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anticipation

Mon avis : Un jeu sans fin – Nathan Hill

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’anglais (États-Unis par Serge Chauvin)

 

Éditions Actes Sud - « Lettres anglo-américaines »

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Fille d'un ingénieur canadien collaborant avec le commandant Cousteau, Evie a douze ans lorsqu'elle attrape le virus de la plongée et décide de consacrer sa vie à l'exploration des fonds marins.
Ina, une artiste polynésienne, compose des sculptures avec des déchets plastiques qu'elle glane sur les plages. Peu à peu, une étrange créature prend forme.
Todd et Rafi, deux lycéens américains que tout oppose, cimentent une intense amitié autour du jeu de go ; l'un se perdra dans la littérature, l'autre révolutionnera l'intelligence artificielle.
Avec la virtuosité qu'on lui connaît, Richard Powers met en scène une poignée de personnages à différentes périodes de leur vie, avant de les réunir à Makatea, île du Pacifique ravagée par des décennies d'extraction minière, où se joue la prochaine grande aventure de l'humanité : la construction de villes flottantes.
Mêlant science, écologie et poésie, "Un jeu sans fin" sonde les mystères de l'océan et les potentialités infinies des nouvelles technologies pour célébrer la beauté et la résilience de la nature.

 


Mon avis :
Quand la course au profit saccage la beauté ineffable de la nature...
Parce que le sous-sol de Makatea recelait du phosphate, l'île fut pillée, "Makatea avait aidé Homo sapiens à dominer la Terre. Mais dans ce processus, l'île s'était consumée."

Quatre personnages s'invitent à tour de rôle et à différentes époques dans ce roman qui chante la beauté du monde, que nous pillons sans vergogne. Ils sont tous les quatre passionnants autant que différents les uns des autres. Tous m'ont provoqué, dans un premier temps, un élan particulier ; de l'admiration pour Evie l'amoureuse des océans qui se fait sa place dans un monde d'hommes, nous communique sa passion et nous fait entrevoir la beauté des fonds marins ; de l'empathie pour Ina, l'artiste polynésienne qui n'a vécu que sur des îles avant d'aller faire ses études sur le continent ; de la tendresse pour Rafi, érudit et féru de littérature, mais qui hélas se débat dans sa peau d'homme noir qui veut battre les Blancs en étant meilleur qu'eux en tout ; de la compassion pour Todd, passionné d'informatique qui a réussi au delà de toute espérance, qui sait qu'il va bientôt mourir, condamné par une maladie atroce.

Il y a tant de lumière dans ce roman ! le ciel, les océans, les fonds marins, les plages, la faune et la flore aquatique partout et des passionnés, capables de voir le merveilleux de tout ça "Elle tourna la tête à gauche et à droite. La côte s'étendait à perte de vue, la laissant en plein centre d'un presse-papiers grand comme le globe. C'était si simple, le bonheur. Il suffisait de s'arrêter et de regarder."
Cette merveille du hasard qu'est notre planète, en voie de destruction par ces prédateurs de ressources naturelles, ces multinationales insatiables prédatrices dirigées par des aveugles qui ne méritent vraiment pas tout ça, m'ont fait ressentir beaucoup de colère. "La vie offrait tellement, la vie offrait trop, bien plus que ce que Beaulieu pourrait jamais honorer, plus que tout être vivant n'en pouvait soupçonner ou mériter."

Mais voilà, ces personnages habités, mus par des convictions, celles du beau, du vivant, m'ont mis du baume au cœur. Parce que ce roman nous parle de l'équilibre parfait de la nature, une sublime ode à l'incommensurable : "J'ai vu le mécanisme inlassable, l'insondable dessein de la Vie, et il n'aura jamais de fin."
J'ai ressenti plein d'espoirs pour l'avenir, du moins, vu des années 50, lorsque Evie, jeune femme avide de découvertes, explore les océans. C'était sans compter le pouvoir de destruction... une machine en route, inarrêtable... Et on assiste à la naissance d'internet tel qu'il a été imaginé, hélas dévoyé tel qu'on le connaît à présent.

Il y a dans ce récit, une sorte de magie, liée à l'émerveillement que l'auteur nous communique à travers l'éblouissement de ses personnages avides de connaissances. Et puis l'amitié, indestructible, celle qui commence dans l'enfance et doit durer toujours. Et l'amour, la rencontre de son âme sœur, son alter ego, le seul, l'unique. Quelle écriture envoûtante ! On saute, tels des funambules, d'une vie à l'autre en sachant qu'elles vont se rejoindre. Mais dans quel but.?.?.?
J'ai trouvé ce roman vertigineux et terrifiant par certains aspects mais aussi enchanteur. Alors que je n’étais suis pas sûre d'avoir compris la toute fin, après discussion avec d’autres lecteurs il s’est avéré que j’avais compris. C’est que c’était très subtil, et pourtant il y a des indices tout au long de l’histoire.

 

Citations :

Page 38 : À deux cents kilomètres au sud-ouest, une éruption de volcan vomit les îles de Moorea et de Tahiti. Le poids de ces masses terrestres brusquement apparues s’abattit comme le maillet d’un concours de force dans une fête foraine. Le fond de la mer se gonfla et souleva dans les airs l’atoll de Makatea.

Des centaines de mètres de squelettes de corail calcaire se désintégrèrent sous deux millions d’années de pluies tropicales. Mais les phosphates, eux, ne se dissolvaient pas dans l’eau. Au contraire, ils se concentrèrent en dépôts très denses, veinant cette colonne d’île rétrécie d’une substance dont les humains, à terme, finiraient par avoir besoin.

 

Page 56 : Elle se moquait du jugement des autres. Son léger mépris pour presque tous ses voisins humains en faisait la personne la plus discrète des Tuamotu. Tant que ses chers oiseaux chanteurs se portaient bien, tous les plus gros bipèdes pouvaient bien crever dans l’enfer qu’ils s’étaient créé.

 

Page 85 : « Votre fils a besoin de lunettes, dit Mlle Rapp à sa mère.

Qu’est-ce que vous racontez ? Il y voit parfaitement. »

Mlle Rapp inclina la tête, et la mère de Rafi se reprit.

« Pourquoi il ne m’a pas dit qu’il n’y voyait rien ? 

Qu’est-ce qu’il en savait ? Il n’a que ces yeux-là ! »

 

Page 102 : Il s’exprimait comme s’il avait soif de parler mais qu’il n’était pas sûr d’en avoir le droit. Un panache de magnifiques intuitions improvisées émanaient de lui, après quoi il se repliait sur son pupitre en essayant de se rendre invisible. Il écorchait certains mots — mais uniquement des mots érudits et précieux. Ce qui signifiait qu’il avait passé des années à lire sans avoir l’occasion d’en discuter avec les profs. Ce mec s’était frayé tout seul un chemin jusqu’ici.

