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Mon avis : Crions, c’est le jour du fracas – Héloïse Guay de Bellissen

Publié le par Fanfan Do

Édition SEGHERS

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

1861 : une centaine de garçons sont envoyés à la colonie pénitentiaire de l’île du Levant, bagne privé pour mineurs au large d’Hyères. Coupés du reste du monde, les « colons », délinquants, orphelins, enfants des rues, sont broyés par une discipline de fer.

1866 : une révolte s’achève par la mort de treize d’entre eux dans un incendie.

 

Plus de cent ans après, Héloïse Guay de Bellisen entre au collège, à La Seyne-sur-Mer, tout près de là, sur le continent. Autour d’elle, une bande d’adolescents rebelles au système. En quête d’une liberté pleine et entière, ils sèchent les cours, écoutent Nirvana et les Pixies dans des lieux secrets. Et se préparent à un destin tragique.

 

Comment trouver sa place dans un monde normatif ?

Les personnages de ce roman la trouveront par la force.

Une force puissante et radicale qu’ils tirent de leur jeunesse même, parce qu’elle est pure, neuve.

Et qui se retournera contre eux.

 

 

Mon avis :

Voilà une histoire qui, comme j'aime, démarre sur les chapeaux de roues !

Héloïse Guay de Bellissen, l'esprit vagabond pendant le confinement, s'est rappelée son adolescence à La Seyne-sur-Mer dans le années 90 avec ses potes, leur esprit rebelle, leur soif de liberté et puis l'évocation de l'histoire de la colonie pénitentiaire de l'île du Levant lui est revenue, ce bagne pour enfants... une centaine d'années auparavant, des enfants à l'esprit parfois rebelle étaient envoyés arbitrairement dans des colonies pénitentiaires. le parallèle était fait, le récit pouvait commencer.

Trois narrateurs se succèdent :
Le feu, celui qui réchauffe, purifie, mais aussi détruit tout.
Héloïse elle-même, adolescente en révolte contre la société.
Boule de neige, enfant bagnard de treize ans, livré en pâture à un "no future" instauré par une structure sociale inique et indécente.

L'autrice alterne les chapitres entre sa "carrière" d'adolescente et le sort des enfants dont la société s'est débarrassée au XIXème siècle en se donnant bonne conscience, et le tout entre en résonance.
Grâce à ses recherches aux Archives départementales de Draguignan, elle a réussi donner corps à ces pauvres gosses rejetés, à les faire revivre, à les faire exister pour nous au XXIème siècle, à leur rendre leur nom.

Ce roman parle d'une réalité historique totalement révoltante pas si loin de nous, parce qu'en fait c'était quasiment hier...

C'est un livre qui se dévore, qui nous parle d'une époque passée qui ne protégeait pas ses enfants, mais aussi, plus près de nous, de la génération grunge, ces ados mi Peter Pan, mi Gremlins qui ne voulaient pas grandir, pas ressembler à leurs parents avec leurs vies absurdes.
L'écriture est vraiment belle, très rock, à l'image de l'autrice.
J'ai adoré le rythme narratif d'Héloïse Guay de Bellissen, qui m'a rendue nostalgique de ma propre adolescence, et ça c'est vraiment un exploit car c'est une période de ma vie que je n'ai pas vraiment aimée... et l'analogie ainsi que les antagonismes faits avec ces enfants que la société avait jetés aux oubliettes.

C'est un livre qui vous avale dès la première page mais ne vous recrache pas à la fin car je suis bien convaincue que tous ces adolescents vont m'habiter encore longtemps.

 

Citations :

Page 29 : Il y a quatre sortes de colons. Ceux que les tribunaux ont condamnés. Ceux que les tribunaux ont acquittés mais qui n’ont pas de foyer. Les pupilles de l’assistance publique. Et ceux dont le père ne voulait plus. Dans ce dernier cas, il suffit d’une lettre écrite par le chef de famille pour qu’un fils, ou une fille, soit incarcéré pour une durée de deux ans maximum.

 

Page 56 : Ces lieux étaient sans doute la seule chose que l’on avait choisie de notre vie. On n’avait pas choisi nos familles, notre collège, notre corps, mais ça, ici, ces lieux insalubres qui pouvaient nous tomber sur la gueule, c’était notre paysage, alors on se devait d’en prendre soin, tout en participant activement au travail de délabrement.

 

Page 167 : C’était un samedi de décembre, il faisait froid et, dans le Sud, en dessous de vingt-cinq degrés, on a l’impression d’être un trappeur en Sibérie.

 

 

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