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Mon avis : Le collier rouge - Jean-Christophe Rufin

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallimard (Folio)

 

 

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Quatrième de couverture :

 

Dans une petite ville du Berry, écrasée par la chaleur de l'été, en 1919, un héros de la guerre est retenu prisonnier au fond d'une caserne déserte.
Devant la porte, son chien tout cabossé aboie jour et nuit.
Non loin de là, dans la campagne, une jeune femme usée par le travail de la terre, trop instruite cependant pour être une simple paysanne, attend et espère.
Le juge qui arrive pour démêler cette affaire est un aristocrate dont la guerre a fait vaciller les principes.

Trois personnages et, au milieu d'eux, un chien, qui détient la clef du drame...

Plein de poésie et de vie, ce court récit, d'une fulgurante simplicité, est aussi un grand roman sur la fidélité.
Être loyal à ses amis, se battre pour ceux qu'on aime, est une qualité que nous partageons avec les bêtes. Le propre de l'être humain n'est-il pas d'aller au-delà et de pouvoir aussi reconnaître le frère en celui qui vous combat ?

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J'aime les chiens.
J'aime l'Histoire.
J'aime Jean-Christophe Rufin.
Voilà donc pourquoi ce livre était tôt ou tard incontournable pour moi.

 

 

 

Mon avis :

 

Étrangement, alors qu'on pense à la guerre en commençant ce livre, il a eu pour moi un goût de terroir, de silences et de non-dits des gens de la terre, ce mutisme qu'on n'imagine pas dans les villes.

Mais il est quand-même bien question de la guerre et de son absurdité. De la colère qu'elle a provoqué, des morts innombrables, de la "légèreté" des gradés et des dirigeants qui n'avaient que peu de considération pour les soldats, les envoyant au combat comme de la vulgaire chair à canon, et enfin du peu de reconnaissance à la fin de la guerre pour ces hommes qu'on avait sacrifiés.

Mais c'est aussi un hommage aux chiens avec leur amour inconditionnel et leur fidélité absolue.

Un homme, Morlac, s'est comporté en héros au combat. À la fin de la guerre il doit être jugé pour un acte dont on ignore tout. Adieu la patrie reconnaissante, sa bravoure passée pourrait bien ne pas le sauver. Quel est le rapport avec son chien ?

Comme souvent avec les romans qui traitent de conflits armés, cette histoire m'a mise en colère, contre les grands de ce monde qui déclarent des guerres en hypothéquant la vie des autres, faisant très peu de cas de leurs existences.


 

 

Citations :

 

Page 26 : C'était curieux comme la guerre avait rendu ces histoires de chair insupportable. Comme si ce magma des origines, ces mystères de la génération répondaient tragiquement à l'orgie du sang et de la mort, à l'ignoble mélange auquel les obus avaient procédé dans les tranchées.

 

Page 32 : Voilà ce qu'avait produit quatre ans de guerre : des hommes qui n'avaient plus peur, qui avaient survécu à tellement d'horreurs que rien ni personne ne leur ferait baisser les yeux.

 

Page 38 : Il n'aimait pas penser à la manière dont les bêtes qu'il mangeait avaient été tuées.

 

Page 67 : Quatre années à servir la Nation en combattant et deux à défendre l'ordre et l'autorité en condamnant de pauvres bougres l'avaient usé.

 

Page 142 : Le cri d'une femme amoureuse laisse toujours aux hommes l'impression qu'en cette matière ils sont d'une grande faiblesse.

 

Page 150 : Soldat Guillaume, au nom du Président de la République, je vous accueille dans l'ordre de l'ignominie qui récompense la violence aveugle, la soumission aux puissants et les instincts les plus bestiaux, et je vous fais chevalier de la Légion d'honneur.

 

 

 

 

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Mon avis : En attendant Bojangles - Olivier Bourdeaut

Publié le par Fanfan Do

Éditions Finitude

 

 

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Quatrième de couverture :

 

Devant leur petit garçon, ils dansent sur « Mr Bojangles » de Nina Simone. Chez eux, il n'y a de place que pour le plaisir et la fantaisie. Celle qui mène le bal, c'est la mère, feu follet imprévisible. Elle les entraîne dans un tourbillon de poésie pour que la fête continue, coûte que coûte. L'amour fou n'a jamais si bien porté son nom.

