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Mon avis : Société anonyme – Jean d’Espinoy

Publié le par Fanfan Do

Éditions Laléa

 

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Quatrième de couverture :

« À notre arrivée, deux bonnes sœurs nous reçurent : -un accident de voiture ; monsieur est mort sur le coup, madame n’a survécu que quelques heures… Nous étions orphelins. Lorsque j’explore mes plus intimes tréfonds, il ne me revient de ce moment que la voix chevrotante d’une vieille nonne m’enjoignant de poser les lèvres sur le front glacé de ma mère, et l’indicible répugnance avec laquelle j’avais obéi à cet ordre. »
 

Ceci est l’histoire d’un baiser, d’un baiser tragique et contraint donné au fond d’une morgue. Un soir de réveillon trois hommes se trouvent fortuitement réunis autour d’une table de restaurant et se mettent à évoquer leurs souvenirs. Trois inconnus que rien a priori ne destinait à se rencontrer ni à partager l’intimité de leur mémoire. Mais est-ce vraiment le hasard qui les a rassemblés pour cette veillée de Noël ? Au fur et à mesure de leurs récits, ils découvriront avec stupeur que cette rencontre n’est en rien fortuite.

 

 

Mon avis :
Un vieux professeur de Lettres Classiques obsédé par la gent féminine, un chauffeur de taxi qui a eu une autre vie avant… et le patron du restaurant dans lequel ils sont attablés dînent tous les trois ensemble un soir de Noël et vont se raconter leurs vies.

C'est extrêmement bien écrit, c'est plein de poésie et de spiritualité, et deux des trois personnages sont dans une constante introspection qui leur a permis de se comprendre eux-mêmes dans le chemin qui a été le leur.

C'est aussi une balade en gastronomie, dans la bonne chère et les bons vins, des plats qui sont une promenade à travers le temps et les lieux. le patron du restaurant en bon maître de cérémonie voue une vénération à son métier qui confine au sacerdoce.

Le professeur de Lettres est très vieux jeu dans son approche des femmes. Non pas antédiluvien quand-même, quoique, mais anté-metoo c'est sur. Pour lui les femmes ne sont que beauté et assouvissement des désirs… "Ogre avec les femmes", il considèrent qu'elles veulent toutes être cueillies, même si elles envoient des signaux contraires. Pour lui, l'amour charnel est un combat dont l'homme doit toujours sortir victorieux : "Je n'ai d'autre image de l'amour que celle de voiles déchirées, d'outrances, de sacrilèges, de blasphèmes et d'un paganisme profanateur." Ah Godferdom !!!
Ceci étant, on découvre au fil de pages les raisons de son tempérament de Don Juan. Par ailleurs j'ai adoré son côté iconoclaste. C'est pas exactement qu'il bouffe du curé, mais il met à mal la religion et ses grandes théories.
Entre lui et le chauffeur de taxi la contradiction s'installe dans un débat philosophico-religieux rempli de références culturelles.

Une belle histoire de rédemption !
Merci Jean d'Espinoy pour l'envoi de ce roman.

 

Citations :

Page 22 : Contraint à l’univers monotone et compassé qui m’échut, j’enviai parfois la maison de ceux qu’on appelait chez nous « les pauvres ». Il m’arriva quelques fois, par hasard, d’en franchir le seuil, d’en pénétrer le ventre chaud. Tout y était exigu, replié mais protecteur. Tout, jusqu’au moindre recoin, y était habité, vivant. Moi, enfant esseulé, je déambulais dans une maison immense et compliquée, vide et silencieuse, triste et morte : j’y pris la mesure de mon hiver.

 

Page 39 : De ma vie, heureux homme que je suis, je ne me suis attaché à aucune femme, aucun enfant, aucune maison, même pas à un chien, même pas à une idée. On est si vite l’esclave de ce qu’on abrite ! L’esclave ou le tyran, c’est pareil, c sont toujours des chaînes que l’on se met aux pieds.

 

Page 46 : Il y a un temple en tout homme, fût-il le plus rustre, le plus méprisable, le plus mécréant. Il l’a élevé dans les limbes de l’enfance, lorsque la pesanteur de la raison logique n’avait pas encore empesé son esprit.

 

Page 56 : Je m’avançais vers une toilette de noyer et de marbre blanc sur laquelle sommeillaient des peignes, des brosses, des ustensiles de maquillage, des épingles à cheveux, des fioles de parfum, des flacons de fond de teint, toute la panoplie du paraître. Ce furent mes premiers pas dans l’univers féminin dont je découvrais sans toutefois les comprendre les artifices, l’hémertisme impénétrable.

 

Page 64 : Enfants, on nous mettait en demeure d’aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre pensée, de toute notre âme, de toute notre force, d’aimer son Fils sacrifié pour nous, à cause de nous. Nous ne lui avions rien demandé ! L’amour, je ne sais pas ce que c’est sinon une invention perverse de l’Église, un mot bien commode enfoui dans vos brumes d’encens, un as de cœur que vous sortez quand le jeu l’exige, quand l’absurdité de l’existence vous prend à la gorge.

 

Page 115 : Elle était en train de me profaner, de me violer, de fixer avec une lucidité implacable ma condition d’homme mortel déjà en train de mourir, de glisser sur le versant obscur de l’existence. Je fus terrifié. Ce n’était pas une putain qui me regardait avec une impassibilité glaciale mais un miroir, un miroir froid, un miroir vrai.

