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Mon avis : Mission Antarctique – Dominique Serafini et Paul Watson

Publié le par Fanfan Do

Publié par Sea Shepherd Conservation Society

 

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Quatrième de couverture :

MISSION ANTARCTIQUE est un reportage dessiné inspiré par les missions réelles menées par le capitaine Paul WATSON et l'équipe des volontaires de l'organisation SEA SHEPHERD. Le récit suit les actions des membres de SEA SHEPHERD et leur combat pour sauver les baleines pourchassées dans le sanctuaire de l'Antarctique par les baleiniers japonais. Le récit commence par la naissance d'un baleineau dans un lagon de l'océan indien et se poursuit au long de sa migration jusque dans les eaux glacées de l'Antarctique.
MISSION ANTARCTIQUE est un récit qui informe les jeunes lecteurs sur la vie des baleines, ces géants, dont l'avenir dépend d'un groupe de volontaires animés du désir de les protéger des harponneurs japonais, qui, loin des yeux du public, continuent à tuer les baleines sous des prétextes pseudo scientifiques.
Le personnage principal est le capitaine PAUL WATSON, l'un des membres fondateurs de GREENPEACE, une organisation qu'il a quitté pour pouvoir mener, avec SEA SHEPHERD, des combats plus radicaux contre les braconniers qui pillent les ressources naturelles de la planète. Ses premières actions se sont déroulées sur la banquise du Canada contre les tueurs de bébés phoques. PAUL WATSON n'est pas un héros de papier ni un écologiste de salon. Il ne dispose pas de pouvoirs surnaturels. Entouré d'un groupe de volontaires internationaux, il ne craint pas d'engager ses équipes et ses bateaux dans un combat très dangereux contre les tueurs de phoques, les baleiniers, les coupeurs d'ailerons de requins et les trafiquants d'ivoire en Afrique.
Pour créer ce récit, DOMINIQUE SERAFINI a quitté son voilier et a repris sa planche à dessin et ses pinceaux. Après avoir navigué à bord de la Calypso avec le commandant Cousteau pour réaliser la fameuse série "L'Aventure de l’Équipe Cousteau", il repart à l'aventure, armé de ses carnets de croquis, avec l'équipe de SEA SHEPHERD.
www.seashepherd.fr

 

 

Mon avis :
Le capitaine 
Paul Watson, un homme que j'admire, a voué sa vie à la sauvegarde de tout ce qui est important pour la survie de l'humanité. Il se bat contre tous ceux qui pillent la nature, au risque de sa vie, jour après jour. Mais son vrai credo est son amour des animaux. Cette bande dessinée nous raconte un pan de son combat, celui où il fait barrage aux baleiniers japonais.

À chaque fois que j'apprends quelque chose d'essentiel sur la marche du monde, comme dans ce livre, je suis partagée entre l'envie de pleurer ou de hurler tant le fric est le grand maître de l'univers. Peu importe que nous courions à la catastrophe par la cupidité d'une poignée d'hommes hauts placés, rien n'est fait pour endiguer le désastre car ces gens doivent croire que l'argent les protégera de tout. Et les gouvernements s'en foutent ou sont carrément partie prenante.

Ce livre ne raconte pas que l'histoire de 
Paul Watson et sa mission en Antarctique contre les bateaux-usines japonais. Ça nous parle des mammifères marins et donne des informations très intéressantes sur ces animaux. C'est paraît-il une BD jeunesse, donc je dois être très jeune car j'ai adoré et j'ai appris des choses, sur la faune, sur les écosystèmes, sur la bêtise humaine (non, ça je le savais déjà), sur la catastrophe annoncée. Ou du moins ça m'a remis tout ça en mémoire. Il faut savoir qu'il n'y a pas que la chasse qui est destructrice pour les mammifères marins. Il y a aussi tous les bruits liés à l'activité humaine qui les perturbent énormément et parfois les tuent. Car le monde du silence comme l'appelait le commandant Cousteau, n'est pas du tout silencieux, bien au contraire.

Paul Watson, grand défenseur de la nature, est considéré par beaucoup comme un pirate. N'avons-nous pas nous-même un ministre qui a inventé le terme d'écoterroristes pour qualifier des gens qui se battent pour sauver ce qui doit l'être ? Alors que les vrais pirates, les vrais terroristes, ce sont les pilleurs de la nature. Les multinationales, les gouvernements, tous ceux qui s'en mettent plein les poches, au détriment de notre avenir.

 

Citations :

Page 24 : Le massacre s’est accéléré avec l’invention du harpon explosif et la motorisation des navires. Les baleines n’ont plus aucune chance d’échapper aux harponneurs, et, en moins d’un siècle, les baleines ont presque disparu.

En 1986, un moratoire a été signé pour stopper la chasse. Mais les Islandais, les Norvégiens et les Japonais refusent de respecter ce pacte international et ils continuent de chasser illégalement.

 

Page 35 : Les équipes de SEA SHEPHERD sont composées de volontaires non armés. Les baleiniers japonais sont équipés de canons à eau glacée à haute pression. SEA SHEPHERD lutte dans le monde entier pour sauver les espèces protégées contre des braconniers lourdement armés et financés par des compagnies internationales et des gouvernements.

 

Page 38 : Les pinnipèdes comme les phoques sont aussi des mammifères marins. Les mammifères sont des êtres assez proches des êtres humains qui pourtant, les massacrent sans scrupules.

 

Page 43 : Il existe de nombreux témoignages d’interactions magiques entre humains, dauphins et baleines. Nous avons beaucoup à apprendre d’eux.

 

 

 

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Mon avis : Les mots immigrés – Erik Orsenna et Bernard Cerquiglini

Publié le par Fanfan Do

Éditions Le Livre de Poche

 

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Quatrième de couverture :

Et si les mots immigrés, c’est-à-dire la quasi-totalité des mots de notre langue, décidaient de se mettre un beau jour en grève ? De prendre la parole, et de nous raconter leur histoire ? Notre histoire, donc. Ce jour-là, les apôtres de la pureté nationale deviendraient muets. Il n’est pas interdit de rêver
Par la voie du conte, ouverte avec La grammaire est une chanson douce, Erik Orsenna rend vivante l’histoire de la langue française. Bernard Cerquiglini lui apporte ses lumières aussi incontestées que malicieuses. Il n’existe aucun mot « de souche », nous rappelle ce récit savoureux et nécessaire.