 

« C'est extravagant, c'est léger, c'est pétillant. Un coup de maître. »

Françoise Busnel, La Grande Librairie (France 5)

 

« D'une loufoquerie d'autant plus irrésistible qu'elle est intelligente et maîtrisée. Le lecteur est aussi de la fête. »

Bernard Pivot, Le journal du dimanche

 

« Olivier Bourdeaut fait sourire les larmes et pleurer l'allégresse. Il mérite le succès qui va fondre sur cette fable extravagante et bouleversante. »

Jérome Garcin, L'Obs

 

 

« Un capharnaüm joyeux et plein d'esprit, où l'on se délecte. »

Sandrine Mariette, Elle

 

Grand Prix RTL-Lire 2016

Prix France Télévision 2016

Prix du roman des étudiants France Culture-Télérama 2016

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J'ai entendu et lu tellement d'avis dithyrambiques au sujet de ce roman que je m'y suis intéressée. Sauf qu'à la lecture de la quatrième de couverture je n'étais pas vraiment tentée. Et puis on me l'a donné, donc le choix était fait, je n'avais plus qu'à le lire.

 

 

 

Mon avis :

 

Bon, je ne vais pas me faire des amis, je fais partie des quelques Rabat-joies qui n'ont pas du tout aimé ce livre. je l'ai trouvé tour à tour ennuyeux ou dérangeant.

Depuis quelques années j'ai entendu et lu beaucoup de bien de ce roman. Pourtant dès le départ j'ai eu du mal à accrocher. Trop surréaliste, loufoque, absurde à mon goût.
J'ai commencé à me dire que je pouvais aimer quand il a été question du poster de Claude François et de son usage !

Bon, finalement ça n'a pas fonctionné avec moi... il est trop barré ce roman, et puis la folie et le mensonge permanent ainsi que la violence par moments touchent une corde sensible dans ma vie. Je crois que ça ne pouvait pas m'amuser ni me toucher. La folie n'a rien de drôle, c'est une tragédie.

Tout m'a dérangée dans cette histoire ; le père qui fait semblant tout le temps, les multiples prénoms, l'oiseau, l'enfant au milieu de tout ce bordel...
J'y ai lu une histoire de maltraitance envers un enfant déscolarisé qu'on fait fumer et picoler au milieu d'adultes sans filtres et à qui on fait l'apologie du mensonge, doublée d'une anecdote d'abus sexuel sur des femmes qu'on fait boire pour les emmener dans des chambres avec un gros dégueulasse qui pourra leur tomber dessus.
Des parents tellement immatures qu'ils auraient mieux fait de s'abstenir de devenir parents.
J'ai eu l'impression que sous couvert de fantaisie on veut nous faire rire de tout un tas de choses qui sont dénoncées depuis peu.
Je ne m'attendais pas du tout à ça en ouvrant ce livre, je suis passée totalement à côté... je ne l'ai lu en entier que parce qu'il est très court, 172 pages.


 

 

Citations :

 

Page 124 : Pour les petites filles de son âge, elle lui avait suggéré de leur présenter ses hommages par des baisemains, ce qui rendait nos promenades en ville, dans les rues et dans les parcs, charmantes et hors du temps. Il fallait le regarder quitter son bac à sable et trottiner pour aller s'emparer des mains des jeunes filles éberluées de voir ainsi leurs mains couvertes de baisers. Il fallait voir les yeux de la clientèle des grands magasins le suivre d'un regard bovin, oubliant totalement leurs listes de courses, et l'observer s'incliner avec déférence pour effectuer sa révérence. Certaines mères le regardaient faire, puis tournaient la tête pour tomber nez à nez avec leur fils assis dans leur caddie, la bouche ouverte et couverte de miettes de biscuit, et semblaient se demander ce qui avait bien pu se passer, si c'était leur enfant qui était raté ou le nôtre qui était taré.

 

 

 

 

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Mon avis : Max - Sarah Cohen-Scali

Publié le par Fanfan Do

Éditions France Loisirs poche

 

 

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Quatrième de couverture :

 

"19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Führer. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Heil Hitler!"

