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Mon avis : Sarah Jane – James Sallis

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Isabelle Maillet

 

Le Grand Livre Du Mois Éditions Payot & Rivages

 

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Quatrième de couverture :

Surnommée « Mignonne », ce qui ne lui va pas comme un gant, Sarah Jane Pullman a déjà trop vécu pour son jeune âge : famille dysfonctionnelle, fugue à l'adolescence, crimes, petits boulots dans des fast-food… on se demande comment elle parvient à redresser la barre. Elle y arrive et, à sa grande surprise, est engagée comme agent au poste de police de la petite ville de Farr. Lorsque le shérif titulaire disparaît, c'est elle qui prend sa place. Mais Sarah Jane ne se satisfait pas de la situation. Cet homme, Cal, était son mentor, son appui, et elle ne peut accepter qu'il se soit évanoui dans la nature. Elle va découvrir des choses qu'elle ne soupçonnait pas…

 

 

 

Mon avis :


Dès les premières lignes j'ai trouvé une ambiance comme j'aime, très américaine. Cette atmosphère de bled paumé, dans un environnement un peu désertique me faisait même imaginer des buissons secs qui roulent avec le vent dans un décor aride, une enseigne suspendue qui grince sous une légère brise, un réservoir d'eau, une éolienne...

Sarah Jane est une étrange personne, avec parfois des pensées métaphysiques.
Par ailleurs, ses descriptions des choses et des gens sont extrêmement scrutatrices, allant jusqu'à imaginer les motivations profondes de ce que chacun peut afficher de soi.

Elle va droit devant elle, toujours. Elle se pose, un certain temps, vit des expériences, professionnelles, estudiantines, des amitiés, des amours, puis repart et se pose de nouveau.

L'écriture est belle mais ce qui m'a déroutée, c'est qu'on passe d'une période à une autre sans transition et il m'a fallu un petit temps d'adaptation.
J'ai beaucoup aimé l'histoire de cette espèce de fuite en avant, de cette fille sans attache. Je trouve ça tellement américain de partir comme ça, en un claquement de doigts, de changer de vie sur un coup de tête, plusieurs fois par vie, d'avoir plusieurs vies en une - militaire, cuisinière, policière - sans jamais vraiment s'attacher aux lieux... de pouvoir changer de région, de maison, sans état d'âme.

Cette histoire est aussi une galerie de portraits, tous passionnants, qui donne le sentiment que l'Amérique est le pays de tous les possibles, que la réussite est à portée de tous.
Par ailleurs, l'auteur fait montre d'une grande acuité dans l'observation de ses contemporains, vus à travers l'esprit féminin de 
Sarah Jane.
 

Citations :

Page 31 : À propos de population, justement, celle d’aujourd’hui au festival se compose de jeunes femmes en équilibre précaire sur leurs talons hauts, de gars soignés portant shorts à carreaux et mocassins en cuir coûteux sans chaussettes, de groupes de femmes mûres en chemisiers fleuris, parfaitement coiffées, ayant un million de choses urgentes à se dire, de couples flânant derrière des chiens-trophées, d’enfants de tous âges qui pullulent comme des poissons attirés par des appâts.

 

Page 64 : On vit tous dans des boules à neige, non ? Soulevez-les, secouez-les, et les années tourbillonnent avant de se déposer au fond.

 

Page 80 : Vie privée, vie publique. On a tous l’une et l’autre. Tant qu’on ne l’examine pas à la loupe, une existence peut sembler sans intérêt, à peine digne d’être vécue, mais si on y regarde de près – et c’est vrai pour chacune d’entre elles -, on n’a pas fini d’être surpris, déconcerté, troublé.

 

Page 156 : Personne n’avait dit aux mâles blancs, qui n’auraient même pas pu le concevoir, que leur naissance ne leur conférait aucun privilège.

 

 

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Mon avis : Écran Noir - Luciano Staiano - Giuseppe Andreozzi - Giovanni Guida

Publié le par Fanfan Do

Traduit de l'italien par Camille Pazdej - Édition

 

Éditions Shockdom

 

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Quatrième de couverture :

Qu'arriverait-il à l'humanité si une machine pouvait prédire le destin de chacun ? C'est la question qui obsède Garret O'Daniel, créateur de l'algorithme à la base de la technologie capable de prédire l'avenir. Et qu'adviendrait-il de notre existence, si cette machine pouvait révéler le jour exact de notre mort ? C'est ce que Frank Rosenthal doit affronter lorsqu'il reçoit l'annonce de sa mort : l'Écran noir.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J’ai reçu ce livre dans le cadre de l’opération Masse Critique roman graphique de Babelio.

