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Mon avis : Radium girls Tome 2 – Anne-Sophie Nédélec

Publié le par Fanfan Do

Éditions Le lézard bleu – Auto-édition

 

 

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Quatrième de couverture :

 

Comment la terrifiante affaire des Radium Girls va-t-elle se terminer ? Découvrez la façon dont le combat des Radium Girls a changé l’industrie américaine…


Alors que l’Affaire des Cinq Condamnées à Mort d’Orange s’est étrangement conclue, d’autres cas se manifestent dans l’Illinois. Leonard Grossman, avocat à Chicago, reprend le flambeau de Raymond Berry pour défendre les ouvrières dévorées par le radium.

 

Mais comment faire surgir la vérité dans le contexte économique de la Grande Dépression qui protège les industries encore debout ? Catherine, Charlotte, Marie et les autres sont à bout de forces…

 

Bien décidé à faire cesser le massacre, Leonard Grossman plonge dans les méandres d’un énorme scandale sanitaire où les intérêts des divers protagonistes entrent en lutte contre la plus élémentaire humanité…

 

Anne-Sophie Nédélec est autrice, metteuse en scène, comédienne et professeure de théâtre. Après une formation en Lettres et Arts du spectacle à l’Université de Nanterre, et d’Histoire de l’Art à l’École du Louvre, elle est d’abord conférencière avant de se consacrer exclusivement à la scène et à l’écriture. Elle est l’autrice d’une quarantaine de pièces de théâtre et de plusieurs romans.

 

Passionnée d’histoire et de voyages, elle aime plonger ses lecteurs dans des univers variés qu’elle explore avec justesse et sensibilité.

 

 

 

Mon avis :

 

Voilà le quatrième roman de Anne-Sophie Nédélec que je lis et j'aime toujours autant son style qui embarque le lecteur dès les premières lignes.

Suite à l'affaire des cinq condamnées à mort d'Orange, ce fait scandaleux qu'elle nous avait relaté dans son premier tome, 
Anne-Sophie Nédélec nous raconte ici le combat des jeunes femmes contaminées à mort par le radium à Ottawa dans l'Illinois, quelques années plus tard. Autre temps, autre lieu, même scandale industriel.

Ce que ces jeunes femmes prenaient pour une chance incroyable, à savoir un emploi bien rémunéré, s'avérera être la destruction de leurs vies, la fin de leurs rêves. En effet, elles passaient leurs journées à peindre au radium des chiffres sur des montres afin qu'elles soient lumineuses dans le noir. Et pour que le travail soit parfait, elle devaient effiler le pinceau à la bouche avant chaque passage dans le radium. Et bien sur, en 1922, aucune mise en garde contre un quelconque danger.

C'est extrêmement bien raconté et documenté. On fait des allers-retours entre différentes périodes et on ressent très bien la douleur et le scandale que cela représente face à l'indifférence de ceux qui s'en mettent plein les poches.

On suit Catherine, Charlotte, Marie, Peg, May et les autres dans leur jeunesse épanouie, rieuse et volubile, face à un avenir plein d'espoirs qui va lentement se désagréger au rythme de leur santé qui s'étiole, avant qu'elles n'en comprennent trop tard la raison.

C'est douloureux et révoltant le cynisme dont ont fait preuve les industriels, doublé d'un mépris absolu pour ces femmes issues d'un milieu modeste, faisant passer l'argent et le profit bien avant la vie humaine.

C'est terrible de constater qu'à tous les niveaux de la hiérarchie il y avait des complicités pour étouffer cette monstruosité, y compris dans la presse, le mensonge institutionnalisé pour préserver les emplois.

Malgré les nombreux symptômes et l'hécatombe, les médecins se moquent d'elles. Jusqu'au jour où...

C'est le combat du pot de terre contre le pot de fer. C'est révoltant, ça donne envie de hurler. On ne peut s'empêcher de croiser les doigts pendant cette lecture addictive, d'espérer qu'elles obtiendront gain de cause contre ce géant assassin qui n'ignore pas la toxicité du radium.

