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Mon avis : Opération Semper – Michel Dablon

Publié le par Fanfan Do

Auto-Édition

 

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Quatrième de couverture :

An 1510. Laminée par son turbin, Suzanne Perriquet est la première victime d’une maladie pernicieuse, la brunoute. Son entourage ne voit qu’une issue pour la sortir de ce mauvais drap : retrouver Justin Coup, le jouvenceau qui lui avait déclaré sa flamme trois ans plus tôt.

L’affaire pourrait être simple, mais il y a un twist : l’élu pressenti vogue vers le nouveau monde, sur un bateau convoité par dix-huit pirates sanguinaires.

Quand Morpion, leur chef odorant, lui passe son crochet sous la gorge pour le réduire de trente centimètres, Justin brode une histoire de trésor pour échapper à la découpe. Comme il écoute Suzanne à longueur de marées, il situe son butin présumé à Leonard.

C’est dans ce trou perdu, proche de Dallas, qu’il aurait creusé celui qui abrite sa fortune. L’univers est impitoyable et les barbares ne lâchent rien.

Coup s’en sortira-t-il sans s’en ramasser ? Le suspense galope et vous le saurez bientôt, mais l’auteur vous le promet déjà : son coup de bluff cache un coup de génie … dont vous allez vous délecter !

 

 

Mon avis :
Les aventures épiques et comiques de deux vieilles frangines moyenâgeuse de la Creuse et passablement pochtronnes, nous emmènent à travers le monde chercher l'amoureux de l'une des deux qui souffre d'une brunoute.

J'ai attaqué cette histoire complètement délirante avec un petit regret, c'est de n'avoir pas lu le précédent roman avec les mêmes personnages : 418 cactus à Touquistonche. J'aime bien les lire dans l'ordre.

Pas grave, vogue le navire, je suis entrée dans ces délires bourrés d'anachronismes, c'est perturbant au départ mais en réalité ça apporte quelque chose de totalement débridé, farfelu, drôle !

Le Moyen-âge côtoie notre époque, on rencontre des célébrités en tout genre, actuelles ou mortes, mais vivantes. Cherchez pas, c'est comme ça !!

Amis des jeux de mots, doubles sens, anagrammes, belles tournures de phrases et d'une maîtrise acérée de la langue, bienvenue dans l'univers de Michel Dablon dont on se rend compte qu'il s'est beaucoup amusé à écrire ceci. Il nous offre en prime une petite visite guidée des beautés architecturales du Moyen-âge et des histoires humaines qui y sont liées.

Petit plus pour moi originaire du nord, j'ai replongé dans mon enfance via l'évocation des fricadelles dont je n'avais plus entendu parler depuis il y a fort longtemps, depuis ma migration vers le sud, le sud du nord, sachant que pour les sudistes le nord commence à Avignon, eh ouais !

Bref, un road trip sur route et sur mer, oui oui, des gentils désopilants, et des méchants tout aussi poilants… un court roman facétieux et joyeux, et en plus j'ai appris des choses ! Je m'endormirai moins ignorante ce soir. J'adore !!

 

 

Citations :

Page 22 : Nonobstant l’éveil de nos désirs, il me paraît plus sage d’en rester là. Le sauvetage d’une mouche noyée dans votre œil, je pourrai l’expliquer à Augustine. C’est une cause respectable.

Mais pour l’auscultation plus intime de vos avantages, je ne trouverai pas les mots.

 

Page 24 : - Les attirances, la décence, les convenances, la conscience… Il faut parfois se faire violence pour tout accorder. Le mystère du désir est impénétrable…

- Oui, impénétrable… c’est un bon résumé.

 

Page 75 : À l’attaque de la deuxième journée, les frangines creusoises n’étaient pas vraiment dans leur assiette. Le seul fait de repenser aux choux noirs et aux tripes de crapaud provoquait de troublants remous.

 

 

 

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Mon avis : De mères en filles – Maria José Silveira

Publié le par Fanfan Do

Traduit du portugais (Brésil) par Diniz Galhos

 

Éditions Denoël

 

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Quatrième de couverture :

De mères en filles est une plongée dans l’histoire du Brésil à travers une lignée de femmes allant d’Inaia, fille d’un guerrier indien née en 1500, jusqu’à Amanda, jeune Carioca des années 2000.
Indigènes, Africaines, Portugaises, Espagnoles, Françaises et un métissage de tout cela, esclaves, libres, sorcières, guérisseuses, amoureuses, meurtrières ou artistes, toutes sont des femmes aux personnalités colorées, complexes et inoubliables. Il y a Guilhermina, chasseuse de fauves, Ana de Pádua, propriétaire d’esclaves et de bétail, Diva Felícia, photographe et voyageuse, ou encore Lígia, activiste politique sous la dictature.
À travers cet enchevêtrement de récits et de destins au féminin, Maria José Silveira fait revivre l’histoire de ce colosse aux pieds d’argile qu’est le Brésil.

 

 

Mon avis :
Maria José Silveira nous raconte le Brésil à travers des femmes, en partant de l'année 1500 jusqu'à nos jours. On commence avec Inaiá, indienne née en 1500, puis toute sa descendance au féminin pour nous raconter l'histoire de ce pays. Une femme par chapitre, parfois deux. Chacune a un destin particulier, qui nous fait découvrir l'histoire du pays, l'arrivée des hommes blancs, l'esclavage, le métissage, l'évangélisation. C'est quelquefois teinté d'humour, comme par exemple avec le cannibalisme. Pourtant, quel sujet épouvantable !

J'ai énormément aimé la façon dont l'histoire est traitée. le destin du Brésil raconté à travers la vie de vingt-deux femmes. L'autrice va à l'essentiel, toujours, sans se perdre dans des détails, d'Inaiá qui n'avait jamais vu d'homme blanc, ni de noir d'ailleurs, jusqu'à Amanda, multi-métissée.
On comprend l'incroyable métissage de ce pays, notamment à travers les moeurs des autochtones, totalement désinhibés, l'esclavage des indiens et des africains, les colons européens, tout ce monde qui se mélange allègrement et je dirais que ça c'est le bon côté des choses : des êtres humains s'accouplant avec d'autres êtres humains.

J'ai été effarée, à travers cette traversée des siècles, par la barbarie dont l'humanité est capable. C'est pas que je l'ignorais mais là, on assiste en accéléré à la construction d'un pays et à toute la souffrance qu'elle a engendré et ça se révèle d'une cruauté sans limite. Des descendants d'esclaves propriétaires d'esclaves, des brésiliens, donc avec du sang indien dans les veines qui pourtant méprisent les indiens avec qui ils pensent n'avoir aucun lien, une humanité aberrante…
Et que dire du mariage dans ces régions sauvages, où il n'était pas question d'amour mais d'un acte réfléchi par lequel il fallait passer pour avoir un projet de vie et une descendance ?!
Et des femmes, fortes, combatives, coriaces, libres, indépendantes souvent, mais aussi parfois futiles et stupides.
À travers cet éventail de vies de femmes, toutes descendantes d'Inaiá, et les pères de leurs enfants, on a un large panel de représentants de l'humanité, avec ce qu'elle comporte de beau ou de laid.