 

 

Mon avis :
J'ai entendu parler de ce livre sur 
France Inter et j'ai trouvé l'émission passionnante. le français est une langue vivante, donc vouée à évoluer en permanence. Je suis généralement furieuse contre ceux qui refusent la féminisation des noms de métiers, comme autrice, sous prétexte que ce n'est pas beau ou pas français. Ah bon ? Donc ce livre est fait pour tous les coincés dans leurs certitudes, les ayatollahs de la langue, dont je fais parfois partie, sauf que moi c'est sur les pléonasmes que je bloque comme par exemple "au jour d'aujourd'hui" Grrr que c'est laid, mais surtout les andouilles qui pensent qu'il ne faut pas toucher au français (oups pardon Papa)… ceux qui détestent les néologismes.
Un livre qui va nous apprendre qu'il y a peu de mots réellement français dans notre belle langue ? Et voilà que j'étais partie pour une aventure enrichissante et peut-être un petit tour du monde dans ma langue natale.

Partant d'un principe discutable : la France aux français, les deux auteurs nous emmènent sur les traces de notre belle langue afin de nous démontrer qu'il s'agit avant tout de mélanges, d'emprunts et surtout d'échanges.
C'est présenté sous forme de roman, où les mots sont des personnages ainsi que les langues. Des personnages qui râlent, qui se mettent en grève, et surtout qui nous racontent l'origine des mots tout en nous faisant un petit cours d'histoire au passage. Et je dois dire que ça casse un peu ce que l'on croyait savoir de nos réalités erronées.

J'ai beaucoup aimé, bien que parfois j'ai eu quelques difficultés à suivre les raisonnements que j'avais sous les yeux. C'est sans doute le défaut de ceux qui connaissent trop bien leur sujet. Il est tellement évident pour eux qu'il oublient parfois de nous montrer clairement le chemin qu'ils nous tracent, car chaque détail peut être obscur pour les profanes. Naaaaan, en vrai c'est super bien fait, avec humour !!! Il y a trop Longtemps que j'ai quitté l'école et je ne suis plus habituée à suivre… XD

Depuis l'enfance où on m'a dit que nos ancêtres étaient les gaulois, je me suis demandé quelle langue ils parlaient. Puis les francs, d'où nous tirons notre nom sont arrivés, ils ne parlaient pas le gaulois, ni le gallo-romain, ni le latin, mais le francique qui était une langue germanique… Et puis le grec. Et puis l'arabe. Et puis l'italien. Et puis, et puis, et puis… ce livre nous apprend des quantités de choses incroyables sur l'origine de notre langue et de nos connaissances, j'ai adoré !

On voit bien, au passage, que tout n'est que croisement et mélanges, du plus petit détail de nos vies - le vin, les vêtements par exemple - jusqu'aux technologies, et surtout la langue, et cela depuis toujours. On pourrait appeler ça échanges de bons procédés, non ?

 

Citations :

Page 18 : Belle occasion de réaffirmer ce que tout le monde devrait savoir : ce ne sont pas les mots, les bavards, mais seulement toutes ces bouches qui les moulinent du matin jusqu’au soir et à tort et à travers !

 

Page 35 : Nous n’en pouvons plus de ces caricatures ! Nous, Gaulois, n’étions pas de gros imbéciles vivant dans des huttes et ne pensant qu’à bouffer des sangliers ! Figurez-vous que nous habitions de belles maisons dont la charpente en bois était la plus moderne de l’époque. Nous étions d’habiles commerçants, nous parcourions les chemins sur des chars plus solides et confortables que ceux des romains.

 

Page 67 : L’Académie française est fondée en 1635, et chargée de « donner des règles certaines à notre langue pour la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ». Pour ce faire, elle va travailler à un dictionnaire du français « correct ». Bientôt fourmillent les grammairiens ! Vaugelas, suivi d’une cohorte d’imitateurs et de commentateurs, établit les règles du bon usage. Mais après quelques décennies de passion pour les règles, l’envie de nouveauté revient. On la sent chez Molière, attentif aux parlers des paysans, des servantes, des Précieuses, d’un pseudo-Grand Turc…

 

Page 75 : Nous avons longuement évoqué l’arabe ; mais impossible de passer sous silence l’apport de l’hébreu (cidre, manne, scandale), de l’espagnol (hâbleur, escamoter, paëlla, matador), avec ce chef-d’œuvre qu’est la cédille, « petit z » (comment, en restant poli, prononcer sans elle « malfaçon »?), ou le portugais (caramel, fétiche, marmelade), et le russe (cosaque, oukase, steppe). Et puis les autres langues slaves, car la meringue est polonaise, le robot tchèque, le vampire serbe…

 

Page 79 : Dans le courrier des internautes, une interrogation revenait, de plus en plus insistante : les mots, à la différence des humains, circulent-ils librement ?

 

 

 

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Mon avis : Sherlock Holmes et le Démon de Noël – James Lovegrove

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Arnaud Demaegd

 

Éditions Bragelonne

 

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Quatrième de couverture :

1890. Sherlock Holmes et John Watson reçoivent à Baker Street la visite d'une nouvelle cliente. Eve Allerthorpe, fille aînée d'une dynastie prestigieuse mais quelque peu excentrique du Yorkshire, se trouve dans une profonde détresse : elle se croit possédée par un démoniaque esprit de Noël.

Eve doit hériter d'une fortune à condition d'être saine d'esprit, mais il semble que quelque chose - ou quelqu'un - menace son équilibre mental. Holmes et Watson partent enquêter au château de Fellscar, demeure familiale des Allerthorpe, mais s'aperçoivent vite que l'affaire est plus complexe qu'il y paraît. Un autre esprit hante la famille ; et lorsque l'on découvre le cadavre d'un membre de la maisonnée, le duo comprend que nul n'est au-dessus de tout soupçon...

 

 

Mon avis :
N'ayant jamais lu 
Sherlock Holmes ni aucun roman de Conan Doyle d'ailleurs, je serais bien incapable de dire si c'est fidèle à l'original ni à l'état d'esprit de cet auteur. En tout cas, on entre de plain pied dans l'histoire et c'est immédiatement prenant. du moins au début. le narrateur n'est autre que John Watson, le très bon ami et compère de Sherlock. J'ai cru comprendre que c'est le cas dans les romans de Conan Doyle et qu'ainsi James Lovegrove est conforme à son inspirateur.

Noël 1890.
Au château de Fellscar un suicide a eu lieu quelques mois plus tôt. Depuis, un fantôme semble hanter les lieux ainsi qu'un monstre terrifiant dont les descriptions m'ont fait penser à l'ankou, monstre breton personnifiant la mort, mais aussi au wendigo, créature maléfique issue de la mythologie des premières nations algonquiennes du Canada. Donc un monstre rode... et Eve Allerthorpe qui dit l'avoir vu fait appel à 
Sherlock Holmes et Watson pour résoudre l'affaire. Elle attend un héritage, mais elle l'aura uniquement si elle est saine d'esprit.

