Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

babelio-masse critique

Mon avis : Sur la piste des aigles – Adrien Sarrault

Publié le par Fanfan Do

Éditions Daphnis et Chloé

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Entrepreneur couronné de succès dans le domaine de l’intelligence artificielle, Édouard Neuville décide soudainement de vendre sa société pour se lancer en politique. Entouré de son précieux collaborateur Antoine Berlioz et de sa très belle épouse Valentine, assisté des meilleurs experts, son charisme, son érudition et son discours disruptif lui assureront rapidement notoriété et popularité dans un pays secoué par de multiples crises. Mais parviendra-t-il à pénétrer les cercles du pouvoir ? Sur fond de fresque sociale et politique, une fiction à suspense qui nous interpelle aussi sur les transformations de nos sociétés par l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies associées.

 

Grand voyageur, cosmopolite, ingénieur en MBA, Adrien Sarrault observe ses congénères et le monde qui change. Après Un buisson d’amarante, un roman d’apprentissage incisif, drôle et profond dont l’action se déroule sur 4 continents, Sur la piste des aigles est son deuxième titre.

 

 

Mon avis :
Roman reçu dans le cadre de Masse Critique Privilégiée. Merci à Babelio

•Antoine Berlioz, jeune cadre, stressé par la pression au travail et sa relation tendue avec Victoire sa sublime maîtresse.
•Édouard Neuville, son patron, stressé par la pression au travail, marié à une sublime créature.
•Jacques Sanchez, Investment Banker, perpétuellement angoissé par la peur de tomber dans la misère. Car c'est un transfuge de classe, tout comme Antoine d'ailleurs.
•Valentine Neuville, épouse d'Édouard, femme idéale, parfaite, de bonne famille et belle réussite dans les études mais ancienne complexée.
Voilà pour les quatre personnages du début que j'ai tout de suite trouvés, hélas, très "cliché". Je me suis demandé si on allait avoir droit tout le long à des stéréotypes, voire des poncifs. Pourtant il est vrai que souvent les hommes très riches ont des femmes très belles.

Beaucoup trop d'anglicismes m'ont exaspérée, ça n'arrête pas, même si je me doute que dans le monde des affaires ça doit être ainsi. Seulement voilà, ça m'a vraiment fait penser au sketch des Inconnus quand ils se moquent outrageusement de ces snobinards de publicitaires.

Néanmoins, quelque chose donne envie de poursuivre. le cynisme de certains ? La découverte du chômage par d'autres ? Les différentes classes sociales et le choc des cultures ? L'abjection de certaines méthodes et mentalités ? L'envie de savoir jusqu'où ça peut aller ? Sûrement tout ça… Mais aussi la condescendance de ceux qu'on appelle les élites (je déteste ce mot qui nous ramène au rang de peu de chose, nous, le peuple) et dont on se rend compte que quasiment rien ne les arrête. Ces manipulateurs qui ont du pouvoir, que ce soient les grands patrons ou les politiques
Peut-être tout simplement ai-je aimé la critique de notre société qui part à vau-l'eau sans que ça n'inquiète réellement nos dirigeants, perchés qu'ils sont sur leur Olympe, à se regarder le nombril.

Et donc ce roman parle des affaires, de magouilles financières, de réorientation professionnelle, d'intrigues politiques, d'intelligence artificielle, de hackers éthiques, de requins de la finance, de femmes fatales, de cocufiages, de scrupules mais pas trop car, ce que femme veut… on connaît la chanson,  et les scrupules sont vite étouffés par la concupiscence. Et d'un autre côté il y a des consommateurs de femmes, à la chaîne…
L'auteur étrille clairement le pouvoir en place et les puissants en général, et bordel, que c'est bon !!! Et il nous donne une lueur d'espoir et d'idéalisme via les "hacktivistes".

L'écriture est belle et nombreuses sont les références philosophiques, politiques, historiques et littéraires. Mais alors, ce qui m'a vraiment dérangée, car ça revient plusieurs fois au début, c'est "en vélo", "en trottinette". "En" veut dire dans, donc en voiture, en bus, en train, mais à vélo, à trottinette, à moto, tout comme à cheval, où là, la faute n'est jamais faite. Et je trouve que dans les livres, il ne devrait pas y avoir de fautes.

Cependant, tout le côté politico-financier décrit ici ainsi que les magouilles informatiques et politiques, les manipulations qui visent à faire tomber des gens, j'ai trouvé tout ça passionnant. Trop d'argent nuit sûrement à la santé mentale, et le pouvoir corrompt, j'en suis sûre. À croire que dans les milieux qui brassent des sommes énormes, il y a des Judas partout en embuscade, prêts à vous poignarder pour prendre votre place. Et moi qui n'entends rien à tout ça, j'ai appris plein de choses qui m'ont confortée dans mon idée que l'humanité est souvent retorse, cupide et mégalomane. Heureusement, il y a des rêveurs.

Et alors qu'au départ j'y croyais moyennement, contre toute attente j'ai dévoré cette lecture. Et je me suis instruite ! Par exemple concernant le pari de Pascal, dont j'ignorais la théorie… à laquelle je n’adhérerai pas car mon âme est perdue XD.

 

Citations :

Page 58 : Le déjeuner avait été organisé dans la salle à manger que Neuville avait aménagé au siège de la société. C’était là que se tenaient tous ces déjeuners d’affaires quand il était à Paris. Il détestait aller au restaurant. Surtout les restaurants gastronomiques, où il se retrouvait toujours bloqué pendant des heures devant des défilés d’amuse-gueules, d’entrées, de plats, d’entremets, de viandes, de fromages, de desserts et de mignardises auxquels il ne goûtait guère. Dans sa « lunch room », le menu était toujours le même : salade, sushis et fruits frais. Et ni champagne ni Margaux, et encore moins de Petrus. On n’y buvait que de l’eau. Les convives qui n’appréciaient pas ce régime n’étaient pas obligés d’accepter ni de revenir.

 

Page 83 : J’étais alors chez Steve Jobs, je suis maintenant chez Paul Emploi. Sic transit gloria mundi, s’amusa-t-il à penser.

 

Page 93 : — Tu veux donc commencer une carrière de révolutionnaire ? Bonne chance ! Tu as du talent et de l’argent. Mais te rends-tu compte de l’énormité de ce que tu me dis ? Notre démocratie est fondée sur des institutions qui sont quand-même bien installées, et qui sont acceptées par tous, et aussi par un contre-pouvoir médiatique, qui est certes critique mais qui est connivent. Et tu retrouves cette situation dans tous les pays importants de la planète. Et tout cela est renforcé par une multitude de traités entre États.

 

Page 127 : À contrario, intéressons-nous au fonctionnement de la démocratie représentative, avec ses 577 députés, ses 348 sénateurs, ses 4058 conseillers généraux, ses 79 élus au Parlement européen, les 233 membres du Conseil économique et social dont on ne sait pas toujours d’où ils viennent. Et je ne cite pas le reste, la liste serait trop longue. Dès le début du courant des Lumières, courant intellectuel fondateur et dominant dans la pensée politique française depuis le XVIIe siècle, on a su que ces solutions de démocratie ont pour principal défaut de ne pas répondre à l’idéal démocratique pur. Avec elles, Nous sommes vraiment très loin du contrat social de Jean-Jacques Rousseau.

 

Page 158 : La désinformation est une pratique aussi ancienne que l’humanité, mais avec l’IA on disposera d’une arme redoutable pour détruire la réputation d’une personne.

