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Mon avis : Les bras de Morphée – Yann Bécu

Publié le par Fanfan Do

Éditions HSN

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Voici un futur proche où l'on veille en moyenne quatre heures par jour. En amour, à l'école, au travail, la routine a forcément l'allure d'un sprint : faire vite, faire court, ne pas trop ramener sa fraise Trois lois sacrées que Pascal Frimousse profane au quotidien. Professeur de français désœuvré, il a dû se recycler. Avec 12 heures de veille, il est une perle rare. Toujours fauché, souvent libre Tuer le temps, c'est son nouveau gagne-pain. Allongez 100 écus, glissez-lui le nom de votre ennemi, il se charge du reste : Frimousse est troll professionnel. Un des meilleurs. Vous pourrez dormir sur vos deux oreilles.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J’adore la science fiction, j’adore me marrer et je me suis dit qu’avec ce livre j’allais pouvoir concilier les deux.

 

Mon avis :
2070. Morphéus, virus qui provoque un sommeil irrépressible, atteint toute la population, à différents degrés. Les plus touchés n'ont plus que quatre heures de veille par jour, les plus malchanceux une heure seulement. Pascal Frimousse est prof de français à Prague. Mais faire cours à des dormeurs occupe peu d'heures, il est donc obligé d'avoir une autre activité à côté, pas toujours sans risque : troll professionnel. Il a la chance de ne dormir que douze heures sur vingt-quatre tout comme son inséparable complice et ami Michel, ancien CPE devenu patron de bar. L'endormissement qui arrive toujours à heure fixe est instantané. Mieux vaut donc être prêt à dormir pour ne pas se réveiller par terre dans des positions inconfortables. C'est littéralement ce qui s'appelle tomber de sommeil.

Que deviendrait une société où les gens ne contrôleraient plus leur temps de sommeil ni l'heure à laquelle ils s'endorment sans pouvoir rien y faire ? Et que deviendraient les familles quand les heures de sommeil des différents membres ne sont pas synchronisés ?? 
Yann Bécu a imaginé une société où le temps est précieux, où la concision est de rigueur et ça donne quelque chose d'assez fou et souvent très drôle, notamment au moment des cours ou des examens. J'ai tellement ri !!!
De plus, il donne à ses personnages un langage familier ce qui rend l'histoire percutante et réaliste.

Au fil des pages, j'ai eu l'impression que la pandémie covid avait pompé le roman de 
Yann Bécu. Il y a des similitudes quant aux conséquences parfois, du moins avec le premier confinement : rues désertes, lois liberticides, interdiction de partir, frontières fermées L'auteur serait-il visionnaire ? Il a écrit son livre et un an plus tard le Coronavirus nous est tombé dessus !
Quand la majorité de l'humanité dort, plus de productivité, plus d'agriculture, plus de ravitaillement. L'ordre établi est bousculé, le chaos alors peut pointer le bout de son nez.

Il y a, à travers ces lignes, des situations absurdes, beaucoup d'ironie et de railleries sur notre époque et nos travers, envers ceux qui gobent tout ce qu'on lit sur internet, les voyants, les gourous, les complotistes de tout poil, le plagiat, le détournement, les fake news. C'est jubilatoire !
Yann Bécu est facétieux, il a l'art de la chute et vous cueille là où vous ne l'attendez pas.

Pour résumer, c'est de la SF, avec une enquête, liée à la quête d'un remède, on dirait un peu un roman d'espionnage avec des gros vilains, deux espèces de pieds nickelés, il y a beaucoup d'action, et en plus on se marre ! J'ai adoré ce conte malicieux. À la toute fin du livre se trouve les "Extraits choisis de Wekeep-culture" où l'auteur pousse à l'extrême le genre d'inepties qu'on peut trouver sur le net… avec entre autre : Cagole, Dadaïstes, Hara-kiri, Rainbow Warrior, Xyloglossie… où la culture est rédigée par des ignares et c'est réjouissant.
J'ai hâte de lire le deuxième roman de Yann Bécu, j'ai tellement envie de me replonger dans ses délires fantastico-rigolos !

 

Citations :

Page 14 : D’abord, il n’y a plus de phases transitoire avant d’atteindre le sommeil paradoxal. On ne tombe plus dans les bras de Morphée, c’est Morphée qui vous tombe sur la gueule.

 

Page 29 : Quand Morphéus s’est mis à jouer avec les plages de sommeil, le lycée est devenu un vrai cirque. En classe, j’étais aux premières loges pour observer le spectacle. Pas une heure ne s’écoulait sans qu’une chute bien ajustée ne vienne briser la monotonie du cours. Les hypothèses allaient bon train : vengeance de Dame Nature, punition divine, fuite d’un laboratoire polonais, invasion des Atlantes, coup de pute des Slovaques, pour n’évoquer que les plus raisonnables.

 

Page 79 : Quand le pain est venu à manquer, la violence a pris comme un feu de paille. Les hommes ont bousillé les villes avec ce qui leur tombait sous la main, pelles, pioches, pétoires. De braves types se sont métamorphosés en Cro-Magnons survoltés. C’est la magie de la faim. Avec le ventre plein, on a tendance à oublier qu’on n’est jamais qu’à dix repas manqués d’une guerre civile.

 

Page 121 : souvent, j’aime y ouvrir un livre au hasard ; j’inspire profondément, et je plonge une petite heure dans les eaux troubles des complots jadis ourdis par les succubes, les juifs, les francs-maçons, les Élohims. J’y désapprends la rotondité de la terre, l’évolution, l’existence de la lune. Ces pages hallucinées ont une saveur inégalable ; elles demandent une certaine paresse intellectuelle, un appétit baroque pour la complication et la lenteur. Elles ont ce petit goût sucré-salé d’une époque où nous avions le temps de raconter des conneries avec une certaine élégance.

 

 

 

 

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