Max est le prototype parfait du programme "Lebensborn" initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupée par le Reich.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J'aime l'Histoire. Cette période là, mes parents l'ont vécue et m'en ont parlé. Quel meilleur moyen qu'un roman pour apprendre l'Histoire ?

 

 

 

Mon avis :

 

Le narrateur, Max, sur le point de naître, nous parle de lui, de sa mère, de son père ou plutôt de son géniteur, de son père spirituel Hitler et de l'idéologie nauséabonde selon laquelle une race nouvelle et parfaite est en train de voir le jour. Et il est tellement fier d'en faire partie ! Et tellement content d'être un Mâle aussi, parce que c'est mieux !!

Le récit de Max, finalement appelé Konrad à sa naissance, prend le contre-pied de tout ce qu'on a toujours entendu. Il nous décrit avec joie, fierté et enthousiasme l'immonde programme Lebensborn dont il est le fruit, ainsi que la solution finale qui vise à débarrasser l'humanité des "parasites" et nous raconte avec jubilation l'inhumanité de tout ce que représente l'idéal nazi.
L'Allemagne a créé un parfait petit monstre blond aux yeux bleus, froid, colérique, raciste et antisémite, sans sentiment, parfaitement endoctriné, qu'on suit depuis avant sa naissance jusque dans ses premières années.

C'est fascinant de voir ces horreurs à travers le regard d'un enfant qui a été conçu pour et par cette idéologie dégueulasse.
Quelle façon intelligente d'aborder ainsi cette abomination qu'a été le IIIème Reich. Ça permet de dire des horreurs, d'en faire l'apologie, de nous sensibiliser à la perniciosité de cet endoctrinement et de nous en montrer toute l'étendue .
Ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Eh bien là, c'est la vérité toute crue et terrible. Et je dois dire que, bien que connaissant l'existence des Lebensborn, j'ai appris beaucoup à cette lecture.
C'est un livre qui se dévore, et malgré la laideur des faits, il y a parfois des moments très drôles, des répliques qui m'ont beaucoup fait rire.

Tout est tellement bien vu, instructif et contre toute attente, je me suis attachée à cette graine de nazi, ce gosse bourré de certitudes, pauvre petit garçon victime lui aussi de la doctrine nazie.

Ce livre parle aussi de fraternité, de courage et de résilience sur fond de barbarie .

Mais pourquoi est-ce estampillé "jeunesse" ??? Il est destiné à tout le monde et tout le monde devrait le lire, ne serait-ce que pour se souvenir de ce que la noirceur de certains peut provoquer.
Ce roman, hyper bien construit et documenté, est pour moi un coup de cœur monumental et absolu !



 

 

Citations :

 

Page 18 : Je suis l'enfant du futur. L'enfant conçu sans amour. Sans Dieu. Sans Loi. Sans rien d'autre que la force et la rage.

Heil Hitler !

 

Page 205 : Herr Ebner m'a tout expliqué pendant le trajet en voiture qui nous a conduits de Poznan à Kalisch. Il m'a dit qu'ici on apprend aux enfants polonais à devenir allemands. C'est un apprentissage difficile et rigoureux. Alors, si on les punit sévèrement, si on les bat, c'est pour leur bien. Pour qu'ils soient heureux plus tard.

 

Page 275 : Un juif – ou un demi-juif, ou trois quarts juif – de treize ans reste inférieur à un pur Aryen de six ans et demi.

 

Page 291 : Les éducateurs disent que si on se caresse le zizi, on aura plus tard des troubles psychiques graves, on deviendra homosexuel, on nous collera un triangle rose sur la poitrine et on sera interné dans un camp de concentration.

 

Page 306 : Après la pause, nous prenons les cartons à bras-le-corps et nous les vidons, déversant sans ménagement leur contenu au milieu de la cour, comme s'il s'agissait de détritus. Ce sont des détritus, des déchets. Bien pour ça qu'il faut les brûler ! C'est marrant de voir les livres s'abîmer en tombant. C'est marrant de sauter dans le gros tas qu'ils forment pour les piétiner, casser les tranches, arracher les couvertures, déchirer les pages, les rouler en boules dont nous nous bombardons en criant, comme on ferait une bataille de boules de neige.

