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science fiction

Mon avis : Erectus Tome 3 – Le dernier hiver – Xavier Müller

Publié le par Fanfan Do

XO Éditions

 

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Quatrième de couverture :

Et si le passé, le présent et le futur n'étaient qu'illusion ?
Vous êtes là, deux amoureux à admirer l'extraordinaire météorite qui illumine le ciel, lançant autour d'elle des pépites dorées. Puis la personne que vous aimez, tout à coup, s'endort. Et quand elle se réveille, elle n'est plus la même. Elle vous considère comme son ennemi. Pire : comme sa proie !
Paris, Rome, New York, Tahiti... le cataclysme foudroie la planète, inversant le temps, remontant aux origines, effaçant l'évolution. C'est la superrégression. Un cauchemar. Et le spectre du dernier hiver pour l'humanité.
Seul espoir : un ADN hors norme repéré par une équipe de scientifiques. Petit problème : il se trouve dans le corps d'un enfant de dix ans né au XIVe siècle...
Pour Anna Meunier, la paléontologue, et Wuan, son conjoint transformé en erectus, le temps est venu d'enfreindre un puissant tabou : celui qui sépare les vivants des morts et interdit de modifier le passé.


 

 

Mon avis :
Troisième et dernier opus pour cette histoire qui m'a passionnée.
De nouvelles étrangetés apparaissent en plus du virus qui a fait régresser le monde, tout aussi effrayantes quant aux conséquences qu'elles pourraient avoir alors qu'à priori cela ne semble pas si terrible. Pourtant, l'histoire prend un virage impensable et terrifiant.

Nouveau tournant pour cette épidémie, nouveaux territoires de recherches, genre pas ici et pas maintenant. J'ai autant été emportée dans ce tome que dans les précédents. Une angoisse sourde m'a accompagnée avec plein d'interrogations comme qui est qui et qui fait quoi, à qui peut-on se fier et de qui doit-on se méfier comme de la peste, et que va devenir l'humanité ?

L'auteur a su se renouveler et ce troisième tome se dévore autant que les deux précédents. Il nous embarque dans un imaginaire encore plus fou avec quelque chose qui ressemble à un mélange des genres… de SF. Mais motus ! Pas de spoil ! Non non non je ne dirai rien !
Et puis bien sûr je suis encore pas mal allée sur internet voir à quoi ressemblaient les éléments scientifiques énumérés, comme par exemple l'hélicoprion ou encore le tubercule de Darwin et tant d'autres choses encore et j'ai appris, un peu, sur l'immensité du passé de la Terre et de ce qui la peuplait.

Avec ce roman on apprend beaucoup sur nos ancêtres très lointains et sur notre évolution. C'est fascinant. C'est palpitant, rythmé, foisonnant. 
Xavier Müller a encore une fois réussi à m'emmener dans la nuit des temps et au delà, dans une tension qui ne faiblit pas tout au long du récit car le suspense est là jusqu'à la toute fin.

 

Citations :

Page 45 : Juan Pablo Sanchez – c’était son nom – semblait défier le temps. Seules quelques rides creusaient son visage et de rares fils argentés étincelaient dans ses cheveux. Hormis ces signes de vieillesse, il pétait une forme déconcertante à 125 ans.

 

Page 51 : Le darkweb s’était mué en un supermarché du gène, cupide et cynique, sans égard pour les malades.

 

Page 120 : Il s’était toujours méfié de la générosité des personnes puissantes. Un jour ou l’autre, elles vous présentaient la note.

 

Page 163 : Tout à coup, Anna voulut faire demi-tour. Il y avait quelque chose d’obscène à débarquer dans cette époque soumise à des règles absurdes et… moyenâgeuses.

 

 

 

 

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Mon avis : Les Futurs de Liu Cixin – La Terre transpercée – Wu Qingsong

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Nicolas Giovanetti

 

Éditions Delcourt

 

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Quatrième de couverture :

Un physicien est tiré de force d'un sommeil cryogénique par un tribunal populaire qui le condamne à mort ! Stupéfait, Shen Huabei enfile combinaison et scaphandre, comme ses ravisseurs le lui intiment, et saute dans le vide d'un gouffre souterrain. Durant son interminable chute, ses juges instruisent le procès et lui révèlent l'ampleur de la catastrophe qui met également son fils en cause...


 

 

Mon avis :
Grâce à Babelio Masse Critique Privilégiée j'ai eu la chance de lire cette BD, alors que je connaissais 
Liu Cixin pour avoir lu sa trilogie le problème à trois corps plus d'un an avant et que j'avais aimé, bien que ça fasse surchauffer les neurones.

Une BD inspirée d'une nouvelle de Liu Cixin, mais quel bonheur !

C'est un voyage au centre de la Terre auquel nous sommes conviés, avec une expérience qui, 39 ans plus tôt, a abouti à la découverte d'un nouveau matériaux plus dur que tout ce qui existe et qui doit soi-disant révolutionner la vie sur Terre.

Des scientifiques sont en passe de réaliser le projet "Jardin Antarctique" qui doit exalter les rêves et les désirs de l'humanité. Comme souvent, les projets mégalo partent d'un sentiment humaniste, pour déraper par la suite dans quelque chose d'effroyable, un cauchemar pour les humains. Shen Huabei était à l'origine de ce projet fou par sa découverte d'un matériau d'une solidité à toute épreuve. Sorti d'un sommeil cryogénique après plusieurs années, il découvre qu'il n'est pas considéré comme LE bienfaiteur de l'humanité, bien au contraire et qu'il va être jugé et savoir par la même occasion ce qui est arrivé de si terrible pendant son hibernation, dont il est responsable à priori.

Il y a des moments assez vertigineux dans cette histoire, qui moi, m'ont fait froid dans le dos. Tout est propice à cela, le thème traité et les graphismes. C'est une plongée totale dans ce futur.

Ce que cette histoire dit de nous est totalement glaçant car tristement perspicace.

Alors, j'ai beaucoup aimé, énormément même, autant l'histoire que les graphismes, il y a même un triptyque avec une page qui se déplie et j'ai trouvé ça vraiment sympa… Mais pourquoi, alors que la nouvelle originale a été écrite par un chinois, que la bd est réalisée par un chinois et que l'action se passe en Chine, les personnages ont-ils tous des têtes d'occidentaux ? J'avoue que, même si ce n'est pas nouveau, ça continue de me surprendre.