Une "élite" sans conscience, des médecins sans éthique, des petits chefs sans scrupules, et tous ces gens sans aucune compassion ont laissé ces filles crever comme des bêtes.

Heureusement, il y a toujours à un moment des héros de l'ombre, des gens désintéressés et humanistes prêts à œuvrer pour que justice soit rendue aux petites gens.

Cette histoire vraie, traitée comme un roman, est un véritable page-turner qui met le cœur à rude épreuve, qui bouleverse autant qu'elle révolte.


 

 

Citations :

 

Page 15 : Un plein article signalait que Marguerite Carlough, une ancienne ouvrière de US Radium portait plainte contre son employeur. Elle avait perdu plusieurs dents et une partie de sa mâchoire était tombée. Une photographie accompagnait l’article, montrant le visage démesurément gonflé de la jeune femme à l’agonie. Dégoûté, Fordyce referma vivement le journal et passa machinalement ses longs doigts effilés sur son crâne dégarni. Encore une de ces salopes dévorées par la syphilis qui essayaient de faire payer leur vice à leur employeur…

 

Page 23 : Élève la plus brillante du lycée, Karen n’avait cependant pas poursuivi d’études. Comme toutes les filles de son milieu, son éducation servait seulement à lui conférer un vernis de culture pour accompagner son futur époux dans les diners.

 

Page 101 : Il avait donc fallu qu’un grand de ce monde en meure pour qu’on prenne enfin au sérieux la menace du radium !

 

Page 123 : Par un de ces complexes tenaces, elles avaient toujours le réflexe, entretenu par l’éducation, qu’elles valaient moins que les autres, en particulier les puissants. Surtout si ceux-ci étaient des hommes.

 

Page 161 : Il s’était toujours efforcé d’accepter ce qui lui arrivait comme étant la volonté de Dieu, et les aléas de l’existence comme une mise à l’épreuve nécessaire de sa piété. Mais le destin de ces femmes – en particulier celle qu’il aimait plus que sa propre vie – lui paraissait une injustice indigne de Dieu lui-même.

 

Page 185 : Dans leur combat face aux géants de l’industrie, dont ils ne maîtrisaient aucune ficelle, ni scientifique ni juridique, cette impuissance les rendait prisonniers comme des moucherons dans un bocal de verre, à observer l’agitation du monde sans pouvoir y participer…

 

Page 228 : Ce qui l’affolait, c’était de constater le déploiement d’énergie nécessaire pour contrer l’action de deux ou trois dirigeants cinglés. Tout cela parce que des peuples entiers obéissant aveuglément, se soumettant à l’inacceptable, par conviction parfois, par lâcheté le plus souvent. Oui, il suffisait de quelques personnes aux idées délirantes, aux intérêts narcissiques, pour contraindre les plus faibles et entraîner des réactions en chaîne à l’échelle planétaire.

 

 

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Mon avis : Les révoltés de Cordoue - Ildefonso Falcones

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l'espagnol par Anne Plantagenet

Editions France Loisirs

 

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Quatrième de couverture :

L’auteur de La cathédrale de la mer est de retour pour explorer, avec le talent qu’on lui connaît, un nouveau pan de l’Histoire espagnole.

Dans la seconde moitié du XVIe siècle, soumis par l’Inquisition espagnole, les Maures se préparent à la révolte. À leur tête, Hernando, dit « le nazaréen »… Né d’une Mauresque violée par un prêtre catholique, il est entraîné dans ce combat qu’il fera sien. Méprisé par les uns, rejeté par les autres, il est confronté durant l’insurrection à la violence et à la cruauté des deux partis.

Hernando, porté par la superbe et courageuse Fatima, n’aura de cesse de lutter, au péril de sa vie, pour réconcilier les deux religions en guerre et rendre à sa culture la dignité et la place qu’elle mérite.