Hélas, j'ai finalement eu un peu de mal à entrer dans l'histoire. Au bout de 100 pages il ne s'était toujours pas passé grand chose. En fait, tout est très lent. Mais heureusement, c'est à peu près au bout de cette centaine de pages que les choses ont commencé à devenir intéressantes. Méthodiquement, le pragmatique Holmes observe, analyse et tire des conclusions de tout et on sait qu'il va accumuler les éléments qui vont l'amener à la résolution de l'énigme. Cependant, Watson est beaucoup moins cartésien que Holmes, ce qui m'a beaucoup étonnée de la part d'un médecin. En même temps ça apporte une contradiction dans le binôme et c'est assez amusant d'assister à leurs échanges.

J'ai énormément aimé le côté gothique, tant dans les descriptions du château de Fellscar que dans l'ambiance mystérieuse qui y règne. Ce fut une lecture agréable, notamment grâce aux personnalités bien trempées des différents personnages. En revanche, je n'ai pas trouvé qu'il y avait un suspense haletant comme on est en droit de l'espérer dans une enquête sur un meurtre perpétré par une créature légendaire.

Et moi qui reste réfractaire aux liseuses, les Éditions Bragelonne me confortent dans mes certitudes, spécialement avec la collection steampunk. Car il faut bien reconnaître que leurs livres sont absolument magnifiques avec leurs coins arrondis et leurs tranches dorées, les dorures sur les couvertures, ainsi que les mises en page, et le plaisir de tenir un si bel objet dans ses mains n'existe pas avec une liseuse.

 

Citations :

Page 35 : Je vis que Holmes faisait son maximum pour cacher son scepticisme. De son point de vue, les fantômes n’existaient pas, au même titre que tout autre forme de phénomène paranormal. Il était inflexible sur ce point : tout ce qui se donnait l’apparence du surnaturel, une fois soumis à une analyse adéquate, se révélait finalement n’être que le fruit d’une mauvaise interprétation des données, un fait naturel inédit ou un mensonge éhonté. Pour lui, la lumière vive et impitoyable de l’empirisme était capable de dissiper toutes les ombres.

 

Page 63 : Le valet referma la porte et disparut sans nous inviter à entrer.

Qu’ils sont désagréables, dans cette maisonnée, observai-je.

Jusqu’ici, c’est vrai. Une grande fortune est une bénédiction, mais elle peut aussi vous isoler. La majorité des gens qui vous entourent vous voient uniquement comme une ressource à piller, et votre confiance en autrui s’en trouve érodée.

 

Page 112 : Que signifie cette période de l’année sinon le renouveau et la renaissance ? Noël est enraciné dans des traditions qui datent d’avant les religions modernes. C’est une fête chrétienne qui s’appuie sur une fête païenne beaucoup plus ancienne.

 

Page 285 : Que dire de cette longue attente dans le froid ? Dois-je préciser que l’air glacé semblait s’insinuer entre mes muscles pour pénétrer jusque dans mes os endoloris ? Expliquerai-je que e silence emplissait mes oreilles comme s’il avait été doté de substance ? Évoquerai-je mes piétinements silencieux mais constants, mes mouvements de doigts ininterrompus, sans lesquels j’eusse perdu toute sensation dans mes extrémités ?

 

 

 

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Mon avis : Le Havre – Tome 2 – Des années sombres aux Géants – Dominique Delahaye – Béatrice Merdrignac

Publié le par Fanfan Do

Éditions Petit à Petit

 

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Quatrième de couverture :

Savant mélange de bandes dessinées et de documentaires, cet album vous emportera dans la passionnante Histoire du Havre, rythmée par les évocations de la salamandre, blason immortel de la ville.

Découvrez comment Le Havre fut transformée par l'industrialisation, bouleversée par les guerres, pour désormais s'afficher, glorieuse et victorieuse, comme la cité des géants !


 

 

Mon avis :
Me voilà de nouveau embarquée pour 
Le Havre, à bord du Napoléon Aviso le 15 février 1843 à son entrée dans le port.
Premier port baleinier de France et premiers essais du Nautilus qui a réellement existé et inspiré 
Jules Verne.

Des écoles laïques sont ouvertes, bien avant les lois de 
Jules Ferry, au grand dam des ecclésiastiques. Le Havre a eu depuis bien longtemps une politique très humaniste.

On apprend pourquoi et comment la ville est devenue une station balnéaire au milieu du XIXe siècle. D'ailleurs j'ai encore une fois appris beaucoup de choses, surtout que 
Le Havre a été une ville très avant-gardiste, souvent première à inaugurer des nouvelles technologies.

Le Havre bombardé par les anglais en septembre 1944 est quasiment rasé. La ville basse est en ruines. Puis vient la reconstruction.
Caucriauville, plateau champêtre dans les années 50, transformé en immense cité d'immeubles et de tours avec des installations étonnantes pour l'époque.


Le Havre, port d'attache du paquebot France dès 1961, qui a fini par moisir quai de l'Oubli avant de partir en Norvège, au grand désespoir des havrais.

Le Havre berceau du rock français, avec Little Bob Story puis d'autres groupes par la suite.
C'est une ville à l'histoire riche, terreau de nombreuses innovations, dont les habitants sont fiers. Les havrais sont très attachés à leur ville et quand ils partent, ce n'est jamais très longtemps, ils y reviennent toujours, ou presque.
Cette BD en deux tomes nous parle de tout ça avec talent.

Et alors que j'ai si souvent pris les rues Augustin Normand, Lesueur, Jules Siegfried… je sais maintenant qui sont ces hommes. Ils ont une importance majeure dans l'histoire du Havre.
J'ai bien retrouvé l'ambiance et le caractère havrais dans les dessins et les bulles. C'était comme si j'y étais, j'ai adoré !

Je viens de découvrir qu'un troisième tome est sorti le 15 novembre : 
Le Havre, l'histoire des quartiers. Et bien sûr, j'ai l'intention de le lire !

 

Citations :

Page 31 : Le 24e régiment d’infanterie territoriale est celui des « pépères » (30 à 41 ans).

 

Page 31 : Les femmes sont appelées à remplacer les hommes partis sur le front : elles deviennent factrices, cochers de fiacre ou conductrices de tramways. Plus de 4000 havraises sont embauchées dans l’industrie d’armement : on les appelle « munitionnettes ». Certaines font de la couture dans les ateliers municipaux ou dans les camps anglais. Mais malgré l’augmentation des prix (pain, lait, charbon, etc.), elles sont moitié moins payées que les hommes.