 

Page 117 : C’était si simple, le bonheur. Il suffisait de s’arrêter et de regarder.

 

Page 128 : Ils embarquèrent donc, trente-huit au total, pour l’endroit le plus sauvage de la planète. Pendant six mois, des Philippines à la Malaisie puis à la Nouvelle-Guinée, le vaisseau scientifique Ione sillonna cinq millions de kilomètres carrés d’océan, longeant la plus mangrove du monde et flottant au dessus d’un tiers des poissons de la planète et de trois quarts de ses récifs coralliens en devenir.

 

Page 136 : « Quatre-vingt-dix pour cent de la biosphère se trouve sous l’eau !

Non, quatre-vingt-dix-neuf ! »

Aucun humain ne savait vraiment à quoi ressemblait la vie sur Terre. Comment l’auraient-ils pu ? Les humains vivaient sur la terre ferme, au royaume marginal des mutants égarés. Toutes les forêts, les savanes, les marais, les déserts, les prairies de tous les continents n’étaient que des post-scriptum, des annexes de la grande scène de la planète.

 

Page 210 : On allait à des conférences et on en ressortait mieux instruits de l’ampleur de notre vaste ignorance.

 

Page 288 : Nous autres humains sommes conçus pour rivaliser, pour cracher notre avis, pour rechercher le prestige et le flouze, pour regarder grandir notre fortune et notre cote, pour impressionner nos amis et terrasser nos ennemis. Ou peut-être simplement pour jouer.

 

Page 308 : Existait-il nation plus terriblement démocratique que ces quatre-vingt-deux insulaires, sur leur caillou grand comme une chiure d’oiseau ?

 

Page 310 : Manutahi Roa, magnat de l’énergie sur l’île et consultant technique tous azimuts, installa l’équipement électronique dans la maison du peuple pendant que tout le monde était à l’église. Il se définissait comme un communiste démocrate, au dédain inflexible quoique respectueux pour l’opium du peuple. Cet athéisme lui libérait ses dimanches matins et ajoutait quatre heures hebdomadaires à son temps disponible, ce qui le rendait, selon sa propre estimation, près de neuf pour cent plus productif que s’il avait été encombré par la foi.

 

Page 329 : Une idée m’apparut : les gens dans mon domaine parlaient toujours de « l’équivalence humaine » comme l’étalon-or pour mesurer l’intelligence d’une machine. Mais les humains les plus intelligents au monde cédaient leurs données gratis sans prendre la peine de lire le contrat. Les données, c’était la vie. Il y avait peu de choses au monde plus précieuses. Si céder ses données était le critère d’humanité, alors créer une intelligence artificielle généralisée allait peut-être se révéler plus facile qu’on ne le croyait.

 

Page 335 : L’ère des humains touchait à sa fin. On avait déjà passé l’an un de l’ère des machines intelligentes. Une nouvelle forme de vie était apparue qui allait prendre nos emplois, diriger notre économie, faire des découvertes à notre place, être notre amie et arranger nos sociétés à son idée. Et cette ère avait démarré en un clin d’œil, après la plus brève des enfances.

 

Page 377 : Elle avait vu s’étioler les zones si poissonneuses au large de Terre-Neuve, assisté à la disparition des crabes des neiges en mer de Béring, observé des chaluts étirés sur des kilomètres déracinant en un après-midi des cités de corail qui avaient mis dix mille ans à pousser, constaté que toutes les mers du monde s’acidifiaient, que la plupart des récifs blanchissaient, et que l’exploitation minière des nodules de manganèse allait arracher le cœur des fonds marins. Elle avait vécu assez longtemps pour voir des détritus dans la fosses des Mariannes, les lieux les plus reculés transformés en clubs de vacances, le Gulf Stream dévier de son cours, et la couche photique trop chaude bloquer les nutriments dans les couches inférieures, faute de pouvoir les brasser. Les neuf dixièmes des grandes formes de vie avaient disparu, et le reste était contaminé par les métaux lourds. La plus grande part de la planète était exsangue, avant même qu’on ait pu l’explorer.

 

 

 

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Mon avis : Frapppabord – Mireille Gagné

Publié le par Fanfan Do

Éditions La Peuplade

 

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Quatrième de couverture :

Province du Québec, 1942. Sur Grosse-Île, dans le fleuve Saint-Laurent qu’arpentent les sous-marins allemands, les gouvernements américain, britannique et canadien mettent en place un projet top secret. Des dizaines de scientifiques y sont réunis dans la plus grande discrétion, afin de mettre au point une arme bactériologique nouvelle. Des décennies plus tard, à l’occasion d’un épisode de canicule d’une ampleur inédite, des accès de rage bousculent la petite ville de Montmagny et ses alentours. Elle semble se propager comme une épidémie à mesure que les frappabords se multiplient. Mireille Gagné fait preuve d’invention dans ce deuxième roman, un livre écologique, subtil et haletant, qui nous recommande d’écouter ce que le vivant essaie de dire : l’équilibre est un état à retrouver.

Vous auriez probablement ressenti de la nausée en nous voyant surgir sur les berges du Saint Laurent : une nuée de frappabords, en une seule main sombre et vorace, caressant les herbes hautes au lever du soleil.

 


Mon avis :
L'histoire commence par le point de vue de l'insecte piqueur, qui nous explique comment il va opérer pour nous sucer le sang, en arrachant parfois un morceau de chair. C'est un 
frappabord, un taon à cheval, une mouche à cheval, une mouche noire, une mouche à chevreuil, une sale bestiole.

Cette histoire se déroule sur deux époques. de nos jours ou dans un futur proche avec Théodore, ouvrier dans une usine, et en 1942 avec Thomas, entomologiste réquisitionné par l'armée pour mettre au point une arme létale, dans un laboratoire secret situé sur une île du fleuve Saint-Laurent. le grand-père de Théodore vit dans un hospice où on l'attache souvent à son lit pour contenir ses colères. Il a élevé Théodore qui sait très peu de choses sur lui ainsi que sur ses parents, morts quand il était enfant.

On se rend compte dès le début qu'on va vivre un sale moment avec les insectes, créatures indispensables et pourtant insupportables, voire douloureuses et même parfois naturellement dangereuses. le fait que ce soit le 
frappabord qui nous parle de lui, comment il nait, comment il grandit, se reproduit, repère ses proie, leur suce le sang et arrache de la chair, rend les choses vraiment flippantes : "Je vous repère d'abord de loin, attirée par vos mouvements, même infimes, et surtout par la chaleur et le dioxyde de carbone que vous dégagez."
"Délicatement, je dépose ma bouche sur votre peau suave, telle une langue chaude, initiant juste assez de succion pour en goûter la saveur."
"J'ai goûté toutes vos peaux, vos sangs, vos sueurs, hommes, femmes, enfants, malades, stressés, propres, sales. J'ai digéré toutes vos chairs dans l'objectif ultime de me reproduire un jour."
Un vampire en somme, qui nous scrute et nous jauge pour mieux nous saigner. Il y a dans ce que nous dit le 
frappabord une espèce de sensualité ambiguë : "Me déposer sur ta peau humide. Goûteuse. Salée. Chaude. Y marcher à ton insu la langue sortie. Me délecter de chacune de tes parties les plus intimes." Un prédateur absolu. Après ça, je ne regarderai plus les moustiques de la même façon. Ah oui parce que ce sont LES bestioles infernale ici. Les frappabords, appelés taons en France, je n'en ai rencontré pratiquement qu'en montagne.