 

Page 173 : La prison ! Le gnouf ! Le trou ! Le ballon ! Les geôles de la République… Tout cela pouvait faire penser à Alexandre Dumas et au Comte de Monte-Cristo. Mais hélas, il n’y avait rien de romantique dans ce qu’il risquait de lui arriver. Pour lui, il n’y aurait pas d’abbé Faria, pas de trésor caché dans une île à aller récupérer, pas de vengeance à aller orchestrer dans les salons du Second Empire. En prison, en France, au XXIe siècle, il n’allait croiser que des chefs de gangs, des voyous sans foi ni loi, des assassins, des drogués, des pervers et des psychopathes qui allaient lui faire souffrir mille maux, ou pire tenter de le transformer en vulgaire sodomite…

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Dis-moi pourquoi les chats… - Véronique Aïache

Publié le par Fanfan Do

Éditions Trédaniel

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Dis-moi pourquoi les chats sont-ils les compagnons

préférés des médiums ? Pourquoi adorent-ils s’étaler

sur les claviers d’ordinateur ? Pourquoi étaient-ils

emmurés vivants dans les maisons du Moyen-Âge ?

Pourquoi préfèrent-ils le salé au sucré ?

 

Qu’ils soient de campagne, de gouttière ou de salon, d’hier ou d’aujourd’hui, les chats demeurent pour leurs amis humains la plus énigmatique des petites merveilles animales. Reste à savoir qui de leur Histoire ou de leur génétique explique le plus de mystères ? Qui de leurs ronrons ou de leur désinvolture éveille le plus notre curiosité ? Pour y répondre, ce livre ne se contente pas de visiter un monde fait de tendresse et d’improbables. À destination des ailurophiles actuels ou à venir, il révèle sous forme de questions/réponses les secrets de fabrication de la plus légendaire des espèces félines.


 

 

Mon avis :
J'ai eu la chance de recevoir mon choix préféré lors de la dernière édition Masse Critique organisée par Babelio. Je vis avec quatre chats, ou peut-être que je vis chez eux mais j'aime à penser qu'on est colocs même si c'est moi qui paie tout. En contrepartie ils me font plein de câlins et de ronrons en m'apportant de la zénitude et de l'amour.

Donc, l'idée de découvrir les secrets des matous m'enchantait, car je voue une adoration totale à mes petits poilus. Et j'ai bien raison car après lecture de cet ouvrage, j'ai la confirmation que les félins sont des petites merveilles de la nature.
Ce livre est découpé en quatre parties.
Première partie : du côté de la génétique. Et là on apprend, entre autre, que nos chats sont champions d'équilibrisme grâce à un corps absolument parfait, qu'ils sont gauchers ou droitiers et là je peux dire que je vais les observer de près pour voir ça de mes yeux 👀, que les chats noirs sont en meilleure santé, que les félins font de l'automédication par le ronron...
Deuxième partie : du côté du comportement. Alors bon, qui vit avec eux en connaît un rayon. À cohabiter avec eux on a fini par être de la même famille et forcément on les comprend. D'ailleurs je vais envisager de prendre des cours de "destressage" félin auprès d'eux, il paraît qu'ils excellent dans ce domaine qui consiste à faire retomber leur stress, alors que moi... Néanmoins pour ceux qui adoptent leur premier chat, ce livre pourra les aider à éviter des erreurs. Car les chats sont des petites personnes sensibles, faciles à comprendre pour peu qu'on ait décrypté les messages qu'ils nous font passer, comme par exemple : y'a trop de bruit, je cherche une connerie à faire, je veux des câlins, je suis content, je t'aime, je ne suis pas d'humeur, lâche-moi les baskets j'ai pas envie d'être touché, etc... Après tout, le consentement ça vaut aussi pour les animaux !
Troisième partie : du côté de l'étrange. Des choses insolites nous sont rapportées, comme les cat's eyes sur les bords des routes britanniques, ou la capacité des chats de neutraliser des nœuds de courants électromagnétiques, mais aussi gardiens métaphysiques de l'harmonie spirituelle pour les médiums, et pourquoi ils ont neuf vies, et le feng shui...
Quatrième partie : du côté de l'histoire. Là malheureusement on apprend que les chats n'ont pas toujours été à la fête, même en Égypte. Ils ont servi de remèdes dans beaucoup de pays. En France, au Moyen-âge, on sait à quel point les chats noirs (mais pas que) ont été exterminés à cause de ces arriérés d'ecclésiastiques.
Cette dernière partie évoque essentiellement ce que les humains ont fait subir aux chats de tous temps, et j'ai détesté lire ça. La cruauté liée à la bêtise dont l'humanité est capable est affligeante. Mais merci la nature, la peste à vengé les chats au Moyen-âge.

Ce livre est une mine d'informations, j'adore ! Par contre, sur la nécessité de laver son chat une fois par mois... je ne m'y risquerai pas.

Donc, si comme moi on vit avec des fauves miniatures depuis de nombreuses années, cet ouvrage est intéressant pour l'aspect génétique car on apprend des choses étonnantes. Sur le comportement on apprend le pourquoi de certains aspects sale gosse de nos petites merveilles comme quand ils jettent les objets par terre, mais aussi pourquoi ils aiment le silence, pourquoi ils marchent parfois en crabe... J'ai aussi été détrompée sur des comportements que je croyais avoir compris et en réalité mal interprétés, qui me laissent cependant perplexe sur certains de mes chats. Sur l'étrange, eh bien... les chats sont étranges, mais pas tant que ça pour qui les aime et les comprend, mais ils sont fascinants sans aucun doute. L'histoire est la partie dont je me serais bien passée. Trop cruelle...

Après cette lecture, nos nyctalopes adorés n'auront plus de secrets (ou si peu) pour les ailurophiles dont je fais partie. Ah oui, j'ai découvert un mot !! Oui, je suis une vraie de vraie ailurophile ! En plus de mes quatre chats, j'ai plein de statuettes de chats, et dans la rue je parle aux chats que je ne connais pas.
En tout cas, en rentrant, je vais sûrement m'adresser à mes matous avec déférence tant j'ai le sentiment (confirmé par ce livre) qu'ils sont des petits êtres supérieurs et qu'un jour ils domineront le monde ;D et le monde s'en portera bien mieux XD.

 

Citations :

Page 8 : Pourquoi regarde-t-elle parfois dans le vide avec tant d’insistance ? Pourquoi ses ancêtres étaient-ils déifiés au temps des Égyptiens ? Pourquoi pianote-t-elle sur moi en ronronnant ? Pourquoi les chats sont-ils les compagnons préférés des médiums ? Pourquoi le mien dort-il souvent avec une patte sur les yeux ? Pourquoi la sérénité féline est-elle à ce point contagieuse ? Pourquoi… ? Pourquoi… ?

 

Page 30 : N’oublions-pas que le chat est un éternel enfant, un animal dit « néoténique ». Cela signifie qu’il conserve toute sa vie ses caractéristiques juvéniles comme le jeu, le ronron et le patounage.

 

Page 54 : Qu’il soit de race ou de gouttière, sauvage de son état ou monarque de salon, un chat reste avant tout un chat. Un animal fidèle aux lois de la nature. Un petit compagnon hors du commun qui n’a pas fini de nous surprendre.

 

Page 70 : Notre petit compagnon de vie n’a pas volé sa réputation d’animal « le plus propre de la Création ». Il consacre environ un tiers de son temps d’éveil à faire sa toilette et s’y livre chaque fois comme un homme pieux peut le faire lors de ses rituels de purification.

