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Mon avis : Liens de sang – Octavia E. Butler

Publié le par Fanfan Do

Édition Au Diable Vauvert

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Dana, jeune femme noire d’aujourd’hui, se retrouve propulsée au temps de l’esclavage dans une plantation du Sud et y rencontre ses ancêtres…

 

UN ROMAN D’AVENTURE QUI EXPLORE

LES IMPACTS DU RACISME, DU SEXISME

ET DE LA SUPRÉMATIE BLANCHE.

 

« Je la tiens pour une des auteures les plus inspirantes de notre génération. »

Virginie Despentes

 

Octavia E. Butler, écrivain visionnaire référence de l’afro-féminisme américain, fut plusieurs fois lauréate du prix Hugo de la nouvelle et du prix Nébula et a été distinguée du prix Genius de la fondation Mac Arthur Grant.

Elle est prématurément décédée en 2006 à Seattle à 59 ans.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Ce roman traite de trois sujets qui me passionnent : les voyages dans le temps, l’esclavagisme, et la condition féminine.

 

Mon avis :

J'ai trouvé cette histoire étonnante dès le début, car dès le prologue, on est projeté dans l'étrangeté la plus absolue. Il s'agit de voyages dans le temps, mais absolument pas choisis. Par moments, Dana, la narratrice, jeune femme noire mariée à un blanc, est prise d'étourdissements, sa vision devient floue et elle se retrouve à 5000 kilomètres de chez elle dans un état du sud, en 1815, à l'époque de l'esclavage, ce qui pour une afro-américaine de 1976 est totalement terrifiant et dangereux.

Dana va comprendre assez rapidement vers qui elle est projetée à chaque incursion dans le passé, sans forcément en comprendre la raison profonde, du moins au début. Elle devra faire preuve d'une grande vigilance, toujours se comporter en esclave, baisser les yeux devant les blancs et ne jamais répondre aux insultes ni aux coups.
Elle découvre en immersion ce qu'elle ne connaissait qu'à travers les livres d'histoire : le suprémacisme blanc, les tortures envers les noirs, leur vie de misère, un monde où violer une femme noire est normal mais en tomber amoureux est inavouable et infamant.

Ce que ce roman raconte est totalement révoltant, violent, épouvantable. J'ai ressenti des angoisses terribles à cette lecture et un dégoût profond pour les blancs, allant jusqu'à me demander comment je me serais comportée à cette époque sans toutefois imaginer un seul instant que j'aurais pu faire partie de ces monstres esclavagistes.

Malgré l'étau qui m'a serré le coeur de plus en plus fort à mesure que j'avançais dans l'histoire, impossible pour moi de lâcher ce roman totalement addictif. Car bien qu'il raconte une page sombre et méprisable de l'Histoire des États-Unis, 
Octavia E. Butler qui est afro-américaine, ne donne pas dans le manichéisme, bien au contraire.
Par ailleurs, ce livre pose des tas de questions via le parallèle entre les deux époques, comme par exemple de savoir si on peut reprendre une vie confortable en 1976 sans états d'âme après avoir été confronté à l'âpreté, la violence et l'iniquité absolue du XIXÈME siècle ?

L'idée première de cette histoire, le dessein de ces voyages dans le passé est un paradoxe temporel en lui-même.
Un roman passionnant de bout en bout.

 

Citations :

Page 202 : J’en ai profité pour lire des livres sur l’esclavage, romans, documents, tout ce qui me tombait sous la main, même si ça n’avait qu’un lointain rapport avec le sujet. J’ai même relu certains passages d’Autant en emporte le vent. Mais la peinture de noirs heureux, unis de tendres liens d’amour, m’était insupportable.

 

Page 216 : S’il n’y avait rien de honteux à violer une femme noire, c’était le comble de l’humiliation d’en aimer une.

 

Page 338 : J’avais le sentiment d’être en train de perdre ma place, ici, dans ma propre époque. L’époque de Rufus était une réalité plus puissante, plus vivace. Le travail y était plus rude, les odeurs et les saveurs plus fortes, le danger plus extrême, la souffrance plus insoutenable… L’époque de Rufus exigeait de moi des ressources jusque-là insoupçonnées. Ne pas m’y montrer à la hauteur pouvait m’y coûter la vie. Il s’agissait d’une réalité à l’état brut que ni les commodités ni les luxes faciles de notre maison, de notre temps, ne pouvaient faire palir.

 

Page 347 : J’avais toujours eu le sentiment que les Blancs d’Afrique du Sud avaient plutôt leur place au XIXème ou même au XVIIIème siècle. Sur le plan des relations interraciales, ces gens-là vivaient dans un passé ailleurs révolu. Ils devaient leur confort et leur luxe à des millions de Noirs maintenus dans la pauvreté et traités avec mépris.

 

 

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