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Mon avis : Ce que le jour doit à la nuit – Yasmina Khadra

Publié le par Fanfan Do

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Éditions France Loisirs – 475 pages

 

Quatrième de couverture :

 

Younes n'a que neuf ans quand son père, ruiné, se résout à le confier à son oncle, pharmacien dans une petite ville de l'Oranais.

Vite intégré à la communauté pied-noir, Younes partage les jeux et les rêves d'adolescence d'une bande de jeunes colons dont il devient l'ami inséparable. Mais l'amour va bientôt fragiliser ce parfait équilibre et mettre à rude épreuve la complicité qui unit les quatre garçons.

La guerre d'indépendance qui survient, sanglante et fratricide, ajoute encore au déchirement. Écartelé entre sa fidélité à ses origines, sa loyauté envers ses amis, et son amour naissant pour Émilie, Younes devra faire des choix extrêmement douloureux.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Il était temps que je découvre Yasmina Khadra, cet écrivain algérien qui rend hommage à sa femme en utilisant ses deux prénoms comme nom de plume.

 

 

 

Mon avis :


Ce roman, c'est une plongée immédiate dans la misère algérienne des années 30, une immersion dans la vie de ces familles qui ont perdu le peu qu'elles possédaient dans les campagnes, pour se retrouver entassées dans des taudis à la périphérie d'Oran.
Dans cette promiscuité forcée existe un îlot de douceur et de bonne humeur entre femmes, qui malgré la dureté de leur vie, trouvent la force de rire et de se soutenir.

C'est l'histoire, parfois déchirante, de Younes, neuf ans, et de sa famille, avec ce genre de destin bouleversant qui oblige parfois à tourner le dos à ceux que l'on aime pour avoir un avenir moins sombre, se détacher des siens pour ne pas couler avec eux.
Younes n'a pas fait ce choix mais les adultes l'ont fait pour lui, lui laissant le sentiment d'abandonner une part de ce qu'il est derrière lui. Il se voit contraint de quitter ses parents et sa sœur et leur vie de misère pour aller vivre avec son oncle et sa tante qui n'ont pas eu d'enfants et dont il deviendra le fils.
Puis il devient Jonas, tout en restant Younes.

Cette histoire sent d'un côté le dénuement de la pauvreté, mais aussi le soleil, la langueur du sud et de l'aisance, car c'est l'Algérie du colonialisme.

C'est la quiétude qui prime, avec l'impression que Younes-Jonas et ses amis vivent leur jeunesse loin du tumulte du monde dans cet après-guerre où les prémices du conflit en Algérie se font sentir. L'amitié plus forte que tout, une époque bénie où on pouvait être comme des frères quelle que soit sa culture et sa religion : Younes le musulman, Simon le juif, Fabrice et Jean-Christophe les chrétiens.
Et pourtant, la loyauté, parfois, demande des efforts incommensurables, quand l'amitié prime sur tout autre sentiment ! Car le passage vers l'âge adulte se fait parfois dans la douleur.
Pourquoi un moment d'égarement peut faire basculer toute une vie ?

La misère puis le confort, le bonheur puis la peine, comme si la vie était inévitablement faite d'alternance, de hauts et de bas, parfois très bas.

Yasmina Khadra m'a emmenée faire un tour dans la guerre d'Algérie, tellement réaliste que j'en ai eu froid dans le dos avec une vague impression d'être un peu en deuil... d'amis et d'un pays où il faisait si bon vivre avant, mais pas pour tout le monde hélas.
J'ai adoré cette histoire qui court sur plusieurs décennies, nous donnant à voir les destinées humaines comme au travers d'un microscope et nous parle d'actes manqués. Mon intérêt n'a cessé de croître à mesure que j'avançais dans le récit.
Ce roman m'a fait penser que, sous des airs de fêtes, la vie reste une tragédie.
J'ai fermé ces pages avec un tsunami dans le cœur. J'ai compris la douleur et le manque des pieds-noirs, envers l'Algérie, leur pays depuis plusieurs générations.

Mais putain ! Quelle écriture magnifique ! Ça fait plusieurs auteurs que je lis et qui écrivent sublimement, que c'est bon ça !



 

 

Citations :

 

Page 15 : Leur tête tondue et mouchetée d'escarres suppurante conférait à leur mine quelque chose d'irréversible, comme la marque d'un damnation.

 

Page 64 : Je tombe et je me relève, c'est le prix à payer, et je n'en veux à personne. Parce que j'y arriverai, je te le promets. J'ai des bras à soulever les montagnes, as-tu oublié ?

 

Page 121 : Il disait qu'on pouvait perdre sa fortune, ses terres et ses amis, ses chances et ses repères, il demeurerait toujours une possibilité, aussi infime soit-elle, de se reconstruire quelque part ; en revanche, si on venait à perdre la face, il ne serait plus nécessaire de chercher à sauver le reste.

 

Page 133 : Longtemps j'ai cru que c'étaient ses yeux qui remplissaient mon âme d'une tendre quiétude. Aujourd'hui je me rends compte que ce n'était pas ses yeux, mais son regard – un regard doux et bon, à peine éclos que déjà maternel, et qui, lorsqu'il se posait sur moi...

 

Page 167 : - T'occupe pas de ça José. Tu n'as pas de valets, toi, et tu sais pas ce que c'est... Les Arabes, c'est comme les poulpes ; il faut les battre pour les détendre.

 

Page 215 : - Tu ne peux pas comprendre, toi. Tu es des nôtres, mais tu mènes leur vie... Quand on est l'unique gagne-pain d'une famille composée d'une mère à moitié folle, un père amputé des deux bras, six frères et sœurs, une grand-mère, deux tantes répudiées avec leur progéniture, et un oncle souffreteux à longueur d'année, on cesse d'être un être humain... Entre le chien et le chacal, la bête amoindrie choisit d'avoir un maître.

 

Page 223 : - N'oublie pas ce que dit le Coran : qui tue une personne aura tué l'humanité entière.