 

Mon avis :
"L'humanité peut connaître le futur, à travers une simple visionneuse appelée Spoiler. le Spoiler est infaillible, le futur ne peut pas être modifié, mais il s'agit d'une décision humaine. Les hommes sont tellement convaincus que l'algorithme prévisionnel est parfait, qu'ils considèrent comme inéluctables des faits qui ne se sont pas encore produits."

Tout de suite ça m'a évoqué "l'effet placebo". C'est incroyable tout ce dont le cerveau peut se persuader.
Le spoiler annonce aux gens quand le moment est venu pour eux de mourir. Ils ne mettent jamais en doute cette information.

Il est question ici de manipulation des masses, de la théorie de la prophétie autoréalisatrise de Merton, que je trouve passionnante pour y avoir souvent pensé sans mettre un nom dessus.

Qui a envie de connaître l'heure de sa mort ?
N'avons-nous pas, dans notre grande majorité, peur de mourir ?
Que serait une société qui vous pourrit à ce points vos derniers instants et quel en serait le but ?

Le graphisme est très épuré, sombre et sobre.
C'est très silencieux, il y a peu de texte, il faut comprendre à travers les dessins, ce qui m'a un peu déstabilisée par moments, moi qui suis tellement habituée aux mots.

J'ai aimé les questions que cette histoire pose. le passé, on y a accès et si on pouvait voyager dans le temps on serait peut-être tenté de réparer des choses, de faire en sorte qu'elles n'arrivent pas.
Or dans ce monde là on connaît le futur, plus de libre arbitre puisque tout est écrit. Plus de surprise, plus de rêves et d'espérance, uniquement un long ennui fataliste jusqu'au jour fatidique.
Mais grâce aux chrono-trafiquants, certains ont accès à la vision de leur propre mort et peuvent être tentés de changer ce point bien précis du futur.

Dieu ? le destin ? La liberté ? Le libre choix ?
Ce roman graphique amène à s'interroger, et j'ai aimé les questions sur lesquelles il m'a fait réfléchir.

En revanche je l'ai trouvé un peu décousu et j'ai eu quelques difficultés à m'y retrouver dans les personnages et les différents événements, comme s'il n'y avait pas réellement de chronologie.

Merci à Babelio_ Masse critique ainsi qu'aux éditions Shockdom.france pour m'avoir permis de découvrir ce livre.

 

Citations :

Mais ce ne serait pas mieux si Dieu choisissait pour nous ? Il ferait ce qui est juste.

 

Tout meurt, c’est dans la nature des choses. Si ce n’est pas la nature, mais un acte volontaire qui nous ôte la vie, alors voilà que ça devient quelque chose de mal.

 

Galilée, la découverte des microbes et la mécanique quantique n’ont pas réussi à tuer Dieu, mais la révélation du futur, si.

 

 

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Mon avis : L’orange de Noël – Michel Peyramaure

Publié le par Fanfan Do

Édition Le Grand Livre du Mois

 

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Quatrième de couverture :

Septembre 1913 . Dans ce petit village de la basse Corrèze, tout tourne autour du curé, de l’église et de l’école libre. Mais voici que, à la veille de cette rentrée des classes, arrive une jeune institutrice bien décidée à réanimer l’école laïque en état de quasi-abandon. Et tout de suite, entre le petit hussard en jupon de la République et le curé, c’est la guerre...

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Je voulais lire un livre de Noël et contrairement à ce que le titre laisse penser, Noël prend une toute petite place dans l’histoire. Mais aucun regret, j’ai adoré cette histoire !

 

Mon avis :
Roman de Noël !? Pas vraiment puisqu'il commence vers la rentrée des classes 1913. Il nous parle d'un fait historique, la séparation de l'Église et de l'État opérée en 1905 dans la douleur et comment Cécile Brunie, jeune institutrice est arrivée un jour de 1913 dans l'école d'un village de Corrèze où on l'a d'abord traitée de suppôt de Satan, car l'école laïque était considérée comme l'oeuvre du diable par les paysans qui se faisaient bourrer le crâne par les curés.

J'ai aimé tout de suite cette histoire. Je l'ai trouvée dépaysante, distrayante, instructive et très bien racontée. En un mot : addictive !