J'ai adoré ce roman qui m'a fait arpenter les siècles et l'histoire du Brésil, et m'a permis de comprendre cette page d'histoire dont j'ignorais tout.

Dès le départ ce livre avait tout pour me plaire ! de la couverture que je trouve superbe, au titre qui me laissait espérer quelque chose de très fort, jusqu'au résumé, moi qui adore l'histoire. Sans books_food_swing et son book trip brésilien sur Instagram, je n'aurais jamais eu la chance de découvrir ce roman qui m'a transportée !

 

Citations :

Page 17 : Le lendemain matin, la tribu était réunie presque au grand complet sur la grève pour voir les Caraibas, les prophètes venus de l’est, du côté du soleil.

 

Page 17 : Prémices d’un destin fatidique, ces hommes étranges armés de fer et de feu furent acceptés comme des amis et des frères.

On peut donc dire qu’Inaia avait bien assisté, sans pour autant rien en voir, à l’évènement qui devait changer pour toujours son existence et celle de son peuple.

 

Page 91 : Jeune fille soumise d’excellente constitution, la mère de Bento Diego dévoua sa vie à sa seule et unique mission, celle-là même que lui avait donnée la reine : procréer. Bento Diego fut le douzième de ses quatorze enfants.

 

Page 126 : De fait, on peut comprendre que beaucoup de personnes aient jugé inquiétantes ces trois femmes qui grimpaient et descendaient les sentes de la ville – Maria dans la plénitude de la quarantaine, Belmira dans la beauté éthérée de sa folie et Guilhermina dans l’impétuosité ardente de son enfance – en laissant derrière elle une traînée d’interrogations et de fascination.

 

Page 130 : La blancheur de la main de la jeune fille posée sur le bras noir et musclé du jeune homme semblait menacer la ville tout entière.

 

Page 216 : Du point de vue de Jacira, il était tout aussi évident que les indiens étaient plus proches de l’animal que d’eux. Deux siècles ne s’étaient pas encore écoulés, et cette génération de Brésiliens avait déjà complètement oublié de qui ils étaient les descendants.

 

Page 227 : Vous vous étonnez qu’une femme assume un tel pouvoir à cette époque ? Eh bien vous ne devriez pas. À toutes les époques, partout dans le monde, il y a toujours eu des femmes aussi puissantes que les hommes. Ces femmes ont toujours existé, et il faudrait beaucoup plus que les doigts des deux mains pour les compter. Et à ce moment du récit, tout le monde aura déjà compris que les femmes qui ont conquis ces terres durant les deux ou trois siècles ayant suivi leur découverte par les Européens, qui se sont enfoncées dans le Sertao, qui ont vécu dans la foret primaire de ce pays tout jeune, ne pouvaient se permettre le luxe d’être fragiles et soumises, ainsi que beaucoup aimeraient les dépeindre.

 

Page 255 : C’était dans sa nature, elle avait cette capacité à accepter tout ce que la vie lui réservait, le bien comme le mal. Ce don qui lui permettait de ne pas appréhender le passé comme un fardeau, mais comme un coffre où elle gardait sous clé son trésor, cette flamme qui jamais ne s’éteindrait.

 

Page 303 : Rio de Janeiro était alors le terminus négrier des Amériques, avec la plus forte concentration d’esclaves au monde depuis l’Empire romain. C’était une ville à moitié africaine, presque totalement noire.

 

Page 399 : Il a tout lu, il savait tout, et à quoi ça lui a servi ? Il est mort.

 

Page 464 : - Papa est resté silencieux un moment, et puis il a juste dit qu’il commençait à comprendre pourquoi nous autres millenials on ne sait que répondre des « j’en sais rien », des « peut-être bien ». Vu toutes les conneries qu’on fait, c’est normal qu’on sache jamais rien. Mais pour le coup, c’était lui qui avait l’air paumé.

 

 

 

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Mon avis : Le dernier inventeur – Héloïse Gay de Bellissen

Publié le par Fanfan Do

Éditions Robert Laffont

 

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Quatrième de couverture :

C'est l'histoire d'un homme entré dans l'Histoire car il a découvert Lascaux à treize ans et des poussières et que la même Histoire a voulu anéantir. Réduire en poussière.


" Aujourd'hui, c'est le dernier des quatre copains de Montignac encore en vie. Le dernier inventeur, Simon. Quand je quitte son appartement, sur le palier, il me dit "la grotte elle est là' en me désignant son crâne, "elle est dans ma tête'. Dans l'ascenseur, je prends conscience que je viens de rencontrer une autre grotte. La grotte intérieure d'un petit garçon de quatre-vingt-onze piges qui vient de se rouvrir. Je ne sais toujours pas pourquoi Lascaux m'a emmenée vers une autre cavité, mais au fond c'est cette découverte-là que j'attendais. La vie de Simon Coencas sur une paroi, que j'allais calquer comme l'avaient fait avant moi les préhistoriens avec les dessins de Lascaux. "
Le Dernier Inventeur est une oeuvre unique, plongée dans l'Histoire et dans l'âme d'un homme, enquête sur le mystère de l'art préhistorique, réflexion poétique sur l'enfance, la beauté et le mal.

 


 

Mon avis :
Moi qui pensai changer d'horizon, voilà que sans le faire exprès je suis encore en phase avec @lemoislitterart puisqu'il est question ici d'art pariétal. L'art de la nuit des temps.

Ce que j'aime avec Héloïse Gay de Bellissen c'est qu'on entre immédiatement dans le vif du sujet, dès les premières lignes. Et puis elle s'adresse à chacun de nous quand elle écrit. Là, elle me l'a racontée à moi l'histoire des découvreurs de Lascaux, plus précisément les inventeurs comme on doit dire, avec Simon le dernier encore en vie des quatre copains qui sont tombés un jour par hasard sur ce témoignage du lointain passé.

L'autrice donne la parole à la grotte de Lascaux à chaque début de chapitre mais pas que… La grotte parle du monde et à ceux qui vont la découvrir : Je suis légataire du passé et maîtresse du devenir. J'étais une âme en attente avant de vous connaître.

Le récit fait des allers-retours dans l'histoire. La préhistoire, la guerre et l'horreur de la shoah qui s'est invitée dans la vie de Simon, pendant les années 40 avec la découverte de la grotte, et le présent. J'ai été touchée par la magie qu'on ressent en présence de ces peintures rupestres, mémoire de l'aube de l'humanité. Il y a quelque chose de tellement émouvant, comme si on pouvait traverser les couloirs du temps, presque sentir la présence de ces artistes des temps immémoriaux.

Ce roman est un mélange de scènes du quotidien, des horreurs de la guerre, et de l'état de grâce que procure la découverte de la mémoire de l'humanité, préservée bien à l'abri du monde en furie, sous la terre.
C'est une belle histoire d'amitié, de découverte et de communion avec l'humanité d'il y a des millénaires.
Les moments d'échange avec "le petit Simon", quatre-vingt-onze ans en 2018 au moment des entretiens avec l'autrice, alors qu'il en avait treize à la découverte de la grotte, sont des moments de belle complicité, heureux qu'il est de partager ce qu'il a vécu.

