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fantastique

Mon avis : L’homme qui savait la langue des serpents – Andrus Kivirähk

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’estonien par Jean-Pierre Minaudier

 

Éditions Le Tripode

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Empreint de réalisme magique et d'un souffle inspiré des sagas islandaises, L'homme qui savait la langue des serpents révèle l'humour et l'imagination délirante d'Andrus Kivirähk.
Le roman qui connaît un immense succès depuis sa parution en 2007 en Estonie, retrace dans une époque médiévale réinventée la vie d'un homme qui, habitant dans la forêt, voit le monde de ses ancêtres disparaître et la modernité l'emporter.
Grand Prix de L'Imaginaire 2014

 

 

Mon avis :
Amis des bêtes, bienvenue dans ce drôle de monde et cette époque où les humains étaient proches de la nature, où un ours pouvait séduire une femme mariée, où les hérissons étaient de gros crétins, où certains savaient la langue des serpents car ils étaient leurs frères. Hélas, à part Leemet, tout le monde a oublié... Il est le dernier à la parler. Et il nous raconte.

On navigue dans un univers fantasque où on rencontre des femmes qui se flagellent nues en haut des arbres, un vieil ivrogne quasi végétal, un sage des vents, un cul-de-jatte qui fabrique de la vaisselle un peu spéciale, un très vieux poisson barbu, et le Christ est l'idole des jeunes... Il suffit de se laisser porter et permettre à l'enfant qui est en nous de refaire surface, pour croire aux anthropopithèques qui élèvent des gros poux délirants, à la salamandre volante, à Ints la jeune vipère et meilleur ami, à l'Ondin esprit du lac, aux ours tombeurs de ces dames, aux louves laitières... c'est jubilatoire ! Il y a d'un côté ceux de la forêt un peu doux dingues mais parfois plus dingues que doux, qui vivent en harmonie avec la flore mais dominent la faune, dont certains croient aux génies, et de l'autre ceux du village, qui ont tout renié de leur mode de vie passé, qui sont sous l'emprise de la religion, et donneurs de leçons. Les villageois qui passent leur temps à cultiver les champs et aller à la messe, les forestiers qui mangent de l'élan encore et encore et beaucoup trop, entre deux flâneries dans les bois.

Ce roman c'est, transposé au temps des chevaliers, le monde ancien contre le monde moderne. Et vraiment, c'est l'ancien qui est le plus attrayant, féerique, enchanteur, fabuleux, ensorcelant, flippant... Ah !... Ça se voit que j'ai aimé ? Adoré ? Surkiffé ? Oui ! Ce roman est une bulle d'oxygène sylvestre, de croyances ancestrales, de fantasmagorie et aussi de drôlerie. Car oui, c'est joyeux, drôle, et parfois hilarant.

L'auteur se moque allègrement, à travers ses personnages, des croyances et superstitions païennes et de celles liées à la religion et de la récupération qu'ils font, toujours en leur faveur, des événements, tendant à prouver que rien de ce qui arrive n'est dû aux mérites des individus car ils sont forcément l'instrument de Dieu, ou du diable s'il n'y a que de l'indignité et pas de gloire à s'approprier. Il égratigne au passage les sociétés, les pouvoirs en place qui veulent tout contrôler, ne voir qu'une tête, et surtout pas de libres penseurs, la religion toute puissante qui asservit les gens par la peur et l'ignorance, pourvoyeuse de la pensée unique. le contrôle de la nature, et vade retro la liberté ! Des peuples sous le joug de têtes pensantes prosélytes qui haïssent l'apostasie, l'athéisme, le paganisme. Et ça, c'est intemporel. Il faut avouer que la religion en prend pour son grade, à moins que ce ne soit plutôt les ecclésiastiques, mais avec énormément d'humour. Cela dit, le mage aussi prend cher avec ses lutins, ses génies, sa bêtise, sa méchanceté et ses désirs de domination. Et les peuples qui se comportent en bons petits moutons mais jugent durement ceux qui ne marchent pas comme eux dans le rang. Ça m'a mis une chanson en tête : Non les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux.

C'est foisonnant, il s'y passe tant de choses, des joies, des douleurs, le monde qui change, l'amitié, l'amour, la mort, les affres de l'obscurantisme, de l'ignorance et du fanatisme. C'est l'histoire de toute une vie, celle de Leemet le narrateur, et il nous la raconte d'une façon enthousiasmante, enjouée et très drôle, mais aussi douloureuse parfois et quelquefois résignée. J'ai tellement aimé que je ne vais pas m'arrêter là quant à ma découverte des romans de 
Andrus Kivirähk !

 

Citations :

Page 32 : Dites donc à vos parents qu’ils arrêtent avec leurs âneries ! Tous ceux qui ont quelque chose dans la cervelle viennent s’installer au village. À notre époque, c’est idiot de s’enterrer au fin fond d’un fourré en se privant de tous les acquis de la science contemporaine. Ça me fend le cœur de penser à ces pauvres gens qui continuent à végéter dans des cavernes alors que d’autres vivent dans des châteaux ou des palais ! Pourquoi les estoniens devraient-ils être les derniers à se civiliser ? Nous aussi, nous avons droit aux mêmes plaisirs que les autres peuples ! Dites(le à vos parents. S’ils ne pensent pas à eux, qu’ils aient au moins pitié de leurs enfants. Qu’est-ce que vous allez devenir si vous n’apprenez pas à parler allemand et à servir Jésus-Christ ?

 

Page 36 : « Il y en a qui croient aux génies et fréquentent les bois sacrés, et puis d’autres qui croient en Jésus et qui vont à l’église. C’est juste une question de mode. Il n’y a rien d’utile à tirer de tous ces dieux, c’est comme des broches ou des perles, c’est pour faire joli. Rien que des breloques pour s’accrocher au cou ou pour faire joujou. »

 

Page 160 : Ce fut un automne sinistre, peut-être le plus désespéré de tous ceux que j’ai vécus, car même si plus tard j’ai connu des temps encore plus tristes et qu’il m’est arrivé des choses bien plus terrible, à l’époque mon cœur n’était pas encore endurci comme il s’est endurci par la suite, ce qui me rendit les souffrances plus supportables. Pour parler serpent, je n’avais pas encore mué comme je le fis à plusieurs reprises, plus tard, au cours de mon existence, me glissant dans des enveloppes de plus en plus rudes, de plus en plus imperméables aux sensations. À présent, peut-être que rien ne traverse plus. Je porte une pelisse de pierre.