Par ailleurs les allers-retours entre le passé et le présent requièrent de la concentration pour ne pas perdre pied, ainsi que les noms chinois, entre le père, le fils, la fille…

Arrivée au bout, avec cette fin qui ma désarçonnée, quand j'ai refermé ce livre, je me suis sentie oppressée. Mais au fond, je crois que c'est l'espèce humaine qui me fait ça. Je nous trouve tellement inquiétants et dangereux.

Et donc je pense que la fin de l'histoire nous parlera différemment selon qu'on croie en l'humanité ou pas plus que ça. Certains y verront peut-être de l'optimisme, d'autres comme moi auront les cheveux dressés sur la tête.

En tout cas, ça m'a furieusement donné envie de me replonger dans la science-fiction tous azimuts ! Et surtout de découvrir les nouvelles de Liu Cixin !!!

 

 

Citations :

Page 6 : La boule de feu d’une bombe atomique ressemble à un bébé enterré, qui hurle et pleure, pour qu’on le laisse sortir. Il a creusé ce gouffre en battant des pieds de toutes ses forces… C’est vraiment fascinant !

 

Page 75 : L’humanité nageait béatement dans l’illusion d’être entrée dans une nouvelle ère.

 

 

 

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Mon avis : Les lutteurs immobiles – Serge Brussolo

Publié le par Fanfan Do

Éditions Denoël – Présence du futur

 

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Quatrième de couverture :

Halte au scandale du gaspillage ! Désormais la Société Protectrice des Objets veille... Que diriez-vous d'être couplé à une tasse de façon que la moindre fêlure de la porcelaine se répercute sur votre propre squelette en une superbe fracture ouverte ? Imaginez le cauchemar, imaginez d'autres associations/répercussions, avec des vêtements, des disques, une maison... Attaque en règle de la société de consommation ou fable ambiguë, Les Lutteurs immobiles est une réussite de plus à porter au crédit de Serge Brussolo.


 

 

Mon avis :
Rooooo ! Un roman qui fustige le gaspillage, l'hyperconsumérisme, la "poubelisation" de la planète par négligence ou (et) futilité, mais qu'elle joie pour moi ! J'adore les solutions proposées, certes un peu radicales, mais puisque personne ne veut comprendre…

La planète étouffe sous les déchets, donc on n'a plus le droit de jeter quoi que ce soit tant que les objets sont utilisables. Ils ont d'ailleurs une durée de vie minimum obligatoire en deçà de laquelle on risque la prison ou l'obligation d'effectuer des travaux gratuits le week-end. Il y a des capteurs dans tout, de la tasse ou du couteau jusqu'aux vêtements, pour contrôler le gaspillage et exercer une répression terrible sur le peuple, générant une angoisse et un mal-être profond.

Le passé que décrit Serge Brussolo dans son roman, c'est notre société actuelle, celle du jetable, de l'éphémère, du gaspillage.

Mais dans ce monde futuriste répressif, chacun est obsédé par ses objets et la terreur de les abîmer au risque de voir débarquer instantanément les vigiles de la Société Protectrice des Objets. C'est un monde sans plaisirs ni joies. En revanche les décharges sont quasiment vides.

Bien évidemment dans ce genre de société il existe toujours des rebelles refusant de vivre à genoux qui ont tôt fait de passer dans la clandestinité pour échapper à la dictature et retrouver des valeurs saines.

Mais avec des idées tordues et une technologie de pointe, on peut faire bien pire comme sanction que la prison ou les travaux gratuits…

J'ai adoré cette fable sur notre façon de gérer le progrès, de manière totalement irresponsable et égoïste et la manière effroyable de régler ça des dirigeants. Cette histoire m'a embarquée immédiatement, j'ai dévoré ce livre (pas comme une vilaine souris Hi Hi) sans pouvoir ni vouloir m'arrêter.

C'était mon premier Brussolo, mais d'autres suivront !

 

Citations :

Page 25 : Dans un monde régi par la SPO, les enfants représentaient une menace constante pour leurs parents. « tout enfant est un vandale en puissance ! Répétaient souvent les psychologues d’État. Il appartient au cadre familiale de corriger ce travers. Ce n’est que dans cette optique de rigueur que nous pourrons bâtir une société nouvelle tournant résolument le dos au gâchis. »

 

Page 30 : Le travail obligatoire non rémunéré avait peu à peu remplacé le système des amendes jugé « sans valeur pédagogique ». On payait et on oubliait aussitôt !

 

Page 141 : Les sanctuaires de l’ustensile seront détruits ! Nous raserons les lieux de l’accumulation, nous ferons renaître les temps du dénuement salvateur !

 

 

 

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Mon avis : Erectus Tome 2 – L’armée de Darwin – Xavier Müller

Publié le par Fanfan Do

Éditions XO

 

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Quatrième de couverture :

Le retour du virus. Plus puissant et terrifiant que jamais... Ils croyaient tous le cauchemar derrière eux : après avoir transformé une partie de l'humanité en hommes préhistoriques, le virus Kruger avait fini par s'éteindre. Sept ans après, le monde tremble à nouveau. Les erectus, que l'on croyait stériles, se reproduisent dans les réserves. Chaque jour, des dizaines d'entre eux sont assassinés. d'autres disparaissent... Qui se cache derrière ces opérations meurtrières ? Au Kenya, Anna Meunier, une chercheuse française, tente de protéger Yann, son compagnon transformé en préhistorique. Pour elle, les erectus sont nos ancêtres, pas des bêtes sauvages... La menace, pourtant, est là. Terrifiante. Une organisation secrète est à l'origine d'une nouvelle vague de contaminations. pire : elle se livre à des captures dans les réserves afin de récupérer les facultés extraordinaires des erectus. Son objectif : fabriquer une nouvelle espèce humaine, aux pouvoirs décuplés, qui contrôlerait la planète. Pour le monde entier, le début d'un combat dantesque... A propos d'Erectus : " Attention, nuit blanche assurée. Une fois ce livre ouvert, vous ne pourrez plus le refermer. " Sandrine Bajos, Le Parisien.

 

 

Mon avis :
J'ai lu Erectus à sa sortie et j'avais beaucoup aimé. La fin n'était pas celle que j'avais imaginée… mais elle laissait la possibilité d'une suite ! Bingo ! D'ailleurs j'ai vu que le Tome 3 vient de sortir. Youpi ! J'adore l'idée d'une pandémie qui changerait la face du monde. Même si on sort d'en prendre, on est nombreux à aimer les catastrophes tant que ça reste dans les romans.