Le beau et le laid se côtoient, la magie de la découverte et l'horreur des déportations, Drancy, Auschwitz, ses proches qu'on n'a jamais revus, la barbarie…
Cette lecture a été remplie d'émotions, comme si bouillonnait tout au fond de moi la mémoire de nos lointains ancêtres et que les descriptions de la grotte, faites par elle-même et par ses découvreurs, faisaient entrer en vibration. J'aime ce qui représente la mémoire de l'humanité, toutes les traces qu'ont pu laisser nos ancêtres, des calvaires à la croisée des chemins et des cathédrales, aux Bouddhas géants en passant par les pyramides, jusqu'à ces grottes recouvertes d'art pariétal. Pas vous ?
La poésie est partout dans ce récit, jusque dans le dialogue entre la grotte et la mort... et cette espèce de danse effrénée entre hier et maintenant où tous s'y retrouvent.
Un très bon moment de lecture qui m'a redonné le sentiment de faire partie d'un Grand Tout avec mes frères et sœurs humains, et pourtant les humains ne sont pas mes animaux préférés.

À part ça ?... Je connais Riboux XD !

 

Citations :

Page 20 : Je suis la seule chose au monde née du vent, de l’eau et des nappes profondes, du calcaire et par toi. Je suis un geste de la nature que l’homme a ébranlée, éprouvée, sanctifiée. J’ai été aimée, caressée, tracée, gravée, colorée. Je suis une formation argileuse sur une colline de châtaigniers et de pins. Je suis destinée à quelque chose sans en être concernée. Je ne suis pas un départ mais un commencement.

J’ai 17 000 ans, je suis la grotte de Lascaux.

 

Page 25 : Simon a découvert la « chapelle Sixtine de la préhistoire » le 14 septembre 1940. Puis, à peine deux ans plus tard, en novembre 1942, il est interné à Drancy. Je ne sais plus quoi dire. Comment dans une même existence peut-on être considéré à treize ans comme un héros planétaire, et à quinze comme quelqu’un qu’on doit supprimer ?

 

Page 34 : Il y a 20 000 ans, des hommes des cavernes étaient exactement où ils se trouvent et ils ont dessiné, ils ont inventé l’art, ici, là, dans cette faille de la terre.

 

Page 64 : Georges Agniel, futur découvreur, et écolier lui aussi, était régulièrement au piquet. Insolent sans même le faire exprès, il savait tout sur tout. Une mémoire d’éléphant dans un corps de porcelaine. Il passait son temps à lever la main en cours parce qu’il connaissait les réponses. Le genre de mioche pénible. Donc inlassablement, chez lui ou à l’école, il était en retenue. Il avait ce qu’on n’appelait pas encore à l’époque une hypermnésie, une mémoire totale, tout ce qu’il entendait ou voyait, il le retenait.

 

Page 108 : Dans la grotte des Combarelles, caverne vieille de 13 000 ans, à quelques kilomètres de Lascaux, j’ai eu l’impression d’être mise dans le secret, et mon père aussi. Lorsqu’on regarde une gravure ou une peinture rupestre, on est en train de regarder quelque chose que l’on n’aurait jamais dû voir, le temps aurait dû l’effacer. On se sent précieux, choisi, car cette chose parfaitement belle, inimaginable, se déploie sous nos yeux. La main d’un Magdalénien, il y a des millénaires, était là, à notre place, et a laissé cette empreinte, qui n’est autre qu’un secret dévoilé.

 

Page 138 : - Moi je ne savais même pas que j’étais juif.

- Vos parents ne pratiquaient pas ?

- Non, ma grand-mère mangeait du pain azyme, elle faisait ça, voilà.

- C’était une sorte de non-dit, alors ?

- Non, non… Je ne sais pas, on n’en parlait pas, c’est tout, on était juste une famille, vous voyez.

 

Page 140 : Simon vient de passer la porte d’entrée en la claquant, mais ils ne l’ont même pas entendu. Il va exploser : « Alors comme ça, on est juifs ! Première nouvelle ! J’aimerais qu’on me mette au courant ! »

 

Page 161 : Vous savez qu’on m’a recopiée trois fois, moi je suis Lascaux I. Il y a Lascaux II, mon premier fac-similé, à mes côtés, dans la forêt, et Lascaux IV, le centre international de l’art pariétal. Je suis sans doute l’œuvre d’art la plus refaite, je suis tellement belle que vous devez me voir absolument.

 

Page 189 : Je perds la bataille de l’écrivain. Il y a dans le renoncement quelque chose de plus fort que soi, qui est digne de confiance, et on se doit de l’écouter.

 

 

 

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Mon avis : Je suis Jeanne Hébuterne – Olivia Elkaim

Publié le par Fanfan Do

Éditions Points

 

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Quatrième de couverture :

Décembre 1916. Dans la pénombre d’un escalier, Jeanne Hébuterne tombe amoureuse d’Amedeo Modigliani. Elle peint modestement, lui est un artiste maudit. Elle vit encore dans le cocon familial, il mène une existence dissolue entre son atelier, les cafés parisiens et les prostituées. Elle abandonne tout pour le suivre. La passion les emporte. Incandescente, destructrice. Jusqu’à la folie…

Olivia Elkaim est née en 1976. Je suis Jeanne Hébuterne est son quatrième roman.

« Un roman remarquable par sa puissance d’évocation. »

Mohammed Aissaoui, Le Figaro

 

 

Mon avis :
1916

Olivia Elkaim prend la voix de Jeanne Hébuterne pour nous raconter cette histoire dont la première phrase résume ce qui va suivre et donner envie de poursuivre : "Hier soir je suis tombée amoureuse d'Amedeo Modigliani."

Le coup de foudre ! Qui donne la sensation d'exister puissance dix, fait marcher à un mètre du sol et nous anéantit tout aussi fort à la fin.

Jeanne, passionnée de peinture, peint, tout comme son frère parti à la guerre, et semble vivre dans une perpétuelle discussion intérieure. C'est un électron libre. Elle observe sa mère et se dit qu'elle ne veut pas de cette vie là. Elle pense à son frère très pieux et se dit que ce sont des fadaises. Lorsqu'elle croise le regard de Modigliani, artiste charismatique, alcoolique et fantasque, elle est totalement subjuguée et soudain menée par le bout de son cœur.

Lui, aime cette femme à peine sortie de l'enfance, mutique, artiste comme lui.

J'ai aimé observer cet amour fou, quand plus rien ne compte que le moment présent avec l'être aimé. C'est étrange comme l'amour peut parfois être maléfique, ou du moins la passion l'est. Mais est-ce qu'on ne rate pas quelque chose à traverser la vie sans jamais avoir connu ce sentiment terrible et flamboyant qui nous consume tout entier ?

Jeanne était sans doute prédestinée à vivre une passion dévorante. Elle vivait un amour fraternel malsain avec André, ce frère limite incestueux, tellement possessif que c'en est dérangeant. Elle vivait confortablement au sein d'une famille aimante où on lui parlait de respectabilité dont elle n'avait que faire. La passion est un raz de marée qui ne s'embarrasse pas de conventions sociales.