 

Page 278 : Quand l'amour vous fait un enfant dans le dos, il est la preuve que vous ne le méritez pas ; la noblesse consisterait à lui rendre sa liberté – ce n'est qu'à ce prix que l'on aime vraiment.

 

Page 284 : Dans la charia, il est impératif pour une non-musulmane de se convertir à l'islam avant d'épouser un musulman. Mon oncle n'était pas de cet avis. Il lui importait peu que sa femme fut chrétienne ou païenne. Il disait que lorsque deux êtres s'aiment, ils échappent aux contraintes et aux anathèmes ; que l'amour apaise les dieux et qu'il ne se négocie pas puisque tout arrangement ou concession porterait atteinte à ce qu'il a de plus sacré.

 

Page 303 : À quoi servirait l'amour s'il ne supplantait pas les sortilèges et les sacrilèges, s'il devait s'assujettir aux interdits, s'il n'obéissait pas à sa propre fixation, à sa propre démesure ?...

 

Page 306 : - L'homme n'est que maladresse et méprise, erreur de calcul et fausse manœuvre, témérité inconsidérée et objet d'échec quand il croit avancer vers son destin en disqualifiant la femme... Certes, la femme n'est pas tout , mais tout repose sur elle... Regarde autour de toi, consulte l'Histoire, attarde-toi sur la terre entière et dis-moi ce que sont les hommes sans les femmes, ce que sont leurs vœux et leurs prières quand ce ne sont pas elles qu'ils louent... Que l'on soit riche comme Crésus ou aussi pauvre que Job, opprimé ou tyran, aucun horizon ne suffirait à notre visibilité si la femme nous tournait le dos.

 

Page 322 : On ne prend conscience de l'irréparable que lorsqu'il est commis.

 

Page 409 : La postérité n'a jamais rendu l'étreinte des tombes moins dure. Elle a juste le mérite de modérer notre peur de la mort puisqu'il n'y a pas de thérapie mieux appropriée à notre inexorable finitude que l'illusion d'une belle éternité...

 

 

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Mon avis : Misery - Stephen King

Publié le par Fanfan Do

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Quatrième de couverture :

 

Paul sheldon écrivait pour gagner sa vie.

Maintenant il écrit pour rester en vie.

 

''Dans ce récit à huis clos où l'angoisse naît du geste le plus anodin, le livre devient objet maléfique et l'auteur sa victime. Le lecteur se retrouve prisonnier d'un double cercle maléfique. Terrifiant !'' Le Point

 

''Le suspense mène le lecteur tête la première, le cœur qui saute, dans un univers de sang, de sueur et de larmes. Avec une habileté diabolique. Le soufre d'un ailleurs enflamme les pages qui se tournent sur les braises de l'enfer.'' L'Express

 

''Un huis clos impitoyable, sans monstres à six sous ni fantômes de pacotille, où s'expriment toutes les contradictions masochistes du créateur : douleur et jubilation, automutilation et enfantement.'' Télérama

 

Misery : un sommet du suspense et l'un des plus grands romans de Stephen King.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Misery, film que j'ai vu il y a si longtemps et qui m'a provoqué des frissons de terreur absolue, était tiré de ce thriller de Stephen King que je ne pensais pas lire un jour. Je n'aime pas lire quand j'ai vu l'adaptation et réciproquement. Mais sur l'insistance de ma fille qui a adoré et dont c'était le premier Stephen King, j'ai fini par me rendre, j'ai accepté de m'y plonger . On m'avait pourtant dit qu'il était pire que le film, bien plus horrible.
C'est pas que j'aime pas avoir peur, mais quand-même, j'aurais dû me méfier et m'acheter un cœur de rechange au cas où le mien lâcherait la rampe...

 

 

 

Mon avis :

J'ai lu plusieurs romans de Stephen King, à chaque fois je suis surprise par son style qui embarque le lecteur. J'aime ses métaphores tellement efficaces.

Paul Sheldon, écrivain à succès, a un accident de voiture un soir de tempête où il a trop bu pour pouvoir conduire. Il se réveille avec les jambes en miettes chez Annie Wilkes, son admiratrice numéro un. Mais la dame est inquiétante, elle ne semble pas avoir la lumière à tous les étages. Pourquoi est-il là plutôt qu'à l'hôpital ? Pourquoi s'occupe-t-elle de lui avec dévouement autant qu'avec dureté ? Pourquoi par moment semble-t-elle avoir des absences ?

Et là, Damned ! Là où une tension psychologique infernale aurait dû monter crescendo, j'ai eu vraiment du mal à accrocher, à rester dans l'histoire.
Et je me suis vraiment demandé pourquoi plus d'une fois, mais c'est parce que je trouvais qu'il ne s'y passait rien. Disons que j'ai trouvé ça trop long, le préambule, l'entrée en matière. Je me suis soudain sentie indigne de Stephen King, biscornouille de moi.

Heureusement, arrivée à la deuxième partie j'ai enfin été totalement absorbée dans ce huis clos malsain.
Hélas pas longtemps.
Ah et puis si finalement ! À un peu plus de la moitié du livre je me suis enfin fait avaler par l'ambiance.
Et là, il y a tout ! De l'angoisse, des questionnements flippants, du gore... et parfois c'est drôle. Et ce que j'adore, c'est qu'on ne sait pas où on va, on espère et en même temps on ne se fait pas trop d'illusions. L'enfermement de Paul avec une tarée imprévisible fait monter la tension. Elle est dangereuse, mais elle déteste les gros mots, et les siens sont plutôt enfantins.
Finalement je l'ai lu tranquillement, sans rejet particulier ni réel enthousiasme, à part dans la deuxième moitié. En fait j'ai fait du yo-yo, et ça, je ne m'y attendais pas.

Étrangement, bien que Paul Sheldon ne soit pas le narrateur, tout le long du livre j'ai eu l'impression que c'était lui qui racontait. C'est sans doute parce qu'on ressent extrêmement bien ce qu'il ressent.
Bien que la deuxième moitié m'ait vraiment tenue en haleine, suis quand-même un peu passée à côté , je pense que c'est parce que le film est trop ancré dans ma tête.
Moralité : voir où lire, il faut choisir !



