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Mon avis : Florida – Olivier Bourdeaut

Publié le par Fanfan Do

Éditions Finitude

 

Mon avis sur Insta c'est ici

 

Quatrième de couverture :

« Ma mère s'emmerdait, elle m'a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s'est vengée. »

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

Le concept même des mini-miss me sidère autant qu’il me révolte. Un roman qui traite de cela ne pouvait que m’intéresser.

 

Mon avis :

Elizabeth Vernn, la narratrice a sept ans au moment où commence le récit qu'elle nous fait de sa vie. C'est une histoire que certains considéreraient comme un rêve, mais qui pour elle fût un enfer. En effet, sa mère a un jour décidé qu'elle allait la présenter aux concours de mini-miss.

J'ai tout de suite beaucoup aimé le ton d'ironie douce-amère, pour nous raconter quelque chose d'assez affreux. Et tout le monde en prend pour son grade dans ce milieu futile et superficiel, à part les enfants qui finalement sont victimes de la vanité exacerbée de leurs parents. Les enfants n'existent plus que pour flatter l'ego de leurs géniteurs.
Il arrive que les enfants règlent les ambitions ratées de leurs créateurs, ça a toujours existé, malheureusement.
Ça dénonce la bêtise humaine et toutes les petites bassesses qui peuvent faire très mal.

Elizabeth va se venger de sa mère qui veut qu'elle soit une reine de beauté. Ça va virer au pathétique et même pire que ça. Il ne reste que de l'amertume et de l'autodestruction, c'est terrifiant.

Alors que le début pouvait faire sourire avec un sujet grave, la suite m'a glacée, quand Elizabeth se venge de ses parents, de sa mère pour avoir joué à la poupée avec elle, de son père pour avoir laissé faire.
À partir de là, on a l'impression d'une chute sans fin.
On est loin des paillettes, du strass et des rêves éveillés. C'est d'une dureté incroyable, c'est un regard acerbe sur la famille, ça décortique toutes sortes d'addictions, essentiellement liées à l'apparence, c'est assez effarant.

Ça commence comme quelque chose qui se voudrait conte de fée et ça dérape rapidement dans le trash, une véritable descente aux enfers.

Il y a toutefois des moments très drôles, une belle histoire d'entraide totalement désintéressée qui tourne à l'amitié et ça fait du bien... Et puis c'est tellement bien écrit ! Un vrai bonheur de lecture !!
Autant je n'avais pas aimé En attendant Bojangles, autant j'ai adoré cette histoire là !


 

Citations :

Page 11 : Elle croit en mes chances. Pour elle je suis plus belle que les autres. Je vais donc les écraser. Voilà ma surprise, mon cadeau, humilier d’autres petites filles.

 

Page 17 : Les bébés n’ont aucune conscience professionnelle. Certains parents le déplorent.

 

Page 62 : Elles n’étaient pas nombreuses, seulement quatre, mais elles avaient la puissance de feu d’un régiment. Quatre filles vous détestent et c’est l’humanité toute entière qui vous méprise.

 

Page 78 : À quatorze ans on a une vérité définitive par jour, qui s’amuse à devenir un mensonge le lendemain.

 

Page 85 : Tu ne vas pas servir des frites aux touristes, c’est déshonorant. Voilà peut-être ce qu’on appelle les nouveaux riches, ceux qui refusent de se souvenir de leur vie d’anciens pauvres.

 

Page 136 : J’ai une petite boite magique pour mes fesses, antiseptique, gel désinfectant, seringues, aiguilles, ampoules, compresses, c’est important de se défoncer en toute sécurité, de se détruire sainement.

 

Page 139 : Qu’ont-ils fait pour mériter une réaction pareille ? Ils ont été faibles et cons, c’est le cas de beaucoup de parents, de beaucoup de gens.

 

Page 139 : Si je me compare tout le temps aux petits Nigérians, j’accepte ma condition toute ma vie et je ferme ma gueule toute la journée. Je regarde mes pieds et j’attends que la vie passe, qu’elle m’écrase.

 

Page 165 : Paillettes, paillasson. C’est un un sacré pouvoir que celui de détruire son corps et sa vie, de le transformer en confettis, de danser au milieu, et de sautiller dessus.

 

 

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Mon avis : Le jeu de la dame – Walter Tevis

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallmeister

 

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Quatrième de couverture :

Kentucky, 1957. À la mort de sa mère, Beth Harmon, huit ans, est placée dans un orphelinat où l’on donne aux enfants des « vitamines » censées les apaiser. C’est là qu’elle découvre, grâce à un vieux gardien passionné, le jeu qui changera sa vie : les échecs. Dotée d’un talent prodigieux, Beth commence à gagner vite, trop vite, trop facilement. La nuit, dans son lit, elle rejoue les parties en regardant le plafond où les pièces se bousculent à un rythme effréné. Mais aux pièges de l’échiquier viennent s’ajouter le danger des drogues et de l’alcool. Entre la pression des grands tournois et les méandres de l’addiction, Beth découvre que génie et folie vont souvent de pair.

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

C’est un livre qu’on m’a offert et dont j’ai entendu dire beaucoup de bien. Je ne joue pas aux échecs mais, il y a quelques années j’ai lu Jeu blanc de Richard Wagamese, ça parle du hockey dont je ne sais rien et j’ai adoré. Donc je savais déjà qu’on peut se passionner pour un roman qui traite d’une discipline dont on ne connaît absolument rien.