 

Page 125 : Pour un homme étranger aux réalités de ce bas monde, je dois dire que mon hôte avait organisé ce périple de façon remarquable. Mais tant de choses deviennent faciles dès lors que l’argent les porte.

 

 

 

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Mon avis : Chien 51 – Laurent Gaudé

Publié le par Fanfan Do

Éditions Actes sud

 

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Quatrième de couverture :

C'est dans une salle sombre, au troisième étage d'une boîte de nuit fréquentée du quartier RedQ, que Zem Sparak passe la plupart de ses nuits. Là, grâce aux visions que lui procure la technologie Okios, aussi addictive que l'opium, il peut enfin retrouver l'Athènes de sa jeunesse. Mais il y a bien longtemps que son pays n'existe plus. Désormais expatrié, Zem n'est plus qu'un vulgaire "chien", un policier déclassé fouillant la zone 3 de Magnapole sous les pluies acides et la chaleur écrasante.
Un matin, dans ce quartier abandonné à sa misère, un corps retrouvé ouvert le long du sternum va rompre le renoncement dans lequel Zem s'est depuis longtemps retranché. Placé sous la tutelle d'une ambitieuse inspectrice de la zone 2, il se lance dans une longue investi­gation. Quelque part, il le sait, une vérité subsiste. Mais partout, chez GoldTex, puissant consortium qui assujettit les pays en faillite, règnent le cynisme et la violence. Pourtant, bien avant que tout ne meure, Zem a connu en Grèce l'urgence de la révolte et l'espérance d'un avenir sans compromis. Il a aimé. Et trahi.
Sous les ciels en furie d'une mégalopole privatisée, "Chien 51" se fait l'écho de notre monde inquiétant, à la fois menaçant et menacé. Mais ce roman abrite aussi le souvenir ardent de ce qui fut, à transmettre pour demain, comme un dernier rempart à notre postmodernité.

 

 

Mon avis :
Voilà un roman pour lequel je ne me suis pas posé de question… 
Laurent Gaudé vient de sortir un livre ? Ouiiiii ! Une dystopie ? Ouiiiii !!
Et alors je dois dire que dès le début j'ai été servie. C'est un futur proche horriblement sinistre, sans rêves, sans espoir, sans liberté. Malheureusement j'ai la terrible impression que c'est vers ça qu'on se dirige tout droit. Un monde gris et terne avec de plus en plus d'injustices et de mépris de classes, et un déterminisme social indéboulonnable.

Ce roman est une dystopie et un polar. Un homme a été retrouvé éventré dans la zone 3 alors qu'il vivait dans la zone 2. Zem Sparak, policier de la zone 3, donc chien, doit enquêter avec une inspectrice de la zone 2, Salia Malberg, qui est sa supérieure hiérarchique. Il ne se connaissent pas et aucun des deux n'a envie de travailler avec l'autre.

Zem est un homme secret, qui vit dans la nostalgie de sa défunte Grèce, qu'il retrouve régulièrement grâce à des substances. Parce qu'il vit avec l'amertume de ce qu'on a fait à son pays après l'avoir acheté, l'anéantissement d'un peuple dans la violence la plus abjecte.
De Salia on ne sait rien.
De nombreux personnages gravitent, certains sont inquiétants, d'autres pathétiques mais tous semblent sans espoir, juste dans la survie, ici et maintenant.

Avant tout, ce qui m'est venu à l'esprit assez rapidement au fil des pages, c'est la phrase de 
Rabelais "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme." Parce que c'est ainsi que je ressens le monde actuel avec ses dérives et que ce futur proposé par Laurent Gaudé c'est notre monde tel qu'il va, droit dans le mur. Des tempêtes apocalyptiques, la surveillance de tout un chacun, le mépris de la vie des petites gens, l'ultra délinquance en col blanc et l'impunité qui va avec, la limitation des libertés, le transhumanisme, l'argent Dieu du monde actuel et futur.

J'ai adoré ce roman ! Il fait écho à notre monde qui va à vau-l'eau. Il m'a complètement happée, gobée, mâchouillée, mais pas recrachée. Il va me trotter dans la tête encore longtemps.

 

Citations :

Page 37 : Il a toujours détesté cette zone qui faisait semblant de croire qu’elle se suffisait à elle-même et que ceux qui n’avaient pas la chance d’y vivre avaient commis quelques fautes qui les tenaient légitimement éloignés du bonheur alors qu’il sait, lui, que la zone 2 est construite sur la crasse et la sueur de la zone 3, rien de plus. Et ce qu’il sent chaque fois qu’il revient, c’est le mépris tacite et immédiat de ceux qui possèdent envers ceux qui n’ont rien.

 

Page 54 : À quoi est-ce que tout cela rime ? Se coucher pour se relever demain et recommencer, comme des millions d’autres dans cette zone qui est le hangar de l’humanité. Est-ce cela, sa vie ?

 

Page 123 : Même s’ils ne se l’avouent pas, ils ont le sentiment obscur de profaner des territoires interdits. Comment ont-ils réussi à nous faire penser que nous n’étions pas chez nous en ce monde ?

 

Page 168 : Quelque chose dans mon corps se hérisse à l’imminence de la violence. C’est bien que cela advienne le jour de la furie. C’est votre monde qui déborde et se cabre. C’est votre monstruosité qui vous entoure et vous fouette le visage.