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

J’ai acheté ce livre il y a des années parce que j’adore les romans historiques. Il a fallu qu’on me le propose en lecture commune pour que je me lance. Et alors, quelle découverte !

 

Mon avis :

Sud de l'Espagne, seconde moitié du XVIe siècle.
Terrible époque où on était obligé d'être chrétien, même pour les musulmans qui avaient l'obligation de se convertir, de connaître les prières, de manger du porc et d'assister à la messe.
Mais chacun des deux camps est convaincu d'aimer le seul vrai dieu.
Pendant deux cents ans, les musulmans d'Espagne ont subi le terrible joug des chrétiens.

Énormément de sentiments de colère m'ont assaillie à la lecture de ce roman.
La guerre de religion, au nom de croyances où ne pas tuer fait partie des préceptes, pourtant les chrétiens et les musulmans s'entre-tuent.
La religion domine tout et prend le pas sur le respect de la vie.
Cette époque fait l'apologie de la masculinité à outrance avec le désir de garçon à chaque naissance, où la soumission des femmes est totale.
La vente des prisonnières du camp adverse comme esclaves, avec l'humiliation et le viol quasi systématique comme mode de fonctionnement, y compris sur des fillettes, est la règle.

En lisant ce roman, mon cœur a fait du yoyo. Je suis passée par tous les sentiments, négatifs bien sûr puisqu'il se passe à une époque où le degré de civilisation n'était pas assez élevé pour empêcher la barbarie d'exister sans retenue.

L'auteur prend totalement parti pour les musulmans contre les "méchants" chrétiens. Et, bien que la répression et les exactions que les Maures ont subies soient une réalité, j'ai trouvé cette façon de présenter les choses un peu manichéenne par moments. Cela dit, la chrétienté a été d'une hypocrisie et d'une cruauté sans limite à l'égard de tous les peuples de la Terre pendant des siècles.

La fidélité à leur croyance leur permet de tout endurer, telle Fatima qui accepte, au nom de la religion, les épreuves terribles qu'elle a déjà subies, bien avant ses quinze ans, et Aïcha qui refuse qu'on la délivre de son époux totalement ignoble, car c'est le choix d'Allah et qu'elle se doit de le respecter.
Hernando, fruit du viol de Aïcha, la Mauresque musulmane, par un prêtre, tantôt détesté ou aimé, va traverser cette époque extrêmement violente dans la douleur et les tragédies, mais aussi l'amour d'une vie, que le destin s'acharne à malmener.

L'auteur nous entraîne dans un tourbillon de vies douloureuses et passionnées, où la foi domine ainsi que la bêtise et la perfidie trop souvent. C'est extrêmement bien documenté, foisonnant de descriptions, que ce soit sur la religion, l'histoire du pays, l'architecture, la géographie.
On suit l'histoire de personnages attachants ou haïssables avec des rebondissements du début à la fin dans cette époque où la monstrueuse Inquisition était toute-puissante.
Il y a quelque chose de déchirant dans cette superbe fresque historique, où l'on voit toute l'étendue de la violence, inhérente à la nature humaine.
J'aurais voulu pouvoir lire ce roman riche en émotions d'une seule traite tellement il m'a passionnée et appris beaucoup de choses sur le XVIe siècle Espagnol. 

 

 

Citations :

Page 77 : Ils nous ont obligés à devenir chrétiens sous peine d’exil, ce qui est une autre façon de mourir.

Page 162 : Allah vous a récompensés avec un fils. Moi, il m’a donné d’abord deux filles, insista Salah.