 

Page 164 : Je nageais dans le sommeil, il me roulait dessus comme des vagues, je pouvais pratiquement le toucher ; je le sentais doux comme de la mousse, et en même temps il me glissait entre les doigts comme du sable. Il était tout autour de moi, il comblait tous les vides et tous les orifices, il était chaud et frais en même temps, il flottait partout comme un souffle de vent qui caresse et radoucit l’atmosphère.

 

Page 199 : J’étais vraiment sidéré qu’un être humain puisse être à ce point sans défense, tel un misérable oisillon, qu’il se laisse mordre par un reptile. Bien sûr, j’avais vu de mes propres yeux Ints tuer le moine, mais pour moi les moines et les hommes de fer n’appartenaient pas vraiment à l’espèce humaine vu qu’ils ne comprenaient ni la langue des gens ni celle des serpents, et bafouillaient des choses parfaitement incompréhensibles. C’était comme des espèces de scarabées, on pouvait les mordre et les tuer tant qu’on voulait.

 

Page 234 : Les gens sont toujours en train d’inventer un quelconque croquemitaine pour se décharger sur lui de leurs responsabilités.

 

Page 274 : « Le gamin a mal tourné, désolé. Peut-être parce qu’il a perdu sa mère très tôt. Je n’ai pas su l’élever. Mais qu’est-ce que je peux y faire, c’est quand-même mon fils, je ne peux quand-même pas l’abattre parce qu’il s’est fait moine. »

 

 

 

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Mon avis : Épépé – Ferenc Karinthy

Publié le par Fanfan Do

Traduit du hongrois par Judith et Pierre Karinthy

 

Éditions France Loisirs

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Un linguiste nommé Budaï s'endort dans l'avion qui le mène à Helsinki pour un congrès. Mystérieusement, l'appareil atterrit ailleurs, dans une ville immense et inconnue de lui. Surtout, la langue qu'on y parle lui est parfaitement inintelligible. Ni la science de Budaï - il maîtrise plusieurs dizaines de langues - ni ses méthodes de déchiffrement les plus éprouvées ne lui permettent de saisir un traître mot du parler local. Tandis qu'il cherche désespérément à retrouver sa route, le mur d'incompréhension se resserre. Sous les apparences familières d'une grande cité moderne, tout paraît étrange et inhumain. Au plus profond de l'incommunicabilité, Budaï fait un séjour en prison, connaît des amours éphémères et participe même à une insurrection à laquelle il ne comprend décidément rien.

 

 

Mon avis :
Le linguiste Budaï, qui devait atterrir à Helsinki pour un congrès, se retrouve dans une ville inconnue où tout le monde parle une langue qu'il n'a jamais entendue, ni même lue. Lui qui maîtrise un grand nombre de langues n'arrive pas à déchiffrer celle qu'il entend partout autour de lui. de plus, dans cette ville il y a des multitudes de piétons et de véhicules qui vont sans cesse en tous sens, et de longues files d'attente partout, tout le temps, pour récupérer ses clés à l'hôtel, pour manger, pour téléphoner d'une cabine.
C'est assez inquiétant et ça m'a évoqué les cauchemars de mon enfance, quand les rêves étaient totalement absurdes et que rien n'avait de sens, quand tout ce qu'on connaît à disparu et que pourtant c'est normal. Quand on veut crier mais qu'aucun son ne sort. Quand on se retrouve seul au monde sans personne qui puisse nous aider. L'angoisse totale.

À part le fait que j'ai trouvé l'ambiance oppressante pratiquement dès le début, au bout de 50 page je me suis demandé si ça allait être comme ça pendant 313 pages. Des descriptions de cohues, de taxis bondés de passagers, de piétons pressés qui bousculent ceux qui ne se poussent pas, des files d'attente interminables partout tout le temps et du coup un ennui terrible car c'est répétitif et il ne se passe rien de nouveau. Ah ! Enfin le métro ! Et des couloirs, des dédales de couloirs, remplis de gens, qui vont, qui viennent,  comme dans une immense fourmilière... Et puis un marché, des camelots qui vendent tout et n'importe quoi et je peux dire que j'en ai eu des palpitations à force. Errer dans une foule aussi dense et se sentir si seul au monde, c'est affreux.

Au bout d'un moment, Budaï comprend que pour s'y retrouver il doit suivre le mouvement, le courant, le flot de la foule. Il décrypte les comportements. Et il boit.
Il y a cependant beaucoup d'opiniâtreté chez Budaï, mais aussi de l'espoir sans cesse renouvelé, sinon à quoi bon avancer. C'est cette espérance qui m'a fait persister dans ma lecture. Car je me suis demandé comment j'allais tenir jusqu'au bout de cet étrange roman... Mais j'avoue que j'ai voulu connaître le fin mot de l'histoire.

Bien sûr, en bon linguiste qu'il est, rompu à la réflexion méthodique, il cherche à déchiffrer cette langue qui lui échappe et on se dit qu'il finira sans doute par y arriver, en tout cas on l'espère, car sinon comment rentrera-t-il chez lui un jour ?
J'ai pensé à une parabole évoquant le bloc de l'est, car ce roman a été écrit en 1970. Ça m'a fait penser à L'URSS, une prison à l'échelle d'un pays, un lieu dont on ne peut pas sortir. Ou alors la métaphore d'autre chose, mais quoi ? Ou peut-être Budaï a-t-il glissé dans une dimension parallèle. Ou il a perdu la raison. Ou encore il dort. En tout cas, au bout d'une bonne centaine de pages j'ai fini par être totalement absorbée par cette étrange histoire.

J'ai trouvé intéressant et amusant le regard de l'auteur sur les comportements humains et l'effet de mimétisme qui en découle parfois, sans en avoir conscience. Et ces brefs et enrichissants aperçus de linguistique qui reviennent çà et là.
Et Épépé,  Dédé, Bébé, Vévé, Etèt, Tiétié, Dédéd
é, Pépé, Ébébé, Tété, Épépép...

Il semble toutefois que ce livre ait des effets secondaires très bizarres. Pendant ma lecture, j'ai fait un cauchemar qui y ressemble étrangement : j'avais été plantée par des amis dans une ville inconnue, sans mon sac donc pas de papiers, ni d'argent, ni de téléphone. J'essayais de téléphoner avec ma main en faisant mon propre numéro dans ma paume sans parvenir au delà de 06... et la peur de n'avoir nulle part où dormir. Oups !

J'en suis venue à bout, un peu laborieusement quand-même. C'est réellement un roman étonnant, une expérience unique. J'ai hélas trouvé le temps long trop souvent.