Ouvrir ce livre, c'est se faire avaler par l'histoire. C'est captivant, intrigant et instructif. J'avais redécouvert avec le premier tome qu'à la préhistoire les animaux, à l'instar des humains, ressemblaient vraiment à autre chose que ce qu'ils sont actuellement. Ce roman incite à aller sur internet chercher les animaux en question pour voir, tel le Gomphotherium, ancêtre de l'éléphant ou le Miohippus, ancêtre du cheval. J'ai adoré cette séance de SVT à la sauce préhistorique. C'est une visite du passé dans le présent et c'est passionnant !

Il y a dans cette histoire des "profiteurs de guerre", ceux dont la cupidité et la mégalomanie annihilent le bon sens et qui font feu de tout bois pour s'enrichir, jouant ainsi les apprentis sorciers avec le monde. C'est une course contre la folie des hommes qui se joue là.

Beaucoup de personnages aux fortes personnalités, généreuses ou retorses, de l'écologie, des problèmes de société, de la cupidité, de la bêtise humaine, du complotisme, de l'intolérance et de l'égoïsme en partie liés à la peur de l'inconnu, de nombreux deuils sans morts, juste des proches transformés en Erectus. Ce roman imagine une vision folle de ce que l'humain peut provoquer de pire par manque de discernement et ainsi engendrer un effet papillon monstrueux qui submerge la planète d'une violence phénoménale. Les humains se métamorphosent, la nature aussi, le virus est partout. de nombreux rebondissements auxquels je ne m'attendais pas, des événements inattendus sur tous les continents, beaucoup de suspense et une vision acérée de ce que l'âme humaine peut produire de pire font de ce roman un véritable page turner que j'aurais aimé pouvoir lire d'une traite en oubliant tout le reste, tant j'avais envie de poursuivre mon immersion dans cet univers.

J'ai traversé ce roman envoûtant, débordant d'angoisses et de moments bouleversants avec avidité. J'ai adoré et j'espère que le Père Noël pensera à m'apporter le tome 3 , sinon je serai moi-même ma propre Mère Noël.

 

Citations :

Page 53 : Mary avait encore du mal à accepter la métamorphose de son père. Comme Lauryn, la douleur du traumatisme l’empêchait de voir ce qui subsistait chez les régressés. Leur part irréductible d’humanité.

Malgré leur mémoire défaillante, un lien demeurait, aussi léger que l’air, aussi doux que la tendresse ; Kyle n’aurait su l’expliquer avec des mots. Il savait simplement que ça existait.

 

Page 60 : L’humanité est parvenue à une impasse évolutive. En fait, stricto sensu, il n’y a plus d’évolution humaine, parce que la médecine pallie tous les défauts du corps, les répare tous. Myopes, aveugles, handicapés, malades de pathologies génétiques, les hommes survivent et transmettent leurs gènes délétères à leur descendance, alors qu’il y a seulement quelques siècles, l’évolution les aurait éliminés.

 

Page 107 : Selon lui, l’être humain n’était qu’une décharge génétique où s’accumulaient des erreurs dans l’ADN. Les erectus, en revanche, incarnaient une forme de perfection.

 

Page 157 : Nous avons mis à profit l’intelligence incomparable dont la sélection naturelle nous a dotés. Mais nous avons aussi réduit des peuples en esclavage, minéralisé les sols, dévasté les forêts, saccagé l’environnement. Nous avons persisté à croire que nous avions tous les droits parce que nous possédions les clés de cette merveille qu’est la Terre. Deux mots définissent notre espèce aujourd’hui : arrogance et aveuglement.

 

 

 

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Mon avis : Stalker – Arkadi et Boris Strougatski

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Svetlana Delmotte

 

Éditions Denoël

 

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Résumé :

Des Visiteurs sont venus sur terre. Sortis d'on ne sait où, ils sont repartis sans crier gare. Dans la Zone qu'ils ont occupée pendant des années sans jamais correspondre avec les hommes, ils ont abandonné des objets de toutes sortes. Objets-pièges. Objets-bombes. Objets-miracles. Objets que les stalkers viennent piller au risque de leur vie, comme une bande de fourmis coloniserait sans rien y comprendre les détritus abandonnés par des pique-niqueurs au bord d'un chemin.

Adapté au cinéma en 1979 par Andreï Tarkovski, Stalker ou Pique-nique au bord du chemin (ici publie pour la première fois en France en version intégrale) est le chef-d’œuvre des frères Strougatski. Un roman qui a eu un tel impact sur le XXe siècle que c'est sous le surnom de stalkers qu'on connaît désormais les hommes et femmes qui ont étouffé le cœur du réacteur en fusion de Tchernobyl, entre le 26 avril et le 16 mai 1986.

 

 

Mon avis :
Dans ce roman écrit en 1972, l'histoire commence dans un futur proche, en 2019.
La Zone : un endroit dangereux où des visiteurs venus de l'espace ont laissé diverses choses derrière eux sans jamais entrer en contact avec les humains.
Les stalkers vont dans la Zone récupérer des objets au péril de leur vie.
Redrick Shouhart est l'un d'eux, c'est l'adrénaline qui le motive, mais aussi l'argent. Pour Kirill il s'agit essentiellement d'un intérêt scientifique. D'autres n'y vont que pour l'argent que rapporte les objets qu'ils en ramène au péril de leur vie mais aussi au risque de finir en prison.

Redrick la tête brûlée, Kirill le scientifique et Tender le troisième larron obligatoire pour une virée dans la Zone, vont à la recherche d'une "creuse" pleine. Faut pas chercher à comprendre, il n'y a pas d'explication, tout comme pour les bracelets, la gelée de sorcière, les calvities de moustique… Les dangers auxquels tous ceux qui se rendent dans la Zone doivent faire face sont assez obscurs aussi. Dangers de mort dont les raisons restent floues… Certains moments plus dangereux que d'autres.
Et puis Ouistiti, l'étrange fille, enfant de stalker.
Et puis les morts… morts et pourtant…

Les indices sur ce qui advient sont à peine suggérés ce qui donne envie de poursuivre pour savoir. C'est une lecture agréable et pourtant étrange.
L'histoire se passe sur huit ans.
J'ai trouvé le tout un peu décousu.
J'ai eu l'impression de rester au bord sans jamais entrer dedans mais j'ai trouvé ça plaisant à lire malgré tout, cependant je pense qu'il ne m'en restera rien assez rapidement. De nombreux aspects font penser à Tchernobyl alors que ça a été écrit bien avant.
Par ailleurs, bien que l'histoire se passe dans le futur pour les frères 
Strougatski, la condition des femmes n'a pas bougé d'un iota. Pire, on se croirait dans les années 50. Les hommes seigneurs et maîtres chez eux, les femmes soumises et au foyer… ou putes ! En fait le roman m'a évoqué par certains aspects les vieux polars : ambiance sombre, personnages masculins qui fument constamment, picolent et sont grossiers.