 

 

 

 

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Mon avis : Les femmes d'Heresy Ranch - Melissa Lenhardt

Publié le par Fanfan Do

Cherche midi – Traduit par Tania Capron

 

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Quatrième de couverture :

 

Colorado, 1873. Après la mort de son mari, Margaret Parker décide de continuer à s’occuper de son ranch. À ses côtés, celles qu’elle considère comme sa famille : deux soeurs, Joan et Stella, une cuisinière, Julie, et Hattie, une ancienne esclave au passé aventureux. Mais des femmes seules sur un ranch ont vite fait d’exciter toutes les convoitises, et bientôt elles sont dépossédées de leurs biens. Elles n’ont plus, chacune, qu’un cheval, et le choix qui reste dans l’Ouest américain à celles qui ont tout perdu : se marier ou se prostituer. Ces femmes-là vont néanmoins trouver une option inédite pour survivre : tourner le dos à la loi dont elles ont été les victimes et prendre les armes pour se faire justice. Le gang Parker est né. Bien vite, les exploits de cette mystérieuse bande de femmes défraient la chronique et les Pinkerton se mettent sur leur piste.

Les Femmes d’Heresy Ranch est un formidable récit d’aventures tiré de faits réels. Historienne et romancière au talent fou, Melissa Lenhardt y crée des personnages inoubliables, au caractère bien trempé, et nous livre des informations inestimables sur la vie méconnue des femmes dans l’Ouest américain.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Des femmes hors la loi dans l'Ouest américain ?! J'ai tout de suite voulu ce livre qui parle de mes sœurs les femmes.

J'ai eu la chance de le recevoir dans le cadre d'un des nombreux partenariats avec le Picabo River Book Club organisés par Léa TouchBook, cette fois-ci avec les éditions Cherche midi, et je les en remercie infiniment !

 

 

 

Mon avis :

 

Dès l'introduction j'ai senti l'appel des grandes étendues et des vies injustement oubliées.

Cette histoire traite de sujets chers à mon cœur, la condition féminine, la façon dont les femmes étaient considérées et traitées au XIXème siècle, notamment en Amérique, qu'elles soient blanches ou noires bien que pour ces dernières c'était bien pire. Un monde d'hommes, une justice faite par les hommes pour les hommes.

Roman chorale aux si nombreux personnages qu'il faut un peu s'accrocher au début pour s'y retrouver. Mais ensuite ça coule tout seul avec une écriture fluide qui nous parle de rapports humains, d'amitié, de loyauté mais aussi de haines et de trahisons, d'une époque particulièrement difficile mais aussi de paysages grandioses, de nature sauvage.

Les hommes trouvent humiliant de devoir traiter avec des femmes, trop émotives et pas assez intelligentes. Ce mode de pensée qui pour beaucoup était une hypocrisie absolue à mon avis, permettait aux hommes de garder la mainmise sur les femmes, de les maintenir sous tutelle et de les spolier.

L'histoire d'amitié entre Garet la duchesse anglaise et Hattie l'ancienne esclave, mais aussi avec les deux sœurs Stella et Joan, et Jehu le seul homme de la bande, est tellement belle, cette forme d'amour si particulier, ce lien si fort, souvent plus fort que l'amour et bien plus durable.
Et puis, c'est un gang de femmes, mais pas que... elles tendent la main aux femmes en détresse, leur offre un toit. Elle sont héroïques, solidaires, charitables. Des personnages sublimes et généreux.
Hélas leur chemin est semé d'embûches, leur indépendance provoque de la rancœur chez les hommes qui n'aiment pas qu'on leur fasse de l'ombre.

J'ai tremblé pour elles et suivi avec passion l'histoire de ces femmes, sorte de Robin des bois du Far West qui, refusant le chemin que la société voulait leur tracer, ont décidé de prendre leur destin en main, ayant l'impression de cette façon de réparer les injustices de la vie tout en prenant leur revanche sur ceux qui leur avaient tout volé.

Ce roman traite de sujets multiples sur la condition féminine, il n'est pas une simple histoire de femmes hors la loi mais va bien au delà.