 

Citations :

Page 16 : Il a tout le temps pour observer les gens qui font la queue avec lui. Des Blancs et des gens de couleur ; devant lui deux jeunes nègres noir de suie à cheveux lisses, plus loin, une femme jaune, les yeux bridés, avec sa petite fille, quelques hommes grands de type germanique, un gros de type méditerranéen, le visage luisant de sueur en manteau à poil de chameau, des Malais basanés, des Arabes ou des Sémites, une blonde à taches de rousseur en pull bleu avec une raquette de tennis : il serait difficile de trouver une race ou une ethnie majoritaire, tout au moins là, devant ce restaurant.

 

Page 21 : Par son métier, il a un sens linguistique particulièrement aiguisé : sa spécialité proprement dite c’est l’étymologie, l’étude de l’origine des mots. Dans le cadre de son travail il aborde les langues les plus diverses : parmi les langues finno-ougriennes, le hongrois et le finnois bien sûr, mais aussi quelque peu le vogoul et l’ostiaque, et puis le turc, un peu l’arabe et le perse ainsi que le slavon, le russe, le tchèque, le slovaque, le polonais et le serbo-croate. Mais ce langage que l’on parle ici n’en rappelle aucune, pas plus le sanscrit, l’hindi, le grec ancien ou moderne, mais il ne peut pas non plus être germanique ; de plus il se débrouille en allemand, en anglais et éventuellement en hollandais.

 

Page 44 : Pendant ce temps-là le soir tombe, les lumières s’allument à l’extérieur ; la veille c’est à peu près à la même heure que l’autobus l’a amené. Donc vingt-quatre heures déjà. Pour l’instant il ne s’attarde pas à cette pensée, il poursuit sa pesante marche en avant, l’âme rongée d’inquiétude : il a appris à se battre, à pousser et bousculer pour avancer, tout comme les autres…

 

Page 85 : C’est en lui-même que doit résider la faute, dans son caractère auquel toute agressivité, toute bousculade sont étrangères, cette révélation vient de s’imposer à lui, tout endormi et ivre qu’il est. Tant qu’il n’arrivera pas à vaincre sa modestie pusillanime, sa crainte d’importuner, il n’arrivera jamais à partir d’ici, ni même à donner de ses nouvelles afin que quelqu’un puisse lui porter secours.

 

Page 96 : Il recommence donc, comme les autres fois, à essayer de communiquer en diverses langues, allemand, hollandais, polonais, portugais, et même turc et perse, et aussi en grec ancien, mais l’autre n’accroche pas, il l’interrompt :

Chérédérébé todidi hodové guruburu pratch… Antapratch, vara lédébédimé karitchaprati…

 

Page 109 : Quelles explications ses proches, ses amis, ses collègues de travail se donnent-ils de ce mystère, et sa femme avant tout, que peut-elle ressentir ? Et son petit garçon, et son chien ?…

 

Page 169 : À proprement parler, n’importe quel habitant de la ville serait en mesure de lui enseigner sa langue, les mots, les règles au fur et à mesure, à condition de lui consacrer suffisamment de temps et de patience. Mais c’est précisément cela qui manque le plus chez les gens d’ici, un peu de courtoisie, de serviabilité, de disponibilité dans leur hâte immodérée et leur éternelle bousculade, quelqu’un qui l’écouterait demander ce dont il a besoin, qui une fois au moins daignerait témoigner de l’intérêt pour ses gesticulations de sourd-muet. Jamais personne n’a pris le temps pour cela depuis son arrivée, personne ne lui a permis de nouer une quelconque relation humaine. Sauf peut-être une seule…

 

Page 173 : Ce sont les soirs qui lui font le plus peur, sa chambre lui semble une cellule de prison ; s’il avait au moins quelque chose à lire dans n’importe quelle langue familière ! Impossible de s’immerger éternellement dans ces rebus indéchiffrables, il ressent un manque affreux de nourritures spirituelles, de détente, il craint d’en devenir fou.

 

Page 264 : Sur le plan matériel il doit faire des choix : ou il économise pour du linge, ou il boit, or en toute sobriété et après réflexion il opte pour la boisson car sans alcool son existence est carrément insupportable.

 

 

 

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Mon avis : Le monstre des Hawkline – Richard Brautigan

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Michel Doury et Lorraine de la Valdène

 

Éditions 10/18

 

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Quatrième de couverture :

"Plus qu'une écriture, ce livre a au fond un parfum :

pour être tout à fait franc,

il faut y voir quelque chose comme le mélange

d'une senteur de genévrier frais le matin

et d'un relent de hasch dans une cuisine.

"Ce roman est écrit pour les copains du Montana",

prévient Brautigan dans une dédicace.

Il faut le recevoir comme ça :

la bonne,

la très bonne histoire contée par un gars

qui doit pas beaucoup hésiter

pour s'en rouler un petit et après,

tasse de thé à la main et bûche dans l'âtre,

s'offrir une rêverie aussi élaborée

que les stratégies échéquiennes de Bobby Fischer.

Un grand maître de l'imagination."

Jean-François Fogel

Libération (1977)

 


 

Mon avis :
1902.
Cameron et Greer, deux tueurs à gages en carton, beaucoup trop empathiques pour être efficaces à 100%.
Un jour Magic Child vient les chercher pour les emmener auprès de sa patronne Miss Hawkline qui a une mission, extrêmement bien payée, pour eux.

Mais alors, comment parler de ce livre complètement barré ?!
Alors que nos deux "héros" sont des tueurs dont l'un a des tocs, qu'ils baisent des putes de quatorze ans (c'est pas moi qui le dit, c'est Brautigan), qu'il y a de-ci de-là des pendus dans le décor, il y a un je ne sais quoi de facétieux dans la narration, et ça donne tout le temps envie de sourire, et parfois ça fait rire.

Des chapitres extrêmement courts, souvent une page et demie, parfois seulement quelques lignes et ça donne un rythme particulier que j'ai bien aimé, comme pour cadencer les étapes de leur voyage et de leur mission. C'est bourré d'échanges absurdes, et de faits anecdotiques, comme par exemple les cerfs qui broutent les fleurs sur les tombes du cimetière, au grand dam du Pasteur.

On avance dans cette histoire farfelue et carrément irrévérencieuse où le langage est cru, où les dialogues sont souvent complètement ébouriffants d'absurdité, et on se retrouve dans le surnaturel sans l'avoir vu venir. Brautigan s'est amusé au mélange des genres en mode loufoque. J'ai trouvé ça réussi, je n'ai jamais rien lu de tel, c'est jubilatoire.