 

Page 77 : Tous les yeux félins parlent de douceur et de mystères, d’élégance et de profondeur. Ils expriment à la fois la même sagesse et la même vivacité. Ils traduisent la force de leur identité et la noblesse de leur caractère.

 

Page 90 : Petits êtres libres par excellence, les chats ont fait de l’insoumission un véritable art de vivre. Résolument attachants bien qu’impossibles à attacher, tout porte à croire qu’ils portent en eux les gènes de la solitude. Celle qui, au risque de sembler égoïstes et dédaigneux, les monte au pinacle de l’indépendance. Et pourtant, il suffit un tant soit peu de les connaître pour se rendre compte rapidement qu’ils se lient sincèrement à leurs pairs comme aux membres de toute autre espèce. Ils savent mieux que quiconque trouver l’équilibre parfait entre la vie en groupe et les instants de solitude.

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : L’ultime guerre – Anna Raymonde Gazaille

Publié le par Fanfan Do

Éditions LE MOT ET LE RESTE

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Dans un monde dystopique, une secte nommée les Adeptes du Tout-Puissant sème la terreur dans les Territoires du Sud. Depuis les Territoires du Nord, des soldats et la Légion des Guerrières de la liberté luttent contre leur invasion et l’asservissement des femmes qu’ils tentent brutalement d’imposer. Ainsi débute l’odyssée de Tessa, une enfant soldat errant sur un champ de bataille, recueillie par trois Guerrières avec lesquelles elle entame un long et périlleux voyage à travers les ruines d’un monde dévasté. S’accrochant aux liens tissés avec ses sœurs d’armes, elle s’acharne à survivre, en dépit de tout ce qu’elle a subi, apprivoisant les fantômes qui la hantent. Son périple et cette quête vers la terre nordique feront surgir en elle un puissant sentiment d’appartenance à une humanité qu’elle avait condamnée.


 

 

Mon avis :
Dans un futur indéterminé le monde a basculé. Des hordes d'hommes asservissent les femmes, qui sont reléguées au statut d'inférieures, de ventres, d'esclaves. "Les armes étaient interdites, mais nous savions tous que les plus puissants en possédaient. C'est ce qui faisaient d'eux les plus puissants." Tessa, une orpheline de douze ans, nous raconte ce monde en ruine, ces villes détruites, ces édifices si hauts qu'on n'en distingue pas le sommet mais aussi la peur, la douleur et le deuil.
Des femmes, les Combattantes du Nord, luttent. Ce sont les Guerrières de la liberté.
On en revient toujours à cette réalité sordide énoncée par 
Simone de Beauvoir "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question." Alors l'apocalypse.
Mais dans ce monde, quasiment personne n'a de droits, sauf les plus forts.

Tessa suit trois Guerrières, Manu, Pat et Cum, qui doivent rejoindre leur bataillon. À partir de là, on change de narratrice au gré des chapitres. On découvre ce monde en guerre, le fanatisme contre la liberté, avec des villes çà et là dont certaines tentent la neutralité mais vivent dans la corruption, pendant que d'autres sont presque des modèles de démocratie. le Sud où règnent la guerre et la mort, le Nord où la civilisation a perduré.

À travers ces lignes on sent la rage de ces femmes qui luttent pour leur liberté. Toutes ont perdu beaucoup, elles se battent pour ce qui leur reste : elles-mêmes, leurs choix, leur libre arbitre et une societe égalitaire. C'est dans ce monde là que Tessa va devoir avancer à l'aveugle en se méfiant de tout le monde. Pourtant il ne m'a pas semblé si différent du nôtre. Partout le fanatisme religieux explose, le sexisme et l'intolérance aussi, ainsi que le patriarcat et ses prérogatives que certains veulent voir perdurer au détriment des femmes et de leur liberté. Ce roman, c'est peut-être le monde de demain dans une perspective cauchemardesque.

Alors, j'ai bien aimé. Ça se lit bien et on est embarqué dans ces vies cabossées de femmes. Cependant j'ai trouvé que plusieurs personnages auraient gagné à être plus approfondis, moins éphémères. Et puis l'ensemble m'a semblé un peu fourre-tout, avec un mélange de sociétés et d'époques qui seraient réunis dans un espace assez réduit tout en étant aux antipodes les unes des autres. Un peu comme si un univers barbare côtoyait une société plutôt bien rangée, Mad Max VS Bienvenue à Gattaca. Presque un anachronisme. Néanmoins, une dystopie féministe, moi je dis bravo !
Merci à Babelio Masse Critique et aux Éditions le Mot Et le Reste.

 

Citations :

Page 16 : Dans le camp, il y avait bien sûr des hommes, beaucoup moins nombreux que les femmes et les enfants, mais ils commandaient. Ils formaient des bandes, la plupart du temps rivales. Ils se battaient, trafiquaient. Les armes étaient interdites, mais nous savions tous que les plus puissants en possédaient. C'est ce qui faisaient d'eux les plus puissants.

 

Page 27 : Tout brûle. Je songe aux dépouilles des guerrières qui gisent parmi tous ces livres. Dans le ciel flamboyant du couchant s’élèvent les flammes tout aussi rougeoyantes. J’aimerais que les mots de toutes les histoires incendiées crient leur colère.

 

Page 42 : J’ai demandé à Cum ce qu’elle en pensait. Elle a plongé ses yeux dans les miens : « Les dieux n’existent pas. Pas plus celui de ces déments qui enferment les femmes en cage et les traitent en esclaves, que les déesses, créatrices de cette humanité qui court à sa perte. »

 

Page 105 : Quand il ne reste que ton corps et à peine de quoi le couvrir, la valeur de la liberté prend toute la place et la vie s'allège pour ne plus désirer que l'essentiel.

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Le Grand Rouge - Wouzit

Publié le par Fanfan Do

Éditions Dupuis

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Résumé :

Ivan Barnave est un jeune homme libertin vivant de menus larcins. Avec son compagnon William Lameth, un vieil aventurier, ils vivent au jour le jour sans se soucier d'éventuelles poursuites. Cependant le seigneur Flandrin, pour qui un denier est un denier, est prêt à tout mettre en oeuvre pour retrouver ces deux malfaiteurs. Cette pugnacité cache-t-elle autre chose? Traqués, les deux complices seront rapidement rattrapés et condamnés. Ivan, conduit loin de son ami, fera une rencontre qui l'emmènera dans un tourbillon d'aventures, loin de toute civilisation, jusqu'au Grand Rouge.Chasses à l'homme, flashbacks, grandes évasions, amitié étroites, mythes ancestraux, survie en milieu hostile, rêves d immortalité... Voilà ce que vous réserve Le Grand Rouge! Servi par un univers graphique immersif et haut-en-couleurs, Wouzit livre ici un récit d'aventure extraordinairement riche et complexe.


 

 

Mon avis :
Cette BD est tout d'abord très déroutante. Chapitre 1, un naufragé arrive sur une île aux couleurs psychédéliques, avec des plantes étranges et des créatures dignes d'un trip sous acide.
Au deuxième chapitre il est quelque part dans un monde civilisé mais dans une époque antérieure à la nôtre. Il est recherché ainsi que son complice et ami. Ils ont escroqué un homme qui compte bien leur faire payer très cher son humiliation.
Chapitre 3 il est de nouveau dans l'île, où tout est dangereux, des monstrueuses créatures voraces aux plantes carnassières.
On alterne ainsi jusqu'à la fin, et on se doute bien que les deux mondes se rejoignent... mais en quoi ?