Cette lecture renforce le sentiment que la folie des hommes d'hier et d'aujourd'hui à ne penser qu'à l'instant présent et à leurs intérêts personnels, détruit le monde de demain, celui de leur descendance, de leurs enfants et petits-enfants.
J'ai adoré avoir le point de vue de l'insecte, la façon dont il nous voit, comme un mets succulent mais aussi comme un nuisible, une erreur à éradiquer.

C'est terrible comme les dystopies rejoignent tout doucement notre présent. Depuis quelques années, les moustiques tigres ont fait leur apparition en France. D'abord dans le sud, il gagnent du terrain en envahissant tout doucement toutes les régions et gagnent aussi en dangerosité puisqu'on recense quelques cas de malaria et de dengue, maladies transmises par ces petites bêtes infernales qui ne nous laissent pas un instant de tranquillité dès qu'on s'installe dehors. La prochaine étapes c'est quoi ? Des moustiques géants ?

La fin est glaçante tant elle semble plausible. Car moi je vois la Terre comme une grosse bombe dont la mèche a commencé à brûler lorsque nous sommes entrés dans l'aire industrielle 💣.
Si seulement ceux qui peuvent cessaient de traiter d'écoterroristes ceux qui essaient ...

 

Citations :

Page 29 : Je doute que vous vous rappeliez votre naissance. Très peu d’espèces le peuvent en effet. Pour ma part, je me souviens de tout, de chaque microseconde. Peut-être est-ce dû au fait que ma vie sera de courte durée, quelques semaines, tout au plus.

 

Page 48 : Avant son arrivée ici, il n’avait jamais été directement témoin de toute la violence, l’intensité, la beauté, la douceur, l’aridité, l’intelligence que la nature pouvait déployer pour survivre. Dans cet environnement sauvage, Thomas se sentait appartenir davantage au clan des proies qu’à celui des prédateurs. Une variété en particulier s’acharnait avec férocité sur lui depuis le début : les frappabords.

 

Page 152 : Vous avez déréglé le mécanisme à un point tel qu’il n’y aura pas de retour en arrière possible. Ce n’est qu’une question de temps avant que vous soyez éjectés. La Terre ne pourra pas vous endurer encore bien longtemps. Je rêve qu’elle vous expulse de son immense gosier, à la manière d’une bouchée avariée.

 

Page 178 : Sa peau est parsemée de plaques brunes, qui rappellent que le chemin qui reste est beaucoup plus court que celui parcouru.

 

Page 194 : Il avait raison. Il y a des chemins que les hommes ne devraient pas emprunter.

 

 

 

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Mon avis : L’ultime guerre – Anna Raymonde Gazaille

Publié le par Fanfan Do

Éditions LE MOT ET LE RESTE

 

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Quatrième de couverture :

Dans un monde dystopique, une secte nommée les Adeptes du Tout-Puissant sème la terreur dans les Territoires du Sud. Depuis les Territoires du Nord, des soldats et la Légion des Guerrières de la liberté luttent contre leur invasion et l’asservissement des femmes qu’ils tentent brutalement d’imposer. Ainsi débute l’odyssée de Tessa, une enfant soldat errant sur un champ de bataille, recueillie par trois Guerrières avec lesquelles elle entame un long et périlleux voyage à travers les ruines d’un monde dévasté. S’accrochant aux liens tissés avec ses sœurs d’armes, elle s’acharne à survivre, en dépit de tout ce qu’elle a subi, apprivoisant les fantômes qui la hantent. Son périple et cette quête vers la terre nordique feront surgir en elle un puissant sentiment d’appartenance à une humanité qu’elle avait condamnée.


 

 

Mon avis :
Dans un futur indéterminé le monde a basculé. Des hordes d'hommes asservissent les femmes, qui sont reléguées au statut d'inférieures, de ventres, d'esclaves. "Les armes étaient interdites, mais nous savions tous que les plus puissants en possédaient. C'est ce qui faisaient d'eux les plus puissants." Tessa, une orpheline de douze ans, nous raconte ce monde en ruine, ces villes détruites, ces édifices si hauts qu'on n'en distingue pas le sommet mais aussi la peur, la douleur et le deuil.
Des femmes, les Combattantes du Nord, luttent. Ce sont les Guerrières de la liberté.
On en revient toujours à cette réalité sordide énoncée par 
Simone de Beauvoir "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question." Alors l'apocalypse.
Mais dans ce monde, quasiment personne n'a de droits, sauf les plus forts.

Tessa suit trois Guerrières, Manu, Pat et Cum, qui doivent rejoindre leur bataillon. À partir de là, on change de narratrice au gré des chapitres. On découvre ce monde en guerre, le fanatisme contre la liberté, avec des villes çà et là dont certaines tentent la neutralité mais vivent dans la corruption, pendant que d'autres sont presque des modèles de démocratie. le Sud où règnent la guerre et la mort, le Nord où la civilisation a perduré.

À travers ces lignes on sent la rage de ces femmes qui luttent pour leur liberté. Toutes ont perdu beaucoup, elles se battent pour ce qui leur reste : elles-mêmes, leurs choix, leur libre arbitre et une societe égalitaire. C'est dans ce monde là que Tessa va devoir avancer à l'aveugle en se méfiant de tout le monde. Pourtant il ne m'a pas semblé si différent du nôtre. Partout le fanatisme religieux explose, le sexisme et l'intolérance aussi, ainsi que le patriarcat et ses prérogatives que certains veulent voir perdurer au détriment des femmes et de leur liberté. Ce roman, c'est peut-être le monde de demain dans une perspective cauchemardesque.

Alors, j'ai bien aimé. Ça se lit bien et on est embarqué dans ces vies cabossées de femmes. Cependant j'ai trouvé que plusieurs personnages auraient gagné à être plus approfondis, moins éphémères. Et puis l'ensemble m'a semblé un peu fourre-tout, avec un mélange de sociétés et d'époques qui seraient réunis dans un espace assez réduit tout en étant aux antipodes les unes des autres. Un peu comme si un univers barbare côtoyait une société plutôt bien rangée, Mad Max VS Bienvenue à Gattaca. Presque un anachronisme. Néanmoins, une dystopie féministe, moi je dis bravo !
Merci à Babelio Masse Critique et aux Éditions le Mot Et le Reste.