 

 

 

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Mon avis : S’adapter – Clara Dupont-Monod

Publié le par Fanfan Do

Éditions Le Livre de Poche

 

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Quatrième de couverture :

C’est l’histoire d’un enfant différent, toujours allongé, aux yeux noirs qui flottent. C’est l’histoire de sa place dans la maison cévenole où il naît, au milieu de la nature puissante ; de sa place dans la fratrie et dans les enfances bouleversées. Celle de l’aîné, qui, dans sa relation fusionnelle avec l’enfant, s’abandonne et se perd. Celle de la cadette, dans la colère et le dégoût de celui qui a détruit l’équilibre. Celle du petit dernier qui a la charge de réparer, tout en vivant escorté d’un frère fantôme. Comme dans les contes, les pierres de la cour témoignent.
La naissance d’un enfant handicapé racontée par sa fratrie.

Un livre éblouissant sur la connaissance de soi et la solidité des liens fraternels. Guillaume Chevalier, librairie Mot à mot (Fontenay-sous-Bois).

Débordant d’émotions, d’une vitalité sauvage et acharnée à reconstruire. Olivia de Lamberterie, Elle.

 

 

Mon avis :
J'ai eu envie de lire ce livre parce qu'il me parle. En effet, comment vivre, comment grandir quand il y a un enfant différent dans une fratrie, quand le destin fait un croc-en-jambe ? Personne n'en parle jamais du point de vue des frères et sœurs, de ce qu'ils ressentent. Selon qu'ils sont nés avant ou après, ils ne le vivent pas de la même façon.

Dans ce village des Cévennes naît un enfant inadapté et ce sont les pierres qui nous le racontent. Et elles nous racontent la fin de l'innocence, la destruction du cocon, comment la famille va devoir faire avec, 
s'adapter.
Ils n'ont pas de nom. Il y a les parents, l'aîné, la cadette, l'enfant et le dernier.

Au départ c'est lent, comme la vie d'un bébé, comme la vie montagnarde. le temps s'écoule doucement, jusqu'à ce que les parents comprennent que quelque chose ne va pas. le verdict tombe, l'enfant ne voit pas, ne réagit pas, ne marchera jamais et mourra très jeune. Que faire de ça ? L'aîné et la cadette ont neuf et sept ans quand leur enfance vole en éclat.

Un soir de Noël, l'aîné prend cet enfant sous son aile, se met à s'occuper de lui, lui dédie la majeur partie de son temps avec une infinie douceur et lui offre son amour et sa vie, telle une petite maman. Mais les enfants ne sont-ils pas censés être égoïstes ? Lui est protecteur, y compris avec sa sœur et frémit au "moindre bruit du monde", ne serait-ce qu'un courant d'air, une brise un peu fraîche.

Le premier chapitre, consacré à l'aîné, m'a paru extrêmement oppressant. Ce don de soi total pour l'enfant au petit corps atone, tout doux, tout mou, sans rien attendre d'autre en retour que le bien-être que lui, lui apporte, relève de l'abnégation la plus totale et c'est tellement effrayant de la part d'un enfant de neuf ans.

Le deuxième chapitre est consacré à la cadette. Là, il n'y a pas d'osmose comme avec l'aîné. Il n'y a que du rejet, du dégoût, de la colère. Elle ne trouve cet enfant ni doux, ni moelleux, mais osseux, blafard, fétide. Elle le rend responsable du chagrin si mal dissimulé de ses parents, du sacrifice de son aîné et de tant d'autres choses encore. Et cette colère paraît plus salvatrice.

Le troisième et dernier chapitre est consacré au dernier enfant, celui né après. Celui qui est seul avec ses parents, qui porte sur ses épaules le poids de la réparation et de l'espoir mais qui voit aussi la peur dans les yeux de sa mère. Celui qui chemine avec le fantôme de son frère inadapté, cet être à la peau translucide, enfermé en lui-même, insonore et qui pourtant prend tant de place.

C'est un roman très touchant, totalement bouleversant, qui dit comment un grain de sable enraye la trajectoire d'une famille, qui nous raconte à quel point la vie est odieuse et cruelle parfois. L'écriture est virtuose, sublime, d'une beauté absolue, la poésie est partout dans ces lignes. La nature est célébrée dans cet hymne aux Cévennes, à la faune, aux montagnes, aux rivières, aux herbes des prairies, à la brise, à la bise, aux pierres… mais aussi à la famille.

 

Citations :

Page 14 : Leur père arbitra, joua le jeu. Personne ne comprit réellement qu’à cet instant-là, une fracture se dessinait. Bientôt, les parents, parleraient de leurs derniers instants d’insouciance, or l’insouciance, perverse notion, ne se savoure qu’une fois éteinte, lorsqu’elle est devenue souvenir.

 

Page 23 : Alors l’enfant gloussait de confort, puis la voix s’élevait vers les airs comme un chant ancien, les lèvres retroussées en un sourire, les cils battants, la voix plus haute, en une mélopée qui ne disait rien d’autre que les besoins primitifs rassasiés, et peut-être aussi la tendresse rendue.

 

Page 34 : Abattre un cèdre était dangereux, il avait éloigné sa sœur. C’était sans appel – puisque la vie peut renverser les bonheurs si facilement. Puisqu’une enfance peut basculer, un corps ne pas répondre, des parents souffrir.

