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Mon avis : Les trois femmes du consul - Jean-Christophe Rufin

Publié le par Fanfan Do

Éditions folio

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

A Maputo, capitale du Mozambique, aucun client n'ose s'aventurer à l'hôtel dos Camaroes. Le patron est un vieux Français odieux, connu pour son goût du whisky. Quand il est retrouvé mort dans sa piscine, la police soupçonne arbitrairement une des trois femmes qui gravitaient autour de lui. Aurel Timescu, consul à l'ambassade de France, décide de s'en mêler. Calamiteux diplomate, il se révèle un redoutable enquêteur lorsqu'il pressent une injustice. Il va plonger dans le climat trouble de ces passions africaines. Et nous faire découvrir un des grands drames écologiques de la planète

 

 

Mon avis :
Retrouvé mort dans sa piscine, Béliot, vieux bouc à l'esprit colonialiste, répugnant, obscène, propriétaire d'un hôtel, ne facilite pas la tâche des enquêteurs. Tant de monde pouvait vouloir sa mort…
Personnage tellement antipathique que son hôtel toujours vide donna à Aurel la chance d'avoir une chambre en période de coupe d'Afrique de football, quand tous les hôtels abordables affichaient complet et qu'il attendait son logement de fonction.

Alors qu'Aurel, envoyé au Mozambique cette fois-ci, sabote consciencieusement toutes les tâches qui lui sont assignées dans le seul but qu'on le laisse enfin glander tranquillement, l'assassinat de Béliot et l'arrestation de Françoise, sa première épouse française, réveillent sa fibre policière. Il veut mener l'enquête !!!
Mais, alors qu'à Conakry il devait mener l'enquête en douce de peur qu'on ne le stoppe immédiatement, à Maputo il se retrouve affublé de Mortereau, homme bienveillant et Consul général qui souhaite enquêter avec lui, voire même diriger les investigations. Or pour Aurel c'est hors de question, il va devoir ruser pour mener sa barque en solitaire, persuadé que lui seul est capable de résoudre cette affaire. Ses années de vie sous dictature communiste lui ont appris à composer avec l'autorité et il s'en sert pour flatter son supérieur et ainsi l'endormir.

J'ai trouvé ce deuxième tome beaucoup plus drôle que le premier, comme si après un galop d'essai on passait aux choses sérieuses. 
Jean-Christophe Rufin se lâche et c'est carrément jubilatoire. Aurel prend de l'ampleur, un peu plus doux dingue que précédemment, avec évidemment son intelligence aiguisée et intuitive, pour le plus grand plaisir du lecteur. J'adore ce petit bonhomme fantasque qui répond par l'affirmative quand on lui dit qu'il est fou. Et toujours cette écriture magnifique… Que du bonheur !
 

Citations :

Page 17 : Aurel s’était organisé pendant ce séjour une petite vie bien à lui. Il se rendait au consulat en taxi et prenait prétexte du fait qu’il n’était pas encore installé pour n’accepter aucune responsabilité. C’était sa technique dans chaque poste où il arrivait : démoraliser immédiatement ses supérieurs et leur faire comprendre qu’il n’y avait rien à tirer de lui.

 

Page 19 : Le drame avec les jeunes, c’est qu’ils croient en l’humanité.

 

Page 59 : Aurel avait envie de musique mais son appartement était trop loin pour faire un aller-retour. Il joua donc une sonate de Chostakovitch à sec, en pianotant sur le rebord de son bureau. C’est avec ce genre d’exercices qu’il avait acquis une réputation de fou dans tous les postes où il était passé.

 

Page 61 : Aurel s’énervait en y pensant. En frappant sur le rebord du bureau, il fit quelques fausses notes qui retentirent désagréablement à ses oreilles.

 

Page 100 : Aurel avait horreur du silence en société. Autant il le cultivait chez lui, comme un attribut voluptueux de sa solitude et de sa réflexion, autant, en présence de quelqu’un, il lui semblait synonyme de malaise et même de menace.

 

Page 150 : Aurel s’était toujours senti étranger aux lieux que la religion isole du reste de l’humanité. La foi, pour lui, et en cela il reconnaissait l’influence de la partie juive de sa famille, était un outil à utiliser dans le monde. Créer un espace purement spirituel lui apparaissait comme une sorte de tricherie. La religion ne devait pas refuser le combat avec la vie. Or la vie est partout, sauf dans un tel lieu.

 

Page 188 : Jamais une enquête ne lui apportait autant de bonheur qu’en cet instant : quand tout était là, en lui, mais sans ordre. Il se sentait l’égal d’un dieu qui s’apprête à souffler sur un chaos de choses inertes pour y créer une organisation et y faire naître la vie.

 

 

 

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