L'amour, l'art, la pauvreté, la faim, le feu sacré, artistes maudits et libres…

Montmartre, Montparnasse, la vie de Bohême, la bande d'amis, Chaïm Soutine, 
Blaise Cendrars, Erik Satie, Maurice Utrillo, Max Jacob, ça ferait presque rêver si on oubliait qu'ils baignaient tous dans la misère et les vapeurs d'alcool, mais aussi la fête et une sorte de jeunesse éternelle, qui n'est rien d'autre que de l'immaturité et de l'égoïsme.

Jeanne s'est donnée tout entière à sa passion. Modigliani l'aimait aussi, à sa façon, mal. Il était absolument, totalement égocentrique. Comme le sont les artistes. Comme le sont souvent les hommes.

Que faire quand celui qu'on aime est devenu notre souffle de vie, sans qui on s'étiole et on meurt ?

Jeanne n'est plus que passion pour lui qui peut disparaître des semaines entières : "L'absence de mon amour me désagrège."

Pauvre petite Jeanne, si seule et incomprise, jugée et honnie par son époque mais pire que tout, par sa famille, ceux-là même qui étaient censés la protéger, la soutenir et l'aimer quoiqu'il arrive.

Je ne sais pas si c'est une belle histoire, car l'amour fou est-il beau ? Vaut-il d'être vécu ? Peut-être nous dirait-elle que oui, elle qui s'est consumée pour son bel Amedeo.

Le destin passionné de Jeanne Hébuterne pour son artiste maudits, le ténébreux Modigliani, sortie de l'oubli par 
Olivia Elkaim, m'a totalement bouleversée.

Mais que les femmes paient cher leur adoration, de tous temps !.. capables de s'effacer jusqu'à n'être plus que l'ombre de l'être aimé.

 

Citations :

Page 9 : Je les entendais déjà graillonner, « Les filles qui font de la peinture, c’est pire que les peintres du dimanche. Elles ne domptent pas leurs nerfs, comment pourraient-elles maîtriser un pinceau ? »

 

Page 15 : Si maman avait seulement conscience de mon état,de cette transe, elle assènerait :

- Tu sais, les hommes, ma fille…

Sans terminer sa phrase, me laissant imaginer les horreurs dont ils sont capables en toutes circonstances. Cruauté, absence, abandon, lâcheté, égoïsme, duplicité, bellicisme.

 

Page 38 : Ce matin quand j’ouvre les volets, je m’attarde un moment au bord de la fenêtre. Ma main caresse mécaniquement la pierre granuleuse du parapet. Une buée glaciale sort de ma bouche.

Les passantes silencieuses avancent, le dos voûté. Il n’y a presque plus d’hommes de mon âge dans Paris. Il reste les réformés, les éclopés, les trop vieux. Les types du genre d’Amedeo Modigliani. Les « traîne-savates » de l’arrière-front, comme les désigne André dans ses lettres.

 

Page 60 : Je ne sais combien de temps nous restons là. Des gens, aux fenêtres, grondent et crachent. Ils nous balancent des œufs, l’eau souillée de leurs pots de chambre.

Les mains en cornet sur la bouche, Amedeo leur crie :

- Nous sommes les noctambules, les nyctalopes, les somnambules… Nous sommes les adversaires des bourgeois encalminés dans leurs chemises de nuit. Nous troublons votre sommeil puant l’haleine calcifiée.

 

Page 79 : L’ai-je perdu moi ? L’ai-je perdu le soir du carnaval où j’ai dansé nue pour lui, dans les bosquets du Luxembourg lorsque je le laissais caresser mes cuisses, dans les chambres des hôtels où il m’entraînait, déchirait mes vêtements et léchait ma peau grain par grain ?

Je le laissais me prendre, sans jamais dire non. Aucune résistance, aucune force à opposer à son désir. André m’avait pourtant mise en garde contre les hommes. Pense à ton honneur, à celui de notre famille et n’oublie pas la « chose ». Le pouvoir de la « chose ».

 

Page 94 : - L’artiste est au-dessus des contingences, me dit Amedeo. Nous, c’est un monde, tes bourgeois de parents, c’en est un autre, loin de nous désormais.

 

Page 105 : Nous étions en paix et ne le savions pas.

 

Page 110 : Que la mort fasse son entrée, rue de la Grande-Chaumière, par la grande porte. Qu’elle vienne m’arracher Amedeo, fardée et déguisée sous l’habit de l’amour.

Je l’attends.

Alors je lui dirai de m’emporter moi aussi. Je ne vivrai pas plus de vingt-quatre heures sans lui.

 

Page 133 : - Il la baise ! me dit Soutine. C’est une de ses nombreuses putains. Une nana venue de Marseille, un peu perdue ici… N’en fais pas tout un plat. Les hommes sont infidèles par nature. Leur amour n’a rien à voir avec ça. Il t’aime, mais il la baise. C’est la vie, chasse ce romantisme en toc, et souris un peu. Moi, je ne suis resté fidèle qu’à ma mère.

 

Page 184 : J’ai été heureuse, toutes ces années.

J’ai connu l’amour, le grand amour, les sentiments que la plupart des jeunes filles de mon âge relèguent au fond d’elles-mêmes par peur ou par bienséance, dans une boite vissée à double tour. Elles n’en ouvrent jamais l’opercule doré.

 

Page 190 : - Ne me laisse pas seul avec la mort, ma petite sœur, ma fée. Je crois que j’ai un peu peur… J’ai un peu peur de m’en aller sans toi sur ce chemin.

 

 

 

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Mon avis : L’empereur des alchimistes selon Arcimboldo – Alain Le Ninèze

Publié le par Fanfan Do

Éditions ateliers Henry Dougier

 

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Quatrième de couverture :

Collection « Le roman d’un chef-d’œuvre

Mêlant récit romanesque et enquête historique, l'auteur raconte l'histoire d'un tableau célèbre.

 

Vertumne, portrait de Rodolphe II

" Comme tu viens de l'écrire dans ton poème, le portrait que je fais de Rodolphe dans mon Vertumne n'est pas beau. Soyons franc : il est grotesque, je dirais même qu'il est laid. N'est-ce pas ? – Il est à la fois beau et laid, Giuseppe. C'est son côté grotesque, justement, qui en fait la beauté. "

Giuseppe Arcimboldo n'ignorait pas l'ambiguïté de son oeuvre. Il savait que ses tableaux pouvaient déranger autant que fasciner. Pourquoi a-t-il peint Rodolphe II de Habsbourg en dieu-jardinier ? Ce tableau est-il un hommage à l'empereur du Saint Empire ou une façon de se moquer de lui ? Pourquoi tous ses portraits sont-ils des têtes composées de fruits et de légumes ?
Autant de questions qui jalonnent ce récit qui nous entraine dans les pas du peintre italien exilé à la cour de Prague, au service de l'empereur fantasque qui s'est entouré de tout un cercle de devins, de mages, d'astrologues et d'alchimistes.

L'auteur

Romancier féru d'histoire de l'art, Alain Le Ninèze a écrit notamment sur Michel-Ange (Libica. Michel-Ange et la sibylle, Actes Sud 2014) et sur Léonard de Vinci (Dans les yeux de Mona Lisa, ateliers Henry Dougier, 2019). On lui doit dans la même collection : La Femme moderne selon Manet et Le Dernier Sommeil selon Caravage.