 

 

 

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Mon avis : Deep winter – Samuel W. Gailey

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Laura Derajinski

 

Éditions Gallmeister - Totem

 

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Quatrième de couverture :

Danny ne sait pas quoi faire du cadavre qu'il vient de découvrir. Ce corps, c'est celui de Mindy, sa seule amie dans la petite ville de Wyalusing, en Pennsylvanie. Depuis la tragédie survenue dans son enfance qui l'a laissé orphelin et simple d'esprit, tous les habitants de Wyalusing méprisent Danny, le craignent et l'évitent. Aux yeux du pourri qui sert de shérif adjoint à la ville, Danny est le coupable idéal pour ce crime. Alors en quelques heures, l'équilibre précaire qui régnait jusqu'ici à Wyalusing va chavirer.


 

 

Mon avis :
Le roman commence sur la découverte par Danny du corps de Mindy. Danny, géant débonnaire et simple d'esprit, et Mindy qui était une des seules personnes à être gentille avec lui.
Puis retour en arrière, dix-huit heures plus tôt, on fait la connaissance de Sokowski, shérif adjoint et gros connard du genre viril répugnant, arrogant, méprisant, bête et méchant, obsédé et phallocrate, superbe échantillon de la nullité incarnée, et son âme damnée Carl, le suiveur et "gros tas débile". Une vraie équipe de champions…

Les chapitres portent à tour de rôle les noms de Danny, Mindy et Sokowski, puis peu à peu, d'autres personnages viennent s'ajouter : Carl, Lester, Taggart, etc... On les découvre les uns après les autres, qui vivent tous avec leurs démons, des vies difficiles et douloureuses, souvent faites de regrets, de sentiments d'échec et d'incompréhension.

Évidemment Danny apparaît comme le coupable idéal dans le meurtre de Mindy. Une angoisse s'installe, liée à un terrible sentiment d'injustice, mais aussi à la candeur et la douceur du suspect.
Dans ce lieu enneigé, à travers ces bois glacés, avec ces américains bruts de décoffrage, j'ai été tenue en haleine, totalement happée par l'histoire et l'ambiance. Car certains veulent faire justice eux-mêmes.

Quand l'incompétence, la corruption et la perversité se conjuguent pour faire d'une vie un enfer, on se sent totalement en empathie avec Danny, ce grand petit garçon au cœur tendre.
On fait là une incursion dans l'Amérique profonde qui sent la bière, le whiskey et le shit, qui défouraille à tout va, qui cogne avant de réfléchir mais qui ne réfléchit pas forcément après.
Un roman totalement palpitant et angoissant.
J'ai beaucoup aimé, j'aurais voulu pouvoir le lire d'une traite. Hélas, les obligations…

 

Citations :

Page 13 : Il faisait souvent de son mieux pour ne pas pleurer. Oncle Brett disait que les vrais hommes ne pleurent jamais comme des bébés.

 

Page 58 : Sokowski et Carl étaient déjà défoncés quand ils arrivèrent au Teddie’s. Pendant les trente-deux minutes de trajet, ils avaient fait tourner une bouteille de Wild Turkey et deux gros joints. Ils avaient parlé de baise et de came, et encore de baise. Ils avaient évoqué celles qu’ils baiseraient, et celles qu’ils ne baiseraient pas, et celles qu’ils avaient déjà baisées. Toute cette conversation de baise les avait bien fait marrer.

 

Page 111 : Il critiquait peut-être tout le temps Kelly quand il était avec Sokowski, mais c’était une femme bien — elle l’avait épousé, lui et son cul minable. C’était une bonne maman, aussi. Elle élevait les mômes du mieux qu’elle pouvait. Et qu’est-ce qu’elle obtenait en échange ? Tout ce qu’il faisait, lui, c’était râler et se plaindre de toujours manger des escalopes de poulet panées, que le mobil-home était une vraie porcherie, qu’elle passait son temps à glandouiller en regardant cette foutue Roue de la fortune à la con.

 

Page 113 : Taggart gardait toujours un livre à portée de main. Il aimait mieux lire que discuter avec les atrophiés du cerveau qui lui faisaient office de collègues.

 

 

 

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Mon avis : Sous un grand ciel bleu – Anna McPartlin

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Valérie Le Plouhinec

 

Éditions Pocket

 

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Quatrième de couverture :

Rabbit a rendu son dernier souffle. Elle était leur fille, leur sœur, leur mère. Elle était leur soleil. Comment, dans cette famille d'ordinaire si loufoque, retrouver goût à la vie ? Davey l'a promis à sa sœur : il prendra Juliet avec lui. Mais comment s'occuper d'une enfant de douze ans quand le seul engagement qu'on a eu dans sa vie, c'est un abonnement au magazine Rolling Stone ? Comment garder la foi, quand on a perdu un enfant ? Chacun à sa manière, les Hayes vont tenter de surmonter leur chagrin.
À chaudes larmes ou à grands rires, la résilience en souriant...


 

 

Mon avis :
Oyez oyez braves gens ! Si vous avez versé votre petite larme avec 
Les derniers jours de Rabbit Hayes, vous allez recommencer immédiatement avec le prologue qui revient sur l'instant précis où Rabbit meurt. La terreur qui vous assaillent au moment de perdre un être cher est si bien décrite… ça sent le vécu.

Rabbit a eu le cancer car elle avait le gène BRCA2. Ce gène défectueux qui multiplie les risques, ce gène qui va sournoisement nous accompagner tout le long du roman, si discrètement qu'on l'oublierait presque…

Chaque chapitre met l'accent sur un des très proches de Rabbit. Il y a Molly, la mère, clé de voûte de la famille et véritable emmerdeuse qui n'en fait qu'à sa tête sans se soucier des désirs d'autrui. Je ne l'aimais déjà pas tellement dans le premier tome, je ne l'aime toujours pas. Pourtant elle doit bien avoir des qualités… Charitable et formidable il paraît. Et elle est drôle.
Puis Jack, le père, qui aime Molly et dit amen à tout, ou presque.
Grace sa sœur et Davey son frère, Juliet sa fille inconsolable, Marjorie sa meilleure amie, tous malheureux à se demander si le monde va être supportable à présent, tous unis par une grande affection. Car chez les Hayes c'est la maison du bon dieu. La porte a toujours été ouverte à tous les amis de leurs enfants. Une famille élargie en somme. Et nous, on les suit alors qu'ils tentent de surmonter cette perte immense, chacun à sa façon.