 

Mon avis :

Beth est une petite joueuse d'échecs phénoménale. En cherchant le sens de ce mot dans le dictionnaire elle tombe sur "extraordinaire, formidable, remarquable". Comme ce roman j'ai envie de dire ! Cette histoire m'a captivée dès les premières pages, pourtant je ne joue pas aux échecs. J'aurais pu me sentir larguée, égarée, eh bien pas du tout, j'ai été sous emprise tout de suite. Il s'agit bien là d'emprise, car dès son arrivée à l'orphelinat, Beth se retrouve sous la dépendance des médicaments qui sont donnés aux enfants quotidiennement pour les tenir tranquilles, et, rapidement addicte aux échecs qu'elle découvre par hasard et où elle excelle particulièrement. Et l'auteur nous embarque dans ce récit comme ça, sans crier gare. Je n'ai plus eu envie de lâcher l'histoire de cette petite surdouée si seule au monde.

Alors qu'elle se trouve insignifiante, dès qu'elle joue aux échecs elle devient surpuissante,  comme si elle était détentrice de tous les pouvoirs de l'univers, elle se sent tel un stratège militaire, prête à écraser son adversaire.
Elle va ainsi évoluer et, au fil des tournois, se frotter aux plus grands joueurs d'échecs.

C'est tellement bien raconté, que même en n'y comprenant rien aux échecs on est pris dans une tension folle lors des tournois.
Je suis devenue assez rapidement une fervente supportrice de Beth, avec l'envie de l'encourager, de l'applaudir, et parfois j'ai tremblé, mais à peine parce que j'ai vraiment crû en elle.

J'ai été obnubilée par les échecs et l'obsession de Beth tout le long de ma lecture, pourtant il est aussi question de sa vie, de son rapport au sexe très terre à terre, et puis de son addiction "contrôlée" aux petites pilules vertes et à l'alcool, de son énorme sentiment de solitude. Elle affiche une froideur absolue mais sans doute est-ce sa façon de se protéger, puisque dès l'enfance tout a été terrible et douloureux pour elle.

J'ai aussi une furieuse envie de parler de la beauté de la couverture illustrée par R
iki Blanco , mais à quoi bon ?.. Associer Gallmeister à couverture sublime revient à faire un pléonasme. Non seulement cette maison d'édition publie des romans qui vous attrape pour ne plus vous lâcher, mais en plus ils sont visuellement superbes et envoûtants !

J'ai fini ma lecture quasiment en apnée, totalement envoûtée.
La magie de ce livre est totale.


 

Citations :

Page 13 : Au Foyer Methuen de Mount Sterling, dans le Kentucky, Beth recevait un tranquillisant deux fois par jour. On en donnait de même à tous les autres enfants, pour « réguler leur caractère ». Le caractère de Beth était correct, pour ce que chacun pouvait en voir, mais elle était contente de prendre son petit cachet. Ça desserrait quelque chose de profond dans son ventre, et ça l’aidait à laisser filer les heures tendues de l’orphelinat dans un état de demi-sommeil.

 

Page 57 : Elle se vit brusquement comme une petite personne sans importance – une orpheline brune d’allure quelconque vêtue du morne uniforme du foyer. Elle était deux fois plus petite que ces élèves insolents et sûrs d’eux, avec leurs voix puissantes et leurs pulls de couleurs vives. Elle se sentait impuissante et stupide. Et puis elle regarda de nouveau les échiquiers, avec leurs pièces disposées à leurs places familières, et les sensations désagréables s’atténuèrent.

 

Page 59 : À l’intérieur, certains élèves la fixaient du regard. Des garçons arrivaient du couloir et s’alignaient le long du mur du fond pour regarder la petite fille quelconque venue de l’orphelinat des marges de la ville qui passait de joueur en joueur avec l’énergie résolue d’un César sur le champ de bataille, d’une Anna Pavlova sous le feu des projecteurs.

 

Page 204 : Elle était seule, et ça lui plaisait bien. C’était comme ça qu’elle avait appris toutes les choses importantes de sa vie.

 

Page 330 : Et qu’est-ce que ça pouvait bien faire qu’elles soient des femmes ? Elle était meilleure que n’importe quel joueur masculin américain. Elle se souvint de la journaliste de Life et des questions qu’elle lui avait posées sur le fait d’être une femme dans un monde d’hommes. Qu’elle aille au diable ; Beth comptait bien faire en sorte que ce monde cesse d’être un monde d’hommes.

 

 

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Mon avis : Game of Trolls – L’Odieux Connard

Publié le par Fanfan Do

Éditions Bragelonne

 

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Quatrième de couverture :

Fraîcheur is coming…

comme on dit à Winterfrais, royaume du Nord dirigé par Ned Stroke, un brave homme à la tête d’une famille recomposée et épuisante.

Dans un monde où les saisons durent des années, on ne voit pas approcher avec sérénité les vacances d’hiver de la zone B.

Pour couronner le tout, voilà que débarque une armée de cadavres qui grogne, qui sent fort et qui va déferler sur le Sud. Des retraités en partance pour leur résidence secondaire ?

Ou, selon Jean Neige, une déferlante de Mexicains avides de franchir le Mur ?

Mais surtout : comment diable le gobelet d’une célèbre marque de café a-t-il débarqué au milieu de tout ça ?

 

Cette parodie d’une série qu’on ne présente plus plonge le lecteur dans un monde où on boit beaucoup trop et où on ne réfléchit pas assez. Une alternative réconfortante à la saison 8.

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

J’avais envie de me marrer et j’espérais que cette parodie allait m’amuser.

 

Mon avis :

Je suis tombée sur ce livre dans une boutique de BD, alors que ce n’est pas une BD. Ce jour là j'avais furieusement envie d'acheter un livre, donc ça a été lui.
Je précise que je n'ai jamais vu la série Games of thrones mais que j'ai lu les deux premières intégrales, heureusement sinon je n'aurais rien compris. Au bout de 200 pages de la troisième intégrale j'ai abandonné car je m'y ennuyais ferme.