Page 623 : Quinze ans seulement s’étaient écoulés depuis que Philippe II en personne, instigateur de révoltes et protecteur de la cause catholique en France, avait réagi avec enthousiasme en apprenant le massacre de la Saint Barthélémy, au cours duquel les catholiques avaient assassiné plus de trente mille huguenots. Si, lors d’un conflit religieux entre chrétiens, argumentait le traducteur dans sa lettre, le roi Philippe n’avait pas hésité à afficher publiquement sa joie et sa satisfaction pour l’exécution de milliers de personnes – peut-être pas catholiques, mais chrétiennes tout de même -, quelle miséricorde pouvait-on attendre de lui puisque les condamnés n’étaient qu’un troupeau de Maures ?

Page 685 : Cette Église qui se considère si miséricordieuse prétend assassiner ou réduire en esclavage des milliers de personnes.

Page 830 : Quelle était donc cette miséricorde que les prêtres et les pieux chrétiens avaient sans cesse à la bouche ? Où était le pardon et la compassion qu’ils prêchaient à toute heure ?

 

 

 

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Mon avis : Le problème à trois corps - Liu Cixin

Publié le par Fanfan Do

Éditions Actes Sud

 

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Quatrième de couverture :

 

En pleine Révolution Culturelle, le pouvoir chinois construit une base militaire secrète destinée à abriter un programme de recherche de potentielles civilisations extra-terrestres. Ye Wenjie, une jeune astrophysicienne en cours de “rééducation” parvient à envoyer dans l’espace lointain un message contenant des informations sur la civilisation humaine.

Premier volume d'une trilogie culte, récompensé par le Hugo du meilleur roman en 2015, Le Problème à trois corps signale l’arrivée d’un auteur majeur sur la scène de la hard SF.


[AVERTISSEMENT]
Le texte de présentation de l'éditeur dévoile entièrement l'intrigue du roman. Le texte est laissé ci-dessous mais il est fortement déconseillé de le lire.
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Ce signal est intercepté par les Trisolariens, qui s’apprêtent à abandonner leur planète-mère, située à quatre années-lumière de la Terre et menacée d’un effondrement gravitationnel provoqué par les mouvements chaotiques des trois soleils de son système. Ye Wenjie reçoit près de huit ans plus tard la réponse des Trisolariens. Choquée par les horreurs dont elle a été témoin durant la Révolution culturelle et ayant perdu toute foi dans l’homme, elle fournit secrètement aux Trisolariens les coordonnées du système solaire, dans l’espoir que ceux-ci viennent conquérir la Terre et réformer l’humanité. Dans quatre siècles, ils seront là...

 

 

 

Mon avis :

 

1967, Ye Wenjie, 20 ans, voit son père, grand érudit, humilié publiquement puis lynché. Par la suite, un événement l'amènera à devoir choisir entre une fin prématurée ou l'enfermement à vie à faire de la recherche et écouter les sons qui proviennent de l'univers.

Ça commence en 1967 par la Révolution culturelle qui n'a de culturel que le nom. Des abrutis obscurantistes font taire les voix de la connaissance par la violence et les humiliations.
Dans les bois de la chaîne de montagnes du Grand Khingan, en pleine déforestation, on abat des géants des forêts tricentenaires au pied d'une antenne immense.
Et tout ça est très douloureux à lire. Sans doute parce que c'est extrêmement bien écrit et décrit.
Voilà pour la partie facile, à portée de tout le monde.

La suite m'a parue pas mal métaphysique par moment car cela allait au delà de ma capacité de compréhension. En effet, on est face à des théories scientifiques, astronomiques, des pensées philosophiques, voire même des passages oniriques par certains aspects, c'est à dire étranges et éthérés de mon point de vue.
Quand il a vraiment été question de mathématiques, géométrie et algorithmes, j'ai vraiment dû m'accrocher car mon cerveau n'est pas programmé pour comprendre ça. J'ai dans la tête des petits pare-feu anti maths.
Moi qui n'ai absolument pas l'esprit scientifique j'ai dû faire d'énormes efforts de concentration, mais !.. j'ai beaucoup aimé !! Je me suis laissé emporter dans l'histoire... et en même temps j'ai eu beaucoup de mal par moments. C'est qu'il faut vraiment être à fond dedans, hyper concentré dans cette lecture exigeante qui fourmille d'explications assez pointues.