Malgré le deuil, c'est une belle histoire, celle des gens, de la vie, de la mort, de comment faire après, du lent passage de la douleur infinie liée à la perte, du sentiment d'injustice et de vide absolu, du temps qui passe inexorablement, de la reconstruction. Ça raconte un peu la vie de tout un chacun et ça dit de très belles choses, que ce soit sur le bonheur ou sur la tragédie. C'est émouvant au plus haut point, puis parfois au détour d'une larme, d'un moment de joie, d'exaspération, de convivialité, on est saisi par l'humour d'une situation, d'une phrase, et on éclate de rire. C'est ce qui m'avait fait dire du premier opus que c'était très gai alors que la mort se profilait à l'horizon.

Tous les proches de Rabbit vont être changés à jamais par sa mort, on les voit devenir autre à force d'introspection, et le chemin parcouru ne les éloignera pas d'elle mais leur fera prendre de la hauteur. Car un deuil, c'est un morceau de soi qui meurt.
Comment apprendre à vivre sans quelqu'un qui nous était indispensable ? Un jour après l'autre… et la vie continue. Et la foi dans tout ça ? Eh bien, certains la perdent dans cette ère d'après Rabbit.
C'est réellement une belle histoire où l'amitié, l'attachement et la loyauté sont prépondérants, où la famille au sens large est une colonne vertébrale, un pilier, un mur porteur, qui aide à traverser les pires moments de la vie et qui pourtant parfois ajoute de la peine à ces pires moments.

 

Citations :

Page 10 : Molly affichait un calme de façade. Elle savait la mort imminente. Elle avait parfaitement conscience que, d’une seconde à l’autre, Rabbit s’en irait pour ne plus jamais revenir. Je t’aime, Rabbit. Je t’aime. Je t’aime tellement. Ta maman t’aime, tu sais.

 

Page 34 : Elle essuya la buée du miroir, révélant une femme qui ressemblait à une autre. Intérieurement aussi, elle se sentait changée. Marjorie sans Rabbit était quelqu’un d’autre.

 

Page 72 : Davey visualisa Johnny Faye, son meilleur pote, l’auteur-compositeur-interprète exotique et génial qui s’était approché tout près du soleil mais qui était parti trop tôt, et de manière terrible.

 

Page 90 : Ça va, tu me connais. Donc évidemment ça ne va pas, mais tu sais… ça va, quoi. On n’est que le deuxième jour et je déteste déjà le monde sans toi, donc tout roule.

 

Page 112 : — Je crois en Dieu, le Père… commença Molly avant de s’arrêter net.

Mais est-ce que j’y crois, au fond ? Combien de fois faut-il frapper à la porte avant d’admettre qu’il n’y a personne ?

 

Page 290 : Le fait que sa mère n’ait pas une tombe ni même une inscription sur un mur posait un vrai problème à Juliet.

C’est comme si elle n’avait jamais été là, ou comme si tout le monde s’en foutait.

 

Page 291 : Tu vois ? Ça, là, « bénis l’Éternel », c’est du fayotage, carrément. Les chrétiens savent tous que leur dieu aime les fayots.

 

 

 

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Mon avis : Le Havre Tome 1 – De la Préhistoire à nos jours – Dominique Delahaye et Béatrice Merdrignac

Publié le par Fanfan Do

Éditions Petit à Petit

 

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Quatrième de couverture :

Sur les traces de la salamandre, emblème de François 1er, découvrez, avec un subtil mariage de bandes dessinées et de documentaires, la formidable Histoire d’une ville unique au monde !

 

De la Préhistoire à la Révolution, les petites histoires qui ont fait la grande Histoire du Havre vont vous étonner, vous passionner et vous émerveiller/

 

Prêts à embarquer pour un formidable voyage dans le temps ?

Montez à bord et laissez vous guider !


 

 

Mon avis :
Me revoilà repartie au Havre, moi qui l'ai tant aimé. Mais je n'y suis que par bande dessinée interposée. J'ai encore quelques livres sous le coude concernant cette ville si spéciale à mon cœur.
Donc ce livre nous raconte l'histoire du Havre à partir de 6500 ans avant notre ère alors que je croyais qu'avant François 1er il n'y avait rien là, sinon la mer et des marécages… il faut dire qu'au Havre, on nous le vend bien l'François 1er ! Avec sa statue immense, et surtout son profil inoubliable, qui trône dans le hall de l'hôtel de ville, et le boulevard François 1er, la clinique François 1er, le lycée François 1er. Il est partout vous dis-je !!!
Or donc, grâce à cette bande dessinée, j'apprends que 11000 ans avant JC il se passait déjà des choses au Havre !

Dès la première page, l'auteur prévient le lecteur qu'il a pris quelques libertés avec la réalité historique. Et cette BD n'est pas que cela. À chaque élément et chaque chapitre qui constitue l'histoire de cette ville - les premiers hommes, Harfleur, les drakkars dans l'estuaire, les vikings, etc... - une à trois pages de texte et de photos puis des pages de bd de l'histoire "romancée". Et plusieurs fois la salamandre, symbole de la ville, revient, mais pas que... outre la salamandre et François 1er, il a aussi omniprésents dans l'histoire du Havre : les vikings.

À chaque chapitre, un repère chronologique en bas de page, très clair, j'ai adoré.
Ce livre est très bien fait et passionnant. On apprend énormément de choses sur 
Le Havre, et quand, comme moi on y a vécu quelques années sans en être originaire, ça répond à beaucoup de questions. Entre autre, pourquoi beaucoup de communes ont des noms qui finissent en "bec" ou en "tot".
On apprend beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses sur 
Le Havre, de la préhistoire à la révolution. Pour la suite, il y a le tome 2.

Donc voilà, moi qui croyais que 
Le Havre était une ville relativement récente, 500 ans c'est un bébé, j'ai découvert une histoire foisonnante, qui remonte à bien avant François 1er. Et pour ce petit périple enrichissant dans le passé, j'ai été guidée par une salamandre…

Côté BD, les graphistes et les coloristes se succèdent, avec bonheur, même si au moins une fois je n'ai pas été fan du graphisme. Mais je ne donnerai pas de nom, non, non.

 

Citations :

Page 27 : Les traces sont présentes dans la langue et dans les noms de lieux : turbot, homard, lieu viennent de l’ancien scandinave, ainsi que de nombreux termes nautiques tels que quille, hune, etc. De même, les toponymes révèlent cette colonisation scandinave comme par exemple les noms qui se terminent en « bec » ou « becq » (de bekkr, ruisseau), comme Caudebec le « ruisseau froid », ou ceux qui se terminent en « tot » comme Routot ou Yvetot, et qui dérivent de topt (terrain avec ou sans habitation).

