oeuvre ? -.

Une intolérance terrible règne au Sénégal envers l'homosexualité, mais comme dans nombre d'autres pays, par ignorance, bêtise, avec le support de la religion, sorte d'inquisition sociale qui se cache derrière sa culture.
L'auteur nous dresse un panorama des pratiques cruelles de son pays envers les gays, puis nous emmène à la découverte de l'homme déterré, à la recherche de son identité et lui rend la réalité de son être.

J'ai aimé cette superbe prose qui nous parle d'humanité, d'obscurantisme, de haine, d'intolérance, du poison de la rumeur, du deuil et de sa douleur insurmontable, de rédemption.

 

Citations :

Page 13 : Le corps exhumé retomba au sol, la poussière s’éleva ; je fermais les yeux, saisi de terreur et de dépit, mais la vidéo continuait, elle flattait ma curiosité morbide, je les rouvris.

 

Page 15 : Éprouver une terreur sacrée devant un fait, en être profondément bouleversé, puis s’adonner au plaisir peu après en oubliant le drame : il n’y a qu’un homme pour être ainsi, pour être tour à tour, ou à la fois, le frère du monstre et la sœur de l’ange. Aucune vraie décence ne dure. Ou alors c’est seulement moi qui suis comme ça.

 

Page 46 : Mon père consacra son prêche à la vidéo de l’individu déterré ; autrement dit, il le consacra à l’homosexualité. Ses propos sans ambiguïté condamnèrent implacablement cette turpitude ignoble que la colère divine devait châtier. Il approuva le fait qu’on ait déterré l’homme, rappela le caractère sacré du cimetière religieux et affirma que la place des homosexuels était en prison car, en plus d’être des pêcheurs, les goor-jigéens étaient aussi des criminels, dont la seule présence au sein de la société menaçait sa cohésion et sa morale ; des êtres dont l’existence même constituait un crime contre l’humanité.

 

Page 53 : - Ils ne sont pas malades, intervint lentement mon père, d’une voix dure. Comment Dieu les aurait-Il frappés d’une maladie qui serait un péché ? Il ferait d’eux les coupables d’une faute dont ils ne seraient pas responsables ? Une faute d’origine divine, astafirulah, c’est impensable. Tout ça relève d’un choix conscient. Ces hommes ne sont pas malades. Dire qu’ils sont malades, Mbène, ce serait comme dire que Dieu est à l’origine de l’homosexualité…

 

Page 84 : Ce que tu appelles homophobie esthétique n’est qu’une prison de ta culture traditionnelle et religieuse sénégalaise, une prison dans laquelle le corps féminin, idéalisé, réduit à sa pure forme, demeure le seul corps sexuellement désirable et digne de fantasmes. C’est encore très moral, très religieux, très culturel, quoi que tu en dises.

 

Page 128 : Un deuil est un labyrinthe, et au cœur de ce labyrinthe, est tapi le Monstre, le Minotaure : l’être perdu. Il nous sourit ; il nous appelle ; on veut l’étreindre. C’est impossible, sauf à mourir aussi. Seul un mort sait étreindre un mort ; seule une ombre sait en embrasser une autre.

 

 

 

 

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Mon avis : Indian Creek – Pete Fromm

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallmeister - Totem

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Le garde commença à parler de bois à brûler. Je hochais la tête sans arrêt, comme si j'avais abattu des forêts entières avant de le rencontrer.
- Il te faudra sans doute sept cordes de bois, m'expliqua-t-il. Fais attention à ça. Tu dois t'en constituer toute une réserve avant que la neige n'immobilise ton camion.
Je ne voulais pas poser cette question, mais comme cela semblait important je me lançai :
- Heu... C'est quoi, une corde de bois?
Ainsi débute le long hiver que Pete Fromm s'apprête à vivre seul au cœur des montagnes Rocheuses, et dont il nous livre ici un témoignage drôle et sincère, véritable hymne aux grands espaces sauvages.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Deuxième lecture pour le challenge Gallmeister sur Instagram avec comme thème Nature Writing.

 

Mon avis :
En 1978, alors qu'il est étudiant à Missoula dans le Montana, 
Pete Fromm se prend de passion pour les récits d'aventure dans la nature sauvage. C'est au hasard d'un désistement de dernière minute qu'il va remplacer quelqu'un au pied levé et s'embarquer dans cette expédition solitaire de sept mois, à surveiller les œufs des saumons, lui qui n'a pas la moindre expérience de la montagne durant les longs hivers glacials dans les rocheuses.