Il ne me reste plus qu'à trouver d'autres romans de SF russe pour me faire une idée plus précise…

 

Citations :

Page 30 : Non, ces visiteurs sont quand-même des gars corrects. Il est vrai qu’ils ont fait plein de saloperies, mais ils en ont déterminé eux-mêmes la limite. Parce que même le « duvet brûlant » ne vient pas de la Zone sur notre côté, jamais de la vie, bien qu’on voie que le vent le balade dans tous les sens…

 

Page 54 : Pour moi c’est autre chose : qu’est-ce que j’irais chercher chez vous en Europe ? Votre ennui ? On se crève dans la journée, on regarde la télé le soir, la nuit vient, on couche avec une nana odieuse pour engendrer des avortons. Vos grèves, vos manifestations, votre putain de politique… Je m’en tape de votre Europe de merde.

 

Page 141 : Tout le malheur réside dans le fait que nous ne voyons pas les années passer, pensait-il. Non, les années c’est de la foutaise, nous ne remarquons pas les changements. Nous savons que tout change dès l’enfance, on nous apprend que tout change, nous avons vu tout changer, de nos propres yeux, plusieurs fois, et cependant, nous sommes parfaitement incapables de saisir le moment où le changement se produit.

 

Page 158 : Elles ont peur, les grosses têtes… Comme il se doit. Ces savants doivent même avoir plus peur que nous tous, les gens simples réunis. Parce que nous, nous ne comprenons rien à rien, tandis qu’eux, au moins, ils comprennent à quel point ils ne comprennent rien. Ils regardent dans cet abîme sans fond et savent qu’inévitablement ils doivent y descendre. Mais comment descendre, qu’est-ce qui se trouve au fond et, surtout, pourra-t-on remonter après ?…

 

Page 171 : Il savait que des milliards et des milliards de gens ignoraient tout et ne voulaient rien savoir, et que, même s’ils l’apprenaient, ils auraient peur pendant une dizaine de minutes et reviendraient aussitôt à leur petit train-train.

 

 

 

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Mon avis : Martien, go home ! - Fredric Brown

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Alain Dorémieux

 

Éditions Folio SF

 

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Quatrième de couverture :

Enfermé dans une cabane en plein désert, Luke Devereaux, auteur de science-fiction en mal d'invention, invoque désespérément sa muse - de toute évidence retenue ailleurs - quand soudain... on frappe à la porte. Et un petit homme vert, goguenard, apostrophe Luke d'un désinvolte «Salut Toto !».Un milliard de Martiens, hâbleurs, exaspérants, mal embouchés, d'une familiarité répugnante, révélant tous les secrets, clamant partout la vérité, viennent d'envahir la Terre. Mais comment s'en débarrasser ?

 

 

Mon avis :
En choisissant ce livre dans mes étagères je m'attendais à y trouver de l'humour et m'apprêtais à passer un bon moment. Or au début, ça a été tout le contraire. J'ai trouvé la rencontre entre Luke, l'écrivain isolé dans une cabane dans le désert, et le martien, plutôt lourdingue. En effet, le petit homme vert a un langage familier, et se montre désagréable et méprisant envers ce représentant de l'espèce humaine qu'il considère comme une race inférieure. J'ai trouvé les vannes faciles et pas drôles. Bien sûr j'ai espéré que ça allait changer !

Alors oui, j'ai rapidement changé d'avis. Bon, l'humour j'ai continué de le trouver un peu vieillot mais il ne faut pas perdre de vue que ce roman a été écrit dans les années 50 ! Par contre, les situations avec ces emmerdeurs de martiens m'ont plutôt réjouie !!
Salut Toto ! Salut Chouquette ! C'est comme ça qu'ils interpellent les humains. Ils sont facétieux et malveillants et mettent le monde en déroute totale. On dirait des sales gosses, capricieux et qui se mêlent de tout !

Il y a quelque chose de totalement absurde dans cette histoire, mais c'est jubilatoire et on en vient à se demander s'il est possible que tout le monde soit fou sauf un seul homme, qui lui, est considéré comme un fou…
En tout cas ce roman raille l'humanité et nos petits travers, et c'est un vrai plaisir.

 

Citations :

Page 58 : Seul un casse-cou se fût enhardi, avec les Martiens dans les parages, à traire une vache sans l’attacher et lui immobiliser les pieds.

Les chiens piquaient des crises de nerf. Beaucoup mordirent leurs maîtres, qui durent s’en débarrasser.

Seuls les chats, passé les premières expériences, s’accoutumèrent à leur présence et la supportèrent avec un calme olympien. Mais les chats, comme chacun sait, ont toujours été des êtres à part.

 

Page 64 : Psychologiquement, les Martiens se ressemblaient encore plus que physiquement, mis à part quelques variations d’ordre secondaire (il y en avait certains qui étaient encore pires que les autres).

Mais tous, autant qu’ils étaient, se montraient acariâtres, arrogants, atrabilaires, barbares, bourrus, contrariants, corrosifs, déplaisants, diaboliques, effrontés, exaspérants, exécrables, féroces, fripons, glapissants, grincheux, grossiers, haïssables, hargneux, hostiles, injurieux, impudents, irascibles, jacasseurs, korriganesques. Ils étaient lassants, malfaisants, malhonnêtes, maussades, nuisibles, offensants, perfides, pernicieux, pervers, querelleurs, railleurs, revêches, ricanants, sarcastiques, truculents, ubiquistes, ulcérants, vexatoires, wisigothiques, xénophobes et zélés à la tâche de faire vaciller la raison de quiconque entrait en leur contact

Page 108 : Depuis des temps immémoriaux, l’alcool a toujours été le remède préféré de l’homme contre les vicissitudes de la vie quotidienne. Et maintenant, les vicissitudes au visage vert qui remplissaient l’horizon mental de chacun étaient mille fois pires que toutes celles de la vie quotidienne en temps normal. Donc, il fallait vraiment un remède.