 

 

Citations :

 

Page 20 : Elle avait un corps monumental, mais dépourvu de générosité. Elle donnait une impression d'engorgements et de butoirs plutôt que d'orifices accueillants ou même simplement d'espaces ouverts, de zones de hiatus.

 

Page 132 : Pour être stupide, c'était stupide. Rien de littéraire, là-dedans. Mais on pouvait en tirer quelque chose. Provoquer l'accélération du pouls des spectateurs. Ce n'était pas la grande fine champagne, mais l'équivalent romanesque d'un tord-boyaux sorti d'un alambic clandestin.

 

Page 209 : Nous croyons savoir tant de choses, alors qu'en réalité nous n'en savons pas davantage qu'un rat pris dans un piège – un rat avec les reins brisés qui s'imagine vouloir encore vivre.

 

Page 357 : Paul se fit la réflexion que ces moments d’attendrissement étaient les plus effroyables, car il apercevait alors la femme qu'elle aurait pu être, si on l'avait élevée correctement, ou bien si toutes les petites glandes marrantes à sécrétion interne, au-dedans d'elle, avaient eu un meilleur réglage. Ou les deux.

 

 

 

 

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Mon avis : La valse des Éphémères – Virginie Lloyd

Publié le par Fanfan Do

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Quatrième de couverture :

 

Eliott et Gabrielle vivent leur vie de gosses des quartiers populaires. Petits boulots, coups tordus et rêves éphémères.
Alexander Clayton, entomologiste passionné et solitaire tente de renouer avec le monde qui l’entoure.
Mais dans ce Paris contrôlé par des flics enragés et une justice prédatrice, leur monde est sur le point de se faire écraser.
Dès lors, les instincts se révèlent.

D’un côté, la loi.
De l’autre, ceux qui n’ont plus rien à perdre.

Un roman noir, inspiré de faits réels, qui nous plonge dans le Paris du début du XXème siècle et qui nous pose cette question terriblement d’actualité :
Supporteriez-vous de vivre dans un pays où la pauvreté est un crime ?

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J'aime les romans historiques, j'aime les romans qui ont pour décor un contexte historique.

Je suis sidérée par l'existence dans le passé des bagnes pour enfants, et de savoir que ceux-ci autrefois n'avaient aucun droit sinon celui d'être broyés par la société.

J'ai vu, il y a longtemps, un téléfilm sur le bagne des enfants et j'avoue que je ne comprends toujours pas comment ça a pu exister.

Donc ce roman était fait pour moi.

Et puis il y a cette couv !!! Qui m'a irrésistiblement attirée ! D'où l'importance des couvertures, qui sont déjà à elles seules un invitation.

 

 

 

Mon avis :

 

Je viens de refermer ce livre que j'ai dévoré ! Waouh ! Que d'émotions !
Si vous avez envie d'une histoire qui vous attrape, qui vous instruit, qui vous bouleverse, c'est ce livre qu'il faut lire !!!

J'ai adoré tout de suite cette histoire, mais j'étais partie avec l'idée que ce serait le cas !
C'est passionnant, instructif et pas mal sordide. C'est que, ça rappelle le Paris des Misérables, celui où être pauvre était un outrage à la vue des bourgeois, où un individu n'avait de valeur que s'il avait de l'argent.

Mais c'est aussi le Paris de l'Exposition Universelle de 1900 ! Cette exposition où les visiteurs allaient, condescendants, se moquer et mépriser les africains "exposés" entre autres, eh oui !
Pourtant qu'est-ce que j'aimerais pouvoir remonter le temps pour aller la visiter !!

Dans ce Paris, deux enfants se rencontrent, Gabrielle et Eliott. Lui fils de cocher, elle élevée par une prostituée. Lui, passionné par le violon dont sa mère lui a appris à jouer, elle qui doit se débrouiller pour subsister.

Et puis il y a Alexander Clayton, entomologiste et humaniste, qui va rencontrer, l'un après l'autre, ces deux enfants.

Hélas la police rôde, pour le plus grand malheur de ces enfants pas bien nés.

Comment le monde pouvait-il bafouer à ce point les enfants ? Ces enfants qu'on arrêtait pour rien, pour lesquels on organisait des rafles, juste coupables de n'être pas des nantis.
Comment les décideurs, qui avaient aussi des enfants pour certains, pouvaient à ce point considérer ces derniers comme quantité négligeable, voire carrément comme des nuisibles au point de les maltraiter, de les détruire, de les condamner dans des parodies de justice ?

C'est magnifiquement écrit, plein de poésie, et les descriptions nous emportent dans ces lieux, dans cette époque mais aussi dans les cœurs des personnages.
C'est poignant et déchirant.

Petit interlude sur cette couverture ! Je me demande si je n'ai pas passé autant de temps à la regarder, et même la scruter, qu'à lire l'histoire, tant elle est sublime. Et moi qui attache énormément d'importance aux couv des livres, là je dois dire que c'est du bonheur !
Alors big up à Brian Merrant et bravo à Virginie Lloyd pour ce choix.

Mais revenons à nos moutons, j'ai souvent eu le cœur serré, j'ai tremblé, j'ai été révoltée, tout le long de ma lecture, où le monde de cette époque m'est apparu bien manichéen : les riches vs les pauvres, et du coup les "bons" contre les "mauvais". Et pourtant, vu de notre époque, il m'a semblé que la racaille était les cols blancs car responsables de tant de maux. J'ai notamment appris qu'il existait à l'époque un concept immonde : la correction paternelle... quelque chose d'inimaginable !

J'ai dévoré ce roman, à en oublier qu'il existait une vie en dehors. Virginie Lloyd a si bien su créer, tour à tour, une ambiance lourde et mortifère puis une autre légère comme un zéphyr printanier porteur de rêves.
Et puis ce périple en 1900 m'a dépaysée et appris beaucoup sur la condition humaine, il y a un siècle à peine...
Faut-il le préciser ? J'ai adoré cette histoire extrêmement bien documentée et cette écriture magnifique où la poésie s'invite malgré la dureté du sujet !


