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Mon avis : L’aube d’un autre monde – Lionel Emery

Publié le par Fanfan Do

Éditions Souffles Littéraires

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Arizona, 1914.
Ce jour de baptême devait être celui d’une grande fête, il s’achèvera par un massacre ne laissant en vie qu’une mère, Lydia, et son enfant.
C’est un jeune prêtre au passé sombre puis un vétéran des guerres indiennes qui vont l’aider à le retrouver.
Les pistes que cette quête leur fera prendre révéleront les secrets de plus en plus terribles de ceux dont le but est de déstabiliser le monde afin de le diriger.
Quels liens peuvent exister entre les massacres de simples fermiers, l’enlèvement d’enfants et le déclenchement de la Première Guerre Mondiale ?
À vous de le découvrir…


 

 

Mon avis :
Arizona printemps 1914. Un baptême a lieu lorsqu'une bande de mexicains accompagnés d'adolescents soldats armés jusqu'aux dents arrive et fait un carnage. Mais pourquoi ? Et pourquoi tant de cruauté ? Ils n'épargnent que lydia et son bébé dont c'était le baptême. Mais avant de partir ils lui font quelque chose d'abominable.
J'ai tout de suite été happée dans le roman parce que bien évidemment ce déchaînement du début a une raison d'être pour la suite de l'histoire… cette violence extrême et gratuite allait engendrer une réaction terrible, un désir de vengeance ou à minima un besoin de réponses pour pouvoir continuer à vivre.

Lydia part, accompagnée de Paul Deville, un prêtre extrêmement bienveillant qui n'a pas l'air de porter en grande estime les hautes instances de l'Église, celles qui prêchent l'austérité pour leurs ouailles mais surtout pas pour elles-mêmes. Ce prêtre est un étrange personnage, hors norme. Il embarque dans la quête de Lydia qu'il a fait sienne son vieil ami Garonn. Et ce que Garonn dit à Lydia sur le monde fait froid dans le dos. Parce qu'il raconte les puissants et leur cynisme qui servent toujours leurs intérêts sur le dos du peuple et trop souvent dans le sang, sur lequel s'est construite l'Amérique. Il raconte la cruauté, la cupidité et la perfidie humaine et comment Paul un jour a rencontré Dieu dans un besoin de rédemption pour ne pas mourir. Et on comprend toute la logique qui le pousse à retrouver la bande qui a perpétré le massacre.

C'est une histoire très dure, sans concessions et très réaliste qui met en exergue le sadisme dont certains humains, trop nombreux, sont capables. Peu à peu on va découvrir une "utopie" malsaine et furieuse accompagnée d'un totalitarisme absolu, imaginés par le cerveau malade d'un illuminé à l'ego hypertrophié.

J'ai été captivée par l'hypothèse élaborée dans ces pages, étayée par la noirceur de l'âme humaine parfois, qui, bien qu'elle semble complètement mégalomane amène une grosse tension et un suspense haletant.

Alors le bémol, mais ça c'est personnel, il y a un combat de coqs et je m'en serais bien passée avec tous ces détails, sans parler du rat. Je déteste ce que les humains font subir aux animaux, c'est tellement ignoble. En même temps ça met l'accent sur la cruauté des Hommes qui détruisent TOUT, leurs semblables, les animaux, la nature, leur possibilité de pouvoir continuer à vivre sur cette planète en fait.

Assez rapidement je me suis demandé si on allait vers une uchronie… Mais chut ! Je suis une tombe, même sous la torture je ne dirai rien !
Ce fut une lecture passionnante, par contre âmes sensibles s'abstenir. Ça défouraille à tour de bras, ça surine copieusement, le sang coule abondamment. Ce n'est jamais gratuit. C'est juste le reflet de ce qui se passe partout dans le monde avec la sauvagerie dont nous sommes capables.

Merci beaucoup Babelio_ Masse Critique et les Éditions Souffles Littéraires pour cette découverte.

 

Citations :

Page 26 : Le soir venu, une pluie torrentielle martèle la toiture et les vitres de la cuisine éclairée par le feu de cheminée. Paul regarde les coulées de boue emporter les dernières traces du baptême. Rubans, dentelles, dragées et fleurs se mêlent aux cendres, aux douilles et au sang charriés par l’eau. Il se dit que ces rigoles sont à l’image de l’humanité dans ce qu’elle peut avoir de beau et de tellement laid à la fois, un peu de fête pour beaucoup de tragédie, l’humanité et son irrémédiable façon de s’autodétruire, l’humanité et sa manie de ne pas l’être vraiment, humaine…

 

Page 54 : Regardez c’qu’on fait à la nature avec nos villes, nos chemins d’fer, nos usines et tout le reste. Regardez ! Du pillage forcené ! D’la destruction ! Vraiment, je pense que le monde méritait mieux ! Mieux que l’homme, en tout cas que tous ceux-là, y a pas de doute… Des ordures pour qui la guerre n’a qu’un seul but : le profit, perpétuel et sans aucune limite ! Des hommes dénués d’âme qui envoient des types comme nous se battre à leur place en nous persuadant que c’est pour de belles et grandes causes… Les actes héroïques issus d’ordres aux fondements ignobles, honteux ! Du sacrifice en masse pour des raisons cachées, très bien cachées, parce que terriblement viles, si sales !

 

Page 56 : Imaginez Lydia, imaginez que c’pays immense , entouré de mers et d’océans, était entièrement peuplé d’Indiens d’toutes sortes, pas loin de cent millions ! Il n’en reste pas même cent mille. L’humanité n’avait jamais connu un massacre pareil, un crime plus exactement… Tout ça a pris moins d’deux cents ans… alors qu’ils étaient là depuis des milliers d’années !

 

Page 110 : Sur un soupir aussi pesant que sa déception du monde, Garonn reprend son chemin en se disant que si les humains sont capables d’être aussi cruels dès l’enfance, alors pourquoi s’étonner de ce qui arrive et arrivera dans le monde ?

 

 

 

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