Et alors que dans un premier temps on ne sait pas où on va, j'ai trouvé le livre agréable et inspirant. J'ai aimé les deux univers. D'un côté une sorte de fable écolo où 
le Grand Rouge parle de son peuple et apprend sur les humains, de l'autre des pirates qui poursuivent un but qu'on ne connaîtra qu'à la fin.

J'ai énormément aimé le graphisme, que ce soit dans l'île où c'est hyper coloré que dans le reste de l'histoire ou c'est beaucoup plus sobre. J'ai beaucoup moins aimé la police de caractère que je n'ai pas trouvée facile à lire bien qu'on s'y habitue, mais c'est néanmoins une histoire qui m'a plu et bouleversée. Car au fond ça raconte l'éternel humain, pas très glorieux et sans aucune éthique beaucoup trop souvent.

Reçu dans le cadre de Masse critique graphique, merci infiniment à Babelio.

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Black Summer – M. W. Craven

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Sebastian Danchin

 

Éditions de l’Archipel

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Jared Keaton, le chef étoilé le plus célèbre de Grande-Bretagne, est en prison pour l’assassinat de sa fille unique, Elizabeth. Son corps n’a jamais été retrouvé mais le témoignage de l’inspecteur Washington Poe a convaincu les jurés.
Affaire classée. Jusqu’à ce qu’une jeune femme prétende être… Elizabeth. Ce que les analyses confirment ! Keaton est aussitôt libéré et Poe se retrouve en fâcheuse posture. Le chef a juré sa perte, et il a eu six ans pour mijoter sa vengeance.
Avec l’aide de la seule personne en qui il a confiance, Tilly Bradshaw, une geek surdouée mais socialement inadaptée, Poe doit prouver à tous qu’il ne s’est pas trompé.
Mais comment Elizabeth aurait-elle pu ressusciter ? Impossible de le lui demander : elle a de nouveau disparu…


 

 

Mon avis :
Vous aimez les ortolans ? Ouvrez ce livre et vous n'aurez plus jamais envie d'en manger, sauf si vous êtes insensible, voire carrément psychopathe. C'est immonde ce qu'on leur fait subir ! Pire que dans les abattoirs où pourtant on touche déjà le fond en matière de cruauté.
Je ne sais pas si c'était une mise en bouche (ah ah) pour nous faire comprendre que noir c'est noir, mais ça m'a fait dresser les cheveux sur la tête.

Le sergent Washington Poe est un angoissé avec un passé terrible, qui se torture avec de vieilles rancœurs et il se dit qu'il est peut-être temps pour lui de commencer à s'aimer un peu et bien se traiter. Comme un bon flic qu'il est, il semble obsessionnel et taciturne, et surtout très intuitif. Or une affaire sans cadavre résolue par lui six ans plus tôt refait surface. La victime n'est plus morte, donc l'assassin n'est plus coupable. Et Washington Poe est dans le pétrin.

Pourtant il doute, malgré toutes les preuves que la victime est bien celle qu'elle prétend.
Et c'est intéressant, car ça va à l'encontre de toute logique. Et bien sûr, on se dit que c'est le flic qui a raison. Mais comment est-ce possible ? Et ça fait fonctionner la matière grise parce que nous, lecteur, on se retrouve à se creuser la cervelle pour tenter de deviner.

Washington Poe se lance donc dans une nouvelle enquête où il a très peu de temps, l'homme condamné est sur le point d'être libéré.
Là, trois questions se présentent : Pourquoi ? Comment ? Qui va avoir réellement des gros problèmes ?
C'est là tout le suspense du roman. 
Poe fait équipe avec Tilly Bradshaw, une geek surdouée avec, de toute évidence, un mode de fonctionnement totalement hors norme, très directe donc sans aucun tact Absolument délicieuse. Sans oublier la médecin légiste, très particulière aussi et néanmoins extrêmement compétente, mais qui hélas apparaît très peu.

Une histoire bien tordue, des personnages étonnants et parfois machiavéliques, une intrigue à rebondissements, tout est là pour passer un excellent moment et ne plus savoir où on va. de plus, j'adore quand il y a des geeks dans les romans, ça élargit tellement le champs des possibilités… Un polar sympa, même si c'est encore un roman qui véhicule le vieux cliché populaire qui veut que la cuisine Végétarienne est triste à mourir. Cela dit, c'est anecdotique mais ça m'a agacée.

J'ai bien aimé, mais je l'ai trouvé un peu soft, sauf pour ces pauvres ortolans, moi qui me suis habituée à des polars bien sombres et plutôt gores.
J'ai un gros regret, c'est que c'est un tome 2 et que je l'ignorais. J'aime lire les roman dans l'ordre.

 

Citations :

Page 10 : — On jette bien des homards vivants dans l’eau bouillante. On arrache les pinces des crabes et on gave les oies pour obtenir du foie gras. La moindre bouchée d’un plat animal est le fruit d’une souffrance.

 

Page 34 : — Vous êtes-vous déjà intéressé aux professions de prédilection des psychopathes, inspecteur ?

Rigg fit non de la tête.

Non ? Vous devriez. Je peux vous indiquer qu’en troisième position se trouvent les célébrités. Rien de vraiment surprenant. Impossible de nos jours d’allumer la télé ou d’ouvrir un journal sans y voir des gens gonflés de leur importance, au point de penser que leurs moindres actions fascinent le grand public. Logique, non ?

 

Page 207 : L’essence de carotte, composée d’une purée de carotte, d’une neige de carotte et d’un granité à la carotte, fournit à Poe le parfait exemple de l’adage selon lequel « ce n’est pas parce qu’on peut le faire qu’on doit le faire ».

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Danser dans la mosquée – Homeira Qaderi

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Cécile Dutheil de La Rochère

 

Éditions Julliard - 10-18

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Homeira naît en 1980 à Hérat, en Afghanistan, dans une maison où se côtoient trois générations qui tentent de survivre tour à tour à l'occupation soviétique, à la guerre civile puis à la première prise de pouvoir des talibans. Au sein de ce foyer aimant, l'enfant chérit les livres et la liberté, se révolte contre les privilèges accordés aux hommes et les interdits visant les filles. Adolescente, elle va jusqu'à animer une école clandestine dans une mosquée.
Mais plus Homeira grandit, plus la vie s'assombrit. Elle accepte le mariage avec un inconnu, puis finit par fuir son pays. Elle fera de son existence un combat pour l'instruction et pour le droit des femmes.
Portrait d'un peuple qui vit sous la férule des talibans, Danser dans la mosquée est aussi un message au fils dont Homeira Qaderi a été séparée, auquel elle adresse des lettres poignantes.

" Danser dans la mosquée se lit vite, sans répit. Homeira Qaderi est une formidable conteuse. " Karen Huard, ELLE

 

 

Mon avis :
Merci a Babelio Masse Critique pour l'envoi de ce livre 😘


Homeira Qaderi nous prévient en préambule que tout est vrai dans ce livre à part certains noms, pour des raisons évidentes.
De son exil en Californie, ce livre raconte sa vie en Afghanistan depuis l'enfance, parsemé de lettres à son fils, qu'on lui a retiré quand il avait dix-neuf mois.