Coup de cœur absolu pour cette superbe histoire de femmes remarquables, que j'ai tant aimées !


 

 

Citations :

 

 

Page 22 : C'est bizarre, voyez-vous. Sur les quatre-vingt-douze années de ma vie, j'ai été esclave durant vingt et un ans, une goutte d'eau si on y réfléchit. Mais encore maintenant, c'est la seule chose dont les gens veulent parler. Comme si je n'avais pas existé les soixante et onze ans qui ont suivi, jusqu'à aujourd'hui. Comment vous expliquez ça ? Les temps changent et ils veulent se souvenir ? Pour faire mieux à l'avenir ? Ou pour se rappeler la bonne vieille époque ? Tout peut toujours être pire. Chaque fois qu'on obtient un petit progrès, les choses mettent à empirer. Un pas en avant et dix en arrière.

 

Page 34 : Ça me met en colère. Encore maintenant. Soixante ans après. On ne faisait de tort à personne. Juste des femmes qui s'occupaient de leurs affaires, qui avaient créé une famille, qui faisaient leur business, et qui participaient à la conquête de l'Ouest, bon sang, aussi bien que les hommes. Mais ils ne supportaient pas l'idée qu'on n'ait pas besoin d'eux.

 

Page 82 : Nous ne pouvons pas espérer obtenir le droit de vote si nous ne sommes pas éduquées. En nous maintenant dans l'ignorance, les hommes gardent leur pouvoir sur nous.

 

Page 134 : Ça se passait comme ça, à l'époque. Les mineurs, les fermiers, les commerçants, ils s'achetaient une femme pour tenir la maison et ouvrir les cuisses quand l'envie leur en prenait, pondre quelques gosses qu'ils pourraient très vite mettre au travail et tabasser. La vie des pionniers était très dure pour les femmes.

 

Page 433 : Ça n'avait pas d'importance, nos vies ont commencé quand nous nous sommes rencontrés, et tout ce qui s'est passé avant, c'est ce que nous devions traverser pour nous trouver.

 

 

 

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Mon avis : Le secret des roses - Dominique Sourzac

Publié le par Fanfan Do

Le secret des roses – Dominique Sourzac

 

Éditions Kiwi

 

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Quatrième de couverture :

 

 

Dans le Paris occupé de 1942, la Résistance s’organise autour de l’hôpital Saint-Louis. Au péril de sa vie, Jeanne, jeune femme fougueuse et passionnée, met tout en œuvre pour sauver un enfant juif de la machinerie nazie.
De nos jours, Stéphanie, pédiatre à l’hôpital St Louis, voit sa vie basculer le jour où elle est prise de visions. Ses rencontres avec l’énigmatique Issan et Sébastien, le mystérieux habitué de la cour carrée de l’hôpital, n’ont pas fini d’ajouter à sa confusion.
Un lieu, deux époques que tout sépare…
Et si le destin avait décidé de s’en mêler ?

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Il faisait partie des différents choix de l'opération Masse Critique sur Babelio que je remercie. Je remercie aussi les Éditions Kiwi qui me l'ont envoyé.

 

 

 

Mon avis :

 

Ce roman se passe sur deux époques, ce que j'aime tout particulièrement.
Les chapitres alternent entre l'occupation et maintenant.

Pendant la deuxième guerre on suit l'histoire de Jeanne, que son père voudrait voir épouser la médecine alors qu'elle, se sent appelée par Dieu et veut entrer dans l'ordre des sœurs de Sainte Thérèse qui voyagent à travers le monde pour apporter leur aide à ceux qui en ont besoin.
Parallèlement on suit, à l'époque actuelle, Stéphanie, médecin de province qui décide d'aller exercer à Paris, pour des raisons qui lui echappent, elle qui n'était pas attirée par la capitale jusqu'alors.

Lors de tous les chapitres qui se déroulent pendant la guerre, on sent une plus grande aptitude au bonheur. Quand le danger est omniprésent, les bonheurs simples sont des parenthèses enchantées.
Jeanne a pris sous son aile Gabriel, un enfant juif qui court un grand danger et dont la famille a été assassinée par les allemands.
Stéphanie elle, est en quête de bonheur et de l'âme sœur.
L'une se bat pour la survie tandis que l'autre cherche juste à s'épanouir. Deux époques, deux espérances.