 

Citations :

Page 16 : Dans le camp, il y avait bien sûr des hommes, beaucoup moins nombreux que les femmes et les enfants, mais ils commandaient. Ils formaient des bandes, la plupart du temps rivales. Ils se battaient, trafiquaient. Les armes étaient interdites, mais nous savions tous que les plus puissants en possédaient. C'est ce qui faisaient d'eux les plus puissants.

 

Page 27 : Tout brûle. Je songe aux dépouilles des guerrières qui gisent parmi tous ces livres. Dans le ciel flamboyant du couchant s’élèvent les flammes tout aussi rougeoyantes. J’aimerais que les mots de toutes les histoires incendiées crient leur colère.

 

Page 42 : J’ai demandé à Cum ce qu’elle en pensait. Elle a plongé ses yeux dans les miens : « Les dieux n’existent pas. Pas plus celui de ces déments qui enferment les femmes en cage et les traitent en esclaves, que les déesses, créatrices de cette humanité qui court à sa perte. »

 

Page 105 : Quand il ne reste que ton corps et à peine de quoi le couvrir, la valeur de la liberté prend toute la place et la vie s'allège pour ne plus désirer que l'essentiel.

 

 

 

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Mon avis : Parcourir la Terre disparue – Erin Swan

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Juliane Nivelt

 

Éditions Gallmeister

 

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Quatrième de couverture :

En 1873, Samson, chasseur de bisons fraîchement immigré, parcourt les Grandes Plaines, plein d’optimisme devant son nouveau pays.
En 1975, Bea, adolescente enceinte et mutique, arpente le même paysage, et finit par atterrir dans une institution où un psychiatre s’efforce de déchiffrer ses dessins.
En 2027, après une série de tornades dévastatrices, un ingénieur abandonne son existence routinière pour concevoir une ville flottante sur le site de ce qui fut La Nouvelle-Orléans, où il fonde avec sa fille poétesse une communauté de rêveurs et de vagabonds.
En 2073, la Terre est entièrement noyée, et la jeune Moon n’a entendu à son propos que des histoires. Vivant sur Mars, elle s’interroge sur l’avenir de son espèce.
Parcourir la Terre disparue est l’histoire d’une famille, de celles et ceux qui, génération après génération, héritent d’un même rêve. Avec la même pugnacité et le même espoir, ils tentent de survivre sur une Terre qui se couvre lentement d’eau.


 

 

Mon avis :
Cet étrange roman m'a semblé, de prime abord, empli de solitudes et d'angoisses. Quelque chose d'hypnotique nous emmène à travers les vies de Samson, Moon, Bea, Paul, Kaiser, Michel-Ange, Penelope, Eva. C'est oppressant et addictif à la fois. On part de 1873 pour aller en 2073 puis en 1975 et ainsi de suite. Tous ces personnages sont de la même lignée ou très proches. On fait des allers-retours dans le temps, dans un désordre chronologique étudié. C'est quasi-hypnotique, on est emporté de lignes en lignes, de pages en pages sans avoir envie d'en sortir. Il y a tant de poésie dans ces mots, tant de justesse.

La narration m'a beaucoup évoqué la tradition orale, ces histoires familiales ou tribales qu'on se transmettait de génération en génération. Chaque personnage finit par composer un bout de la légende.
Un don de prescience incontrôlé dont chaque membre de la lignée semble avoir hérité.
Le cauchemar récurent d'un homme marchant dans un désert.
Une étoile rouge.
Le réchauffement climatique, les tempêtes, la montée des eaux, l'exode des populations, un avenir redoutable.

C'est un roman de fin du monde, de fin d'un monde et il m'a parfois donné envie de pleurer à l'idée de tout ce qu'on avait à perdre, de tout ce qu'on va perdre, par notre faute.
C'est tout à la fois de l'anticipation, de la science fiction, une dystopie et un roman écologiste. C'est terrifiant et beau. Ça nous parle d'un monde dévasté, d'avenir, de rêve, d'utopie, de folie.

J'ai trouvé ce roman d'une beauté calme et envoûtante. Il m'a totalement émerveillée. J'aurais voulu qu'il dure encore et encore. J'ai infiniment aimé les personnages, les lieux, les descriptions, tout, absolument tout.
Quand un roman m'enveloppe à ce point dans son ambiance, dans son propos, alors je me sens comblée. Et je me dis que j'ai de la chance d'aimer les livres car ils nous offrent des univers parallèles, d'autres vies dans la vie.
Ah vraiment !! Pourquoi ne l'ai-je pas lu avant ?

 

Citations :

Page ,97 : Même si elle n’en a pas envie, même si elle entend le cerf tousser sa peur et sa solitude aussi vaste que le ciel, elle s’exécute.

 

Page 100 : Selon mon père, les Américains étaient des hommes d’honneur qui se battaient pour la liberté. (Il rit.) La merveilleuse liberté de vendre, d’acheter, d’être de bons chrétiens et de violer ces terres. On aurait dû foutre la pais aux Indiens.

 

Page 127 : Il a vécu dans cinq familles d’accueil. Il se rappelle les sols à cause du temps qu’il a passé à les scruter — linoléum gris, moquette orange, contreplaqué souillé de taches de peinture. Certains parents s’intéressaient à lui, le bombardant de questions. La plupart l’ignoraient, déposant sur la table une barquette réchauffée au micro-ondes sans croiser son regard.

 

Page 157 : Paul se demande quel effet cela fait, de savoir d’où on vient.

 

Page 201 : Cette vie est merdique, Paul. Le moins qu’on puisse faire, c’est d’y injecter un peu de beauté.

 

Page 251 : Je quittais Kansas City pour suivre Pa. Nous faisions le même cauchemar, où un homme sans visage marchait dans le désert. Nous étions père et fille. Nous étions liés. Je ne pouvais y échapper.

 

Page 345 : Si on regarde une chose suffisamment longtemps, peu importe combien elle est fantastique, elle finit par devenir banale.

 

 

 

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Mon avis : Poster Girl – Veronica Roth

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Alice Delarbre

 

Éditions Michel Lafon

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Pendant des années, Sonya a été le visage de la Délégation, un régime totalitaire impitoyable.
Mais depuis que les rebelles ont pris le pouvoir il y a dix ans, la jeune femme croupit dans la ville-prison réservée aux opposants politiques.
Quand un vieil ennemi lui demande l'impossible en échange de sa liberté, l'ex-Poster Girl ne peut qu'accepter.
Quitte à déterrer un sombre passé.

 

Jusqu'où iriez-vous pour votre liberté ?