 

 

 

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Mon avis : Le dernier des siens – Sibylle Grimbert

Publié le par Fanfan Do

Éditions J’ai Lu

 

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Quatrième de couverture :

1835. Gus, un jeune zoologiste, est envoyé par le musée d'Histoire naturelle de Lille pour étudier la faune du nord de l'Europe. Lors d'une traversée, il assiste au massacre d'une colonie de grands pingouins et sauve l'un d'eux. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp. Sans le savoir, Gus vient de récupérer celui qui sera le dernier spécimen sur terre de l'oiseau.

 

Au cours des quinze années suivantes, Gus et Prosp vont voyager des îles Féroé vers l'Islande.
Gus prend progressivement conscience qu'il est peut-être le témoin d'une chose inconcevable à l'époque : l'extinction d'une espèce. Alors qu'il a fondé une famille, il devient obsédé par le destin de son ami à plumes, au détriment de tout le reste. Mais il vit une expérience unique, à la portée métaphysique troublante : que veut dire aimer ce qui ne sera plus jamais ?


 

 

Mon avis :
Ouh là quelle entrée en matière ! Un massacre de pingouins… nous sommes malheureusement une espèce cruelle et destructrice.
1835, Eldey, petite île au sud-ouest de l'Islande. Gus, un jeune zoologue sauve un pingouin blessé et le ramène chez lui.

Alors que Gus à sauvé ce pingouin par pur intérêt professionnel, au fil des jour lui et l'animal s'observent et apprennent à s'apprivoiser. À vivre avec cet étrange oiseau, Gus en vient à s'interroger sur la condition animale qui à cette époque n'intéressait personne et à vrai dire n'était même pas un concept.

Rapidement on apprend que ces pingouins ont une valeur marchande énorme du fait de leur rareté. Mais alors pourquoi ce massacre du début de tous les individus et de leurs oeufs !?? C'est se tirer une balle dans le pied, ça ! de ce fait, la situation m'a généré une angoisse sur le devenir de ce pingouin là, qui a d'autant plus de valeur qu'il est le dernier et donc qui peut être convoité par des gens malveillants.

Gus et Prosp (le pingouin), deux solitudes qui s'unissent, s'observent, se découvrent, et finissent par avoir besoin l'un de l'autre.
À une époque où les animaux existaient essentiellement pour nous servir, cette belle histoire parle d'amitié inter espèce, d'ouverture d'esprit, de confiance et d'attachement.

Pour moi, cette lecture, ça a été comme d'observer deux créatures étranges : le Prosp et le Gus. J'ai eu souvent l'impression d'avoir sous les yeux deux animaux, l'un pingouin, l'autre humain, et les voir évoluer dans un environnement qui ne leur était pas familier, dans des circonstances inhabituelles, pour l'un comme pour l'autre, qui se recréent une famille à eux deux.

Une belle méditation sur le respect de la vie et sur la valeur qu'on accorde ou non à celle des animaux. Mais aussi une réflexion sur notre responsabilité dans l'éradication des espèces que beaucoup trop d'entre nous minimisent.
Et si ce roman racontait aussi la quête de l'eldorado des pingouins ? de leur Éden ? Car Prosp est seul, il ne connaît aucun pingouin. C'est bizarre ce que je dis ? Ce livre amène à se poser des questions singulières... Tour à tour révoltant, triste, intrigant, mignon, drôle, émouvant, attendrissant, toutes ces émotions m'ont habitée. Je me suis même demandé si cette histoire ne me faisait pas glisser dans l'anthropomorphisme, prêtant à Prosp des pensées qu'il n'a pas. Car bien sûr les pingouins ne pensent pas, du moins pas comme nous. Mais il m'est souvent apparu comme un petit garçon dans ses attitudes. Et je l'ai adoré ! le lien qui se crée au fil du temps entre Prosp et ce doux dingue de Gus est assez magique, et magnifique.

Des moments lyriques et éthérés, beaux comme du Mozart, quand l'autrice imagine les pensées de Prosp, qui ignore qu'il est un grand pingouin, une très belle écriture au service d'une histoire d'amour entre lui et sa famille d'humains, lui le dernier de son espèce dont Gus endosse la culpabilité car il est un homme et donc de ceux qui portent cette terrible responsabilité. Sibylle Grimbert met en parallèle l'essence même de ce que sont Prosp et Gus, dont les facultés essentielles ne sont absolument pas les mêmes, et ça rend ce qui les unit d'autant plus beau.
Je me suis surprise à rêver d'avoir la chance de connaître un Prosp. Oui mais voilà, il n'y en a plus. Les humains l'ont fait disparaître de la surface de la Terre.
À l'aube de la sixième extinction, ce roman est un bel hommage, rendu aux espèces disparues par notre faute.

 

Citations :

Page 21 : Le quatrième jour, il refusa de se nourrir.

Cet animal est buté, pensa Gus, il manque d’intelligence, de sens du futur, cet animal est stupide, voilà, il préfère mourir de faim que rester dans une cage. Gus lui en voulait. Un homme cesserait-il de manger parce qu’il est en prison ? Non, mais justement le pingouin n’avait pas de ressort dans l’adversité, il était défaitiste.

 

Page 59 : Gus le regardait avaler ses poissons, émettre des bruits de déglutition, des cris de réconfort, et il comprenait que sans lui , ce qui vivait, là, sur le sol, mourrait. L’impératif était rendu encore plus grand par leurs différences insurmontables, par le fait qu’ils ne se parleraient jamais, ne se comprendraient jamais, que la seule chose qui les unissait était une connaissance intuitive de la vie, qu’ils voulaient l’un et l’autre conserver.

 

Page 114 : Mais non, le dodo a été une exception, un accident ; les animaux ne disparaissent pas, pensa-t-il aussitôt. La terre n’est que profusion. Certes, jadis, les mammouths, les mégalonyx – cet énorme paresseux, de la taille du mastodonte – s’était éteints. Certes, les bêtes se transforment sans doute, les catastrophes les tuent ou, parfois, parce que les conditions autour d’elles changent, une espèce devient plus adroite et prolifère quand une autre s’amenuise. Mais, la nature, si bien huilée, si équilibrée, empêche la fin de ce qui n’est pas nuisible à l’homme. Et d’ailleurs, la terre est si vaste que, peut-être, quelque part au milieu du Pacifique, ou dans les pôles gelés, sont cachées les espèces que l’on pensait mortes.

