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Mon avis : Lulu – Léna Paul-Le Garrec

Publié le par Fanfan Do

Éditions Buchet Chastel

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

La mer, au loin. elle me semble à l'autre bout du monde. Je perçois à peine ses vagues, devine son écume. Ça sent le sel, il pénètre dans mes sinus. Le ciel triste, bas, empli de cendres, l'absence de soleil, l'horizon bouché. Tout cela est ce que je vois de plus vaste, de plus lumineux.

Ce moment est magique.

 

Enfant singulier et solitaire, élevé par une mère maladroite, étouffante, malmené par ses camarades de classe, Lulu trouve refuge sur le littoral. Tour à tour naturaliste, collectionneur, chercheur de bouteilles, ramasseur de déchets, il fera l'expérience de la nature jusqu'à faire corps avec elle.

 

Conte initiatique et poétique, Lulu, premier roman de Léna Paul-Le Garrec, interroge notre rapport à la liberté et à la nature.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J'ai reçu ce roman grâce à Babelio dans le cadre de Masse critique privilège et ça a été un vrai plaisir d'autant que j'adore la couverture en plus du reste.

 

Mon avis :
L'histoire commence par une introduction en forme de clin d'œil amusant qui donne envie de poursuivre mais qui m'a inévitablement amenée à me plonger dans le dictionnaire à la recherche du mot sérendipité, que je connaissais mais dont j'ignorais le sens. Me voilà moins ignorante qu'avant.

 

Lulu, prénommé ainsi par passion pour Gainsbourg, se demande s'il est laid avec des grandes oreilles. Enfant sans père, à part, renfermé, obsessionnel, il fait de l'école son terrain d'observation de ses congénères qui le fascinent avec leurs mimiques, les sons qu'ils émettent et leurs codes sociaux qui semblent innés et je dois dire que j'ai trouvé toutes ces réflexions passionnantes et hypnotiques.

 

Quand Lulu se prend de passion pour l'océan et se met à collecter toutes les sortes de coquillages possibles à la plage, c'est tout un pan de mon enfance qui est remonté à la surface... ça évoque tellement la magie de l'age tendre. Il se passionne soudain pour tout ce qui vient de la mer, bois flotté, plumes, objets divers, ouvrant la porte à toutes sortes de fantasmagories. On comprend que tout un monde intérieur fascinant habite notre petit Lulu, qu'il a en lui une immense richesse. Il y a là toute la magie de ce qu'on est capable de créer à partir de peu de chose quand on est petit et qui se transforme en trésor inestimable : "Il n'y a qu'une vérité, celle que l'on s'invente, chaque jour." Lulu ne le sait pas au départ, mais cette passion à priori solitaire va l'amener à faire de belles rencontres qui le marqueront pour le reste de sa vie.

 

Il y a dans cette histoire une réflexion écologique qui nous met sous le nez l'ampleur de nos méfaits envers les océans.

 

Ce roman est comme une friandise enfantine qui amène vers la rêverie et fait oublier les tracas de l'enfance. Une fois le livre commencé, on se laisse emporter par l'imagination du petit Lucien, sans avoir envie de s'arrêter dans cette magnifique prose pleine de poésie.
 

Citations :

Page 14 : Je n’aime as mon prénom. Je ne l’ai jamais aimé, comme tous sans doute. Les parents veulent un prénom original, les enfants un prénom banal.

 

Page 50 : Je n’aime pas le son de ma voix, trop aiguë. Surtout, je n’aime pas parler pour ne rien dire, d’ailleurs cela me fascine et me fascinera toujours , tous ces gens qui parviennent à alimenter des conversations creuses qui remplissent l’atmosphère de leurs bruits. Est-ce pour se rassurer qu’ils peuplent l’espace ? Leurs vies sont-elles aussi vides que leurs discussions ?

 

Page 87 : Au petit matin.

Lorsqu’il est le plus beau, le plus prometteur, qu’il n’est pas encore envahi par la quotidienneté. Pur. Le petit matin est plus grand.

 

Page 112 : Lorsque Vincent quitte la maison, les mains vides, maman prend le paquet et le range dans sa chambre. J’ai l’impression qu’elle me confisque un cadeau en le remplaçant par des silences. Je suis à nouveau enfermé dans cet ordinaire muet des dominés.

 

Page 115 : Nous ne sommes pas seulement notre mémoire, nous sommes aussi nos oublis, les trous de notre mémoire, nos absences, nos comblements, la fiction de ces comblements.

 

Page 123 : Dans la mer, plus grand qu’un grand pays, flottent nos immondices. Et les poissons, et les oiseaux, et les animaux des mers se nourrissent de notre paresse, de notre vanité.

 

Page 173 : On voit trop souvent des signes là où ils ne sont pas, il ne faut pas commettre l’erreur de leur attribuer un sens.

 

 

 

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