"𝙻𝚎𝚜 𝚚𝚞𝚊𝚝𝚛𝚎 𝚜𝚊𝚒𝚜𝚘𝚗𝚜 𝚊𝚕𝚕𝚊𝚒𝚎𝚗𝚝 𝚎𝚝 𝚟𝚎𝚗𝚊𝚒𝚎𝚗𝚝, 𝚖𝚊𝚒𝚜 𝚕𝚊 𝚜𝚊𝚒𝚜𝚘𝚗 𝚍𝚎 𝚕𝚊 𝚐𝚞𝚎𝚛𝚛𝚎 é𝚝𝚊𝚒𝚝 𝚜𝚊𝚗𝚜 𝚏𝚒𝚗."
Il y a eu l'occupation russe, puis, après, l'arrivée des talibans. Les filles étaient déjà au départ moins bien traitées que les garçons, jouissant de beaucoup moins de privilèges qu'eux à tous les niveaux, moins de viande à table, pas le droit de courir, encore moins de grimper aux arbres, de rire bruyamment. Mais à l'arrivée des talibans la nuit s'est refermée sur elles. Elles ont cessé d'exister. Ces obscurantistes, à vouloir écraser les femmes, ont réveillé chez certaines un fort esprit de résistance.

Homeira était une rebelle née. Une petite fille curieuse et pleine de vie, refusant l'injustice, rien que ça. Elle voulait juste avoir les droits des garçons.

Tout au long de ce récit j'ai ressenti une angoisse diffuse. le désir de résistance des filles, car plutôt mourir que d'être enterrée vivante mais aussi la peur des garçons qui refusent d'aller contre les talibans. Car il faut du courage pour refuser le destin imposé par ces espèces de zombies, ces hommes armés, vêtus de noir, dépenaillés, maigres, sales, aux longues barbes, longs cheveux et turban, maquillés d'un trait de khôl, au regard glacé comme la mort.
Tout est devenu interdit : rire, chanter, danser, écouter de la musique, avoir une télé, lire, à part le coran. Être heureux tout simplement et avoir des rêves est interdit.

Un jour Homeira a accepté, pour épargner l'opprobre à sa famille, d'être mariée à un inconnu, ou plutôt vendue car dans cette culture là, le prix d'une fille est négocié, elle n'a pas son mot à dire. Néanmoins elle vivra une parenthèse enchantée en Iran où les femmes à ce moment là avaient le droit d'étudier, de rire, de travailler, avant de rentrer en Afghanistan, de […] 𝚛𝚎𝚝𝚘𝚞𝚛𝚗𝚎𝚛 𝚍𝚊𝚗𝚜 𝚞𝚗𝚎 𝚟𝚒𝚕𝚕𝚎 𝚚𝚞𝚒 𝚜𝚎 𝚗𝚘𝚞𝚛𝚛𝚒𝚜𝚜𝚊𝚒𝚝 𝚍𝚞 𝚜𝚊𝚗𝚐 𝚍𝚎𝚜 𝚏𝚒𝚕𝚕𝚎𝚜.

Ce livre est un cri, de révolte, de ralliement, de solidarité, pour toutes les femmes du monde écrasées par des pouvoirs misogynes et totalitaires, mais aussi pour des hommes qui savent qu'une société non égalitaire est une société bancale, injuste et souvent cruelle.

 

Citations :

Page 13 : Elle était persuadée que la plus difficile des missions que le Tout-Puissant pouvait confier à quiconque était d’être une fille en Afghanistan.

 

Page 34 : Le lendemain de ta naissance, un vent glaçant a pénétré par le fenêtre ouverte de ma chambre. Dans la rue, les gens devaient être en train de rassembler les membres éparpillés des corps de leurs proches morts. Un camion-citerne jaune orangé était venu prêter main-forte à la neige pour effacer les entailles rougeoyantes, fruit de la cruauté des hommes.

 

Page 63 : Je sais que l’islam a été manipulé et transformé en instrument de châtiment. En pierre à lapider les gens, surtout les femmes.

 

Page 108 : Nous étions condamnées à vivre dans une obscurité étouffante, claquemurées derrière les fenêtres et les rideaux. Les filles ne voyaient la lumière que lorsqu’elles les écartaient pour faire passer le fil dans leur aiguille.

 

Page 127 : Nous vivions une époque terrifiante. Les talibans obligeaient de nombreuses jeunes filles à les épouser et personne n’osait s’opposer à ces hommes armés et féroces. Certains étaient arabes, pakistanais ou tchétchènes, si bien que les filles disparaissaient comme de la fumée. Telle était la face hideuse de la religion et de la politique.

 

Page 137 : Nanah-jan a toujours pensé qu’une femme afghane devait d’abord avoir un fils, pour faire plaisir à son mari, puis une fille, pour son plaisir à elle. « Une femme sans fille meurt avec un sacré lot de peine et de souffrance », disait-elle.

 

Page 142 : Dans les livres que nous avions remontés de la cantine, il n’y avait pas de burqa. Pas de filles que l’on fouettait avec des branches de grenadier ou que l’on échangeait contre des chiens de combat. Pas de filles que l’on offrait au vieillard le plus pieux de la cité. Pas de filles battues qui préféraient se jeter dans un puits plutôt que d’être lapidées à mort. Il n’y avait pas non plus de fillettes que leur père obligeait à porter des vêtements de garçon et à jouer le rôle du fils de la famille. Dans ces livres-là, les femmes n’allaient pas confier leurs histoires à l’eau du fleuve ni parler aux morts des cimetières pour fuir la solitude.

 

Page 194 : Avec le temps, je me suis fait deux amies, Sara et Elaheh, avec qui je pouvais parler plus longuement de mon enfance en Afghanistan. Je me souviens de leurs regards ébahis quand elles refermaient leurs livres pour m’écouter. À l’époque, personne n’avait rien écrit sur la vie des femmes sous le régime des talibans. Elles n’imaginaient pas qu’un tel endroit puisse exister ; inversement, je ne savais pas qu’en dehors de l’Afghanistan, le monde était un paradis, relatif, pour les femmes.

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Le programme – Sandra Dussault

Publié le par Fanfan Do

Éditions QuébecAmérique – Collection Magellan

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Victor pose un geste terrible qui l'oblige à fuir loin de chez lui. Il trouve refuge en forêt dans une curieuse communauté composée d'adolescents dysfonctionnels, souvent cruels. Mais qui sont ces jeunes ? Qu'est-ce qui les unit ? Et surtout, pourquoi Victor fait-il ces rêves étranges et si réels depuis qu'il est arrivé ?
Petit à petit, l'adolescent obtient des réponses… et souhaite aussitôt ne jamais avoir posé de questions.

SUSPENSE ORGANIQUE EN MILIEU CONTRÔLÉ

 


Mon avis :
En 2073, un futur proche, les villes sont terriblement polluées et les forêts meurent inéluctablement, attaquées par des insectes mutants et des maladies foudroyantes.

Victor a commis un geste terrible et doit s'enfuir. Il atterrit par hasard dans une communauté d'ados au cœur d'une forêt. Génial un lieu sans adulte ! Non ? Pas sûr…
En réalité c'est un lieu étrange, où rien n'est comme ailleurs, à part les jeunes, violents comme tous les humains, où personne ne porte son vrai nom : Bleu, Big, Torpille, Olive, Henri Quatre, Jujube, où il faut se méfier de tout le monde. C'est un panier de crabes, une humanité à l'échelle réduite. Et on se demande ce que tous ces gamins ont fait pour se retrouver là. Mais plus on apprend à les connaître plus on craint le pire.
Et pourquoi la nature est luxuriante alors que le reste du monde s'étiole ?...

