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Mon avis : Nuit mère – Kurt Vonnegut

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’américain par Gwilym Tonnerre

 

Éditions Gallmeister

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

"Je suis américain de naissance, nazi de réputation et apatride par inclination."
Ainsi s'ouvrent les confessions de Howard W. Campbell Jr. qui attend d'être jugé pour crimes de guerre dans une cellule de Jérusalem. Ce dramaturge à succès exilé en Allemagne fut en effet le propagandiste de radio le plus zélé du régime nazi. Mais il clame aujourd'hui son innocence et prétend n'avoir été qu'un agent infiltré au service des Alliés. Il lui reste désormais peu de temps pour se disculper et sauver sa peau

 

 

Mon avis :
Est-ce que je m'attendais à être déstabilisée par ce roman ? Peut-être ! C'est pour ça que je voulais le lire ! Mais aussi parce qu'il y a longtemps que je veux lire 
Kurt Vonnegut. J'aime ce qui est inhabituel et là, on est servi. Tout d'abord, les chapitres très très courts sont au nombre de 45, pour 215 pages.
L'humour est grinçant, voire loufoque, j'ai adoré !

Howard W. Campbell Jr. attend dans sa cellule de Jérusalem d'être jugé pour crime de guerre, car connu pour avoir été le propagandiste de radio le plus zélé du régime nazi.
Américain de naissance, immigré en Allemagne durant l'enfance, il y reste à l'âge adulte, épouse une allemande et devient plus nazi que les nazis.
Mais au fond, est-ce la vérité ? Lui, prétend que non, qu'il était un agent double.

Chapitre après chapitre je me suis délectée de ce récit à l'humour caustique et de ces faux-semblants. Car tout le problème avec un agent double, un menteur ou un manipulateur, ce qui revient au même, est de savoir à quel moment il dit la vérité et quand il ment. Il raconte sa vie, la guerre, l'antisémitisme, l'Allemagne. Il y a une forme de cynisme dans la narration des événements de cette époque sinistre, qui vire au jubilatoire car traités sur le mode de l'humour noir, et ça j'adore ! Par exemple l'histoire du chien de Resi, alors que j'aime les chiens... mais la chute m'a fait rire. Pourtant ça a été une réalité pendant la guerre.

Tout le long du roman, au fil des événements de sa vie, on a l'impression qu'il a été agent double sans le savoir, ou alors vrai américain patriote et faux nazi, ou sympathisant nazi et traître à sa patrie, ou homme aux personnalités multiples, ou imbécile heureux mais ça c'est pas sûr, tout ça dans une espèce de schizophrénie qui l'arrange bien... ou pas. Tout dans l'histoire tend à noyer le poisson. En fait, de nombreuses fois je me suis dit "ce mec est dingue, complètement ravagé".

Ce roman dit des choses de cette guerre et de ses idéologies nauséabondes, sur un ton qui paraît léger, pratiquement toujours caustique et ironique. J'ai bien kiffé !!

 

Citations :

Page 27 : Son nom est Andor Gutman. Andor est un juif estonien assoupi, pas très vif. Il a passé deux ans au camp d’extermination d’Auschwitz. D’après son propre témoignage réticent, il a bien failli en ressortir par la cheminée d’un four crématoire :

- Je venais d’être affecté au Sonderkommando, me dit-il, quand l’ordre est venu de Himmler de fermer les fours.

 

Page 54 : Ma mère et mon père sont morts. Certains disent qu’ils sont morts de peine de cœur. Ils sont morts dans leur soixantaine, en tout cas, quand les cœurs sont vulnérables.

Ils ne vécurent pas assez longtemps pour voir la fin de la guerre, et ne revirent jamais leur radieux garçon. Ils ne me déshéritèrent pas, bien qu’ils durent en être amèrement tentés.

 

Page 79 : Elle était incroyablement bien conservée pour une femme de quarante-cinq ans.

 

Page 90 : Une esclave sortit de la maison en traînant des pieds, un vase bleu d’une beauté éblouissante entre les mains. Elle était chaussée de sabots en bois maintenus avec de la toile. Elle était une loque sans nom, sans âge, sans sexe. Elle avait les yeux comme des huîtres. Elle avait le nez rongé par le froid, marbré de blanc et de rouge cerise.

 

Page 133 : - Howard… quand ma femme est morte, je n’avais d’allégeance pour rien ni personne. J’étais, moi aussi, le fragment insignifiant d’une nation à deux.

 

 

 

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