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Mon avis : La mulâtresse Solitude – André Schwarz-Bart

Publié le par Fanfan Do

Éditions Points

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Elle n’est ni noire ni blanche. Solitude, la fille mulâtresse d’une Africaine arrachée à son village par des trafiquants d’esclaves, est condamnée à servir les Blancs. Mais dans ses veines brûle le feu de la révolte. Aux côtés de Maïmouni et des troupes noires cachées dans les forêts de la Soufrière, elle lutte pour la liberté.

Un vibrant hommage à une femme de légende de l’histoire des Antilles.

André Schwarz-Bart (1928-2006) entre en résistance en 1943 après la déportation de sa famille. Il est l’auteur du Dernier des justes (prix Goncourt 1959) et d’Un plat de porc aux bananes vertes, coécrit avec son épouse Simone Schwarz-Bart, qui constitue le prélude de La Mulâtresse Solitude. Ses livres sont disponibles en Points.

 

 

Mon avis :
Afrique 1750. Bayangumay vient au monde dans l'Afrique des griots, cette Afrique de traditions ancestrales où dès leur naissance les filles sont promises…
Une nuit les trafiquants d'esclaves attaquent son village, elle est emportée.

Rosalie nait d'un viol perpétré sur le bateau qui amène sa mère en Guadeloupe vers son destin d'esclave.

Si au début je me suis ennuyée, ensuite j'ai été fascinée et terrifiée par les descriptions que l'auteur nous fait du sort de Bayangumay. Vieille avant l'heure, mutilée, devenue boiteuse, défigurée, flétrie par les tortures infligées par les blancs. J'ai toujours du mal à imaginer que des humains aient pu infliger de telles souffrances sans états d'âme, et peut-être même avec une délectation malsaine dans un sentiment de toute puissance. Et pourtant...

C'est le sort des esclaves, ramenés aux rang d'animaux voire pire, qui nous est raconté là, à travers la vie de 
la mulâtresse Solitude qui a existé. C'est terrifiant de cruauté et de mépris. L'homme blanc s'est toujours cru au dessus du reste de l'humanité, mais pourquoi donc ?

Née Rosalie du nom d'une morte car les prénoms se recyclent chez les maîtres, surnommée Deux-âmes à cause de ses yeux de couleurs différentes, avant de devenir Solitude, elle sera une cocotte pour la petite demoiselle de la maison, parce qu'elle est jolie. Elle sera comme un petit toutou gentil et obéissant. Mais au fond d'elle, la révolte bout, face à toutes les cruautés des blancs envers ses frères et soeurs de couleur.

Il y a de nombreux passages insupportables, révoltant, sidérants : "Et la petite fille se demanda ce qu'elle préférait : si c'était de tourner en chien à forme de chien, ou bien en chien à apparence humaine, tel ce nègre efflanqué, tout en os, qu'elle avait vu avec Mlle Xavière, le jour de la visite aux voisins du Bas-Carbet ; ce vieux nègre tout nu dans sa niche, les yeux clos, un collier de fer autour du coup."

Mon intérêt pour ce récit a pris les montagnes russes malgré de très belles envolées poétiques. La narration, les termes parfois employés, sans lexique pour éclairer le lecteur mais que je crois avoir compris plus tard - nègres d'eau salée (africains), nègres d'eau douce (nés en esclavage), nègres marrons (fuyards) - mais aussi les formulations et tournures de phrases m'ont empêchée de garder un intérêt constant pour l'histoire. Rien n'est explicité dans le détail, tout paraît onirique et donc tortueux.
Pourtant il s'agit d'une page d'histoire importante, celle des révoltes d'esclaves dans les îles, où la souffrance absolue et la négation de leur humanité les à poussés à un déchaînement de violence dans un seul but, la liberté ou la mort.
L'auteur ne nous dit pas clairement à quel moment de son récit l'esclavage a été aboli ni quand il a été réinstauré. Enfin si, il nous l'explique à la toute fin du roman. Jusque-là on se débrouille pour comprendre et vraiment je n'ai pas trouvé ça clair du tout. de plus, Solitude semble perpétuellement sous l'effet du cannabis ou sous acide… ou tout simplement folle.

Dans le même thème j'ai largement préféré un livre lu il y a des années, 
L'île sous la mer de Isabel Allende. Il traitait des révoltes d'esclaves à Saint Domingue, c'était effarant et captivant, car elle expliquait bien que c'était dans les îles que la cruauté envers les esclaves avait été la pire de toutes car ils étaient considéré comme du matériel qu'on pouvait casser et racheter, et que c'est ce qui avait amené à une révolte sanguinaire envers les blancs.

 

Citations :

Page 31 : Dyadyu, Dyadyu, je te rends grâces d’avoir fait de moi ta femme. Et Dyadyu ne répondait pas, et la toute jeune épouse cherchait une autre formule, et finalement elle laissa parler sa propre bouche : Dyadyu, Dyadyu, dit-elle, mon ventre s’honore de porter la graine d’un arbre tel que toi.

 

Page 49 : Les du Parc employaient le système du Fichier Perpétuel, qui suppose une exploitation stable, harmonieuse, dont les besoins en hommes et en chevaux ne varient pas. La liste des « forces » avait été établie une fois pour toutes : le nom des morts allaient aux vivants qui le rendaient le moment venu, avec l’âme.

 

Page 60 : Nous nous en allons dans la nuit

Nous marchons dans les ténèbres

Dans la douleur et dans la mort

 

Page 66 : Leur troupeau se bornait à une trentaine d’Africains, juste soutenus par quelques nègres d’Europe, comme on désignait, parfois, les manouvriers blancs.

 

Page 74 : Les tâches étaient dérisoires, et d’une facilité enfantine au regard des champs : sitôt la cloche, on se lavait soigneusement, on chassait l’odeur de négresse et puis l’on s’habillait de façon coquine, on aidait celles aux cheveux crépus à se faire une coiffure décente, on s’en allait à la cuisine déjeuner d’une mangue ou d’une crème au lait.

 

Page 80 : Et la petite fille se demanda ce qu'elle préférait : si c'était de tourner en chien à forme de chien, ou bien en chien à apparence humaine, tel ce nègre efflanqué, tout en os, qu'elle avait vu avec Mlle Xavière, le jour de la visite aux voisins du Bas-Carbet ; ce vieux nègre tout nu dans sa niche, les yeux clos, un collier de fer autour du cou.

 

Page 106 : Nègres, mes beaux nègres feinteurs, mes gentils nègres à ricanades savez-vous quoi ?… parfois je me demande pourquoi Dieu Dieu a créé l’homme blanc, et ça me turlupine, là, dans ma grosse tête…

 

Page 114 : Ainsi, par exemple, elle prétendait ne pas retourner chez elle en bateau, comme font communément les nègres d’eau salée. Son intention était de faire le voyage à pied, sous la terre, où courent d’interminables galeries qu’empruntent les esprits Dahomey, et qui toutes les ramènent fatalement au village, disait-elle.

 

Page 148 : Le Blanc est pareil à Dieu, de quelque façon qu’on en use avec lui… il tue.

 

 

 

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