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Mon avis : Gueule de Truie – Justine Niogret

Publié le par Fanfan Do

Éditions Critic

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

L'Apocalypse a eu lieu.

Pour les Pères de l'Église, elle a été causée par Dieu lui-même. Comme la Terre est morte, ils n'ont plus qu'un seul but : détruire le peu qui reste, afin de tourner une bonne fois pour toutes la page de l'humanité.

À leur service, Gueule de Truie, inquisiteur. Dès le plus jeune âge, on lui a enseigné toutes les façons de prendre la vie. Caché derrière le masque qui lui vaut son nom, il trouve les poches de résistance et les extermine les unes après les autres.

Un jour, pourtant, il croise la route d'une fille qui porte une boîte étrange, pleine de... pleine de quoi, d'abord ? Et pourquoi parle-t-elle si peu ? Où va-t-elle, et pourquoi prend-elle le risque de parcourir ce monde ravagé ? En lui faisant subir la question, Gueule de Truie finit par se demander si elle n'est pas liée à son propre destin, et si son rôle à lui, sa véritable mission, n'est pas de l'aider à atteindre l'objectif qu'elle s'est fixé, et peut-être même d'apprendre à vivre.


 

 

Mon avis :
Dans un monde dévasté, un enfant assiste aux tortures perpétrées par une sorte d'inquisition post-apocalyptique. Il sait qu'il est sur le point de devenir l'un d'eux et même s'il a peur, il ne dit rien. Cet enfant, c'est celui qui sera 
Gueule de Truie, qui aura la charge de superviser la capture des survivants pour les soumettre à la question afin d'éradiquer l'espèce humaine. Il n'est qu'un exécutant plein de colère et de haine, et son nom lui vient de son masque. Car son visage est caché. Et il obéit aveuglément aux Pères de l'Église.

Des humains errent sur cette planète que tout le monde dit morte, où çà et là se trouvent des forêts pétrifiées que toute vie a désertées. À la recherche de quoi ? Ou plutôt, que fuient-ils ? Ils se cachent partout, dans des immeubles en ruine, dans des sous-sols, dans les bois. Et pourquoi faut-il les anéantir ces humains apeurés ?

Ça frappe, ça écorche, ça injurie, ça torture, à tour de bras, c'est extrêmement violent.
Dans ce monde là, les dominants appliquent ce qu'ils interprètent comme étant la volonté de Dieu, comme dans le nôtre d'ailleurs, implacablement, férocement, sans faiblir, sans état d'âme. Ils dictent des lois ignobles et prétendent qu'elles sont divines : "Dieu n'est pas un hasard. Dieu est un secret et Dieu est un mystère".


Gueule de Truie a été endoctriné dès l'enfance dans la violence extrême et la haine de l'humanité. Il ne peut penser autrement. C'est ancré en lui, depuis toujours. Il faut tuer ces saloperies d'humains qu'il hait par dessus tout. Il se hait aussi lui-même et abhorre tout contact physique. Pourtant, un jour…

C'est poisseux, désespéré, nihiliste, et on se demande s'il y aura une lueur d'espoir au bout de ce tunnel de douleur et de sang. Beaucoup de pensées obscures et de souvenirs flous nous mènent à travers ce monde. 
Gueule de Truie croit obscurément que Dieu est omnipotent. D'autres savent ce qui est arrivé. le chemin qu'il croyait tout tracé pour lui va prendre des voies inattendues.

L'écriture de 
Justine Niogret est belle et addictive. Elle parvient à maintenir l'intérêt du lecteur tout en distillant avec lenteur et parcimonie les différents éléments de son récit. La violence est plus suggérée que décrite et c'est sans doute ça qui rend cette lecture possible sans tourner de l’œil.

La quête menée m'a semblée assez obscure, introspective, voire métaphorique et onirique. J'ai cru comprendre, et puis non, et puis peut-être, mais en fait pas sûr… J'ai pourtant beaucoup aimé. Mais je sens que je vais m'interroger longtemps sur ce qu'il y avait à comprendre. En réalité, je me demande si l'autrice n'a pas fait une telle fin pour amener le lecteur à se poser des questions existentielles et construire son propre épilogue.

 

Citations :

Page 19 : Le masque est neutre à l’intérieur ; protection, barrage. L’enfant respire. Il comprend que ce visage le retire du monde. Il serre sa veste autour de son cou, la ferme jusqu’au dernier bouton. Il note qu’il devra mieux les coudre, plus haut, plus serré, mieux cacher sa peau. Il n’est plus que cuir et métal. Chaque tache de rose est devenue une erreur.

 

Page ,25 : Dans le zoo, une femme pousse un long cri. Sans doute perchée sur une grille, un des morceau de métal planté dans le ventre. On est pressé, la Troupe n’a pas que ça à faire. Cette fois-ci, on évite les installations de croix ou les pendaisons.

 

Page 75 : Gueule de Truie fait attention avec l’homme. Il n’aimerait pas le casser. Il n’a même pas envie de le Questionner. Au début, oui, mais c’est passé. Le vieux a supporté beaucoup, déjà, et ses yeux vivent encore. Gueule de Truie sait quand l’esprit quitte le corps, quand il ne reste que la viande. Le vieux est toujours là.

 

Page 149 : Je crois que tu parles parce que tu voudrais forcer les choses dans des… Des. Des formes. Parce que les formes, tu peux les ranger. Mais des mots y’en a pas, quand on vit. T’as qu’à sentir. T’as qu’à comprendre ce qu’on peut pas dire.

 

Page 154 : Ça n’a rien à voir, il ajoute. Les corps. La façon de manger des autres. Là-bas ils étaient fous. C’était pour faire mal. Il n’y a rien à chercher. Envahir. J’ai vu la mer, une fois. C’est pareil. On peut pas être envahi. Ou comme l’orage. On peut pas le contenir. On ne peut pas l’emprisonner. Ce que tu cherches, là, ça n’a pas de sortie. Ils veulent faire mal au tonnerre, mais on ne peut pas lui faire mal.

 

Page 192 : Non, l’amour est mort bien avant le Flache. Trop servi, trop usé. Mis sur des gens incapables de le comprendre, ou de vivre ce qu’il risque de faire perdre. Fleurs, bagues, phrases de promesses, lettres, baisers figés, non. Non.

 

Page 217 : J’ai pris ton silence pour de l’intelligence. Mais j’aurais dû comprendre que ce que je pensais être toi n’était qu’un écho de moi-même, chuchoté dans le vide que tu représentes.

 

 

 

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