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Mon avis : Notes sur le chagrin – Chimamanda Ngozi Adichie

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallimard

 

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Quatrième de couverture :

Comment dire adieu à un être cher alors que le monde entier est frappé par une crise sanitaire, que le défunt repose au Nigeria et que ses enfants sont bloqués en Angleterre et aux États-Unis ? Le père de Chimamanda Ngozi Adichie vient de mourir. Séparée de ses proches, cette dernière vit un deuil empêché et solitaire. Elle écrit alors sous la forme de courts chapitres, composés comme des soubresauts de chagrin et de rage, où l’amour et l’admiration qu’elle portait à son père explosent à chaque page.
James Nwoye Adichie a traversé plusieurs époques de l’histoire du Nigeria. S’il a transmis la culture et la langue igbos à ses enfants, essentielles à l’œuvre de l’autrice, il s’est aussi élevé contre certaines traditions de son pays. En partageant des anecdotes familiales simples et touchantes, Chimamanda Ngozi Adichie rend hommage au professeur émérite de l’université du Nigeria, mais surtout au père humble et affectueux qu’il était, son « dadounet originel ».
La perte se voit ainsi transcendée par l’amour et la transmission.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Tout ce qui traite du deuil m’intéresse parce que je n’en finis plus de souffrir de la mort de ma mère il y a bientôt trente ans.

 

Mon avis :
Chimamanda Ngozi Adichie nous raconte la douleur et l'incrédulité face au deuil soudain et à l'absence qui en résulte. Deuil d'autant plus douloureux que c'est arrivé pendant le premier confinement, elle aux États-Unis, son père mort au Nigeria, pas d'avions, aéroports fermés.

 

J'espérais de l'émotion, très forte, pour me rapprocher de mon propre deuil que je ne cesse de vivre depuis 1992. Hélas je n'ai pas été touchée. J'ai trouvé tout très froid, factuel, je n'y ai ressenti aucune émotion. Ça n'a rien réveillé en moi, peut-être parce qu'elle dit "parti" au lieu de "mort". Ça édulcore et de fait ça rend les choses ni douloureuses, ni tragiques, et peut-être même pas réelles. Partir implique un retour possible…

 

Je m'attendais à trouver dans cette lecture un gros serrement de cœur, je suis complètement passée à côté, ça m'a laissée de marbre.. peut-être trop peu de page pour réussir à faire ressentir l'ampleur du désarroi. J'ai trouvé que l'autrice sautait trop souvent du coq à l'âne : du chagrin, de la colère, des souvenirs, des faits, du chagrin, de la colère et ainsi de suite, trop vite, sans que jamais rien n'aie eu le temps de me toucher.
 

Citations :

Page 33 : « J’étais persuadé que Daddy était parti pour être nonagénaire », dit mon frère Kene. Nous l’étions tous. Peut-être avions-nous cette croyance déraisonnable que sa bonté, le fait que c’était quelqu’un de tellement bien, allait le maintenir parmi nous bien au-delà de ses quatre-vingt-dix ans.

 

Page 37 : « Il avait quatre-vingt-huit ans » est profondément agaçant car le chagrin n’a rien à voir avec l’âge ; la question n’est pas combien d’années, mais combien d’amour il avait à son actif.

 

 

 

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Mon avis : Les os des filles – Line Papin

Publié le par Fanfan Do

Éditions Stock – Le Livre de Poche

 

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Quatrième de couverture :

« Nous finissons tous ainsi, après tout, et c’est doux. C’est doux parce que c’est commun. Il y aura eu bien des injustices, bien des secousses, bien des dangers ; il y aura eu des joies, des rires, des peurs, des amours, des haines, des ressentiments, des passions ; il y aura eu des accidents, des voyages, des crises, des maladies… Nous aurons été chacun à notre manière déformés par la vie. Il restera les os humains – ce que nous avons été au minimum, ce que nous avons tenté d’être au maximum. »
C'est l’histoire de trois femmes : Ba, sa fille et sa petite-fille – l’auteure elle-même. Une histoire qui commence dans les années 1960, pendant la seconde guerre d’Indochine, sous les bombes d’un village vietnamien. Ces trois générations de femmes traverseront trois combats : celui de la guerre, celui de l’exil et celui de la maladie.

Une étoile littéraire est née. Elle.

Une écriture envoûtante et singulière. Lire.

 

 

Mon avis :
Dès le début je me suis sentie comme un lien avec l'autrice, elle qui se sent d'ici et de là-bas, le cœur déchiré par un écartèlement entre deux points géographiques… un peu d'ici, beaucoup d'ailleurs. Ce sentiment étrange de n'être réellement de nulle part. Une sourde mélancolie émane de cette enfant née à Hanoï d'une mère vietnamienne et d'un père français.