Dès le début j'ai bien aimé, il y a des références à beaucoup de choses, pas uniquement à la série, par exemple : "Arrête de déserter, déserteur!" Ou encore : "Si, à 50 ans, t'es pas une roulure, t'as raté ta vie."

Alors, dès les premières pages, c'est plein de couillonnades et j'ai énormément ri !!!
Robert Barateon est devenu Bob Baravolonté, Circey est devenue Cirrhose et tout est à l'avenant, j'ai adoré ! C'est plein de jeux de mots et de calembours, d'expressions prises au pied de la lettre, les situations sont très visuelles et délirantes, je me suis vraiment amusée !

J'ai beaucoup aimé cette version, revue et corrigée, et surtout complètement barrée du Trône de fer.

 

 

Citations :

Page 9 : Le visage sévère de Ned se fendit d’un sourire lorsqu’il repensa à ce jour où, bien des années auparavant, il avait trouvé une paysanne dans un fossé avec une portée de bâtards. Il avait décidé d’en garder u et de le ramener chez lui. Ce n’est que deux jours plus tard qu’il s’était dit qu’il aurait peut-être dû plutôt aider la paysanne à se relever au lieu de se barrer avec un de ses marmots. Mais bon, Ned était comme ça. Impulsif, disaient les uns, un peu con, disaient les autres.

 

Page 37 : Les conseillers qui s’étaient attroupés derrière la porte regardèrent tristement leurs chaussures ; toutes ces années à comploter pour tuer le roi, et voilà qu’un vulgaire accident de chasse avait eu raison de lui. C’était frustrant. Si ça continuait comme ça, les chasseurs allaient voler le travail de tous les honnêtes assassins.

 

Page 84 : Il est vrai qu’à une époque où n’avaient pas encore été inventés des divertissements comme Les Ch’tis sur le Mur ou Les Anges de Bravissimos, les distractions étaient rares. Or, une décapitation, ça changeait un peu du quotidien. On emmenait sa famille, on achetait des chouchous au vendeur ambulant, et, quand le bourreau jetait la tête à la foule, celui qui l’attrapait avait toutes les chance d’être décapité ou marié dans l’année. Le débat était rude quant à savoir ce qui était préférable, mais Ned étant à la fois marié et condamné à mort, dans l’immédiat, il ne se posait guère ce genre de question.

 

Page 118 : Ptiron ne répondit pas. Il savait que sa sœur faisait partie de ces gens qui pensaient avoir toujours raison et ne se remettaient jamais en question. Le genre qui porte un tatouage « Seul Dieu peut me juger », et qui estime que son plus gros défaut, c’est la franchise. Bref, la candidate de télé-réalité moyenne.

 

 

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Mon avis : Le dernier des Dulac – François Antelme

Publié le par Fanfan Do

Éditions Pocket

 

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Quatrième de couverture :

 

Île Maurice, 1928. Sous un ciel de cendres, un enfant vient au monde : on l’appellera Marc – celui par qui le malheur arrive… Chez les Dulac, ces « grands Blancs » dont les plantations sucrières garantissent la puissance, on se doit de tenir sa place, son rang. Pas Marc. Aussi brun que ses frère et sœur sont blonds, aussi isolé qu’ils sont choyés, le jeune homme tourmenté cherchera sa vie durant les réponses à ses questions. Entre terre et mer, colons et natifs, quête de ses origines et secrets de famille, c’est bien loin de Maurice qu’ira errer – et, peut-être, se trouver – le dernier des Dulac...

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Babelio m’a proposé de choisir entre deux romans, j’ai eu envie de découvrir celui-là.

 

Mon avis :

 

Alors voilà un livre qui se dévore ! Je n'ai pas vu le temps passer, ça aurait pu continuer encore et encore... il faut dire que j'aime les romans historiques, qui parlent de famille. Et puis celui-ci traite d'un endroit dont je ne savais rien : l'île Maurice.
Et donc un moment d'exotisme et d'histoire, qui m'ont permis d'apprendre que ce lieu multiculturel a été français puis anglais avant de gagner son indépendance.

On plonge dans l'histoire familiale des Dulac, riches colons français, privilégiés et arrogants, de 1928 à nos jours, dont l'ancêtre Augustin Louis du Lac fût le premier sur cette terre en 1740.

L'île Maurice, Londres, Paris, New Brunswick, on visite le monde dans ce voyage à travers le XXème siècle, la deuxième guerre mondiale, les temps qui changent tout doucement vers un peu plus de justice sociale et qui voient par la même occasion s'amenuiser le pouvoir des grands blancs sur les autochtones.
Mais c'est dans son cœur que la famille Dulac va vraiment souffrir, les non-dits creusant le plus profond des fossés, de la souffrance à encaisser tout au long de cette vie, des deuils insupportables à affronter et des secrets qui rongent.

J'aime les histoires dans lesquelles l'auteur sème des indices tout le long, des interrogations, tel un petit Poucet avec ses cailloux, jusqu'au mot Fin.
Une belle écriture et une histoire familiale intrigante avec ses secrets et ses rancœurs, m'ont totalement emportée, j'ai énormément aimé ce roman.

Merci beaucoup à 
@babelio_ Masse critique et à @editions_pocket pour l'envoi de ce roman.

 

Citations :

 

Page 105 : Il n’était pas pacifiste et, pour lui, la non-violence à laquelle croyait Vijay Vigadoo était une douce utopie. Depuis la nuit des temps, les hommes, les animaux, les plantes même s’affrontent jusqu’à la mort, mais aujourd’hui, ce n’étaient plus des lances et des épées, mais des bombes aveugles qui raseraient des villes, massacreraient les femmes et les enfants – y compris peut-être le sien – dans une hystérie de violence jamais atteinte.