 


Mon avis :
Dans un futur proche, l'Objectif est une prison à ciel ouvert, où les détenus sont obligés de faire le service d'ordre eux-mêmes sous peine de représailles.

Dedans il y a les opposants politique, dont Sonya issue d'une famille de privilégiés, qui n'est autre que 
Poster girl la fille de l'affiche dont la photo a servi à la propagande. Elle est la figure déchue de la Délégation, ce régime totalitaire déboulonné par le Triumvirat. Elle se voit confier une mission qui pourrait lui permettre de recouvrer sa liberté : retrouver une enfant qui a été volée à ses parents dix ans plus tôt, peu avant la chute de la Délégation.

Alors bien sûr, dans cette histoire on nous fait comprendre que la dictature c'est mal : la pensée unique, l'absence de libre arbitre, de choix personnels, de liberté de pensée, et les actions toujours récompensées ou sanctionnées selon qu'elles sont positives ou négatives pour le régime, qui sait susciter la duplicité et la cupidité pour les âmes les plus vénales et du coup la délation pour le bien commun et de fait une forme d'infantilisation. J'ai l'air de me moquer, mais non. Un seul enfant par foyer (Chine), enfants volés (Argentine, Chili, Russie), ça reprend les grands thèmes qu'on connaît hélas trop bien. J'ai aimé suivre le cheminement de Sonya, convaincue que la dictature c'était bien, que c'était l'ordre et qu'il n'y avait pas de raison sensée de désirer autre chose. Pourtant, à 27 ans ça fait dix ans qu'elle est en prison et elle continue d'avoir foi en ces diktats qu'on lui a inculqués. C'est la force de l'endoctrinement dès le plus jeune âge. Et puis c'est tellement facile de ne pas penser par soi-même, d'avoir des idées prédigérées. Non ?

Non bien sûr. Mais va-t-elle le comprendre ?

Ce livre m'a donné à réfléchir sur la société en général. Car si certaines règles sont des carcans dans les états totalitaires, il y a certaines façons de voir les choses qui sont écoeurantes et qui pourtant existent dans nos sociétés soi-disant démocratiques, comme les passe-droits pour les nantis et les prétendues élites, en toute bonne mauvaise foi.

Il est aussi question de transhumanisme, chose terrifiante vers laquelle on se dirige, tranquillement mais sûrement, et de nouvelles technologies qui ne sont pas vraiment nos meilleures amies car presque toujours dévoyées. Mais bien souvent l'enfer est pavé de bonnes intentions…

Sonya va mener son enquête, se frotter à de multiples dangers, découvrir des aberrations de l'ancien système, mais peut-être aussi du nouveau, et enfin découvrir la vie et se découvrir elle-même… le chemin est parfois long jusqu'à la liberté.

Encore un roman que j'ai beaucoup aimé et qui va continuer à faire son chemin bien après l'avoir refermé.

 

Citations :

Page 41 : C’est une sensation à la fois familière et inédite. Ses parents lui ont fait implanter la Perception dans son cerveau quand elle était toute petite, suivant à la fois la loi et la coutume. Une intervention brutale, en un sens – une grosse aiguille plantée dans le coin de l’œil d’un nouveau né. Mais les différentes cultures ont toujours accueilli la brutalité tant qu’elle est au service d’un bien supérieur, parfois même alors que ce n’était plus nécessaire depuis longtemps. Baptême par immersion, circoncision. Rites initiatiques.

 

Page 65 : Roger ne semblait pas gagner beaucoup de cryptodeniers, ce qui suggérait une incapacité à prendre part à la vie de la société. Quant à Eugenia, elle perdait les siens par négligence – des petites choses sans gravité comme traverser la rue en dehors des zones autorisées, monter dans une rame avant que les autres usagers descendent, jurer devant sa fille. Rien de très notable.

 

Page 150 : Quand elle essaie de se remémorer cette époque, c’est le trou noir. Elle sait qu’elle n’avait aucun désir d’affronter le monde extérieur, qu’elle se sentait comme le chat de Schrödinger dans sa boîte, à la fois vivante et morte – ou peut-être ni l’un ni l’autre. Et c’était plus simple d’adopter cet état d’esprit à l’Objectif, où de toute façon personne n’ouvrirait la boîte, précipitant ainsi le destin de ceux qui y étaient enfermés.

 

Page 210 : - Si tu savais comme je l’emmerde, ma liberté, Sasha ! Qu’est-ce que je deviendrais dehors, hein ? Je n’ai ni famille ni amis. Je ne sais rien faire. Je n’ai plus aucun rêve.

 

Page 213 : Les lampes, toutes allumées, donnent aux visages de la foule un éclat inquiétant, fantomatique. C’est de circonstance, puisqu’ils ont tous perdu des êtres chers, puisqu’ils ne sont plus que des vestiges incomplets, hantés.

 

 

 

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Mon avis : Chien 51 – Laurent Gaudé

Publié le par Fanfan Do

Éditions Actes sud

 

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Quatrième de couverture :

C'est dans une salle sombre, au troisième étage d'une boîte de nuit fréquentée du quartier RedQ, que Zem Sparak passe la plupart de ses nuits. Là, grâce aux visions que lui procure la technologie Okios, aussi addictive que l'opium, il peut enfin retrouver l'Athènes de sa jeunesse. Mais il y a bien longtemps que son pays n'existe plus. Désormais expatrié, Zem n'est plus qu'un vulgaire "chien", un policier déclassé fouillant la zone 3 de Magnapole sous les pluies acides et la chaleur écrasante.
Un matin, dans ce quartier abandonné à sa misère, un corps retrouvé ouvert le long du sternum va rompre le renoncement dans lequel Zem s'est depuis longtemps retranché. Placé sous la tutelle d'une ambitieuse inspectrice de la zone 2, il se lance dans une longue investi­gation. Quelque part, il le sait, une vérité subsiste. Mais partout, chez GoldTex, puissant consortium qui assujettit les pays en faillite, règnent le cynisme et la violence. Pourtant, bien avant que tout ne meure, Zem a connu en Grèce l'urgence de la révolte et l'espérance d'un avenir sans compromis. Il a aimé. Et trahi.
Sous les ciels en furie d'une mégalopole privatisée, "Chien 51" se fait l'écho de notre monde inquiétant, à la fois menaçant et menacé. Mais ce roman abrite aussi le souvenir ardent de ce qui fut, à transmettre pour demain, comme un dernier rempart à notre postmodernité.

 

 

Mon avis :
Voilà un roman pour lequel je ne me suis pas posé de question… 
Laurent Gaudé vient de sortir un livre ? Ouiiiii ! Une dystopie ? Ouiiiii !!
Et alors je dois dire que dès le début j'ai été servie. C'est un futur proche horriblement sinistre, sans rêves, sans espoir, sans liberté. Malheureusement j'ai la terrible impression que c'est vers ça qu'on se dirige tout droit. Un monde gris et terne avec de plus en plus d'injustices et de mépris de classes, et un déterminisme social indéboulonnable.