Elle nous raconte la vie de sa famille vietnamienne, la moitié d'elle, nous parle des guerres d'Indochine, ces guerres dont je ne sais rien car il me semble qu'on ne nous l'apprend pas à l'école. Elle nous parle de la misère dans les années 80, de l'embargo qui les laisse dans le dénuement, si près de nous, il y a à peine quarante ans… c'est tellement injuste et inhumain. On apprend beaucoup sur le Vietnam à cette lecture.

Elle parle d'elle à la troisième personne, et ça donne un aspect roman alors que c'est autobiographique et j'ai vraiment aimé ça. Mais ça donne aussi un sentiment de dédoublement de la personnalité. Elle parle cru aussi parfois, et quelquefois c'est brutal. On sent sa colère derrière ces (ses) mots, cette façon de nous raconter.
J'ai eu l'impression que c'était quelqu'un dans la maturité qui racontait alors qu'elle est si jeune encore… 23 ans quand elle a écrit ceci, pourtant il y a une incroyable profondeur dans ses pensées.

C'est beau, c'est bien écrit et ça nous dit plein de choses. Hormis la guerre, il y a le métissage, l'amour, la séparation, le déracinement, l'exil en France, le chagrin, la douleur. Car la famille au Vietnam, c'est au sens large, plusieurs générations sous le même toit. Les souvenirs que l'autrice évoque de ce temps là, c'est plein d'odeurs, de chaleur, de vie, de rires, de sons, d'amour plus plus plus.
C'est une magnifique déclaration d'amour à Hanoï et tout ce qui en faisait partie… puis la maladie liée au désespoir d'avoir perdu tout ce qui faisait le bonheur de son enfance.

J'ai adoré cette histoire, où la France paraît moche et froide comparée au Vietnam et plus précisément à Hanoï, pauvre et bordélique et pourtant terre de tous les bonheurs.

J'ai fait un beau et triste voyage en enfance entre deux cultures aux antipodes l'une de l'autre, à lire l'histoire d'un soleil qui aurait plongé au fin fond des mers pour ressurgir radieux après un séjour dans les abysses.

 

Citations :

Page 13 : Ils ont sous leurs pieds le travail et son gain. Le bonheur est présent car le sol est généreux, les voisins sympathiques. C’est-à-dire, il sont tous dans la même situation, sans concurrence ni jalousie, tous pareillement soumis au ciel, au soleil, aux moussons, aux sécheresses… Ils sont les habitants d’une même terre, les fils d’une même mère, solidaires. Alors, ils vivent là, avec les plantes, les pluies, les familles, les bêtes et l’espoir.

 

Page 26 : La mère refusait de lâcher une pièce, s’agaçait de la frivolité de sa fille, redoutait qu’elle ne tombe enceinte lors d’une de ses sorties nocturnes. Au village, c’était foutu après, une fille mère, personne n’en voudrait. Le proverbe traînait : les filles sont des bombes à retardement, un jour, sans crier gare, elles vous lâchent un môme dans la cabane, et c’est une bouche de plus à nourrir, une impossibilité…

 

Page 62 : Tu étais entourée de ton père, ta mère, ton frère, tes amis aussi, puisqu’il y en avait toujours deux ou trois qui traînaient dans le salon. Tu étais entourée, oui. Au Vietnam, tu avais cinq familles : ta ville, tes parents, ta nourrice, tes grands-parents, tes amis.

 

Page 63 : Cette liberté enfantine dans un lieu où rien ne peut vous arriver, cette chaleur, cette piscine, ces amis, ces animaux, cette errance, cet amour, ces rires : ils ont pu confondre cela avec le paradis.

 

Page 81 : Je n’ai pas de rancœur, non, pas d’exigence contre ce qui nous est arrivé, mais j’ai de la peine, maman, tellement de peine. Pourquoi a-t-on dû partir et quitter tous ceux qui m’aimaient ? C’est la question que je pose, comme un soupir. J’ai de la peine, car ceux qui m’aimaient, je les aimais aussi. Pourquoi a-t-on dû couper, sous le pied de l’amour, toute l’herbe ?

 

Page 109 : Traîner dans Paris ne m’amuse guère. La seule chose que je fais avec plaisir et sans me sentir observée ni jugée, c’est lire. Dans les romans que je dévore, dans les poésies que je récite, les personnages me laissent en paix. L’auteur me parle, raconte, je regarde, je suis, j’écoute.

 

 

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