 

Page 152 : Il comprenait le chagrin de ce vieil homme tassé dans son fauteuil, désemparé et nu jusqu’à l’âme.

 

Page 222 : Les esclaves détestaient les colons, les grands colons détestaient les petits colons, les immigrés indiens détestaient les esclaves libres, les Français détestaient les Anglais, les musulmans, les hindous… Mais surtout pas au grand jour et jamais par-devant !

 

Page 251 : Avec du fric, peu importe la couleur de sa peau, le Dieu auquel on croit ou la gueule qu’on a, on possède le pouvoir. Le pouvoir de décider, d’agir, de se faire respecter et, même, de se faire aimer…

 

Page 359 : Un mariage arrangé, très peu pour moi ! Je voulais le grand amour et, pour moi, l’attirance physique, charnelle, le coup de foudre était une priorité absolue. Évidemment, cela ne se disait pas à l’époque. Souvent, cela ne se pensait même pas. Nous venions au monde pour mettre au monde, nous occuper de notre progéniture abondante et de notre mari, le servir jusqu’à ce que mort s’ensuive...

 

https://www.babelio.com/livres/Antelme-Le-dernier-des-Dulac/1183483

 

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Mon avis : Elfie Saison 4 – Gabrielle Dubois

Publié le par Fanfan Do

Auto-édition

 

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Quatrième de couverture :

 

Dans la précédente Saison 3, Elfie avait été bénie. C'est le cœur encore lourd et plein de rage qu'elle suit Angus vers l'Amérique. D’autres aventures les y attend : pittoresques, exaltantes, dans ce monde neuf si loin de leur vieille Europe. Tant de jeunesse, de cœur à l'ouvrage, d'espoirs, peuvent amener à penser que tout est possible dans cette nouvelle nation qui sort juste de la guerre de Sécession. Mais la liberté, récemment octroyée aux anciens esclaves, est encore loin de libérer un peuple, loin d'accepter un homme tel qu'Angus, et encore plus loin de libérer les femmes, noires ou blanches. Elfie en fera la douloureuse expérience. Dans cette saison 4 d'Elfie, on voit, grâce à la bibliographie discrète de Gabrielle Dubois, comment les Français, au travers des yeux d'Elfie, voyaient les Américains au 19ème siècle : c'est amusant , grave, intéressant, toujours passionnant et les illustrations de chaque chapitre nous plongent vraiment dans le livre comme dans un film.

 

 

 

Mon avis :

 

1867
Elfie et Angus partent aux États-Unis, et les descriptions de l'arrivée à New York, la baie, puis ensuite la ville avec les omnibus tirés par des chevaux, tout ça m'a donné envie de trouver la machine à remonter le temps pour voir tout, de mes yeux, cette Amérique du XIXème siècle.

C'est une bouffée d'air bienfaisante que cette découverte de New York, où les femmes peuvent sortir seules contrairement aux règles du vieux continent. En revanche, pour Angus le danger existe car il semble que partout dans le monde l'homosexualité soit réprimée comme un crime, voire comme une maladie mentale.
Étrange pays de puritanisme, bourré de contradictions. Il y a la réalité et ce qu'on affiche, et tout le monde s'en accommode.

Je viens de faire un beau voyage outre-Atlantique doublé d'un passionnant cours d'histoire et d'un éclaircissement sur l'homophobie généralisée à cette époque, l'abolition de l'esclavage et la position des femmes, éternellement sous la tutelle des hommes.
Pauvre petite Elfie qui se frotte à la vie d'adulte et se fait mal ! Heureusement elle est pleine de ressources. Je sens qu'elle va acquérir ses galons de femme libre, mais à quel prix !? J'ai pourtant parfois une furieuse envie de l'engueuler, puis de la consoler. C'est que le chemin à parcourir est tellement semé d'embûches !
Et Angus que j'aime de plus en plus, artiste, bohème, homosexuel assumé, obligé de donner le change pour éviter la prison.


 

 

Citations :

 

Page 17 : Il n’y avait pas de frontière précise entre son travail d’alibi et le fait qu’ils soient devenus de bons compagnons de voyage.

 

Page 45 : Ne trouvant aucune place, elles s’assirent sur le bord des genoux des hommes, dont ceux de King. Elfie et Angus se regardèrent, Interloqués, un sourire aux lèvres. Cette pratique semblait tout à fait normale à New-York. Les hommes pris pour des sièges ne formulaient aucune objection et ne profitaient pas de la situation comme l’aurait fait un français dans son pays.

 

Page 57 : Lord Wanton avait peut-être raison : on n’avait qu’une vie, et il ne fallait pas la gâcher, ne pas en perdre un mois, une semaine, un jour, à regretter ce que l’on ne pouvait plus changer.

 

Page 66 : Un homme qui travaille sans relâche a besoin de retrouver, quand il rentre chez lui, un intérieur accueillant. Et quoi de plus accueillant qu’une gentille femme ?

 

Page 176 : Quelle prétention avait-elle eut de croire qu’elle aurait pu échapper à son destin de femme, qu’elle aurait pu un jour voler avec les aigles.