Ce roman est une dystopie et un polar. Un homme a été retrouvé éventré dans la zone 3 alors qu'il vivait dans la zone 2. Zem Sparak, policier de la zone 3, donc chien, doit enquêter avec une inspectrice de la zone 2, Salia Malberg, qui est sa supérieure hiérarchique. Il ne se connaissent pas et aucun des deux n'a envie de travailler avec l'autre.

Zem est un homme secret, qui vit dans la nostalgie de sa défunte Grèce, qu'il retrouve régulièrement grâce à des substances. Parce qu'il vit avec l'amertume de ce qu'on a fait à son pays après l'avoir acheté, l'anéantissement d'un peuple dans la violence la plus abjecte.
De Salia on ne sait rien.
De nombreux personnages gravitent, certains sont inquiétants, d'autres pathétiques mais tous semblent sans espoir, juste dans la survie, ici et maintenant.

Avant tout, ce qui m'est venu à l'esprit assez rapidement au fil des pages, c'est la phrase de 
Rabelais "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme." Parce que c'est ainsi que je ressens le monde actuel avec ses dérives et que ce futur proposé par Laurent Gaudé c'est notre monde tel qu'il va, droit dans le mur. Des tempêtes apocalyptiques, la surveillance de tout un chacun, le mépris de la vie des petites gens, l'ultra délinquance en col blanc et l'impunité qui va avec, la limitation des libertés, le transhumanisme, l'argent Dieu du monde actuel et futur.

J'ai adoré ce roman ! Il fait écho à notre monde qui va à vau-l'eau. Il m'a complètement happée, gobée, mâchouillée, mais pas recrachée. Il va me trotter dans la tête encore longtemps.

 

Citations :

Page 37 : Il a toujours détesté cette zone qui faisait semblant de croire qu’elle se suffisait à elle-même et que ceux qui n’avaient pas la chance d’y vivre avaient commis quelques fautes qui les tenaient légitimement éloignés du bonheur alors qu’il sait, lui, que la zone 2 est construite sur la crasse et la sueur de la zone 3, rien de plus. Et ce qu’il sent chaque fois qu’il revient, c’est le mépris tacite et immédiat de ceux qui possèdent envers ceux qui n’ont rien.

 

Page 54 : À quoi est-ce que tout cela rime ? Se coucher pour se relever demain et recommencer, comme des millions d’autres dans cette zone qui est le hangar de l’humanité. Est-ce cela, sa vie ?

 

Page 123 : Même s’ils ne se l’avouent pas, ils ont le sentiment obscur de profaner des territoires interdits. Comment ont-ils réussi à nous faire penser que nous n’étions pas chez nous en ce monde ?

 

Page 168 : Quelque chose dans mon corps se hérisse à l’imminence de la violence. C’est bien que cela advienne le jour de la furie. C’est votre monde qui déborde et se cabre. C’est votre monstruosité qui vous entoure et vous fouette le visage.

 

 

 

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Mon avis : Écran Noir - Luciano Staiano - Giuseppe Andreozzi - Giovanni Guida

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l'italien par Camille Pazdej - Édition

 

Éditions Shockdom

 

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Quatrième de couverture :

Qu'arriverait-il à l'humanité si une machine pouvait prédire le destin de chacun ? C'est la question qui obsède Garret O'Daniel, créateur de l'algorithme à la base de la technologie capable de prédire l'avenir. Et qu'adviendrait-il de notre existence, si cette machine pouvait révéler le jour exact de notre mort ? C'est ce que Frank Rosenthal doit affronter lorsqu'il reçoit l'annonce de sa mort : l'Écran noir.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J’ai reçu ce livre dans le cadre de l’opération Masse Critique roman graphique de Babelio.

 

Mon avis :
"L'humanité peut connaître le futur, à travers une simple visionneuse appelée Spoiler. le Spoiler est infaillible, le futur ne peut pas être modifié, mais il s'agit d'une décision humaine. Les hommes sont tellement convaincus que l'algorithme prévisionnel est parfait, qu'ils considèrent comme inéluctables des faits qui ne se sont pas encore produits."

Tout de suite ça m'a évoqué "l'effet placebo". C'est incroyable tout ce dont le cerveau peut se persuader.
Le spoiler annonce aux gens quand le moment est venu pour eux de mourir. Ils ne mettent jamais en doute cette information.

Il est question ici de manipulation des masses, de la théorie de la prophétie autoréalisatrise de Merton, que je trouve passionnante pour y avoir souvent pensé sans mettre un nom dessus.

Qui a envie de connaître l'heure de sa mort ?
N'avons-nous pas, dans notre grande majorité, peur de mourir ?
Que serait une société qui vous pourrit à ce points vos derniers instants et quel en serait le but ?

Le graphisme est très épuré, sombre et sobre.
C'est très silencieux, il y a peu de texte, il faut comprendre à travers les dessins, ce qui m'a un peu déstabilisée par moments, moi qui suis tellement habituée aux mots.

J'ai aimé les questions que cette histoire pose. le passé, on y a accès et si on pouvait voyager dans le temps on serait peut-être tenté de réparer des choses, de faire en sorte qu'elles n'arrivent pas.
Or dans ce monde là on connaît le futur, plus de libre arbitre puisque tout est écrit. Plus de surprise, plus de rêves et d'espérance, uniquement un long ennui fataliste jusqu'au jour fatidique.
Mais grâce aux chrono-trafiquants, certains ont accès à la vision de leur propre mort et peuvent être tentés de changer ce point bien précis du futur.

Dieu ? le destin ? La liberté ? Le libre choix ?
Ce roman graphique amène à s'interroger, et j'ai aimé les questions sur lesquelles il m'a fait réfléchir.

En revanche je l'ai trouvé un peu décousu et j'ai eu quelques difficultés à m'y retrouver dans les personnages et les différents événements, comme s'il n'y avait pas réellement de chronologie.

Merci à Babelio_ Masse critique ainsi qu'aux éditions Shockdom.france pour m'avoir permis de découvrir ce livre.

 

Citations :

Mais ce ne serait pas mieux si Dieu choisissait pour nous ? Il ferait ce qui est juste.

 

Tout meurt, c’est dans la nature des choses. Si ce n’est pas la nature, mais un acte volontaire qui nous ôte la vie, alors voilà que ça devient quelque chose de mal.

 

Galilée, la découverte des microbes et la mécanique quantique n’ont pas réussi à tuer Dieu, mais la révélation du futur, si.