 

 

Mon avis :
Milan - 1589

Giuseppe Arcimboldo qui a reçu commande d'un portrait de Rodolphe II de Habsbourg décide de le représenter en dieu-jardinier.
De retour de Bohême dans sa Lombardie natale après vingt-sept ans d'absence et hébergé par Morigia Gherardini , Il retrouve ses amis Gregorio Comanini, et Giovanni Lomazzo le peintre devenu aveugle. Il leur raconte pourquoi il est parti un jour et leur confie un codex contenant des feuillets dans lesquels il a consigné des événements au fil de sa vie, qu'il aurait pu nommer : Chronique d'un artiste lombard à la cour du Saint-Empire.

À la suite d'Arcimboldo, via le codex lu par ses amis, j'ai découvert que Rodolphe II de Habsbourg était un grand collectionneur d'art, féru d'astrologie et fasciné par la science des alchimistes. J'ai aussi visité son 𝑲𝒖𝒏𝒔𝒕𝒌𝒂𝒎𝒎𝒆𝒓, cabinet de curiosité qui, pour la partie animale, m'a évoqué un bestiaire fantastique et pour la partie humaine les contes et légendes de mythologies de tous horizons.
C'est un voyage réjouissant qui nous est offert là, au cœur même de la créativité des artistes du XVIème siècle et des superstitions des grands de ce monde.

Pour moi qui ai toujours aimé les tableaux d'Arcimboldo, totalement fantaisistes pour son époque, son histoire écrite sous la forme d'un cours roman m'a enchantée.
J'ai eu l'impression de replonger dans mes cours d'histoire de l'art quand j'étais étudiante lorsque Arcimboldo décrit son œuvre, et j'en ai profité pour regarder en détail la reproduction à l'intérieur de la première de couverture. J'avoue que je ne l'avais jamais vue sous cet angle. Je me suis rendu compte que j'ai tout oublié de mes années aux Beaux-arts, que j'ai fait table rase de cette période de ma vie. C'est très étrange… Cette piqûre de rappel a été bienfaisante.

On suit Arcimboldo dans ses nombreuses fonctions, car attaché à la cour de Rodolphe II, il n'était pas que peintre... il était multitâches, tenu d'organiser des événements mais aussi de partir à la recherche d'ouvrages à travers l'Europe.
J'ai beaucoup aimé cette balade au cœur de la renaissance.
Le dernier chapitre nommé Regards croisés nous offre plusieurs courtes analyses concernant Arcimboldo et son œuvre, ainsi que sa relation avec Rodolphe II de Habsbourg, tout en nous éclairant sur la personnalité de ce dernier. C'est très instructif.
Les Ateliers Henry Dougier racontent bon nombre d'artistes qui me tentent tout autant que celui-ci.

 

Citations :

Page 17 : L’escalier nous conduisit dans une enfilade de pièces qui devaient occuper presque tout le sous-sol du palais. La première salle était celle des pierres précieuses. Je demeurai muet d’étonnement à la vue des innombrables joyaux qui brillaient derrière les vitrines. Diamants de toutes tailles, rubis, agates, lapis-lazulis, topazes, saphirs, perles de Golconde, obsidiennes d’Égypte, émeraudes de Perse, toutes ces pierreries scintillaient d’éclats multicolores sous les lustres à girandoles de cristal qui descendaient du plafond, déversant une faible lumière dans la pénombre. C’était une véritable caverne d’Ali Baba.

 

Page 42 : Le peintre aveugle hocha la tête en signe de remerciement. Puis il se mit à l’interroger sur certains détails du tableau, comme s’il le voyait réellement. Il lui demanda d’abord pourquoi il n’avait pas choisi deux pommes pour les deux joues, puisque les joues sont des éléments semblable dans un visage, et pourquoi pas deux cerises pour les deux yeux… Arcimboldo lui répondit de façon évasive, disant qu’il avait suivi son inspiration, autant dire son caprice. Il précisa néanmoins qu’il voulait peindre le plus grand nombre possible de fruits différents afin de créer un effet de surcharge. Cet effet, selon lui, donnait une impression d’abondance propre à exalter la puissance impériale, maîtresse de la nature et de ses productions. Il ajouta enfin que le foisonnement et l’exubérance, tout simplement, étaient des traits propres à son style.

 

 

 

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Mon avis : Pop Icons StephenKing – Justine Niogret

Publié le par Fanfan Do

Éditions L’écran Fantastique Collections

 

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Quatrième de couverture :

Stephen King est précieux. Ses romans sont précieux.

Ce qui est touchant aussi chez King, c’est qu’il ne se présente pas en professeur. On a l’impression qu’on pourrait aller pique-niquer avec lui, lui raconter nos soucis, jouer au base-ball, promener son chien. King n’a jamais de grands airs. King est humble.

King, c’est le grand frère qu’on n’a pas eu, qui vous raconte des histoires horribles, les soirs d’été, cachés sous les couvertures. Il a ce goût-là. Les soirs d’été d’enfance, quand le monde vous fait si peur mais qu’il vous appartient encore, parce qu’on n’a pas encore fait de choix. Et puis, la vie vous pousse à en faire, et de plus en plus, et on se retrouve adulte.

 

 

Mon avis :
La passion de 
Justine Niogret depuis l'enfance (oui oui) pour Stephen King a abouti à ce livre qui nous apprend tout sur le maître de l'horreur, en commençant par son enfance. J'ai adoré… TOUT ! À commencer par la mise en page. Il y a des dessins, et du texte, en petit, en grand, en gras, en couleur, un régal pour les yeux. Car bien sûr elle s'est accompagnée de nombreux dessinateurs-trices pour nous pondre cet ouvrage juste magnifique et passionnant !

On apprend (pas) que ce génie de 
Stephen King est d'une grande humilité autant qu'il est la bienveillance personnifiée. On ne l'apprend pas parce qu'on le sait déjà, enfin il me semble. Par contre on apprend tout le reste, sur son enfance difficile, sa santé fragile, sa curiosité... de sa découverte de la littérature jusqu'au succès mondial de ses écrits, en passant par sa nounou d'enfer, sa mésaventure avec le sumac vénéneux, sa rencontre avec Tabitha et la misère dans laquelle ils vivaient, ou encore les nombreuses lettres de menaces de lecteurs, venues avec le succès.

C'est magique de découvrir les sources d'inspiration de King ainsi que tous les recoupements au fil des romans, qui nous démontrent à quel point il fait corps avec son oeuvre qui elle-même est un grand tout.

C'est extrêmement bien raconté, avec beaucoup d'humour parfois.
C'est aussi un livre qui donne envie d'en acheter plein d'autres, comme tous ceux qu'on n'a pas encore de 
Stephen King mais aussi ceux d'Edgar Poe dont il est fait mention plusieurs fois dans cet ouvrage.
J'ai surtout envie de découvrir La Tour Sombre, cette saga écrite sur plusieurs décennies, et puis Le fléau, et puis 
Simetierre, et puis Carrie, et Sac d'os, et absolument toute sa bibliographie en fait !!!