 

Page 130 : À quoi ressemble le chagrin, la désolation et la honte chez un animal humilié, sans amis, sans avenir ? Prosp revint sur la plage, marcha seul, penché en avant, à l’horizontal presque, le bec bas. Il gravit un rocher à l’extrémité opposée de celui dont il avait été chassé, puis il descendit sur une corniche. La mer était basse, le crépuscule tombait. Il s’aplatit ou se coucha et ne bougea plus.

 

Page 165 : Soudain, Gus remarqua qu’il n’avait jamais entendu parler d’un pingouin, petit ou grand, d’une sole non plus,morts de leur belle mort.

 

Page 177 : Aussi Gus continua-t-il d’essayer de croire que des Prosp vivaient encore, mais il n’était pas idiot. Il savait compter, un pingouin par-ci, un autre par-là, mettons : deux pingouins en train de forniquer, cela ne faisait pas une population, cela faisait juste les derniers, donc la reproduction ne comblerait jamais la raréfaction, laquelle, irrévocablement, mènerait à leur disparition.

 

Page 190 : Comment était-ce possible ? Les baleines, les phoques vivaient toujours ; ailleurs, en Afrique, il y avait des rhinocéros gros et sans doute stupides, dont on aurait fait de bons ragoûts et qui se pavanaient tranquillement ; en Australie, un animal incroyable, une farce de la nature, un castor avec un bec de canard, qui, plus extraordinaire encore, pondait des œufs alors que c’était un mammifère et qu’il allaitait. Pourtant cet animal absurde, pas même beau, vivait, quand l’espèce de Prosp, inoffensive, drôle, gracieuse dans l’eau, avait disparu. Où était la justice, sans parler de l’harmonie du monde ?

 

Page 212 : Gus regardait les océans, immense surface plane d’où on avait aspiré les baleines en dessous de ciels vidés de leurs sternes.

 

 

 

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Mon avis : Girl – Edna O’Brien

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat

 

Éditions Le Livre de Poche

 

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Quatrième de couverture :

S'inspirant de l'histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l'auteure irlandaise se glisse dans la peau d'une adolescente nigériane, Maryam. Tout commence par l’enlèvement de plusieurs jeunes filles après l’irruption d’hommes armés dans l’enceinte d’une l’école, puis la traversée de la jungle en camion et l’arrivée dans le camp, où la faim, la terreur et le désarroi deviennent le lot quotidien des prisonnières.

Mais le plus difficile commence quand Maryam parvient à s’évader, avec l’enfant qu’elle a eue durant sa captivité. Après des jours de marche, et alors qu’elle a enfin pu rejoindre son village, elle se retrouve en butte à la suspicion des siens et à l’hostilité de sa propre mère. Victime, elle devient coupable d’avoir introduit dans leur descendance un être au sang souillé par celui de l’ennemi…

Bouleversant récit à la fois atroce et magnifique. Le Monde.

La lecture de Girl est une marche chancelante au bord d’un précipice. Télérama.

Edna O’Brien est lauréate du prix Femina spécial 2019 et du prix PEN/Nabokov 2018 pour l'ensemble de son œuvre.

 

 

Mon avis :
On entre immédiatement dans le vif du sujet avec l'enlèvement de lycéennes au Nigeria par Boko Haram en 2014, dont l'autrice s'est inspirée pour nous conter le récit de Mariam à la première personne, donnant ainsi corps à ces filles victimes de la barbarie des hommes. Boko Haram, ce groupe sectaire prône un islam rigoriste et impose sa vision cruelle de ce que doit être la vie, surtout pour les femmes.
"J'étais une fille autrefois, c'est fini. Je pue. Couverte de croûtes de sang, mon pagne en lambeaux. Mes entrailles, un bourbier." Voilà ce que nous dit Mariam. Les viols et les violences, les témoignages de John, petit garçon enlevé pour devenir soldat, puis Buki, une fille, défouloir pour les hommes, comme toutes les autres filles, victimes de leur désir répugnant, leur besoin de se vider dans ces "salopes" comme ils disent, sans état d'âme.

Ce qui ressort dans la première partie, c'est une haine incommensurable des femmes, mais aussi que l'amitié est une planche de salut dans les pires moments de la vie. Et puis tout le long, que l'instinct de conservation est chevillé au corps. Quelles que soient les horreurs qu'on puisse subir, la plupart du temps le désir de rester en vie est le plus fort. Mais ce livre ne parle pas que d'horreurs. Il nous raconte des moments de grâce, quand des êtres humains tendent la mains à d'autres êtres humains. Il nous parle des nomades peuls qui ont une vie plutôt heureuse, qui sont chez eux partout où ils se posent, qui ont l'instinct grégaire, où le clan est essentiel, mais pas fermé. Il nous dit que l'attachement mère-enfant est presque toujours plus fort que tout.

Hélas, partout dans le monde, les femmes sont toujours au bord du vide, car elles sont les victimes désignées des hommes quand tout va mal, impuissante à modifier leur destinée :
"On n'a pas le pouvoir de changer les choses […]
- Pourquoi pas ?
- Parce qu'on est des femmes."
C'est écœurant car tellement vrai si souvent.

Malheureusement, le retour chez soi n'est pas toujours synonyme de joie. Surtout avec un enfant Oui, la triste condition des femmes dans le monde, doublement punies. Victimes d'abord, puis pour cette même raison montrées du doigt et vouées aux gémonies, comme si elles étaient responsables du malheur qui les accable.

Un roman dur mais nécessaire, où le sordide est évité grâce à la subtilité de l'autrice qui nous épargne les détails des viols. Toutefois j'ai trouvé ce récit très froid ou distancié, car je n'ai jamais eu d'empathie pour Mariam. Uniquement de la compassion. Mais pourquoi donc ?

 

Citations :

Page 18 : Chaque fille a reçu un uniforme, identique à celui que portaient les filles qui étaient là depuis longtemps. On nous a dit de les enfiler. D’un bleu morose, avec des hijabs encore plus foncés, et même si je ne me voyais pas, faute de miroir, j’ai vu mes amies, transformées, soudain vieilles, telles des nonnes endeuillées.

 

Page 55 : Leurs fanfaronnades, leur concours de photo l’ont enhardi. Par moments, il se retire pour laisser les appareils scruter. Ils excitent sa prouesse, son désir brûlant et sa détestation de moi. Ils rient de mes hurlements alors qu’il fait trépider tout mon corps sur cette triste terre.

 

Page 64 : Elle m’a dit que c’était une vraie jubilation à chaque naissance… si c’était un garçon. Un futur combattant. Si c’était une fille, il y avait moins de coups de feu et aucune jubilation.

 

Page 107 : Sa mère dit qu’elle n’a que dix ans, mais elle est déjà fiancée à un garçon d’une tribu d’un autre village. Elle se mariera d’ici trois ou quatre ans, et ils obtiendront une parcelle de terre et partiront lancer leur propre troupeau.