 

 

Citations :

 

Page 36 : Comme ses sœurs d'infortune, elle est une putain. Dans le quartier, elles sont toute une armée. Elles sont ces cœurs cuirassés qui, jour après jour, pour le bonheur des hommes, enfilent sans broncher leurs pauvres robes abusées.

 

Page 73 : Du haut de ses douze ans, elle le sait, c'est lui, c'est le bon. C'est avec ce garçon qu'elle veut rire, courir, chanter et danser. Elle s'imagine même vieillir avec son homme. Vieillir, bien vieillir, être à la limite de la mort, afin de prouver à la vie qu'ici, les rêves font de vieux os.

 

Page 76 : C'est ton ventre qui décidera. Suis mon conseil, n'écoute pas ces hommes et ces médecins qui te diront que tu es impure, que tes entrailles n'ont pas su retenir l'honneur de ton homme ou que ton ventre est un cimetière.

 

Page 95 : Les animaux ont plus de droits que nous. S'ils crèvent de faim, on doit les nourrir. S'ils sont blessés, on doit les soigner. Si on les frappe, on est sanctionnés. Mais nous, on n'est que des vermines, c'est ça ?

 

Page 116 : Toutes les femmes qui gravitent dans sa vie sont soient des prostituées, faiseuses d'anges ou ouvrières et elle, elle rêve d'autre chose. Mais de quoi ? Ses rêves sont flous, sombres comme la tristesse. Noirs comme les ruelles de Paris, les soirs de doute.

 

Page 126 : Le cœur du garde a le cul entre deux chaises. Il est le représentant de cette loi qui fout ces gosses en prison, mais il est aussi le bon père de famille qui aime jouer avec ses marmots, une fois sa journée de travail terminée. Il est l'ange et le bourreau.

 

Page 146 : Pour eux, un gamin roué de coups, traîné de bar en bar, deviendra forcément de la mauvaise graine. Une fille dont la mère est prostituée finira sans aucun doute sur le trottoir. Le vice coule dans les veines du pauvre, c'est la Science qui le dit.

 

Page 299 : La réalité vient de lui péter à la gueule. Il n'est plus médecin mais complice. Il regarde cet enfant aux yeux bandés et se dit qu'il ne connaît même pas sont nom. C'est la règle ici. Que des corps à soigner et des matricules à inscrire sur un vulgaire registre. La honte et le dégoût lui percutent la boite crânienne et terrassent son cœur de médecin.

 

 

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Mon avis : Radium girls - Tome 1 – L'affaire des cinq condamnées à mort – Anne-Sophie Nédélec

Publié le par Fanfan Do

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Quatrième de couverture :

 

Découvrez l'histoire des Radium Girls, le scandale sanitaire qui a secoué l'Amérique des années 20 et 30...

Au printemps 1917, la United States Radium Corporation recrute en masse de très jeunes filles comme ouvrières peintres de cadrans de montres à destination de l'armée. Elles utilisent une invention révolutionnaire, la peinture Undark, à base de radium, qui permet aux chiffres de briller dans le noir. Quelques années plus tard, ces femmes développent d'étranges et effrayantes maladies... Les médecins n'y comprennent rien et US Radium nie farouchement toute responsabilité. Qui osera demander des comptes à l'une des plus puissantes firmes du New Jersey ?

Cinq femmes décident d'unir leurs efforts pour comprendre et réclamer justice. Entre enquête, mensonges et tâtonnements scientifiques, une invraisemblable bataille judiciaire commence...

Basé sur une histoire vraie, Radium Girls - 1. L'affaire des Cinq Condamnées à mort raconte l'histoire de Grace, Kathy, Quinta, Albina et Edna, et leur incroyable combat...

 

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J'ai aimé les deux premiers romans de Anne-Sophie Nédélec. J'aime son écriture et sa façon de mener ses récits.

 

 

 

Mon avis :

 

Voilà le troisième roman de Anne-sophie Nedelec, troisième que je lis. Quand on aime hein...

Cette histoire est tirée d'un fait réel, c'est raconté comme un roman et j'adore ça, même si ça me fait désespérer de l'humanité.
On se rend compte combien trop souvent les intérêts financiers priment sur la santé, sur la vie.
C'est là la lutte du pot de terre contre le pot de fer, l'Histoire est jalonnée de ce genre de scandales révoltants.
La prévalence de l'argent tout-puissant sur la vie, perdure hélas trop souvent depuis le début de l'industrialisation.

Des jeunes femmes embauchées en 1917 dans une usine, pour peindre au radium des cadrans de montres, vont devoir se battre contre la puissance des enjeux financiers quand elles développeront des pathologies liées à cette activité dont on ignore à peu près tous les dangers, ou que du moins on feint de les ignorer.
Ce qui commençait bien pour elles toutes, un travail très bien payé, va virer au cauchemar.

On suit le parcours de cinq des ouvrières tombées malades, dans leur vie de tous les jours, du moment de leur embauche jusqu'à la déchéance liée à la maladie.
Mais comment se défendre en ce début de XXIÈME siècle quand on est une femme, pauvre de surcroît ?
Car c'est bien connu, les femmes sont hystériques et éventuellement de petite vertu aux yeux de cette société patriarcale tenue de main de maître par les hommes absolument pas prêts à abandonner leurs prérogatives.

L'ère industrielle a été un rouleau compresseur qui a broyé sans vergogne de nombreuses vies.
Cette histoire décortique bien tout le cheminement des défenseurs de la santé, le combat qu'il a fallu mener pour dénoncer ce scandale de santé publique.
C'est aussi un livre qui nous parle de la condition féminine.