Ce livre est une montagne d'informations sur 
Stephen King mais aussi sur ses engagements, pour lesquels son épouse Tabitha est à ses côtés depuis le début.
Cet ouvrage met en évidence, pour ceux à qui ça aurait échappé, L'IMMENSITÉ de l'oeuvre de cet homme atteint de graphomanie, pour le plus grand plaisir de ses lecteurs. Une biographie à lire, qu'on soit fan ou non de 
Stephen King, cet homme qui est arrivé à la littérature par sa passion du cinéma et qui tient une place mondialement prépondérante sur la scène littéraire depuis plus de 50 ans.
J'ai adoré lire ce livre, je l'ai dévoré !

 

Citations :

Page 35 : Peut-être que si Stephen King avait rencontré l’horreur dans la littérature anglaise, ses écrits auraient eu le goût d’un Earl Grey empoisonné et le parfum du vieux velours tapissant une bibliothèque close depuis des années, mais ce sont les vampires gominés qui lui ont donné sa première gorgée d’angoisse. King ne les a jamais oubliés ni trahis.

 

Page 51 : Et puisque la vie et les écrits de King se mélangent, il décide de se servir de la cour de récré pour devenir auteur. Il qualifie lui-même cet épisode de « plagiat le plus éhonté de l’histoire », et il a bien raison.

 

Page 64 : King n’a jamais oublié ses années de pauvreté et de labeur. Lorsqu’il écrit l’effort, le mépris, les fins de mois qui commencent le quinze, il sait.

 

Page 113 : En 1979, Richard Bachman publie son second roman, Marche ou crève. Le livre a été écrit dix ans auparavant. Il s’agit d’une dystopie. Dans une dictature militaire, cent jeunes gens doivent marcher. Le dernier survivant est récompensé. Là aussi, on retrouve les idées de King… enfin, de Bachman, qui ne le quitteront jamais. La méfiance envers le gouvernement, sa violence, l’aveuglement du système.

 

Page 239 : On l’a vu : King est humble. Il a toujours refusé la création d’un fan-club officiel, ou d’être la cible directe de l’adoration de certains de ses lecteurs. Il leur parle pourtant : dans les introductions de ses livres, ou ses fameux « mots de la fin ». Il y confie des anecdotes sur sa vie, donne, en quelque sorte, des nouvelles comme le ferait un vieil ami qu’on a un peu perdu de vue.

 

Page 265 : « Je préviens juste mes amis britanniques : un sac à merde américain va vous rendre visite. S’il vous plaît, rappelez-vous que la plupart d’entre nous n’ont pas voté pour lui : il a perdu de trois millions de votes. Sa présidence est une anomalie statistique."

 

 

 

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Mon avis : La colline aux tilleuls – Gloria Naylor

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Gérard Defaux

 

Éditions Belfond

 

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Quatrième de couverture :

De génération en génération, depuis que le premier Luther Needed a acheté un lopin de terre sans valeur, les Noirs de cette communauté privilégiée ont travaillé à créer ce joyeux qu'est la colline aux tilleuls. Les Noirs qui y habitent ont réussi à la manière des blancs : ils sont riches, puissants et respectés. Mais, en gagnant fortune et pouvoir, ils se sont perdus eux-mêmes ; et leur communauté, vue de l'extérieur, ressemble davantage à l'enfer qu'au paradis.

Lester et Willie, deux jeunes garçons qui cherchent de petits travaux pour acheter leurs cadeaux de Noël, viennent frapper aux portes des maisons de la colline : à leur suite, on découvre l'envers des apparences et le lecteur parcourt les neuf cercles de l'Enfer jusqu'au lac gelé où vit le propriétaire des lieux, Luther-Lucifer.

Traduit de l'américain par Gérard Defaux

Née à New York en 1950, Gloria Naylor étudie au Brooklyn College puis à Yale, avant d'être nommée écrivain-résident à l'université George-Washington. Elle a été lauréate, en 1983, de l'American Book Award pour son premier roman, Les femmes de Brewster Place, dont la traduction française a paru aux éditions Belfond en 1987.

 

 

Mon avis :
Ce roman nous raconte une lignée de Luther Nedeed, descendants du premier du nom, mort en 1879, dont on ignore s'il était un esclave affranchi ou né libre. Chaque génération n'eut qu'un seul garçon, prénommé Luther. Chacun continua de faire prospérer Linden Hills, terre achetée par le premier Luther, qui s'était lancé dans les pompes funèbres ainsi que la location de cabanons à des noirs. Il pensait avec raison que de tout temps les gens continueraient de mourir et d'avoir besoin de se loger.

Chaque Luther, génération après génération, épouse une octavonne à qui il fait un fils, Luther donc, et les mères de ces fils s'appellent juste madame Nedeed.

Une guéguerre entre noirs et blancs a lieu, à coup d'esbroufe et de dollars. Chaque génération de Nedeed semble exceller dans le cynisme le plus abject car l'immoralité par atavisme est de mise. Tous les moyens sont mis en œuvre pour prendre une revanche méritée sur le passé et sur les blancs, tout en ayant un infini mépris pour ses frères et sœurs de couleur, ces stupides noirs qui prient le dieu des blancs.

Un sinistre manipulateur paranoïaque qui se prend pour Dieu tout puissant, un certain racisme des Noirs qui ont réussi, envers les Noirs pauvres, des rêves de grandeur qui rendent les gens stupides, une bonne dose de misogynie de la part de certains, mais aussi de l'amour, de l'amitié, constituent le décor et la communauté de Linden Hills.

Mais qui est Luther Nedeed, ce petit homme très laid au regard glaçant que les gens admirent, envient et détestent ?

Bien qu'ayant une petite idée, tout au long de ma lecture je me suis demandée où l'autrice voulait nous emmener. Elle nous entraîne du 19 au 24 décembre dans ce microcosme, observer la vie, les ambitions, et souvent les secrets et l'intimité de tous ces gens, riches et pauvres en multipliant les flash-backs, et semble vouloir nous dire que, quel que soient nos origines ou notre couleur de peau, si on n'y prend pas garde, le pouvoir corrompt surtout lorsqu'il est accompagné de haine et de rancœurs dans un esprit revanchard.

Hélas, je me suis beaucoup ennuyée. Sans doute parce que les vies des personnages sont trop détaillées y compris dans ce qu'elles ont d'insignifiant , ainsi que leur pensées et ça rend le tout trop lent, trop mou.

Et à la fin, je me suis dit "Tout ça pour ça ?"

Pourtant ça n'était pas inintéressant. Ah l'ambivalence !!…

 

 

Citations :

Page 16 : Le fils du vieux Luther parvint finalement à louer des cabanons le long de Tupelo Drive. Ces nouveaux locataires ne paraissaient pas gênés de la proximité du cimetière. La rumeur voulait qu’ils fussent tous des meurtriers, des médecins marrons, des aventuriers sans foi ni loi, des prédicateurs véreux qui avaient été chassés du Sud et qui, pour dissimuler leurs activités suspectes, avaient besoin de la mémoire courte des morts et de l’ombre longue que leur procuraient les tilleuls.

