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Mon avis : Les voleurs de curiosités – Jess Kidd

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Laurent Philibert-Caillat

 

Éditions Les Presses de la Cité

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Londres, 1863. Bridie Devine, détective spécialisée dans les affaires délicates, s’attaque au cas le plus insolite de toute sa carrière. Christabel Berwick, l’héritière d’un baronnet, a été kidnappée. Mais la fillette n’est pas une enfant ordinaire. Son existence a été cachée aux yeux de tous et ses étranges talents semblent autant effrayer son entourage qu’ils attirent l’attention des collectionneurs de curiosités. Aidée dans sa quête par le fantôme tatoué d’un boxeur mélancolique, Bridie suit pas à pas les traces laissées par les ravisseurs, replongeant malgré elle dans un passé qu’elle a tenté d’oublier.
Résurrectionnistes, saltimbanques mercenaires, créature aquatique légendaire : autant de personnages qui hantent les pages de ce roman où le spectacle est roi, et qui fait la part belle à une enquête digne des plus grandes énigmes policières.

 

 

Mon avis :
Une étrange créature kidnappée de nuit dans un château…
Londres 1863. La nuit, la brume, un corbeau, des gargouilles, le porche d'une chapelle abandonnée, un cimetière, une femme détective qui marche, un homme quasiment nu et transparent étendu sur une tombe... Il s'avère que Ruby Doyle, l'homme transparent, est un fantôme recouvert de tatouages mouvants, et qu'il est prêt à aider Bridie Devine dans son enquête si elle a besoin…

Je me suis tout de suite sentie bien dans cette atmosphère étrange… J'adore l'idée d'un monde où tout est possible, où errent des êtres fabuleux, sirènes et amphibiens en tout genre, tout droit sortis du folklore irlandais. On se promène dans le Londres de Dickens, avec une ambiance à la Harry Potter, où une femme détective investigue, autopsie, et fume des substances qui font planer. Et elle aime aussi boire un coup, voire deux ou trois et même plus, et à l'occasion se grimer en homme pour être totalement libre d'aller où elle veut et surtout dans les lieux interdits aux femmes. Et elle est veuve, mais de qui ?

Bridie, irlandaise de naissance mais londonienne par la force des choses, est chargée de retrouver Christabel qui a été enlevée et que les domestiques considèrent comme une abomination que sir Edmund Berwick dissimulait dans l'aile ouest du château.

Trafics d'étrangetés de la nature, tout un monde de voleurs et d'assassins, de collectionneurs de créatures, d'odeurs, d'humidité, de moisissures, les clapotis de l'eau qu'on entend sans la voir, de smog d'où on perçoit des sons étouffés en s'attendant à voir des chimères passer furtivement, amitié amoureuse avec un fantôme. Tout était là pour me faire rêver et susciter ma curiosité. Hélas, j'ai trouvé la narration plutôt décousue et j'ai eu du mal à accrocher. Enfin… mon intérêt a suivi une courbe sinusoïdale.

Néanmoins j'ai aimé l'aspect féministe, car Bridie fait ce qu'elle veut, entre pratique de la chirurgie, alcool et fumette, et le propos m'a convenu "[…] que les femmes devraient avoir le droit plein et entier d'exercer la médecine, étant en règle générale, notablement moins stupides que les hommes." C'est ce qu'affirme haut et fort Rumold Fortitude Prudhoe.
Car Bridie a eu des mentors qui croyaient en elle, qui lui ont tout appris des sciences généralement réservées aux hommes, et qui la portent en haute estime.

On fait des allers-retours entre le présent et le passé de Bridie, découvrant peu à peu ce qu'a été sa vie. Il y a des choses en suspens, des terreurs d'enfance jamais guéries, des doutes qui nous sont distillés et qui laissent présager des événements glaçants via une menace diffuse, une ombre qui rode.

Pour moi, cette histoire a été "Je t'aime moi non plus." Ça aurait pu me plaire énormément, mais je me suis traînée comme une âme en peine jusqu'à l'épilogue. Il a manqué quelque chose d'indéfinissable pour que je l'aime et que j'y trouve un réel intérêt. Peut-être que trop de digressions m'ont perdue, entre le présent de Bridie et ses souvenirs d'enfance. Par moments je ne savais plus à quelle époque on se trouvait. Dommage. Pourtant c'est bien écrit, mais les tournures de phrases sont étranges… et des détails un peu beurk ne m'ont pas aidée. L'autrice nous laisse sur une fin ouverte à priori.

 

Citations :

Page 20 : Ses bottes noires, de bonne facture, sont soigneusement cirées. La crinoline n’est pas sa tasse de thé : ses jupes ne sont pas gonflées et son corset est aussi négligemment serré que le permet la bienséance. Sa cape, grise à bordure violette, est courte. C’est une femme dotée de sens pratique, ou du moins une femme qui estime pratique de pouvoir franchir une porte, monter un escalier ou simplement respirer sans encombre.

 

Page 36 : L’odeur de la merde est la principale émission olfactive des divers habitants du secteur où vit Bridie Devine. Tout le monde y contribue : les Russes, les Polonais, les Allemands, les Écossais, et particulièrement les Irlandais. Chacun y apporte sa touche personnelle. Depuis le nourrisson de Mme Neary, qui défèque dans des chiffons, jusqu’au père Duncan, soigneusement accroupi sur son pot de chambre. Leur produit est jeté dans les fosses d’aisance, les remises et les cours, où il participe à l’arôme périlleux de Londres.

 

Page 74 : Cette femme est faite de cirage, de fumée de pipe, de vêtements propres et de vent du nord. Quant au mort qui marche derrière elle, eh bien, il est inoffensif. Il n’a qu’un vague parfum d’au-delà, froid et minéral, comme de la neige fraîche.

 

Page 178 : Prudhoe fournit aussi des preuves lors des enquêtes, quand il n’expédie pas des brûlots et des lettres au vitriol aux revues médicales ; il adore du reste que ces mêmes revues médicales lui consacrent des articles trempés dans la même encre. Car certaines vérités lui tiennent à cœur. À savoir que la plupart des membres de la profession médicale sont des ânes bâtés ; que les femmes devraient avoir le droit plein et entier d’exercer la médecine, étant, en règle générale, notablement moins stupides que les hommes. Qu’en outre un médecin de campagne met en moyenne trois mois pour diagnostiquer que son patient a été empoisonné, tandis qu’un médecin de ville sera plus probablement l’empoisonneur en question.

 

Page 201 : Si elle avait été un garçon, son avenir dans la médecine aurait été assuré, mais le docteur Eames se félicitait de pouvoir faire d’elle une assistante de laboratoire douée. Elle ferait l’épouse idéale pour un jeune médecin. Lorsque le moment viendrait, il superviserait son mariage (un époux adéquat, issu d’une bonne famille, qui pourrait être persuadé de fermer l’œil sur les débuts peu glorieux de sa promise).

 

 

 

 

 

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