 

 

 

 

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Mon avis : Des fleurs pour Algernon – Daniel Keyes

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Georges H. Gallet et Henry-Luc Planchat

 

Éditions France Loisirs

 

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Quatrième de couverture :

Algernon est une souris de laboratoire dont le traitement du Pr Nemur et du Dr Strauss vient de décupler l'intelligence. Enhardis par cette réussite, les deux savants tentent alors, avec l'assistance de la psychologue Alice Kinnian, d'appliquer leur découverte à Charlie Gordon, un simple d'esprit employé dans une boulangerie. C'est bientôt l'extraordinaire éveil de l'intelligence pour le jeune homme. Il découvre un monde dont il avait toujours été exclu, et l'amour qui naît entre Alice et lui achève de le métamorphoser. Mais un jour, les facultés supérieures d'Algernon commencent à décliner

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Quand j'étais adolescente j'ai vu un film, Charly de Ralph Nelson, qui m'avait terriblement bouleversée tant ce qui s'y passait était terrifiant psychologiquement. Or ce film était l'adaptation du roman de Daniel Keyes que j'ai découvert des années plus tard. Alors j'ai eu envie de le lire. L'ennui, c'est que je connaissais l'histoire, et bien sûr la fin. Enfin… je le croyais !

 

Mon avis :
Charlie Gordon a 32 ans, il est attardé et il tient son journal pour le Dr Strauss afin d'être évalué, car on lui a dit que peut-être on pourrait le rendre "un télijan". Charlie écrit comme il parle, pas très bien.
Que c'est difficile de lire un texte bourré de fautes !
Charlie souhaite être opéré, comme Algernon la souris dont l'intelligence a augmenté de façon impressionnante.

Je me suis un peu ennuyée au début, Charlie répète toujours les mêmes choses : il veut devenir intelligent ! Ça m'a semblé tellement long... mais c'est nécessaire au rythme de l'histoire. Car peu à peu, après son opération, on le voit progresser, l-e-n-t-e-m-e-n-t... mais efficacement. Un horizon semble s'ouvrir devant lui, la possibilité de se cultiver, avoir des tas d'amis, la vie tout simplement, ce qu'il désire plus que tout. Car il est persuadé qu'avec l'intelligence viendra le bonheur. Alors qu'en devenant intelligent il découvrira la laideur de son enfance, que les gens se sont toujours moqué de lui, lui l'innocent qui croit que tout le monde est gentil.

À mesure que son intelligence arrive, les rêves et les souvenirs aussi, l'amertume et la colère montent pour Charlie. Il comprend désormais tant de choses et il comprend qu'il qu'il a toujours eu peur, toujours été en manque d'amour.

Tout est extrêmement bien amené au fil de l'histoire. On voit les progrès de Charlie à mesure que les fautes de son journal s'amenuisent et que son vocabulaire s'enrichit. On vit son ouverture d'esprit avec lui, tout doucement, c'est impressionnant.
Mais son évolution intellectuelle est une lame de fond et finit par être une vague scélérate qui semble surprendre tout le monde. On suit ça avec angoisse, inquiétude et commisération. Car que faire quand on devient trop intelligent ? Les souvenirs de la douleur d'être handicapé, le manque d'amour subi alors qu'on en aurait eu tant besoin… c'est déchirant et révoltant.

C'est une belle histoire d'humanité, qui pose beaucoup de questions, notamment de savoir à quel moment est-on un monstre, d'égoïsme, d'intolérance, de prétention, de fatuité, d'imbécilité… et qui sont les monstres dans cette histoire, à supposer qu'il y en ait ?

Une expérience qui, au départ, devait rendre intelligent un homme simplet, tout comme Algernon la souris, part dans des directions totalement inattendues. Car intelligence et subconscient ne marchent pas main dans la main et vouloir tout contrôler est impossible. Les douleurs de l'enfance guettent, tapies dans la nuit brumeuse du passé.

Être ou ne pas être…
Un roman qui se dévore en apnée !
 

Citations :

Page 32 : Elle dit qu’elle ne les aurait jamais laissés lui faire des choses au cerveau pour tout l’or du monde. Je lui ai dit que ce n’était pas pour tout l’or du monde, c’était pour me rendre intelligent. Et elle a dit que peut-être ils n’avaient pas le droit de me rendre intelligent parce que si Dieu avait voulu que je sois intelligent, il m’aurait fait naître intelligent. Et il ne faut pas oublier Adam et Eve, et le péché avec l’arbre de la science, et la pomme mangée et la chute. Et peut-être le Pr Nemur et le Dr Strauss touche à des choses auxquelles ils n’ont pas le droit de toucher.

 

Page 64 : Je n’avais jamais compris avant que Joe et Franck et les autres aimaient m’avoir avec eux simplement pour s’amuser de moi.

Maintenant je comprends ce qu’ils veulent dire quand ils disent : »Ça, c’est bien du Charlie Gordon. »

J’ai honte.

 

Page 69 : - Plus tu deviendras intelligent, plus tu auras de problèmes, Charlie. Ta croissance mentale va dépasser ta croissance émotionnelle.

 

Page 107 : - Les gens ordinaires ne peuvent en voir qu’un petit peu. Ils ne peuvent guère changer ni s’élever plus haut qu’ils ne sont, mais toi tu es un génie. Tu continueras à monter et monter et en voir toujours davantage. Et chaque marche te révélera des mondes dont tu n’as jamais soupçonné l’existence.

 

Page 197 : Ce qui est étrange avec l’acquisition du savoir, c’est que, plus j’avance, plus je me rends compte que je ne savais même pas que ce que je ne savais pas existait. Voici peu de temps, je pensais sottement que je pouvais tout apprendre – acquérir tout le savoir du monde. Maintenant, j’espère seulement arriver à savoir que ce que je ne sais pas existe et en comprendre une miette.

 

Page 314 : Ici, dans cette université, l’intelligence, l’instruction, le savoir sont tous devenus de grandes idoles. Mais je sais maintenant qu’il y a un détail que vous avez négligé : l’intelligence et l’instruction qui ne sont pas tempérées par une chaleur humaine ne valent pas cher.