Cette étrange histoire m'a prise par la main et m'a emmenée jusqu'à l'épilogue sans que j'aie envie de m'arrêter. Ce livre est dingue, tout simplement. Je l'ai adoré !

 

Citations :

Page 27 : À la sortie de Grompville, un pendu se balançait au pont qui traversait le fleuve. Son visage portait une expression incrédule, comme s’il ne pouvait pas encore croire qu’il était mort. Simplement, il refusait de croire qu’il était mort. Il n’y croirait qu’après qu’on l’eut enterré.

 

Page 54 : L’ivrogne était étalé le nez dans la poussière au milieu de la grand-rue. Il gisait inconscient et paisible sous le soleil poussiéreux de l’été. Il avait les yeux fermés et un sourire en coin. Un gros chien jaune lui reniflait les bottes et un gros chien noir reniflait le gros chien jaune. Ces chiens étaient heureux. Tous deux remuaient la queue.

 

 

 

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Mon avis : La voiture rouge – Jacques Timmermans

Publié le par Fanfan Do

Autoéditions

 

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Quatrième de couverture :

Après un premier recueil de nouvelles SFF, Jacques Timmermans nous revient avec un roman à la croisée des genres, mêlant intimement le réel et l’imaginaire.
En pénétrant dans son univers littéraire, les pistes de la raison pure se brouillent rapidement, le doute s’insinue peu à peu sur nos vérités inébranlables, et nous apparaît alors fort naturellement en filigrane la part de vrai mystère que recèle notre monde.

Une banale auto, abandonnée non loin d’un village reculé de campagne.
Mais voilà que cette voiture s’est mise soudain à effectuer de petits déplacements imprévisibles. Et que, plus étrange encore, la répétition de cet événement laisse bientôt les villageois dans une totale indifférence.
Jusqu’au jour où débarque Zoé, une journaliste freelance, attirée sur place par la perspective d’un article à sensation, et bien déterminée à tirer cette affaire au clair. Sa tâche va cependant s’avérer plus complexe qu’elle ne se l’était imaginée. Comment peut-elle faire la part des choses, plongée au cœur d’un monde qui lui apparaît de plus en plus indéchiffrable ?
Son enquête, semée d’embûches et de rebondissements, va lui réserver encore bien des surprises…


 

 

Mon avis :
Voilà une histoire qui tourne autour d'une étrange petite voiture rouge qui bouge toute seule et imperceptiblement dans un petit village belge.
Zoé, jeune journaliste qui vient enquêter sur ce phénomène atterrit dans un manoir au fond d'une clairière en guise d'hôtel. Et là je dois dire que j'ai tout de suite aimé son hôte, un vieil homme du nom de Reginald de Sambre. Accueillant, érudit et sympathique, il a un salon rempli d'étagères elles-mêmes remplies de livres… des centaines de livres ! le paradis sur Terre !!!

Zoé a juste un petit défaut typique des citadins, elle prend les habitants de la campagne pour des ploucs qui vivraient quasiment dans une époque lointaine et hors du temps. Mais voilà, elle n'a pas totalement tort concernant ce village. Il semble être hors du monde et du temps. D'ailleurs il est décrit avec beaucoup d'humour notamment quand les habitants sont au troquet du coin.

Les investigations de Zoé la mènent... nulle part en fait. Elle a l'impression de piétiner. Mais à force de persévérance elle va apprendre peu à peu des petites choses, de-ci, de-là, et on sait bien que les petits ruisseaux font les grandes rivières. Avec opiniâtreté elle mène son enquête, car elle ne peut pas revenir bredouille à la rédaction du journal où sa rédac' chef l'attend au tournant. Mais quel sac de nœud le mystère de cette petite voiture de marque inconnue, possédant une immatriculation répertoriée nulle part et qui semble avoir une vie propre!...
Et tout le long de ma lecture je me suis demandée quelle était cette énigme, avec les questions en suspens, les rebondissements et les doutes qui s'insinuent.

Encore une fois j'ai énormément aimé la belle écriture de 
Jacques Timmermans, son humour subtile et son imagination débordante pour embarquer le lecteur dans une histoire abracadabrantesque qui m'a fait passer un excellent moment, autant par le sujet que par les personnages tous hauts en couleur. On apprend par ailleurs beaucoup sur différents sujets tels le rasoir d'Ockham, la vie sylvestre et l'enchevêtrement du mycélium laccaire, la cognition, et d'autres choses encore, et c'est ce que j'adore dans les romans, quand je me distrais et m'instruis en même temps.

Et cette fin !... je ne m'y attendais pas et je pense que c'est le genre d'épilogue qu'on ne peut s'empêcher de retourner dans tous les sens tant il interpelle et fait réfléchir.
Un roman passionnant qui se dévore !

 

Citations :

Page 10 : Mais voilà, l’esprit humain est ainsi fait qu’il s’accommode finalement sans peine de l’irrationnel lorsque la répétition de celui-ci finit par l’intégrer dans la nature habituelle des choses.

 

Page 76 : Le monde que je vois aujourd’hui me paraît malheureusement rongé en profondeur par les prétendues valeurs qu’il met en avant : ce n’est partout que compétitivité, égocentrisme, consommation et accumulation à outrance, toujours plus de croissance aveugle. Difficile de retrouver dans ce soi-disant progrès un vrai sens à notre existence, vous ne pensez pas ?

 

Page 156 : Mais c’est un destin on ne peut plus normal que les parents s’en aillent avant les enfants, l’inverse serait atroce et profondément injuste. Et puis nos êtres chers, une fois disparus, sont finalement avec nous beaucoup plus souvent qu’ils ne l’étaient de leur vivant, n’est-ce pas ?

 

Page 247 : Pourquoi ne nous sommes-nous jamais mariés ?

- On s’aimait trop, peut-être ?

 

 

 

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Mon avis : La passe-miroir Livre 4 – La tempête des échos – Christelle Dabos

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallimard Jeunesse

 

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Quatrième de couverture :

Les effondrements se multiplient, de plus en plus impressionnants: Babel, le Pôle, Anima... aucune arche n'est épargnée. Pour éviter l'anéantissement total il faut trouver le responsable. Trouver l'Autre. Mais comment faire sans même savoir à quoi il ressemble ? Plus unis que jamais, Ophélie et Thorn s'engagent sur des chemins inconnus où les échos du passé et du présent les mèneront vers la clef de toutes les énigmes.