Il y a dans ce roman quelque chose de totalement vertigineux, voire exaltant, à essayer de se figurer l'infini de l'univers, à imaginer des sons venants d'outre-espace, à essayer d'appréhender ce que peuvent représenter des années-lumière.
J'ai été très surprise par les derniers chapitres et j'ai adoré, totalement bluffée par la tournure que prennent les choses. Ça m'a bien évidemment donné envie de connaître la suite, puisqu'il y a deux autres tomes plus un hors série.

C'était la première fois que je lisais de la SF chinoise, et j'ai trouvé ça très différents de tout ce que j'ai lu jusqu'ici, les personnages, le récit, les théories, les descriptions, c'était très dépaysant. D'ailleurs, en Chine la SF n'a été tolérée pendant longtemps que si elle servait la propagande communiste, c'est dire si elle était sous contrôle. Heureusement les choses ont changé, la SF est devenue libre d'exister et c'est tant mieux car ça ouvre de nouveaux horizons.
Ce roman raconte en filigrane une page d'histoire de la Chine, de la révolution culturelle à nos jours.


 

 

Citations :

 

Page 10 : En secouant ce drapeau de guerre, c’était son adolescence passionnée qu’elle agitait. L’ennemi serait bientôt consumé par les flammes et demain, un monde idéal jaillirait de son sang bouillonnant…

 

Page 17 : « En Chine, toutes les pensées libres et contestataires, après avoir pris leur envol, finissent toutes un jour ou l’autre par s’écraser sur le sol, car la gravité de la réalité est trop lourde. »

 

Page 87 : Il considérait que la révolution technologique était une maladie des sociétés humaines. Il comparait la prolifération des technologies à une propagation rapide de cellules cancéreuses causant l’extinction de tout nutriment organique, la destruction des organes, et en définitive la mort des organismes hôtes.

 

Page 190 : La nuit, lorsque tout était calme, on pouvait entendre dans nos casques les bruits sans vie de l’univers. Ils étaient faibles, mais paraissaient plus immuables et plus éternels que les étoiles.

 

Page 331 : La Révolution française date d’il y a deux siècles, et nous en sommes toujours au même point. On reconnaît bien là l’égoïsme et l’hypocrisie de l’espèce humaine.

 

Page 389 : Voilà quels sont les faits : les humains ont mis quelques dizaines de milliers d’années terrestres pour passer de l’âge des chasseurs-cueilleurs à l’âge de l’agriculture ; quelques milliers d’années, de l’âge de l’agriculture à celui de l’industrie ; et seulement deux cents années terrestres pour passer de l’âge industriel à l’âge de l’atome. Enfin, ils ont atteint l’âge de l’information en seulement quelques dizaines d’années terrestres. Cette civilisation possède le terrifiant pouvoir d’accélérer son évolution !

 

 

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Mon avis : Aqua TM - Jean-Marc Ligny

Publié le par Fanfan Do

Éditions Folio SF

 

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Quatrième de couverture :

2030. Alors qu'en Europe des dizaines de milliers de personnes meurent noyées sous les flots lâchés par une digue qu'un groupuscule terroriste a fait sauter aux Pays-Bas, en Afrique, la pénurie d'eau décime les populations. L'eau, enjeu de toutes les convoitises. L'eau, qui existerait en grande quantité à deux cent cinquante mètres de profondeur au coeur du Burkina Faso, peut-être le plus pauvre des pays les plus pauvres. L'eau, qu'Anthony Fuller, patron d'un consortium américain, va tenter de s'approprier au mépris de toutes les lois internationales.
 

Thriller d'anticipation mêlé de fantastique, charge sans concessions contre une société qui court à sa perte, Aqua™ a marqué le grand retour de Jean-Marc Ligny à la littérature pour adultes. Retour en fanfare, puisque le roman a fort logiquement reçu de nombreuses récompenses : prix Bob Morane, prix Julia Verlanger, prix Une autre Terre et prix Rosny aîné.
 