 

Page 368 : L’univers explosait, chacune de ses particules s’écartait des autres, nous lançant dans un espace obscur et désert, nous arrachant éternellement l’un à l’autre – l’enfant à la matrice, l’amant à sa maîtresse, l’ami à l’ami, les éloignant l’un de l’autre, chacun suivant son chemin vers la cage ultime de la mort solitaire.

 

 

 

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Mon avis : La mort immortelle – Liu Cixin

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Gwennaël Gaffric

 

Éditions Actes Sud

 

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Quatrième de couverture :

Un demi-siècle après l'Ultime Bataille, l'équilibre précaire dû à la dissuasion de la forêt sombre continue de maintenir les envahisseurs trisolariens à distance. La Terre jouit d'une prospérité sans précédent grâce au transfert des connaissances et des technologies trisolariennes. La science humaine connaît des progrès pour ainsi dire quotidiens, les Trisolariens découvrent avec fascination la culture humaine et l'espoir grandit que les deux civilisations puissent bientôt coexister pacifiquement sans la terrible menace d'une annihilation réciproque. Mais lorsqu'une ingénieure en aéronautique originaire du début du xxie siècle sort de son hibernation, elle réveille avec elle le souvenir d'un programme qui menace cet équilibre. Bientôt, l'humanité aura à faire un choix : partir à la conquête d'autres univers ou mourir dans son berceau.

Après Le Problème à trois corps et La Forêt sombre, Liu Cixin referme l'un des cycles de science-fiction les plus ambitieux de ce siècle.

 

Né en 1963, Liu Cixin est une véritable légende de la SF en Chine. La trilogie du Problème à trois corps est en cours de publication dans le monde entier.

 

 

Mon avis :
Comment parler d'un tome 3 ?
Alors d'abord, après avoir lu 198 pages, je l'ai mis de côté parce que j'avais envie d'autres lectures. Après 9 mois (Eh Eh) je m'y suis remise en espérant ne pas trop m'y perdre. Et je dois dire qu'après une telle pause entre le tome 2 et le tome 3, j'ai eu un peu de mal à raccrocher les wagons.

J'ai fini par y arriver et j'ai été happée, sous hypnose, tellement c'est foisonnant. J'ai aussi été larguée plus d'une fois. J'en suis venue à me demander "
Liu Cixin est-il un puits de science au point que moi petite mortelle pas du tout matheuse ni scientifique je m'y perde ?"
La réponse est : p'têt ben qu'oui ! Un érudit à n'en point douter. Il est balaise le bonhomme !

J'ai du aller faire des recherches sur internet pour essayer de comprendre le concept de la quatrième dimension. J'ai un peu saisi l'idée, mais pas longtemps. Donc j'en reviens toujours à la même chose : au niveau maths, j'ai vraiment un QI d'amibe. D'autant que ce n'est pas tout ! Les hypothèses scientifiques se sont succédées et mont perdue systématiquement car j'ai souvent pensé que ce qui était proposé là, outre le fait que je ne comprenais pas grand-chose - la vitesse luminique, les trous noirs, aïe ma pauvre tête -, devait être tout simplement impossible… Mais peut-être pas car 
Liu Cixin est ingénieur avant d'être romancier, ce qui suppose que ses extrapolation sont plausibles.

Je pense que mon ingénieur de père se serait éclaté à cette lecture. Moi je me suis sentie, surtout à la fin, une bien plus que nanoparticule - et peut-être moins que ça - sur un grain de poussière perdu dans l'univers.
En résumé, c'est pointu, touffu, ardu mais captivant, bien qu'un peu long à mon goût, encore que, plus court, ça aurait peut-être manqué de quelque chose d'essentiel.
Voilà le genre de roman qui fait surchauffer le cerveau mais dont on veut absolument connaître le fin mot de l'histoire, même si dans tout cela il y a quelque chose de terrifiant… mais pas plus que de penser à l'infini de l'univers…

 

Citations :

Page 37 : Imaginez une colonie de fourmis transportant sans repos des fragments de cailloux de la taille d’un grain chacune : donnez-leur des milliards d’années et elles auront réussi à déplacer le mont Tai tout entier. Il suffit d’étirer suffisamment le temps, et la vie se révèle bien plus forte que la roche ou le métal, plus puissante qu’un typhon ou un volcan.

 

Page 116 : Comme tous ceux qui avaient étudié la navigation spatiale, Yun Tianming était terrifié par l’espace. Plus que quiconque, il connaissait ses dangers, il savait que l’enfer ne se trouvait pas sous terre mais dans le ciel.

 

Page 322 : Mojovic et Guan Yifan firent une découverte fascinante : ils pouvaient voir les étoiles tout autour d’eux. Ils apercevaient nettement la lueur éclatante de la Voie lactée qui s’étendait dans l’éternelle nuit du cosmos.

 

Page 404 : Cheng Xin était déconcertée par l’agencement chaotique des tubes, qui n’était pas le résultat d’une négligence mais, au contraire, celui d’un effort et d’une conception inouïs. C’était une sorte de chaos ultime, comme si le moindre soupçon d’ordre était tabou. Il paraissait suggérer une approche esthétique aux antipodes de celle que connaissait l’humanité : ici, le chaos était synonyme de beauté et l’ordre de laideur.

 

Page 463 : Quant à Goutte de rosée, ce n’est qu’une femme, elle est inoffensive.

 

Page 772 : Une personne seule ne peut pas détruire un monde. Si ce monde est détruit, c’est la faute de l’ensemble des hommes, ceux qui sont en vie comme ceux qui sont morts. C’est le résultat d’une action collective.

 

 

 

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Mon avis : Macha ou le IVe Reich – Jaroslav Melnik

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Michèle Khan

 

Éditions Actes Sud

 

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Quatrième de couverture :

3896. Le IVe Reich étend son pouvoir sur le monde entier. La société est divisée en deux catégories : les humains et les stors, êtres d'apparence humaine mais qui au fil des siècles se sont mués en bêtes de somme, privés de langage, corvéables à merci, et transformés en viande de boucherie quand ils ne satisfont plus aux besoins de leurs maîtres ou quand ils sont trop vieux.

