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Mon avis : Quality Land – Marc-Uwe Kling

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Juliette Aubert-Affholder

 

Éditions Actes Sud

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Bienvenue à Quality Land, le pays de tous les superlatifs !
Tu vibres déjà ? Il y a de quoi ! Dans le futur, tout fonctionne à merveille : les algorithmes se chargent d'optimiser le travail, les loisirs et les relations. Quality Partner sait qui te correspond le mieux. Ton véhicule autonome sait où tu veux aller. Et si tu es inscrit sur The Shop, on t'envoie tous les articles que tu désires sans que tu aies besoin de les commander. Super pratique ! Plus personne n'est obligé de prendre des décisions difficiles - car à Quality Land, il n'y a qu'une seule réponse à toutes les questions : OK !
Pourtant, Peter Chômeur est taraudé par l'impression que quelque chose cloche dans sa vie. Si le système est vraiment si parfait, pourquoi trouve-t-on des drones ayant le mal de l'air ou des robots de combat souffrant de stress post- traumatique ? Pourquoi les machines sont-elles de plus en plus humaines et les humains, de plus en plus mécaniques ?
Dystopie réjouissante dans la veine de Kurt Vonnegut et Philip K. Dick, satire drôlissime - et un tout petit peu inquiétante - sur les promesses et les pièges du numérique, Quality Land a déjà conquis plus d'un million de lecteurs à travers le monde.


 

 

Mon avis :
Avant même le commencement de l'histoire, une petite note loufoque m'a dit que j'allais entrer dans un roman facétieux.
C'est complètement barré, c'est drôle et sarcastique, j'ai tout de suite adoré. Tous les travers de notre société superficielle de consommation sont épinglés avec une ironie mordante et jubilatoire. Et tout le monde en prend pour son grade, du plus petit anonyme jusqu'aux hommes politiques qui m'ont bien fait rire.


Marc-Uwe Kling nous entraîne dans cette société régie par les algorithmes, si proche de la nôtre, où ils pousse les aberrations à l'extrême pour le plus grand bien de nos zygomatiques. Dans ce monde tout est noté, jusqu'à notre valeur intrinsèque, et nous place sur une échelle qui va de l'individu inutile niveau 2 qui ne peut que souhaiter s'améliorer, jusqu'à ceux du niveau maximum, le 100 qui est le but à atteindre. Et bien sûr, nous sommes devenus un produit dans ce monde là. L'amour est devenu un produit. le couple est devenu un produit. L'espérance de vie est devenue un produit. Les bébés sont devenus des produit. TOUT, TOUT, TOUT y passe.

Quelques fortes têtes qui n'ont pas l'impression de correspondre à la place et aux désirs qu'on leur a assigné pourraient bien être les grains de sable qui vont enrayer la société parfaite qu'est 
Quality Land.
Tous les personnages sont savoureux, mais j'ai vraiment eu un faible pour Aïcha Femme-Médecin et son langage "fleuri", Peter Chômeur qui paraît complètement blasé, et John of US l'androïde, mais aussi le vieux et Kiki, l'insoumise… et puis les androïdes déglingués, tellement drôles !

Les clients One Kiss reçoivent régulièrement, via The Shop, des choses dont ils rêvent, avant même d'en avoir conscience. Peter Chômeur est souvent étonné de penser qu'il pouvait avoir envie de telle ou telle chose, jusqu'au jour où il reçoit quelque chose qu'il est sur de ne vouloir à aucun prix. Il décide donc de le retourner. Oui mais, plus facile à dire qu'à faire…

L'histoire est ponctuée de punchlines parfois d'une absurdité totale mais d'une drôlerie à tomber par terre.
Que penser d'une dystopie qui nous parle d'un futur tellement proche qu'on y est déjà jusqu'au cou ? Heureusement que l'auteur met en exergue tous les côtés ridicules et pitoyables de ce que nous sommes en train de devenir, ça offre quelques bons moments à se taper des fous rires salutaires.

Mais ce roman n'est pas qu'une grosse rigolade à nos dépens. Il nous instruit sur beaucoup de choses, qui vont de la position des lettres sur un clavier d'ordinateur au fonctionnement des sociétés nouvelles à travers les algorithmes et les publicités ciblées, jusqu'au fait qu'au départ, l'utilisation commerciale d'Internet était strictement interdite. On a aussi droit à un petit topo sur le cynisme du capitalisme. Bon ça, on sait mais personnellement je ne connaissais pas dans le détail. Et puis ça rappelle, des fois qu'on l'oublierait, à quel point on nous prend pour des cons ! Hélas, ça aussi on le sait bien…

 

Citations :

Page 107 : - Vous vouliez peut-être m’explique, dit Aïcha Femme-Médecin, comment vous en êtes venu à croire qu’un problème quelconque de votre insignifiante vie personnelle est plus important que le prochain président à la con de ce putain de pays !

 

Page 141 : « Chers humains, tout le monde parle d’un marché du travail en crise. Mais ce n’est pas une crise qu’on peut surmonter. Traiter les symptômes ne sert à rien. Vouloir le plein emploi est un mensonge. Cela n’arrivera plus jamais. Au contraire : le numérique, l’automatisation et la rationalisation suppriment de plus en plus d’emplois. Dans un autre système économique, ce serait une bénédiction ! Mais, dans le système actuel, tout le monde est forcé de se battre pour des emplois de plus en plus rares. De ce fait, on rétablit des formes d’exploitation et d’oppression qu’on croyait dépassées depuis longtemps.

 

Page 204 : Si le système te vois comme un loser qui passe ses journées à bouffer de la junk food et à regarder des films trash, il te proposera des films trash et t’inondera de publicités pour la junk food. Il te mettra en contact avec une partenaire qu’il classe au même niveau inférieur. Si tu cherches un appartement, il te proposera uniquement les taudis qu’il juge adaptés pour toi et, si tu cherches un emploi, il te cachera les offres pour lesquels il ne te considère pas qualifié.

 

Page 208 : Vivons-nous dans une dictature aux méthodes si subtiles que personne ne remarque que nous vivons dans une dictature ? Il en découle la question suivante : est-ce une dictature si personne ne remarque que c’en est une ?

 

 

 

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