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Mon avis : Call me by your name – André Aciman

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Jean-Pierre Aoustin

 

Éditions Grasset – Le Livre de Poche

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

« Je ferme les yeux et je suis de nouveau en Italie, il y a tant d’années ; je marche vers l’allée bordée de pins, je le regarde descendre du taxi : ample chemise bleue, col ouvert sur la poitrine, chapeau de paille, toute cette peau nue... Soudain il me serre la main et me demande si mon père est là. »
1983. Pour Elio, c’est l’été de ses 17 ans. Ses parents hébergent Oliver, un jeune universitaire, dans leur villa en Italie. Entre les longs repas, les baignades et les après-midi sous la chaleur écrasante, commence une partie de cache-cache avec cet Américain brillant et séduisant. Un temps fait d’attente, d’espoirs, de doutes et de rejet. Avant que tous deux cèdent à ce sentiment plus grand qu’eux.

Call me by your name est un magnifique roman d’amour tout autant qu’une réflexion sur le désir et l’empreinte qu’il laisse en nous. La langue à la fois précise et sensuelle d’André Aciman parvient à évoquer l’intimité des corps – mais aussi la part de violence qui se niche dans tout éveil au sentiment amoureux – avec une élégance rare.


 

Une frémissante méditation proustienne. Le Monde des livres.

 


Mon avis :
Le roman commence de façon très feutrée et secrète. Ça sent la chaleur écrasante du sud, l'hospitalité, les grandes tablées, la torpeur postprandiale au bord de la piscine, le farniente.

C'est l'histoire d'une quête, celle de l'attention de l'autre, de son cœur, de désir, de doutes, une histoire de séduction, d'attirance et de peur qu'elle ne soit pas réciproque, peur de se planter, de se tromper, d'être rejeté.
Elio est attiré par Oliver, jeune universitaire hébergé par ses parents dans leur villa en Italie durant un été des années 80. Il se dit que leur judéité pourrait les rapprocher, lui qui vit la sienne un peu cachée, presque honteuse semble-t-il, tandis que Oliver porte son étoile de David ostensiblement sous sa chemise ouverte.

Elio à les désirs et les fantasmes de son âge, avec toutefois une inquiétude, il voudrait que l'objet de ses désirs lui dise qu'il n'y a rien d'anormal en lui.
On suit ses pensées délirantes d'adolescent amoureux et concupiscent. C'est fou comme on aime le mélodrame à cet âge !

J'ai retrouvé dans ce récit toute l'ambivalence de l'adolescence, où l'on n'ose pas ce qu'on souhaite le plus, où l'on va à l'encontre de ses désirs les plus intenses pour finir par dire ou faire le contraire de ce qu'on voulait, par peur ou par orgueil, en se maudissant d'être la personne la plus stupide au monde et aussi la plus désespérée.
Il nous rappelle aussi à quel point il est nécessaire de jouir de l'instant présent, d'en déguster tous les arômes, toutes les saveurs et les sensations les plus subtiles pour se faire des souvenirs, tant le temps présent est éphémère, et qu'il laisse place au manque.

C'est un roman érudit, qui fourmille de références que je n'ai pas, et qui, de ce fait, a été enrichissant pour moi. Même si je sais que je vais oublier très vite, hélas.

J'ai bien aimé, et en même temps non. J'ai été épuisée par tant de tergiversations, j'ai trop souvent trouvé le temps long, trop dans la narration, pas assez de dialogues à mon goût. Ce roman rejoint ma liste des "ai-je-aimé-ou-pas ?". Pourtant le désir, la passion, et la fébrilité qui en découle, tout est tellement bien exprimé, dans une langue si juste ! Tout est profond dans ce roman, la justesse des sentiments, l'intensité de la peine, l'idéalisation de ce qui est vécu, la fugacité des événements, l'outrage du temps toujours. Malheureusement, beaucoup trop lent pour moi, même si je pense que la lenteur sied parfaitement à cette histoire lumineuse.

 

Citations :

Page 18 : J’avais dix-sept ans cette années-là et, étant le plus jeune des convives et le moins susceptible d’être écouté, j’avais pris l’habitude de faire passer autant d’informations que possible dans le plus petit nombre de mots.

 

Page 39 : J’avais déjà désiré des garçons de mon âge, et couché avec quelques filles. Mais avant de l’avoir vu descendre du taxi et entrer chez nous, et pendant un bon moment après, il ne m’aurait jamais semblé possible que quelqu’un de si parfaitement à l’aise avec lui-même pût désirer m’offrir son corps autant que je brûlais de lui abandonner le mien.

 

Page 95 : Il ne semblait pas pressé non plus de retourner à son travail, ni de rejoindre ses amis sur la plage, ni, comme c’était généralement le cas, de me planter là. Peut-être n’avait-il rien de mieux à faire. C’était mon moment au paradis et, si jeune que je fusse encore, je savais qu’il ne durerait pas et que je devais au moins le savourer pour ce qu’il était plutôt que le gâcher à vouloir une fois de plus conforter notre amitié ou la porter à un autre niveau.

 

Page 114 : Lumière de mon âme, dis-je, lumière de mon âme, lumière du monde, voilà ce que tu es, la lumière de ma vie. J’ignorais ce que signifiait « lumière de mon âme », et une partie de moi-même se demandait d’où me venaient de telles fadaises, mais c’était ce genre d’absurdité qui me faisait venir les larmes aux yeux à présent, des larmes dont j’aurais voulu imprégner son oreiller, son maillot de bain, des larmes que j’aurais aimé qu’il essuie avec le bout de sa langue pour effacer mon chagrin.

 

Page 138 : De retour à la librairie, nous laissâmes nos vélos à la porte et entrâmes.

C’était un peu comme si je lui montrais mon sanctuaire privé, mon antre secret, l’endroit – comme le tertre – où je venais pour être seul, pour rêver aux autres. C’est ici que j’ai rêvé à toi avant que tu n’entres dans ma vie.

 

Page 186 : De temps en temps, une sensation douloureuse déclenchait un regain de gêne et de honte. Quiconque a prétendu que l’âme et le corps se rencontrent dans la glande pinéale était un âne. C’est dans le trou du cul, idiot.

 

Page 272 : Comme les soldats entraînés à combattre la nuit, je vivais dans l’obscurité pour ne pas être aveugle quand la nuit viendrait.

 

 

 

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