Dima est journaliste à La Voix du Reich. Parfaitement intégré dans cette société pacifiée, il est même spécialisé, comme tous ses ancêtres, dans la découpe des stors voués à l'abattoir, ce camp de la mort pour animaux, jusqu'au jour où il ressent un trouble étrange à l'égard de l'une d'entre eux, la jeune et belle Macha. Lorsqu'il commence à soupçonner que les stors ne sont peut-être pas si éloignés de la race humaine qu'il le pensait, il prend le maquis pour tenter d'échapper aux post-nazis et de sauver Macha.

Roman du réveil d'une conscience trop longtemps endormie, Macha ou le IV' Reich est un thriller d'anticipation glaçant en forme de réflexion sur la condition animale et, partant, sur notre humanité même.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Je suis végétarienne et j’aime l’idée d’une dystopie où on mange des êtres humains, pour les questions que ça peut poser.

 

Mon avis :
IVème millénaire.
Voilà une société future où la viande est… de la viande humaine. À un détail près, ceux qui servent de viande de boucherie ne sont pas appelés "humains" mais "stors". Autrement ce serait monstrueux de les manger… Oui parce que, même s'ils sont humanoïdes, ils ne parlent pas et n'ont pas l'intelligence qui ferait d'eux des humains.
Voilà comment cette société se donne bonne conscience.
C'est aussi une société des loisirs et de l'oisiveté. Les humains n'ont plus besoin de travailler, les stors le font pour eux, jusqu'à ce qu'ils finissent dans l'assiette parce qu'ils sont trop vieux ou malades ou parce que les femelles ne donnent plus assez de lait.
D'ailleurs le roman commence dans un abattoir, et pour moi ça a été une image choc !

Mais cette société qui, à l'image de ses ancêtres avant le XXème siècle, ne développe pas de sentiments envers les animaux, va commencer à se poser des questions.

Les chapitres alternent entre l'histoire de :
- Dmitri, propriétaire de stors, dont Macha qui est sa préférée,
- le journal "La voix du Reich", qui nous fait l'historique des cette société, en partant du nazisme de Hitler, en nous expliquant l'histoire de l'humanité pour démontrer qu'il y a toujours eu des hommes asservis par d'autres avant d'arriver à ce modèle parfait où les guerres et les états ont disparu ainsi que l'esclavagisme
- le magazine PROBLÈMES DE L'HOMME qui soulève des questions d'ordre éthique sur le fait de consommer des humanoïdes, via les théories d'un humaniste, M.B. Soloviev.
Le magazine nous retrace l'évolution de l'humanité jusqu'à l'apogée de cette monstruosité qu'était l'industrialisation, puis la descente aux enfers due à la pollution qu'elle a généré, responsable de l'effondrement de la civilisation et la chute drastique de la démographie jusqu'à un seuil critique.

J'ai été captivée dès le début, sauf que j'ai fini par trouver un peu longs les passages de la voix du Reich. C'est néanmoins très intéressant - il y est question de civilisations, de religions, de philosophie - mais trop long à mon goût. En même temps, c'est nécessaire car ça nous explique comment le monde en est venu à manger des stors et aussi pourquoi ils existent. Mais j'ai de loin préféré l'histoire de Dima et Macha, moins didactique, plus humaine. Car là, se posent des questions éthiques et d'empathie, voire de sentiments. En effet, une partie de l'humanité va se réveiller et entrer en révolte contre cette horreur à laquelle tout le monde est habitué, souvent par égoïsme. Mais lorsque ces voix s'élèvent contre cette abomination millénaire, cela met en péril cette société bien huilée.

Par beaucoup d'aspects ce roman m'a fait penser à celui de 
Vincent Message : Défaite des maîtres et possesseurs. Il posent tous les deux des questions sur le bien fondé de nos comportements et les excuses qu'on se trouve pour se donner bonne conscience et ainsi s'absoudre de ses méfaits.

Je suis passée par toutes sortes de sentiments à cette lecture. du mépris, de l'horreur, de la compassion, de la peine, de l'empathie, de la révolte... et bien sûr je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec le sort que les humains réservent aux animaux, en pensant à la phrase de Gandhi : On peut juger la grandeur d'une nation par la façon dont les animaux y sont traités. En revanche, dans ce futur très éloigné, perdure toujours sexisme, misogynie, tabagisme et Dieu, ce qui ne correspond pas du tout à l'idée que je m'en fait. Ça m'a semblé le contraire d'une société évoluée.
La fin totalement inattendue m'a cueillie ! J'avais émis des hypothèses tout le long du roman, mais pas celle-là…
Une lecture forte que je ne suis pas près d'oublier.

 

Citations :

Page 15 : Je commandais un petit pâté chaud « Surprise » et un verre de bouillon. Le pâté contenait un petit cœur. Délicieux. Un homme, à coté de moi, grignotait un bas de patte bouilli. Tout réside dans le langage. Si l’on appelle une patte « jambe » (en raison de la ressemblance avec un membre humain), c’est le monde qui s’écroule. Cela voudrait dire qu’un homme mange un autre homme.

 

Page 100 : Nous vivons tous dans un monde qui nous semble juste. Mais toute notre conscience est recouverte d’une fine pellicule de cécité. Il suffit de déchirer cette pellicule pour que le monde juste devienne en un instant injuste, monstrueux. Des dizaines de générations de nos ancêtres, en regardant les stors, ne pensaient même pas un instant qu’ils puissent être humains.

 

Page 103 : L’homme est habitué à étouffer en lui la conscience et la compassion, reculant devant la nécessité de survivre. L’homme tout au long de son existence s’est basé sur la règle « Tout ce qui m’aide à survivre est bon ». Cependant il a fait la guerre, pillé, possédé des esclaves, les a malmenés pour qu’ils le craignent et travaillent pour lui. Cela était considéré comme totalement moral.

 

Page 186 : S’accrochant de toutes leurs forces aux commodités de son existence, l’homme est prêt à trahir n’importe quoi, et pas seulement la vérité. Il devient aveugle et sourd à l’égard de tout ce qui présente une menace à son confort. La conscience qui remet en question ses « commodités », c’est une « maladie », et ceux qui l’éveillent des malfaiteurs, des malades, etc.

 

Page 187 : Un millénaire d’existence pratiquement végétative, sans « conflits » ni « problèmes » particuliers était entré trop profondément dans la mémoire et les gènes des hommes. Les gens ont la paresse de penser, d’avoir des sentiments. Et pour eux, un changement, ce n’est pas un éveil, mais une sorte de terreur. Ils s’accrochent de toutes leurs forces à leur pauvre vie, qu’ils qualifient de « sommet du bonheur humain ». Quand vous leur dites qu’ils sont des cannibales, ils se bouchent les oreilles et vous traitent de « fous ».