J'ai beaucoup aimé Bleu (Victor) qui se pose énormément de questions, tout comme je m'en suis posé d'ailleurs, d'autant qu'il fait des rêves très étranges. Tout le monde a des secrets, il y a du suspense et des mystères. On se demande si le monde des adultes ne joue pas un jeu cruel avec ces enfants ou si ce n'est pas une sorte de démission face à une jeunesse devenue de plus en plus incontrôlable, voire une expérience malsaine.
Ce roman est un page turner, on est tenu en haleine du début à la fin, une angoisse de plus en plus prégnante nous étreint à mesure qu'on avance dans l'histoire.
Et le parler québécois est délectable pour quelqu'un qui, comme moi, rêve d'aller là-bas.

J'ai beaucoup aimé cette dystopie québécoise qui nous parle d'ados en perdition. Elle m'a terrifiée par moments. Je l'ai trouvée très imaginative mais aussi glaçante parfois, tellement le monde semble aller, depuis un certain temps, vers un modèle peu scrupuleux et sans éthique où seuls comptent la technologie et l'argent.
J'ai aimé de bout en bout, et la fin m'a cueillie même si je pressentais certaines choses.

Reçu dans le cadre de Babelio Masse Critique jeunesse, merci beaucoup pour la découverte de cette autrice québécoise.

 

Citations :

Page 65 : Le voilà parti à me raconter ce qu’il a entendu au sujet d’Olive et ce qu’il a peut-être vu quand il a travaillé avec elle. J’avoue, ce n’est pas joyeux à écouter. C’est le genre de rumeurs qui circulent tout le temps dans les corridors de mon école. Des rumeurs au sujet des filles, alimentées par des gars qui veulent se rendre intéressants et augmenter leur côte de popularité.

 

Page 136 : Je suis curieux de savoir si la Torgall traîne toujours là, mais impossible de vérifier avec la végétation qui cache l’endroit où elle s’est écrasée. Si Chef a dit vrai, la police, l’autorité gouvernementale ou la foutue organisation en charge du Programme Spécial est sûrement venue la reprendre et s’en sert maintenant pour recruter d’autres poireaux comme moi. Mais j’ai besoin d’aller vérifier, comme pour obtenir une preuve que ma vie d’avant existe bel et bien en dehors de cet endroit.

 

Page 218 : Tout le monde me rend dingue à force de si peu s’indigner de ce qui se passe ici. J’ai parfois l’impression d’être le seul à me préoccuper de ce que nous endurons. Mes compagnons sont tous blasés, engourdis et ne s’intéressent qu’à ce qu’il va y avoir dans leur assiette pour le souper.

 

Page 247 : - La plupart des gars avaient une vie d’marde, avant. Pis de s’retrouver au village, pour eux autres, c’est cool. C’est comme une promotion ! Y ont pas besoin d’aller à l ‘école, y a personne pour leur dire comment s’comporter

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Ranavalona III : Dernière reine de Madagascar – Jean-Claude Legros

Publié le par Fanfan Do

Éditions Poisson Rouge Oi

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Choisie pour régner au gré des intrigues du Palais Royal d'Antananarivo, la princesse Razafindrahety épousa le Premier ministre Rainilaiarivony et fut proclamée reine sous le nom de Ranavalona III. C'était le 22 novembre 1883, jour de son vingt-deuxième anniversaire. Madagascar était déjà en lutte contre les forces françaises et dès 1885 la jeune reine fut contrainte d'accepter leur domination. Dix ans plus tard, la capitale est investie, le Premier ministre capitule et meurt en exil, Ranavalona est quasiment prisonnière dans son propre palais.
En 1896, Madagascar est déclarée colonie française et le général Gallieni obtient les pleins pouvoirs. Il abolit la royauté malgache et oblige la reine à démissionner. Commence alors un exil de vingt ans, d'abord à La Réunion, puis à Alger où elle meurt en 1917. La biographie de cette reine malmenée par l'histoire s'appuie sur une riche iconographie. Dès le début de son règne des photographes ont fait son portrait et saisi quelques événements, d'autres l'ont suivie dans la vie mondaine des colonies et de la France de la "Belle Époque".


 

 

Mon avis :
Dès le premier chapitre je me suis dit que les noms allaient être très dur à lire, faute de les retenir : Razafindrahety, veuve à vingt et un ans de Ratrimoarivony, puis, devenue Ranavalona III elle épouse le premier ministre Rainilaiarivony qui lui-même avait été l'époux de Rasoherina et de Ranavalona II.

J'aurais bien aimé, avant d'attaquer l'histoire de Ranavalona, un petit historique de l'histoire de Madagascar dont je ne sais rien. Les deux guerres franco-malgache sont évoquées au deuxième chapitre, mais trop succinctement je trouve. J'aime connaître l'histoire de l'humanité en général, c'est pourquoi j'avais ce livre dans la liste de mes choix lors de l'opération Masse Critique non-fiction. Hélas le récit commence au vingt-deuxième anniversaire de la princesse qui devint Ranavalona III, la dernière reine de Madagascar. Mais qui était-elle ? Quelle a été son enfance ? On ne sait pas.

J'ai trouvé dans ce livre des choses intéressantes mais sous un angle un peu anecdotique parfois, sans doute pas assez approfondies. Cependant c'est un tout petit livre, 120 pages, ponctué de photos et de documents d'époque, ça laisse donc peu de place à la possibilité de développer.

J'aime les photos anciennes et ce qu'elles racontent de la vie de ceux qu'elles représentent. Je trouve très étrange de voir ces hommes et ces femmes, tous malgaches, habillés à l'occidentale. Certes les femmes ont des robes sublimes mais opter pour le mode de vie de ceux qu'on rejette, les français, qui leur ont volé leur île, est toujours surprenant. Comme de prendre la religion de l'envahisseur…
Elle a été plutôt bien traitée Ranavalona, autant que traitée avec mépris, envoyée en exil, déplacée et photographiée comme une œuvre d'art, emmenée de sorties en visites diverses de temps à autre, interdite de séjourner en France plus dune fois par an.

Ranavalona III m'a fait l'effet d'un fantôme trimballé çà et là dans un monde qui n'est pas le sien sans qu'on ait l'impression qu'elle pense quoi que ce soit. Un destin assez triste…

Ce livre m'a un peu laissée sur ma faim car il ne raconte pas grand-chose mais il m'a néanmoins donné envie de découvrir d'autres ouvrages sur l'histoire de Madagascar.

 

Citations :

Page 88 : Le Commandeur était subjugué par la reine, qui avait alors vingt-trois ans, et en a fait la description suivante :

"C'est une très jolie femme, au teint un peu foncé, mais guère plus que le teint de bien des méridionales. Elle a des cheveux noirs soyeux et de beaux yeux veloutés, d'une expression intense, où se mêle comme une douceur mystique et voluptueuse, avec le plaisir de plaire et d'être admirée. Avec cela Ranavalo est mince, de taille moyenne, ses mains sont délicates, ses attaches, fines et aristocratiques, dénotent la pureté de la race."

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Contrition – Carlos Portela - Keko

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Alexandra Carrasco

 

Éditions Denoël Graphic

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

La loi très restrictive de Floride interdit à tout individu condamné pour délit sexuel de vivre à moins de 1 000 pieds d'un endroit où étudient ou jouent des enfants. C'est ce qui fait de Contrition Village un terrible ghetto de pédocriminels, violeurs et harceleurs. Et, forcément, quand une mort bizarre par immolation frappe l'un de ses résidents, l'enquête ne peut prendre qu'un tour de plus en plus noir à mesure qu'elle s'enfonce dans les ténèbres d'une Amérique hantée par le péché.