Comme les fois précédentes j'ai dévoré ce roman, happée par l'histoire dès les premières pages, car Anne-Sophie Nédélec sait captiver le lecteur par sa façon de raconter, le rythme qu'elle y apporte ainsi que le sujet choisi.
C'est toujours très vivant et passionnant.
Je suis passée par toute sorte d'émotions à cette lecture. D'abord de la sidération, puis de la compassion mêlée de douleur pour finir par de la colère !
Elle nous raconte un fait historique, et scandaleux, en y apportant les petits détails qui font la vie de tout un chacun.
C'est toujours hyper documenté, on s'y croirait !
Il ne me reste à présent qu'à attendre la suite avec impatience.


 

 

Citations :

 

Page 43 : - Mollie Maggia est morte de la syphilis. Croyez-moi, Mr Roach, ces filles viennent de milieux défavorisés. Pour la plupart, ces filles viennent de milieux défavorisés. Pour la plupart, leur éducation laisse à désirer, elles sont enclines à céder facilement à la tentation.

 

Page 71 : Ce travail colossal, salué par la critique, en arrivait à la conclusion, chiffres à l'appui, que les Noirs américains étaient une race plus faible et vouée aux maladies.

 

Page 72 : Il était évident que le taux de maladies et de mortalité des Noirs américains était plus élevé que celui des Blancs, au vu des conditions de vie qu'ils subissaient. Mais les résultats de l'enquête avaient été réutilisés à toutes les sauces par les ligues racistes, toujours très dynamiques lorsqu'il s'agissait de démontrer la supériorité de la race blanche.

 

Page 90 : - Si maintenant le radium est dangereux, alors tout est dangereux ! Même l'alcool ou le tabac, fulmina-t-il en jetant malgré lui un regard vers son coffre-fort.

 

 

 

 

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Mon avis : Le Prince des marées – Pat Conroy

Publié le par Fanfan Do

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Quatrième de couverture :

 

Dans le sillage des grands noms de la littérature du Sud des États-Unis, Pat Conroy s'est imposé en 1986 avec un chef-d’œuvre, Le Prince des marées, aujourd'hui réédité dans une traduction révisée.

Au cœur des somptueux paysages maritimes de la Caroline du Sud, cette « histoire d'eau salée, de bateaux et de crevettes, de larmes et de tempêtes » fouille la mémoire d'une famille troublée, dans un Deep South encore marqué par la ségrégation raciale.
Tom, Luke et Savannah Wingo ont été élevés à la dure, entre joies et tragédies, par un père pêcheur de crevettes, alcoolique et violent, et une mère fantasque et mythomane. C'est cette vie-là que va raconter Tom à la psychiatre Susan Lowenstein après la énième tentative de suicide de sa sœur, désormais installée à New York. Pour aider la thérapeute à sauver Savannah, Tom accepte de se replonger dans les souvenirs d'une enfance marquée par un terrible secret.
Ses confessions, empreintes d'humour et d'émotion, vont faire revivre la bouleversante saga du clan Wingo. Et peut-être leur offrir à tous une chance de rédemption.

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J'ai lu tellement souvent dans des groupes de lecteurs sur Facebook que ce livre était sublime, que j'ai fini par l'acheter.

 

 

 

Mon avis :

 

C'est la première fois que je lis Pat Conroy, et alors mais quelle écriture ! C'est beau, mais beau !! Tellement que au bout de douze pages à peine je rêvais de partir voir les paysages de Caroline du sud qu'il décrit si bien.

Je viens de vivre des heures sublimes et douloureuses avec cette lecture.

 

Il y a tout le long un humour assez caustique que j'adore.

Et il y a l'amour entre les trois membres de cette fratrie, qui semble plus fort que tout.

Mais rapidement on a le sentiment d'une tragédie à venir, c'est terrifiant. Il y a un effroi sous-jacent, le sentiment du passé saccagé qui va saccager l'avenir. Comme si tout partait de tellement loin que ça en devenait inéluctable.

 

Dès le début j'ai eu le sentiment que Tom, le narrateur, se servait de l'ironie comme d'une carapace. C'est très étrange de se faire ainsi passer pour un je-m'en-foutiste afin de lutter contre les vicissitudes de la vie. C'est une façon de dire à ses douleurs "vous ne m'aurez pas", hélas c'est souvent mal accepté, perçu comme du cynisme.

En fait Tom est un être bourré de contradictions. Ce qu'il décrit nous laisse penser le contraire de ce qu'il ressent, quand il parle de sa mère par exemple. Il a l'air de la mépriser, pourtant il m'a fait ressentir une certaine empathie envers elle, ou peut-être était-ce de la pitié.

 

Luke, Savannah et Tom sont les enfants meurtris d'un couple toxique, mais n'est-ce pas hélas trop souvent la terrible condition quand deux personnes se rencontrent sur un malentendu et fondent une famille ?

Leurs parents leur mènent une vie dure bien qu'à l'époque, la règle était une éducation très stricte voire très dure. Mais là, c'est au-delà de ça.

Entre un père rustre et imprévisible, et une mère qui rêvait d'élévation sociale et imprévisible aussi, ils grandissent tant bien que mal, faisant toujours corps tous les trois.

 

Pat Conroy fait avec talent des allers-retours entre passé et présent. Il distille savamment au goutte à goutte tout ce qu'on doit savoir sur la destinée de la famille Wingo.

Je suis passée par toutes sortes d'émotions durant ces quelques décennies passées auprès d'eux, de l'incompréhension à la surprise, du rire à l'effroi. Qu'est-ce que je les ai aimés Luke, Savannah et Tom ! Ce roman est une ode, la plus belle qui soit, à la fratrie.

C'est en même temps tout un pan de l'histoire américaine qui nous est offert là.

 

Ce roman n'est que montagnes russes d'émotions et de révoltes, nous faisant parfois aller du rire aux larmes.

C'est un énorme coup de cœur que je viens d'avoir pour cette histoire, ces personnages, et je suis littéralement tombée en amour pour l'écriture de Pat Conroy



 

 

Citations :

 

Page 10 : Mon père n'autorisait pas les crimes contre la terre.

 

Page 24 : - Je vous ai mises en garde à propos des garçons, les filles. Tous des petits vicieux à l'esprit mal tourné, des êtres répugnants et brutaux qui font des choses sales, comme pisser sur les plates-bandes et se fourrer les doigts dans le nez.