La narratrice est Malvina, petite sauvageonne de 14 ans que tout le monde appelle l'innocentoune car tout le monde la pense simplette. Taiseuse, crasseuse et malodorante, elle va se lier avec l'institutrice qui pense que sous cette apparence mal dégrossie se trouve un papillon dans sa chrysalide. Une complicité va naître entre elles.

C'est une belle description de la campagne de l'époque, arriérée, dévote, puritaine et hypocrite, incapable d'aimer son prochain comme soi-même, préférant salir, vouer aux gémonies et colporter mensonges et calomnies. L'institutrice, croyante et laïque, devra batailler contre le curé pour se faire la place qui lui revient.

Cette histoire est aussi une belle leçon d'humanité qui raconte les rêves de gens simples, qui n'ont rien et qui voudrait un peu pour une vie plus belle. Elle parle de ces enfants qui savaient que c'était l'école et l'instruction qui les sortirait de leur misère.

Ça a été aussi un incroyable ascenseur émotionnel. Je suis passée par des phases de joie quand l'institutrice, tout à sa passion de l'enseignement, instruisait les enfants avec une sorte de jubilation. Ensuite une colère noire m'envahissait à l'énumération de toutes les horreurs proférées en chaire à l'encontre de Cécile par le curé, cet homme retors, sournois, mesquin, lâche, calomniateur, prêt à tout pour garder la mainmise sur ses calotins superstitieux et peureux.
Ce prêtre guerrier qui fait fuir les uns après les autres les instituteurs de l'école laïque est prêt à toutes les bassesses pour garder son petit pouvoir.

J'ai adoré cette histoire de la France profonde de 1913 à 1914, qui raconte entre autre les préoccupations politiques de l'époque, l'affaiblissement du pouvoir religieux, nous parle de féminisme en un temps où les femmes n'avaient aucun droits et nous décrit le chemin qui a mené à la première guerre mondiale.
Des personnages passionnants et des émotions fortes m'ont totalement emportée dans cette tourmente douce et violente à la fois, empreinte d'une beauté rugueuse.

 

Citations :

Page 48 : Les livres, je n’aurais su dire pourquoi, me fascinaient. Je crois que j’y découvrais inconsciemment l’approche d’un mystère qui pouvait être merveilleux ou redoutable. Cette appréhension m’est toujours demeurée. Ouvrir un livre c’est se laisser happer par un monde qui rappelle les « trous noirs » de l’univers profond, découvrir que tout est possible, se sentir prisonnier d’une opération de magie à laquelle il ne nous est plus donné d’échapper dès lors que nous acceptons d’entrer dans le jeu.

 

Page 94 : La discipline – un mot qui n’avait aucun sens pour moi – me répugnait. Je sentais un monde bouillonner en moi et autour de moi et on me demandait d’en refuser les tumultes et les délices ; une boulimie de savoir me possédait et j’aurais dû me contenter de rogatons soigneusement triés ; on m’avait ouvert une porte donnant sur une fête permanente et l’on m’interdisait de m’y jeter.

 

 

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Mon avis : Noël à la petite boulangerie – Jenny Colgan

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Anne Rémond

 

Édition Pocket

 

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Quatrième de couverture :

Maisons en pain d'épice, brioches aux fruits confits, feuilletés au miel... À l'approche des fêtes de fin d'année, Polly est débordée ! Accaparée par sa petite boulangerie, la jeune femme ne souhaite qu'une chose : passer un réveillon romantique avec Huckle, bien au chaud dans leur grand phare.
Mais les bourrasques qui balaient la petite île de Mount Polbearne pourraient bien emporter les doux rêves de Polly et faire resurgir du passé des souvenirs qu'elle croyait enfouis à jamais... Entre mensonges, surprises et trahisons, Noël s'annonce finalement très mouvementé !

" Délicieusement chaleureux. Un roman parfait pour Noël. " Sophie Kinsella

" Toute la magie de Noël dans un roman savoureux. Un pur régal ! " Femme actuelle

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J’adore me mettre dans l’ambiance de Noël dans les jours qui précèdent en lisant des romans qui se situent dans cette période.

 

 

Mon avis :
À la lecture des premières pages j'ai craint de m'ennuyer dans une histoire un peu insipide. Et puis peu à peu je me suis laissé gagner par la douce quiétude de cette vie sur l'île et je dois dire que ça m'a fait du bien.