 


 

Mon avis :
Les lois américaines contre les pédophiles aux États-Unis sont beaucoup plus sévères que chez nous et c'est ce qui m'intéressait avant tout dans cette histoire car, y a-t-il une rédemption possible chez ces criminels-là ?


Contrition est un village-ghetto où sont concentrés des pédocriminels. Dans les jardins, plantés devant les maisons se trouvent des panneaux précisant que là, vit un prédateur sexuel. C'est à la fois terrifiant et tellement dégradant. Pourtant ce qu'ils ont fait l'est tout autant. Mais je ne peux m'empêcher de penser que trop souvent, les pédophiles sont d'anciennes victimes de pédophiles et je trouve terrible qu'on ne les ai jamais aidés. Ça aurait sans doute permis, entre autre, de briser ce cercle vicieux tout en réparant ces enfants détruits, qu'à leur tour ils ne détruisent pas un jour d'autres enfants.

Christian Nowak est retrouvé carbonisé chez lui. Les questions se bousculent, suicide, négligence ou meurtre ? Beaucoup, y compris du côté des autorités, considèrent qu'il n'a eu que ce qu'il méritait.

Marcia Harris, journaliste ambitieuse qui écrit sur la dégradation urbaine à Nahokee, va pourtant enquêter sur cette mort qui s'avère d'emblée intrigante lorsqu'un grain de sable, et pas des moindres, est découvert à l'autopsie.

L'histoire nous amène à nous interroger. Est-ce qu'on attache autant d'importance à la mort d'un prédateur ?

Il est aussi question de féminisme à travers les ambitions de Marcia et de sa vie privée compliquée car maman d'un petit garçon, elle peut difficilement compter sur son conjoint qui semble considérer que s'occuper de l'enfant ne relève que de la mère.

J'ai vraiment adoré ce livre au graphisme très sombre qui sied à merveille à la noirceur du thème ainsi que l'ambiance et les décors qui nous plongent totalement aux États-Unis, mais aussi l'histoire qui traite de nombreux sujets comme le harcèlement, les sévices en milieu scolaire, le viol, la prédation sur Internet, le suicide, le deuil, la double peine, la difficulté d'être femme, et ce suspense bien ficelé, car on ne sait pas où on va... mais on sait qu'on va le savoir. Eh ouais !

Une BD magnifique qui traite en finesse un sujet extrêmement douloureux.

Merci à Babelio Masse Critique et à Denoël Graphic pour la découverte de cette magnifique BD.

Citations :

Page 16 : Désolé de t’avoir tirée du lit pour ça. Cette ordure ne mérite même pas un entrefilet dans le journal.

 

Page 45 : Indépendamment de la morale, nous avons tous une explication à donner à nos actes.

 

Page 83 : Quelqu’un m’a dit un jour que les circonstances pouvaient nous pousser à commettre des horreurs. Mais je n’ai jamais su quoi en penser.

On a mal agi. Mais une personne qui fait des choses mauvaises est-elle forcément une mauvaise personne ?

 

 

 

Voir les commentaires

Mon avis : Des animaux et des dieux – Essai de théologie animaliste – Christian Dellahaye

Publié le par Fanfan Do

Éditions Empreinte Temps Moderne

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

Portée par les avancées scientifiques (biologie, génétique, éthologie, médecine…), la question du statut de l’animal fait débat et suscite une prise de conscience générale qui initie des avancées aussi bien dans le domaine juridique et politique que parmi les anthropologues et les philosophes.
Un droit de l’animal émerge tandis que sont mises sur la sellette la majesté d’homo sapiens et sa domination universelle.
Cependant, les religions sont restées à peu près muettes sur ce sujet. L’enquête originale de Christian Delahaye, tout à la fois journalistique et théologique, apporte enfin une réponse religieuse à la question animale.
Il nous entraîne dans un voyage très documenté, riche en références historiques et théologiques, servies par les meilleurs spécialistes et nous fait découvrir que le suprématisme humain n’était inscrit ni dans les religions premières, ni dans la Bible, pas davantage dans le Coran, qu’il s’agit d’une importation gréco-romaine, portée par la dualité du corps et de l’âme, de la chair et de l’esprit, dépourvue de tout substrat évangélique.
Une lumière nouvelle sur les vivants et sur le Vivant.

 

 

Mon avis :
Il y a tant d'animaux qui souffrent partout dans le monde, dans la quasi-indifférence générale, parce que pour la plupart des gens, ce ne sont "que des animaux". Ah putain d'anthropocentrisme ! Pour moi, ils sont ma famille, je vis avec eux et je les aime. Tellement, qu'un jour j'ai décidé que je ne pouvais plus manger aucun animal. Adieu dissonance cognitive !
C'est pour ça que j'ai eu envie de lire ce livre. J'ai voulu comprendre d'où nous venait cette idée que nous sommes les maîtres et possesseurs.

J'ai adoré redécouvrir comment Copernic et 
Galilée ont fait trembler les fondements de l'Église, pourquoi Darwin a fini par remettre en question les théories religieuses, tout en gardant la foi.
L'auteur nous démontre, preuves scientifiques à l'appui, à quel point nous avons tort de penser que notre destin et celui des animaux ne sont pas liés. de plus, ils ne sont séparés de nous que par peu de choses, notamment la capacité à parler. "Les animaux pensent, des animaux créent des catégories, […] des animaux changent de point de vue, […] les animaux apprennent et transmettent leurs connaissances, […] des animaux manifestent de l'empathie, des animaux éprouvent le deuil, […] des animaux sont capables du meilleur comme du pire."
Et que dire des agents infectieux qui ont passé la barrière des espèces pour nous contaminer ? Alors, nous sommes si différents ???
"Homo sapiens n'est qu'une espèce parmi d'autres, explique le président du Muséum d'histoire naturelle de Paris, 
Bruno David" […]
Nous nous croyons tellement au dessus de tout que nous ne pensons pas que nous pourrions bien faire partie de la sixième extinction. Et pourtant…

L'auteur nous emmène dans un voyage à travers temps, depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui, pour nous montrer comment nous avons (mal)traité les animaux alors que nous avons toujours vécu avec eux, auprès d'eux, et que nous avons toujours eu besoin d'eux. Nous les avons traité comme des objets alors qu'ils ressentent et qu'ils souffrent. Mais pourquoi ?
Il a fallu attendre 1850 pour qu'un délit de maltraitance voit le jour. Et encore, uniquement celle perpétrée en public. Pourtant la corrida perdure, tout comme la chasse à courre et tant d'autres abjections, avec la bénédiction de nos dirigeants, insensibles à la souffrance animale et à notre propre dignité.

J'ai appris beaucoup de choses avec cette lecture, comme par exemple que le pythagorisme avait ouvert la voie à la métempsychose, ou bien encore que le catholicisme emprunte, plus que je ne l'aurais cru, au paganisme et que Jésus en personne mettait tous les vivants sur un pied d'égalité.
L'auteur énumère des philosophes comme l'anthropocentré 
Descartes et sa sinistre thèse mécaniste (Grrrrr), SpinozaVoltaire, Rousseau, KantSchopenhauer, qui eux avaient des thèses qui nous reliaient aux animaux, ou cet obscurantiste malfaisant de père Nicolas Malebranche qui prétendait que les animaux mangent sans plaisir et crient sans douleur, et Claude Bernard ce médecin borné qui disséquait des animaux vivant et sans anesthésie.
Une interrogation m'est venue quand j'ai appris que l'Église avait adhéré aux théories de 
Descartes. Comment peut-on être cartésien et croire en Dieu ???
Loin de m'avoir calmée, cette lecture édifiante à confirmé ma rage contre tous ceux qui se cachent derrière la "croyance aussi absurde qu'arrogante en une hiérarchie de la création."
Mais il y a de l'espoir, notamment grâce aux associations de défense des animaux, qui avancent pas à pas et gagnent du terrain pour faire valoir leurs droits, portées par l'opinion publique.