 

 

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Mon avis : L’incivilité des fantômes – Rivers Solomon

Publié le par Fanfan Do

Éditions Aux Forges De Vulcain

Traduit par Francis Guévremont

 

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Quatrième de couverture :

 

Aster est une jeune femme que son caractère bien trempé expose à l’hostilité des autres. Son monde est dur et cruel. Pourtant, elle se bat, existe, et aide autant qu’elle le peut, avec son intelligence peu commune, ceux et celles qu’elle peut aider. Mais un jour, un type la prend en grippe. Et Aster comprend qu’elle ne peut plus raser les murs, et qu’il lui faut se tenir grande. Sa rébellion est d’autant plus spectaculaire qu’elle est noire, dans un vaisseau spatial qui emmène les derniers survivants de l’humanité vers un improbable Éden, un vaisseau où les riches blancs ont réduit en esclavage les personnes de couleur.

 

Un premier roman qui prend pour prétexte la science-fiction pour inventer un microcosme de l’Amérique, et de tous les maux qui la hantent, tels des fantômes.

Rivers Solomon est une personne transgenre, née aux Etats-Unis, qui vit désormais en Grande-Bretagne. L’incivilité des fantômes est son premier roman.

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

 

J’avais ce livre depuis quasiment sa sortie, sans doute le fait que l’autrice soit afro-américaine transgenre m’a attirée. Je savais bien qu’un jour je le lirai ! Mais quand ? Et puis Léa Touch Book, admin du Picabo River Book Club a eu envie de mettre la SF américaine à l’honneur pour cet été 2021 ? Et celui-ci a fait partie d’une sélection d’une quinzaine de romans qu’elle nous a proposés.

 

Mon avis :

 

Dès le départ le décor est planté, transidentité et intersexualité sont du voyage.
Il a fallu que je m'habitue au pronom "iel" que je n'avais jamais concrètement lu nulle part jusqu'ici.

Les humains ont quitté la terre pour un voyage dont ils ignorent s'il aura un aboutissement, s'ils trouveront un jour un endroit où se poser, à bord d'un vaisseau dont le gigantisme est inimaginable. Toutes les couches de la société, y travaillent, cultivent et font de l'élevage, séparés par leurs niveaux de pauvreté ou de richesse. On dirait un vaisseau-monde, tellement immense que c'est difficile de se le figurer.

C'est une société de fin du monde effarante, où quittant une Terre agonisante, ils sont partis à la recherche d'un nouveau monde en prenant bien soin que conserver toute l'iniquité de l'ancien monde : le racisme avec la notion de races inferieures et les classes sociales très basses au service des classes sociales élevées, l'extrême richesse et l'extrême pauvreté, au lieu de tirer des leçons de leurs erreurs. Il y a les haut-pontiens, qui se prennent pour la crème de l'humanité et les bas-pontiens, qui ne comptent pas.
Ils ont aussi emporté la religion avec tout ce qu'elle peut comporter d'intolérance, de misogynie et de préjugés. Sans oublier l'homophobie et la transphobie. Il s'agit là d'un monde totalement rétrograde. Ça m'a d'ailleurs énormément fait penser au système de castes en Inde.

Aster, métisse née fille mais non binaire, vit dans le souvenir de Lune, sa mère qu'elle n'a pas connue et qui a laissé un journal codé.
Elle est amie avec Gisèle, étrange personnage, un peu folle et bipolaire, cynique, cruelle, révoltée et survoltée, et Théo le chirurgien, introverti et très pieux, qui a fait vœu de chasteté et dont elle est l'assistante. Et puis il y a Mélusine, sa tante qui l'a élevée mais qui n'a pourtant aucun instinct maternel.

 

On découvre une société cauchemardesque qui vit depuis un temps infini dans Matilda, ce vaisseau qui doit les amener vers la terre promise mais qui pour les bas-pontiens est surtout une prison de fer, antichambre de la mort depuis les nombreuses coupures de courant qui les privent de chauffage et leur font endurer des températures glaciaires, pendant que les haut-pontiens vivent dans une opulence indécente. Ce monde futur est arriéré, cruel et violent. J'ai trouvé cette option intéressante car inhabituelle il me semble.

Aster cherche quelque chose, aspire à comprendre, à découvrir le message secret de Lune, qui sans doute lui apportera bien des réponses.

J'ai aimé l'histoire, toujours étonnée que je suis par la force vitale qui anime tout ce qui est, même dans les pires difficultés de l'existence et la résilience dont certains sont capables même quand l'espoir est si ténu qu'il est quasi inexistant. Et j'ai aimé les réflexions sur le subjectif, le futile, la superficialité, et la vanité de tout ça.
C'est un bel écho à notre société, qui hélas nous laisse penser qu'on n'a aucune chance de s'améliorer, qu'il y aura toujours des tordus machiavéliques et cruels, des despotes, des tyrans imbus d'eux-mêmes. Car quelle que soit l'époque dans laquelle on vit, l'humanité reste ce qu'elle est.


 

 

Citations :

 

Page 119 : Je crois que c’est ma nounou, Mélusine, qui a fait de moi ce que je suis. Une tapette. Un homme qui ne fait pas ce que les hommes doivent faire, qui n’est pas ce qu’un homme doit être.

 

Page 270 :-Vous avez de la chance, tu sais, qu’il y ait si peu de miroirs dans les bas-ponts. Vous finiriez tous par vous suicider, si vous deviez voir vos horribles tronches partout, à tout moment.

 

Page 277 : Flick hurlait, hurlait, et Aster sut, à ce moment précis, que les dieux n’existaient pas, car les dieux, s’ils avaient existé, auraient immédiatement mis fin à cette horreur. Il leur suffirait de claquer des doigts et c’en serait fini. C’en serait fini de l’humanité tout entière.

 

Page 349 : Parfois, malgré elle, Aster se disait avec inquiétude qu’elle n’était pas assez jolie. Pourquoi ? Il était étrange de s’inquiéter du fait d’être joli ou non. La beauté était une catégorie subjective, fallacieuse. La beauté ne pouvait être recréée dans un laboratoire.

 

 

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Mon avis : Aqua TM - Jean-Marc Ligny

Publié le par Fanfan Do

Éditions Folio SF

 

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Quatrième de couverture :

2030. Alors qu'en Europe des dizaines de milliers de personnes meurent noyées sous les flots lâchés par une digue qu'un groupuscule terroriste a fait sauter aux Pays-Bas, en Afrique, la pénurie d'eau décime les populations. L'eau, enjeu de toutes les convoitises. L'eau, qui existerait en grande quantité à deux cent cinquante mètres de profondeur au coeur du Burkina Faso, peut-être le plus pauvre des pays les plus pauvres. L'eau, qu'Anthony Fuller, patron d'un consortium américain, va tenter de s'approprier au mépris de toutes les lois internationales.
 

