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Mon avis : De poudre, de soufre et d'encens – Pierre de Feydeau

Publié le par Fanfan Do

Quatrième de couverture :

 

2015. Paul est un jeune Français issu d'une vieille France. Poussé par un ami syrien qui vit à Paris, il part au Levant s'engager dans une milice chrétienne qui lutte contre Daech aux côtés des forces d'Assad. Il veut donner un sens à son existence désenchantée, défendre ce qu'il pense être une juste cause et retrouver un amour perdu, Maryam, une Syrienne rencontrée lors d'un séjour à Damas.
Au fil de ses aventures guerrières, amoureuses et spirituelles, de Paris à Beyrouth, de Damas à Palmyre, du Crac des Chevaliers à Tartous, d'Apamée à Raqqa, il est peu à peu lui-même emporté par la force dévastatrice qui ronge ce pays. L'amour de Maryam et sa foi chrétienne peuvent-ils seulement le sauver de la folie meurtrière ?

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Lors de l'opération Masse Critique de Babelio, j'ai eu du mal à me restreindre, j'ai coché vingt livres et c'est celui-là que j'ai reçu.

Alors tout d'abord merci beaucoup à Babelio et son opération Masse Critique ainsi qu'aux Editions du Rocher pour m'avoir envoyé ce livre qui parle de "guerre sainte" !
 

 

 

Mon avis :

 


Ça commence très fort avec le prologue : rien de moins qu'une décapitation au couteau ! Il faut avoir le cœur bien accroché, c'est terriblement réaliste et glaçant.
On est immédiatement dans l'ambiance de cette abomination qui gangrène notre société.

Paul-Marie-Saladin de Nantiac de Rochermorteau, tout un poème...
Paul donc, étrange cocktail, jeune mec bien dans son époque d'un côté, et fils de famille de l'autre, d'ascendance noble, tiraillé entre deux mondes, un peu prisonnier du carcan et des conventions de la noblesse, fins de race ruinés à force de consanguinité comme il dit.
Fils de l'Occident, enfant privilégié qui va partir en guerre sainte par amour - de Maryam l'orientale qu'il a trahie, catholique comme lui - mais aussi par refus de son milieu raisonnable dont le cœur ne sait pas vibrer.
Hélas, Paul, malgré son jeune âge, est un affreux sexiste rétrograde. Il a une vision des femmes assez passéiste et il aime visiblement les comparaisons misogynes : "la Méditerranée est plate comme Jane Birkin en topless." (Page 183) ou encore "on pousse des cris de grognasse éméchée" (Page 292).
C'est tellement affligeant et révoltant de lire ce genre de choses encore en 2020, après que les femmes aient dénoncé les violences sexistes, physiques mais aussi verbales qu'elles subissent trop souvent de la part des hommes !
Paul est un personnage absolument pas attachant. Il est pleutre et versatile, une vraie tête à claques.
En fait, ce mec est carrément un sale con.

L'écriture est riche, imagée, actuelle, mais comporte parfois des termes désuets, et il m'a fallu souvent faire appel à Ecosia, mon amie virtuelle avant d'avoir l'idée de regarder à la fin du livre s'il y avait un glossaire des mots arabes... Bingo il était là !

Les religions m'intéressent énormément car elles font partie de notre culture mais j'ai été submergée par la piété religieuse presque jusqu'à l'écœurement par moments.
Un peu trop pour moi qui suis farouchement athée... et pourtant c'est la religion tout l'intérêt de cette histoire.
Malgré une écriture érudite, j'ai trouvé que c'était beaucoup trop descriptif à tous les niveaux ; les lieux et surtout les ambiances. Paul intellectualise trop tout, à croire qu'il en oublie de vivre et de ressentir réellement. Il analyse à outrance jusqu'aux personnages : trois pages sur Bachar El Assad, j'ai trouvé ça un peu trop, surtout pour conclure qu'il est humain quand-même, le pauvre...
Je suis souvent parties dans mes pensées, abandonnant involontairement l'histoire, mes yeux lisaient, mon esprit vagabondait.
C'est dommage, j'aurais aimé être plus dans les événements, moins dans les souvenirs, les descriptions et l'introspection.