 

Ce que j'ai bien aimé, c'est l'histoire de copines, complices et solidaires. En revanche, l'amour toujours je n'y crois pas. Mais bon, c'est de la romance (un petit peu), c'est feel good et supposé nous faire croire au Père Noël XD . Cela dit, c'est pas tout beau tout rose tout le temps…

 

J'avoue que j'ai vraiment eu du mal avec l'étrange conception de la loyauté envers ses amis et les secrets qui vont avec, bien qu'on rencontre beaucoup ça dans les téléfilms américains. Ça doit être une façon de voir typiquement anglo-saxonne. Cette drôle d'idée qu'au nom de l'honnêteté on doive trahir les secrets de nos amis parce que ce qu'ils ont fait c'est mal. Et qu'on ne puisse pas avoir de secrets dans le couple, qu'on ne fasse qu'un… et puis quoi encore 😆 ???

Et voilà t'y pas que j'arrive à me prendre la tête avec un roman de Noël Pfff…

 

Bien que Noël soit un peu trop survolé à mon goût, c'est un petit roman sympa, qui parle de la vie, de l'amitié, de l'amour, des problèmes familiaux, de pâtisserie, d'écologie, saupoudré de clichés, de paillettes et de guimauve mais qui fait du bien en cette période de fêtes de fin d'année.
 

Citations :

Page 150 : L’hôpital était gigantesque. Des couloirs blancs interminables, tous avec le même éclairage. Cela rappela étrangement à Polly un navire, où l’équipage se composerait d’hommes et de femmes en blouse verte ou blanche et qui voguerait – eh bien, vers où ? De la naissance à la mort supposa-t-elle. Le voyage de la vie.

 

Page 338 : - C’est un mec ! Rétorqua Kerenza. Les mecs ne comprennent rien à moins de l’écrire en lettres majuscules et de le coller sous leur nez.

 

 

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Mon avis : Un Noël au bord de la Tamise – Anne Perry

Publié le par Fanfan Do

Traduit par Pascale Haas

Édition 10 18

 

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Quatrième de couverture :

Worm, un orphelin de neuf ans vivant sur les rives de la Tamise, est témoin de l’enlèvement d’une jeune femme quelques jours avant Noël. Worm veut absolument l’aider, alors que son ami Squeaky Robinson se méfie à raison de cette affaire : la victime a parfaitement su se défendre et conduire les deux agresseurs devant la justice pour l’assassinat de son père, et non pas pour son kidnapping. Mais les accusés, aussi fourbes que dangereux, n’en resteront pas là. Worm, le jeune optimiste, et Squeaky, le vieux cynique, feront tout pour éviter un terrible drame de Noël.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J’adore me mettre dans l’ambiance de Noël dans les jours qui précèdent en lisant des romans qui se situent dans cette période.

 

Mon avis :
Une ambiance à la Dickens pour ce petit roman de Noël qui, bien sûr, se passe dans l'Angleterre victorienne, et je retrouve la magie de mon enfance liée à cette période de l'année. Non pas que j'étais déjà née dans l'Angleterre victorienne ;), mais ça me rappelle les programmes télé de l'époque pendant les fêtes.

 

Il y a tous les éléments propices à ce type de récit, une belle demoiselle en détresse, un enfant, orphelin de surcroît, qui veut la sauver, un dur à cuire au grand cœur, malfrat repenti qui cache ses sentiments derrière un aspect bougon, et deux vrais méchants.

 

Parce que la jolie demoiselle va se faire bousculer et emmener de force par les deux crapules, le gredin repenti et l'enfant sans famille vont enquêter dans les bas-fonds et tenter de la sauver.

 

Et ça marche ! On se laisse emporter par le charme des dédales du Londres des années 1850, à la poursuite du rêve d'un enfant qui idéalise une inconnue aux cheveux de lumière.

 

Sans être un chef-d'œuvre de la littérature, c'est un petit livre sympa pour la période de Noël.
 

Citations :

Page 28 : En général, Squeaky avait un point de vue acerbe sur la religion. D’après lui, elle rendait les gens moralisateurs ; ils manquaient d’humour ou de gentillesse et étaient très enclins à juger les autres.