 

 

 

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Mon avis : La lune du chasseur – Philip Caputo

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Fabrice Pointeau

Le cherche midi Éditeur

 

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Quatrième de couverture :

 

Couverte de forêts, peuplée d’ours, de cerfs, d’élans et d’innombrables espèces d’oiseaux, la péninsule supérieure du Michigan est une région splendide et sauvage. Will Treadwell, propriétaire d’un pub près du lac Supérieur, y joue à l’occasion les guides de chasse.
Pour lui et ses semblables, les temps sont durs. Les valeurs de ces hommes « d’un autre temps » sont mises à mal, leurs femmes et leurs enfants les comprennent de moins en moins. À la crise économique qui frappe la région, s’ajoute une crise existentielle : nos héros subissent aujourd’hui les affres d’une époque où ils ne trouvent plus leur place. La dépression guette, et une nature magnifique n’est pas toujours suffisante pour la tenir à distance.
Philip Caputo nous conte ici les histoires de Will et de ceux qui l’entourent. Autant de portraits sensibles de ces hommes qu’il connaît, qu’il côtoie, et qui ne s’y retrouvent plus. Des hommes aux prises avec leurs émotions, qui, longtemps, ont préféré affronter seuls leurs démons plutôt que d’avouer leur fragilité. Mais les temps changent…

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Je l’ai reçu dans le cadre d’un partenariat entre le Picabo River Book Club sur facebook et les Éditions Cherche midi.

 

Mon avis :

 

1- Protecteurs :
Bill, alcoolique abstinent, né riche, et ses deux meilleurs amis depuis toujours, Tom et Paul issus d'un milieu modeste, se retrouvent pour aller chasser. On pénètre au cœur des relations de longue date, faites d'amour et de rancœurs jamais exprimées. Hélas, l'alcoolisme est une maladie qui peut être mise en suspens, mais qui à tout moment peut resurgir comme une lame de fond et tout dévaster.

2- Chagrin :
Un veuf inconsolable et son fils partent ensemble pour un week-end de chasse. Ils ne se sont jamais vraiment compris et semblent plus proches de la haine que de l'amour mutuel.

3- Rêveurs :
La vie, les souvenirs de guerre, la mort, mon histoire préférée, malgré l'idée de la chasse à l'ours.

4- La nature de l'amour sur la dernière frontière :
Un père, et son fils drogué abstinent, partent pour un trek mi-chasse mi-documentaire animalier dans une région hostile.

5- Perdu :
Quand les remords empoisonnent la vie.

6- L'hôte :
Une jeune veuve achète une maison victorienne et la transforme en chambre d'hôtes dans le but de changer de vie. Mais le souvenir de son défunt mari l'obsède, entre manque et colère.

7- Lignes de départ :
La vie, la guerre et ses séquelles, la mort, puis une vie plus jamais comme avant.

Ce livre parle de la nature immense, de forêts, de lacs, de faune, de vie et de mort. C'est plein de douleurs existentielles, de testostérone et de comportements virils, et donc de douleurs rentrées, jamais exprimées clairement. C'est parfois très oppressant.
Will Treadwell, propriétaire d'un pub près du lac Supérieur dans le Michigan, est le lien entre ces tranches de vies qui font penser à un recueil de nouvelles.
Je n'ai bien évidemment pas accroché avec toutes ces histoires de la même façon. J'ai aimé ce que racontait la première, et pourtant il m'a manqué quelque chose, c'est bizarre.
J'ai néanmoins beaucoup aimé ce que toutes racontaient de la nature humaine, des rapports sociaux et des tourments qui habitent certains.
Toutefois je me demande pourquoi je me suis infligé ça, moi qui déteste la chasse, car je ne comprends pas quel plaisir on peut trouver à ôter des vies, surtout quand parfois il ne s'agit pas de se nourrir mais juste de ramener des trophées. Et même si ça ne semble être qu'un prétexte pour nous raconter les failles de chacun, j'ai trouvé que ça prenait beaucoup de place, car dans ce monde là, chasser est une seconde nature, quasiment dans l'ADN de chacun.

Merci 
@leatouchbook et son #PicaboRiverBookClub pour ce partenariat avec @cherchemidiediteur
 

 

Citations :

 

Page 23 : […] insupportablement beau – un mètre quatre-vingt-dix, des pommettes saillantes qui donnaient un côté ostrogoth à ses yeux bleu clair. « Le cliché des jeunesses hitlériennes, un rêve érotique de nazi », ainsi que Tom l’avait décrit à l’époque, mêlant un dénigrement à un compliment parce que lui n’était ni beau ni un athlète né ;

 

Page 74 : Défier son père avait été une expérience aussi terrifiante et grisante qu’un saut en parachute.

 

Page 107 : La bête avait hurlé et s’était débattue dans le taillis avant de mourir. Il l’entendait encore – ce hurlement à moitié humain -, et il avait envisagé de cesser de faire le guide pour les chasseurs d’ours. Parfois, il avait l’impression de se rendre complice de meurtre.

 

Page 168 : Je n’ai jamais connu une paix semblable dans les forêts du Michigan. Là-bas, même quand vous n’entendez pas un seul son d’origine humaine, l’air semble charrier l’écho de tronçonneuses, le bruit de la circulation sur les routes distantes, les cris et les rires des campeurs. Ce silence-ci n’a jamais été brisé par le vacarme de l’humanité ; il est constitué de couches, il est dense, vierge, différent – une quiétude inquiétante, si vous voulez. Toute l’altérité du monde naturel est contenue dedans – un monde qui se suffit à lui-même, indépendant des entreprises et des conflits des hommes, de leurs plans, leurs machinations, leurs joies, leurs peines, leur certitude égoïste qu’ils sont les enfants de Dieu.

 

Page 256 : Ah, les fluides, pense-t-elle. Étrange comme le sexe peut être répugnant autant qu’il est exaltant.

 

Page 302 : J’aurais voulu pouvoir vivre éternellement, ne serait-ce que pour voir une telle beauté une fois par an, alors même que je savais que ma portion d’éternité, comme celle de tout le monde, était la fraction d’une fraction de nanoseconde ;

 

Page 327 : Nous ne sommes pas aussi importants que nous aimons le croire. Nous ne devrions pas nous prendre trop au sérieux.