 

 

Mon avis :
Voilà le Tome 4, la dernière ligne droite… enfin, droite non ! Car tout est mouvementé dans cette saga et rien ne va en ligne droite !

Les arches perdent des pans entiers dans le vide et une évacuation des non-natifs de Babel est organisée, ou plutôt une expulsion qui tourne à l'émeute. Ophélie doit absolument trouver "l'autre" car sans doute est-il responsable de ce qui est en train d'arriver. Ou bien est-ce Eulalie ? Et pour ce faire, elle pense devoir intégrer l'observatoire des Déviations, cet endroit terrible où il semble se passer des choses affreuses.

Je me suis beaucoup demandé qui était en réalité Ophélie. À mesure qu'elle avance dans sa quête de la vérité, tout devient de plus en plus étrange, voire métaphysique, autant pour elle que pour le lecteur. Je dois dire que par moments j'ai été perdue. On découvre peu à peu sur elle des choses qu'elle-même ne sait pas. Elle navigue à vue dans de constantes distorsions de temps et de lieux.

Ophélie qui pensait juste être une petite conservatrice de musée insignifiante s'avère au fil des pages une personne forte, volontaire, pugnace, résistante, intuitive, généreuse, altruiste, un très beau personnage féminin.

Le final de cette saga est totalement ébouriffant. Cependant, quelques pages de moins ne m'auraient pas déplu. J'ai parfois trouvé trop long les nombreuses descriptions de cette espèce d'apocalypse contre laquelle Ophélie lutte avec l'énergie du désespoir mais surtout une force incroyable.
J'avoue que cette fin ouverte n'est pas celle que j'espérais. Elle donne la possibilité d'une suite que j'aimerais tellement mais qui n'a pas été écrite…
En tout cas, une saga totalement addictive dont le tome 2 a été mon préféré.

 

Citations :

Page 233 : Ophélie eut soudain l’impression de mieux respirer. Thorn avait parfois des manières de coupe-papier, mais son absence de doutes balayait les siens.

 

Page 294 : À sa vive surprise, Thorn acquiesça sans seulement essayer de la décourager. Elle ressentit à cet instant pour lui une infinie gratitude. Elle lui était reconnaissante d’être si stable devant elle, si présent parmi les absents, si vivant surtout.

 

Page 346 : Chaque choix comportait la promesse d’une récompense et le risque d’une condamnation.

 

Page 538 : Il la couvrait de baisers, elle le couvrait d’insultes. Une bulle de bonheur dans un océan de chaos.

 

 

 

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Mon avis : La passe-miroir Livre 3 – La mémoire de Babel – Christelle Dabos

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallimard Jeunesse

 

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Quatrième de couverture :

Deux ans et sept mois qu’Ophélie se morfond sur son arche d’Anima. Aujourd’hui il lui faut agir, exploiter ce qu’elle a appris à la lecture du Livre de Farouk et les bribes d’informations divulguées par Dieu. Sous une fausse identité, Ophélie rejoint Babel, arche cosmopolite et joyau de modernité. Ses talents de liseuse suffiront-ils à déjouer les pièges d’adversaires toujours plus redoutables ? A-t-elle la moindre chance de retrouver la trace de Thorn ?


 


 

Mon avis :
À peine le tome 2 refermé que je me jetais avec avidité sur le 3 avec comme seul rêve de pouvoir m'extraire du monde le temps de le lire d'une traite. Hélas, ça c'est pas possible.

Ophélie est retournée sur Anima et elle se morfond depuis plus de deux ans tant l'ennui, le doute et l'incertitude sont profonds. Par chance, elle réussit à échapper à la vigilance de la Rapporteuse et sa girouette et décide d'aller à Babel.
Et là, force est de constater que l'autrice n'est jamais à court d'imagination, une imagination débordante, délirante, où chaque nouveau monde nous réserve de nouvelles fantasmagories toutes plus folles les unes que les autres. C'est chaque fois un plaisir incommensurable de découvrir ces lieux féeriques qui nous éloignent de notre quotidien pour nous ramener à notre âme de gosse qui croyait que tout était possible.

À Babel, Ophélie, qui s'y trouve incognito, se lance un défi énorme qui devrait lui permettre d'atteindre son but, qui consisterait presque à décrocher la lune.
"Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer" semble être le mantra d'Ophélie.

Babel, sous ses airs bien propre, pacifique et disciplinée est en réalité une société totalitaire. Tous ces interdits, c'est vraiment glaçant. Tout le monde est surveillé, tout le monde doit dénoncer le moindre écart au règlement qui est régi par des codes très stricts, qui vont de la tenue vestimentaire jusqu'au langage. La violence est prohibée, il est interdit d'utiliser le mot guerre, de crier, de dire des grossièretés, de mentir. Les sanctions sont sans violences physiques et pourtant terribles. Dans cette arche où le mensonge est un crime très grave, Ophélie vit sous une fausse identité.

On rencontre de nouveaux personnages, Ambroise qui est étrangement inversé, Blasius le maladroit, Octavio si magnétique, Mediana la peste ambitieuse, Pollux et Hélène les esprits de famille jumeaux, et un univers d'une richesse incroyable. Parallèlement on suit les pérégrinations d'Archibald accompagné de Renard et Gaëlle à travers les roses des sables. Il y a aussi une petite Victoire qui a un pouvoir étonnant dont on se demande à quoi il va être utile. Et bien sûr, une fin qui donne furieusement envie de poursuivre cette saga.
Et donc, EN ROUTE POUR LE TOME 4 !!!

 

Citations :

Page 133 : Alors qu’Ophélie cherchait le verre de ses lunettes, qui avait lâchement profité de l’occasion pour reprendre la fuite, la colère explosa dans son ventre. Une mioche ! Même loin de chez elle, même après toutes ces années, on la traitait encore et toujours comme une mioche.

 

 

 

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Mon avis : La passe-miroir Livre 2 – Les disparus du Clairedelune – Christelle Dabos

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallimard Jeunesse

 

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Quatrième de couverture :

Fraîchement promue vice-conteuse, Ophélie découvre à ses dépens les haines et les complots qui couvent sous les plafonds dorés de la Citacielle. Dans cette situation toujours plus périlleuse, peut-elle seulement compter sur Thorn, son énigmatique fiancé ? Et que signifient les mystérieuses disparitions de personnalités influentes à la cour ? Sont-elles liées aux secrets qui entourent l’esprit de famille Farouk et son Livre ? Ophélie se retrouve impliquée malgré elle dans une enquête qui l’entraînera au-delà des illusions du Pôle, au cœur d’une redoutable vérité.