Alors je dois bien avouer que j'ai de loin préféré les chapitres se déroulant pendant la guerre que ceux de notre époque, auxquels j'ai trouvé moins d'intérêt, sans doute parce que la rencontre de Stéphanie avec Issan m'a parue un peu superficielle, avec des conclusions trop hâtives.
Il m'a semblé qu'il y avait plus de profondeur dans les descriptions de la guerre et de la résistance.

Il y a dans cette histoire une certaine philosophie concernant la vie, le hasard, les rencontres, comme si nous recevions des signes au cours de nos existences et qu'il ne tient qu'à nous de savoir les reconnaître.

Pour finir, j'ai beaucoup aimé quand-même, bien que je pense que le lien entre les deux époques aurait pu être plus développé.


 

 

Citations :

 

Page 10 : Leur idylle dura cinq ans. Elle considéra d'autant moins cette tranche de vie comme un échec que Paul était né de leur union.

 

Page 216 : Petit à petit, les mauvais souvenirs s'estomperont. Tu ne les oubliera jamais, mais tu leur donneras une autre place dans ton cœur.

 

 

 

 

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Mon avis : Les sacrifices de Nari - Ylanë Maÿvis

Publié le par Fanfan Do

Traduit du Koroïen par Nicolas Jolie

 

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Quatrième de couverture :

 

Depuis des temps immémoriaux, les Nilagos consacrent des cérémonies à leur déesse tutélaire Nari en lui sacrifiant leur animal-totem, le majestueux nilab. Mais sous le règne de l'aÿr Balog le Malin, la spiritualité de la tribu s'efface progressivement devant les ambitions politiques et économiques de son chef qui voue une haine secrète à Nari. Poussé par le désir de comprendre une prophétie qui l'accable, Balog devra affronter son passé et se confronter à la divinité... mais cela suffira-t-il pour permettre aux Nilagos de renouer avec leurs traditions ancestrales ?

L'histoirienne Ylanë Maÿvis nous fait plonger au cœur de l'ère tribale de Koro, où de modeste tribus côtoient des clans très puissants, bien plus avancés économiquement et technologiquement. Le résultat de ces recherches mythoscientifiques fait émerger certaines des principales problématiques de cette lointaine époque, et permet de soulever le voile de la jeunesse de l'un des plus grands héros koroïens de cette période : le célèbre Toziram.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

 

Nicolas Jolie, le traducteur de cette histoire m'a proposé la lecture de ce livre via le site Simplement Pro.

 

 

 

Mon avis :

 



C'est tout un univers qui nous est décrit là avec sa mythologie et son histoire. Un peuple, avec ses croyances et une certaine barbarie envers ce qui n'est pas de son espèce. Le tout premier rituel m'a fait penser aux sacrifices perpétrés par les aztèques, entourés d'une grande ferveur mystique. Sacrifice offert à la déesse Nari, cette curieuse petite divinité virevoltante, au langage surprenant.

J'ai vu dans l'histoire de cet autre monde, un parallèle avec nous, les humains, nos sociétés et la façon écœurante dont nous traitons les animaux, dont nous faisons de la mort un spectacle, mais aussi la vanité et la futilité de croire que la puissance et le pouvoir apportent le bonheur, et de penser qu'on peut dompter la nature.

C'est un récit prenant, qui vous embarque dans l'histoire de ce peuple, où on chemine avec les personnages, certains avec une belle âme comme Gula, Toziram et Pik-Pok, alors que d'autres sont plutôt détestables. J'ai beaucoup aimé, d'autant que tout est très visuel et que du coup j'y étais, je voyais tout. J'ai aimé les descriptions des paysages et des nilabs, ces animaux majestueux. J'ai surtout trouvé envoûtante l'impression de lire l'histoire d'un peuple primaire alors qu'il dispose d'une technologie avancée. Une sorte de grand écart entre une vie simple et bucolique et de grandes capacités technologiques, entre la barbarie et le futur.