 

Page 190 : Un jour on dira de nous - et de vous aussi – que nous avons été les premiers à être horrifiés de ce à quoi tout le monde était habitué. Du haut du futur, notre histoire millénaire sera considérée comme « un film d’horreur », comme un mauvais rêve de l’humanité.

 

 

 

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Mon avis : Les bras de Morphée – Yann Bécu

Publié le par Fanfan Do

Éditions HSN

 

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Quatrième de couverture :

Voici un futur proche où l'on veille en moyenne quatre heures par jour. En amour, à l'école, au travail, la routine a forcément l'allure d'un sprint : faire vite, faire court, ne pas trop ramener sa fraise Trois lois sacrées que Pascal Frimousse profane au quotidien. Professeur de français désœuvré, il a dû se recycler. Avec 12 heures de veille, il est une perle rare. Toujours fauché, souvent libre Tuer le temps, c'est son nouveau gagne-pain. Allongez 100 écus, glissez-lui le nom de votre ennemi, il se charge du reste : Frimousse est troll professionnel. Un des meilleurs. Vous pourrez dormir sur vos deux oreilles.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J’adore la science fiction, j’adore me marrer et je me suis dit qu’avec ce livre j’allais pouvoir concilier les deux.

 

Mon avis :
2070. Morphéus, virus qui provoque un sommeil irrépressible, atteint toute la population, à différents degrés. Les plus touchés n'ont plus que quatre heures de veille par jour, les plus malchanceux une heure seulement. Pascal Frimousse est prof de français à Prague. Mais faire cours à des dormeurs occupe peu d'heures, il est donc obligé d'avoir une autre activité à côté, pas toujours sans risque : troll professionnel. Il a la chance de ne dormir que douze heures sur vingt-quatre tout comme son inséparable complice et ami Michel, ancien CPE devenu patron de bar. L'endormissement qui arrive toujours à heure fixe est instantané. Mieux vaut donc être prêt à dormir pour ne pas se réveiller par terre dans des positions inconfortables. C'est littéralement ce qui s'appelle tomber de sommeil.

Que deviendrait une société où les gens ne contrôleraient plus leur temps de sommeil ni l'heure à laquelle ils s'endorment sans pouvoir rien y faire ? Et que deviendraient les familles quand les heures de sommeil des différents membres ne sont pas synchronisés ?? 
Yann Bécu a imaginé une société où le temps est précieux, où la concision est de rigueur et ça donne quelque chose d'assez fou et souvent très drôle, notamment au moment des cours ou des examens. J'ai tellement ri !!!
De plus, il donne à ses personnages un langage familier ce qui rend l'histoire percutante et réaliste.

Au fil des pages, j'ai eu l'impression que la pandémie covid avait pompé le roman de 
Yann Bécu. Il y a des similitudes quant aux conséquences parfois, du moins avec le premier confinement : rues désertes, lois liberticides, interdiction de partir, frontières fermées L'auteur serait-il visionnaire ? Il a écrit son livre et un an plus tard le Coronavirus nous est tombé dessus !
Quand la majorité de l'humanité dort, plus de productivité, plus d'agriculture, plus de ravitaillement. L'ordre établi est bousculé, le chaos alors peut pointer le bout de son nez.

Il y a, à travers ces lignes, des situations absurdes, beaucoup d'ironie et de railleries sur notre époque et nos travers, envers ceux qui gobent tout ce qu'on lit sur internet, les voyants, les gourous, les complotistes de tout poil, le plagiat, le détournement, les fake news. C'est jubilatoire !
Yann Bécu est facétieux, il a l'art de la chute et vous cueille là où vous ne l'attendez pas.

Pour résumer, c'est de la SF, avec une enquête, liée à la quête d'un remède, on dirait un peu un roman d'espionnage avec des gros vilains, deux espèces de pieds nickelés, il y a beaucoup d'action, et en plus on se marre ! J'ai adoré ce conte malicieux. À la toute fin du livre se trouve les "Extraits choisis de Wekeep-culture" où l'auteur pousse à l'extrême le genre d'inepties qu'on peut trouver sur le net… avec entre autre : Cagole, Dadaïstes, Hara-kiri, Rainbow Warrior, Xyloglossie… où la culture est rédigée par des ignares et c'est réjouissant.
J'ai hâte de lire le deuxième roman de Yann Bécu, j'ai tellement envie de me replonger dans ses délires fantastico-rigolos !

 

Citations :

Page 14 : D’abord, il n’y a plus de phases transitoire avant d’atteindre le sommeil paradoxal. On ne tombe plus dans les bras de Morphée, c’est Morphée qui vous tombe sur la gueule.

 

Page 29 : Quand Morphéus s’est mis à jouer avec les plages de sommeil, le lycée est devenu un vrai cirque. En classe, j’étais aux premières loges pour observer le spectacle. Pas une heure ne s’écoulait sans qu’une chute bien ajustée ne vienne briser la monotonie du cours. Les hypothèses allaient bon train : vengeance de Dame Nature, punition divine, fuite d’un laboratoire polonais, invasion des Atlantes, coup de pute des Slovaques, pour n’évoquer que les plus raisonnables.

 

Page 79 : Quand le pain est venu à manquer, la violence a pris comme un feu de paille. Les hommes ont bousillé les villes avec ce qui leur tombait sous la main, pelles, pioches, pétoires. De braves types se sont métamorphosés en Cro-Magnons survoltés. C’est la magie de la faim. Avec le ventre plein, on a tendance à oublier qu’on n’est jamais qu’à dix repas manqués d’une guerre civile.

 

Page 121 : souvent, j’aime y ouvrir un livre au hasard ; j’inspire profondément, et je plonge une petite heure dans les eaux troubles des complots jadis ourdis par les succubes, les juifs, les francs-maçons, les Élohims. J’y désapprends la rotondité de la terre, l’évolution, l’existence de la lune. Ces pages hallucinées ont une saveur inégalable ; elles demandent une certaine paresse intellectuelle, un appétit baroque pour la complication et la lenteur. Elles ont ce petit goût sucré-salé d’une époque où nous avions le temps de raconter des conneries avec une certaine élégance.

 

 

 

 

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