Je pense comme 
Kant : On peut déjà juger du coeur d'un homme au traitement qu'il réserve aux animaux.
Et je crois en ce dicton qui dit que, qui n'aime pas les bêtes n'aime pas les gens. Et je suis convaincue que quelqu'un qui peut faire du mal à un animal est quelqu'un de potentiellement dangereux.

Loué soit Darwin d'avoir permis à l'humanité une nouvelle approche, scientifique, de l'animalité, de l'incohérence que représente la discrimination envers les animaux, et d'avoir ouvert bien des yeux, même si ceux des différentes religions restent fermés. Et pourtant, à l'origine, Dieu avait fait de tous les êtres des végétariens, "clé d'une relation privilégiée entre les vivants"[…] "Dans la Genèse 1 et 2, l'homme ne tuait ni ne mangeait l'animal’’ […]
Pourtant, les hommes haïront le serpent, rendu responsable de leur déchéance, s'adonneront aux sacrifices d'animaux pour plaire à Dieu, en totale contradiction avec les écrits bibliques de la création.
En fait, il semble que dans l'ancien et le nouveau testament, on trouve tout et son contraire… ou pas. Euh… c'est compliqué ! Mais comment les hommes peuvent-ils s'y retrouver et ainsi parvenir à endiguer leur désirs de violence ? En fait, soit Dieu est versatile, soit les gardiens de la foi sont des escrocs.
[…]"chrétien ou musulman, l'homme reste la créature qui entend dominer toutes les autres et les exclut de ses privilèges."
La palme d'or du mépris envers la vie animale revient au christianisme qui est la religion la plus anthropocentrique au monde (et la plus sexiste soit dit en passant), ancrée dans son obscurantisme et faisant usage de la censure jusque dans les années 1900. 
François D'Assise, lui, est resté incompris et tant d'autres après lui, théologiens et ecclésiastiques, qui ont été muselés car l'Église catholique se doit d'être immuable… ou pas. Merci Pie XII d'avoir amorcé le changement !!! Et Paul VI, et surtout Karol Wojtyla qui, sous le nom de Jean-Paul II, a incorporé les animaux parmi "les enfants de Dieu." Hélas, après eux, bof bof et retour en arrière…

Cet ouvrage très documenté est foisonnant d'éclaircissements et passionnant de bout en bout. Ce qu'il raconte est révoltant.

Merci 
Editions Empreinte temps présent et Babelio pour l'envoi de ce livre extrêmement intéressant.

 

Citations :

Page 9 : Avec un temps de retard, les juristes suivent les scientifiques dans ce travail de révision qui chamboule les dogmes. Un longue marche juridique a commencé au XIXe siècle, qui fait émerger peu à peu la reconnaissance des droits animaux. Le statut de l’animal passe d’objet à sujet. S’y inscrit dans la loi un respect des animaux qui n’est pas séparé du respect des hommes : les droits accordés aux premiers ne sont pas retirés aux seconds, car le souci de l’animal ne diminue en rien le souci de l’homme, il crée un nouveau droit en enrichissant l’ancien.

 

Page 10 : Certains ‘hésitent plus à qualifier de génocide, le fait que 60 milliards d’animaux terrestres et 1000 milliards d’animaux marins soient mangés chaque année par les hommes – à tout le moins un zoocide.

 

Page 18 : Darwin se chargea de porter le coup de grâce à l’antique illusion anthropocentrique en théorisant que l’homme, déjà expulsé du centre de l’univers, n’était plus le sommet du vivant, mais qu’il évoluait parmi les autres organismes. Dans son livre De l’origine des espèces, il émit l’idée qu’il n’existe aucune différence de nature entre les humains et les animaux, mais que, tout au contraire, un continuum les relie depuis quelque 250 millions d’années. Grâce à Darwin, résume Régis Debray, l’homme découvre qu’il est partie intégrante et non surplombante de la vie de la nature, il se croyait au-dessus et il se découvre au-dedans.

 

Page 29 : Dans l’histoire biologique, ce n’est certes pas la première fois qu’un agent infectieux effectue un saut entre l’animal et l’homme : la peste, la tuberculose, la grippe espagnole, la brucellose, la rage et, plus récemment, le VIH, l’ESB, EBOLA, le SARS 1, le MERS-CoV, le MERS-like sont autant de zoonoses, c’est à dire de pathologies transmises à l’homme depuis un réservoir animal, via une autre espèce animale. Mais c’est la première fois que les ravages du mal submergent avec une telle magnitude, la médecine, l’économie, la vie sociale, la création artistique sur tous les continents, jusqu’à contraindre à la claustration plus de la moitié de l’humanité.

 

Page 63 : Chez l’animal, nous voyons la volonté de vivre en quelque sorte plus à découvert que chez l’homme. Il faut être aveugle, ajoutera-t-il, pour ne pas s’apercevoir que l’animal est par essence absolument ce que nous sommes et que la différence réside seulement dans l’intellect, non dans la substance, c’est-à-dire la volonté.

 

Page 64 : Derrida dénonce le spécisme inhérent à un humanisme brutal qui donne tous les droits à l’homme et les refuse tous à toutes les autres espèces.

 

Page 103 : Malebranche a rédigé des pages que Descartes, inventeur de l’animal-machine, n’avait pas osé écrire : Dans les animaux, il n’y a ni intelligence ni âme, comme on l’entend ordinairement. Ils mangent sans plaisir, ils crient sans douleur, ils croissent sans le savoir, ils ne désirent rien, ils ne craignent rien, ils ne connaissent rien ; et s’ils agissent d’une manière qui marque l’intelligence, c’est que Dieu les ayant faits pour les conserver, il a formé leur corps de telle façon qu’ils évitent machinalement et sans crainte tout ce qui est capable de les détruire.

 

Page 136 : Dès 1979, Jean-Paul II déclare que la protection animale est une éthique chrétienne ; deux ans plus tard, il félicite une association d’assistante de s’occuper de nos frères les plus petits.

 

Page 143 : En quoi le bien fait à un être non-humain serait-il préjudiciable à l’être humain ? En quoi l’antispécisme serait-il un antihumaniste ?

 

Page 143 : Tant pis pour l’Évangile et l’exhortation christique d’aller prêcher le Royaume à toutes les créatures, selon la finale de l’Évangile de Marc. Cette exhortation, François d’Assise l’avait actée. François de Buenos Aires, tout en empruntant au Poverello son nom, le titre de son encyclique et quelques bonnes paroles, s’assied doctement sur elle, sur le trône de la majesté humaine. L’étau qui s’était desserré autour de l’animal s’est à nouveau serré.

 

Page 147 : Après tout, la reconnaissance de liens fraternels entre l’homme et l’animal représente déjà, en soi, une évolution remarquable. Elle fonde un code moral. Elle invente en quelque sorte un nouveau commandement : on ne tue pas son frère, on ne sacrifie pas son frère pour plaire à Dieu, on ne le mange pas, on ne le dissèque pas vivant, on ne lui fait pas subir des expérimentations pour le bien de son grand frère humain, on ne lui inflige pas des conditions de vie contraires à son bien-être dans le seul but de dégager des bénéfices financiers.

 

 

 

Voir les commentaires

1 2 3 > >>