 

 

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Mon avis : La machine à explorer le temps – Herbert George Wells

Publié le par Fanfan Do

Édition Folio SF

 

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Quatrième de couverture :

La Terre en l'an 802.701 avait pourtant toutes les apparences d'un paradis. Les apparences seulement. Car derrière ces jardins magnifiques, ces bosquets somptueux, cet éternel été où les hommes devenus oisifs n'ont à se préoccuper de rien, se cache un horrible secret. Ainsi témoigne l'explorateur du temps face à des auditeurs incrédules. Depuis la conception de son incroyable machine jusqu'à son voyage au bout de l'Histoire, là où l'humanité s'est scindée en deux. D'un côté les Éloïms, qui vivent en surface, petits êtres gracieux, doux et décérébrés. De l'autre les terribles Morlocks qui ont fui la lumière pour s'enterrer dans un gigantesque et inhospitalier monde souterrain. Un monde où l'Explorateur du Temps devra s'aventurer s'il souhaite répondre à ses questions, et surtout revenir à son époque.
Inutile d'insister sur le fait qu'il s'agit d'un chef-d'œuvre. Wells demeure avec Jules Verne le grand ancêtre de la science-fiction, celui qui lui a donné ses lettres de noblesse, avec des œuvres aussi importantes que "L'Île du Docteur Moreau", "L'Homme invisible" ou "La Guerre des mondes". Un grand classique, précurseurs dans bien des domaines, qui reste indépassable. À lire ou à relire.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

Aussi loin que je me rappelle, cette histoire m'a toujours fascinée. Je crois en avoir vu deux adaptations à la télé, mais bizarrement je ne l'avais jamais lue.

 

Mon avis :
J'aurais bien dû me douter que le style allait me paraître désuet. J'avais déjà eu cette sensation en lisant H.P 
Lovecraft. Des mots et tournures de phrases d'un autre temps et un style majoritairement narratif. En même temps le livre a été publié en 1875.

De longues pages de descriptions des années 800 000 ainsi que la comparaison avec l'époque du narrateur, tant sur le modèle de civilisation que sur l'humanité du futur m'ont parues interminables. Heureusement que c'est un roman court, 162 pages.

Finalement, environ à la moitié, Ô joie ! Adieu descriptions, bonjour action ! J'ai beaucoup aimé jusqu'à la fin parce qu'il se passait enfin quelque chose dans ce futur très lointain où l'humanité a pris une trajectoire inattendue.
Et je dois dire que la toute fin m'a laissée rêveuse.

 

 

 

 

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Mon avis : Les abusés – Anne Parillaud

Publié le par Fanfan Do

Édition Robert Laffont

 

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Quatrième de couverture :

« C’est une petite avec des habits de grande. Une enfant à qui on ne demande pas son avis et qui obéit par peur d’être sanctionnée ou mal-aimée.
Sous les regards violés de tendresse, elle est devenue cette chose que l’on prend. Une fleur en pot, un corps inanimé, désincarné, mort presque. Un corps que seule l’ivresse amoureuse peut raviver. De quoi est faite cette espèce d’amour qui l’obsède ? Quel est l’empire qui s’exerce sur sa personne, la soulève vers des êtres indignes qui abuseront d’elle ?
Ne pas savoir qui vous aime de qui vous hait, monter dans les chambres, s’oublier dans des bras, espérer que l’autre vous donne ce que vous cherchiez sans savoir ce que c’est. S’abandonner parce que vous avez été abandonné. Se soumettre à ceux qui vous effraient, et continuer à se faire maltraiter. »

 

 

Mon avis :

L'histoire démarre sur un coup de foudre, douce et terrible torture… tiraillement du désir fou, de l'envie de partir, tout plaquer pour cet autre qu'elle ne connaît pas, culpabilité envers cette vie qu'elle veut abandonner, cet homme qui dort dans son lit et croit en leur histoire, ses enfants dont elle va pulvériser la vie telle qu'ils la connaissent…

J'ai tout de suite été éblouie par la beauté de l'écriture, des métaphores qui expriment parfaitement la complexité de la pensée, l'ambivalence des aspirations.

Le récit est extrêmement introspectif durant de longs passages. Bien que la prose soit très belle, c'est très étrange de passer autant de temps dans la tête du personnage, à scruter tous ses traumatismes et balayer ses amnésies en sa compagnie car ça rend le déroulement très lent

Pourtant il va s'en passer des choses ! Adélie s'offre corps et âme à Samuel, vampire des sens, et de l'âme.
On suit cette histoire en forme d'emprise qui se développe au fil du temps. Une relation dominant-dominée assez insupportable, mais qui convient parfaitement à Adélie.
Toutefois, même si je ne comprends pas le lien entre la passion, si éthérée et anarchique, et le mariage, si terre à terre et conventionnel, on a finalement l'explication.