Plus on avance dans l'histoire, plus elle est addictive. On est face à la nature grandiose, terre nourricière des Nilagos, des Pitakas, des Alumbagis, Ragiz, Zetrals... tous ces peuples qui l'habitent... dont certains oublient trop souvent de la respecter, ceux qui renoncent à vivre en harmonie avec le grand tout et laissent parler leurs instincts cupides et belliqueux.

Une histoires de vies, de clans, de luttes de pouvoirs et de guerre, avec une pensée écolo sous-jacente, ainsi que des personnages aux personnalités intéressantes, tout ça m'a énormément plu, y compris l'épilogue totalement inattendu !

Il s'agit là d'un fragment important de l'Histoire Koroïenne, éclairée à la fin par nombre d'explications en commentaire. J'ai trouvé très intéressant le parti pris d'avoir traduit du Koroïen un texte écrit par Ylanë Mayvis, native de Koro passionnée par l'histoire de la planète qui l'a vue naître.



 

 

Citations :

 

Page 81 : - Que vais-je bien pouvoir faire de ces couilles de nilab ? Les porter en pendentif ?

 

Page 232 : - L'équilibre est la porte ouvrant sur l'harmonie.

 

 

 

 

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Mon avis : 4321 - Paul Auster

Publié le par Fanfan Do

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Traduit par Gérard Meudal – 1019 pages - Actes sud

 

 

 

Le point de vue des éditeurs :

 

À en croire la légende familiale, le grand-père nommé Isaac Reznikoff quitta un jour à pied sa ville natale de Minsk avec cent roubles cousus dans la doublure de sa veste, passa Varsovie puis Berlin, atteignit Ham- bourg et s’embarqua sur l’Impératrice de Chine qui franchit l’Atlantique en essuyant plusieurs tempêtes, puis jeta l’ancre dans le port de New York au tout premier jour du XXe siècle. À Ellis Island, par une de ces bifurcations du destin chères à l’auteur, le nouvel arrivant fut rebaptisé Ferguson. Dès lors, en quatre variations biographiques qui se conjuguent, Paul Auster décline les parcours des quatre possibilités du petit-fils de l’immigrant. Quatre trajectoires pour un seul personnage, quatre répliques de Ferguson qui traversent d’un même mouvement l’histoire américaine des fifties et des sixties. Quatre contemporains de Paul Auster lui-même, dont le “maître de Brooklyn” arpente les existences avec l’irrésistible plaisir de raconter qui fait de lui l’un des plus fameux romanciers de notre temps.
 

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J'ai lu il y a des années Le livre des illusions et je l'avais trouvé passionnant.

Dans ce roman ci, il y a un paramètre qui m'attirait énormément, c'est la déclinaison de quatre destins possibles pour une même personne.

 

 

 

Mon avis :

 

Il y a un sortilège caché dans les premières lignes de ce roman de plus de mille pages, il vous tombe dessus dès le début de la lecture pour ne plus vous lâcher. On se fait avaler tout cru dans l'histoire de la famille Ferguson.

La façon dont les personnages sont racontés est passionnante. Ce roman est un véritable page-turner.

 

Mais alors, c'est un roman très étrange ; la chronologie est étonnante et il faut un certain temps pour comprendre comment ça fonctionne.

Les phrases sont extrêmement longues, parfois une page entière, et pourtant ça ne gêne absolument pas.

 

Il y a ce que j'aime dans ce roman, un "Et si"... la possibilité d'un autre destin, plusieurs fois, plusieurs alternatives pour une même vie.

Il y a un socle, une base de départ toujours la même : le grand-père arrivé à Ellis Island au début du XXème siècle, puis un de ses fils, Stanley, qui épouse Rose Adler avec qui il aura Archibald (Archie) Ferguson, le héros de l'histoire. Ensuite, quatre déclinaisons de ce qu'aurait pu être leur vie, mais essentiellement axées sur celle d'Archie, nommé Ferguson par l'auteur.

 

J'ai adoré l'idée du roman, j'ai toujours aimé ce genre d'histoire, que ce soit au cinéma ou en littérature, parce que moi-même je me demande souvent ce que serait ma vie si d'autres choix avaient été faits. Si mon père avait choisi d'aller travailler au Zaïre (comme je l'espérais) plutôt qu'au Havre. Je n'aurais jamais rencontré le père de mes enfants, qui donc n'existeraient pas et ça aurait une incidence sur une multitude de vies. Des amitiés jamais nouées, des histoires d'amour jamais vécues.