 

Page 18 : Poussé par l’ambition, un jeune avocat mit finalement la main sur un mandement du XVIIe siècle qui interdisait aux Nègres de posséder, de louer ou de transférer une propriété dans le comté de Wayne. Cette même loi, malheureusement, empêchait aussi les juifs, les catholiques et les adorateurs du Diable d’avoir accès aux service public.

 

Page 89 : son père avait raison : une femme se casse, elle se fait, comme une paire de pantoufles neuves.

 

Page 152 : Je trouve injuste de ne pouvoir me faire des amies parmi les femmes blanches à cause de la couleur de la peau de mon mari, et parmi les femmes noires à cause de sa richesse.

 

Page 183 : Il pénétrait son corps et se retirait d’elle avec la même minutie dont il faisait preuve pour tenir ses comptes à jour, découper sa viande ou tenir son journal.

 

Page 198 : Mais comme il est impossible de parler de ce qui n’a pas lieu, il ne pouvait lui dire qu’il la respectait trop pour la tromper avec des femmes de leur congrégation. Et que, quand elle participait aux réunions du conseil d’administration de la mission ou à celles des dames patronnesses, elle n’avait pas besoin de prendre ce regard, dur et méfiant. Non, il n’y avait pas moyen de lui dire la vérité, de lui avouer que ses infidélités le faisaient souffrir beaucoup plus qu’elle, parce qu’elles faisaient de lui le témoin de sa propre cruauté, et qu’il voyait s’effondrer intérieurement, progressivement, inéluctablement, chaque nouvelle fois un peu plus que la précédente, la seule femme qu’il eut jamais réellement aimée.

 

Page 286 : Y essaient tous de dire avec leur musique ce qui ne peut pas se dire avec des mots. Il n’y a pas réellement de mots pour exprimer l’amour ou la peine. Et, à la façon dont moi je vois les choses, seuls les imbéciles essayent de dire leur amour ou de crier leur peine avec des mots. Au contraire, les gens intelligents font de la musique, on les comprend sans qu’ils aient besoin de parler.

 

Page 310 : La véritable folie, si effrayante qu’elle puisse nous paraître, permet d’oublier le chaos de l’existence. Les gens qui se suicident sont ceux qui essayent de mettre de l’ordre dans leur vie et, quand ils voient que la bataille est perdue, ils préfèrent mettre eux-mêmes fin à leurs jours plutôt que de voir quelqu’un d’autre s’en charger. La folie ne permettrait pas ce genre de lucidité.

 

Page 332 : La seule chose en toi qui changera, c’est ton âge. Oui, il aurait vingt et un ans l’année prochaine. Il ne pouvait rien faire pour empêcher ça, c’était la seule chose sur laquelle il n’eût aucun contrôle. Car, le destin, la prédestination n’existaient pas. Il n’était pas très sur qu’il y eût un Dieu, mais s’il y en avait un, il ne passait pas son temps à tirer les ficelles. C’étaient les gens qui s’en chargeaient, qui décidaient de leur propre destin.

 

 

 

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Mon avis : Homo sapienne – Niviaq Korneliussen

Publié le par Fanfan Do

Traduit du danois par Inès Jorgensen

 

Éditions 10 18 LA PEUPLADE

 

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Quatrième de couverture :

Nuuk, capitale du Groenland. Cinq jeunes mêlent leurs voix pour raconter ce qui, jusqu’à maintenant, a été laissé sous silence : Fia découvre qu’elle aime les femmes, Ivik comprend qu’elle est un homme, Arnak et Inuk pardonnent, et Sara choisit de vivre. Sur « l’île de la colère », où les tabous lentement éclatent, chacune et chacun se déleste du poids de ses peurs.

Niviaq Korneliussen manie une langue crue, sensible et indomptée. Avec ce roman choral vibrant et semblable à nul autre, elle s’impose comme la nouvelle voix d’une jeunesse groenlandaise qui se cherche, mais aussi, par-delà les frontières, d’une génération avide de liberté sexuelle.

 

« Un roman étonnamment moderne, follement décomplexé. »

L’Obs


 

Mon avis :
Le couple, dans tout ses états, et surtout dans un état de décomposition avancée. Une histoire d'amour sans amour, sans amour partagé, comme une erreur de casting. Des couples qui se font et se défont. Puis la découverte de soi autrement.

Des dialogues très étranges qui ne ressemblent pas à des dialogues, où on passe sans transition d'un interlocuteur à l'autre dans la même phrase, elle-même ponctuée de bouts de phrases en anglais, voire de paragraphes entiers, et parfois de mots danois ou inuits. Ça a été compliqué pour moi qui ai laissé mon anglais loin derrière, dans mes dernières années de lycée, il y a longtemps. Cela dit, ça semble avoir été une piqûre de rappel parce que j'ai fini par comprendre ce que je lisais.

Cinq jeunes, quatre filles, un garçon. Chaque chapitre a le nom d'un des protagonistes dont on suit les émotions, les sentiments, les espoirs, les blessures.

Dès le premier chapitre j'ai cru que j'allais m'ennuyer à mourir et détester ce court roman, tant il est étrange. Contre toute attente je l'ai beaucoup aimé ! Pourtant je n'ai pas tout compris tout de suite. La chronologie m'a semblé totalement décousue. C'est plein de jeunes, qui s'aiment, se quittent, se soûlent, s'envoient en l'air, vomissent, et recommencent.

Ce livre semble fait de petits récits qui racontent une fuite en avant, qui nous parlent d'amour et du mal qu'on peut se faire, des révélations à soi-même et l'acceptation de ce qu'on est, de transidentité, de coming out, de rejet, de peurs.

Bousculer l'ordre établi paraît être le credo de ce roman qui nous raconte une certaine jeunesse groenlandaise LGBTQI+ et nous dit que l'amour est universel.

 

 

Citations :

Page 24 : Foutu roi de la tranquillité, depuis quand n’as-tu pas été un peu excitant ? Ai-je envie de gueuler.

 

Page 124 : J’ai moi aussi commencé à me poser des questions. Je me posais des questions sur la raison pour laquelle ils se posaient des questions. Ma famille a commencé à avoir des doutes sur moi. Ils avaient des doutes sur qui j’étais. Quand ma famille s’est mise à avoir des doutes sur moi, cela m’a fait douter. Je me suis mise à avoir des doutes sur la raison pour laquelle ils avaient des doutes sur moi.

 

Page 157 : Quand les contractions deviennent plus fortes, les os de mes doigts sont sur le point de se briser, mais je ne sens que les douleurs de ma sœur. Son visage est rouge foncé. Son corps est si gonflé que je suis sûre qu’il exploserait si on y enfonçait une aiguille. J’aperçois ce qui essaie de sortir et je suis effrayée.

Je refuse de m’évanouir et essaie de ne pas imaginer une grosse tête en train de sortir d’un petit trou. C’est impossible que ce soit possible. Je ne sais pas à quoi ça ressemble. Merde, sérieusement, je ne sais vraiment pas à quoi ça ressemble !

