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Mon avis : Là où sont les oiseaux – Maren Uthaug

Publié le par Fanfan Do

Traduit du danois par Françoise et Marina Heide

 

Éditions Gallmeister

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Au large de la Norvège se dresse, inébranlable, le phare de Kjeungskjær. Coupés du monde, les habitants de cette contrée soumise aux lois de la nature vivent dans un profond isolement. Johan rêve de fuir vers l’Amérique avec la belle Hannah, son premier amour. Mais pour subvenir au besoin de sa vieille mère, le jeune homme devient le gardien du phare et prend pour épouse la fille du pasteur, Marie. Rapidement, Marie met au monde deux enfants, Darling et Valdemar. Seulement ici, les liens familiaux sont des chaînes qui, une fois brisées, libèrent la folie de chacun. Les années s’écoulent, épuisantes, au gré de féroces tempêtes. Johan, Darling, Marie… les apparences sont trompeuses et, à mesure que le temps passe, de sombres désirs se réveillent.

Dans un décor glacé, Maren Uthaug signe une saga familiale à trois voix, qui brûle d’un désir ardent de liberté.

 

 

Mon avis :
Avant même de connaître le contenu de ce livre, je me suis laissée séduire par la beauté de la couverture. C'est toujours comme ça avec Gallmeister, ils savent donner envie au premier regard.

Le prologue, qui se passe au phare de Kjeungskjær en Norvège en 1920, contient une violence qui laisse présager une suite éprouvante. Ce phare qui semble immuable, témoin de toutes les douleurs, tous les déchirements, est presque un personnage en lui-même, imposant, affrontant toutes les tempêtes, guidant les marins.
L'autrice nous pose tout de suite les conditions de vie de l'époque, très dures, où il faut compter avec un climat froid et une géographie difficile en bord de mer.

On découvre la triste vie de Johan, dont les parents étaient fermiers mais qui ne supportait pas de voir mourir les animaux. Johan qui aimait une femme mais en a épousé une autre. Johan qui pense avec amertume que sa vie aurait été tellement différente avec Hannah.
Hannah que les villageois considéraient comme une traînée.
Alors il a épousé Marie, pour devenir gardien de phare et subvenir aux besoins de sa vieille maman. Et toute une vie de frustrations, de quasi-solitude et de non-dits s'est profilée à l'horizon. Mais un jour, le gouvernement envoie Gudrun au phare pour s'occuper de l'instruction de Darling, l'enfant née de cette union. Avec Gudrun, jeune femme solaire, c'est beaucoup de joie qui entre dans la famille.

Le roman est scindé en trois parties. On commence avec Johan, puis Darling sa fille, qu'il a eu avec Marie, puis Marie. J'aime énormément ce type de narration car il offre des points de vue différents et c'est toujours intriguant. Dans la première partie, Darling apparaît comme une petite fille retorse et cruelle avec les animaux, qu'aucun enfant du village n'aime. Elle est même un peu inquiétante, et j'ai eu hâte de savoir ce qu'il y avait à découvrir sur elle.
Marie, elle, m'est apparue comme une femme gentille, victime des frustrations de Johan qui lui fait payer ses renoncements. Et en même temps, tout au début, elle semblait avoir quelque chose à cacher.
Dans chaque partie, bien évidemment, on est au courant de tous les secrets des protagonistes, de toutes leurs pensées, toutes leurs douleurs.
Et Valdemar, le fils, pourquoi se comporte-t-il comme ça ? de nombreuses questions ainsi que l'écriture font que cette histoire est totalement addictive.

C'est un roman qui se dévore. Il nous emmène dans des contrées froides où les gens sont durs car leur vie est dure. Ils sont taiseux. Les gens du nord ont dans le cœur le soleil qu'ils n'ont pas dehors, lalala on connaît la chanson. Mais bien souvent, ils le gardent à l'intérieur ce soleil. Ou bien est-ce l'époque qui n'était pas propice aux effusions de joie ? Toujours est-il que cette histoire est très sombre et on se prend à souffrir pour les personnages. Il y a des moments de violence silencieuse extrême, des événements très choquants.
À mesure qu'on avance dans l'histoire on se rend compte de l'importance des sons de cloche… Avoir les différents points de vue nous fait réaliser à quel point on peut être manipulable.

J'ai vraiment adoré ce roman qui nous montre l'âpreté de certaines vies et fait vraiment froid dans le dos parfois.
Je l'ai tellement aimé que je l'ai lu d'une traite.

 

Citations :

Page 22 : Il ne doutait pas que, comme son père, il sèmerait au printemps et moissonnerait à l’automne. Qu’il verrait des vaches mettre bas, qu’il engraisserait les veaux et abattrait ceux qui devaient l’être. Enfant, il pleurait quand le boucher se montrait à la ferme. Son père s’en irritait, il lui ordonnait de se ressaisir, d’arrêter de chialer comme une fillette. Alors il courait dans les jupes de sa mère, toujours prête à le consoler.

 

Page 41 : Puis elle l’embrassa sur la bouche, sans la langue. Contrairement à Hannah qui assurait que les bisous secs, c’était bon pour les grand-mères, les gamins et ceux qui ne s’aiment pas pour de vrai.

 

Page 313 : Son père avait les yeux creux, la peau grise, et lorsqu’elle lui prit la main, elle la trouva toute froide. Comme si la marée de la vie s’était déjà enfuie de son corps.

 

 

 

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