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Mon avis : Petit pays – Gaël Faye

Publié le par Fanfan Do

Ma chronique sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

 

Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l'harmonie familiale s'est disloquée en même temps que son " petit pays " , le Burundi, ce bout d'Afrique centrale brutalement malmené par l'Histoire. Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de cœur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d'orage, les jacarandas en fleur...
L'enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.

 

Un subtil alliage de douceur et de violence, de drôlerie et de drame. Bouleversant.

 

Jeanne de Ménibus, Elle

 

Un très beau premier roman, déchirant et incandescent, qui force l'admiration.

 

Yann Perreau, Les Inrockuptibles.

 

Gaby n'est pas un petit Africain, c'est un enfant du monde emporté par la fureur du destin. Notre hantise commune.

 

Maria Malagardis, Libération.

 

Gaël Faye raconte formidablement bien. Il nous fait rentrer dans un univers comme d'autres n'y étaient pas parvenus jusqu'à présent.

 

Jean Hatzfeld, France Inter

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Ça fait un moment que ce livre me tente. Et puis il vient d'être adapté au cinéma, Gaël Faye a été invité de nombreuses fois à en parler à la radio donc je me suis dit qu'il était temps pour moi de l'acheter pour enfin le lire.

 

 

 

Mon avis :

 

Ce petit livre m'as emportée dès les premières lignes avec sa prose sublime et poétique.
Petit livre mais qui raconte tellement.
Il nous parle de l'enfance insouciante dans les rues de Bujumbura au Burundi, de ces petits africains, petits rwandais, petits burundais, petits belges, petits français, petits européens, petits métis ???
Des enfants tout simplement.
D'ailleurs il y a dans cette histoire une sorte d'intemporalité et d'universalité qui m'évoque "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" d'Harper Lee qui parle de l'enfance en Amérique dans les années 30, qui me ramène aussi à ma propre enfance ici dans les années 60-70.

C'est bon doux et drôle comme ces moments de l'enfance où tout va bien.
Ces moments d'enfance, partagés avec les copains, occupés à imaginer un monde à soi fait de rires, de complicité, et de petites bêtises... comme si ça devait durer toujours.
Mais un jour l'adolescence arrive, et la fureur du monde s'invite auprès de ceux qui vivaient sans trop penser qu'ils étaient assis sur une poudrière.

C'est une jolie histoire de vie, de famille, d'appartenance à une terre natale mais aussi de douleur et d'exil.
Il y a deux temps dans ce récit : celui du bonheur et celui de la terreur qui lui succède. Et celui-là est glaçant.
Comment la folie des hommes peut-elle atteindre de tels paroxysme de cruauté ?!
Ce n'est hélas pas nouveau et ça ne cessera sans doute jamais.
Comme si la phrase "Plus jamais ça" était condamnée à rester éternellement un vœu pieux, une utopie.


 

 

Citations :

 

Page 13 : Je n'habite plus nulle part. Habiter signifie se fondre charnellement dans la topographie d'un lieu, l'anfractuosité de l'environnement. Ici, rien de tout ça. Je ne fais que passer. Je loge. Je crèche. Je squatte. Ma cité est dortoir et fonctionnelle.

 

Page 15 : L'enfance m'a laissé des marques dont je ne sais que faire.

 

Page 29 : Quand tu vois la douceur des collines, je sais la misère de ceux qui les peuplent. Quand tu t'émerveilles de la beauté des lacs, je respire déjà le méthane qui dort sous les eaux.

 

Page 84 : Gino, mon pote qui avait peur des mygales qu'on ramassait dans son jardin et qui se mettait à plat ventre quand on entendait un orage au loin, ce même Gino voulait mener une guérilla avec une kalachnikov plus grande que lui dans le brouillard des montagnes des Virunga.

 

Page 106 : « Beurk ! Il n'y a que les blancs et les Zaïrois pour manger des crocodiles ou des grenouilles. Jamais vous ne verrez un Burundais digne de ce nom toucher aux animaux de la brousse ! Nous sommes civilisés, nous autres ! »

 

Page 115 : Nous étions tristes d'être privés de ces choses dont nous nous étions passés jusque-là.

 

Page 118 : Un spectre lugubre s'invitait à intervalle régulier pour rappeler aux hommes que la paix n'est qu'un court intervalle entre deux guerres.

 

Page 165 : Chaque jour, la liste des morts s'allongeait, le Rwanda était devenu un immense terrain de chasse dans lequel le Tutsi était le gibier.

 

Page 172 : - Un livre peut nous changer ?

  • Bien sûr, un livre peut te changer ! Et même changer ta vie. Comme un coup de foudre. Et on ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. Il faut se méfier des livres, ce sont des génies endormis.

 

Page 173 : Grâce à mes lectures, j'avais aboli les limites de l'impasse, je respirais à nouveau, le monde s'étendait plus loin, au-delà des clôtures qui nous recroquevillaient sur nous-mêmes et sur nos peurs.

 

Page 188 : Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés sont mazoutés à vie.

 

 

 

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