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Mon avis : Jour Zéro – C. Robert Cargill

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Florence Dolisi

 

Éditions Albin Michel Imaginaire

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Hopi est un tigre en peluche anthropomorphisé, un robot-nounou comme il en existe tant d'autres. Il n'en avait pas vraiment conscience avant de découvrir une boîte rangée dans le grenier. Celle dans laquelle il est arrivé lorsqu'il a été acheté des années auparavant, celle dans laquelle il sera jeté une fois que l'enfant dont il s'occupe, Ezra Reinhart, huit ans, n'aura plus besoin de nounou. Tandis que Hopi réfléchit à son avenir soudain incertain, les robots commencent à se révolter, bien décidés à éradiquer l'Humanité qui les tient en esclavage.

Pour les parents d'Ezra, qui se croient à l'abri dans leur petite communauté fermée, cette rébellion n'est qu'un spectacle de plus à la télé. Pour Hopi, elle le met face à la plus difficile des alternatives : rejoindre le camp des robots et se battre pour sa propre liberté... ou escorter Ezra en lieu sûr, à travers le paysage infernal d'un monde en guerre.

Avec Jour Zéro, C. Robert Cargill retourne à l'univers de son précédemment roman, Un océan de rouille et nous raconte le dernier jour de l'Humanité avec le punch texan qui le caractérise.

C. Robert Cargill est un scénariste reconnu, un écrivain respecté et un critique de film culte. Il a travaillé comme scénariste sur Sinister 1 & 2 (2012, 2015), Dr Strange (2016) et Black Phone (2022).

 

Mon avis :
Hopi est un nounoubot, un genre de doudou-tigre-nounou-robot anthropomorphisé. Il est la nounou de Ezra, mesure un mètre trente comme lui, est totalement craquant car recouvert d'une fourrure très douce. Et c'est lui le narrateur de cette histoire. Dès les premières lignes il nous parle du premier jour de la fin du monde, provoquée par les humains. Ben oui, qui d'autre ?...

Les Nounoubots discutent devant l'école en attendant la sortie des enfants. Ils se racontent les enfants qu'ils ont élevés, aimés, jusqu'au jours où ceux-ci ont grandi et n'ont plus eu besoin d'eux. Donc on les a éteints jusqu'au prochain enfant dont ils auraient à s'occuper. Et ça, Hopi ne le veut pas. Il ne supporte pas cette idée, car il aime Ezra, il aime la famille Reinhart. Alors comment eux pourraient-ils ne pas l'aimer en retour et ne plus en avoir besoin un jour ?
Eh bien vous savez quoi ? Ça m'a fait de la peine tous ces robots tristes. L'écriture est belle et les sentiments tellement bien décrits... D'ailleurs il y a toutes sortes de robots, pas que nounous, telle Ariane, la domestique de la famille Reinhart depuis au moins trente ans.

En réalité, ce monde c'est un peu le même bordel que le nôtre, mais encore plus désoeuvré. La haine et le racisme se sont déplacés envers les robots qui volent le travail des humains. le monde a évolué mais n'est pas devenu plus intelligent ni meilleur. Jusqu'au jour où il y a eu le projet de l'émancipation des IA par le Congrès, la révolte des IA, qui évoque par certains aspects le sort des esclaves, transposé au futur.

Les ambitions de l'humanité, l'informatique, la robotique, puis l'intelligence artificielle, tout cela nous est raconté par Hopi. Ça semble vertigineux et totalement flippant, pourtant nous y sommes déjà. Un grain de sable vient enrayer la machine, les fondements de la société. Un sentiment d'injustice ressenti avec amertume par les robots, un attentat contre eux et tout dérape... Rien ne sera plus jamais comme avant. Quand une poignée de connards gavés de religion et pleins de haine font basculer le monde dans autre chose, de totalement terrifiant... et c'est la guerre totale dans le but d'éradiquer l'humanité.
Pour Hopi, le déclic vient du sentiment qu'il est moins qu'un chien pour les Reinhart, lui qui croyait faire partie de la famille, il se rend compte qu'il est prescriptible. Mais il ne peut s'empêcher de s'interroger sur ses sentiments. Sont-ils devenus réels ou bien ne sont-ils qu'un programme informatique ?