On assiste à la dissection minutieuse d'une relation passionnelle et toxique, de deux écorchés vifs qui se scrutent dangereusement et dont on se dit que le naufrage est inévitable. Quand l'amour, auquel tout le monde aspire, devient une arme de destruction massive, la vie devient "un pas après l'autre".
Ce roman décortique en profondeur la psyché de quelqu'un qui a subi l'indicible.
Aucun manichéisme ici, car entre le bourreau et son souffre-douleur on comprend que tous deux sont des victimes.

Il est dément d'espérer un résultat différent si on fait sans cesse la même chose. C'est la réflexion que se fait Adélie, et au fond n'est-ce pas ce que nous faisons tous ? Aller toujours inconsciemment vers le même type d'individu.

Qui est réellement Omer ? Qu'est-il surtout ? Personnage ambigu qui travaille pour Samuel mais semble vouloir protéger Adélie, la mettre en garde. Bienfaiteur ou manipulateur ?

Énormément de digressions, oniriques ou pas, difficile à dire, des dialogues échevelés rebondissant comme une balle de ping-pong, enserrés dans des paragraphes monolithique, m'ont parfois rendu la lecture oppressante et souvent ardue. Mais ça nous permet de mieux ressentir l'omniprésence de la violence dans ce couple au bord du vide, entre amour et haine.

Un point qui est mis en avant dans le livre, la théorie selon laquelle chaque femme recherche son père à travers l'homme qu'elle choisit, me semble relever de la psychanalyse d'un autre temps.

Adélie, c'est la grâce du désespoir. Alors qu'elle est en train de se noyer, au lieu de tenter de rejoindre la surface, elle essaie d'apprendre à respirer sous l'eau.

On avance pas à pas vers un dénouement dont on se demande ce qu'il sera, bien qu'on sache que rien de bon ne peut sortir d'une histoire aussi cruelle et pestilentielle.

J'ai aimé ce roman, pour la beauté des mots, mais il m'a beaucoup angoissée aussi et puis j'aurais peut-être aimé un peu moins de lenteur.

 

Citations :

Page 21 : Il l’a envoûtée. Mais ça ! Ça ! Elle ne peut le dire ! Comment dire que vivre une nuit avec l’un n’a d’égal que de mourir toute une vie avec l’autre.

 

Page 28 : Elle pense que l’on devrait faire chambre à part, salle de bain à part, tout à part quand on souhaite vivre ensemble.

 

Page 61 : Alors qu’elle mijotait un velouté de rupture, elle a dû le crucifier en une soirée. Chaque parole confessée fut un clou supplémentaire, le ferrant à son calvaire de perdre la femme qui l’aimait et les enfants qu’il lui avait faits. Ce soir-là, le bonheur s’est fêlé pour embrasser le malheur.

 

Page 62 : Les secrets de l’âme ne s’ouvrent pas avec une seule clef.

 

Page 84 : Si dans une peinture, une musique, un livre, un film, on ne voit qu’une œuvre, c’est dérisoire, mais si on entend le cri d’un homme qui se débat comme un possédé ou témoigne d’une vérité, alors l’art prend une valeur.

 

Page 183 : Comment peut-on construire sur les ruines d’une enfance ? En devenant comédienne et peintre. En faisant rêver les autres pour retrouver les rêves qu’ils ont perdus. En jouant à des jeux de société aux règles compliquées, en trichant, en utilisant le joker si la partie est condamnée. Faites vos jeux… d’esprit et de massacre. Faites vos jeux… Les jeux sont faits… Rien ne va plus.

 

Page 214 : Faut-il jouir de la vie sans souffrir de la mort ou, au contraire, passer sa vie à préparer sa mort ? Vaut-il mieux affronter une fois dans sa vie un danger que de l’éviter toujours ?

 

Page 242 : Même si tu quittais tes amis, ton travail, ta famille, je deviendrais jaloux de tes pensées. Mais toi qui aimes cogiter, peut-on être jaloux parce qu’on se sent soi-même infidèle ? Donc, on se sent coupable, on refoule alors son envie de tromper et on la projette dans l’autre.