 

Page 44 : Si j'arrivais à meurtrir mon corps, je ne verrais pas mon âme se briser en mille morceaux.

 

Page 175 : Elle était de ces femmes qui savent d'instinct qu'un extrême bonheur ne se répète pas ; elle sut fermer la porte comme il convenait sur le passé.

 

Page 222 : Le rire est la seule stratégie qui ait jamais marché pour moi quand mon univers se brise en mille morceaux.

 

Page 235 : - Oubliez les kilos que vous risquez de prendre, Lowenstein. Une fois l'addition réglée, on se débrouille pour dégoter un voyou qui vous course jusqu'à Central Park. C'est une excellente méthode pour brûler ses calories après un bon repas.

 

Page 296 : Les Français je les hais. Tu as déjà entendu leur façon de parler ? Doux Jésus, Lila, on croirait qu'ils ont dix kilos de fromage coincés dans le trou de balle.

 

Page 320 : Ces livres me faisaient honneur ; ils me transformaient. J'étais seul, et pourtant les plus grands écrivains me tenaient compagnie ; de leur voix à eux, ils me racontaient tout ce qu'il y avait à connaître du monde.

 

Page 331 : Enfants de pêcheur, nous n'étions finalement qu'une forme de plus de la vie marine des basses terres.

 

Page 549 : Le viol est un crime contre le sommeil et contre la mémoire ; l'image qui en reste s'imprime en négatif irréversible dans la chambre noire de nos rêves.

 

Page 592 : J'étais un petit gars de la cambrousse et je n'étais pas encore passé maître dans l'art de flairer les connards à des kilomètres.

 

Page 643 : Ce n'était pas le spectacle du chagrin que j'avais sous les yeux, mais le supplice d'un homme sachant qu'il allait devoir payer au prix fort les arriérés d'une tyrannie sans faille.

 

Page 646 : Ma mère alluma dix bougies sur chaque gâteau, et Savannah se mit à applaudir de bonheur en disant : «  On est dans les nombres à deux chiffres, maintenant, Tom. Et on va le rester pour toujours jusqu'à nos cent ans.

 

Page 728 : Le même Dieu qui m'avait affligé de parents bizarres et meurtris m'avait également fait cadeau du frère et de la sœur les plus merveilleux qui soient pour équilibrer la balance. Sans eux, je n'aurais pas fait le voyage. Pas plus que je n'aurais choisi de le faire.

 

 

 

 

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Mon avis : Sweet sixteen – Annelise Heurtier

Publié le par Fanfan Do

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Quatrième de couverture :

 

Rentrée 1958. Le plus prestigieux lycée de l'Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à des étudiants noirs. Ils sont neuf à tenter l'aventure. Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher .

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

J'ai trouvé ce livre à Emmaüs, j'ai sauté dessus parce que le thème me passionne autant qu'il me révolte.

C'est après que j'ai appris que c'était un roman jeunesse.

C'est pas grave, je me dis que cette dénomination vise juste à montrer aux jeunes qu'il existe des livres qui leur sont destinés sans que ça empêche toutes les catégories d'âge de s'y intéresser et d'en apprendre quelque chose.

Et justement, j'ai appris des choses sur la ségrégation aux États-Unis.

Je connaissais les grandes lignes, j'ai appris des choses qui m'ont fait dresser les cheveux sur la tête.

 

 

 

Mon avis :

 

L'imagination de certains, en terme de cruauté, d'abjection et de malveillance, est phénoménale et c'est désespérant.

1954, la Cours suprême des États-Unis rend inconstitutionnelle la ségrégation raciale dans les écoles publiques. Désormais, les noirs pourront bénéficier du même enseignement que les blancs et intégrer les écoles des blancs.

Seulement, les blancs ne sont pas prêts à l'accepter. C'est dans ce climat de haine et de violence que Molly, avec huit autres jeunes noirs, va enfin aller étudier au milieu des blancs.

Et là je me suis dit qu'il en fallait une sacrée paire (de quoi, c'est vous qui voyez) pour oser faire ça !

Quel courage et sans doute quelle inconscience pour y aller !

Je suis admirative d'autant que cette histoire est tirée de faits réels.

Il paraît que le racisme vient de la peur de l'autre. Admettons... mais peur de quoi réellement ? Parce que la haine qui est décrite dans cette histoire me paraît totalement irrationnelle.

Les américains ont vécu avec les noirs depuis les débuts de la traite négrière dont ils sont responsables. On dirait qu'ils font porter le poids de leurs égarements à ce peuple qu'ils ont enlevé au continent africain en dépit de toute éthique chrétienne dont ils se targuent tant.

J'ai trouvé cette histoire déchirante. J'ai été fascinée par le courage de Molly, pauvre adolescente noire, seule au milieu de tous ces blancs haineux.

Cette meute d'honnêtes gens, les pieds bien ancrés dans leur connerie et leurs petits esprits minables, tous prêts à se jeter sur cette gamine inoffensive et seule pour la déchiqueter.

Et dire que ces gens là allaient à la messe tous les dimanches... persuadés d'être des bons chrétiens.

J'ai eu tellement de peine, de colère et de révolte à cette lecture...

J'ai eu envie de pleurer face à la souffrance de ces neuf lycéens, mais surtout face à leur courage immense.

Que de chemin parcouru jusqu'à Barack Obama !

Ce livre rend hommage à tous ceux qui ont eu un jour la force de se battre contre vents et marées.



 

 

Citations :

 

Page 20 : Je ne comprends pas l'obstination de cette folle. Qui est-ce qu'elle croit convaincre ? Toutes les études scientifiques démontrent que la race blanche est supérieure à la race noire en tous points.

 

Page 25 : La vie des Noirs semblait être faite d'un ingénieux assemblage d'injustices courantes, ne visant qu'à une chose : les maintenir à leur place, c'est-à-dire sous les semelles des Blancs.