Thriller d'anticipation mêlé de fantastique, charge sans concessions contre une société qui court à sa perte, Aqua™ a marqué le grand retour de Jean-Marc Ligny à la littérature pour adultes. Retour en fanfare, puisque le roman a fort logiquement reçu de nombreuses récompenses : prix Bob Morane, prix Julia Verlanger, prix Une autre Terre et prix Rosny aîné.
 

Jean-Marc Ligny naît en 1956. Il publie sa première nouvelle en 1978. Suivront de nombreuses autres ainsi qu'une quarantaine de romans, certains écrits pour la jeunesse. Il a reçu la quasi-totalité des prix dédiés à l'imaginaire.

 

 

 

Mon avis :

Dès le prologue j'ai senti que j'allais aimer cette histoire.

Pourtant c'est effrayant, c'est le monde de demain, si on ne fait rien. Ce monde dont ne veut pas mais qu'on fabrique consciencieusement depuis le début de l'ère industrielle. L'air pollué, l'eau potable qui pourrait manquer un jour, des gens qu'on laisse crever pendant que d'autres sont bien à l'abri dans des "ghettos de riches" protégés comme des forteresses.

Ce roman dénonce le cynisme des pays riches, qui spéculent sur des denrées de première nécessité et pillent les richesses naturelles des pays pauvres. Alors que le monde court à la catastrophe, le profit reste roi et certains ne pensent qu'à amasser des fortunes comme s'ils devaient vivre éternellement, sans se préoccuper de ceux qui meurent de faim, de soif, du manque de tout, dont ils sont largement responsables.

Des personnages passionnants, Anthony Fuller, riche, caractériel et égocentrique, son fils Anthony junior, lourdement handicapé et totalement flippant, Rudy et Laurie qui ont tout perdu et qui se rencontrent à l'occasion d'une mission humanitaire au Burkina Faso, Abou et sa grand-mère Hadé, tous deux initiés au bangré qui permet de voir dans l'invisible, rencontrer les esprits des morts, connaître les choses de l'autre monde.

Les outers, hordes sauvages hors des enclaves, une secte, des fous de Dieu extrémistes qui s'adonnent au terrorisme, de la magie africaine, tout est là pour nous plonger dans une ambiance étrange et électrisante.

Ce roman d'anticipation qui vire au fantastique m'a embarquée tout au long de ses 955 pages. J'ai aimé les nombreux personnages qui, pour certains, sont assez ambigus, j'ai aimé l'histoire et les interrogations qui la jalonnent, j'ai aimé ce voyage périlleux et quasi héroïque de l'Europe jusqu'au Burkina Faso, j'ai aimé les rencontres qui jalonnent ce périple et j'ai aimé les chapitres courts qui donnent du rythme. Lors de la traversée du désert je me suis dit que, soit l'auteur connaissait très bien l'Afrique, soit il s'était extrêmement bien documenté.

Au vu de la bibliographie à la fin, il s'agit de la deuxième option. J'ai été bluffée !

 

En tout cas, ça a été un vrai plaisir de lecture pour moi, d'autant plus que c'était une LC, ce qui apporte toujours un plus grâce aux échanges qu'on peut avoir avec ses co-lectrices.

 

Citations :

Page 85 : Comme beaucoup d’Européens de son époque, Rudy est un être individualiste et solitaire, aux amitiés superficielles et éphémères, préférant le cocon douillet de son foyer domotisé aux agressions du monde extérieur.

 

Page 666 : - Mais ce truc, là, ce forum, c’est un club de riches, non ? S’étonne Rudy. Un séminaire de P.D.G. worldwilde et de gros pontes de la finance, qui planifient comment baiser les gogos en pétant dans leurs piscines climatisées…

 

Page 757 : Laurie lutte contre la misère indigne, moi contre la richesse prédatrice. Dans les deux cas, c’est un combat sans fin.

 

Page 887 : Notre mère la Terre est en colère, elle se venge, elle secoue le joug que l’homme blanc lui impose depuis des siècles. Le Visage pâle a tout saccagé, a déréglé les cycles naturels, , a détruit l’harmonie du monde.

 

 

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Mon avis : Ethalia Faith - Tome 2 - Renaissance - Céline S. Camisuli

Publié le par Fanfan Do

Auto-édition

 

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Quatrième de couverture :

 

 

Nous avions tout pour être heureux. Tout. Un visage dénué de masque, de l’air à ne plus savoir qu’en faire, une liberté durement gagnée au prix de nombreux – trop nombreux – sacrifices. Et nous avons tout perdu. Tout. Mais je garde espoir. L’espoir que ma fille et son père survivent, et qu’ensemble, ils nous vengent. Qu’ils nous vengent tous...-Éthalia Faith-***Par sa faute, nous sommes asservies. Si je me trouvais en face d’elle, mes mains trouveraient facilement le chemin de sa gorge. Combien de fois ai-je rêvé de mettre fin à ses jours? Trop sans doute. Éthalia Faith a ruiné nos vies. Éthalia Faith aurait dû payer, mais il est trop tard pour ça. Bien trop tard

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Sur un des groupes de lecture de facebook, Céline Camisuli se désolait que le Tome 2 de son roman ne se vende pas plus. Je suis donc allée voir de quoi il retournait et j'ai acheté les deux tomes en me disant que ça devrait me plaire.

 

 

 

Mon avis :

 


Attention ! Ceci étant un tome 2, c'est la suite de Éthalia Faith Tome 1 - Jusque dans l'éternité, les risques de spoil du tome 1 sont possibles et même probables. Donc si vous n'avez pas lu le 1, évitez de lire ceci.
Une chose que je peux dire c'est que j'ai dévoré ce Tome 2 encore plus vite que le premier.

Alors que le premier opus se refermait sur l'espoir d'une vie nouvelle avec un avenir radieux où tout repartait à zéro avec en ligne de mire toutes les erreurs à ne pas reproduire, ce second volet démarre avec un énorme sentiment d'angoisse. Qu'a-t-il donc bien pu se passer de terrifiant alors que ce nouveau monde s'offrait aux survivants, que le paradis était à portée de main ?
Me voilà donc repartie dans une course livresque effrénée pour savoir.

Et là, Tadam ! Quelque chose que j'adore dans les romans, les chapitres alternent entre deux époques, entre Éthalia et Claire que 400 ans séparent. Du moins au début.

Et là, c'est vraiment prenant car l'autrice a encore su trouver un angle qui nous tient en haleine et qui fait qu'on ne veut pas lâcher ce livre.
Cette dystopie est aussi un superbe roman d'aventures.

En tout cas mon cœur a souvent fait du yoyo pendant cette lecture et je crois même avoir fait de l'apnée. Et pour contrebalancer tout ça, les dialogues sont drôles et percutants et j'ai adoré, ainsi que les relations entre les différents protagonistes, surtout entre les deux héroïnes que j'ai vraiment énormément aimées. Un vrai plaisir de lecture !

 

 


 

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