 

 

Mon avis :
Voilà que j'ai enchaîné le deuxième tome, car l'essayer c'est l'adopter. En effet, on a envie de savoir où tout ça va mener Ophélie mais aussi Thorn, son futur époux, dans ce monde cruel et menteur. Car si lui y a toujours vécu, Ophélie vient d'une arche où il n'y a pas de jeux de pouvoir ni de duplicité. C'est comme si elle avait été plongée dans un bain d'acide et qu'elle devait apprendre à y survivre et même à y vivre pleinement.

Ophélie est amenée à rencontrer Farouk, l'esprit de famille de cette arche et donc l'être le plus vieux et le plus puissant de ce lieu ainsi que l'ancêtre de tous. Il est décrit comme étant d'une beauté fascinante, pourtant il paraît totalement évaporé, a une mémoire défaillante et semble s'ennuyer au delà de tout. En fait il a l'air carrément gâteux. Ce personnage si puissant qui a l'air de ne rien comprendre ni retenir m'a beaucoup amusée.

Ce deuxième tome et ses descriptions des personnages et des décors extrêmement baroques ainsi que les situations extravagantes m'ont parfois fait penser à un film des années 80 tiré d'un livre, Les aventures du Baron de Munchausen. Une espèce de folie qui donne l'impression d'être dans un univers onirique règne en permanence. Des paysages fous, des événements abracadabrants et des individus tous plus fantasques les uns que les autres donnent la sensation de voyager dans un rêve totalement délirant et féerique.

Il y a dans cette histoire une infinité de personnages passionnants, je crois même qu'ils le sont tous. Certains restent insondables dans ce mélange d'(in)humanité en tous genres, du moins pour l'instant… tel l'ambassadeur, l'anticonformiste de service, qui est un vrai tombeur et qui dépasse sans doute parfois les limites. Pourtant j'ai du mal à croire qu'il ne soit que cela. Et le chevalier, cet enfant infect au pouvoir trop grand pour lui et qui en use à mauvais escient. Thorn, le fiancé d'Ophélie, grand dadais maussade et dur, en apparence en tout cas… mais il faut dire que tout bébé on a tenté de le zigouiller ! Je l'aime énormément et assez rapidement on sent des failles, comme si sa personnalité était surtout une carapace.
Et puis des intrigues, des mystères, des menaces, des disparitions… on ne s'ennuie pas un seul instant dans cette histoire totalement prenante.

J'ai tout aimé et j'ai adoré la fin, qui apporte des réponses mais aussi des nouvelles questions. Surtout, chaque révélation semble apporter de nouveaux mystères…

Et bien entendu, À L'ASSAUT DU TOME 3 !!!

 

Citations :

Page 34 : Ophélie était consciente qu’ils jouaient ensemble sur les planches d’un théâtre, devant un public qui n’attendait qu’une fausse note pour les huer. Chaque mot, chaque intonation, chaque expression corporelle avait son importance. Mais sur cette scène, Thorn restait son plus grand adversaire. À cause de lui, on ne retiendrait d’elle que l’image d’une femme tapie dans l’ombre de son mari.

 

Page 119 : La vieillarde semblait dans l’expectative, comme si elle attendait de voir la jeunette faire ses preuves. Ophélie s’aperçut qu’elle avait elle-même envie de gagner l’estime de cette femme brillante, de cette personnalité insoumise, de cette étrangère qui s’était accomplie à travers sa profession.

 

Page 326 : Je suis la maman d’Ophélie. J’admets être sensible à l’intérêt évident que vous portez à ma fille, mais j’aurais quelques observations à vous faire. Pour commencer, je ne suis pas certaine d’apprécier la façon dont les femmes sont considérées dans votre petite réunion, dit-elle avec un geste significatif pour l’assemblée exclusivement masculine qui la jaugeait du regard. Ensuite, je vous trouve excessivement sévère avec vos plus jeunes descendants. Et enfin, conclut-elle, à l’intention cette fois des favorites, vous devriez apprendre à vous habiller convenablement, mesdames. À votre âge, on ne cache pas ses parties intimes derrière des diamants. Quel exemple déplorable vous donnez à ma fille !

 

 

 

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Mon avis : La passe-miroir Livre 1 – Les fiancés de l’hiver – Christelle Dabos

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallimard Jeunesse

 

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Quatrième de couverture :

Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs.
Elle vit paisiblement sur l'arche d'Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons.
La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle.
À quelle fin a-t-elle été choisie ?
Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ?
Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d'un complot mortel.

 

Une héroïne inoubliable, un univers riche et foisonnant, une intrigue implacable. Découvrez le premier livre d’une grande saga fantastique et le talent d’un nouvel auteur à l’imaginaire saisissant.

 

Lauréat du Concours du premier roman

organisé par Gallimard Jeunesse, RTL, et Télérama.

Grand prix de l’imaginaire 2016

 


 

Mon avis :
Comme promis à ma fille qui y tenait énormément, j'attaque 2023 avec La passe-miroir. Et c'est Gallimard jeunesse ! Ce qui veut dire que, soit je suis complètement immature, soit j'ai gardé ma capacité de rêver et je n'ai pas tué l'enfant qui sommeille en moi. Je vais opter pour la deuxième solution !

Dès le début il est question de mariage arrangé, d'une impossibilité de dire non pour Ophélie qui doit se résigner à épouser Thorn, un homme dont elle ne sait rien. le moins qu'on puisse dire c'est que dès le premier regard, l'aversion est réciproque. Aucun des deux ne souhaite ce mariage, mais le choix ne leur appartient pas.

Ce roman est un univers de magie où, en touchant les objets Ophélie peut connaître l'histoire des propriétaires successifs, où les choses ont une vie propre et ça m'a beaucoup plu. Elle sait aussi traverser les miroirs. Ça m'a un peu évoqué Harry Potter mâtiné du Merlin l'enchanteur de Disney. Eh oui, mon âme d'enfant s'est réveillée à cette lecture. Mais La passe-miroir n'est pas une copie des deux que je viens de citer. C'est juste quelques petites choses comme ça en rapport avec mes propres références, la magie tout simplement telle l'écharpe d'Ophélie qui a sa vie propre…

Les descriptions des différentes arches, les pays, m'ont plongée dans ces mondes tant c'est visuel et immersif, ainsi que les personnages tous étonnants, parfois exubérants. Ça fourmille d'idées, d'imagination, de féerie mais aussi de suspense car le monde dans lequel Ophélie doit aller vivre avec son mari est le Pôle, glacial, extrêmement dangereux, plein de faux-semblants, de perfidie, aux antipodes du sien à tous points de vue, auxquels elle va devoir se frotter et se faire malmener. Cette société est beaucoup trop compliquée pour elle, vanités, ambitions, manipulations, complots, hypocrisies, jalousies, tout n'est que danger pour Ophélie.