 

Page 54 : On lui a répété que le temps répare. En vérité, il le mesure lors de ces nuits, le temps ne répare rien, au contraire. Il creuse et ranime la douleur, chaque fois un peu plus intense.

 

Page 57 : Il aime voir des petits bâtir la même mémoire que la sienne. Il leur interdit d’aller près du moulin, répare un tricycle, exige des brassards au bord de l’eau. Il ne peut aimer que dans l’inquiétude. Il est l’aîné pour toujours.

 

Page 63 : Si la cadette résumait, l’enfant avait pris la joie de ses parents, transformé son enfance et confisqué son frère aîné.

 

Page 79 : Beaucoup plus tard, devenue adulte, la cadette s’entendrait dire à une amie : « Si un enfant va mal, il faut toujours avoir un œil sur les autres. » Avant d’ajouter, pour elle-même : « Car les bien portants ne font pas de bruit, s’adaptent aux contours cisaillants de la vie qui s’offre, épousent la forme des peines sans rien réclamer.

 

Page 106 : Parfois son père ébouriffait ses cheveux avec une tendresse alarmée, une brusquerie qui révélait une crainte, celle de voir partir, comme s’il fallait le retenir, lui, le dernier, parce que avant lui il y avait eu la souffrance et qu’après lui il n’y aurait rien.

 

Page 125 : Le dernier piqua du nez vers son assiette. Il sentait, autour de cette table, planer le fantôme de l’enfant et il n’aurait jamais pensé qu’un fantôme puisse avoir tant de poids.

 

 

 

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Mon avis : Kiss the sky – Jimi Hendrix 1942-1970 – J.M. Dupont – Mezzo - Volume 1

Publié le par Fanfan Do

Éditions Glénat

 

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Résumé éditeur :

Avant de devenir le plus célèbre guitariste de tous les temps, Jimi Hendrix fut un gamin laminé par une enfance à la Dickens puis un obscur musicien au parcours semé de galères et d’humiliations. C’est cette part sombre de sa vie et sa soif désespérée de reconnaissance que raconte cette première partie du portrait intime que lui consacrent Mezzo et JM Dupont, auteurs du remarqué Love in Vain. Entre lyrisme et réalisme, ce récit explore non seulement l’âme tourmentée de la future rock star mais aussi toutes les étapes d’un itinéraire musical méconnu qui lui a fait croiser, au cours de son apprentissage, des artistes de légende comme Little Richard, Ike & Tina Turner, BB King, Curtis Mayfield, Sam Cooke, Wilson Pickett, Bob Dylan et les Rolling Stones.

 

 

Mon avis :
Ce livre superbe m'a permis de découvrir la vie de 
Jimi Hendrix, idole des années 70, dont je ne connaissais presque rien sinon qu'il était 𝗟𝗘 meilleur guitariste au monde, gaucher de surcroît, et qu'il fait partie du club des 27, car mort à 27 ans.

Le graphisme est très beau est très sombre, ce qui laisse présager dès la première page ce qu'a été la vie de 
Jimi Hendrix. In utero ça s'annonçait déjà mal. D'ailleurs le texte aussi contient la mélancolie du désespoir.
Sa mère s'appelait Lucille, ça signifie lumière. Pourtant c'est elle qui a provoqué cette vie sombre et triste, alcoolique, instable et fragile qu'elle était.
Il portait aussi dans ses gènes, la douleur du peuple Cherokee, mais aussi sa fierté, et du peuple noir, du côté paternel.

De sa naissance jusqu'à son ascension en passant par sa révélation de la musique, force est de constater que les génies sont toujours des incompris. Il a essuyé tant de rebuffades et d'humiliations qu'il apparaît évident que la passion et le talent peuvent venir à bout de tout.

Cette bande dessinée qui raconte la trajectoire douloureuse d'un garçon afro-cherokee-américain, né en 1942, devenu guitariste de génie est aussi un pan de l'histoire des États-Unis et c'est doublement passionnant.
Le graphisme a su tellement bien retranscrire l'ambiance de ce monde et de cette vie là que ça plonge le lecteur directement dans les années 40 à 60 et la difficulté d'être noir et pauvre.

La suite dans le tome 2 !.. qui arrivera bientôt j'espère !

 

Citations :

Page 5 : SI LE NOMBRIL DES FEMMES ÉTAIT UNE LUCARNE…

D’OÙ LEUR ENFANT, AVANT DE NAÎTRE, POUVAIT VOIR CE QUE LEUR RESERVE LA VIE…

CERTAINS CHOISIRAIENT SÛREMENT DE PASSER LEUR TOUR.

ET SI LE MONDE DES ESPRITS EXISTE…

ILS RETOURNERAIENT SANS DOUTE S’Y REPOSER QUELQUE TEMPS…

AVANT DE TENTER LEUR CHANCE À NOUVEAU.

 

 

 

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Mon avis : Ticket gagnant Tome 2 – Anne-Sophie Nédélec

Publié le par Fanfan Do

Éditions Le Lézard Bleu

 

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Quatrième de couverture :

Comment maintenir le cap quand l’univers entier semble vouloir se liguer contre vous ?
De retour du Mexique, Laura et Antoine ont décidé de faire table rase du passé et s’installent chez Laura, en plein quartier chinois de Paris. Mais une ex particulièrement envahissante refait surface, et c’est le début d’une série de malentendus épiques…
De leur côté, leurs meilleurs amis Audrey et Marc ont entamé un rapprochement en leur absence. Mais un séducteur invétéré et une working girl ambitieuse sont-ils réellement susceptibles de faire bon ménage ? Surtout quand leurs conquêtes respectives n’ont pas du tout l’intention de les laisser filer !
Un séminaire d’entreprise à la montagne et des retrouvailles inattendues avec Alicia pourraient bien avoir des conséquences explosives…
Prenez un ticket gagnant pour une comédie effervescente qui vous fera voyager aux quatre coins de la France, et vibrez selon les amours contrariées de Laura, Antoine, Audrey et Marc !