 

 

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Mon avis : Crions, c’est le jour du fracas – Héloïse Guay de Bellissen

Publié le par Fanfan Do

Édition SEGHERS

 

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Quatrième de couverture :

1861 : une centaine de garçons sont envoyés à la colonie pénitentiaire de l’île du Levant, bagne privé pour mineurs au large d’Hyères. Coupés du reste du monde, les « colons », délinquants, orphelins, enfants des rues, sont broyés par une discipline de fer.

1866 : une révolte s’achève par la mort de treize d’entre eux dans un incendie.

 

Plus de cent ans après, Héloïse Guay de Bellisen entre au collège, à La Seyne-sur-Mer, tout près de là, sur le continent. Autour d’elle, une bande d’adolescents rebelles au système. En quête d’une liberté pleine et entière, ils sèchent les cours, écoutent Nirvana et les Pixies dans des lieux secrets. Et se préparent à un destin tragique.

 

Comment trouver sa place dans un monde normatif ?

Les personnages de ce roman la trouveront par la force.

Une force puissante et radicale qu’ils tirent de leur jeunesse même, parce qu’elle est pure, neuve.

Et qui se retournera contre eux.

 

 

Mon avis :

Voilà une histoire qui, comme j'aime, démarre sur les chapeaux de roues !

Héloïse Guay de Bellissen, l'esprit vagabond pendant le confinement, s'est rappelée son adolescence à La Seyne-sur-Mer dans le années 90 avec ses potes, leur esprit rebelle, leur soif de liberté et puis l'évocation de l'histoire de la colonie pénitentiaire de l'île du Levant lui est revenue, ce bagne pour enfants... une centaine d'années auparavant, des enfants à l'esprit parfois rebelle étaient envoyés arbitrairement dans des colonies pénitentiaires. le parallèle était fait, le récit pouvait commencer.

Trois narrateurs se succèdent :
Le feu, celui qui réchauffe, purifie, mais aussi détruit tout.
Héloïse elle-même, adolescente en révolte contre la société.
Boule de neige, enfant bagnard de treize ans, livré en pâture à un "no future" instauré par une structure sociale inique et indécente.

L'autrice alterne les chapitres entre sa "carrière" d'adolescente et le sort des enfants dont la société s'est débarrassée au XIXème siècle en se donnant bonne conscience, et le tout entre en résonance.
Grâce à ses recherches aux Archives départementales de Draguignan, elle a réussi donner corps à ces pauvres gosses rejetés, à les faire revivre, à les faire exister pour nous au XXIème siècle, à leur rendre leur nom.

Ce roman parle d'une réalité historique totalement révoltante pas si loin de nous, parce qu'en fait c'était quasiment hier...

C'est un livre qui se dévore, qui nous parle d'une époque passée qui ne protégeait pas ses enfants, mais aussi, plus près de nous, de la génération grunge, ces ados mi Peter Pan, mi Gremlins qui ne voulaient pas grandir, pas ressembler à leurs parents avec leurs vies absurdes.
L'écriture est vraiment belle, très rock, à l'image de l'autrice.
J'ai adoré le rythme narratif d'Héloïse Guay de Bellissen, qui m'a rendue nostalgique de ma propre adolescence, et ça c'est vraiment un exploit car c'est une période de ma vie que je n'ai pas vraiment aimée... et l'analogie ainsi que les antagonismes faits avec ces enfants que la société avait jetés aux oubliettes.

C'est un livre qui vous avale dès la première page mais ne vous recrache pas à la fin car je suis bien convaincue que tous ces adolescents vont m'habiter encore longtemps.

 

Citations :

Page 29 : Il y a quatre sortes de colons. Ceux que les tribunaux ont condamnés. Ceux que les tribunaux ont acquittés mais qui n’ont pas de foyer. Les pupilles de l’assistance publique. Et ceux dont le père ne voulait plus. Dans ce dernier cas, il suffit d’une lettre écrite par le chef de famille pour qu’un fils, ou une fille, soit incarcéré pour une durée de deux ans maximum.

 

Page 56 : Ces lieux étaient sans doute la seule chose que l’on avait choisie de notre vie. On n’avait pas choisi nos familles, notre collège, notre corps, mais ça, ici, ces lieux insalubres qui pouvaient nous tomber sur la gueule, c’était notre paysage, alors on se devait d’en prendre soin, tout en participant activement au travail de délabrement.

 

Page 167 : C’était un samedi de décembre, il faisait froid et, dans le Sud, en dessous de vingt-cinq degrés, on a l’impression d’être un trappeur en Sibérie.