Jean-Marc Ligny naît en 1956. Il publie sa première nouvelle en 1978. Suivront de nombreuses autres ainsi qu'une quarantaine de romans, certains écrits pour la jeunesse. Il a reçu la quasi-totalité des prix dédiés à l'imaginaire.

 

 

 

Mon avis :

Dès le prologue j'ai senti que j'allais aimer cette histoire.

Pourtant c'est effrayant, c'est le monde de demain, si on ne fait rien. Ce monde dont ne veut pas mais qu'on fabrique consciencieusement depuis le début de l'ère industrielle. L'air pollué, l'eau potable qui pourrait manquer un jour, des gens qu'on laisse crever pendant que d'autres sont bien à l'abri dans des "ghettos de riches" protégés comme des forteresses.

Ce roman dénonce le cynisme des pays riches, qui spéculent sur des denrées de première nécessité et pillent les richesses naturelles des pays pauvres. Alors que le monde court à la catastrophe, le profit reste roi et certains ne pensent qu'à amasser des fortunes comme s'ils devaient vivre éternellement, sans se préoccuper de ceux qui meurent de faim, de soif, du manque de tout, dont ils sont largement responsables.

Des personnages passionnants, Anthony Fuller, riche, caractériel et égocentrique, son fils Anthony junior, lourdement handicapé et totalement flippant, Rudy et Laurie qui ont tout perdu et qui se rencontrent à l'occasion d'une mission humanitaire au Burkina Faso, Abou et sa grand-mère Hadé, tous deux initiés au bangré qui permet de voir dans l'invisible, rencontrer les esprits des morts, connaître les choses de l'autre monde.

Les outers, hordes sauvages hors des enclaves, une secte, des fous de Dieu extrémistes qui s'adonnent au terrorisme, de la magie africaine, tout est là pour nous plonger dans une ambiance étrange et électrisante.

Ce roman d'anticipation qui vire au fantastique m'a embarquée tout au long de ses 955 pages. J'ai aimé les nombreux personnages qui, pour certains, sont assez ambigus, j'ai aimé l'histoire et les interrogations qui la jalonnent, j'ai aimé ce voyage périlleux et quasi héroïque de l'Europe jusqu'au Burkina Faso, j'ai aimé les rencontres qui jalonnent ce périple et j'ai aimé les chapitres courts qui donnent du rythme. Lors de la traversée du désert je me suis dit que, soit l'auteur connaissait très bien l'Afrique, soit il s'était extrêmement bien documenté.

Au vu de la bibliographie à la fin, il s'agit de la deuxième option. J'ai été bluffée !

 

En tout cas, ça a été un vrai plaisir de lecture pour moi, d'autant plus que c'était une LC, ce qui apporte toujours un plus grâce aux échanges qu'on peut avoir avec ses co-lectrices.

 

Citations :

Page 85 : Comme beaucoup d’Européens de son époque, Rudy est un être individualiste et solitaire, aux amitiés superficielles et éphémères, préférant le cocon douillet de son foyer domotisé aux agressions du monde extérieur.

 

Page 666 : - Mais ce truc, là, ce forum, c’est un club de riches, non ? S’étonne Rudy. Un séminaire de P.D.G. worldwilde et de gros pontes de la finance, qui planifient comment baiser les gogos en pétant dans leurs piscines climatisées…

 

Page 757 : Laurie lutte contre la misère indigne, moi contre la richesse prédatrice. Dans les deux cas, c’est un combat sans fin.

 

Page 887 : Notre mère la Terre est en colère, elle se venge, elle secoue le joug que l’homme blanc lui impose depuis des siècles. Le Visage pâle a tout saccagé, a déréglé les cycles naturels, , a détruit l’harmonie du monde.

 

 

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