Mon avis : Le problème à trois corps - Liu Cixin
Éditions Actes Sud
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Quatrième de couverture :
En pleine Révolution Culturelle, le pouvoir chinois construit une base militaire secrète destinée à abriter un programme de recherche de potentielles civilisations extra-terrestres. Ye Wenjie, une jeune astrophysicienne en cours de “rééducation” parvient à envoyer dans l’espace lointain un message contenant des informations sur la civilisation humaine.
Premier volume d'une trilogie culte, récompensé par le Hugo du meilleur roman en 2015, Le Problème à trois corps signale l’arrivée d’un auteur majeur sur la scène de la hard SF.
[AVERTISSEMENT]
Le texte de présentation de l'éditeur dévoile entièrement l'intrigue du roman. Le texte est laissé ci-dessous mais il est fortement déconseillé de le lire.
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Ce signal est intercepté par les Trisolariens, qui s’apprêtent à abandonner leur planète-mère, située à quatre années-lumière de la Terre et menacée d’un effondrement gravitationnel provoqué par les mouvements chaotiques des trois soleils de son système. Ye Wenjie reçoit près de huit ans plus tard la réponse des Trisolariens. Choquée par les horreurs dont elle a été témoin durant la Révolution culturelle et ayant perdu toute foi dans l’homme, elle fournit secrètement aux Trisolariens les coordonnées du système solaire, dans l’espoir que ceux-ci viennent conquérir la Terre et réformer l’humanité. Dans quatre siècles, ils seront là...
Mon avis :
1967, Ye Wenjie, 20 ans, voit son père, grand érudit, humilié publiquement puis lynché. Par la suite, un événement l'amènera à devoir choisir entre une fin prématurée ou l'enfermement à vie à faire de la recherche et écouter les sons qui proviennent de l'univers.
Ça commence en 1967 par la Révolution culturelle qui n'a de culturel que le nom. Des abrutis obscurantistes font taire les voix de la connaissance par la violence et les humiliations.
Dans les bois de la chaîne de montagnes du Grand Khingan, en pleine déforestation, on abat des géants des forêts tricentenaires au pied d'une antenne immense.
Et tout ça est très douloureux à lire. Sans doute parce que c'est extrêmement bien écrit et décrit.
Voilà pour la partie facile, à portée de tout le monde.
La suite m'a parue pas mal métaphysique par moment car cela allait au delà de ma capacité de compréhension. En effet, on est face à des théories scientifiques, astronomiques, des pensées philosophiques, voire même des passages oniriques par certains aspects, c'est à dire étranges et éthérés de mon point de vue.
Quand il a vraiment été question de mathématiques, géométrie et algorithmes, j'ai vraiment dû m'accrocher car mon cerveau n'est pas programmé pour comprendre ça. J'ai dans la tête des petits pare-feu anti maths.
Moi qui n'ai absolument pas l'esprit scientifique j'ai dû faire d'énormes efforts de concentration, mais !.. j'ai beaucoup aimé !! Je me suis laissé emporter dans l'histoire... et en même temps j'ai eu beaucoup de mal par moments. C'est qu'il faut vraiment être à fond dedans, hyper concentré dans cette lecture exigeante qui fourmille d'explications assez pointues.
Il y a dans ce roman quelque chose de totalement vertigineux, voire exaltant, à essayer de se figurer l'infini de l'univers, à imaginer des sons venants d'outre-espace, à essayer d'appréhender ce que peuvent représenter des années-lumière.
J'ai été très surprise par les derniers chapitres et j'ai adoré, totalement bluffée par la tournure que prennent les choses. Ça m'a bien évidemment donné envie de connaître la suite, puisqu'il y a deux autres tomes plus un hors série.
C'était la première fois que je lisais de la SF chinoise, et j'ai trouvé ça très différents de tout ce que j'ai lu jusqu'ici, les personnages, le récit, les théories, les descriptions, c'était très dépaysant. D'ailleurs, en Chine la SF n'a été tolérée pendant longtemps que si elle servait la propagande communiste, c'est dire si elle était sous contrôle. Heureusement les choses ont changé, la SF est devenue libre d'exister et c'est tant mieux car ça ouvre de nouveaux horizons.
Ce roman raconte en filigrane une page d'histoire de la Chine, de la révolution culturelle à nos jours.
Citations :
Page 10 : En secouant ce drapeau de guerre, c’était son adolescence passionnée qu’elle agitait. L’ennemi serait bientôt consumé par les flammes et demain, un monde idéal jaillirait de son sang bouillonnant…
Page 17 : « En Chine, toutes les pensées libres et contestataires, après avoir pris leur envol, finissent toutes un jour ou l’autre par s’écraser sur le sol, car la gravité de la réalité est trop lourde. »
Page 87 : Il considérait que la révolution technologique était une maladie des sociétés humaines. Il comparait la prolifération des technologies à une propagation rapide de cellules cancéreuses causant l’extinction de tout nutriment organique, la destruction des organes, et en définitive la mort des organismes hôtes.
Page 190 : La nuit, lorsque tout était calme, on pouvait entendre dans nos casques les bruits sans vie de l’univers. Ils étaient faibles, mais paraissaient plus immuables et plus éternels que les étoiles.
Page 331 : La Révolution française date d’il y a deux siècles, et nous en sommes toujours au même point. On reconnaît bien là l’égoïsme et l’hypocrisie de l’espèce humaine.
Page 389 : Voilà quels sont les faits : les humains ont mis quelques dizaines de milliers d’années terrestres pour passer de l’âge des chasseurs-cueilleurs à l’âge de l’agriculture ; quelques milliers d’années, de l’âge de l’agriculture à celui de l’industrie ; et seulement deux cents années terrestres pour passer de l’âge industriel à l’âge de l’atome. Enfin, ils ont atteint l’âge de l’information en seulement quelques dizaines d’années terrestres. Cette civilisation possède le terrifiant pouvoir d’accélérer son évolution !