 

 

Mon avis :
Cette histoire commence sur les chapeaux de roues et bien sûr j'adore ça !
Laura et Antoine, qui se sont rencontrés au Mexique, dans le tome 1, rentrent ensemble à Paris. Là, ils retrouvent leurs amis respectifs, Audrey et Marc, qui semblent s'être rapprochés aussi de leur côté. Enfin… c'est ce que Marc voudrait ! Lui, le dragueur invétéré, est sous le charme. Mais Audrey la working-girl est convaincue d'être une femme libérée, pas attirée par un tombeur. Elle se met tellement le doigt dans l'œil sur tout ce qu'elle croit savoir d'elle-même…
Hélas, rapidement Laura rencontre par hasard Carla, l'ex d'Antoine, qui est bien décidée à détruire leur couple, alors que son histoire s'est terminée il y a trois ans.

On a affaire à une comédie sentimentale, mais pas que. C'est vaudevillesque et on s'amuse beaucoup jusqu'à la fin, y compris avec les personnages secondaires, notamment dans le quartier chinois où habite Laura. C'est aussi une belle histoire d'amitié, Laura et Audrey d'un côté, Antoine et Marc de l'autre, toujours fidèles au poste, soutiens indéfectibles, oreilles attentives et mains tendues, le cœur offert sans restriction. L'amitié quoi !
Il y a aussi des gros lourds, ces crétins insupportables qui se croient irrésistiblement drôles et qui ne savent que blesser, mais toujours dans l'autosatisfaction. Et l'homme de pouvoir, qui entend bien user et abuser de sa position.
Et puis toutes sortes d'égoïsmes chez certains, de générosités chez d'autres, la comédie humaine quoi

Ce roman choral qui donne la parole alternativement aux quatre protagonistes principaux nous entraîne dans le tourbillon ébouriffant des trentenaires qui se sentent à la croisée des chemins tout en se demandant lequel il doivent ou veulent prendre. Ça m'a tellement rappelé moi au seuil de la trentaine, totalement ambivalente, des envies en opposition permanente avec les actes.
C'est drôle, et puis c'est énervant, puis rageant, puis attendrissant…

À travers ces personnages, je me suis dit que dans la vie on se fait souvent beaucoup de mal à soi-même, par orgueil ou par pudeur, voire par peur.

Encore une fois, oui je lis tous ses livres, Anne-Sophie Nédélec m'a emportée dans une farandole joyeuse, qui m'a néanmoins fait observer la nature humaine et grincer des dents parfois, et surtout beaucoup sourire, parce qu'elle a une écriture rythmée et le sens de la narration.
Qu'est-ce que ce roman fait du bien ‼️

 

Citations :

Page 77 : Vous avez vu comment ils me traitent ?

Elle me considère, réalisant soudain que la beauté et la jeunesse, soi-disant atouts, peuvent tout à coup se transformer en fardeau.

 

 

 

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Mon avis : Le chat du rabbin Tome 1 – Joann Sfar

Publié le par Fanfan Do

Éditions Dargaud

 

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Résumé :

Le Chat du Rabbin, c'est Alger et le quartier juif au début du siècle. Celui qui regarde ce monde et qui raconte, c'est "Le Chat du Rabbin." Tout de suite, il explique pourquoi le Rabbin n'a pas plutôt un chien : "ça fait tellement longtemps que les juifs se font mordre, courir après ou aboyer dessus que, finalement, ils préfèrent les chats." Le chat mange le perroquet de Zlabya, la fille du Rabbin, et du coup, le voilà doté de la parole et exigeant de faire sa bar-mitzva. Les discussions vont être longues tant avec le Rabbin lui-même qu'avec le Rabbin du Rabbin. Ce chat, qui a une allure graphique à pleurer de rire, tantôt matou tendre amoureux de sa maîtresse, tantôt sournois filou, tient tête à tout le monde et ergote à n'en plus finir. Il ne se calme que dans la douceur des bras de sa maîtresse. Mais il lui est interdit de lui parler, alors il nous confie: "c'est la condition, si je veux rester avec elle. Ça vaut le coup de fermer sa gueule pour être heureux". Ceci ne l'empêchera pas de se mettre sur la piste des étudiants qui fréquentent l'école du Rabbin, car l'un d'entre eux a le désir d'épouser la jolie Zlabya.

 

 

Mon avis :
Le chat du rabbin est un chat comme tous les chats, observateur, mystérieux et silencieux. À tous ceux qui disent en parlant de leur petit compagnon poilu "Il ne lui manque que la parole" je réponds toujours "Ça va pas la tête ?". S'ils parlaient ce serait peut-être pour sortir autant d'inepties que nous. Moi je les aime comme ils sont, sans la parole. Sauf que le chat du rabbin, un jour il bouffe le perroquet et se met à parler ! Damned !!