 

 

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Mon avis : 22/11/63 - Stephen King

Publié le par Fanfan Do

Édition Albin Michel

Traduit de l’anglais par Nadine Gassie

 

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Quatrième de couverture :

Imaginez que vous puissiez remonter le temps, changer le cours de l'Histoire. Le 22 novembre 1963, le président Kennedy était assassiné à Dallas.
À moins que... Jake Epping, professeur d'anglais à Lisbon Falls, n'a pu refuser la requête d'un ami mourant : empêcher l'assassinat de Kennedy. Une fissure dans le temps va l'entraîner dans un fascinant voyage dans le passé, en 1958, l'époque d'Elvis et de JFK, des Plymouth Fury et des Everly Brothers, d'un dégénéré solitaire nommé Lee Harvey Oswald et d'une jolie bibliothécaire qui deviendra le grand amour de Jake, un amour qui transgresse toutes les lois du temps.

Avec une extraordinaire énergie créatrice, King revisite au travers d’un suspense vertigineux l’Amérique du baby-boom, des « happy days » et du rock and roll.

 

 

Pourquoi j’ai voulu lire ce livre :

J’avais ce livre depuis des années parce que j’aime beaucoup Stephen King et que les voyages dans le temps me passionnent. Et puis on me l’a proposé en lecture commune, il n’y avait plus qu’à...

 

Mon avis :

Dès le prologue j'ai été accrochée par le style et la façon de raconter.
Stephen King fait partie de ces auteurs qui vous harponnent immédiatement pour ne vous lâcher qu'au mot fin.
Et là, Ô bonheur !.. ce Roman traite un de mes thèmes préférés, le voyage dans le temps.
L'idée qu'on pourrait réparer, ou ne serait-ce que voir le passé en immersion me fascine.

J'ai trouvé absolument passionnant cette visite qui commence en 1958 avec un état d'esprit de 2011, année à laquelle se situe de début de l'histoire. Les comparaisons sont impressionnantes. On dirait qu'une éternité est passée entre ces deux périodes, tant la technologie s'est accélérée à une vitesse folle, mais aussi les mentalités et quelle étrangeté de replonger là où la ségrégation était de rigueur.

Ce voyage dans les années 50-60 m'a paru totalement fascinant. le cheminement de Jake également dans une époque qui n'est pas la sienne, avec la mission qu'il s'est assigné et l'impossibilité d'en parler à quiconque, d'où les mensonges et dissimulations auxquels il est contraint, m'ont souvent mise en apnée.
Ce qui m'apparaissait comme une simple mission - tuer Oswald avant qu'il ne tue Kennedy - s'avère d'une totale complexité et requiert un don de soi absolu. La solitude de Jake/George est terrifiante. Sans parler des risques liés à l'effet papillon...

Stephen King nous raconte une histoire de l'Amérique et des américains. On apprend énormément sur Lee Harvey Oswald qui n'était pour moi qu'un nom, alors qu'il a changé l'histoire de l'Amérique de façon tragique avec les terribles répercussions de son geste. Il y a aussi tellement de douceur et de beauté qui côtoient la laideur dans cette histoire. Les personnages et leur histoire m'ont souvent fait chaud au cœur.
J'ai adoré ce roman, du début à la fin. Et quelle fin !!!
C'est pour moi un énorme coup de cœur !

 

Citations :

Page 24 : Sa prose était de l’art primitif, mais tout aussi puissante et vraie que n’importe quelle toile peinte par Grandma Moses.

 

Page 70 : Voilà bien l’une des grandes vérités de la condition humaine : quand vous avez besoin de Garnitures Géantes Stayfree pour absorber les expectorations sanglantes de votre corps outragé, c’est que vous êtes sérieusement mal barré.

 

Page 338 : « J’ai rien contre les nègres, me dit-il. Non, m’sieur. C’est Dieu qui les a maudits et les a abaissés dans leur position, pas moi. Vous le savez bien, n’est-ce pas ?

- J’ai dû rater cette partie de la Bible. »

 

Page 448 : La vie prend des virages à 180 degrés. Parfois elle tourne dans notre direction, mais le plus souvent elle nous nargue en s’éloignant sur les chapeaux de roues : Ciao, bébé, c’était bien le temps que ça a duré, pas vrai ?

 

Page 511 : Nous ne savons jamais quelles vies nous influençons ou non, ni quand ni pourquoi. Du moins, pas avant que l’avenir n’ait submergé le présent. Nous l’apprenons quand il est trop tard.

 

 

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