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Mon avis : Le jeu de la dame – Walter Tevis

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallmeister

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Kentucky, 1957. À la mort de sa mère, Beth Harmon, huit ans, est placée dans un orphelinat où l’on donne aux enfants des « vitamines » censées les apaiser. C’est là qu’elle découvre, grâce à un vieux gardien passionné, le jeu qui changera sa vie : les échecs. Dotée d’un talent prodigieux, Beth commence à gagner vite, trop vite, trop facilement. La nuit, dans son lit, elle rejoue les parties en regardant le plafond où les pièces se bousculent à un rythme effréné. Mais aux pièges de l’échiquier viennent s’ajouter le danger des drogues et de l’alcool. Entre la pression des grands tournois et les méandres de l’addiction, Beth découvre que génie et folie vont souvent de pair.

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

C’est un livre qu’on m’a offert et dont j’ai entendu dire beaucoup de bien. Je ne joue pas aux échecs mais, il y a quelques années j’ai lu Jeu blanc de Richard Wagamese, ça parle du hockey dont je ne sais rien et j’ai adoré. Donc je savais déjà qu’on peut se passionner pour un roman qui traite d’une discipline dont on ne connaît absolument rien.

 

Mon avis :

Beth est une petite joueuse d'échecs phénoménale. En cherchant le sens de ce mot dans le dictionnaire elle tombe sur "extraordinaire, formidable, remarquable". Comme ce roman j'ai envie de dire ! Cette histoire m'a captivée dès les premières pages, pourtant je ne joue pas aux échecs. J'aurais pu me sentir larguée, égarée, eh bien pas du tout, j'ai été sous emprise tout de suite. Il s'agit bien là d'emprise, car dès son arrivée à l'orphelinat, Beth se retrouve sous la dépendance des médicaments qui sont donnés aux enfants quotidiennement pour les tenir tranquilles, et, rapidement addicte aux échecs qu'elle découvre par hasard et où elle excelle particulièrement. Et l'auteur nous embarque dans ce récit comme ça, sans crier gare. Je n'ai plus eu envie de lâcher l'histoire de cette petite surdouée si seule au monde.

Alors qu'elle se trouve insignifiante, dès qu'elle joue aux échecs elle devient surpuissante,  comme si elle était détentrice de tous les pouvoirs de l'univers, elle se sent tel un stratège militaire, prête à écraser son adversaire.
Elle va ainsi évoluer et, au fil des tournois, se frotter aux plus grands joueurs d'échecs.

C'est tellement bien raconté, que même en n'y comprenant rien aux échecs on est pris dans une tension folle lors des tournois.
Je suis devenue assez rapidement une fervente supportrice de Beth, avec l'envie de l'encourager, de l'applaudir, et parfois j'ai tremblé, mais à peine parce que j'ai vraiment crû en elle.

J'ai été obnubilée par les échecs et l'obsession de Beth tout le long de ma lecture, pourtant il est aussi question de sa vie, de son rapport au sexe très terre à terre, et puis de son addiction "contrôlée" aux petites pilules vertes et à l'alcool, de son énorme sentiment de solitude. Elle affiche une froideur absolue mais sans doute est-ce sa façon de se protéger, puisque dès l'enfance tout a été terrible et douloureux pour elle.

J'ai aussi une furieuse envie de parler de la beauté de la couverture illustrée par R
iki Blanco , mais à quoi bon ?.. Associer Gallmeister à couverture sublime revient à faire un pléonasme. Non seulement cette maison d'édition publie des romans qui vous attrape pour ne plus vous lâcher, mais en plus ils sont visuellement superbes et envoûtants !

J'ai fini ma lecture quasiment en apnée, totalement envoûtée.
La magie de ce livre est totale.


 

Citations :

Page 13 : Au Foyer Methuen de Mount Sterling, dans le Kentucky, Beth recevait un tranquillisant deux fois par jour. On en donnait de même à tous les autres enfants, pour « réguler leur caractère ». Le caractère de Beth était correct, pour ce que chacun pouvait en voir, mais elle était contente de prendre son petit cachet. Ça desserrait quelque chose de profond dans son ventre, et ça l’aidait à laisser filer les heures tendues de l’orphelinat dans un état de demi-sommeil.

 

Page 57 : Elle se vit brusquement comme une petite personne sans importance – une orpheline brune d’allure quelconque vêtue du morne uniforme du foyer. Elle était deux fois plus petite que ces élèves insolents et sûrs d’eux, avec leurs voix puissantes et leurs pulls de couleurs vives. Elle se sentait impuissante et stupide. Et puis elle regarda de nouveau les échiquiers, avec leurs pièces disposées à leurs places familières, et les sensations désagréables s’atténuèrent.

 

Page 59 : À l’intérieur, certains élèves la fixaient du regard. Des garçons arrivaient du couloir et s’alignaient le long du mur du fond pour regarder la petite fille quelconque venue de l’orphelinat des marges de la ville qui passait de joueur en joueur avec l’énergie résolue d’un César sur le champ de bataille, d’une Anna Pavlova sous le feu des projecteurs.

 

Page 204 : Elle était seule, et ça lui plaisait bien. C’était comme ça qu’elle avait appris toutes les choses importantes de sa vie.

 

Page 330 : Et qu’est-ce que ça pouvait bien faire qu’elles soient des femmes ? Elle était meilleure que n’importe quel joueur masculin américain. Elle se souvint de la journaliste de Life et des questions qu’elle lui avait posées sur le fait d’être une femme dans un monde d’hommes. Qu’elle aille au diable ; Beth comptait bien faire en sorte que ce monde cesse d’être un monde d’hommes.

 

 

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