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Mon avis : Sarah Jane – James Sallis

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Isabelle Maillet

 

Le Grand Livre Du Mois Éditions Payot & Rivages

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Surnommée « Mignonne », ce qui ne lui va pas comme un gant, Sarah Jane Pullman a déjà trop vécu pour son jeune âge : famille dysfonctionnelle, fugue à l'adolescence, crimes, petits boulots dans des fast-food… on se demande comment elle parvient à redresser la barre. Elle y arrive et, à sa grande surprise, est engagée comme agent au poste de police de la petite ville de Farr. Lorsque le shérif titulaire disparaît, c'est elle qui prend sa place. Mais Sarah Jane ne se satisfait pas de la situation. Cet homme, Cal, était son mentor, son appui, et elle ne peut accepter qu'il se soit évanoui dans la nature. Elle va découvrir des choses qu'elle ne soupçonnait pas…

 

 

 

Mon avis :


Dès les premières lignes j'ai trouvé une ambiance comme j'aime, très américaine. Cette atmosphère de bled paumé, dans un environnement un peu désertique me faisait même imaginer des buissons secs qui roulent avec le vent dans un décor aride, une enseigne suspendue qui grince sous une légère brise, un réservoir d'eau, une éolienne...

Sarah Jane est une étrange personne, avec parfois des pensées métaphysiques.
Par ailleurs, ses descriptions des choses et des gens sont extrêmement scrutatrices, allant jusqu'à imaginer les motivations profondes de ce que chacun peut afficher de soi.

Elle va droit devant elle, toujours. Elle se pose, un certain temps, vit des expériences, professionnelles, estudiantines, des amitiés, des amours, puis repart et se pose de nouveau.

L'écriture est belle mais ce qui m'a déroutée, c'est qu'on passe d'une période à une autre sans transition et il m'a fallu un petit temps d'adaptation.
J'ai beaucoup aimé l'histoire de cette espèce de fuite en avant, de cette fille sans attache. Je trouve ça tellement américain de partir comme ça, en un claquement de doigts, de changer de vie sur un coup de tête, plusieurs fois par vie, d'avoir plusieurs vies en une - militaire, cuisinière, policière - sans jamais vraiment s'attacher aux lieux... de pouvoir changer de région, de maison, sans état d'âme.

Cette histoire est aussi une galerie de portraits, tous passionnants, qui donne le sentiment que l'Amérique est le pays de tous les possibles, que la réussite est à portée de tous.
Par ailleurs, l'auteur fait montre d'une grande acuité dans l'observation de ses contemporains, vus à travers l'esprit féminin de 
Sarah Jane.
 

Citations :

Page 31 : À propos de population, justement, celle d’aujourd’hui au festival se compose de jeunes femmes en équilibre précaire sur leurs talons hauts, de gars soignés portant shorts à carreaux et mocassins en cuir coûteux sans chaussettes, de groupes de femmes mûres en chemisiers fleuris, parfaitement coiffées, ayant un million de choses urgentes à se dire, de couples flânant derrière des chiens-trophées, d’enfants de tous âges qui pullulent comme des poissons attirés par des appâts.

 

Page 64 : On vit tous dans des boules à neige, non ? Soulevez-les, secouez-les, et les années tourbillonnent avant de se déposer au fond.

 

Page 80 : Vie privée, vie publique. On a tous l’une et l’autre. Tant qu’on ne l’examine pas à la loupe, une existence peut sembler sans intérêt, à peine digne d’être vécue, mais si on y regarde de près – et c’est vrai pour chacune d’entre elles -, on n’a pas fini d’être surpris, déconcerté, troublé.

 

Page 156 : Personne n’avait dit aux mâles blancs, qui n’auraient même pas pu le concevoir, que leur naissance ne leur conférait aucun privilège.

 

 

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