 

Page 31 : Et pour commencer, n'importe qui se croyait autorisé à donner son avis.

 

Page 70 : Une foule incroyable était massée devant l'école. Les trottoirs étaient noirs de blancs.

 

Page 74 : Le mouvement était lancé, rien ne pouvait l'arrêter. Aussi angoissantes qu'elles soient, les menaces et les manœuvres d'intimidation étaient normales. Elles montraient que la voie du changement était tracée. Ce n'était pas le moment d'abandonner.

 

Page 107 : Peut-être que le jour viendrait où les Noirs pourraient assister aux mêmes spectacles que les Blancs. Peut-être que les piscines leur seraient ouvertes toute la semaine, et pas seulement la veille de nettoyage.

 

Page 139 : Molly avala sa salive. Personne ne pouvait se mettre à leur place. Personne, à part eux neuf, ne pouvait savoir ce que c'était d'avoir quinze ans et d'être humilié à longueur de journée. De se sentir si... inférieurs.

 

 

 

 

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Mon avis : Carnets d’enquête d'un beau gosse nécromant – Jung Jaehan

Publié le par Fanfan Do

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Résumé éditeur :

 

Chamans escrocs VS gourou post-industriel

Bienvenue au cabinet secret de Nam Hanjun, alias Beau Gosse, pseudo-chaman et authentique escroc. Avec ses deux complices, Hyejun, sa petite-sœur hackeuse de génie et Sucheol, dit Mammouth, détective privé, ils offrent à leur riche clientèle des " divinations " sur mesure qui font leur succès.

Un soir, une cliente les appelle après avoir cru apercevoir un fantôme dans sa cuisine. Quand ils arrivent leur présence attire l'attention d'un voisin qui prévient la police. Une jeune inspectrice se rend sur place, Ye-eun, experte en arts martiaux, que ses collègues surnomment justement le fantôme tant elle est rapide et discrète. Dans la cave de la maison, elle découvre le cadavre d'une adolescente recherchée depuis un mois.

Le roman vise au cœur des pires scandales de la société coréenne. Il s'inspire en particulier de l'affaire Park Geun Hye. Cette ancienne présidente de la république de Corée, destituée en 2017, actuellement en prison, a dirigé le pays sous l'influence toxique d'une chamane. Cette dernière servait ses propres intérêts et ceux de divers grands groupes industriels.

Jouant sur des héros archétypiques dignes d'une série Z, son écriture hyper réaliste, un roman qui va crescendo d'un rebondissement au suivant. Un livre clairement taillé pour le cinéma et dont les droits ont été acquis par AD406 ( The Chase, A hard day, Witness...).

 

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Je l'ai vu plusieurs fois, présenté dans le Hanbook club sur Facebook, groupe dédié à la littérature asiatique et plus précisément à la littérature coréenne.

Le titre et la couverture m'attiraient, en plus des avis enthousiastes de Léa Touch Book, admin du groupe et blogueuse.

Par chance il était proposé par Babelio dans sa nouvelle Masse critique – mauvais genre. J'ai donc postulé et j'ai eu la chance de le recevoir.

 

 

 

Mon avis :

 

Tout d'abord, merci beaucoup à Babelio_ et son opération Masse Critique - Mauvais Genre ainsi qu'aux éditions Matin calme grâce à qui j'ai reçu ce livre qui me tentait énormément !

Alors, à chaque fois que je commence la lecture d'un roman asiatique, j'ai toujours le même choc... le choc des cultures. J'adore, parce que j'ai l'impression de pénétrer dans un autre monde.

Au départ j'ai trouvé tout très particulier. Que ce soit la narration comme les personnages mais aussi les événements relatés.
Han-jun, l'homme aux grelots, est détective, soi-disant nécromant, escroc, drôle et très superficiel, un genre de fashion victime version grand luxe.
Il semble planer au dessus des réalités, heureusement qu'il est bien entouré, notamment de Hye-jun, sa sœur la super geeks et de Su-cheol, son pote tout en muscle ?.
Il ne semble préoccupé que par l'argent que lui rapportent ses enquêtes grand-guignolesques sans avoir l'air de réaliser la gravité de certains cas (comme par exemple cet enfant harcelé jusqu'au désespoir).
En fait, les personnages comme le roman sont farfelus, c'est complètement atypique et c'est ça qui en fait le sel.

Tous les personnages sont azimutés, y compris, et sans doute même surtout les riches clients, complètement gogo, prêts à tout gober. Plus c'est gros, plus ça passe.
En fait, il semble que les Coréens soient superstitieux et très portés sur le chamanisme, ce qui évidemment nous dépasse, nous occidentaux.

En parallèle, on suit l'enquête plus terre à terre de Ye-eun et Du-jin, duo de la police criminelle de Séoul qui mène des investigations sur le meurtre d'une adolescente.

J'ai adoré la façon dont l'autrice interpelle le lecteur - presque en voix off - pour mettre le doigt sur ce qui est en train d'arriver. Ça m'a fait penser à certains documentaires animaliers, très pédagogiques et ça amène une touche de burlesque. C'est très visuel et je me suis surprise à être hyper concentrée sur ses "paroles" que j'entendais presque. Tout comme les bruitages auxquels on a droit régulièrement. De fait, j'ai trouvé ça très efficace.

De plus tout est extrêmement visuel et percutant.

 

Ce roman est jubilatoire, de A à Z. Passée la première surprise face à un ovni pareil, j'ai vraiment beaucoup aimé et je me suis beaucoup amusée !
Pourtant sous ses airs de grosse farce, ce roman est plus profond qu'il n'y paraît. À travers cette comédie policière, on apprend beaucoup sur la société coréenne.
Reste plus qu'à espérer qu'il y aura des suites avec ce beau gosse !


 

 

Citations :

 

Page 19 : Dans le genre sacré numéro il n'y en a pas deux comme elle. Han-jun, qui a pour devise le vieil adage : « Le monde est infini, innombrables sont les fous », place sa petite sœur au sommet de l'échelle.

