Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mon avis : Memorial Drive - Natasha Trethewey

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Céline Leroy

 

Éditions de l’Olivier

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Le 5 juin 1985, Gwendolyn est assassinée par son ex-mari, Joel, dit « Big Joe ». Plus de trente ans après ce drame qui a changé sa vie, Natasha Trethewey, sa fille, affronte enfin sa part d’ombre en se penchant sur le destin de sa mère. Tout commence par un mariage interdit entre un homme blanc et une femme noire. Leur fille métisse, Natasha, apprend à vivre sous les regards réprobateurs. Sa peau est trop claire pour les uns, trop foncée pour les autres. Lorsque Gwendolyn quitte son mari, elle pense s’affranchir, trouver enfin la liberté. Mais Joel, vétéran du Vietnam épousé en secondes noces, se révèle un manipulateur né, irascible et violent. Elle parvient malgré tout à le quitter. Rien ne pourra enrayer la spirale tragique du destin de Gwendolyn : elle meurt en 1985, tuée par balle. Le meurtrier : Joel, dit « Big Joe ».


Dans ce récit déchirant, Natasha Trethewey entremêle la trajectoire des femmes de sa famille et celle d’une Amérique meurtrie par le racisme.. Elle rend à sa mère, Gwendolyn Ann Turnbough, sa voix, son histoire et sa dignité.


 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Il s’agissait d’un partenariat entre editions de l'Olivier et le Picabo River Book Club pour lequel j’ai postulé et où j’ai eu la chance de gagner un exemplaire.

 

 

Mon avis :

Ce livre nous raconte le deuil, la perte de sa maman. Ce deuil impossible en temps normal, devenu pire selon les circonstances. Comment on devient adulte brutalement alors même que la vie s'effondre.


Natasha Trethewey, métisse née en 1966, époque où le mariage interracial était interdit dans vingt et un états, retrace l'histoire de sa mère, noire, et de son père, blanc, qui pensaient que l'amour peut vaincre tous les tabous, et de son statut, ni noire ni blanche et pourtant les deux.

Son enfance, qui paraît être idyllique est néanmoins émaillée de jugements racistes sur le couple que forment ses parents, par des blancs qui s'arrogent ce droit.

Un jour le couple parental se sépare, et plus tard un autre homme arrive, qui aura le visage de la mort.

C'est fascinant la façon dont l'autrice retrace ce passé qu'elle avait voulu gommer et que, du présent, elle ait cette impression que tout était déjà joué, que leur destin funeste les attendait alors que tous les signaux d'alarme étaient là pour empêcher la tragédie d'arriver.

À travers ses rêves et ses souvenirs enfouis, elle nous parle de sa mère et du coup de toutes les mamans, omniprésentes, qui nous tiennent la main tout au long de nos vies, encore bien après qu'elles aient dû nous laisser continuer le chemin sans elles... nous ne sommes jamais sans Elle.

C'est une histoire poignante, un long cri silencieux rempli de douleur. C'est révoltant et douloureux à lire. Ça nous raconte l'abus de certains hommes qui se croient détenteurs de la vie de leur compagne, c'est la chronique d'une mort annoncée et la chute dans un gouffre sans fond pour ceux qui restent.
Hélas, les uxoricides perdurent, donnant le sentiment que quelque chose échappe à la société qui ne parvient pas à juguler cette abomination.

Ce récit d'une mort qui semblait évitable mais ne l'a pas été m'a fait revenir en mémoire une phrase d'
Arthur Rimbaud à sa sœur : J'irai sous la terre et toi tu marcheras dans le soleil.
La tristesse m'a submergée car une Maman c'est l'univers tout entier.
Les années et les décennies passent, le manque reste. C'est aussi ce que nous dit
Natasha Trethewey.

 

 

Citations :

Page 17 : Voilà comment le photographe l’a portraiturée : sa robe est aussi noire que la toile derrière elle si bien que, à l’exception de son visage, tout son corps fait partie de cette obscurité dont elle émerge comme des profondeurs de la mémoire.

 

Page 52 : Quel que soit l’espoir qu’elle avait pu nourrir au début, quand ils sont tombés amoureux, pensant que l’amour suffirait à contrer les défis créés par le racisme, le pays lui avait démontré qu’elle avait eu tort : que l’amour seul serait incapable de ma protéger.

 

 

Commenter cet article