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Mon avis : La perle et la coquille – Nadia Hashimi

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Emmanuelle Ghez

Éditions Bragelonne-Milady

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

 

Quatrième de couverture :

 

-Tu pourras faire des tas de choses que tes sœurs ne sont pas autorisées à faire. On changera ta garde-robe et on te donnera un nouveau prénom. Tu pourras aller à l'épicerie chaque fois qu'on aura besoin de quelque chose, aller à l'école sans avoir peur d'être embêtée par les garçons, jouer à des jeux. Qu'est-ce que tu en dis ?

C'était le paradis, voilà ce que j'en disais !

 

Kaboul, 2007. Les Talibans font la loi. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, Rahima n'a pas de frère et son père est malade. Ses sœurs et elle ne peuvent donc en aucun cas quitter la maison – encore moins pour aller à l'école. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à cette fille de dix ans de se travestir jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se marier. Avec ses cheveux courts, vêtue comme un garçon, elle jouit alors d'une liberté qui va la transformer à jamais, comme son ancêtre Shekiba, un siècle plus tôt. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et constituent un vibrant témoignage sur la condition féminine en Afghanistan.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Après avoir lu et adoré Khaled Hosseini il y a quelques années, j'ai cherché d'autres lectures d'auteurs afghans, du moins qui racontent l'Afghanistan et j'ai trouvé Nadia Hashimi, américaine d'origine afghane dont les parents sont nés là-bas.

 

 

 

Mon avis :

 


Avec cette histoire on entre de plain-pied dans le monde des mâles prédateurs, dès le plus jeune âge d'ailleurs, cette société où les femmes-victimes sont forcément coupables. Cette société où les femmes et les filles ont peur et rasent les murs pour se soustraire aux regards concupiscents des hommes. Cette société où le respect de la femme n'est même pas un concept puisqu'il qu'il n'existe tout simplement pas, où les filles n'ont pas accès à l'instruction puisque de toute façon elles n'auront d'autre tâche que de servir et satisfaire leurs époux et mettre des enfants au monde, garçons impérativement.

Il y a une dureté incroyable à l'encontre des femmes dans cette histoire, y compris de la part des femmes. Comme si elles étaient tellement endoctrinées par les hommes, qu'elles font leur jeu.

C'est totalement glaçant.
Il est sans cesse question d'honneur et de famille mais il n'y a que les femmes qui subissent le poids des traditions. Et "l'honneur" des hommes se résume à ordonner, exiger, museler, frapper, violer et écraser les femmes.

On découvre ici l'histoire de Rahima qui devient Rahim grâce à une coutume afghane qui permet de faire comme si, dans les familles où il n'y a que des filles. Rahima est habillée en garçon et vit comme tel, va à l'école, joue au foot avec ses copains et peut même travailler. Elle est une basha posh, jusqu'au moment où elle sera en âge de se marier, c'est à dire dès la puberté où elle doit redevenir une fille.
Parallèlement on suit le destin d'une de ses ancêtres, Shekiba, défigurée, qui sera amenée à vivre en homme. Une centaine d'années sépare ces deux femmes, pourtant elles subissent aussi fort l'une que l'autre le joug des hommes.
L'alternance de ces deux personnages au fil des chapitres rend l'histoire très addictive.

 

Un jour Rahima sera mariée, ou plutôt vendue, vers 12 ans, en même temps que deux de ses sœurs, pour être la troisième ou quatrième épouse d'un homme plus vieux que son père.
Le mariage pour une fille veut dire être arrachée à sa famille, très jeune, pour épouser un "vieux", et être violée.
Le destin épouvantable de ces femmes est terrifiant.
Car les mères qui n'ont que des filles sont méprisées par tous et toutes, maltraitées, et le jour où on leur retire leurs filles, elles ne peuvent s'y opposer. C'est un déchirement absolu pour les mères et les filles. Les pères sont totalement indifférents au sort de leurs filles, sans aucune affection pour elles.
C'est sidérant de constater que mettre une fille au monde provoque de la déception, ne pas enfanter un garçon occasionne une profonde amertume.

On découvre là, avec shekiba et Harima, la douleur d'être femme dans une culture où elles n'ont pas voix au chapitre, où certaines rêvent d'émancipation pendant que d'autres n'imaginent même pas que ça puisse exister.
Cependant, durant tout le parcours de vie de ces deux femmes, j'ai avancé avec l'espoir de quelque chose mais sans savoir quoi précisément, envie d'un horizon dégagé au milieu de la douleur de cette oppression, un rayon de soleil dans ce tunnel de désespoir. Car oui, Shekiba et Rahima ont des désirs et des rêves, qui leur sont interdits dans cette société.

C'est un livre prenant et bouleversant qui nous parle des abus de pouvoir du patriarcat dans un pays où l'obscurantisme est très présent et où les femmes ont rarement accès à l'instruction, car elle amène à l'émancipation, et ça les hommes ne le veulent pas.

 

 

Citations :

 

Page 26 : - C'est ça que tu es venue me dire ? Qu'on a besoin d'un garçon ? Tu ne crois pas que je le savais déjà ? Si ta sœur était une meilleure épouse, alors peut-être que j'en aurais un !

 

Page 37 : Les personnes qui sont frappées par la tragédie plus d'une fois, peuvent être certaines que le sort va s'acharner et qu'elles pleureront de nouveau. Le destin trouve plus facile de revenir sur ses pas.

 

Page 60 : Une fille livrée à elle-même ! Quel déshonneur cela risquait de jeter sur la famille si quiconque au village venait à l'apprendre !

 

Page 212 : Ayant sauvé le village, Abdul Khaliq et ses hommes estimèrent qu'ils avaient gagné le droit de se servir comme ils l'entendaient. Ils pillèrent les maisons, violèrent les femmes. Le village n'avait aucun moyen de se défendre. La plupart des hommes étaient morts au combat.

 

 

 

 

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