 

 

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Mon avis : Délivrance – James Dickey

Publié le par Fanfan Do

Éditions Gallmeister

 

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Quatrième de couverture :

 

Pour tromper l'ennui de leur vie citadine, quatre trentenaires décident de s'offrir une virée en canoë sur une rivière vouée à disparaître sous un lac artificiel. Peu expérimentés mais enthousiasmés par le charismatique Lewis, ils se laissent emporter au coeur des paysages somptueux de Géorgie. Mais la nature sauvage est un cadre où la bestialité des hommes se réveille. Une mauvaise rencontre et l'expédition se transforme en cauchemar : le monde qu'ils ont pénétré n'est régi par aucune loi. Dès lors, une seule règle subsiste : survivre. Best-seller international, prix Médicis étranger immortalisé au cinéma, Délivrance est de ces découvertes littéraires brutales et inoubliables dont nul ne sort indemne.

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Il y a quelques mois, lors d’une lecture commune d’un roman de Pat Conroy, Le Prince des marées, un détail était commun à ce roman-ci.

 

 

Mon avis :

 

J'ai eu un petit peu de mal au départ, à me plonger dans cette histoire dont j'avais vu des années plus tôt l'adaptation. J'avais trop en mémoire Burt Reynolds, un des quatre héros du film. Je n'aime pas avoir des images déjà existantes en tête. J'ai l'impression que ça me prive de mon propre imaginaire.

Finalement assez rapidement Lewis ne ressemblait plus à Burt Reynolds et j'ai oublié le film pour me laisser submerger par l'ambiance sylvestre, magnifique et pourtant dérangeante, vaguement angoissante, avec ces trentenaires en crise existentielle, partis dans les forêts sauvages, et qui vont faire une très mauvaise rencontre qui changera irrémédiablement le cours de leurs vies.
J'ai commencé à être captivée et oppressée, notamment quand Lewis raconte à Ed une expérience passée de survie dans les bois, avec une fracture à la jambe, seul et loin de tout. Et puis l'aura du sud profond, la nature grandiose et des habitants très frustes et inquiétants disséminés çà et là, tout ça peaufine l'atmosphère pesante, et a achevé de me plonger dans l'histoire.

Étrangement, alors que je préfère les dialogues et l'action aux narrations, ici ça a été le contraire. On suit les pensées de Ed, qui nous entraîne avec lui dans sa vie, ses réflexions, ses sensations. Il décrit leur périple, observe ses compagnons, nous fait entendre ses peurs et ses doutes au milieu de cette nature impitoyable et généreuse et on s'y croirait. On est à fond dans la survie, le point de non-retour, le marche ou crève, ces moments où on se rend compte à quel point la vie est précieuse et fragile, l'instinct de conservation tellement chevillé au corps.

J'ai adoré cette écriture qui m'a emportée et fait ressentir toutes ces émotions magnifiques et terribles. On se trouve pris en étau entre la majesté de la nature et la perversion de l'âme humaine.
La rivière et la forêt sont l'écrin de cette virée mi-paradisiaque mi-cauchemardesque qui marquera les quatre amis à tout jamais.
Et j'ai de loin préféré le roman au film car je l'ai trouvé bien plus sobre, sans voyeurisme complaisant, avec juste ce qu'il faut d'angoisse pour nous mener jusqu'à la fin par le bout du nez grâce à une écriture très descriptive et poétique qui nous fait vivre dans la tête d'un des personnages.

 

 

Citations :

 

Page 18 : Il possédait tout ce que la vie pouvait offrir mais il n’arrivait pas à faire en sorte que cela lui suffise.

 

Page 51 : Parfois, j’ai l’impression d’avoir vraiment hâte. La vie qu’on a est si merdique et si compliquée que ça ne me dérangerait pas qu’elle se réduise très vite à la simple survie de ceux qui sont prêts à survivre.

 

Page 62 : Je me demandais où l’excitation qui intriguait tant Lewis pouvait bien se cacher. Ici, tout était ensommeillé, anémié, laid et, surtout, vide de tout intérêt. Personne d’un tant soi peu intéressant ne pouvait sortir d’un tel endroit.

 

Page 63 : Les relativement rares fois où j’étais allé dans le Sud profond, j’avais toujours été frappé par le nombre de doigts manquants. À la louche, j’en avais compté une vingtaine.

 

Page 98 : Ma pensée principale était que je me trouvais en un lieu où aucune – presque aucune – de mes manières ordinaires de vivre ma vie ne fonctionnerait. Je n’avais aucune habitude en laquelle puiser. Était-ce cela, la liberté ? Me demandais-je.

 

 

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Mon avis : Elfie Saison 3 – Gabrielle Dubois

Publié le par Fanfan Do

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Quatrième de couverture :

 

Un été en Italie en 1866, Elfie en rêvait. Mais parfois, quand les rêves virent au cauchemar, il est préférable qu'ils ne deviennent pas la réalité. Une troisième saison riche en rebondissement et en voyages. Elfie et Angus et rencontrent les jeunes et joyeux Compagnons du Tour de France, s'amuseront à Naples, Angus a compris que quand Elfie aura gagné sa liberté, il perdra la sienne, Elfie apprend des chansons italiennes qu'elle ajoute à son répertoire. Elle nous communique la joie de vivre de Rossini, plus est frotté de trop près à la vie et s'y pique méchamment.
Nous, nous plongeons de nouveau dans un périple historique bien documenté, amusant, tragique, plein d'espoir et de volonté de vivre heureux malgré tout.