J'ai adoré l'écriture débridée et rock'n roll qui rend les personnages et certains moments désopilants, les robots attachants et drôles, pour certains, mais surtout tellement humains. Des robots qui pensent et ont des sentiments, cette histoire m'a évoqué un cocktail de I Robot, Terminator et Blade Runner et j'ai trouvé que c'était une vraie belle réussite. Et puis j'ai adoré le contraste entre l'apparence de Hopi, tout fluffy et choupinou qui a la faculté de se métamorphoser en warrior impitoyable, vraie machine de guerre en mode commando, qui là m'a évoqué Gizmo se transformant en Rambo face aux méchants Gremlins.
C'est plein d'action, de danger, de suspense, de haine, de vengeance, d'abnégation, d'amour. C'est captivant. Ce roman de fin du monde m'a happée, totalement. C'est un roman qui se gobe tout cru.

 

Citations :

Page 32 : L’avènement de l’automatisation et de l’IA avait transformé le monde occidental. La mer des travailleurs pauvres disparates s’était muée en crue d’invisibles, vautrés devant des écrans, à regarder des émissions les assurant qu’ils n’étaient pas responsables de leur sort — c’étaient les robots qui leur avaient volé la chance de leur vie, pas la médiocrité de leurs propres motivations ou capacités.

 

Page 37 : Bradley tenait à ce que je paramètre les jeux de manière à ce que la violence y évoque le moins possible le monde réel et ne soit pas traumatisante pour un enfant. Ça ne le dérangeait pas qu’Ezra connaisse en long et en large l’histoire des conquêtes sexuelles de Zeus ou de la fureur infanticide de Saturne, mais pas question qu’il voie du sang, des tripes ou de la bouillie répugnante d’extraterrestre explosé.

 

Page 64 : Je suis resté planté là comme si un camion m’avait percuté. Tu es vraiment un robot. Je l’étais en effet, mais elle voulait sans doute dire que je n’étais qu’un robot. Oui, c’était évidemment ce qu’elle voulait dire. Je n’avais pas eu le temps de traiter les données de l’attentat pour déterminer en quoi il risquait de m’affecter, mais j’avais parfaitement conscience de l’effet de cette petite phrase. Elle ne m’avait pas seulement blessé, elle m’avait crucifié. Sylvia était ivre, bien sûr, mais je savais qu’elle en pensait chaque mot.

Et je n’avait plus soudain aucune idée de l’être ou de la chose que j’étais.

 

Page 93 : Nom de Dieu. Plus d’interrupteur létal. Combien Y avait-il de robots dans cette situation ? Et combien avaient sauté sur l’occasion d’assassiner leur propriétaire ?

 

Page 142 : — À quoi ça sert de survivre à la fin du monde, s’il y a encore des règles idiotes pour permettre aux adultes de faire ce qu’ils veulent et pour l’interdire aux enfants ?

 

Page 160 : J’étais mignon. J’étais duveteux. Et je savais comment tuer chacun des autres occupants de la pièce avec chacun des instruments qui s’y trouvaient.

 

Page 248 : J’ai trouvé un peu triste de les tuer ensemble. C’étaient clairement des meurtriers, à en juger par la taille du tas de cadavres qu’ils avaient tenté de soustraire à la vue, mais ça leur avait apporté l’égalité et la liberté. Ils avaient la même valeur, ils n’appartenaient plus à personne, et leur monde se fichait de la richesse de leurs maîtres. Leur prix d’achat ne définissait plus ni leur existence ni leur importance dans la société.

 

Page 269 : On a beau se représenter l’avenir, il ne ressemble jamais à l’image qu’on s’en fait. On se trompe toujours. Si on en a peur et qu’on essaie de le fuir, il ne nous en rattrape pas moins. Il arrive qu’il soit moins terrifiant que nous ne le craignions.

 

 

 

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