C'est qu'il est insolent et intelligent ce chat ! Tellement irrévérencieux ! Et menteur de surcroît ! Les arguments du rabbin du rabbin, oui oui faut suivre hein !.. il les contre et les démonte avec une logique implacable et c'est pas pour me déplaire… les religieux de tous poils ont des arguments souvent obscurs et s'arrangent toujours pour retomber sur leurs pattes, ben comme les chats dis donc !

Et donc, le chat veut faire sa bar-mitsva pour être un bon juif, et veut aussi étudier la kabbale. Et pourquoi donc ? Pas pour l'amour de Dieu en tout cas. C'est drôle et plein de doubles sens, ça m'a beaucoup amusée. Mais j'ai dû aller à la recherche d'infos car je ne connais rien au judaïsme. du coup, je mourrai moins ignorante !

Entre le chat et le rabbin, c'est en quelque sorte le darwinisme contre le créationnisme, le réalisme contre le puritanisme, c'est un genre de ping-pong oral, une joute verbale idéologique, c'est bon et c'est drôle !!!

 

Citations :

Dans la tradition juive, le chien est un bon animal, dit le rabbin du rabbin, car il est franc, opiniâtre, prompt à endurer des souffrances pour le bien général,. Alors que le chat, PFF, on ne peut pas faire confiance à un chat.

GNAGNAGNA ! Tu parles, un chien, c’est solaire, univoque, moraliste, masculin, merdique.

 

 

 

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Mon avis : Dans les eaux troubles – Sarah Bailey

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Adrian Castillo

 

Éditions du 38

 

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Quatrième de couverture :

C'est bientôt Noël à Smithson, en Australie. Un été chaud comme jamais. Une ville sur le point d'exploser. Un corps de femme, parsemé de roses rouges, est retrouvé dans le lac Sonny. La détective Gemma Woodstock manoeuvre pour que l'affaire lui soit confiée, bien qu'elle connaissait la victime depuis le lycée, des années auparavant, dissimulant la fascination qu'elle avait pour celle-ci. Mais ce n'est pas tout ce que Gemma tente de cacher. Alors que l'enquête plonge dans le passé, des secrets sont sur le point d'être révélés, secrets qui étaient censés rester enfouis. Le lac renferme la clef qui permettra de résoudre ce meurtre, mais il a aussi le pouvoir d'entraîner Gemma dans ses eaux troubles. Un récit envoûtant de la descente aux enfers d'une femme qui sombre dans le mensonge et la folie. Un thriller addictif, un roman époustouflant. SARAH BAILEY est établie à Melbourne et dispose d'une solide expérience dans le domaine de la publicité et de la communication. Au cours des cinq dernières années, elle a publié un certain nombre de nouvelles et d'articles dans des revues d'opinion. Son premier roman, le best-seller The Dark Lake, a été publié en 2017, suivi de Into the Night (2018), et Where the Dead Go (2020), tous les trois dans la série Gemma Woodstock.

 

 

Mon avis :
On entre de plain pied dans l'histoire et tout de suite on ressent comme une ambiguïté de la part de la détective Gemma Woodstock, personnage torturé qui erre dans ses souvenirs. Une femme est couchée sur la table d'autopsie, une femme assassinée qu'elle connaissait depuis le lycée.
J'ai senti tout de suite que je m'étais fait harponner par l'histoire.

Gemma Woodstock a dû faire son trou dans ce bastion de la misogynie qu'est la police. Dès le début elle a su qu'elle devrait se battre pour prouver qu'elle valait autant que ses collègues masculins.
On apprend peu à peu des bribes de sa vie, son passé douloureux au travers de flash-backs.
Elle vit depuis toujours à Smithson où pratiquement tout le monde se connaît.

L'enquête que mènent Gemma et Felix, son coéquipier, nous entraîne dans l'intimité des habitants de Smithson et beaucoup dans les souvenirs de l'adolescence. Peu d'indices au départ, de nombreuses questions, des secrets de famille semblent se faire jour, une menace sournoise, de sourdes angoisses…
Ce roman est un véritable page turner. J'y ai tout aimé, l'écriture très belle qui dépeint si bien les sentiments et les douleurs, le rythme, les descriptions, les personnages, le suspense, l'enquête… et puis l'Australie ❤️ !!!
J'ai aimé Gemma, avec ses fêlures, ses zones d'ombre, ses fantômes, ses secrets, ses mensonges, ses mystères, toute la douleur qu'elle trimballe comme des grosses valises pesantes, et l'air de vivre à côté de sa propre vie, un peu en retrait, comme si elle faisait en sorte d'exister avec ce qu'elle n'a pas choisi. La résolution de cette enquête semble être particulièrement vitale pour elle. Et tout le long, Rosalind, la femme assassinée reste un mystère et on sent bien qu'on devra arriver au bout du bout du roman pour enfin savoir qui l'a tuée et pourquoi, car tout s'imbrique parfaitement.

Merci Babelio_ Masse critique et les Editions du 38 pour l'envoi de ce roman.

 

Citations :

Page 15 : Le sang se mélange à l’eau avant de disparaître dans les égouts et je ferme les yeux en souhaitant être à nouveau une petite fille, bordée dans son lit, le doux baiser de sa mère sur le front.