La veille du départ, il commence à avoir des sueurs froides à l'idée de ce à quoi il s'est engagé, il se dit que c'est une folie et il aimerait pouvoir faire marche arrière.
Pourtant, une fois seul avec sa chienne dans la forêt, grâce à ses lectures, il apprend à chasser pour se nourrir, et là, pauvre de moi, j'ai assisté à toutes sortes de mises à mort . Crâne de piaf que je suis je n'avais pas réfléchi à cet aspect de la vie sauvage quand j'ai choisi cette lecture : les humains veulent manger de la viande et pour cela il faut tuer des animaux. Hélas il n'y a pas que la chasse pour la nourriture, mais aussi pour la fourrure ou les trophées - chasse au cougar, au lynx. Futile humanité qui tue des créatures sublimes pour le plaisir d'ôter la vie…

À part ce genre de précisions qui ne me font pas de bien, il faut reconnaître que l'histoire est prenante et même passionnante. On est en immersion avec l'auteur, dans cette nature grandiose.

C'est impressionnant de réaliser la capacité d'adaptation dont peut faire preuve un individu grâce à son instinct de conservation.
Pete Fromm m'a fait rêver et m'a presque donné envie de ce genre d'expérience, moi qui déteste avoir froid et qui ai peur la nuit dans les bois.

On assiste peu à peu à la transmutation de 
Pete Fromm en homme des bois, on vit avec lui des moments magnifiques, d'autres tristes, et certains plutôt angoissants par des températures de moins 40, des tempêtes et des avalanches.
Une histoire captivante alors qu'au départ je craignais de quelquefois m'y ennuyer.
En effet, un homme seul au fond des bois l'hiver avec son chien, par quel biais allait-il bien pouvoir m'accrocher ? Eh bien la réussite est totale ! J'ai adoré ce récit qui nous parle de dépassement de soi et d'osmose avec la nature au milieu des montagnes, voire avec l'univers tout entier dans la sensation de presque pouvoir toucher les étoiles ‼️


Pete Fromm à réussi une fois de plus à m'embarquer à ses côtés en Amérique, cette fois-ci au milieu de nulle part, jusqu'à la postface qui m'a énormément émue.
Je pense qu'Indian Creek fait partie de ces histoires qu'on n'oublie jamais.


 

Citations :

Page 27 : Mais les gardes devaient arriver dans deux jours, une dizaine de soirées d’adieu avaient été organisées en mon honneur, et je ne voyais aucun moyen de me sortir du guêpier dans lequel j’avais foncé tête baissée. C’était impossible.. Si l’on m’avait appelé pour m’apprendre que le projet était finalement annulé, j’aurais dansé la gigue tout nu dans la grande rue.

 

Page 54 : J’avais appris à l’université que le cerveau est le grand modérateur des fonctions corporelles. Au lieu d’inciter à l’action, il passe au contraire le plus clair de son temps à freiner les actions réflexes, et c’est pour ça qu’un poulet décapité, privé de ces freins, court dans tous les sens.

 

Page 61 : Pour les animaux à fourrure, on n’utilisait un fusil qu’en dernier recours. Assommer n’était pas très soigneux. La meilleure méthode de mise à mort était, si possible, d’écraser le torse de l’animal avec le pied, depuis le talon jusqu’à la plante, ce qui faisait plier la cage thoracique et exploser les poumons et le cœur entre le sternum et la colonne vertébrale.

 

Page 138 : Je continuai d’attendre le coup de feu jusqu’au moment où il fallut bien que je me remette à respirer. Je détournais le regard du puma et de l’arbre, la tête rentrée dans les épaules au cas où Phil déciderait de tirer au moment où je n’y croyais plus. Je lui jetais un coup d’œil alors qu’il abaissait son arme et, pendant une seconde, j’espérais qu’il ait compris quel gâchis ce serait d’abattre cet animal au regard de la puissance phénoménale dont nous avions été témoins sur la colline.

 

Page 178 : Pendant tout ce temps passé à regretter ce que je manquais dans l’autre monde, jamais je ne m’étais rendu compte de ce que je manquerais en quittant Indian Creek.

 

Page 185 : Je poussai un cri. Levant les poings au-dessus de ma tête, je criai. En poursuivant ma ronde de fou en haut des cimes, je savais que partout où mes yeux se posaient, et même plus loin encore, partout où le soleil venait de disparaître, la seule empreinte sur le sol qui n’était pas celle d’un animal était la mienne. Je criai de nouveau, prêt à exploser.

 

Page 226 : Ils ne connaissaient rien à cet endroit. Ils ne savaient rien des skieurs qui faisaient demi-tour une fois arrivés au col, ni des nuits à moins quarante où les étoiles sont si nettes qu’on a l’impression de pouvoir les attraper. Ils ne savaient pas qu’il y avait eu quatre pieds de neige durant des mois, que les traces de neige qu’ils voyaient dans les prairies étaient mes pistes hivernales, compactées, qui résistaient au soleil. Ils verraient tout ça tel que c’était maintenant, sans savoir par quoi il avait fallu passer pour en arriver là. Cela me semblait injuste. J’avais l’impression d’avoir payé mon dû, et maintenant ces gens-là venaient profiter de ce que j’avais mérité à force d’efforts.

 

 

 

 

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