 

 

Mon avis :


Elfie et Angus ont repris le bateau pour regagner la France, puis partent dans l'Yonne rejoindre des amis.
J'aime énormément Angus, personnage charismatique, volontiers provocateur et taquin envers Elfie,  mais surtout protecteur.
J'aime aussi infiniment leur relation assez intime mais toutefois dénuée de toute ambiguïté du fait de l'homosexualité exclusive de Angus.

Leur périple continue vers l'Italie où ils ont été invités et que Elfie rêvait de découvrir. C'est donc avec des étoiles plein les yeux qu'elle va à la rencontre de ce pays ensoleillé dont les habitants volubiles mettent de la joie au cœur.

Hélas, Elfie n'est finalement encore qu'une enfant qui va se faire mal en se frottant à la vie de femme, ce qu'elle n'est pas encore tout à fait.

J'ai vraiment apprécié ce voyage en Italie, que j'ai un peu fait moi-même il y a des années via le Napoli-express. Ça m'a ramenée à mes souvenirs tout en me faisant découvrir cette Italie de la deuxième moitié du XIXème siècle, en compagnie d'Elfie et Angus que j'aime de plus en plus à chaque nouvel opus de leurs pérégrinations.

La fin nous laisse avec une grosse interrogation quant à l'avenir proche d'Elfie...

 

 

Citations :

 

Page 7 : Il est insupportable qu’une femme en soit réduite à épouser un homme dont elle ne veut pas ! S’insurgea Aurore. Être contrainte au mariage par le choix d’un père qui ne veut que satisfaire sa position sociale ou d’un mari qui ne pense qu’à son ambition financière, cela me révolte.

 

Page 45 : Jamais elle ne se plaignait, s’accommodant de tout avec une bonne humeur égale, avec une maîtrise de jeune élevée à subir stoïquement le bon vouloir des hommes.

 

Page 67 : C’était étrange de penser que la jeune fille couchée dans son lit, à côté de lui, était, l’année dernière encore, cette petite pensionnaire naïve. Elle l’avait suivi aveuglément, sans savoir dans quoi elle s’engageait. Angus la considérait comme sa compagne de voyage, comme son égale. Mais à chaque fois qu’il tombait sur une de ses nouvelles, il se rendait compte qu’elle n’était, par bien des côtés, qu’une petite fille. Le contraste était si grand, chez son rossignol, entre sa réflexion et son innocence.

 

Page 111 : Elfie s’appliqua à se concentrer sur les plis de sa jupe, sur les coutures de ses gants de peau. Tout se bousculait dans sa tête dans un infernal désordre. Elle sentait qu’elle sombrait, elle aussi, dans les eaux noires du lac, comme les petits papiers. Son cœur se dissolvait comme l’encre dans l’eau. Elle suffoquait. Elle allait mourir dans cette voiture sans que personne l’ait jamais aimée.

 

 

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Mon avis : Elfie Saison 2 – Gabrielle Dubois

Publié le par Fanfan Do

Auto-édition

 

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Quatrième de couverture :

 

À la fin de la saison 1, Angus et Elfie fuyaient Paris, Angus menacé par un ex-amant, Elfie par un virtuel beau-père. Leur liberté est plus précaire que jamais, surtout celle d'Elfie quand Angus, sur une mer déchaînée, lui dévoile son terrible secret et qu'elle en subit les conséquences. Qu’est-elle prête à accepter au nom de sa liberté ?
1865-66, entre Londres et l’Irlande, nos deux héros si différents essayent toujours de concilier leur liberté à une époque et une société qui ne sont pas prêtes à leur en laisser. Angus l’auteur bohème et Elfie l’idéaliste adolescente en quête d’amour se retrouvent obligés de composer l’un avec l’autre, pour le meilleur et pour le pire.
Un voyage passionnant qui évoque toutes les libertés, des peuples, des hommes et surtout des femmes. Des héros malgré eux, attachants, amusants, graves, une solide documentation historique. Des illustrations à l’encre de Chine à chaque chapitre, comme dans les romans du 19ème siècle. La saison 2 tient ses promesses !

 

 

 

Mon avis :


Années 1865  - 1866

Dans la saison 1 on découvrait Angus et Elfie qui ont décidé d'unir leurs destins. Lui est homosexuel et risque la prison, elle doit se marier pour obéir à son père et aux traditions, ce qu'elle ne souhaite à aucun prix. Elle sera son alibi, en contrepartie il lui offrira la liberté auprès de lui, à une époque où les femmes n'en avaient pas.

Parce que durant des siècles des individus puissants et sans scrupules ont pu tout se permettre dans la plus totale iniquité, Elfie et Angus ont été contraints de quitter Paris nuitamment à la hâte pour se rendre à Londres.

Bien qu'Elfie ait tout quitté pour suivre Angus, elle est totalement empreinte de son éducation de petite fille sage et peine à se défaire de ses idées étriquées et de la morale de son milieu "convenable". C'est qu'elle n'a que quinze ans !

Peu à peu elle se métamorphose au contact de son protecteur et du monde qu'il côtoie.
Bien qu'elle n'ait aucune certitude concernant ce que la vie lui réserve, d'où parfois des inquiétudes qui la taraudent, c'est une histoire qui fait du bien et qu'on a envie de poursuivre.
Par ailleurs le contexte historique bien documenté nous permet de goûter à la chance d'être nés au XXÈME siècle, avec nos libertés individuelles devenues la règle.

J'aime cette histoire de femme qui nous raconte la précarité dans laquelle elles vivaient, qui nous parle de leur dépendance aux hommes mais aussi de leur envie parfois de refuser la fatalité.