 

Page 35 : Être une femme flic à Smithson comportait des défis, mais d’une certaine manière, je m’en réjouissais. Ce métier me donnait quelque chose de concret et de réel à affronter. Un obstacle mouvant que je pouvais vaincre, un contraste frappant avec le néant obscur qu’était le puits profond de mon chagrin. La bande sonore de moqueries et d’humiliations qui me suivait partout ne faisait que me rendre plus déterminée, plus concentrée.

 

Page 90 : Je fais une pause, sentant la puissante charge de motivation dans la pièce infuser dans le groupe. Je peux sentir le désir brut de traquer la personne qui a pris l’initiative de perturber l’ordre naturel du monde.

 

Page 300 : C’est une chose très étrange de ne pas avoir de mère. C’est comme être sans gouvernail.

 

 

 

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Mon avis : La mort est une pose – Keyvan Sayar

Publié le par Fanfan Do

Éditions L’Harmattan

 

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Quatrième de couverture :

Chercher dans le deuil et la tristesse... une lumière. C'est ce à quoi s'attelle Keyvan Sayar dans ce recueil aigre-doux, nous assurant que « la mort est une pose » et que même si la vie « a de méchants trous dans les poches », « rien de grave ne nous arrive, sauf les trucs graves, mais il y en a moins que de mardis, moins que de soleils, moins que de minutes au cadran de la montre ».
La vérité est ailleurs
Ici il y a surtout des pastèques
Vertes dehors, rouges dedans
Gorgées de graines et d'eau
Complexes
Autant que ma gueule
Distraites
Et c'est mieux comme ça
On les coupe en quat'
Qu'elles s'en rendent même pas compte
Franco-iranien, Keyvan Sayar a grandi en banlieue parisienne puis est parti vivre à Grenoble, Dublin, La Hayes, Bruxelles, Santo Domingo et Brasilia. Auteur de poésie et de fiction, ses points communs avec Victor Hugo sont d'aimer les gilets, les phrases un peu longues et les pains au lait.

 

 

Mon avis :
J'ai tout d'abord été étonnée par l'orthographe du titre car dans un premier temps mon cerveau avait enregistré "pause", comme une pause avec la vie. C'est donc curieuse que j'ai commencé ce recueil de poésie.

Je me suis intéressée à ce livre parce que depuis toujours la mort me fascine, m'interpelle. C'est la chose qui provoque les plus grandes douleurs dans la vie, mais c'est aussi celle qui fait que parfois certains restent éternellement jeunes, morts trop tôt pour devenir vieux. Et parfois nos défunts nous font rire, à travers des souvenirs drôles.

Ce recueil est fait de poésies sans rimes, de vers funambules, qui virevoltent et disent des choses étranges et belles, qui jonglent avec les mots :


𝑻𝒖 𝒑𝒂𝒔𝒔𝒂𝒊𝒔 𝒅𝒆𝒗𝒂𝒏𝒕 𝒎𝒐𝒊
𝒄𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒔𝒊 𝒋𝒆 𝒓𝒊𝒆𝒏 𝒏'𝒆𝒕𝒂𝒊𝒔


Keyvan Sayar détourne les mots ou en invente et parfois les conjugue et c'est joli… et puis c'est drôle ! Et puis c'est facétieux.
Oui, oui, il y a de l'humour au fil de ces pages. Ces poèmes sont comme des bulles dans une boisson, comme les bulles d'un gin tonic , délicieuses et euphorisantes… et parfois entre deux eaux :


𝑱'𝒂𝒗𝒂𝒊𝒔 𝒍𝒆𝒔 𝒃𝒐𝒖𝒍𝒆𝒔, 𝒍𝒆𝒔 𝒈𝒍𝒂𝒏𝒅𝒆𝒔
𝑳𝒆𝒔 𝒄𝒓𝒐𝒕𝒕𝒆𝒔 𝒅𝒆 𝒏𝒆𝒛 𝒒𝒖𝒊 𝒑𝒆𝒏𝒅e𝒏𝒕
𝑳𝒆 𝒄oe𝒖𝒓 𝒍𝒐𝒖𝒓𝒅 𝒅'é𝒎𝒐𝒕𝒊𝒐𝒏𝒔
𝑳𝒂 𝒄𝒆𝒓𝒗𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒆𝒏 𝒄𝒖𝒊𝒔𝒂𝒏𝒄𝒆
𝑴𝒐𝒏 𝒕𝒓𝒂𝒊𝒏 𝒄𝒉𝒆𝒓𝒄𝒉𝒂𝒊𝒕 𝒔𝒂 𝒈𝒂𝒓𝒆
𝑬𝒏 𝒕𝒄𝒉𝒐𝒖𝒄𝒉𝒐𝒖𝒕𝒂𝒏𝒕 𝒍𝒆 𝒕𝒆𝒎𝒑𝒔
𝑱'𝒎𝒂𝒄𝒉𝒐𝒖𝒊𝒍𝒍𝒂𝒊𝒔 𝒅𝒆𝒔 𝒃𝒐𝒏𝒃𝒆𝒄𝒔
𝑬𝒏 𝒂𝒕𝒕𝒆𝒏𝒅𝒂𝒏𝒕 𝒍𝒂 𝒔𝒖𝒊𝒕𝒆
𝑳𝒂 𝒇𝒖𝒊𝒕𝒆
𝑳𝒂 𝒄𝒐𝒖𝒓𝒔𝒆-𝒑𝒐𝒖𝒓𝒔𝒖𝒊𝒕𝒆

 

Citations :

Page 14 : Tu passais devant moi

comme si je rien n’étais

 

Page 36 : Si on existe peu, puis qu’on n’existe plus, à quoi bon participer ?