 

 

 

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Mon avis : L’entreprise des Indes – Erik Orsenna

Publié le par Fanfan Do

Éditions Le Livre de Poche

 

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Quatrième de couverture :

Les bateaux ne partent pas que des ports, ils s'en vont poussés par un rêve. Bien des historiens ont déjà commenté et commenteront la Découverte de Christophe et disputeront de ses conséquences. Étant son frère, celui qui, seul, le connaît depuis le début de ses jours, j'ai vu naître son idée et grandir sa fièvre. C'est cette naissance, c'est sa folie que je vais raconter. E. O.

C’est léger, nerveux, malin, documenté. Lire Orsenna, c’est encore et toujours redécouvrir l’Amérique. 

Pierre Vavasseur, Le Parisien/ Aujourd’hui en France.

Il est à son affaire pour évoquer la cartographie, sa grande passion, et faire revivre ce XVe siècle de tous les possibles, à travers une somme de seconds rôles irrésistibles. Il donne surtout un portrait inédit du grand Christophe Colomb. 

Delphine Peras, Lire.

 


 

Mon avis :
Noël 1511, Hispañola.

Le roman commence avec le prêche d'un prêtre qui fustige les colons pour la façon cruelle et ignoble dont ils traitent les indiens à qui ils ont volé la terre. Et donc la question de leur légitimité est posée. Un prêtre dominicain, Bartolomé Las Casas, en quête de vérité, demande au frère de Christophe Colomb de raconter.

Ainsi l'histoire de Christophe Colomb et de son frère Bartolomé nous est contée par celui-ci alors qu'il est au soir de sa vie.

Bartolomé est éduqué dans une Sainte ignorance par un vieux prêtre, comme si ne pas savoir préservait du mal. Pourquoi cette haine du savoir chez les prêtres alors que les grecs avaient démontré depuis deux millénaires que la terre était ronde ?

Bartolomé apprit la cartographie auprès de maître Andrea, cartographe à Lisbonne, ce qui allait lui ouvrir l'esprit et changer le cours de sa vie et celle de son frère Christophe.

Il nous emmène au fil de ses pérégrinations, de Gênes sa ville natale à Hispañola, en passant par Lisbonne, lieu qu'il a tant aimé. Avec lui, on découvre le monde du XVème siècle et ses modes de vie. On a beau savoir que de l'ignorance naissent la peur et les superstitions, ça reste incroyablement surprenant et même consternant. On touche du doigt la fascination des hommes pour la mer, et la répulsion des femmes pour celle qui leur prend leurs maris et leurs fils, on baigne dans l'atmosphère de Lisbonne, où l'arrivée d'un bateau déplace à chaque fois bon nombre d'habitants dans une liesse absolue.

J'ai parfois trouvé que ça manquait d'explication, des petits renvois en bas de page auraient été les bienvenus. Cependant j'ai beaucoup aimé l'évocation des voyages à travers le monde connu à cette époque, ainsi que le voyage dans le temps au côté du découvreur du nouveau monde.

Pourtant, Il est beaucoup plus question de Bartolomé Colomb que de son célèbre frère. C'est qu'il a envie qu'on l'écoute !... lui qui a toujours été éclipsé par Christophe. Et il se raconte encore et encore. Et moi qui pensais découvrir l'Amérique avec eux... Il n'est pas question ici de cette odyssée mais de tout ce qui l'a précédée.

Passion des cartographes pour leur art mais aussi pour les livres, de la mer et de la découverte pour les navigateurs, ainsi que tous leurs rêves aux uns et aux autres, ce roman m'a ouvert un monde dont j'ignorais tout. Je suis cependant déçue de n'avoir pas fait la traversée, moi qui rêvais d'aventure.

Malgré cela, il faut bien dire que l'écriture est magnifique.

 

Citations :

Page 20 : Nous passâmes la fin de la journée à débattre. Les découvreurs n’avaient-ils pas dévoyé la Découverte ? Quel regard Dieu portait-Il sur nos cruautés ? Nous promîmes de chercher, chacun de notre côté, des réponses dans l’Écriture sainte.

 

Page 22 : Les quatre voyages de Christophe appartiennent désormais à la chronique de la curiosité des hommes. Il a su tracer un chemin sur la mer, qui les efface tous. Il a doublé la surface du monde, il a peuplé l’horizon.

 

Page 63 : Habitant un pays doux, ô combien tempéré et souvent trop tranquille, les Portugais ne pouvaient que se passionner pour la vie sauvage. Tels des enfants, ils s’émerveillaient de toutes les bizarreries plus ou moins monstrueuses, animales et végétales, rapportées d’Afrique.

En quelles autres églises de la chrétienté a-t-on pu voir, suspendus au-dessus de l’autel, des crocodiles géants ?

 

Page 96 : Comme toujours, l’histoire racontée se nourrit de la vérité plus qu’elle ne la respecte.

Voici sans doute la leçon principale dans mon apprentissage dans l’art du récit : mensonge et vérité forment un couple indissociable. Mieux, et l’aventure de mon frère en a fourni la plus irréfutable des preuves : c’est par le mensonge qu’on agrandit la vérité.

 

Page 111 : Une idée m’est venue. Une idée d’autant plus pernicieuse que simple et lumineuse. Une idée grosse de périls en ces temps d’Inquisition. Une idée qu’il va me falloir garder enfouie au plus profond de moi sans jamais la formuler : je sais que les mots ne sont pas sûrs, ces petits animaux s’échappent de la tête, ne serait-ce que, la nuit, par la porte des gémissements ou des cris qui accompagnent souvent les rêves. C’est l’idée selon laquelle Dieu n’a voulu, vraiment voulu, que la mer et la musique. Le reste de Sa Création – notamment la terre ferme, les hommes et leurs langages – n’est que brouillons, variations pernicieuses ou enchaînements mécaniques, essais malheureux, repentirs, déchets.

 

Page 176 : Qu’est-ce que la vieillesse ?

Cette île que je suis se met à rétrécir, rongée chaque année davantage par la mer impitoyable qu’est le temps. Un à un, des pans entiers de ma vie sont tombés à l’eau : le rire, l’amour, le goût du vin. Je me déplace de moins en moins loin. Je rencontre et mange et dors et rêve et me souviens de moins en moins. J’entends de plus en plus faiblement, je vois de plus en plus mal. L’ombre m’assiège. Bientôt elle m’avalera.

 

Page 209 : Il est des heures où l’existence hésite : à côté du chemin prévu se présente une autre route. L’amitié, tout autant que l’amour, peut faire basculer des destins.

 

Page 264 : Mon frère appartenait clairement à cette catégorie de libraires, meurtrières pour le commerce, qui n’ont choisi cette corporation que pour lire plus à loisir et tout leur saoul, et en ne déboursant rien.

Je ne souhaite à personne, libraire de son état, de posséder un frère (ou un associé ; ou, pire, un frère et un associé) semblable au mien.

 

Page 266 : Alimentée par les prêtres, la crainte des livres, hormis la Bible, était générale. Si les cartes rassuraient en tant qu’elles se contentent de dresser le portrait le plus exact possible de la Création, les livres semblaient aux marins les œuvres du Diable, la preuve de sa volonté d’égarer les humains et de les entraîner en Enfer.

 

 

 

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