En fait, je ne veux pas rentrer dans les détails de l'histoire de peur de spoiler… Il faut lire cette saga si on n'a pas tué l'enfant tapi en nous, car il n'y a pas d'âge pour se laisser aller à rêver d'un univers magique, et celui-ci est tout simplement foisonnant !
J'y ai toutefois trouvé un côté patriarcal désuet un peu pesant, mais peut-être n'est-ce qu'une impression intentionnelle de la part de l'autrice et possiblement Ophélie réussira-t-elle à s'en affranchir. Je l'espère !!!

Et, bien évidemment, SUS AU TOME 2 !!!

 

Citations :

Page 61 : Clouée sur place, Ophélie était incapable de bouger. Il était là. L’homme qui était sur le point de déstructurer sa vie était là.

 

Page 161 : Sa mère avait une personnalité envahissante qui ne laissait de place à rien d’autre qu’elle-même ; elle parlait, elle exigeait, elle gesticulait, elle n’écoutait pas. Quant à son père, il n’était que l’écho faiblard de sa femme, toujours à l’approuver du bout des lèvres sans lever le nez de ses souliers.

 

Page 312 : Dans ce monde, les domestiques avaient bien peu de valeur. Ils n’appartenaient pas à la descendance de Farouk et venaient du peuple des sans-pouvoirs, ils devaient donc compenser avec leurs mains ce qu’ils ne pouvaient apporter avec leurs dons. Il y avait effectivement de quoi rester pensif. Un Mirage qui tricote des illusions vaut donc mieux que ceux qui nettoient son linge et préparent ses repas ?

 

 

 

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Mon avis : La véritable histoire de Gaya Sharpe – Anne Steiger

Publié le par Fanfan Do

Éditions Exergue

 

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Quatrième de couverture :

« Deux années se sont écoulées depuis l'extraordinaire coup de massue que le monde a reçu sur la tête. Ce fameux jour, l'irréversible et terrible processus s'est enclenché sur toute la surface du globe. Pendant un temps, la Terre a semblé continuer de tourner comme si de rien n'était, et puis, neuf mois plus tard, le dernier enfant naissait dans une banlieue du Caire, le tout dernier humain. À fleur de peau, l'humanité est impatiente d'entendre la véritable histoire de celle qu'elle considère comme l'unique responsable de cette extinction de masse : ma fille. [...]
Les faits sont incroyables, surnaturels et fantastiques, mais ils font partie de notre réalité désormais. Puisse l'histoire de Gaya nous aider à briller. Puisse l'espoir qu'elle a placé en nous se concrétiser. Puisse l'Homme renaître un jour. »

 

 

Mon avis :
Dès les premières lignes cette histoire m'a parlé, moi qui voudrais tant qu'on arrête de maltraiter tout ce qui vit, qu'on respecte un bovin autant qu'on respecte son chat ou son chien. On ne devrait pas manger de veau ou d'agneau car on ne devrait pas tuer des bébés, fussent-ils animaux. On devrait respecter tout ce qui vit sur terre car nous sommes tous interdépendants, animaux ou végétaux. Mais je m'emballe ! Gaya se préoccupe essentiellement des mouches, des moustiques et des vers de terre… Il faut tout réinventer, pour nous sauver. C'est ce que nous dit Louis Sharpe, père de Gaya, car elle lui a dit qu'il fallait tout réinventer pour nous sauver. Et il décide de nous raconter l'histoire de sa fille, car tout le monde en parle et croit la connaître sans savoir réellement qui elle est.

Quelle belle écriture qui nous raconte la mort et les ombres de l'au-delà, la douleur, mais aussi la vie, plus forte que tout et surtout l'amour ! Car Gaya est née puis morte pendant 71 minutes, puis née de nouveau, en échange d'une autre vie. Alors un deuil insurmontable a commencé, une noyade, une descente aux enfers, un combat pour la vie malgré l'envie de s'abstraire de la vie elle-même.

Que de douleurs, de peurs, de peines, de doutes. Gaya souffre, de troubles neurologiques, physiques, et peut-être aussi mentaux. Ce qui fait souffrir son père, qui se trouve face à des questionnements et des choix tragiques.
C'est une lecture éprouvante, du moins au début car pour ma part je me suis demandée "Que ferais-je si c'était mon enfant ? Quelle décision?..." car le choix offert à Louis Sharpe pour sauver sa fille, c'est la peste ou le choléra.

Le temps passe, envoûtant, des choses se produisent et certaines m'ont fait rire… petit bout de fille qui prononce ses premiers mots… fille spirituelle de Gilles de la Tourette. Après des pages d'angoisses c'était délectable, un vrai festival !
On assiste peu à peu à l'éclosion d'une petite personne totalement ébouriffante, un petit lutin tantôt redoutable, tantôt magique, toujours imprévisible.

Gaya, attardée puis géniale, atone puis caractérielle… Sauveuse de l'humanité ? Gamine attendrissante, époustouflante, exaspérante, stupéfiante, elle nous fait passer par tous les sentiments, par des très hauts et des très bas, nous soufflant constamment le chaud et le froid.
Ce roman est totalement sidérant, étourdissant, renversant ! Passionnant de bout en bout… extraordinaire et inclassable !

Je m'attendais à aimer ce roman, il a largement dépassé mes attentes ! Il m'a subjuguée, fascinée, prise par le cœur.
J'ai aimé l'écriture, j'ai aimé les personnages secondaires, j'ai aimé Gaya passionnément, j'ai aimé son père infiniment, ce pauvre papa tellement cool et pas prêt à ce qui l'attend, qui se débrouille si bien au pied du mur, j'ai adoré cette histoire incroyable et si belle, avec des moments réjouissants, qui m'a fait vibrer du début à la fin et m'a amenée à m'interroger sur la possibilité de l'au-delà et me demander si j'aimerais qu'il y en ait un… On voudrait rencontrer tout le temps des romans d'une telle puissance ! Merci du fond du cœur 
Anne Steiger pour ce conte magnifique… Grâce à lui je suis allée moi aussi faire un petit tour au Pays des Lumières, via une passerelle entre ici et là bas, que vous avez créée pour le plus grand bonheur de la lectrice que je suis et vous m'avez apporté du rêve.