Si le jeu est truqué dès le début, quelles chances a-t-on de gagner ?

 

 

 

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Mon avis : Le goûter du lion – Ogawa Ito

Publié le par Fanfan Do

Éditions Picquier

 

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Quatrième de couverture :

Ce qui fait de ce livre grave et pudique un roman solaire, c’est d’abord le lieu : l’île aux citrons dans la mer intérieure du Japon, qu’il faut gagner en bateau ; et encore, l’image magnifique de l’union de la mer, du ciel et de la lumière : la mer scintillante, illuminée par un incroyable sourire, surplombée par la Maison du Lion, ce lieu de paix où Shizuku a choisi de venir pour vivre pleinement ses derniers jours en attendant la mort.
Avec elle, nous ferons la connaissance des pensionnaires – ses camarades, ses alliés et pour tout dire, sa nouvelle famille – ainsi que de la chienne Rokka qui s’attache à elle pour son plus grand bonheur. En leur compagnie, il y aura aussi les goûters du dimanche où grandit peu à peu son amour de la vie quand on la savoure en même temps qu’un dessert d’enfance, une vie qui aurait le goût de la fleur de tofu, d’une tarte aux pommes ou des mochis-pivoines.
Avec la délicatesse d’écriture que nous lui connaissons dans ses précédents romans, Ogawa Ito entraîne peu à peu Shizuku sur un chemin de poésie dont la mélodie possède la voix grave et conciliante d’un violoncelle ; un chemin apaisé comme pour dire la gratitude d’exister.

 

 

Mon avis :
Shizuku part mourir dans la Maison du Lion sur l'île aux citrons dans la mer intérieure du Japon alors qu'elle est si jeune encore, à peine trente trois ans. C'est un endroit qui accueille les gens en fin de vie. Cette histoire est pleine de la beauté de la nature et du goût des choses sucrées, de la générosité, de l'attente fébrile du goûter.
C'est rempli de l'amour de la vie autant que de l'acceptation de la mort bien que parfois la révolte contre cette injustice refait surface. J'ai ressenti une frustration de ce qui aurait pu être mais ne serait jamais.

Il y a l'île, la mer, la nature, les sons, la nourriture, tous ces mets qui confinent au divin, quand chaque bouchée est une explosion de sensations gustatives absolument sublimes ! D'ailleurs, le goûter du dimanche est toujours un mets demandé par un des pensionnaires, quelque chose qui lui évoque un souvenir heureux. Et puis il y a Rocca, petite chienne totalement adorable qui devient la compagne des derniers jours de Shizuku. Des gens extrêmement bienveillants peuplent cet endroit pour faire des derniers instants des pensionnaires un moment d'amour et de sérénité. Mais n'est-ce pas plus dur de quitter la vie quand on a enfin trouvé le bonheur ?

À mesure que son corps s'étiole, Shizuku est de plus en plus dans l'introspection et les questions existentielles, des souvenirs remontent et des rêveries prennent place.

Beaucoup d'émotion, une petite larme m'a échappé, et un sentiment de révolte et d'impuissance face au cancer qui condamne bêtement, aveuglément, désespérément. Pourtant c'est une histoire qui fait du bien. À la lecture de ce roman, on se dit qu'on devrait jouir quotidiennement du moment présent, être heureux simplement d'être en vie, de savoir qu'on verra encore et encore le soleil se lever. Par ailleurs, on a l'eau à la bouche avec ce livre, j'ai eu envie de me mettre aux fourneaux et notamment de chercher des recettes de l'okayu tant les descriptions m'ont fait rêver.

 

Citations :

Page 7 : C’était une chance inouïe que de pouvoir vivre chaque jour sans y penser. Le bonheur, c’était de couler des jours ordinaires, à se plaindre juste un peu, sans se rendre compte que l’on était heureux.

 

Page 40 : C’est la fin, tu peux enlever les chaînes qui entravent ton cœur, m’a dit Dieu en me donnant un tendre baiser.

 

Page 72 : Inspirez le malheur de toutes vos forces, transformez l’air que vous expirez en gratitude, et votre vie brillera bientôt.

 

Page 74 : L’okayu du matin l’avait poussée à vivre un peu plus longtemps, et je comprenais très bien pourquoi. La Maison du Lion était parsemée d’encouragements. De petits espoirs s’y cachaient un peu partout.

 

Page 95 : Nous autres, les malades en phase terminale qui résidions à la Maison du Lion, étions appelés des invités. Et lorsqu’un invité quittait ce monde, une bougie brûlait devant l’entrée pendant vingt-quatre heures. Le corps du défunt invité était sorti par l’entrée principale, avant d’être incinéré. Ce qui n’était pas le cas quand on mourait à l’hôpital. Le corps était discrètement sorti par une porte de derrière, pour éviter de l’exposer à la vue de tous.

 

Page 167 : Oui, les bananes souriaient, il ne pouvait en être autrement. Je venais de découvrir que les animaux n’étaient pas les seuls à sourire, les plantes aussi.

 

Page 252 : Vivre, c’est être la lumière de quelqu’un d’autre. User sa propre vie en offrant sa lumière à l’autre. Et de cette façon, s ‘éclairer l’un l’autre.

 

 

 

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