Je trouve ce genre d'extrapolation absolument fascinante.

Et c'est construit d'une façon totalement inattendue, avec maestria.

 

Au fil des chapitres on parcourt l'histoire de l'Amérique de façon très diversifiée en fonction des différentes vies, des choix et des centres d'intérêt du héros, et ça aussi c'est passionnant. C'est dense et foisonnant.

Il est par ailleurs énormément question de littérature tout au long du roman, un vrai bonheur... qui donne envie de découvrir nombre d'auteurs cités.

 

Ce livre m'a tenue pendant 18 jours ... j'aurais bien aimé en venir à bout plus vite que ça !

Mais quel talent Paul Auster !

Sans aller jusqu'au coup de cœur, je suis admirative de l'œuvre qui m'apparaît comme une véritable prouesse littéraire.



 

 

Citations :

 

Page 40 : Ainsi Ferguson était né, et pendant les quelques secondes qui suivirent son expulsion du ventre maternel, il fut le plus jeune être humain à la surface de la terre.

 

Page 80 : Dieu est cruel, Archie. Il devrait protéger les braves gens dans ce monde mais il ne le fait pas. Il les fait souffrir tout autant que les méchants.

 

Page 119 : Quel drôle de couple ils formaient tous les deux, un garçon blessé hurlant son amour dans chaque acte d'hostilité envers son père et un père blessé exprimant son amour en refusant de le gifler, en se laissant bourrer de coups.

 

Page 184 : L'attrait des journaux était radicalement différent de celui des livres. Les livres étaient solides et durables alors que les journaux étaient des prospectus fragiles et éphémères que l'on jetait dès qu'on les avait lus, en attendant qu'ils soient remplacés le lendemain par le numéro suivant, tous les matins une édition nouvelle pour un nouveau jour.

 

Page 216 : Je ne crois plus en Dieu, écrivait-il dans l'une d'elles. Du moins pas dans le Dieu du judaïsme, des chrétiens ou des autres religions. La Bible dit que Dieu a créé l'homme à son image. Mais ce sont des hommes qui ont écrit la Bible, non ? Ce qui veut dire que l'homme a créé Dieu à son image. Ce qui veut également dire que Dieu ne s'occupe pas de nous, et qu'il se moque très certainement de ce que les hommes peuvent penser ou éprouver. S'il se souciait un tant soit peu de nous il n'aurait pas créé un monde empli de réalités si terribles. Les hommes ne se feraient pas la guerre, ne s'entretueraient pas, ne construiraient pas de camps de concentration. Ils ne mentiraient pas, ne tricheraient pas, ne voleraient pas.

 

Page 284 : Angie entra dans la salle à manger en apportant le dessert et Ferguson contempla sa part de pudding au chocolat en se demandant pourquoi il n'existait pas une loi qui permettrait aux enfants de divorcer de leurs parents.

 

Page «312 : Mais ce que Hank et Frank n'ont pas compris c'est que le mariage change tout. Il ,n'est pas seulement question de deux personnes qui décident de vivre ensemble, c'est le début d'une longue lutte qui oppose la volonté d'un partenaire à celle de l'autre, et même si le mari semble souvent avoir le dessus, c'est la femme qui choisit à la fin.

 

Page 721 : Depuis qu'il était petit, depuis que son moi de petit garçon avait compris qu'il était une créature de transition, destinée à grandir et à devenir un homme, il s'était dit qu'il deviendrait père un jour, qu'il finirait par engendrer des petits Ferguson qui grandiraient et deviendraient à leur tour des hommes ou des femmes, c'était un rêve éveillé qu'il avait toujours tenu pour acquis comme un avenir certain parce que c'était ainsi que marchait le monde, les petits devenaient grands puis à leur tour mettaient au monde d'autres petits et quand on avait l'âge de le faire c'est ce qu'on faisait. Même aujourd'hui pour ce philosophe de dix-neuf ans désabusé et partisan de livres obscurs, c'était une chose qu'il continuait à attendre avec un grand plaisir.

 

 

 

 

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