 

Page 122 : Pourquoi je te raconte tout ça… Parce que je ne te connais pas, tu ne me connais pas et tu ne connais pas le monde dans lequel tu es revenu.

 

Page 137 : À chaque rêve, la nuit, ça devient plus sanglant. Je fais bouillir mes ravisseurs dans de grandes marmites noires. Plein de feux allumés. Ces hommes savent que leur heure a sonné. Ils demandent grâce comme nous suppliions. Je les entasse dans les marmites et John-John m’aide avec le pilon. On leur fracasse le crâne et leur cervelle suinte en une sorte de sombre bouillie. Leurs barbes flottent à la surface telle une écume putréfiée. L’eau bouillante qui s’élève autour d’eux les réduit au silence.

 

 

 

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Mon avis : Famille de menteurs – E. Lockhart

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Marie Chuvin et Laetitia Devaux

 

Éditions Gallimard Jeunesse

 

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Quatrième de couverture :

Vous croyez nous connaître ?

Les Sinclair ne révèlent jamais leurs secrets.

 

Vous nous trouvez extraordinaires. Tragiques. Magnifiques. Vous pensez tout savoir sur nous, mais vous n'en savez pas la moitié. Nous ne vacillons pas, même lorsque nos amours nous trahissent. Nous ne nous écroulons pas, même lorsque nous perdons l'un des nôtres. Nous ne cassons pas, même lorsque le sang coule sur le sable. Et nous avons toujours été des menteurs.

Romance, suspense, fantômes, excès... Après Nous les menteurs - et seulement après ! - remontez aux origines du drame familial sur l'île privée des Sinclair.


 

 

Mon avis :
Suite de Nous les menteurs, mais en réalité préquel à ne surtout pas lire avant car il dévoile des choses... Et comme j'ai lu le premier tome récemment et qu'il faut battre le fer tant qu'il est chaud, autant ne pas laisser passer trop de temps entre la lecture du premier tome et celui-ci.
Donc on prend les mêmes et on recommence. Enfin, presque car ici il s'agit de la génération qui précède celle du premier opus. Mais même éducation "Never complain, never explain", donc des gens qui ne savent pas témoigner leurs sentiments, leurs douleurs, leurs peines, même lorsqu'il s'agit d'un deuil. Dans ce cas on fait comme si la personne n'avait jamais existé. C'est terrifiant la capacité de cette famille à occulter…

Carrie nous raconte. Son fils est mort, il avait quinze ans. Elle le voit la nuit, quand elle n'arrive pas à dormir et qu'elle descend boire un whisky, il est là. Il lui demande de lui raconter la famille. Alors elle revient en arrière, l'année de ses dix-sept ans en 1987. Le sida, des inondations, des manifestations. Et toujours les vacances dans leur île privée à l'écart du monde, avec ses sœurs et ses cousins, et des amis de sa cousine. L'origine de la fortune de sa famille, argent en partie sale. Un peu de cynisme de la part de certains membres, de la vanité souvent, et beaucoup de mépris de classe, un peu d'antisémitisme, un peu d'homophobie. Un peu anti tout ce qui n'est pas WASP en fait.

Étrange famille que celle-ci, qui élude les malheurs pour ne garder que le bon en croyant que ça fonctionne, qu'on peut ainsi éviter d'être malheureux.
Une famille avec des zones d'ombre et des mensonges, évidemment. Et une drôle de petite personne... L'ambiance vacances, avec les parents, les cousines, les copains, les flirts, l'alcool, l'insouciance, du moins en apparence.
J'ai bien aimé ce deuxième tome, qui nous assène des révélations, comme ça, en passant, parfois l'air de rien, parfois comme une énorme baffe... Les Sinclair sont des gens très étranges et pas forcément très sympathiques ni recommandables. Ce livre m'a fait l'effet d'une vitrine de la riche famille américaine type. Belle table, mets à profusion, hôtesse parfaite et mère idéale, puis le père fort et viril qui pourvoit à tout, et les enfants bien élevés qui iront tous à l'université, et dans le cas des filles, ce sera pour trouver un bon parti et être une épouse dévouée et cultivée. Quel cauchemar !!

Quelques anachronismes m'ont un peu gênée, comme "en mode…" ou encore "genre, elle conserve cette photo…" qui sont des expressions qu'on entend tout le temps actuellement, ce qui n'était pas le cas dans les années 90. Ou alors je vivais dans une grotte et je ne me suis rendue compte de rien…

Même si l'intérêt pour les personnages et l'histoire ont mis plus de temps à s'installer que dans le premier opus, je me suis laissé embarquer par un suspense qui arrive tout doucement mais qui m'a tenue en haleine jusqu'à la fin. Après un été de l'adolescence des enfants, celui de l'adolescence de leurs parents, tout s'imbrique, la boucle est bouclée.

 

Citations :

Page 37 : Je sais que mes parents ont fait ce qu’ils pensaient être le mieux pour eux et pour nous. Panser à la perte d’un être cher, c’est douloureux, alors à quoi bon ?

 

Page 37 : Maintenant que je suis adulte, je considère que ne jamais laisser personne nous dire non, c’est ce qu’on enseigne aux garçons qui feraient mieux d’apprendre que non, c’est non.

 

Page 46 : La famille de Tipper avait fait fortune (en partie, plusieurs générations plus tôt) dans une plantation de canne à sucre située non loin de Charleston, en Caroline du Sud. Qui employait des esclaves. De l’argent sale.

 

Page 111 : Je n’avais jamais été embrassée avant. Ça ressemble

à un plongeon dans l’eau glacée,

à une framboise sucrée,

au son d’une flûte,

à rien de tout ça.

 

Page 199 : Yardley et moi devons aider Tipper à tout débarrasser — tables et plans de travail. Elle nous tend des tabliers. Ma cousine grommelle en enfilant le sien.

C’est ce que je fais tous les soirs de ma vie, jeune fille, lance joyeusement ma mère. Alors tu ferais bien de t’y habituer. Quand tu as une famille, tu n’as plus le choix.

Moi, déclare Yardley, je me vois plutôt en salle d’opération à recoudre des thorax pendant que mon mari préparera le repas des enfants.

Et les miens dîneront au restaurant, dis-je.

 

Page 257 : — Jouer la comédie. Toute l’année, on a fait comme si tout allait bien, alors on va continuer. On sait faire. C’est ce qu’on nous apprend, dans cette famille. Et au bout d’un certain temps, tout va effectivement aller bien. Compris ?

 

 

 

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