Pour résumer mon avis sur cette histoire de catholiques qui partent en Syrie en découdre avec Daech, j'ai trouvé le prologue prometteur, mais par la suite je me suis sentie submergée par un langage foisonnant et pompeux, et je me suis beaucoup ennuyée.
C'est dommage car on apprend beaucoup mais c'est noyé par la masse de vocabulaire alambiqué peu ou pas usité au quotidien, voire obsolète.
J'ai eu l'impression que l'auteur se faisait plaisir à étaler sa culture jusqu'à l'indigestion.
Je pense que ce roman est destiné aux férus de théologie, de géopolitique et qu'il est beaucoup trop pointu pour une profane telle que moi.
Là où je me suis ennuyée, d'autres crieront peut-être au chef-d’œuvre.
En tout cas moi, je suis totalement passée à côté de ce roman.


 

 

Citations :

 

Page 12 : Ce n'est pas que j'aime les Turcs mais c'était un oppresseur correct qui nous unifiait. Depuis que les empires ont crevé sous la botte de Clemenceau, vous nous avez inoculés le virus de la nation fondée sur la religion ou la race et c'est la guerre de tous contre tous : juifs, chrétiens, alaouites, druzes, kurdes, arabes sunnites, chiites...

 

Page 17 : Quelques milliers de furieux, biberonnés au fanatisme islamiste, à l'humiliation postcoloniale et au désenchantement consumériste, bâtards de Merah et de Cohn-Bendit, pourraient nous péter à la gueule.

 

Page 47 : La picole, ça rend bilingue, mais aussi sincère...

 

Page 77 : - Oui... Seuls les saints vivent avec leur vérité. Comme les moines qui prennent perpète avec le Christ et la Grande Chartreuse... Vivre avec sa vérité, c'est s'immoler à une transcendance... Maryam est ma vérité. Mais je ne suis pas saint. Tant que j'aurai peur de son feu...

  • Arrête de jouer les intellos ! Pas besoin d'avoir lu Kant pour comprendre que t'as pas de couilles.

 

Page 98 : Heureusement, y'a le ciel. Une pure merveille. Une grêlée d'étoiles. Un sabbat stellaire. Un chaos de lucioles : des minuscules tremblotantes, des obèses luisantes, des solitaires, des constellées, des basses-conso et des filantes dispendieuses, grosses comme mon poing, qui effilochent dans une traînée d'argent aux quatre coins de la voûte.

 

Page 121 : Daech réussit l'exploit de désertifier le désert. Tout le monde s'en fout, c'est la Syrie.

 

Page 135 : Jésus était-il, comme le prétendaient les chrétiens Chalcédoniens, d'une seule hypostase, pleinement homme et Dieu, consubstantiel au Père et à l'Esprit, ou uniquement homme comme le pensaient les Aryens ou seulement Dieu comme le professaient les monophysites ou constitué d'une dualité irréconciliable, homme et Dieu, comme le proclamaient les nestoriens ?

 

Page 140 : Le génie d'un prophète est d'être assez précis pour tutoyer la crédibilité et assez vague pour ne pas être démenti.

 

Page 168 : Ordures de kamikazes ! Ils se sont fait péter. C'est l'acte de lâcheté le plus courageux qui soit.

 

Page 171 : Croix où est ta victoire ? Dans la fratricide extermination de tes enfants ? Allons, Dieu lui-même doit tourner athée face au spectacle du monde...

 

Page 294 : Et si le christianisme était la vérité pourquoi mène-t-il à une telle dépravation ? Regardez la France : ses SDF qui meurent dans l'indifférence, sa laïcité qui combat toute décence, son mariage homo... l'Occident croisé est en déliquescence, Non ?

 

 

 

 

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