Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mon avis : L'enfant de la prochaine aurore – Louise Erdrich

Publié le par Fanfan Do

Éditions Albin Michel -Terres d'Amérique

Traduit par Isabelle Reinharez

 

 

Mon avis sur Insta c'est ici

Mon avis sur Babelio c'est

 

 

Quatrième de couverture :

 

Notre monde touche à sa fin. Dans le sillage d'une apocalypse biologique, l'évolution des espèces s'est brutalement arrêtée, et les États-Unis sont désormais sous la coupe d'un gouvernement religieux et totalitaire qui impose aux femmes enceintes de se signaler. C'est dans ce contexte que Cedar Hawk Songmaker, une jeune Indienne adoptée à la naissance par un couple de Blancs de Minneapolis, apprend qu'elle attend un enfant. Déterminée à protéger son bébé coûte que coûte, elle se lance dans une fuite éperdue, espérant trouver un lieu sûr où se réfugier. Se sachant menacée, elle se lance dans une fuite éperdue, déterminée à protéger son bébé coûte que coûte.

Renouvelant de manière saisissante  l'univers de l'auteure de LaRose et Dans le silence du vent, le nouveau roman de Louise Erdrich nous entraîne bien au-delà de la fiction, dans un futur effrayant où les notions de liberté et de procréation sont des armes politiques. En écho à La Servante écarlate de Margaret Atwood, ce récit aux allures de fable orwellienne nous rappelle la puissance de l'imagination, clé d'interprétation d'un réel qui nous dépasse.

 

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J'ai plusieurs romans de Louise Erdrich, que je n'ai pas encore lus.

Je n'ai pas résisté à l'envie de tenter ma chance de gagner son tout dernier roman par tirage au sort lors d'un nouveau partenariat organisé par Léa TouchBook au sein du Picabo River Book Club sur Facebook avec les éditions Albin Michel – Terres d'Amérique.

Je les remercie de m'avoir permis de recevoir ce livre.

 

 

 

Mon avis :

 


On est dans l'ambiance dès les premières pages, avec un danger invisible, dont on ignore tout au début ; virus, bactérie, mutation ? En tout cas l'humanité est en danger. Il semblerait que les humains à venir aient une particularité. Pas que les humains d'ailleurs, mais tout ce qui naît et doit naître...

Cedar, la narratrice, jeune femme indienne adoptée par des blancs, s'adresse à l'enfant qu'elle attend via un journal intime, et nous entraîne par la même occasion dans ses pensées existentielles autant que dans les événements qui se profilent. Elle part à la rencontre de sa mère biologique et de son peuple d'origine, dans ce monde qui s'effondre.
Les personnages sont immédiatement attachants et intrigants. On a envie de les découvrir, de faire leur connaissance.

J'ai trouvé quelques longueurs, notamment quand Cedar entre dans de longues réflexions métaphysico-religieuses en relation avec le mystère de la vie qui se développe en elle. Le côté extrêmement introspectif et trop porté sur la foi, à mon goût, m'a paru long.
Par ailleurs j'ai toujours un pincement au cœur quand je lis que les amérindiens se sont convertis au christianisme, eux qui étaient les enfants de la nature, des forêts, du vent et vénéraient le Grand Esprit. Pourquoi ont-ils pris la religion des envahisseurs, des spoliateurs, de ceux qui ont détruit leur mode de vie et asservi leur peuple ?
Car Cedar qui a beaucoup fantasmé sur sa famille et ses origines ojibwées est néanmoins une chrétienne très pieuse.

Étrange histoire qui nous laisse languir dans l'ignorance de la catastrophe qui s'ébauche. On découvre au compte-gouttes les tenants et aboutissants du désastre inéluctable qui est en train de se produire et l'angoisse monte crescendo. On ignore jusqu'à la fin quel est réellement le problème concernant les bébés à naître et pourquoi les femmes enceintes sont traquées.
C'est un monde triste et déprimant qui est décrit là.

L'hypothèse selon laquelle ce serait les femmes qui paieraient le plus lourd tribut en cas de catastrophe écologique remettant en cause la pérennité de l'espèce humaine est très vraisemblable.

On prend conscience de la beauté de la vie et de sa fragilité quand tout est sur le point de disparaître, quand le monde tel qu'on le connaît est sur le point de changer irrémédiablement.
Ce roman m'est apparu comme une fuite en avant dans un monde devenu cauchemardesque, et le plus terrible c'est de penser que l'humanité est responsable de ça.




 

 

Citations :

 

Page 60 : C'est étrange de l'observer et de penser qu'elle a peut-être vécu l'épanouissement final de la culture et de la pensée humaines. Elle est perchée au sommet de la pyramide, Grand-mère Virginia : une gargouille minuscule, aux traits tirés, qui bat un paquet de cartes.

 

Page 75 : Il n'y a nulle part, tandis que je pianote sur tous les boutons de la télécommande, quelqu'un qui ait la peau foncée. Ni dans les films, ni dans les sitcoms, ni sur les chaînes de téléachat, ni sur les dizaines de chaînes évangéliques.

Quelque chose a fait irruption dans la vie telle qu'elle était avant. Tout a changé pendant que je ne regardais pas, changé sans un mot ni même un avertissement.

 

Page 81 : Tu es à mi-chemin entre le quatrième et le cinquième mois. Tu as traversé l'ère des miracles. Tu es passé de têtard à vaguement humanoïde et tu as perdu ta queue d'embryon. Tu as absorbé la palmature reliant tes orteils et tes doigts et développé des paupières, des oreilles, un squelette minuscule. Acquis un cerveau générant deux cent cinquante mille neurones par minute. Tu peux déjà loucher, froncer les sourcils, sourire, avoir le hoquet.

 

Page 161 : Je ferme ensuite les yeux et j'écoute le grondement et le fracas du monde qui passe en trombe. Nous aussi nous passons en trombe. Le vent cinglant nous double. Nous sommes si brefs. Un pissenlit d'un jour. L'enveloppe d'une graine ricochant sur la glace. Nous sommes un plume tombant de l'aile d'un oiseau. Je ne sais pas pourquoi il nous est donné d'être tellement mortels et d'éprouver tant de sentiments. C'est une blague cruelle, et magnifique.

 

 

 

Commenter cet article