Avec cette ode écolo à la vie, à l'amour, à la nature, l'autrice a réussi à toucher le cœur d'enfant niché en chacun de nous, qui survit, juste sous la surface.
Tragique, jubilatoire, émouvante, magique, cruelle, éblouissante… je pourrais encore trouver de nombreux adjectifs tant cette histoire est pleine de tout ! J'ai même l'impression que Gaya existe… Ah mais oui ! Elle existe, je viens juste de lire son histoire.
Lisez ce roman, vous en sortirez rempli(e) de tant de positif car moi, il m'a bouleversée jusqu'au mot fin… et au-delà, j'en suis sûre.

 

Citations :

Page 18 : « C’est cela l’éternité, dit Lili à notre bébé bleu, un temps qui n’en finit pas quand on est mort. Peut-être reviendras-tu sous la forme de quelqu’un d’autre ? Ou moi ? Toi aussi tu as choisi l’horticulture ? » Le cœur en miettes, Lili délirait sous l’effet des drogues.

 

Page 30 : Arrivé à la maison, je lui donnais un biberon et l’enveloppais de coton dans son nouveau berceau sur lequel sa conne de fée, cette incapable qui avait présidé à sa naissance, se pencha peut-être une dernière fois avant de repartir, je l’espérais, couverte de honte et de culpabilité.

 

Page 158 : Je regardais ma fille comme une parfaite étrangère, comme si je venais de rencontrer un petit génie sauvage au détour d’un chemin de promenade.

 

Page 161 : Je n’oublierai jamais cette scène. Ma petite fille, assise en tailleur sur son lit, dans un dialogue joyeux avec l’invisible.

 

Page 181 : La mort ne voulait rien dire. Elle n’existait pas. On passait d’un état à un autre, c’était tout. On quittait une boite, ce corps, mais ce qu’on était, on l’emmenait avec soi et le meilleur de nous continuait de vivre.

 

Page 203 : Et puis je repensai à Gaya à trois ans, sur son tricycle, le bas de salopette glissé dans ses bottes de boue, pleurant la perte de son zizi, rêvant de s’en griller une et de casser la gueule aux méchants.

 

Page 228 : Il faut apprendre à marcher légèrement sur la Terre, discerner le nécessaire du superflu, passer de la peur du manque à l’abondance de l’être.

 

 

 

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Mon avis : Devotion – Dean Koontz

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Antoine Guillemain

 

Éditions l’Archipel

 

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Quatrième de couverture :

Woody Bookman, 11 ans, n’a pas dit un mot depuis sa naissance. Pas même quand son père est mort dans un prétendu accident. Mais pour Megan, sa mère, le plus important est que son fils autiste, doté d’une intelligence supérieure, soit heureux.
Woody, lui, est persuadé qu’un laboratoire se livrant à des expériences génétiques secrètes et ultrasensibles est responsable de la mort de son père. Et que la menace se rapproche désormais de lui et de sa mère.
Avec l’aide de Kipp, un golden retriever télépathe, Woody va tenter de stopper l’être maléfique tapi dans l’ombre…

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Dean Koontz est un de mes auteurs préférés. Il m'emmène toujours dans un monde d'angoisses et presque toujours de mystères. Quelquefois il y a de l'humour comme dans son Frankenstein dont j'ai dévoré les trois tomes traduits en français, mais aussi dans Chasse à mort, où, comme ici il y a un chien très spécial.

 

Mon avis :
Megan Bookman, veuve depuis un an, élève seule Woody, son fils autiste, qui ne parle pas, est très émotif et extrêmement intelligent autant que sensible.
Kipp est un chien qui pense. Il est convaincu qu'il est l'oeuvre de l'homme mais il ignore comment et pourquoi.
Lee Shacket est un égocentrique ambitieux aux dents longues, sans scrupules, cynique et imbu de lui-même. Il est aussi l'ancien flirt de Megan. Il fuit Springville car il a laissé derrière lui un laboratoire et une catastrophe épouvantable et qu'il a peur des conséquences. Mais voilà, il fait une fixation sur Megan et il sent en lui une étrange mutation, très malsaine mais qu'il adore car il est opportuniste, prédateur et mégalomane.


Dean Koontz nous fait cheminer en compagnie de ses différents personnages, sachant qu'à un moment ils seront amenés à se rencontrer, pour le meilleur et aussi le pire. Il distille une angoisse ténue tout le long des chapitres où, apprentis sorciers, transhumanisme, corruption et ambitions démesurées marchent main dans la main dans une sarabande folle.

Outre la critique d'une société où la folie des hommes les amène à se prendre pour des dieux, ce roman fait l'éloge des chiens… comme s'ils en avaient besoin ! Toute personne qui aime les animaux sait que les chiens sont d'une générosité sans égale, d'une gentillesse absolue. C'est pour ça que je préfère les chats, ils sont moins couillons, XD !
Mais voilà, la bonté des chiens est mise en exergue ici, comme s'ils n'existaient que pour nous aimer, nous, les humains qui ne le méritons pas toujours, mais que beaucoup d'entre nous aiment en retour. C'est une histoire qui tient en haleine, avec des gros méchants sans foi ni loi, des espèces de psychopathes, mais aussi de belles personnes, et des chiens !
C'est pas mon préféré de 
Dean Koontz mais il s'est avéré de plus en plus addictif au fil des pages.
 

Citations :

Page 14 : Pour rien au monde elle n’aurait préféré qu’il soit normal et ne souffre d’aucun trouble, car alors il n’aurait pas été le même garçon. Elle l’aimait en dépit de – et en partie pour – ce parcours semé d’embûches qu’ils effectuaient ensemble.

 

Page 39 : Pour le moment, les observer lui procurait assez de plaisir. Ces animaux l’enchantaient. Ils étaient beaux et gracieux, même si ce n’était ni leur beauté ni leur grâce qui le touchaient le plus. Ce qui le fascinait, c’était le fait qu’ils étaient trois, soudés et en sécurité, sans craindre ce monde qui faisait peur.

 

Page 246 : Deux espèces sur cette planète entretenaient une complicité depuis des milliers d’années. Peut-être depuis plus de cent mile ans. Les chiens et les humains.

Les chiens étaient déjà aux côtés des êtres humains plusieurs millénaires avant les chevaux et les chats.

 

 

 

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