 

Page 39 : Contrairement à Han-Jun, qui compose d'élégantes bouchées de porc délicatement enrobées de laitue pour les glisser avec style entre ses lèvres, Su-cheol se fourre en vrac le paquet dans le bec et l'engloutit comme un homme des bois. Han-jun voit se dresser devant lui l'image vivante d'un cobra en train d'ingurgiter un œuf géant, il en a un frisson de dégoût.

 

Page 116 : Pour Han-jun qui s'en tient à des préceptes assez simples comme : « Autant de costume que je puisse avoir, je n'ai jamais rien à me mettre », ou « L'argent n'est pas tout dans la vie, mais peu s'en faut », un client qui pense nécessaire l'organisation d'un rituel entre immédiatement dans la catégorie VIP.

 

Page 151 : - Mais enfin, c'est une accoutumance, tu peux arracher un navet d'un champ, mais pas un mec de sa vidéo porno ! Le vrai pervers, excuse-moi, c'est celui qui peut s'en passer !

 

Page 168 : Est-ce que les tombeaux de nos ancêtres sont mal situées ? Merde, on a choisi le meilleur géomancien du pays pour les installer.

 

Page 176 : -Aussi doué que soit un devin, tout ce qu'il peut deviner, c'est le passé et le présent, point barre. Si les devins pouvaient lire l'avenir, tu crois que le monde aurait la gueule qu'il a ?

 

 

 

 

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Mon avis : Elfie Saison 1 - Gabrielle Dubois

Publié le par Fanfan Do

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Quatrième de couverture :

 

1865, Paris. Deux personnages que tout sépare, se rencontrent. L’homme, Angus King, évolue dans un monde artiste et bohème, la jeune fille, Elfie Montesquiou, a fugué d’une famille bourgeoise et conventionnelle. Quels sont la vraie nature de l’homme et son terrible secret ? Quel sordide événement a poussé la jeune fille à sortir de son milieu ?
Grâce à un mystérieux contrat qui fera d’Elfie un alibi, ils vont tenter de vivre au mieux dans un monde qui interdit à Angus d’aimer lord Wanton et oblige Elfie à se marier pour des intérêts financiers. Mais leur contrat va leur permettre de continuer leur quête d’amour et de liberté pour leur bonheur ou leur plus grand malheur.
Un roman passionnant, aux personnages attachants, à la documentation historique impeccable, qui nous parle de liberté pour les hommes, pour les homosexuels, mais surtout pour les femmes. Et, joli bonus ! une illustration à l’encre de Chine à chaque chapitre, comme en présentaient les romans au 19ème siècle.


 

 

 

Mon avis :

 

Ce livre est magique ! Dans un premier temps il m'a emportée dans le Paris du XIXème siècle, dans une ambiance vaporeuse et envoûtante qui m'a évoqué l'atmosphère brumeuse de Withchapel ou même Sans famille d'Hector Malot, et m'a fait ressentir les doux frissons de l'enfance.

En fait ce livre est un page turner qui ne laisse aucun répit dès qu'on l'a commencé. L'envie de poursuivre est impérieuse et la terre aurait bien pu s'arrêter de tourner, je n'avais qu'une envie, poursuivre...

Il traite de thèmes qui me passionnent et me révoltent tout à la fois.
D'abord, la situation des femmes autrefois, sans aucun droit, sous la tutelle de leur père, mari, frère et qu'on mariait sans leur demander leur avis. On leur imposait le silence et on les considérait comme des sous-humains.
Et puis l'homosexualité qui était considérée comme une perversion.
Voilà de quoi me faire bondir tout le long de ma lecture.

Mais Elfie, enfant de quinze ans qui refuse le mariage arrangé que son père a décidé pour elle, prend son destin en main alors que tout la destinait à se soumettre, comme sa mère, aux diktats du patriarcat. Elfie rêve de liberté et de lecture...
Elle va rencontrer - au hasard d'une demande d'asile à sa tante - Angus, artiste qui va la prendre sous son aile par intérêt purement personnel, du moins dans un premier temps suppose-t-on...

Et nous voilà à parcourir, avec ce couple atypique, les salons où il faut être vu, les théâtres et les restaurants, la vie mondaine parisienne de la fin du XIXème siècle en somme, et c'est tellement bien restitué qu'on est dans l'ambiance.
D'autant que le clivage de l'époque est frappant, homme-femmes, riches-pauvres, une société totalement inique et inégalitaire.

De plus il y a, à chaque début de chapitre un dessin à l'encre comme dans les livres anciens, comme dans les livres de contes que ma mère me lisait quand j'étais petite. C'est beau et plein de nostalgie.

J'aime les romans qui se déroulent dans un contexte historique et vraiment j'ai dévoré cette histoire d'une traite, je n'ai pas vu passer le temps.
Et comme ça se termine par une fin ouverte, évidemment j'ai envie de connaître la suite, ou devrais-je dire les suites, car il y en a plusieurs.
De plus j'adore la couverture, sobre mais belle. Les différents tomes sont déclinés dans différentes couleurs et c'est vraiment beau !



 

 

Citations :

 

Page 21 : - Je vous parle mariage ! Avait crié M. Ducroisy Montesquiou. Pas attirance ! Est-ce ce genre de mots que l'on vous a appris chez les sœurs que j'ai payées si cher pour votre éducation ? C'est dans l'ordre des choses, ma fille. On ne peut pas aller contre l'ordre des choses. Sinon, où irait la société ? On sait à quelles innommables extrémités peuvent conduire de tels écarts.

 

Page 30 : Vous avez raison, les femmes seraient moins ignorantes, si elles étaient moins ignorées.

 

Page 113 : Je suis fatigué de votre étroitesse intellectuelle et de vos manigances. Vous êtes jeune et beau comme un dieu, Howard, mais le dieu de la lie de la terre.

 

Page 148 : Le majordome ne fit aucun commentaire, mais on sentait qu'il en avait assez de ces théâtreux qui ne semblaient pas se rendre compte que s'il y avait un jour et une nuit, ce n'était pas pour rien.

 

 

 

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