 

 

Citations :

Page 60 : Les mots amour et mariage, mademoiselle, sont contradictoires. L’amour est un élan du cœur, une vue de l’esprit trompé par une imagination trop vive, un fluide mystique qui parcourt votre corps et se rend maître de vos sens, une force impérieuse qui vous manipule comme une marionnette.

 

Page 110 : Elle avait réalisé, depuis sa fugue, que l’argent était la clé de voute de la liberté.

 

 

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Mon avis : Abattre la bête – David Goudreault

Publié le par Fanfan Do

Éditions Philippe Rey

 

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Quatrième de couverture :

 

Après avoir passé plusieurs années dans un institut psychiatrique, un jeune adulte met à exécution, pour s’évader, un plan des plus ambitieux. Car c’est long, cinq ans attaché à une table avec pour seule compagnie l’écho de sa propre voix. Son isolement l’en a convaincu : sa mère, qu’il n’a presque pas connue, a dû être horrifiée en apprenant ses méfaits, lui qui a pourtant été reconnu criminellement non responsable. C’est pour la retrouver enfin qu’il s’enfuit.

Commence alors la délirante cavale de cet écorché de la vie qui, pour échapper aux forces de police et intimider les badauds, va se faire tatouer une cible rouge au milieu du front, adopter un chihuahua, et trouver refuge dans la rue aux côtés des marginalisés. Jusqu’au jour où ses errances le mènent à Maple, une prostituée qui lui chavire le cœur. À scruter son visage, n’y verrait-il pas un peu de lui-même ?

Dans une langue truculente, inventive et audacieuse, David Goudreault met en scène un enfant perdu, en lutte avec lui-même et contre une société qui isole au lieu de soigner et d’accompagner.

 

« Le système de justice fonctionne, oui, il fonctionne particulièrement bien pour les policiers, les avocats et les juges.

La présumée impunité des criminels est une illusion, même les mafieux aux bras longs finissent par rencontrer un juge au bras lourds. De toute façon, l’unique enjeu se limitait à déterminer dans quelle cage on m’enfermerait. Soit je retournais au pénitencier avec les coucous dangereux, soit je rentrais à Pinel avec les dangereux coucous. »

 

 

Pourquoi j'ai voulu lire ce livre :

 

Plus j’avançais dans la saga plus j’aimais. Donc le troisième tome semblait être parti pour une apothéose !

 

 

Mon avis :


Dernier tome de la trilogie

Dernier tour de piste avec le désaxé flamboyant, interné cette fois-ci en psychiatrie à Montréal, dans un endroit dont on ne s'évade pas. En principe...
Dans sa tête c'est un feu d'artifice permanent d'inepties, un festival de jobardise, pour mon plus grand plaisir car c'est toujours aussi cruellement drôle, voire plus à chaque nouveau tome. Au détour d'un événement affreux, un fou rire peut surgit sans crier gare. Car les circonstances et les conséquences de ses actes ainsi que la traduction qu'il en fait sont toujours vues par le prisme de son cerveau malade.
L'auteur met des horreurs dans la tête et dans la bouche de son personnage et pourtant on en rit.
Et le nom du chien, ça aussi c'est tellement bien vu ‼

En quête permanente d'attaches, d'un clan à lui, il veut s'évader, car il espère toujours retrouver sa mère, mais veut aussi se venger de tous ceux qui sont sur sa liste, et ladite liste est prodigieusement longue.
Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il a de la suite dans les idées et ne manque pas de ressources.

Ah, et l'écriture !.. Elle est ciselée, acérée, sublime ! Un vrai bonheur pour les neurones. Tout comme son personnage qui se perfectionne dans la démence au fil des différents opus, David Goudreault nous offre une maîtrise de la langue et de l'esprit, un peu plus à chaque tranche de vie. Mais sans doute est-ce pour coller à l'évolution de la bête qui, bien que très immature et complètement en orbite, a un regard et une analyse très pointue sur cette société et cette humanité qui n'ont pas voulu de lui.

Je me suis passionnée pour les pérégrinations de cet allumé dangereux, vivant dans une réalité parallèle, hilarant malgré lui, féru de littérature et de poésie, à la culture un peu foutraque qu'il restitue toujours de façon approximative et désordonnée.
L'humour de David Goudreault est à l'abomination ce que l'autodérision est à l'esprit : salutaire et bienfaisant.
Énorme coup de cœur pour moi que cette trilogie. Je l'attendais impatiemment,  j'ai été conquise et je crois que je n'ai pas fini d'y penser

 

 

Citations :

Page 13 : La folie n’est pas une maladie mentale, c’est une marque d’intelligence. Moi, je suis fou raide.

 

Page 31 : Avec ses grandes études, elle devrait savoir qu’il est plus difficile de guérir un cœur brisé que de soigner un infarctus.

 

Page 36 : Paraît qu’on ne peut avoir tous les talents. Par contre, on peut n’en avoir aucun. C’était le cas de Simon. Pour dépasser cette absence de compétences, il a développé d’incroyables croyances religieuses.

 

Page 44 : Les centres d’accueil, la prison, la psychiatrie, j’ai fait le tour. Toujours la même poutine. Des humains plus ou moins fuckés qui surveillent d’autres humains plus ou moins fuckés.

 

Page 98 : Peu de gens peuvent se vanter d’avoir survécu aux services sociaux, à la prison et à la psychiatrie.

 

Page 171 : Il est recommandé de voler les pauvres : ils ont moins d’armes, d’alarmes et de ressources. Dans la vie comme au tribunal, s’attaquer aux pauvres garantit une certaine impunité.

 

Page 210 : C’est un livre plein d’amour, de meurtres, de viols, de guerres, de torture, de terrorisme et de cataclysmes, la Bible.

 

 

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